lundi 31 janvier 2022

DORO // VIDEO // Interview // Triumph And Agony Live - Octobre 2021.

 
DORO fait partie des légendes du Metal au même titre que Sieur Lemmy, une vraie référence pour tous ceux qui s’intéressent à notre musique préférée ! Une déesse qui a gravé son nom au panthéon des icônes du Metal !!! Il faut dire qu’elle fait partie de cette vague féminine qui a déferlé sur l’Europe au début des années 80 accompagné par des combos comme GIRLSCHOOL, HELLION, THE RUNAWAYS, LITA FORD et a su s’imposer au fil du temps en ne déviant jamais d’un iota de sa ligne Métallique. Certains ont réussi à ne pas disparaitre ou faire un come-back plus ou moins réussi. DORO, au même titre que MOTÖRHEAD, n’a jamais cessé d’exister et s’est battue constamment pour maintenir haut et fort l’étendard du Heavy Metal pur et dur et cela malgré les différentes vagues musicales qui ont déferlé au fil des années. Sa force, sa détermination infaillible et sa foi inébranlable lui ont très vite valu le surnom de Metal Queen. Hyperactive notre princesse du Metal après nous avoir proposé en 2020 un triple cd Magic Diamonds - Best Of Rock, Ballads & Rare Treasures sous forme de coffret gavé de surprises qui propose un beau résumé de toutes ces années passé au service du Metal, la princesse nous reviens avec "Triumph And Agony Live" ou la belle reprend sur scène l'intégralité d'un album qui a marqué une étape importante lors de sa sortie en 1987. Proposé en différentes versions et enregistré au Sweden Rock en Juin 2017 "Triumph And Agony" est le dernier opus studio du gang Teuton et prouve à quel point le Metal est une vraie religion pour Doro, un sacerdoce qui la maintient au sommet depuis de nombreuses années pour notre plus grand plaisir ! En un mot la grande classe, son attitude, sa prestance rappellent en bien des points celle de Ronnie James Dio dont elle reste une fan absolue ! Pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle offrande nous eut le plaisir de nous entretenir avec la charismatique Doro toujours aussi volubile et disponible en un mot adorable. Magnéto Doro c'est à toi !

 Voici la video ICI

 

 

vendredi 28 janvier 2022

CHRONIQUE CD // JOHN MAYALL // "The Sun Is Shining Down" Sortie le 28 Janvier 2022.

 
Groupe : John MAYALL
Titre : The Sun Is Shining Down
Date de Sortie : 28 Janvier 2022
Genre Musical : Blues


Ce pionnier du blues nous livre un album en tous points fantastique. Il a mis la barre très haute, et s'est entouré d'une équipe de musiciens hors pair.
Mike Campbell, Marcus King, Buddy Miller à la guitare baryton, Scarlett Rivera au violon, Melvin Taylor, Jake Shimabukuro au Ukulélé électrique, sont les guests qui complètent la section rythmique. Nous y trouvons Greg Rzab à la basse, Jay Davenport à la batterie et Carolyn Wonderland à la guitare.

Mêlant reprises et composition originales, cet album est d'une richesse incroyable.
Chacun apporte sa pierre à l'édifice, ajoutant sa personnalité aux morceaux. Il suffit d'écouter "Hungry and ready" avec Melvin Taylor, "One special Lady" avec Jake Shimabukuro, "Deep blue sea" avec Scarlett Rivera ou "The sun is shining down avec Carolyn Wonderland.
Cet éclectisme ne cache cependant pas le travail de John Mayall au chant, à l'harmonica et aux claviers.
Enregistré au studio Horse Latitudes cet album révèle le caractere inusable du bonhomme.

"Un bluesman, c'est jamais fini, et nous en avons la preuve avec cet opus qui est une des meilleures réalisations de John Mayall. Tout simplement incontournable!



Les Titres

1 Hungry and Ready (feat. Melvin Taylor)
2 Can't Take No More (feat. Marcus King)
3 I'm as Good as Gone (feat. Buddy Miller)
4 Got to Find a Better Way (feat. Scarlet Rivera)
5 Chills and Thrills (feat. Mike Campbell)
6 One Special Lady (feat. Jake Shimabukuro)
7 A Quitter Never Wins
8 Deep Blue Sea (feat. Scarlet Rivera)
9 Driving Wheel (feat. Melvin Taylor)
10 The Sun Is Shining Down (feat. Carolyn Wonderland)


Th. Cattier 

 

BERURIER // News // Spectacle Théatre Essaion - 26 janvier au 23 mars 2022.



Laissez-vous emporter par la poésie argotique de  FRÉDÉRIC DARD.

TOM DELIERVILLE donne vie au célèbre adjoint du commissaire San Antonio, Alexandre-Benoît Bérurier alias Béru tous les mercredis à 21h00 du 26 janvier au 23 mars 

THÉÂTRE ESSAION


Adapté de "Si "queue-d'âne" m'était conté
De quoi ça cause ?


A la suite d'une enquête qui a tourné vilain vilain, l'inspecteur Alexandre-Benoît Bérurier se retrouve enfermé sur le point de se faire buter ... C'est alors qu'il avise un magnétophone et qu'il décide d'enregistrer une "confession" pour sa nièce Marie Marie. Tout y passe : le vit, la mort, De Gaulle mais surtout ses expériences sexuelles dont le récit n'est pas à mettre entre toutes les oreilles.
 
Mise en scène & p'tite bafouille de Tom Delierville ?
 
"Depuis le temps que je cherchais un auteur qui pouvait me correspondre ! Auquel je pourrais m'identifier tout en me disant : "c'est tout moi". Eh bien je pense l'avoir enfin trouvé, ou plutôt retrouvé. Je ne suis pas un spécialiste de Frédéric Dard, non, juste un passionné du verbe, de l'expression et des bons mots.  J'ai commencé à lire Dard un peu comme beaucoup, quand je n'étais qu'un adolescent, enfermé dans les cagoinces, attiré par les couvertures osées d'un de ses romans d'gares.

Et puis le temps a passé et je le redécouvre à nouveau comme un lycéen et je comprends enfin la truculence et le merveilleux de la vie (et du vit) à travers les mots de Frédéric et du personnage d'Alexandre-Benoît Bérurier.

Alors s'est imposée à moi, l'idée folle et incontournable de le faire renaître dans un seul en scène théâtral.

Poésie du vocabulaire, outrance argotique, langage sexuel explicite, j'assume tout. Dans l'immensité de l’œuvre de Dard, Béru est le personnage qui me fait le plus kiffer."
 


SYNAPSE (Thomas valentin Chanteur et Sacha Leroy Bassiste) // Interview // Singularities - Novembre 2021.



 
Pour commencer et vous connaitre un peu mieux, pouvez-vous nous présenter les 4 membres du groupe SYNAPSE ?

Thomas Valentin :
Chanteur de Synapse, je suis arrivé début 2019 pour le 1er Ep enregistré avec eux, parallèlement j’ai un autre groupe.

Sacha Leroy : Bassiste de Sacha Leroy :, j’ai rencontré Alex et Carlos à l'école de musique jazz IMEP à Paris, je suis rentré dans le groupe en 2016 à l’époque où le groupe était encore un groupe de reprises. Avec Marc et Carlos on a commencé à écrire les premiers morceaux du groupe ensemble. Je ne suis pas un des membres fondateurs mais presque.

D'où vient le nom du groupe et quelle est sa signification ?

Sacha Leroy : On a essayé de trouver quelque choses qui faisait écho au fait que la musique que l’on veut écrire ou que l’on entend, même si elle est rock, il y a quand même pas mal d'influence qu’on essaie d’inclure dedans.

Thomas Valentin :
On fait des liens

Sacha Leroy : Oui on fait des liens, on a étudié le Jazz et on aime beaucoup ça. Et on s’en inspire un peu pour notre musique. Également le Metal.

Thomas Valentin : C'est des croisements de style, et du coup cela fait penser aux synapses.

Sacha Leroy : Aux synapses des neurones, ça permet d’évoquer la connexion entre les styles. Si on veut pousser un peu le bouchon le côté cerveau progressive.

Comment définiriez-vous le style de votre musique ?

Thomas Valentin : Le Jazz, c'est plus une petite touche pour la couleur, mais ce n’est pas le premier style auquel on penserait. Ceux qui ont une oreille formée au jazz peuvent retrouver dans notre musique cette couleur-là, des petits éléments, après je dirais que c'est quand même assez pop dans l'écriture, on essaie d’avoir toujours des structures de type chanson et des mélodies. C’est la mélodie qui est au centre de la démarche, même si il y a  des passages instrumentaux, techniques et tout ça.

Sacha Leroy : C'est plus éclectique aujourd’hui, on ne dit plus que c’est du metal ou c’est du rock progressif. Vu que la musique s’apparente au rock, on s’est dit que c’est peut-être un terme plus générique comme rock prog, plutôt qu’une espèce de sous genre très précis.

Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?

Thomas Valentin : Moi je suis arrivé un peu après, donc mes influences ne sont pas les mêmes, ceux qui m’ont donné envie de faire du Metal c’est les groupes un peu Death Metal comme Gojira, Mastodon, ce genre de sonorité assez psychédélique, ce genre un peu ambiant que l’on peut retrouver dans le morceau 3000, un peu patate un peu bourrin mais en même temps un peu ambiant c’est un peu ma touche, ce que j’ai apporté dans l’album.

Sacha Leroy : Pour ma part, au début quand j'ai commencé la musique, j’ai beaucoup écouté la scène rock alternative des années 90, comme le grunge, SoundGarden, Red Hot Chili Peppers, les groupes de punk aussi, Offspring, ça m’a amené vers le Metal, Metallica, Megadeth, et également vers la musique noire américaine, en général funk, et puis le jazz… Ce qui m'influence énormément en tant que musicien c’est le jazz électrique, jazz fusion, Miles Davis période électrique jusqu’aux groupes de fusion des années 80/90, ça c’est pour le côté instrumental, sinon pas mal de pop, sans citer un groupe en particulier, des choses mélodiques avec des harmonies de voix travaillées, à une époque j’écoutais beaucoup les Eagles et aussi évidemment les Beatles. J’allais les oublier.

Racontez-nous l'enregistrement et le choix des titres de l'album ?


Thomas Valentin :
Longue histoire, c'est surtout Alex qui connait bien puisque c’est lui qui a eu l'idée, on est allés enregistrer au studio Axone qui appartient au groupe Kalinja, un groupe de metal prog français, on aimait beaucoup leur son donc on s’est dit qu’on aller tester leur presta. Globalement c’était plutôt sympathique, un peu long par moment, parce qu’ils ont beaucoup de projet parallèles à leur studio, ce n’est pas leur truc principal, l'enregistrement a duré plus de 6 mois et en plus c’était pendant le confinement, c’était encore moins facile de se déplacer. En plus on n’habite pas tous à côté, c’était à Montreuil mais ça valait le coup quand même, les gars était plutôt marrants, on a bien bossé, on a passé beaucoup de temps à chercher, du coup quand on écoute les morceaux on ne les reconnait plus, on a changé beaucoup de choses et progressé par rapport à la maquette, il y a une différence incroyable.

Sacha Leroy :Je rajouterais que ce qui était vraiment super c’est en terme de production et d’arrangement, le guitariste de Kalinja qui s’appelle Pierre Danel nous a enregistrés et produit l’album, et du coup on a appris plein de choses puisque concrètement on a vu comment il faisait pour amener les morceaux au niveau supérieur et y mettre une touche moderne tout de suite en y rajoutant une touche de guitare un peu synthé ou autres… Et du coup voilà, ça sonne tout de suite Metal actuel. Donc à ce niveau-là on a beaucoup appris et on est content du résultat car c'est vraiment le son qu’on est venus chercher chez eux. Très différent du 1er EP, beaucoup plus lourd et mieux produit.

Avez-vous tout gardé sur le disque de votre session ?

Sacha Leroy : Pour les compos, on a tout mis, mais on a fait quelques reprises car quand on a fait la cagnotte de crowdfunding on a cherché des contreparties marrantes, et pour les gros donateurs on leur proposait de choisir une reprise, du coup on a eu quelques demandes plus 2 ou 3 morceaux qu’on a choisis nous aussi. Du coup, on va devoir s’y remettre pour ressortir un EP pour les membres du crowdfunding. Petit cadeau pour Shooting Idols, un titre en exclu, il y aura une reprise de Take on me de A-Ha par exemple. Mais bon on dit ça mais c'est la plus bateau, le reste vous verrez bien (rires).

Thomas Valentin : Les autres reprises vous allez être très surpris car elles sont assez improbables...

Comment créez-vous vos compositions, y a-t-il un déclencheur, un moment propice, ou une idée à la base, comment ça se passe ?

Sacha Leroy :C'est Alex qui compose le plus de morceaux, Thomas et moi on collabore aussi bien qu’on compose aussi nos propres morceaux mais souvent c’est un des trois qui amène une base bien aboutie avec mélodie et accord. Par contre souvent comme on a de quoi s’enregistrer chez nous, on fait une maquette, on la fait écouter et on arrange le truc en la jouant ensemble, en tout cas chacun compose sa partie comme il le sent. Le but étant que chacun y dépose sa patte. Ça se fait assez naturellement dès lors qu’on joue le truc ensemble.

Thomas Valentin : De toute façon le plus gros se fait en répétition, tu me dis si je me trompe Sacha mais à force de faire tourne le truc on arrive à ce qu’on aime.

Sacha Leroy : Oui tout à fait bien sûr.

La différence entre le 1er EP et l’album ?

Thomas Valentin : Oui il y a une grosse différence, le 1er EP a été enregistré en live, du coup on faisait tourner les morceaux comme si on devait préparer un concert, et là c’était l'inverse, on venait, on avait déjà nos trucs. On faisait piste par piste, le son ne rendait pas du tout pareil, le 1er EP c’était plutôt assez garage et le dernier sonne beaucoup plus moderne bien produit etc. etc.

Vous rappelez vous de votre 1er concert ? Où et comment s’est-il passé ?


Sacha Leroy : Je crois que c'était à la Guinness Tavern.

Thomas Valentin : On ne l'oubliera jamais celui-là.

Sacha Leroy : On était inscrit pour le tremplin de la Guinness Tavern, et Thomas venait de nous rejoindre. C’était vraiment hyper cool. On avait fait 2 tours genre demi-finale et finale, un truc comme ça, mais c’est surtout les retours qu’on avait eus de la part de l’ingé son, des gens qui bossaient sur place et du public, du coup on s’est dit on tient un truc... Et surtout le deuxième concert, il y avait un jury et d'autres gars connus, notamment un bassiste qui s’appelle Pascal Mulot qui a joué avec Patrick Rondat, qui nous avait fait des super compliments il était vraiment emballé par notre concert. Ça nous avait grave boostés, on n’avait pas gagné mais on s’en fout, on a grave kiffé en fait.

Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel vous rêvez de jouer ?

Sacha Leroy : Alors là, j’ai la voix d'Alex qui me dit dans ma tête Dream Theater… ça serait cool.

Thomas Valentin : Moi ça dépend des jours, je bosse aussi avec un autre groupe qui s’appelle REST IN FURIA qui lui se rapproche un peu de Mastodon, Gojira, donc si je devais répondre, ça serait plutôt Gojira, mais pour moi dans le groupe SYNAPSE, ça serait à fond Dream Theater.

Si vous deviez vous définir, quelle serait votre phrase ou devise ?

Sacha Leroy : En un mot... La connexion, oui un bon mot.

Avez-vous quelques projets de concerts vu les aléas dûs au Covid ?

Sacha Leroy : En fait Alex a pas mal bossé, et il a trouvé pas mal de concerts pour une petite tournée au cœur de la France, des salles de concert en province, notamment Lyon, La Rochelle, Montpellier.

Thomas Valentin : Dans le Jura aussi, ça se présente bien on est content du coup. Après on espère juste qu’il n’y aura pas de fermeture de salle ou une autre vague…

Pour finir, si vous ne deviez conserver que 3 choses : un disque, un film, et un 3ème choix ? Quelle serait votre sélection et pourquoi ?

Sacha Leroy : Ma guitare, mes enceintes et ma carte son (rires). Un film ça serait "The Thing" de Carpenter, un bouquin "Voyage au bout de la nuit" de Céline, peut-être que du coup je vais bader sur mon île déserte mais bon, et en troisième un cd "Revolver" des Beatles.

Thomas Valentin : Moi je prendrais le film "Big Fish" de Tim Burton, et en cd je prendrais "Down the way" d’Angus & Julia Stone, et en bouquin n'importe lequel Stephen King car je suis un grand fan.


Paris 25 Novembre 2021
Thierry Cattier
Photos : DR


mercredi 19 janvier 2022

STUBORA // News // Les premieres dates de concerts 2022.

 

STUBORA annonce ses premières dates de concert pour 2022.
D’autres viendront s’ajouter très prochainement.

28.01.2022 - Marbache (Forock)
04.03.2022 - Saizerais (16 Art Café)
23.04.2022 - Clermont-Ferrand (Salle à confirmer)





samedi 15 janvier 2022

MON PETIT GRAND FRERE // Interview Miguel-Ange Sarmiento // Le coeur d'un Homme ... Paris @ Théatre L'archipel Décembre 2021.


"Mon petit grand frère", ou comment faire face quand on est un enfant de deux ans aux non-dits d'une famille disloquée par la douleur, l'artiste Miguel-Ange Sarmiento nous dévoile tous les secrets de la résilience avec cette pièce exceptionnelle écrite avec une urgence vitale.

Empreinte d'une sincérité puissante et touchante, personne ne peut rester indifférent à cette pièce dont on ressort troublé, bousculé, ému, mais si reconnaissant que lui ait étonnamment si bien su poser les mots sur notre propres maux.

Difficile de couper une seule phrase de cet échange à coeur ouvert que nous a offert Miguel-Ange, c'est donc une grande émotion de vous faire partager et vous faire découvrir ce grand Monsieur dont les paroles vont droit au coeur. Merci à toi Miguel-Ange.


Bonjour à toi. D’abord, est-ce que tu peux te présenter ?

Miguel Ange. Je m'appelle Miguel Ange Sarmiento, je suis comédien, chanteur, homme de spectacle et je suis aussi animateur, je suis animateur radio.
Je produis des spectacles. Je suis prof de chant, je suis coach de voix. Enfin, tout ce qui est touche à la voix parlée et chantée. Et aussi, j'accompagne des artistes dans leur développement artistique.

Tu as grandi à Aix en Provence et tu as fait des études à l'université de lettres d'Aix en Provence, comment s'est passé ton parcours scolaire ?


Miguel Ange. Je suis né effectivement à Aix en Provence et j'ai grandi dans un petit village dans le Var, Rians, donc je parle d'ailleurs dans "Mon petit grand frère". J'étais un bon élève, même un très bon élève. Je me souviens, j'étais en CE2 ou CM1, et j'étais arrivé 3ème et j'avais dit à ma mère, "waouh, je suis 3ème", elle m'avait dit "C'est tout ?". Et à partir de ce jour-là, je suis devenu premier jusqu'à la fac.
J’étais premier partout, parce que c'était insupportable d’être que 3ème, ça n’allait pas pour ma mère.
Donc voilà, j'ai été un bon élève, discipliné et puis le goût des études. J'aime beaucoup les études.
Je regrette de ne pas être allé plus loin dans les études.
Mais il fallait choisir entre un micro, la scène, les strass, les paillettes, la lumière et les études sérieuses.

Quelle ont été tes premières influences artistiques, cinéma théâtre ou musique ?

Miguel Ange. La culture populaire française et la culture populaire espagnole puisque mes parents, immigrés espagnols, me faisaient aller en Espagne au moins 2-3 fois par an. Eux venant d'un milieu populaire où il n'y a pas de grandes études, j'ai grandi, j'ai baigné dans le côté populaire aussi bien en France qu'en Espagne.
En France, la boîte magique, c’était la télévision, c'était numéro un Maritie et Gilbert Carpentier, c'était les 45 tours. À l'époque, évidemment, il n'y avait pas d'Internet, donc c'était tout ce qu'on voyait à la télévision, c’était des magazines qu'on avait une fois par mois, une fois par semaine. Il y avait aussi bien les Picsou que les OK magazine, tous ces trucs-là. Et le cinéma, le cinéma, c'est ce que je voyais à la télévision car il n'y avait pas de cinéma là où j’habitais. C’était un tout petit village, maintenant il y a un cinéma mais à l’époque il n’y en avait pas. Donc voilà, je viens de la culture télé populaire des années 60 70.

Tout à l'heure, tu parlais de l'Espagne, tu as vécu aussi un peu en Espagne ?


Miguel Ange. J'ai toujours vécu en France. Je suis né en France de parents espagnols. Et mes parents, comme beaucoup d'immigrés espagnols, m’ont éduqué en disant « on va repartir en Espagne, on va repartir en Espagne ». Quand eux sont repartis, à la retraite, j'ai failli partir avec eux, mais je me suis rendu compte que je n'avais pas à retourner en Espagne car je suis né en France, je me considère français. Aussi bien français qu’espagnol. Mais je n'avais pas à repartir en Espagne, donc finalement je ne les ai pas suivis dans ce retour fantasmé. C’est un peu un retour fantasmé. Mais je suis en connexion avec cette Espagne-là, qui a beaucoup changé depuis les années 70. L’Espagne moderne, très progressiste d’un côté, mais toujours avec le goût du populaire, j'aime l'Espagne populaire des années 2020.

Et tu as des idoles ?

Miguel Ange. Des idoles ? Oui, ce sont surtout les gens qui me font rêver. C'est Pedro Almodovar, c’est toutes ces personnes-là, c'est Luz Casal…  
Je connais moins d'artistes populaire espagnols que de français. En France, oui, j'ai une grande culture de la chanson française car c'est mon domaine de prédilection, donc j'aime beaucoup les artistes français. Des plus anciens aux plus récents, quand je trouve de la grâce chez les récents, pas toujours. Je suis un peu dur, mais c'est la vérité, c'est ma vérité.

Tu as suivi une formation de chanteur et de comédien au Conservatoire d’Art dramatique avec Nadia et Lili Boulanger, à Paris. Quel a été le déclencheur et quel souvenir gardes-tu de tout cela ?


Miguel Ange. Alors je suis monté à Paris en 1990, le 5 novembre 1990. J'étais retenu pour l'école qui s'appelait à l’époque le Studio des variétés,. C’était un peu une école à la "Fame". Maintenant, c'est devenu un centre de formation mais à l’époque c’était une école, avant toute cette grande mode des émissions "The Voice" et tout. C’était la grande école chapeautée par la SACEM. J'ai eu beaucoup d’auditions, j’ai été retenu, donc je suis monté à Paris. J'ai fait cette école pendant 2 ans en chant, théâtre, comédie, danse et musique. Après, j'ai fait un conservatoire d’arrondissement, conservatoire du 9ème, où je me suis plus frotté au classique. Et donc voilà, j'ai débarqué de ma province, comme on dit dans la chanson d'Aznavour, dans ce Paris des années 90, qui me faisait rêver et qui n'est plus le même en 2020. Et donc, à 19-20 ans, quand je suis arrivé à Paris, j'ai plongé tout de suite dans l'univers artistique et très vite j'ai commencé à travailler.

Et tu es parti comme ça, sur un coup de tête ?

Miguel Ange. Non pas sur un coup de tête. Moi j'étais à la fac, je l'ai préparé, je faisais langue étrangère trilingue. Je préparais un magistère d'arabe parce que j’adorais les langues étrangères. J’étais bon à l’école. J'avais eu une bourse d'étude pour aller au Canada après mon bac, j'ai passé une année à Toronto. J'étais le plus jeune conseiller municipal de la région PACA, 3ème conseiller municipal plus jeune de France en 89 et donc j'avais un parcours tout tracé. Je pense que je serais même devenu maire de Rians parce que j'adore mon village, je me suis beaucoup investi dans ma petite ville. Je me préparais à faire Sciences-Po, faire service public, travailler.
Mais voilà, après je suis rentré dans un orchestre de chanteurs de variété, on a animé des soirées paëlla, pizza, tous ces trucs-là moi j’adore ! J'ai fait beaucoup d'animation quand j'étais plus jeune aussi dans les villages aux alentours. J'adorais monter sur scène. Mais parallèlement il y avait les études.
J'ai passé l'audition pour le studio des variétés, on était 1600 candidats, pour l'époque, c'était énorme. Puis petit à petit, on était plus que 16 dans toute la France et les DOM-TOM, avec une bourse d'études. Donc j'ai dit, je quitte la fac et je monte à Paris, et j’ai bien fait car je ne regrette absolument pas.

Récemment tu as incarné Pier Paolo Pasolini dans Pasolini Musica (Festivals d’Avignon 2017 et 2018) ? Comment as-tu ressenti ou vécu l'élaboration de ce rôle ?

Miguel Ange. C'était une expérience que j'espère renouveler avec André Roche, le metteur en scène, qui est vraiment un grand metteur en scène, un homme d'une grande culture et d'une grande humanité, qui sait très bien diriger les acteurs et qui m'a confié le rôle de Pasolini dans Pasolini musica. Pasolini a aussi écrit des chansons, des chansons populaires, et il avait aussi ce goût pour la chanson populaire, c'est un très beau spectacle que nous avons joué deux étés au festival d'Avignon.
Et puis après, la production s'est arrêtée, elle a fait son chemin. Et grâce au théâtre, j'ai pu aller plus loin pour satisfaire le goût de mes études que je n'ai pas abouti. Du coup, je me suis intéressé à Pasolini. Je me suis intéressé à cette Italie-là, je me suis intéressé au texte, à la poésie. Quand je fais de belles rencontres comme avec André Roche et sa compagnie, je me dis, j'ai l'occasion de me cultiver.
Auparavant j'avais fait une pièce dans lequel je jouais le rôle du jeune Adolf Hitler de 1913, de Alain Didier Weill, auteur remarquable, qui racontait toute l'humanité que pouvait avoir ce jeune Adolf Hitler. Et donc c'était super intéressant de jouer ce rôle-là. Donc le théâtre me permet de plonger dans l’histoire, de plonger dans des vies qui sortent du corps. Que ce soit ce terrible Adolf Hitler ou Pasolini avec sa poésie sublime.

Justement, l’amalgame de ces choses-là, comment tu le ressens ?

Miguel Ange. Pour moi, c'était un travail. On ne faisait pas de biopic comme on appelle ça aujourd'hui. Il ne s'agissait pas de jouer, de faire un travail de ressemblance, de ressemblance physique. Mais sur scène, cette magie de la scène. Costumes, lumières, décors. Et en même temps, cette façon de m'imprégner du rôle. C'est mon boulot de comédien d'aller chercher. Je regardais beaucoup de vidéos pour regarder comment il bougeait cet Hitler. Et puis Pasolini. J'ai beaucoup plus lu. J’ai lu et écouté ce qu'il a fait, écouté sa voix pour essayer de donner une petite part de lui, une petite touche plus personnelle.

Comment s'est passée ta rencontre avec le metteur en scène Remi Cotta avec qui tu travailles très souvent ?

Miguel Ange. Alors, Rémi Cotta c'est une longue et très belle histoire. Rémi Cotta, c'est un frère sur ce chemin de vie, pas uniquement de la vie professionnelle. Mais d'abord, c'est quelqu'un que j'admire beaucoup car il est très talentueux. Il est incroyable, il sait faire des décors, il sait faire des costumes, il sait coudre. Devant un ordinateur, il sait faire du montage, il est musicien, il est chanteur, chanteur baroque. Il sait faire des statues. Il est très doué. La nature l'a doté de dons remarquables.
Donc travailler avec lui, c'est le hasard de la vie qui a fait qu’on s’est rencontré, avec une première collaboration où il m'a mis en scène, et puis après, c'est moi qui l'ai mis en scène. C'est aussi un talentueux graphiste. Il m'a aidé à développer mon image, mes spectacles, ça s'est fait naturellement. On a monté deux structures ensemble. On est devenus des associés et surtout c'est une solidarité, une entraide quotidienne.
Parce que c'est vraiment quelqu'un de très proche, et surtout dans le travail, parce qu'on se connaît très très bien maintenant.
Surtout dans le cadre de "Mon petit grand frère". Comme il connait mon histoire, il connaît mes parents, il a su me laisser l'espace qu'il fallait pour que je puisse me débattre et construire, moi, quelque chose de beaucoup plus puissant que j'aurais peut-être moins bien fait s'il m'avait mis des œillères, ou s’il avait essayé de me tenir. Donc il m'a laissé toute la liberté dont j'avais besoin et il a su endiguer, il a su mettre en espace, il a su codifier certaines choses pour m'aider à sublimer tout ça.
Et donc ça s'est fait vraiment, pour moi, c'est un texte très douloureux, l'histoire fait que ce texte-là est très dur à porter pour moi. Et Rémi m'a aidé à le porter avec beaucoup de pudeur, il a mis la distance qu'il fallait, tout en étant très présent. J'ai beaucoup de chance d'avoir Rémi Cotta comme metteur en scène. Et comme ami dans la vie, vraiment.



Le sujet de ta pièce "Mon Petit Grand Frère" semble extrêmement personnel car il revient sur une période traumatique de ton enfance et ton processus de résilience, pourquoi avoir choisi de le partager ? Est-ce une forme de thérapie ?

Miguel Ange. Cette question est vraiment intéressante, d'autant plus que j'ai appris qu'une blogueuse avait dit récemment "Ah bah moi, je ne viendrai pas parce que c'est ces artistes qui font des thérapies sur scène…" J'ai dit okay bon ben ce n’est pas grave.
Est-ce qu'on peut dire que c'est une thérapie ? Sûrement, parce qu’il y a de ça, mais quand on prend la plume, je dirais plus que ça relève de la catharsis plutôt que de la thérapie. La thérapie, je sais ce que c'est. J'ai pratiqué pendant plus de 15 ans, donc je sais ce que c'est. Ce texte est né d'un besoin irrépressible d'en savoir plus sur la mort de mon frère. Il y avait un mystère, il y avait des silences, des silences de mes parents qui n'en avait jamais parlé.
Donc en décembre 2019, j'ai décidé, j'ai dit j'ai besoin, avant que mes parents ne soient trop vieux, avant que leur mémoire se soit altérée, avant que la vie nous sépare, j'avais besoin moi d'écrire, de savoir comment ça s'était passé, car il y avait un mystère, pour moi, un mystère, mes parents ont une version.

En fait ce que tu veux dire c’est que tu le savais mais tu voulais avoir le fond, ou tu ne le savais pas et tu l’as appris ?

Miguel Ange. Non, je le savais. Mais je voulais en savoir plus. Et donc, j'ai commencé à interroger mes parents et j'ai fait parler mes parents qui, entre eux n’en n'avaient jamais parlé depuis 50 ans, et donc ça faisait 50 ans et je me suis rendu compte à quel point c’était tellement présent, tellement fort.
Cette photo-là de mon frère, je l’ai eue à la maison, elle a toujours été présente à la maison, et il y en a plein des photos de mon frères, notamment celle-ci. Donc, c'était omniprésent. En analyse on parle du squelette dans le placard, moi j'ai fait en sorte de pouvoir sortir ce squelette, de pouvoir en parler, en parler et c'est ce qui a été le plus intéressant, c’était de faire une enquête dans mon village, où le drame a eu lieu à Rians.
Donc je suis descendu à Rians, à 2-3 occasions, je me suis isolé dans un petit appartement, et j'allais au bar tous les matins boire mon café et j'ai commencé à parler avec les gens du village que je connais depuis toujours, qui m'ont toujours vu. Et je suis un peu la vedette là-bas parce que on m'a vu à la télévision parce que je suis comédien, parce que ceci, cela. Et donc chaque fois que je vais là-bas, c'est archi plein, c'est complet. Mais j'ai compris, après avoir posé des questions et après avoir entendu ce que j'ai entendu, j'ai compris ce qu’il se passait. Il y a quelque chose de très particulier entre mon village et moi car on a vécu un drame ensemble. Donc les gens qui viennent me voir, m’applaudir, ils ne viennent pas applaudir que Miguel Ange. Il y a quelque chose qu'on a vécu ensemble et les gens ont commencé à me parler. Et donc des gens que j'ai croisé toute ma vie et qui ne m'ont jamais parlé de ce drame, de comment ils étaient présents, de comment ils l'ont vécu, de comment ils ont vu mes parents. Personne ne m'en a jamais parlé. Et donc j'ai posé des questions. Ça m'a fait un peu l'effet du Truman show. Tu vois ce que je veux dire ? Le Truman Show, c’est-à-dire qu’à un moment tu te dis "eh merde tout le monde le savait". Tout le monde me regardait. Tout le monde me regardait avec ce regard-là, avec ces yeux là. Et ça a été quelque chose de très, très fort. Notamment avec Bernadette Pinto, une femme de Rians. Qui était directrice de maison de retraite. C'est une femme que j'ai toujours vue, très gentille, Bonjour, Bonsoir. Voilà. Et donc j'ai appris lors de mon enquête que cette femme-là, c'est elle qui m'a pris dans ses bras quand on est partis de la maison, c'est elle qui a accompagné mes parents jusqu'à la frontière quand mon frère est mort. Et donc cette femme-là était très présente dans ma vie, elle ne m'en a jamais parlé et mes parents ne s'en souvenaient même plus parce que mes parents étaient dans cette espèce d’abyme spatio-temporel. Donc j'étais très ému d'apprendre ça. Ça, c'était le plus fort. Je sens qu'il y a un lien très, très fort avec Rians parce qu'on a vécu ça ensemble. Et en plus, il y avait un deuxième petit garçon, qui était son meilleur ami, qui est décédé dans ce drame horrible, qui, à l'époque est passé aux informations. C'était un drame. Alors j'ai cherché à l’Ina, et je n’ai pas trouvé d'images. J'aurais tellement aimé trouver des images. Donc, ce sont des gens qui l'ont appris, qui vivaient à Paris et qui ont l'appris parce qu'ils l'ont vu aux informations, c'est dire à quel point c'est un drame horrible qui s'est passé dans ce village.
Et donc voilà, quand j'ai eu ce besoin d’écrire, c’est vraiment, moi, je ne suis pas un auteur, j'ai écrit quelques chansons, mais je n'ai pas ce talent. Il y a des gens qui écrivent super bien. Je prends l’exemple de Rémi Cotta. Qui, lui, a écrit un roman. Il est doué pour tout. Mais j'ai eu besoin d'écrire. Et quand j'écrivais, c'était comme quelque chose qui venait, mais qui venait physiquement, de l'intérieur. J'avais envie, avec des larmes, je vomissais quelque chose, je me disais, mais ce n’est pas possible, mais pourquoi je m’y remets ? J’arrêtais d'écrire pendant quelques mois tellement c'était douloureux. Mais il fallait que j'aille au bout. Et je ne pensais pas sortir tout ça.Et puis l'année dernière, au mois de juin, j'avais terminé. J'avais besoin de l'explorer sur scène. Donc j'ai loué une salle locale en face de chez moi, un petit truc. Pendant 3 jours, je me suis dis, je vais en faire une captation pour moi, je vais inviter les amis. Je vais inviter les gens que je connais. Oui, il s'est passé quelque chose d'assez fort, c'est que les gens m'ont fait un retour incroyable sur ce texte-là, qui dépasse le narcissisme. Mais je n'avais pas compris au début. C'est à dire que les gens me disent, mais c’est terrible, c'est incroyable cette façon que tu as de parler. On aimerait tous pouvoir parler de ce qui nous fait mal. Donc la catharsis a fonctionné, elle a fonctionné pour moi, mais je me rends compte qu’elle a fonctionné pour les autres. Et c'est là que, c'est un peu comme dans les films, pendant 30 ans, j'ai attendu qu'un producteur me tape sur l'épaule et me dise bah écoute vient voir. Et puis, le directeur de l'Archipel où je suis très heureux de jouer aujourd'hui, est venu grâce à mon attachée de presse, Sandrine Donzel. J'ai tellement attendu de producteur toute ma vie et à la fin il est venu me voir et il m'a dit, texto, votre texte est formidable, vous êtes formidable, est ce qu'on peut se voir ? Et je lui ai dit, oui avec plaisir. Voilà comment ça a commencé.
Je sens que je peux apporter ma petite contribution pour développer la parole. Parce que je sais ce que c'est de ne pas pouvoir parler. Voilà, ça peut aider. Je n’ai pas des velléités de thérapeute. Je n’en ai pas les moyens, je ne suis pas formé pour, mais je pense que j'ai un peu développé mon oreille émotionnelle et peut être que c'est pour ça que j'ai réussi à écrire ça et je pense que ça m'a fait énormément de bien, à moi comme à mes parents. Mais je n'ai fait ça ni pour faire du bien, ni pour que ça touche le public. J'ai fait ça pour moi, parce que c’était quelque chose qui venait de l’intérieur et je ne pouvais pas faire autrement. C'est la première fois que ça m'arrive. J'en avais entendu parler. J'ai été saisi de l’intérieur.

Mais quand tu as été saisi comme ça, le premier jour où tu t’es dit, comment ça t’est venu ? C’est suite à quelque chose ?

Miguel Ange. Quand j’ai commencé à écrire, d'abord, j’ai posé beaucoup de questions à mes parents, à droite à gauche, puis j'ai commencé à écrire. Je me souviens de certains moments qui ont été très douloureux au moment où j'écrivais, où je m'arrêtais. Je fumais beaucoup, je m’arrêtais, je fumais, je fumais. Je raconte des choses très intimes et je n'arrive plus à me dire, mais comment j'ai fait ? Si on me disait de le réécrire, je ne saurai pas. C'est peut-être un état d’hypnose, comme quand tu es sur scène, à un moment tu es dans un état d’hypnose. Je pense que c'était en moi depuis très longtemps. En fait, tout le temps, j'ai grandi avec ça et à un moment il fallait que ça sorte. Et c'est là. Avec ce texte-là, je grandis beaucoup en tant que comédien aussi. Parce qu'il s'agit d'être profondément juste. Je ne peux pas me permettre de faire l'acteur, de faire l’artiste... Il y a un truc qui doit être au cordeau, quand tu as peur, ou quand quelque chose ne va pas, ou que parfois il y a un problème technique, tu peux te réfugier dans des retranchements mais non, non, surtout, surtout rester dans une espèce de pureté.
Ce qu'on doit faire en tant que comédien, c’est être juste, être au service du texte. Mon texte est en train de m'apprendre mon métier. Et je me dis que je n’ai pas encore été engagé encore dans un autre spectacle avec un autre texte, j'espère car j'ai envie de continuer, mais je pense que je vais être encore plus attentif au texte et encore plus reconnaissant d'un bon texte. Parce que le mien me permet ça. Je ne dis pas qu’il est bon, je dis juste qu’il me permet de comprendre à quel point je dois être au service du texte et non pas me servir du texte pour me mettre en avant. Ça, c'est le B.A. BA aussi je pense du comédien.

Quand je parlais de thérapie, je voulais dire par là que ça doit te faire du mal, et en même temps ça doit te faire du bien ? Le mot thérapie n’est peut-être pas celui qu’il faut.

Miguel Ange. Alors effectivement, ça s'est passé le 9 mars 1971, donc nous sommes en 2021, ça fait 50 ans, et il y a quelque chose qui est… qui est d'une actualité incroyable et je n'arrive pas à comprendre pourquoi, je comprendrai peut-être un peu plus tard. C'est comme si j’étais tellement rempli de larmes, de larmes en retenues, de larmes de mes parents. C'est un puits sans fond, comme quoi quand les choses ne sont pas dites, quand elles ne sont pas digérées, quand elles ne sont pas assimilées vraiment, on les porte en nous. Après, le mot est très à la mode, très en vogue, on parle de résilience. Moi j’étais un résilient, je ne savais même pas que ça existait. J'ai compris que j'étais résilient parce que, après en thérapie, j'ai compris le mot. J’ai lu Boris Cyrulnik, qui m’a fait beaucoup réfléchir, beaucoup grandir aussi. Oui, cette faculté que l'on a de rebondir. Oui, pour le coup, je suis un résilient, et je m'étonne d'avoir la force de continuer parce que des fois avant de monter sur scène, je me dis, pourquoi tu fais ça déjà ? Alors déjà habituellement, quand je remonte sur scène, je me dis qu’il faut être complètement schizophrène, tu montes sur scène et tu demandes aux gens de payer, de venir et de t’applaudir. Alors quand même, c’est audacieux, c’est d’un aplomb.
Je me dis, c'est un rendez-vous, il faut être vraiment là. C'est curieux cette façon de faire. Ouais, ça réveille des choses très douloureuses. Je me dis à un moment, il faut que j'y aille. Je fais ça pour qui ? Je me demande, tu vois, en te parlant, je me dis, mais pour qui je fais ça ? Pour mes parents ? Mes parents n'ont même pas voulu voir la captation. C’est dire à quel point c’est douloureux. Mes parents sont en Espagne. Ils ne me verront jamais dans cette pièce. Ils sont trop âgés. Je sais qu’ils ne me verront pas, ils ne pourront pas se déplacer sur Paris et je ne pense pas la jouer en Espagne, ni peut-être un jour en espagnol, on ne sait pas. Donc je ne fais pas ça pour eux, ils le savent. Alors pour la gloire ? Non, pas du tout. Parce que c'est bien une pièce que je voulais écrire, j'en ai fait des choses pour essayer de sortir du lot, pour me faire remarquer, j'en ai fait les spectacles, mais alors là, pour le coup, c'est bien le spectacle où le texte sur lequel je n'ai pas misé. Pardon, je pars un peu dans tous les sens. Mais effectivement, il y a quelque chose de douloureux et je me dis, mais comment est-ce possible de m'infliger ça ? Mais en même temps… Quelque chose forcément de libératoire, qui me porte. Donc tu verras quand tu auras vu la pièce, je ne crois plus en Dieu. Ou je ne crois pas en Dieu ou j'y crois tellement que je n'y crois plus. C'est peut-être lui qui me porte, c'est peut-être mon frère. Peut-être que je fais ça pour lui, je fais confiance à la vie.


Tu produis et met en scène tes propres concerts et spectacles musicaux avec la complicité de Rémi Cotta, est-ce compliqué d'être à la fois le personnage central et de travailler en même temps en production, c'est à dire d'être sur scène à la fois ?

Miguel Ange. Non, j'adore ça ! J’adore ça parce que, d’abord je suis un hyperactif, et puis quand je suis arrivé, j'ai commencé à faire les spectacles, je passais un temps fou à trouver des producteurs, pour faire un disque, pour faire l'album, pour faire un spectacle. Je me disais mais je perds un temps fou ! Donc je vais produire moi-même. Donc j'ai fait une formation de production de disque et production de spectacle. J’ai donc ma structure depuis plus de 20 ans, Mas productions, qui se porte très bien, qui est très saine. J'ai créé une autre structure Amor y tortilla production avec Rémi Cotta et donc je sais complètement produire, que ce soit au niveau administratif, au niveau financier, exécution. Je sais faire parce que j'ai appris par nécessité, parce que le temps que je passais pour trouver un producteur qui aurait la condescendance de venir me voir, de trouver que ce que j'ai fait c'est bien ou quand il venait, ce n’était pas assez ceci pas assez cela. Donc on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Et c'est aussi dans l’air du temps, on devient des auto-entrepreneurs.
Et j'aime beaucoup … Là, par exemple, je fais la direction artistique, la mise en scène d'une revue à la Nouvelle Eve. J'adore les artistes. J'adore, j'adore diriger, j'adore les artistes, j'adore diriger les artistes. Quand je vois les artistes qui s'éclatent sur scène, qui font des trucs géniaux, j'ai fait une nouvelle distribution pour la Nouvelle Eve. J'ai pris les meilleurs que je pouvais. J'adore voir les artistes qui donnent. Donc je déteste les chanteurs, y'a rien de plus chiant qu'un chanteur qui chante, qui braille. Moi, il faut que ça touche, on n'est pas là pour faire de l’esbrouffe. Mais bon, t’es pas obligé de le mettre dans l'interview, faut que ça parle !

Sur la pièce "Comment J'ai dressé un Escargot sur tes Seins" a-t-il été plus difficile ou différent de travailler en version bilingue Franco Espagnole ?

Miguel Ange. Alors, c'était un souhait. Qui était là depuis pas mal d'années. C'est la première fois que je faisais un monologue, j'avais très peur de me retrouver seule sur scène. Et donc j'ai fait ce monologue de Matei Vișniec, qui est un auteur roumain qui vit en en France et qui est un excellent auteur. J’aime beaucoup Matei Vișniec, grâce à lui, je suis beaucoup allé en Roumanie. Il m'a fait découvrir sa culture, son pays. C’est un des auteurs français, sinon un des auteurs de langue française, le plus joué au festival d'Avignon, ou en France. C'est quelqu'un qui dont l'œuvre théâtrale est prolifique et dans tous les cas, c'est quelqu'un qui a énormément de talent. Et donc il avait écrit ce texte-là, il y a quelque temps « comment j'ai dressé un escargot sur tes seins ». Il me l'avait envoyé. Je me suis dit, c'est le moment de prendre l'escargot par les cornes, si vous me permettez l'expression et donc je suis monté sur scène avec ce texte là et je vais le jouer ensuite. Il a été traduit en espagnol et donc je le jouais en espagnol. Je l'ai joué en bilingue au théâtre de la Contrescarpe. Avec Maude Mazure et Dominique Gosset, qui m'ont fait confiance sur cette production-là.
Et il a été traduit aussi en italien. Et je devais le jouer en italien et en anglais, je devais donc je le jouais en 4 langues et il y a eu donc le COVID, il y a eu tout ça qui a fait que ça s'est arrêté. Mais c'était un projet qui m'excitait beaucoup parce que j'adore les langues étrangères. Je suis bilingue franco-espagnol, j'adore l’italien. Et je me débrouille pas mal en anglais, c'est une langue que je maîtrise plutôt bien. Et donc le challenge c’était de jouer en 4 langues et on avait prévu de faire ça, mais le COVID est passé par là. Entre-temps, j’ai amorcé l’écriture de ce texte, de "Mon petit grand frère", qui n'était pas prévu. Donc, pour l'instant c'est un peu en stand-by. La pièce « comment j'ai dressé un escargot sur tes seins » a été créée et produite en Espagne. En Amérique latine, elle est jouée au festival de Niort. C'est un texte d’une grande qualité, poétique. Et je suis sûr qu'il a trouvé, qu'il trouve, de merveilleux interprètes pour le porter et pour porter l’œuvre de Matei Vișniec.

Donc peut-être que tu retenteras l'expérience ?

Miguel Ange. Oui, oui, je pense que je vais peut-être jouer "Mon petit grand frère" en espagnol. Oui, on est en train de réfléchir à l'adaptation espagnole.

Et ce n’est pas dur de penser, de vivre un texte en espagnol ?

Miguel Ange. Pour moi, c'est comme si j’étais bilingue depuis l'enfance, c'est à dire qu'à la maison, on parlait d'espagnol, et dehors on parlait français, donc pour moi c'est normal, c'est un fonctionnement normal de mon cerveau, c'est à dire que dès que j'entends l'espagnol, ce n’est pas une langue étrangère. Certes, quand je vais en Espagne, j'ai un petit accent français qui. Parce que j'ai vécu beaucoup plus de temps ici, on sent que de par ma culture, de par mon éducation, que je ne suis pas né là-bas, ni grandi là-bas. Mais mon cerveau fonctionne en binaire.

Je pensais que c’était plus dur d’apprendre en 2 langues différentes ?

Miguel Ange. La Musicalité n'est pas la même. C'est intéressant parce que du coup tu redécouvre aussi le texte en fait. Parce que quand j'ai fait l'escargot en français, en espagnol et quand je l’ai joué en espagnol, ça sonnait d’une façon et quand je l’ai rejoué en français, certains mots, certaines expressions, elles ont pris plus de sens, plus de couleur parce qu’en espagnol ou en italien, elles m'avaient nourri. Elles ont résonné d'une façon qui m'a fait revenir.

Depuis quelques années, tu produis les spectacles de Carolina "Le Carolina Show" "Happy Show de Carolina" "Carolina naissance d'une étoile" comment s'est passée votre rencontre ?

Miguel Ange.  Alors Carolina ? Je l'ai rencontrée grâce à Matei Vișniec. Elle jouait dans une pièce de Matei Vișniec. Le titre était « Le mot progrès sonnait terriblement faux dans la bouche de ma mère ». Matei Vișniec avait des titres à rallonge et donc Carolina, je l’ai vue jouer dans cette pièce-là. Et j'ai tout de suite été frappé par son humanité d'abord, par son insolence, parce qu'elle est tellement sensible qu'elle se cache un peu et derrière son éventail et derrière son insolence. Et elle a toujours le mot à propos. Elle est très taquine, très vivante, pleine de vie. Donc elle me plaît beaucoup. Et donc du coup avec Rémi Cotta quand on a été la voir sur scène on s’est dit tiens il y a quelque chose à faire avec elle. Et donc on lui a proposé le Carolina Show. Moi, je suis devenu le producteur de cette première émission de télé sans caméra, ce qu’on a fait avec Remi qui était, lui, réalisateur. Moi, j'étais le metteur en scène, je produisais etc. et donc on a fait ça pendant plusieurs années, avec Carolina qui chantait, qui menait la danse. Et par la suite, Carolina a été engagée sur autre chose, elle a fait un film puis  un court métrage.
Depuis Carolina suit son chemin. Elle est un peu sollicitée de partout maintenant. Dans 90% des cas, quand elle travaille en France, elle travaille avec nous, après elle travaille en Espagne, avec d'autres artistes, d’autres réalisateurs. On est très fidèles, on l'aime beaucoup. Et je pense que c'est réciproque, même si on s'en prend plein la gueule parce qu’elle n’est pas tendre. Tu vas l’interviewer bientôt c’est ça ? La semaine prochaine ? Bon courage !

C'était ça que je trouvais bien. C'était votre façon d'être tous ensemble comme une grande famille.

Miguel Ange. Oui, c'est vrai, on a un côté tribal avec Rémi Cotta, Max et moi même.
Ponctuellement, on est un trio et on a toujours entre nous un petit noyau et puis il y a Carolina. On est à son service évidemment, c’est une diva !

Raconte-nous ton expérience d'homme de radio avec ton émission On n'oublie rien, on s’habitue" ?

Miguel Ange. J'ai commencé à la radio, j'ai commencé à produire des émissions de radio, mais à l'époque, je ne savais pas ce que ça voulait dire Produire, c'était en 1984. Ça s'appelait radio Déclic, c’était un petit village à côté de chez moi à l'époque des radios libres. J'avais 14-15 ans. Et donc je m'étais retrouvé animateur le samedi, le dimanche matin. Tu sais, à l'époque, fallait faire des 45 tours, des 33 tours avec le bras et tout ça. Et en fait, j'ai réalisé une émission, je ne savais même pas, j'écrivais des émissions, des spéciales Cloclo. Et le fait de de communiquer, on revient à la parole, de communiquer et puis que tout le monde l'entende, c'était formidable à l'époque et donc je faisais ça. Et donc ça, c'était la plus grande expérience radio que j'avais très jeune, et après je suis allé sur Paris et j’ai ponctuellement travaillé dans des radios, notamment à la radio Up du moment, du groupe SOS Solidarité. Et donc là j'ai produit mes deux émissions « on n’oublie rien, on s'habitue ». Alors justement, c’était lié aussi au travail sur la résilience où j’ai recueilli la parole de personnes avec des parcours singuliers, chaotiques, et comment les gens se sont relevés un peu de ça.
Puis, après une autre émission qui s'appelait « Qu'on se le dise », c'était une émission sur le spectacle vivant. C'était juste un an avant la COVID, et évidemment ça s'est arrêté. J’ai toujours fait ça à titre amateur, pour mon plaisir, et on me sollicite beaucoup pour aller voir des pièces. Pour en parler, pour faire des interviews, des spectacles. Et puis là, l'année dernière, j'ai fait une formation au studio école de France. Et je suis diplômé, j'ai un BTS d’animateur radio. Je ne savais même pas que ça existait avant, donc j'ai un BTS animateur radio, ce qui fait qu’évidemment j'ai appris beaucoup de choses. C'est une formation que je raconte à beaucoup de gens parce que tu apprends les codes, tu apprends beaucoup de choses, les techniques ont beaucoup évolué et maintenant je sais beaucoup plus faire la technique et j'espère trouver un espace pour reprendre la parole. Avec un micro pour interviewer d’autres artistes. Parce que je garde cette envie d'être animateur, de donner la parole, de l'apprendre et de la donner aux autres.

C'est quoi ta forme préférée au niveau artistique, comme tu es dans beaucoup de rôle différents, la production, la chanson tout ça, est-ce qu’un sort du lot ou tu veux continuer à les prendre tous ?

Miguel Ange. Je pense que je vais toujours continuer de faire tout ça. Parce que ça me plaît, et par nécessité parce que je travaille vite et je n’ai pas le temps de trouver un producteur qui va faire les choses à ma place, ce n’est pas possible. Donc je me débrouille pour trouver de l'argent pour faire les choses. Donc déjà parce que j'ai pris l'habitude de le faire, ça m’excite aussi, mais je pense que c'est d'être sur scène avant tout en tant que chanteur, chanteur, comédien. En fait, je fais tout ça pour être sur scène, mais pour être sur scène, pour exister sur scène, il a fallu que j’apprenne beaucoup de choses autour, de comment ça fonctionne. Grace à mon travail sur la voix, j’accompagne des personnes qui préparent des concours pour les grandes écoles, comme HEC, qui présentent le barreau des avocats., pour toutes ces grandes écoles, des gens qui ont des entretiens de haut niveau. Donc je les prépare sur la parole avec le recul artistique que je peux avoir. Donc c'est très intéressant de voir les personnes formatées par un système de pensée et je leur apporte j’espère un peu plus d'humanité, un petit plus qui fait que ... bah la plupart du temps ils ont été retenus, parce qu'il y a un petit truc en plus, une petite lumière en plus. Alors si je peux apporter avec ce que je sais faire maintenant sur la voix, j’ai mis très longtemps à comprendre comment fonctionne la voix, bah maintenant si je peux le transmettre. C’est aussi une des choses que j’ai envie de continuer à faire, quand je peux. Diriger des artistes en séance de voix dans un studio ou un comédien sur scène. Je sais que je sais faire et que ça porte ses fruits. Là, voilà je ne sais faire que ça, ne me demande pas de monter un moteur ou de cuisiner. Mais au bout de 30 ans de métier, à force de travailler, sans tomber dans la fausse modestie, je sais de quoi je parle, c’est mon métier quoi.

Et puis tu te nourris de toutes tes facettes ?

Miguel Ange. Ah oui. Chaque fois que j'ai donné des cours de chant,j'étais le premier à prendre le cours !

Suite à ce fameux Noël de 2019 où tu as échangé avec tes parents, comment as-tu vécu la période de confinement qui a suivi ?

Miguel Ange. Quand la première vague a eu lieu, le premier confinement, j'étais soulagé parce que des premières dates étaient prévues pour la création de la pièce, et je n’avais pas fini l'écriture... Je me suis dit, c'est horrible hein, mais je me suis dit, super, on n'aura pas à faire la pièce. J'avais tellement peur, je flippais. Et je me disais non, non, je ne vais pas la faire. Et donc je dis au gars du théâtre je suis désolé, je ne peux pas là faire. Et tout s'est arrêté, il m'a dit non, non, on ne peut pas. Et puis quand ça a repris, je me suis dit faut que j'écrive, on a remis des dates, je me suis dit là il n’y a pas le choix. Et puis de nouveau PAF, un 2e confinement. Et là, il m'a dit non non, tu vas le faire comme les autres compagnies, tu vas le faire en huis clos. Tu vas faire une captation, c’était au mois de juin dernier. Et j'ai dit oui mais… Non non non ! Parce que c'est Gabriel Debray que je remercie, créateur du Local qui fait un formidable boulot.
Gabriel, tu es un enfoiré, mais quel bel enfoiré. Gabriel Debray, qui est le directeur du Local, un lieu d'accueil de spectacle, avec une programmation vraiment très intéressante, très engagée sur l'humain, sur la poésie. Et donc Gabriel m'a dit. Non, Miguel Ange, là tu n'y couperas pas, tu vas faire ton texte, et tu vas le faire aux dates prévues, et tu vas faire une captation. Donc du coup, ça m'a forcé à finir d'écrire le texte douloureux, mais il fallait que j'y arrive au bout. Et je l’ai créé. Il m'a foutu un coup de pied au cul et m’a dit vas-y. Je crois que j'avais besoin de ça, j'avais trop peur et donc il fait partie de ces personnes qui ont apporté leur pierre à l'édifice.

Est-ce que tu as quelque chose de plus à dire sur la pièce ?

Miguel Ange. Le chemin vers ce texte m'a été montré par Valérie Meynadier (artiste protéiforme mais surtout auteure) autour d'un thé après l'enregistrement d'une émission de radio où je venais de la recevoir. Je lui ai expliqué mon désir d'écrire un monologue et lui ai fait part des différents sujets que je voulais aborder dont cette histoire avec mon frère. Elle m'a immédiatement intimé d'écrire uniquement sur ce sujet, en me disant que c'était là et pas ailleurs. Ce que j'ai ressenti à ce moment-là m'a fait comprendre qu'elle avait entièrement raison. Elle avait entendu ce que je n'osais entendre moi-même. Il faut dire que le chemin avait été bien préparé par la méthode de Frédéric Faye qui depuis presque vingt ans m'apprend à offrir le meilleur de moi-même à mon expression artistique. Sans aucun doute, cette "préparation" avec Frédéric m'a donné le privilège de prêter une oreille attentive à tous les mots et à toutes les phrases qui se préparaient en moi pour les accueillir avec la justesse nécessaire. Pour les faire vibrer sur scène avec la meilleure part d'humanité qui m'habite.
Aujourd'hui, je suis moi-même étonné de voir comment cette histoire qui est la mienne, que je raconte à la première personne touche autant les gens. Peut-être qu'il y a quelque chose qui m'a dépassé. J'ai réussi sans le chercher mais à parler d'un endroit qui nous est tous commun, cette fameuse part universelle. Peut-être qu'il y a quelque part notre rapport à la vie, à la mort, à l'absence, au départ des autres. Je suis dépassé par ce qu'il se passe avec cette pièce-là. Je ne pensais jamais oser porter cette photo qui m'a tellement obsédé, qui a tellement été omniprésente, qui a tellement été douloureuse et là je joue avec mon frère sur scène. Et c'est inimaginable. J'ai envie de dire qu'on peut être encore avec ceux qui sont partis, être avec eux d'une manière… Avec beaucoup d'intensité, c'est ce que je vis dans tous les cas.

Pour finir, si tu devais tout quitter et n'emporter 3 choses, quelle serait ta sélection et pourquoi ?

Miguel Ange. Forcément, un livre. Je ne sais pas lequel, mais un livre ou un dictionnaire ou quelque chose qui me permette de garder le lien avec le verbe. Donc, le dictionnaire. Ouais. Ensuite… Peut-être que j'amènerai sûrement la photo de mon frère et de mes parents. Et peut-être des lunettes de soleil pour me protéger du soleil et parfois pour cacher mes larmes.

Retrouvez la vidéo de l'interview ICI




L'Archipel - 17 boulevard de Strasbourg 75010 Paris
Du 16 Février 2022 au 19 Février 2022
Du 16 mars au Samedi 19 Mars 2022
Du 27 au 30 avril 2022...

Th Cattier
Photos : Th. Cattier /
Shooting Idols


ORKHYS (Laurène Telennaria Chanteuse Harpiste) // Interview // A Way ... Novembre 2021

 

En 2020 Orkhys se faisait remarquer par la qualité indéniable de son premier Ep “Awakening” qui s'avérait être une vraie réussite et une belle découverte. A cette occasion Julien Lancelot nous révélait que leur premier opus était pratiquement terminé et devait voir le jour l'année suivante. C'est maintenant chose faite avec A Way sortie le 16 Septembre 2021 qui nous transporte dans une nouvelle dimension cinématographique et nous rassure sur la qualité du combo avec ce nouvel essaie qui confirme tout le bien que l'on pensait d'eux ! Mention spéciale à Laurène Telennaria chanteuse, harpiste et professeure de chant qui brille de mille feux sur ces huit nouveaux morceaux, ou elle s'épanouit vocalement de façon exceptionnelle et nous transporte dans un monde d'émotions à travers ses prouesses lyriques. Il suffit d'écouter "Annwvyn" ou « Blood Ties » pour être littéralement envouté. La belle semblant possédé par les textes onirique de cette majestueuse offrande qui reste ancré dans un univers celtique, lyrique et symphonique ou la harpe et la cornemuse s'intègre parfaitement aux mélodies mélancoliques ! Cerise sur le gâteau une superbe reprise revisité de "The Clansman" un morceau d'Iron Maiden extrait de Virtual XI un hommage réussi aux maîtres du Heavy Metal et à Blaze Bayley qui eut la lourde tâche de succéder à Bruce Dickinson ! C'est avec la charmante chanteuse Laurène que nous avons pu nous entretenir afin de faire le point sur l'avenir de Orkhys et de découvrir cette nouvelle galette qui devrait séduire de nombreux fans à travers ses contes et légendes venu d'un autre temps. Une interview sympathique qui nous permet de d’en savoir un peu plus sa personnalité et son parcours artistique. Magnéto Laurène c'est à toi !



Vous avez donné un concert le dimanche 22 octobre 2021 à la péniche antipode. Quels souvenirs gardes-tu de ce show après cette année de confinement ?

Laurène Telennaria. Ça fera tout juste un an sur la tournée où l'on avait sorti notre premier EP. Un an sans jouer c’était un petit peu long. Du coup on était très content de faire cette date et de refaire un concert complet. La péniche était pleine à craquer. C'était un plaisir de retrouver le public, de retrouver cette énergie, de voir les gens heureux, de les voir Headbanger, bouger, pogoter sur la musique. C’était vraiment super.

Vous avez donné une soirée au Feelgood le 16 septembre pour fêter la sortie de l'album intitulé « A Way ». Comment s'est déroulé cette fête ?

Laurène Telennaria. Oui on a rencontré des gens. Nous avons mis la musique dans le bar pour recueillir à chaud les premiers retours. On a eu un très bon accueil, et obtenu vraiment des messages ultra positifs. Cela nous a rassurés sur la qualité de la musique qu'on propose en se disant qu'on avait déjà un premier cercle de personnes qui était vraiment emballé par l'album. Ça rassure, ça fait plaisir et ça donne des ailes.

Finalement qu'est-ce qui vous a poussé à proposer un album plutôt qu’un EP ?

Laurène Telennaria. On avait une demande de faire figurer une reprise d'Iron Maiden, et d'ajouter aussi un morceau instrumental qui sont l'orchestration de deux nouveaux morceaux qui mis bout à bout duraient plus de quarante minutes. En discutant avec notre attaché de presse Roger, il nous a dit « Attendez ce n'est plus un EP, c'est un album ». On a juste changé la sémantique car c'est un opus.

Est que c'est toi que l'on voit sur la pochette ?

Laurène Telennaria.
Non. Rires. Pour te dire la vérité cela aurait pu être moi. En fait la pochette a été dessinée par Calvaire Drach notre graphiste qui a fait l'artwork sur notre EP. Cette jeune femme me fait penser à la chanson dont je parle « Annwvyn », un morceau qui a été écrit à la suite du décès de ma grand-mère. C'est pour cette raison que je disais que ça aurait pu être moi. C'est un hasard et une heureuse coïncidence.

On voit sur la pochette un tunnel qui passe à travers les branches. Est-ce que cela a une signification, voire plusieurs interprétations ?

Laurène Telennaria. C'est ce qu'on aime aussi. Un mot qui définit Orkhys est le mot liberté. Nous faisons la musique que l'on aime, on ne se met pas de barrière sur le style de notre musique et on invite aussi les gens à rentrer dans leur imaginaire. On aime bien laisser une certaine interprétation aux gens et on leur laisse voir ce qu'ils ont envie de voir. Nous avons notre propre interprétation et notre idée. Mais c'est toujours intéressant de voir ce que les gens peuvent percevoir et donc c'est toujours personnel quand on interprète quelque chose. On se rappelle aussi notre vécu, de nos émotions. Après si on parle uniquement de l'élément de création on est parti de « A Way » et il y a une double signification. Une manière de voir et d'interpréter la musique et cette vision de la musique. C'est celle que l'on a envie de défendre, d'entendre et de jouer. C'est vraiment la première signification et la seconde est aussi le chemin. On est né avec « Awakening », le réveil et « A Way » c'est comment s'acheminer. Il y a cette visibilité sur le court terme et le moyen terme. Sur le long terme c'est une inconnue et c'est ce que représente ce tunnel. On ne voit pas ce qu'il y a autour. On imagine le chemin mais on ne voit pas ce qu'il y a au bout de cette forêt qui est un peu inquiétante. Des arbres qui sont dénudés c'était aussi l'appréhension très dure et des sources d'angoisses que l'on peut avoir. Sortir un groupe, se montrer et se mettre devant la lumière. On avait envie de tout schématiser. Le chemin, où commence notre chemin mais nous ne savons pas où il va nous mener. Mais on y va !

Le texte « Annwvyn » est très important pour toi.

Laurène Telennaria. Je célèbre la vie de ma grand-mère. Tout ce qu'elle m'a appris et enseigné. C'est un morceau hommage.

Elle a eu un rôle important dans ta vie.

Laurène Telennaria.  Oui elle a eu un rôle important. Elle m'a transmise beaucoup de chose. C'était quelqu'un de très discret, quelqu'un qui nous a beaucoup aimés. C'est quelqu'un que j'estime énormément. Je pense à elle très très très fort.

Comment s'est déroulé l'écriture de l'album avec les sept titres et un bonus ? Aviez-vous beaucoup de titres ou avez-vous écrit en septembre dernier ?

Laurène Telennaria. En fait quand on s'est vu tout était écrit et on avait bien avancé sur l'enregistrement. Toute la batterie est enregistrée et quasiment toute la basse. On avait déjà bien avancé sur l'album.

Au niveau de l’écriture des textes, est ce que cela a été facile ?

Laurène Telennaria.  Plutôt oui, en fait je fonctionne énormément à l'instinct et au moment. Par exemple je vais reparler de ce morceau là car la façon dont j'ai géré l'écriture en fait je savais que cela allait s'appeler « Annwvyn ». C'est l'autre monde en celte, qui signifie "paradis" pour eux. Je savais que ça allait parler de ça. J’ai commencé à écrire les paroles et au bout d'un ou deux couplets j'étais en panne d'inspiration. Je ne savais plus quoi écrire. J'avais l'impression d'avoir tout dit dans ces deux couplets ; du coup je réfléchissais et il me manquait une histoire dans l'histoire. J'ai mis le morceau de côté et je savais que ça viendra à un moment donné car je savais que je bloquais dessus. C'est le décès de ma grand-mère. Puis très rapidement ce fut une évidence, ce morceau là je savais pourquoi je n'avais plus d'inspiration et qu’il était destiné à un moment de ma vie. C'était un pressentiment, il s'est passé quelque chose de spécial sur ce morceau. Pour la petite histoire cela n'a pas été voulu où préméditer ; il y a encore des signes de l'univers. Lorsque Brice notre guitariste compose les morceaux il a toujours des noms de bouffe avant que j'écrive les paroles. Ça nous permet déjà de bien rires et de savoir très précisément de quels morceaux il parlait. Moi je suis d'origine bretonne, ma grand-mère était bretonne et quand j'ai regardé comment s'appelait ce morceau à la base, ce morceau s'appelait galette bretonne. Ma grand-mère me faisait des galettes dans la cheminée et je me suis dit c'est fou quand même. C'était un petit clin d'œil, chacun l'interprètera comme il veut. Cette coïncidence est un petit signe. Moi je préfère y voir un petit signe de ma grand-mère.

Est-ce que tu as beaucoup plus travaillé au niveau du chant en studio sur l'album ? C’est la première chose qui me frappe en écoutant A Way, c’est la progression vocale par rapport à l'EP précédent.

Laurène Telennaria.  En fait il n'y a pas eu de travail en studio, mais sur toute l'année. Je suis vraiment heureuse que tu le soulignes et que tu l'es entendu parce que ça a été un tel travail et qui continue de l'être. Je suis une férue de technique vocale. C’est elle qui va m'amener à la liberté pour interpréter et chanter comme je veux. Quand on n’a pas de technique vocale on est souvent limité. Ce que la voix peut donner est pour moi toujours quelque chose sur lequel j'ai souhaité m'affranchir. Je ne souhaite pas par un défaut de "technique vocale" ne pas pouvoir interpréter un morceau, ne pas pouvoir le chanter comme je l'entends dans ma tête. Oui il y a un énorme travail qui a été fait et qui continue d'être fait. Je n'ai pas honte de dire que je suis des cours toutes les semaines. J'ai mon cours de chant et de harpe aussi malgré le fait que ce soit aussi mon métier de donner des cours de chant et de harpe. Je pense qu'il faut toujours faire des formations pour toujours s'améliorer. Merci de l'avoir remarqué, ça fait très plaisir.

Est ce qu'il y a des chansons qui ont été un défi vocalement pour toi ?

Laurène Telennaria.  Oui et puis bizarrement ce ne sont pas les défis auxquels on s’attend. Je suis soprano légère colorature c’est à dire que j'ai une facilité à faire des aigues et ce que je dis toujours les aigues sont impressionnants. Parfois on s'arrête sur ce point car on a l'impression que c'est le plus dur. Pour moi ce n'est pas le plus dur. Parfois ce qui parait plus "facile" l'est pour d'autres personnes alors que pour moi ça va être un peu plus dure parce que ma voix est tellement légère que je vais avoir des difficultés sur autre chose. Par exemple sur le morceau « Home », ma difficulté va être sur les couplets et refrains. Cependant sur la dernière partie je peux partir en roue libre parce que ma voix "génétiquement" est programmée pour le faire. Merci papa, merci maman. Ils m'ont doté de cordes vocales qui sont très fines et s'étirent énormément me permettant d'accéder à des aigues ultra facilement. Mais je vais avoir des difficultés sur autre chose.

Pourquoi avoir choisi d’inclure sur cet opus une reprise d’Iron Maiden, « The Clansman » ?

Laurène Telennaria.  Ce qui s'est passé c’est que Brice compositeur et guitariste est un grand fan de Maiden qui s'entend clairement dans les compositions d'Orkhys. En fait pour notre terrain de jeu avec Brice on fait des reprises que l'on met sur la chaine Orkhys pour la faire vivre. On avait fait une reprise de « Pieces Of You » d'Annihilator et en attendant entre deux EP à l'époque on s'est dit qu'on allait se faire plaisir en prenant une reprise de Maiden à notre sauce. Nous on dit qu’on va « l'Orkhyser » et nous sommes allés les voir à Bercy Arena. J'ai vraiment eu un coup de cœur pour ce titre et en discutant avec Brice il m'a dit qu'il adorait ce morceau. Ce titre collait avec le groupe. On l'a fait, on l’a posté sur la chaine YouTube et on a eu de tels retours. Cette reprise a énormément plu. On a eu beaucoup de demandes en disant si la reprise figurerait sur l'album. On n'y avait pas pensé mais il y a eu tellement de demandes qu'on a voulu y répondre. On a retravaillé le titre et mis sur l'album. On a intégré une cornemuse Ecossaise, on a rajouté des petites mélodies à la flute et on a retravaillé tout le socle musical pour coller au style musical et à la façon d'écrire de notre nouvel album pour qu'il n'y ait pas de cassure sur le rendu sonore.




13 Novembre 2021.
Pascal Beaumont  / Laurent Machabanski (Traduction)
Photos DR


mardi 11 janvier 2022

LIVE STREAMING // Grant Haua // En concert Jeudi 13 Janvier 2022.

 

Grant Haua est décidément un être à part. En effet, pour célébrer la présence de son album « Awa Blues » dans le Top 25 des albums de l’année du magazine Rolling Stone,
notre bluesman Maori favori a choisi de nous offrir un Livestream exclusif le Jeudi 13 Janvier à 21h00.

 



Un rendez-vous en partenariat avec @rollingstone et le site @galago_music à ne surtout pas manquer car il s’agira de la seule diffusion intégrale de sa performance. Mais comme notre homme ne fait pas les choses à moitié, ce « concert » sortira par la suite en mode digital (aux alentours de la mi-mars) sous le nom de « Tahanga ». Le contenu de cet album ne devrait pas laisser indifférent avec 4 versions revisitées des tubes de « Awa Blues » (« This Is the Place », « Tough Love Mamma », « Addiction », « Be Yourself ») et 6 reprises parmi lesquelles celle de « Lover (You Don’t Treat Me No Good No More) ») qu’il interprète en duo sur l’album de Natalia M.King.
 
Bref que de bien belles nouvelles auxquelles vient se rajouter la plus belle de toute avec sa venue à la mi-mars pour une série de concerts ! Inutile de vous dire à quel point il nous tarde de tout cela. Mais quelque chose nous dit que vous aussi !


samedi 8 janvier 2022

HELLFEST // NEWS // La Nouvelle Application Disponible.

 

HELLFEST News / La nouvelle application disponible


Téléchargez-la dès maintenant sur :


ANDROID


IOS

Vous pouvez y sélectionner vos groupes préférés pour être notifiés de leur passage pendant le festival, du 17 au 26 juin. Vous y retrouverez également un plan du site, le cashless et d'autres infos pratiques.

vendredi 7 janvier 2022

DORO // Interview // Triumph And Agony Live - Octobre 2021.


DORO fait partie des légendes du Metal au même titre que Sieur Lemmy, une vraie référence pour tous ceux qui s’intéressent à notre musique préférée ! Une déesse qui a gravé son nom au panthéon des icônes du Metal !!! Il faut dire qu’elle fait partie de cette vague féminine qui a déferlé sur l’Europe au début des années 80 accompagné par des combos comme GIRLSCHOOL, HELLION, THE RUNAWAYS, LITA FORD et a su s’imposer au fil du temps en ne déviant jamais d’un iota de sa ligne Métallique. Certains ont réussi à ne pas disparaitre ou faire un come-back plus ou moins réussi. DORO, au même titre que MOTÖRHEAD, n’a jamais cessé d’exister et s’est battue constamment pour maintenir haut et fort l’étendard du Heavy Metal pur et dur et cela malgré les différentes vagues musicales qui ont déferlé au fil des années. Sa force, sa détermination infaillible et sa foi inébranlable lui ont très vite valu le surnom de Metal Queen. Hyperactive notre princesse du Metal après nous avoir proposé en 2020 un triple cd Magic Diamonds - Best Of Rock, Ballads & Rare Treasures sous forme de coffret gavé de surprises qui propose un beau résumé de toutes ces années passé au service du Metal, la princesse nous reviens avec "Triumph And Agony Live" ou la belle reprend sur scène l'intégralité d'un album qui a marqué une étape importante lors de sa sortie en 1987. Proposé en différentes versions et enregistré au Sweden Rock en Juin 2017 "Triumph And Agony" est le dernier opus studio du gang Teuton et prouve à quel point le Metal est une vraie religion pour Doro, un sacerdoce qui la maintient au sommet depuis de nombreuses années pour notre plus grand plaisir ! En un mot la grande classe, son attitude, sa prestance rappellent en bien des points celle de Ronnie James Dio dont elle reste une fan absolue ! Pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle offrande nous eut le plaisir de nous entretenir avec la charismatique Doro toujours aussi volubile et disponible en un mot adorable. Magnéto Doro c'est à toi !



Tu as donné un de tes premiers concerts le 15 Aout 2021 lors du Festival d’Alcatraz en Belgique. Quel a été ton sentiment de revenir sur scène et de  voir tout ce public devant toi ?

Doro.
C’était si impressionnant, vraiment génial, le public était en feu. Nous avons passé un si grand moment. C’était comme au bon vieux temps
où nous jouions nos titres dans nos spectacles. Nous nous sentions si bien à ce festival. De retour à la normale. Enfin ! Nous sommes revenus en Angleterre et nous avons fait un Festival à Sheffield le 11 Septembre dernier. Il y avait Paul Quin de Saxon, nous avons joué « Breaking the Law », une bonne chanson pour faire sauter le public. C’était impressionnant. Mais cela fut assez compliqué d’aller dans d’autres pays, tous ces papiers administratifs le fait que tout le monde soit vacciné. Mais un des gars ne voulait pas se faire vacciner donc on ne pouvait pas jouer. C’est une toute nouvelle situation mais tu sais il faut s’adapter à la situation et j’étais heureuse de refaire des festivals. Le public était fabuleux. Il y a avait tellement de puissance et d’énergie.

Une tournée européenne est prévue. Tu seras à Paris le 16 novembre à la Maroquinerie.


Doro. J’espère que ça va le faire car certaines dates ont été reportées pour l’année prochaine. On espère que tout ira bien et on croise les doigts. Certains shows ont été annulés mais nous sommes prêts à jouer du Rock et y aller à fond. Nous sommes totalement excités et on n’en peut plus attendre ce moment. J’adore tellement Paris que je suis très enthousiaste à l’idée du show. Nous avons donné nos meilleurs concerts à Paris. Nous jouerons certainement des chansons comme « Raise your Fist in the Air », Lève ton poing vers le ciel reprise en français et une multitude de chansons du nouvel album qui vient de sortir la semaine dernière « Triumph And Agony ». Nous sommes prêts et impatients de jouer. Voir la scène juste devant toi et te battre. Il n’y a rien d’autres de plus fort que cette sensation. L’année dernière, comme nous ne pouvions plus jouer ce fut très dur et compliqué. Il fallait garder la bonne attitude et faire tout ce que je pouvais faire. Alors je suis revenu en studio et j’ai écrit de nouvelles chansons. L’année dernière nous avons fait l’album « Magic Diamonds ». C’était un best of de 56 titres et il y a avait une chanson intitulée « Make time for love » issue du douzième album. Nous avons enregistré des concerts en vidéo mais pas tous les concerts. Quand je me suis aperçue que nous ne pouvions pas faire de tournée, je suis retournée en studio et j’ai découvert des choses magnifiques sur « Triumph And Agony ». Les vidéos étaient superbes. C’est sorti la semaine dernière et j’ai travaillé dessus six mois. Par conséquent j’étais toujours occupé. C’est la clé pour ne pas tomber dans la dépression. Il faut toujours penser aux choses positives. En studio je pouvais toujours voir et entendre les fans en vidéo et dvd. Retour au live, mais c’était tellement dur car pendant ces trente-cinq dernières années j’ai toujours été en tournée tous les ans et peut être parfois en studio aussi, mais en général en tournée pour jouer en public. Et l’année dernière oh mon Dieu ! C’était dur. Maintenant il semble que ça aille mieux.

« Triumph & Agony » version live fête son trente cinquièmes anniversaires. Ta voix est toujours aussi incroyable. Comment t’es-tu préparée vocalement pour ces concerts ?

Doro. La seule chose dont j’ai besoin ce sont les fans. Lorsque je les vois excités et qu’ils sont prêts pour le show. La voix arrive d’elle-même. Je n’ai pas besoins de trucs spéciaux. Je dois voir mes fans et cela n’a pas d’importance si c’est une grande foule, des grands stades ou des festivals ou de petits clubs mouillés de sueur ou les kids font du Headbanging avec les cheveux trempés de sueurs. J’adore ! Alors la voix est toujours présente. En studio il y a le producteur et l’ingénieur et je n’ai pas la même puissance que lorsque je vois les fans. Je préfère le public. C’est mon petit secret pour durer. Rires. J’adore les fans plus que tout au monde. Quand je les vois j’ai envie de leur donner quelque chose en retour, les rendre heureux, leurs donner des moyens, faire en sorte qu'ils se sentent bien. C’est la chose la plus importante. Qu’ils reviennent enthousiasmés par le spectacle, que ma voix soit un moyen de les faire voyager. Et surtout se sentir bien. Car en live c’est dur. En 1989 nous avons joué « Hard times » en public et cela n’a plus rien à voir de nos jours. Les fans c’est toute ma vie. Ils ont toujours été présents et le seront toujours. C’est pour cette raison que cet album fut enregistré en live. Nous avons fait cette tournée avec le légendaire Ronnie James Dio que j’aime tant. Je n’oublierais jamais ce concert à Paris avec lui. C’était une grande salle de concert et ce fut impressionnant. Je ne sais pas si tu y étais.

Oui j’étais là. C’était le 23 Novembre 1987 au Zénith. Je me rappelle d’ailleurs que tu avais signé des autographes au Virgin Mégastore.
 
Doro. A l’époque personne ne venait en coulisses. Nous étions si seuls. Rires. En France et en Allemagne avant les deux derniers albums, tous les disquaires et grands magasins étaient fermés. Tu ne pouvais aller nulle part sauf les supermarchés qui étaient ouverts. Tu ne pouvais pas acheter de CD ; tu devais les acheter en ligne.

Finalement comment expliques-tu le succès de cet album sorti en 1987 avec Warlock ?

Doro. 1987 est une grande année et une grande époque. C’était le point d’orgue du Metal. Il y avait tous ces grands groupes et la folie dominait aussi. J’adore tous ces disques, et ces chansons qui ont été des tremplins comme Burning The Witches pour le premier, le second Hellbound et le dernier True as Steel. Tous ces disques possédaient de grandes chansons. J’aime tous ces albums car ils allaient vers quelque chose de pertinent, comme pour Judas Priest. La musique était au sommet et il y avait des shows incroyables de plus de trois heures sur l’émission de Headbangers Ball. Il y avait des gens impliqués sur l’album. Cozy Powell jouait de la batterie d’une manière légendaire. C’était si puissant. Toute l’époque était magnifique. On pensait que ça allait continuer encore et encore dans les années 90s. On s’est demandé ce qui avait bien pu se passer. Rires. Il a fallu attendre quelques années pour revenir avec Ronnie James Dio et l’opus Calling the Wild sorti en 2000. Je me suis dit que le Heavy Metal reviendrait peut-être. En 1987 tout était bon. Une magnifique période et nous avions le temps pour travailler les morceaux de l’album « Triumph & Agony ». C’était la première fois aux USA. J’ai découvert Manhattan et rencontrer des gens formidables. Puis il a fallu enregistrer en studio et je me sentais si libre. C’est cool car sur le troisième album True as Steel il y avait beaucoup de pression du label, des agences et du manager. C’était comme un immense dossier commercial et l’opus fut difficile car nous étions un groupe de Metal contrairement à New York où tout paraissait si naturel où je trouvais ma place. Le producteur Joey Balin qui est un de mes amis à qui j’ai demandé un groupe de vocalistes, où tous nos amis pouvaient se joindre même dans la rue en les haranguant. Et ces gars-là sont venus car il trouvait amusant l’idée d’être sur un disque. Ils étaient entre quarante-cinq et cinquante personnes en train de chanter en studio. Quand j’ai écouté les voix en studio j’ai pu voir leurs visages afficher un grand sourire. J’ai pensé que ce serait un tube. C’était magique. C’est donc devenu le premier single, réalisé par un grand réalisateur dont l’action se déroulait dans la même région où a été tourné le film Terminator avec Arnold Schwarzenegger. La vidéo en elle-même ressemblait à un film de Steven Spielberg. Toute cette foule réelle, tu peux vraiment dire que cet galette avec le second titre « Fur immer » est devenu incontournable. C’était grandiose ainsi que la tournée avec Dio. Ce fut un des sommets de ma vie.


Sur l’album Triumph And Agony tu as travaillé avec Cozy Powell quel souvenir gardes tu de cette collaboration ?

Doro. C’est une de mes histoires favorites, je devais chanter très puissamment sur le titre « Touch Of Evil », c’était un morceau très mystique mais qui dégageait aussi beaucoup de puissance. J’en ai parlé avec mon manager Alex Grop, c’est un musicien qui vient de Suisse, on pouvait donc parler ensemble en Allemand. Je lui ai dit que je cherchais que je cherchais quelqu’un qui pourrait donner un maximum de puissance à ce morceau. Il m’a répondu qu’il avait une surprise pour moi et m’a demandé de me rendre au studio le lendemain, qu’il y aurait quelqu’un pour moi. Je me demandais qui cela pouvait être, il m’a dit qu’il ne me dirait rien. Le lendemain matin, je me suis donc rendu au studio et Cozy Powell m’attendait. C’était vraiment passionnant de pouvoir travailler avec lui. Il a joué les parties de batterie de « Touch Of Evil », il avait des baguettes qui étaient aussi grosse que mes bras, c’était incroyable. Lorsqu’il a terminé de jouer, c’était à couper le souffle. Le jour suivant je suis retourné au studio pour enregistrer mes parties vocales. J’ai réécouté la chanson, j’ai entendu toute cette puissance que dégageait Cozy Powell. J’ai tout donné, j’ai hurlé un maximum surtout à la fin du morceau. Et puis il y a eu cette boule lumineuse, il y avait de retours dans un pièce a côté avec une fenêtre qui était fermé, et c’est boule de lumière est apparu , elle a traversé la pièce et s’est déplacé dans tout le studio, c’était très étrange, je me suis dit qu’il y avait trop d’énergie, si elle me touchait je pouvais mourir. C’est très Metal, j’ai adoré cette expérience. Tout le monde ensuite a pensé qu’il était temps de rentrer à la maison, c’était tellement puissant et impressionnant. Le jour suivant on a réécouté le morceau et on a tous trouvé qu’il était parfait, c’était tellement fou et insensé, c’est sur l’opus original, c’est une chanson très difficile à interpréter sur scène.

Le 16 Aout 1986, tu as été la première femme à jouer lors du Festival de Castle Donington au côté de Motörhead, Def Leppard, Ozzy Osbourne, Scorpions qu’as-tu ressenti ce jour-là ?

Doro. C’était une expérience extraordinaire, je ne savais pas que ce Festival était si important. A l’époque les moyens de communications étaient très réduits, nous avions peu d’informations, il n’y avait pas internet, pas d’ordinateur. Du coup lorsque nous sommes arrivés sur le site nous avons été très impressionnés, il y avait 80 000 personnes. Lorsque nous sommes montés sur scène c’était passionnant, nous voulions que tout soit parfait. On a donné un bon concert, la foule était déchainé. Notre maison de disque, notre agence tous étaient satisfait, ils nous ont dit qu’on avait marqué les esprits. On avait eu la chance aussi de partir en tournée avec Judas Priest cette même année ce qui nous a permis de jouer dans de nombreux pays. Ensuite je suis allé à New York pour assurer la promotion de l’album, j’y suis resté quelques jours et c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que j’avais envie de m’installer là-bas. J’ai rencontré Joey Balin, il était bien implanté sur la scène Metal et voulais me montrer tout cet univers Rock de New York. On a passé 24 heures ensembles, j’étais très impressionné, tout est ouvert non-stop à New York, on a été dans des clubs, il m’a ensuite demandé si je voulais voir d’autres choses, j’ai répondu oui bien sûr et nous nous sommes rendu dans son appartement. Je lui ai parlé de ma tournée promotionnel en Hongrie en 1983 pour l’album « Burning The Witches », tout le monde était très sérieux la bas, il ne voulait pas de cet album, je me suis dit alors que nous risquions de nous retrouver en prison, c’était tellement tendu, le promoteur de la tournée n’était pas très heureux, ce n’était pas évident. Aux USA tu te sens libre, ce n’est pas aussi sérieux, tu peux faire ce qui te plait et je trouvais ça très intéressant. Il m’a présenté des morceaux, nous avons travaillé ensemble ; Ensuite j’ai été voir mon manager pour lui présenter un titre que je trouvais très bon, il l’a trouvé incroyable, il m’a dit pourquoi ne continue tu pas à en écrire d’autres. Nous avons continué ensuite il y a eu "Three Minute Warning" et puis "Make Time for Love". Il y avait des choses qui étaient totalement interdite en Allemagne que ce soit au niveau des vidéos ou autre et qui étaient réalisable aux USA. Joey est venu avec ce morceau "Make Time for Love" et nous avons écrit ensemble cette balade. Nous avons trois morceaux pour l’opus. Il avait dans son walkman tous ces très bons riffs de guitares, je lui ait dis que nous devions les enregistrer car ils étaient excellent. Nous nous sommes rendu au Power Station à Berkeley NY, c’est un des meilleures studio au monde. Il ne payait pas de mine mais il y avait une très bonne atmosphère. Il y avait de la magie et on a enregistré la bas, c’était incroyable. J’ai dit à Joey que nous avions besoin d’un guitariste Metal, Niko était un très bon musicien, il jouait aussi du piano mais il était partagé entre plusieurs styles. Joey m’a dit qu’il connaissait quelqu’un, c’était Tommy Bolan, il est venu nous rejoindre en studio et immédiatement entre nous il y a eu une belle osmose, on a enregistré ensemble tout l’opus. Je pouvais ressentir qu’il y avait quelque chose de magique avec cet album, je sentais qu’il pouvait devenir énorme, qu’il pouvait marquer les esprits, je ne savais pas à quel point mais c’est ce que je ressentais. On a donc tout enregistré au Power Station à Manhattan et on l’a mixé à Philadelphie. Le dernier titre à avoir été enregistré a été "Für Immer", ça reste un excellent souvenir. Ce qui est intéressant sur version live, c’est qu’il y a aussi le Blue Ray sur lequel je raconte tout un tas d’anecdotes à propos de Triumph And Agony, c’est pour nos fans les plus fidèles.

As-tu commencé à travailler sur le prochain album studio ?

Doro. Oui, nous avons déjà six morceaux de prêt qui sont incroyables. Ils sont tous très Metal et complètement terminé. L’album sortira l’année prochaine. On est tous très impatients. Mais pour l’instant on veut célébrer la sortie de Triumph And Agony et faire une belle tournée puis revenir ensuite avec un nouvel opus.


3 Octobre 2021.
Pascal Beaumont  / Laurent Machabanski (Traduction)
Photos DR