lundi 15 décembre 2025

FALLEN LILLIES ( Marine Grandjon - Batterie) // INTERVIEW // Rock au Féminin Bien De Chez Nous - Décembre 2025.

 
Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir les quatre membres du groupe originaire de Montbéliard Fallen Lillies. À la croisée de l’émotion et de l’énergie, elles construisent un univers musical singulier, porté par des voix complémentaires et une identité forte. Dans cette interview, elles reviennent sur leur parcours, leurs inspirations et ce qui fait l’âme de Fallen Lillies.



Pouvez vous nous parler de du parcours de chacune d’entre vous ?


Marine Grandjon, On a toutes commencé la musique assez jeune, et pas forcément par l'instrument que l'on joue actuellement dans le groupe. Hélène a débuté avec le piano, elle a ensuite appris la guitare à l'adolescence et elle a monté un premier groupe de rock au collège. De mon côté j'ai commencé les percussions via une école de musique classique, et je me suis ensuite spécialisée avec la batterie quand j'ai croisé la route d'Hélène au Lycée. Laura quant à elle a débuté avec la guitare, et elle a eu quelques groupes plus métal par le passé avant de nous rencontrer, elle a également fait une licence en musicologie. Pour finir, Laëtitia (bassiste) a commencé avec la guitare acoustique à l'âge de 8/9 ans avec son papa. Pour la petite histoire, il y avait sous leur sapin quand ils étaient enfants une petite guitare et un mini djembé emballés sans prénom. Elle a choisi la guitare, son frère le djembé, elle a fini bassiste, il a fini batteur. Laëtitia s'est en effet mise à la basse à 13 ans et elle a également eu quelques formations avant de nous rejoindre (et joue toujours dans le groupe Phonolithics).
  
Racontez nous votre rencontre ?

Marine Grandjon, Comme expliqué précédemment, Hélène et moi nous sommes rencontrées au lycée, et on a joué ensemble dans une formation pop rock qui était déjà à l'époque exclusivement féminine. Vers l'âge de 20 ans, avec Ludivine (notre ancienne bassiste), on souhaitait monter un projet rock un peu plus "énervé", et c'est là qu'on a croisé la route de Laura lors d'un concert à l'Atelier des Môles, notre QG depuis toujours! C'était il y a 12 ans. Le groupe a bien grandi depuis. 
Plus récemment, Laëtitia a remplacé Ludivine à la basse sur deux concerts fin 2024. Après le départ de Lulu, c'était tout naturel pour nous de nous tourner vers Laëtitia à qui on a proposé d'intégrer officiellement les Fallen Lillies, et à notre grand bonheur, elle a dit oui!

Te souviens-tu de votre premier concert ?


Marine Grandjon, Oui, c'était à l'Atelier des Môles à Montbéliard en avril 2014, on devait faire la première partie d'un autre groupe exclusivement féminin, les Tiger Bell. C'était un gros challenge pour nous, car Fallen Lillies est né en novembre 2013, donc nous avons eu à peine 6 mois pour monter un set de compositions et assurer cette première partie. Même si on avait déjà un peu d'expérience scénique via nos précédents projets, je me souviens encore de tout le travail qu'on a accompli durant cette période. On était très jeunes... et inconscientes 😅
 
Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?


Marine Grandjon, Notre référence commune reste les Crucified Barbara, qui nous ont notamment permis la première approche avec Laura. Pour la petite histoire, lors de cette fameuse soirée à l'Atelier des Môles où nous l'avons rencontré, nous l'avons toutes les 3 abordée en lui demandant si elle connaissait les Crucified Barbara. Elle nous a répondu un grand oui avec le sourire, et c'est là qu'est né Fallen Lillies. Les 4 suédoises ont toujours été une grande source d'inspiration pour nous. Pour le reste ça dépend de chacune, Laura vous répondra sûrement qu'elle a été biberonnée à Metallica!
 
Quelle est la signification du nom du groupe FALLEN LILLIES ?

Marine Grandjon, Une Lilly dans la littérature anglaise signifie "l'ange de la maison", une femme qui attend sagement que son mari rentre du travail, qui s'occupe parfaitement de son petit foyer. "Fallen" pour déchu, donc nous sommes aux antipodes de tout ça :)
 
Apres deux EP avec «  Within Wolves’Den » (2014) et «  Out There » (2018) et un 1er album No Master For Lilly (2021), aujourd'hui avec ce deuxième album peut on parler d'évolution ?

Marine Grandjon, En effet, c'était le but et c'est toujours le challenge avec un nouvel album : faire mieux, tout en gardant notre identité, mais sans faire exactement la même chose non plus. Une grosse équation pas toujours facile à résoudre. Mais l'évolution la plus notable pour nous, c'est le changement de langue, car nous avions toujours chanté en anglais jusqu'à présent. Mais nous avons décidé de défendre ce deuxième album en français. Un choix difficile à faire, mais on ne le regrette absolument pas quand on est sur scène en communion avec le public et quand on entend les retours des gens par la suite.
 
Parlez-nous de votre façon de travailler. Comment procédez-vous pour la création des titres ?

Marine Grandjon, On compose toujours toutes ensemble, ça part d'une mélodie dans la tête d'Hélène, ou d'un rythme de batterie ou encore d'un riff de Laura à la guitare. Ce qu'on recherche c'est l'effet "waouh" que ça nous fait en l'écoutant, et tant qu'on a pas cette effervescence de début de morceau, on continue de chercher. Pour cet album, on s'est fait accompagner sur les arrangements par le très bon Pierre-Emmanuel Fischer (qui avait déjà mis sa patte dans l'album précédent). Il est venu "sublimer" et rendre plus efficaces certaines transitions ou parties.  
 
Comment s’est passé l’enregistrement de cet album "Cran" ?

Marine Grandjon, Nous avons décidé de travailler avec Fred Duquesne, et nous sommes très heureuses qu'il ait accepté de collaborer avec nous. C'est un artiste qu'on aime beaucoup, et dont on reconnaît la qualité indéniable du travail de production qu'il a fait avec d'autres groupes. Nous étions curieuses d'avoir ses conseils et son expertise sur ce nouvel album. Pour des raisons de planning, nous sommes passées chacune notre tour en studio environ 1 semaine chacune. Marine a commencé la batterie, ensuite les guitares, puis la basse et pour finir le chant. Mais l'album avec lequel nous sommes arrivées en studio n'est pas tout à fait celui qui en est ressorti, car il avait été écrit en anglais... Nous avons décidé, en studio, de le basculer en français. Nous nous sommes lancées le défi de réadapter toutes les paroles en français, en un temps record, motivées par les premiers tests qui sont sortis à la voix et qui ont pour nous changé la donne. On a donc un peu adapté le planning en fonction et tout mis dans la boîte en l'espace de 2 semaines si je ne me trompe pas.
 
Peux tu nous dire quelques mots sur la pochette ?

Marine Grandjon, C'est une poule posée sur un crâne qui porte un bonnet en forme de crête, et c'est une vraie poule (Raymonde pour les intimes!). On souhaitait représenter ce changement de cap littéraire, et le coq était la figure française qui nous parlait le plus. Mais nous sommes un groupe exclusivement féminin, et la figure masculine sur notre album... ça nous embêtait car ne nous représentait pas! Donc on a gardé ce symbole de la crête du coq qu'on a collé sur notre Raymonde! Le résultat est au delà de nos espérances car, quand vous contactez un photographe (qui a peur des volatiles) en lui disant : "Ok, alors on veut faire poser sur un crâne une (vraie) poule qui porte un bonnet tricoté en forme de crête", ça partait de loin! Mais on est bien contentes d'être allées au bout de l'idée!
 
Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?

Marine Grandjon, Nous avons toutes des goûts assez variés, mais Laëtitia dirait Leprous, Novelists...,  Hélène plutôt The Ghost Inside, Scowl..., Laura tourne sur le dernier album de Jack White et moi, le dernier album d'Alea Jacta Est depuis que je les ai vu récemment à l'Atelier des Môles (toujours cette fameuse salle!).  
 
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Marine Grandjon, Partir en tournée et promouvoir ce nouvel album pour lequel on a travaillé tellement dur durant ces deux dernières années. 
On a pas mal de concerts prévus en 2026 au quatre coins de la France, et on a vraiment hâte de reprendre la route pour aller au contact du public.  
 
Quelque chose à rajouter ?

Marine Grandjon, Si vous n'avez pas encore eu l'occasion d'écouter notre nouvel album CRAN, allez-y ou venez nous voir en concert, on est plutôt sympa ahah



13 Décembre 2025 
Interview Thierry Cattier 
Photos Vincent FACCHINI


vendredi 5 décembre 2025

FREAKY BUDS (Maxime Genouel chanteur/guitariste) // INTERVIEW // The French Freaky - 3 Décembre 2025.


Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Freaky BUDS, un groupe de blues français qui fait vibrer la scène avec une énergie brute et une passion sincère pour les racines du genre.

Entre grooves envoûtants, riffs habités et influences venues du blues traditionnel comme des sonorités plus modernes, Freaky BUDS impose une identité authentique et sans détour. 

Dans cette interview, le groupe revient sur son parcours, ses inspirations afin d'en savoir plus sur eux bonne lecture a vous.

 

Pouvez vous nous parler de vos parcours respectifs ?

Maxime Genouel: Nous venons tous les quatre de la musique Afro Américaine, on est autodidactes dans l’apprentissage de cette musique, Thomas est originaire de Caen, Lonj de Bordeaux et Hugo de Gourdon dans le Lot, je suis originaire de Rennes, c’est grace au réseau Blues qu’on s’est retrouvés, et on reste passionnés et habités par cette musique.

Comment vous vous êtes vous rencontrés ?

Maxime Genouel: Pour Thomas, Hugo et moi (Max), nous nous sommes rencontrés à Nantes. Nantes étant une des villes françaises avec une scène blues très vivante, une connexion avec beaucoup d’artistes américains, nous avions tous les 3 décidé de s’y installer. Thomas jouait déjà avec Lon.

Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?


Maxime Genouel: Je vais plutôt répondre avec les groupes ou artistes qui sont liés au groupe car nous avons chacun des parcours différents avant d’arriver au Blues, mais en tout cas les artistes qui nous ont motivés à créer The Freaky Buds sont pour les plus anciens Howlin’ Wolf, Little Walter, R.L. Burnside, Junior Kimbrough (en gros déjà le label Fat Possum, mais aussi les plus anciens comme Chess, Vanguard..). Et pour les artistes plus modernes il y a bien sûr les Black Keys, The Red Devils ou des gars comme Robert Finley..
 
Quelle est la signification du nom du groupe The Freaky Buds ?

Maxime Genouel: Ca veut dire plusieurs choses mais pour nous Buds c’est pour le fait qu’on soit hyper potes, et Freaky c’est notre côté plus excentrique qu’on retrouve surtout en live !!

Te souviens-tu de votre premier concert ?

Maxime Genouel: Oui c’était à Nantes, au Café Rouge mécanique en Janvier 2018, nous étions en trio à ce moment-là et c’était le feu, on était assez stressé de présenter ce nouveau projet à jouer sans basse mais ça a été une soirée mythique, le bar était en feu !!

Aujourd'hui avec ce deuxième album peut on parler d'évolution ?


Maxime Genouel: Je parlerai plutôt d’un retour aux sources, notre premier album « Hard Days, Fuzzy Nights » était produit de manière plus moderne, mais ce qu’on a voulu faire la c’est retranscrire au mieux ce qui se passe sur scène, la ou le groupe à le plus de cohésion c’est pour cela qu’on a écrit des chansons plus roots tout en gardant une touche de modernité dans l’écriture.

Parlez-nous de votre façon de travailler. Comment procédez-vous pour la création des titres ?
 
Maxime Genouel: Alors il n’y a pas véritablement de recette, souvent on a des moments d’improvisation en live et de la en sort des riffs ou rythmiques, de la on écrit des textes, on jam lors de répétitions, on enregistre tout, il y a un côté très fluide dans cette manière de faire, mais parfois ca peut aussi partir d’un texte qui est écrit et en fonction du sens on recherche une ambiance pour mettre les mots en valeur.

Comment s’est passé l’enregistrement de cet album "Western Smoke" ?

Maxime Genouel: C’est pour nous tous un des meilleurs voire le meilleur ! Les conditions étaient idéales, Kid Andersen est un vrai moteur !! Il nous a beaucoup guidés, les morceaux n’étaient pas totalement figés ce qui lui a permis de mettre sa patte dans les arrangements mais il a une telle conscience du son et une telle culture que pour jouer ce style c’est très évident, je suis très heureux d’avoir emmené le groupe la bas.

Est ce que le processus créatif a évolue entre le 1er et 2 eme album ?

Maxime Genouel: Oui complètement, le premier album était très écrit, c’est une superbe manière de fonctionner mais finalement quand on se dit qu’on est un groupe de blues, que le style soit ancien ou plus actuel, l’important c’est de jouer ensemble et de trouver le bon feeling, donc l’évolution a été par le fait de plus se voir, discuter des chansons, jouer ensemble, écouter beaucoup de musique pour trouver les directions et ca a été très efficace.
 
Peux tu nous dire quelques mots sur la pochette ?


Maxime Genouel: Nous avons fait travailler une amie illustratrice qui connaît bien la Californie, j’aimais bien l’idée du dessin, l’illustration parait simple mais elle résume parfaitement notre road trip, de par la sobriété et la simplicité des choses. Et je pense qu’on identifie tout de suite que la musique va être américaine, une musique de route, inspirée des grands espaces de la Californie, le voyage précédent notre album à beaucoup nourri notre musique lors de l’enregistrement.

Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?

Maxime Genouel: On écoute toujours pleins de choses, on ne pourra jamais quitter nos albums à l’ancienne de Blues, c’est toujours bon d’écouter Muddy, John Lee Hooker et bien d’autres, mais j’aime beaucoup écouter les productions du label Easy Eye Sound, ou des artistes aussi plus de la scène actuelles genre McKinley James, on adore nos potes Cinelli Brothers..

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?


Maxime Genouel: Les projets pour les mois à venir, c’est d'abord une belle tournée pour défendre « Western Smoke » en live avec pour le moment une trentaine de dates et d’autres en plus à venir puis on va continuer à écrire et peut-être autoproduire quelques enregistrements..

Quelque chose à rajouter ?


Maxime Genouel: On espère bien retrouver pleins de monde à nos concerts, nous faisons une double release party avec le groupe Charb-On, une à Bordeaux le 13/01 (Sortie 13 à Pessac) et une à Nantes le 24/01 (Black Shelter à Carquefou), et autrement j’ai envie de dire longue vie au blues et à la musique roots !! 


3 Decembre 2025 
Interview Thierry Cattier 
Photos jean Marie JAGU


samedi 22 novembre 2025

ALICIA F // INTERVIEW // Sans Détour - Octobre 2025.

Toujours très rock'n'roll, une rencontre avec Alicia F

Aujourd'hui, afin d'en savoir plus sur Alicia F., nous l'avons rencontrée et elle nous retrace sa carrière, son parcours, sa vie et son nouvel album "Sans détour". 

Venez rentrer dans son univers très très rock n'roll.




Peux tu te présenter ?

ALICIA F: Je suis née le 2 novembre 1988 à Mont-Saint-Martin en Lorraine. Le virus du rock m'a happée à l'âge de 12 ans, en 2001, quand j'ai vu Aerosmith sur MTV, c'était le clip "Jaded". Si mes souvenirs sont exacts, c'était lors de la promotion de l'album "Just Push Play". Cet événement a vraiment été un déclencheur intersidéral en moi. Quand j'ai vu Steven Tyler, cette grande bouche et ce son qui en émanait, ça a été un cataclysme pour moi. 
De là, j'ai commencé à m'intéresser au rock. Un ami à mon père, Sam, que je remercie vivement, m'a conseillé d'écouter la radio Classique 21 (qui s'appelait Radio 21 à l'époque). Il m'a dit d'écouter les classiques du dimanche matin qui étaient présentés par Marc Ysaye. Là, j'allais découvrir plein d'autres groupes tels que Led Zeppelin, Motörhead, The Rolling Stones, et Jethro Tull. Les Beatles, je connaissais déjà. Avec cette émission, j'ai vraiment découvert un grand panel du classic rock international.
J'ai quand même fait un petit cursus musical : j'ai fait du violon entre 7 et 10 ans. Comme ce n'était pas très rock and roll, je n'ai pas poursuivi cette activité très longtemps. Quand j'ai eu 14 ans, je me suis mise à la guitare électrique pendant quelques années.
J'ai aussi fait pas mal de radio dans ma vingtaine, car je voulais partager avec le plus grand nombre ma passion pour le rock and roll, tout en sachant que je ne viens pas d'une famille de musiciens ou du milieu culturel.
J'étais un peu spéciale au collège et au lycée parce que, quand j'écoute Aerosmith à 12 ans et que les autres écoutent les groupes contemporains de leur époque, je suis considérée comme la bizarre. Mais ça ne m'a pas empêché de poursuivre cette destinée du rock. J'ai fait quelques chœurs pour un groupe local de reprises, les Kingstones. J'ai également pris des cours de chant de blues à la Blue School de Differdange, au Luxembourg (ville limitrophe de Mont-Saint-Martin). C'est grâce à cette école que j'ai pu faire mes premières armes sur scène en tant que chanteuse principale (lead vocal) lors du festival Blues Express de Differdange. J'ai chanté "Before You Accuse Me," "Im Tore Down," et "RoadHouse Blues".


Comment tes venu l'envie de faire partie de ce monde musical ?

ALICIA F:
J'ai voulu entrer dans le milieu musical parce que je voyais bien que le schéma classique ne me correspondrait pas. Le côté "métro, boulot, dodo," je crois que ce n'était pas trop mon truc. J'ai voulu vraiment me dépatouiller de ce carcan qu'on impose de manière sociétale, pour faire quelque chose qui me plaisait : une vie menée par le rock and roll, même si elle n'est pas spécialement très cadrée.


Te souviens-tu du premier concert que tu a vu ?


ALICIA F: Le premier grand concert que j'ai vu a été David Bowie durant sa tournée Reality, à Amnéville. Je remercie vivement mon oncle, qui n'est plus là, qui m'avait offert cette place. J'ai pleuré sept jours avant le concert parce que j'étais tellement émue. J'ai pleuré à la fin du concert et cinq jours après, car je savais que je ne le reverrais plus. 


À 17 ans, est-ce que tu prévois de partir à Metz pour étudier l'anglais à la fac?

ALICIA F: 
L'anglais m'a tout de suite attirée. Je suis quelqu'un qui va un peu plus loin que la mélodie, cherchant à comprendre le sens des paroles. J'ai toujours aimé cette langue, j'adore l'Angleterre, et tout ce qui est anglo-saxon me parle beaucoup. J'ai donc fait une faculté d'anglais à Metz.


De 20 à 27 ans, tu fais partie de l'équipe d'animatrices de la radio Aria à Longwy.


ALICIA F: J'ai commencé la radio sur Radio Aria avec l'émission Rock Story. Je disséquais l'histoire d'un album de rock. L'émission durait une demi-heure, avec dix minutes de parlotte intense et vingt minutes d'extraits musicaux. Cette parlotte devait être très cadrée et structurée pour captiver l'auditeur. Ce fut très formateur pour moi et enrichissant. Ensuite, je suis partie sur la radio en ligne Radio XMOVE (à Mont-Saint-Martin) pour l'émission Damnation Rock. C'était une émission généraliste d'une heure que j'avais morcelée : "le rock d'hier aujourd'hui", "les filles dans le rock", "la scène française" (que je voulais mettre en avant), et le "live report" (où j'interviewais un groupe en promotion).


Peux-tu nous raconter comment tu as rencontré Marc Zermati?

ALICIA F: C'est la radio qui m'a permis de rencontrer Marc Zermati. J'ai pris mon courage à deux mains pour le contacter et lui demander une interview. À ma grande surprise, il a accepté. J'ai pris le train et je suis montée chez lui. C'est grâce à lui que j'ai rencontré Tony Marlow (guitariste et compositeur). Nous nous sommes rencontrés chez Marc Zermati.


Peux-tu nous raconter comment tu as rencontré Tony Marlow en 2017  ?

ALICIA F: Peu après, j'ai interviewé Tony pour l'émission Damnation Rock. Nous nous sommes mis ensemble et nous avions décidé de créer un concept basé sur mes influences : Ramones, Joan Jett, Aerosmith, Sex Pistols, The Godfathers, Outcast, en plus de pionniers comme Cochran et Johnny Cash. Mes chevaux de bataille incluent Guns N' Roses, Motörhead, The Who, et The Kinks. C'est ainsi qu'est né Alicia F. 


Comment procédez vous pour l’écriture des morceaux ?

ALICIA F: J'écris d'abord le texte, et celui-ci donne des indications d'ambiance à Tony Marlow, qui compose ensuite la musique. Nous trouvons que ça fonctionne plutôt bien.


Comment s'est déroulé l'enregistrement de ce deuxième album?

ALICIA F: Sur le deuxième album, Sans Détour (sorti en avril 2025), nous avons recentré le travail sur ma tessiture vocale. La moitié de l'album est en français. Je me suis rendu compte que la plupart des gens en France ne comprenaient pas toujours très bien l'anglais, et j'avais envie d'être un peu plus et mieux comprise par le public. J'ai écrit cinq chansons en français, y compris la reprise d'Édith Piaf, "Non, je ne regrette rien," que j'ai voulu reprendre parce qu'elle était en français.



Est-ce qu'il y a une distinction entre écrire en anglais et en français?

ALICIA F: Entre l'écriture en anglais et en français, je reste dans la même ligne directrice : un discours très direct. L'album s'appelle Sans Détour et ce n'est pas pour rien. Je dis ce que j'ai envie, que ça plaise ou non, car nous avons besoin de discours direct dans ce monde aseptisé.
Je dirais même qu'en anglais, c'est beaucoup plus wild, incisif et vulgérose qu'en français. L'anglais permet une attitude et une expression plus larges. Par exemple, dire "Life's a bitch" en anglais "passe crème", alors que l'expression "la vie est une pute" (que j'ai utilisée dans une chanson pour décrire mon ressenti sociétal) passe moins bien.


D'où est venu le choix de la reprise? "Non, je ne regrette rien."


ALICIA F: J'ai choisi "Non, je ne regrette rien" parce que j'adore le parcours d'Édith Piaf. J'ai un point similaire avec elle : j'ai eu un de mes compagnons qui est aussi décédé. C'est ainsi que, sur l'album Sans Détour, j'ai écrit la chanson "Teenager in Grief" sur ce drame que j'ai vécu à 17 ans.


Est-ce qu'il y a eu une différence de méthode de travail entre ton premier album et le deuxième?

ALICIA F:  J'ai senti une évolution de ma tessiture vocale et de mes capacités entre le premier album (2021) et le second (2025). J'ai pris plus confiance en moi et en ma voix. Les pistes "Votre calvaire" et "Non, je ne regrette rien" ont d'ailleurs été faites en une seule prise.


Parle-nous de l'équipe "Alicia F".

ALICIA F: Le line-up actuel est composé de Tony Marlow (guitare/composition), Amine Leroy (basse) et Gérald Coulondre (batterie).


Etes-vous une passionnée de cinéma?

ALICIA F: Je suis très cinéphile. Le logo Alicia F, pour la police d'écriture, s'inspire du film Dracula de Francis Ford Coppola. J'ai écrit la chanson "Votre calvaire" en quelques heures après avoir vu le film Magdalen Sisters (sur les couvents irlandais), qui m'a profondément bouleversée.


Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel tu aurais aimé jouer ?


ALICIA F: Sans hésitation IGGY POP... J'aimerais bien faire une version de I Wanna Be Your Dog de manière très érotique avec lui...


Peux-tu nous parler un peu de la tournée anglaise que tu viens de faire?


ALICIA F: J'ai effectué une tournée de quatre dates en Angleterre en février dernier (Preston, York, Stockport, Londres), ou on a partager la scene avec le groupe The Healthy Junkies ... C'etait vraiment une belle experience...
Tout cela grâce à Steve Iles qui nous a monté cette tournée. Nous y retournons en octobre 2026.
Le public français et le public anglo-saxon sont assez différents en matière de rock. J'ai ressenti beaucoup plus d'unité, d'intergénérationnalité et de solidarité entre les groupes en Angleterre. Le public anglais, patrie du rock, est beaucoup plus demandeur de sons électriques qu'en France. J'ai ressenti de super vibrations, et le retour en France a été assez dur émotionnellement parlant.


Si tu devais garder une seule chanson ou un seul album, quelle serait ton choix?

ALICIA F:  Je pense que si je devais en choisir une, ce serait "Jaded" d'Aerosmith, car c'est par elle que tout a commencé et elle me restera toute ma vie collée à la peau.


Quels sont tes projets à venir ?

ALICIA F: Les projets à venir sont de défendre Sans Détour sur scène et hors scène. Je veux défendre l'album bec et ongles, car nous avons besoin de rock en français. 
J'ai commencé à écrire d'autres chansons pour un troisième album, qui paraîtra dans un ou deux ans. Il y a déjà quatre chansons en français écrites. Nous allons continuer sur cette lancée du discours direct. J'invite tout le monde à découvrir mon univers, ne vous inquiétez pas je ne mords pas, je peux juste griffer.



Voir La Vidéo De L'interview dans son INTEGRALITE...  ICI 



Octobre 2025.
Interview Thierry Cattier 
Photos Th Cattier / Shooting idols