mercredi 29 juin 2022

HEART ATTACK // Interview // "Negative Sun" - Mai 2022.

Pour commencer et vous connaitre un peu mieux, pouvez-vous nous présenter les membres du groupe ?

Kevin Geyer: Chris Cesari (guitare lead, claviers), Will Ribeiro (basse, chant), Christophe Isard (batterie) et moi, Kevin Geyer (guitare rythmique, chant).

D'où vient le nom du groupe et quelle est sa signification ?

Kevin Geyer:  Heart Attack, c'est tout simplement un délire de lycéens, on écoutait Queen en soirée et le morceau "S̲he̲e̲r H̲e̲a̲rt A̲̲tta̲ck" revenait souvent, on s'est dit pourquoi pas, on avait 16 ans. Et c'était notre bonne idée de nos 16 ans voilà.

Comment définiriez-vous le style de votre musique ?

Kevin Geyer:  Très bonne question, en général les journalistes ont tendance à nous cataloguer dans le Trash Métal. Trash moderne Métal aussi, oui on peut dire que c’est notre grosse tendance, et c’est ce qui nous réunit le plus au niveau de nos influences à chacun. Après, on a surtout dans nos deux derniers albums énormément d'influences qui sont différentes qui vont du Death Métal au Black Métal mais aussi à la pop des années 80 jusqu’au rock n roll, c’est vrai que l’on a un univers très riche mais on se regroupe sur du Trash Métal.

Comment créez-vous vos compositions, à des moments propices, comment cela se passe ?

Kevin Geyer: On fonctionne en général avec Chris Cesari le guitariste, et moi-même on va se retrouver chez lui dans son home studio pour travailler sur des morceaux en amont. Je vais travailler des semaines et des semaines à chercher des riffs tout seul dans ma petite chambre. Je garde les meilleurs riffs que je montre à Chris et là on va composer ensemble le morceau. Souvent j’ai une idée directrice sur le schéma du morceau, lui va être plus sur les arrangements. Il va être plus spécialisé dans tout ce qui est atmosphérique, dans tout ce qui est accords et arrangements. Au niveau des lignes de chant c'est plutôt moi qui les trouve, un peu William aussi et après on se regroupe avec tout le groupe et on modifie quelques parties ensemble, avec Chris à la batterie qui sur cet album je dois dire a fait énormément de plans qui n’étaient pas prévus. Il a changé beaucoup de choses en studio et d’ailleurs c’est 10 fois mieux comme ça. Voilà, en gros on est deux et après on rajoute tout le groupe pour finaliser les compos.

Quel message avez-vous voulu faire passer au travers du visuel de votre album ?

Kevin Geyer:  Sur cet album-là, plus que sur n’importe quel autre, on est sur un message extrêmement sombre et négatif on n’avait pas envie de faire dans le positif comme dans "The resilience". On voulait quelque chose de très sombre, très imposant, très fort. Et c’est pour ça que l’on a étudié la position du personnage qui est sur la cover, qu’il soit sur un trône, on voulait un personnage qui se rapproche aussi d’une divinité de par sa posture et l’ambiance de la pochette. Ça fait écho aux paroles de "Negative Sun" qui parle des divinités qui sont à l'origine de toute la violence sur terre, on voulait parler de ça et l’imager comme ça.

Racontez-nous l'enregistrement de l'album "Negative Sun " ?

Kevin Geyer: "Negative Sun" a été composé à 80% pendant le 1er confinement, le moment où on ne savait pas trop ce qui se passait autour de nous, y avait tout un stress on ne savait pas du tout où on en était de cette pandémie, on n’avait pas vraiment d’information donc tout le monde flippait un peu, faut être honnête et dire les choses. On ne pouvait plus rien faire, on était chez nous et on avait envie de se déchainer un peu sur nos instruments et c’est comme ça que l’on a composé "Negative Sun" avec une envie de se défouler sur les riffs, sur les compos, de faire quelque chose de plus agressif, de plus en colère tout simplement. Et Sebastien Camhi celui qui enregistré l’album un grand copain que l’on connaît depuis plus d’une dizaine d'années puisqu'il avait enregistré le premier EP de Heart Attack avait une place qui se libérait au sortir du 1er confinement. Donc il nous restait un mois et demi pour finaliser les riffs que l’on avait déjà fait, donc on s’est mis une date butoir du coup c'était en mai je crois. Et on a bossé comme des malades tous les jours. Pour la première fois de ma vie j'avais deux mois de vacances, donc je pouvais faire que de la guitare c’était trop bien. Et on a composé chacun nos parties, on a réussi une grosse partie de cet album pendant le 1er confinement. Et on est arrivés en studio, c'était un bonheur de se retrouver, ça faisait deux mois que l’on ne s’était pas retrouvés entre copains, et là on a passé 3 semaines en studio ensemble, c'est une période qu’on adore, on se régale et je ne sais pas si c’est comme ça pour tous les groupes mais ce n’était pas comme ça avant, mais là on se régale et on arrive à sublimer nos morceaux. On arrive à trouver des petits trucs, des mélodies, des chœurs, des claviers, des fois on change un peu la structure et du coup c’est un plaisir énorme parce qu’on arrive avec une compo qui ne nous plait pas trop ou alors on se dit c’est bien mais il manque un truc, et on se retrouve avec un morceau qu’on adore. Je ne dis pas que c'est un super morceau mais en tout cas nous ça nous plait. Donc voilà c’est comme ça que l’on a composé "Negative Sun", dans cette atmosphère-là entre copains avec beaucoup de blagues sur les mamans des choses comme ça. Des trucs de lourdeau, le genre quand tu te retrouves en studio avec 5 mecs ... pendant 3 semaines ça ne vole pas très haut... On a composé cet album dans cette dynamique là on s’est régalés, on s’est bien défoulés, on s’est tué la voix, on était fatigués on a tout donné, on a vraiment donné nos tripes, pour cet album encore plus qu'avant je trouve. Notamment au niveau du chant je pense à William qui s’est égosillé et qui pouvait plus parler après pendant deux mois. Moi aussi au niveau du chant j’ai découvert des choses que je ne savais pas trop faire avant, niveau de la hauteur de chant à la Slayer, ce genre de chose je me suis tué aussi. On a vraiment tout donner pour cet album.

Pourquoi avoir choisi l'opéra de Nice pour tourner le clip de "Wings Of Jugement" ?

Kevin Geyer:  C'est moi qui ai choisi le lieu. C’est moi qui les ai contactés sans trop d'espoir, nous on est des petits messieurs à côté de l’Opera de Nice. En fait, je voyais des musiciens, des intermittents du spectacle quitter ce monde-là pour faire autre chose, pour devenir électricien ou autre, et ça me faisait beaucoup de peine de voir ça. Et j’avais envie sur ce clip d'avoir une thématique où on réunissait des gens de différents milieux du monde de la musique et du monde de l'art pour créer un hommage à la culture pour soutenir à notre petit niveau l'idée que malgré l’adversité l’Art subsiste. Du coup, c'est pour cela que l’on a choisi l’Opéra, en plus c’est un lieu magnifique. On a choisi une danseuse classique, et aussi un break dancer, un groupe de Métal pour que tout ça fasse un projet commun pour montrer que la culture existe sous toutes ses formes malgré la période.

D'où vient l'idée de votre reprise "Jesus He Know Me" de Genesis ?

Kevin Geyer: c'est l’idée de Chris qui est un grand fan de Genesis. Moi j’adore Phil Collins et un peu moins fan de Genesis simplement parce que c’est pas un truc que j'écoutais à l'époque à part quelques tubes de Genesis que j'adore ce n’est pas ce que j’écoute en ce moment particulièrement. On voulait une reprise qui ne soit pas bateau, une reprise de Lady Gaga en Métal tout le monde l’a déjà vu. Une reprise de Métal en Métal tout le monde a déjà vu aussi. Mais une reprise de la pop des années 90, un grand tube hyper puissant comme ça c’est ça qui nous intéressait dans le challenge. Et c’est un morceau qui n’est pas forcément facile à reprendre en Métal. En fait c'était une période qui n’était pas facile pour le groupe on galérait à trouver un label, on galérait à trouver des dates, on était un peu tristounets et on avait envie de se réunir sur un truc un peu fun en fait. On voulait du fun, on voulait s'amuser. Et c’est une reprise qui a tellement plu qu'on va la mettre en bonus de l’album. Donc finalement c'est Chris, gros gros fan de Genesis qui a choisi ce titre. Au début j’étais un peu frileux mais j'ai adoré travailler sur ce morceau au chant parce que c’est des rythmiques un peu spéciales, une articulation qui n’existe pas trop dans le Métal et qui est hyper intéressante à chanter, il y a du rebond, de la variété au niveau de chaque couplet je me suis régalé à chanter ça, ça m’a même permis de travailler mon chant.

Y avait-il d'autres reprises sélectionnées ?

Kevin Geyer: Je n’avais pas envie de me fatiguer, on avait déjà fait un Machine Head il y a longtemps et Chris m’a dit on ne va pas choisir la facilité, c'est nul c'est trop classique. J’étais totalement d’accord avec lui donc finalement on est resté sur Genesis.

Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?

Kevin Geyer:  Bon pour moi ce n’est absolument pas original mais je n’en ai rien à foutre, c'est Metallica ...J’avais 14 ans et j’écoutais des merdouilles à droite à gauche et un jour je suis tombé sur l'album "masters of puppets" en train de peindre mes warm Hammer... Au début j’ai pas du tout aimé, et ma mère qui est plutôt mélomane, je la vois passer dans le couloir à fond ... Les parents quoi comme quand ils sont contents que t’écoutes de la bonne musique. Et je me dit ma mère elle kiffe, faut que je continue à écouter mais vu qu’à l'époque j'avais qu'un seul cd, je l'écoutais en boucle et puis je sais pas, à un moment donné j'ai pété un plomb et je me suis dit putain mais c’est énorme ce truc, je sens des émotions, je suis en train de peindre mes warm Hammer, j’ai la chair de poule ça m’a jamais trop fait ça... Metallica c'est le gros groupe qui a fait que j’ai eu envie de faire de la gratte je me suis dit faut que je fasse de la musique que je fasse un groupe. Apres y a eu tous les autres qui ont suivi Slayer, Pantera, Maiden, tous les trucs qui te mettent une très grosse baffe quand tu penses écouter du Métal. Moi c'est tous ces groupes-là qui m’ont donné envie de faire de la musique, Supertramp aussi je m’étais pris une bonne baffe quand j'étais petit sur un concert de Supertramp à Nice, j’avais 14 ans, je ne comprenais rien mais je savais déjà que la radio française ne passait pas ce que j'aimais en tout cas. Et quand je me suis pris Supertramp dans la tronche, j’ai pris cher, c'était construit, c’était intelligent.

Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel vous rêvez de jouer ?


Kevin Geyer: (rire) Tu te doutes ? Ya deux artistes, on a joué avec énormément d'artistes qu’on adorait, qu’on avait en poster quand on était tout petit ... On a joué avec Megadeth, on a joué avec Sepultura, avec Exodus, avec Death Angel, on a joué avec Trivium, avec Rammstein, mais il y a deux groupes avec qui on n’a pas joué, bien sûr Metallica, juste pour me dire défi accompli, même s’ils commencent à se faire vieux je me dis putain faut que je me dépêche .... Et Gojira, parce que c'est un de mes groupes préférés aussi, je sais que ça sera plus facile de jouer avec Gojira et je pense que ça se fera un de ces quatre, Gojra c'est peut-être le groupe de Métal que je respecte le plus en ce moment donc ça serait génial et j'aimerais discuter aussi avec eux.

Quels souvenirs gardes-tu des groupes avec lesquels vous avez joué ?

Kevin Geyer: Alors j’ai deux souvenirs qui sont assez extraordinaires et dont je me rappellerai toute ma vie. Le premier c'est Dave Mustaine qui a une réputation qui n’est pas toujours parfaite. On joue avec Megadeth et on ne le voit pas, par contre on voit son équipe super sympa qui adore ce qu’on fait, et en fait juste avant de monter sur scène on est dans les loges en train de se chauffer et là t’as Dave Mustaine qui arrive comme ça, t’as l’impression que la lumière est sur lui en mode seigneur et tout. Et il vient nous voir il nous tend la main et il nous dit 'Les gars j’ai écouté ce que vous faites aux balances, j’adore, maintenant vous allez tout niquer sur scène et je vous encourage je suis avec vous" Dave Mustaine qui te dit ça, t’oublies tout, tu vas jouer et tu la fermes. Mais c’était extraordinaire parce que y avait Christo mon meilleur pote à coté, notre tour manager sur cette date, il avait l’appareil photo il n’a pas eu la force de le lever il n’a pas réussi tellement c'était un moment incroyable, y avait William et Chris avec moi c’était un moment d'anthologie, Mustaine quoi. Moi qui suis fan de Metallica des premiers albums tu te dis quand même y a un truc qui se passe quoi. Deuxièmement c’était au Motocultor 2015, on se faisait chier il n’y avait pas trop de groupes qui nous intéressaient on avait vu 50 groupes qu'on adorait et c’était un jour où Chris voulait partir, on n’avait plus rien à faire on s’embêtait un peu malgré que ce soit mon festival préféré le Motocultor je tiens à le dire. C'était notre premier grand festival, on venait de faire le HellFest et là on savourait le moment, et on se dit tient on va essayer quand même de faire durer ça et le dernier soir y a un bénévole qui vient vers nous et qui nous dit les gars désole de vous déranger mais je vous le dis quand même y a l'anniversaire du guitariste de Orange Goblin qui fête ses 40 ans et y a tout Sepultura, Trivium, Opeth qui font la fête ça vous dit de venir ... Nous c'était notre deuxième festival limite on n’avait jamais vu de stars du Métal et du coup on s'est retrouvés avec eux c’était une soirée extraordinaire quoi. Et c’est là que l’on s’est rendus compte que les gens de ce niveau-là finalement c’est les gens les plus sympas et les plus simples. Au final c'est des mecs comme toi et moi et tu peux te marrer avec eux, c’est assez extraordinaire de voir cette simplicité dans le Métal, autant t’as plein de petits groupes qui se la jouent, autant les plus grands groupes tu passes des super soirées avec eux.

Pour finir, si vous deviez conserver 3 choses : un disque, un film, et un 3ème choix ? Quelle serait votre sélection et pourquoi ?

Kevin Geyer:  Un disque ça serait quand même "Masters of Puppets", c'est un disque qui a changé ma vie. Un film je pense que je prendrais Psychose de Hitchcock que j’adore parce que chaque plan est travaillé, c'est de l’Art ultime avec très peu de budget et t’as des émotions de dingue, une ingéniosité, ce film est extraordinaire il fait aimer à toute personne qui n'aime pas forcément le grand cinéma pas les merdes de Marvel... Chris il aime bien Marvel je crois qu’il aime plus les BD que les films. Et évidemment ma guitare pour jouer !

Et question bonus, avez-vous envie de rajouter quelque chose ou faire passer un message ?

Kevin Geyer:  Continuez à faire ce que vous aimez et ce qui vous motive le plus, tout est possible dans la vie, même si ça sonne extrêmement bateau mais voilà, nous on a réussi, un petit groupe de Cannes la Bocca, à jouer avec Megadeth ou faire des dates comme ça donc tout le monde peut y arriver, faut juste de la persévérance, je remercie toutes les personnes qui ont soutenu le groupe toute ces années et qui le soutiennent encore en ce moment, je remercie aussi toute les personnes qui se bougent le cul dans toutes les villes pour organiser des concerts qui ont la foi pour le Métal, pour les groupes locaux, je remercie toute ces personnes qui font vivre la scène Métal française qui est une scène extraordinaire et qui mérite d’être connue.


Voir l'interview en vidéo ICI


Paris Black Dog Café 4 Mai 2022.
Thierry Cattier
Photos : Th. Cattier /
Shooting Idols

W-FESTIVAL // Programme Complet // Ostende du 24 Aout au 28 Aout 2022.

 


Mercredi 24 Aout 2022


The Kids 13:10 - 13:40
Nits 14:10 - 15:00
Fiction Factory 15:30 - 16:20
Big Country 16:50 - 17:40
Scritti Politti 18:10 - 19:10
Anne Clark 19:40 - 21:10
Bauhaus 21:40 - 23:10

Jeudi 25 Aout 2022

T'Pau 13:00 - 13:50
The Animals 14:20 - 15:10
Soulsister 15:40 - 16:40
Paul Carrack 17:10 - 18:10
Lightning Seeds 18:50 - 19:50
xPropaganda 20:20 - 21:20
Squeeze 22:00 - 23:00

Vendredi 26 Aout 2022

Jo Lemaire 13:00 - 13:50
Heather Nova 14:20 - 15:10
Stereo MCs 15:40 - 16:30
The Proclaimers 17:00 - 17:50
Kid Creole and the Coconuts 18:20 - 19:10
Level 42 19:40 - 20:40
Jeanne Mas 21:10 - 22:00
Alphaville 22:30 - 23:30


Samedi 27 aout 2022

Cutting Crew 13:00 - 13:50
Londonbeat 14:20 - 15:10
Arrested Development 15:40 - 16:30
Deacon Blue 17:00 - 17:50
Cock Robin 18:20 - 19:10
ABC 19:40 - 20:40
Tony Hadley 21:10 - 22:00
Del Amitri 22:30 - 23:30
UB40 featuring Ali 0:00 - 01:00


Dimanche 28 Aout 2022

Robin S 12:30 - 13:15
BlackBox 13:45 - 14:40
Heaven 17 15:10 - 16:00
Go West 16:30 - 17:20
Thompson Twins'Tom Bailey 17:50 - 18:40
Sheila E. 19:00 - 20:00
Belinda Carlisle 20:30 - 21:20
Holly Johnson 21:50 - 23:00





mardi 28 juin 2022

DAVID BOWIE // News // Ziggy Stardust - 50 ans ... Un titre inédit en Streaming.

 
David Bowie

Sortie Le 17 Juin 2022 nous célébrons les 50 ans de 

THE RISE AND FALL OF ZIGGY STARDUST AND THE SPIDERS FROM MARS

Parlophone - Warner
 
 UN SINGLE INEDIT EN STREAMING A L'OCCASION DU 50ème ANNIVERSAIRE DE THE RISE AND FALL OF ZIGGY STARDUST AND THE SPIDERS FROM MARS

 
 
DEUX PARUTIONS VINYLES CÉLÈBRENT

le 50ème Anniversaire de
THE RISE AND FALL OF ZIGGY STARDUST AND THE SPIDERS FROM MARS

Vinyle 50ème ANNIVERSAIRE REMASTERISE EN HALF SPEED
Et Vinyle Picture
SORTIE LE 17 JUIN 2022 - Parlophone - Warner

Ce jour marque le 50ème anniversaire de la sortie de STARMAN, le premier single de THE RISE AND FALL OF ZIGGY STARDUST AND THE SPIDERS FROM MARS. Afin de célébrer cet anniversaire, Parlophone Records est fier d’annoncer la parution de deux éditions spéciales vinyle marquant les 50 ans de l’album.


Le 17 juin 2022, 50 ans et un jour après sa parution originale au Royaume-Uni, THE RISE AND FALL OF ZIGGY STARDUST AND THE SPIDERS FROM MARS sera disponible en édition vinyle limitée remasterisée en half-speed et picture disc à partir des masters d’origine et accompagné d’une reproduction du poster promotionnel annonçant l’album.
 
Ce nouveau pressage de THE RISE AND FALL OF ZIGGY STARDUST AND THE SPIDERS FROM MARS a été réalisé à l’aide du récent système de gravure Neumann VMS80 et restauré en 192kHz à partir des bandes master originales des Trident Studios, sans aucun traitement supplémentaire lors du transfert. Le vinyle half-speed a été gravé par John Webber aux AIR Studios.


THE RISE AND FALL OF ZIGGY STARDUST AND THE SPIDERS FROM MARS est l’album qui a catapulté David Bowie sur la scène internationale. 50 ans après sa parution, il reste un album incontournable dont l’aura grandit chaque année. Il est aujourd’hui ancré dans la culture populaire et a influencé un grand nombre d’artistes, des musiciens d’Arcade Fire à Lady Gaga, du look androgyne d’Harry Styles aux chemises de Noel Fielding dans The Great British Bake-Off jusqu’aux défis de maquillage Ziggy sur Tik-Tok.

David Bowie a mis fin au personnage de Ziggy Stardust en juillet 1973 lors de son concert légendaire avec les Spiders From Mars à l’Hammersmith Odeon de Londres, mais l’impact de Ziggy est toujours aussi vibrant.
 
 

mercredi 22 juin 2022

ARNO // News // Le clip en avant premiere en attendant L'ultime Album "Opex" Sortie le 30 septembre 2022.

  
L'ultime album studio d'Arno, légende du rock belge "OPEX"

Tout commence et finit avec le blues. C’est là qu’Arno Charles Ernest Hintjens a commencé son voyage musical en 1970, et c’est là qu’il se termine plus de cinquante ans plus tard.

Inclus un duo avec Mireille Mathieu et un piano-voix avec Sofiane Pamart.
Disponible en version CD, LP et Coffret Deluxe.
 
PRÉCOMMANDER L'ALBUM
 
"Arno a fait son "Blackstar" comme David Bowie. Il a conçu, enregistré, et validé ce disque jusqu’à sa mort. »
 


 
TRACKLISTING:
 
La Vérité
Take Me Back
I Can't Dance
Honnête
La Paloma Adieu (avec Mireille Mathieu)
Mon Grand-Père
Boulettes
One Night With You
Court-Circuit Dans Mon Esprit (avec Sofiane Pamart)
I'm Not Gonna Whistle
 
 

"La Vérité", premier single déjà disponible

ÉCOUTER "LA VÉRITÉ" ICI

 




mardi 21 juin 2022

GAROU // Live Report // En Concert @ Courbevoie 14 Avril 2022.

 

Garou est de retour avec cette tournée UpScene, toujours un grand plaisir de retrouver sur scène ce grand bonhomme, que ce soit dans des salles très grandes ou dans des salles moyennes, le rendez-vous avec son public est toujours un grand moment. Un des rares artistes à être aussi proche de son public avec cette grande simplicité qui lui est si fidèle.

Pour ouvrir le concert c'est avec "Sous le Vent" une entrée de scène qui lui permet de prendre possession de la salle et de ressentir le besoin immédiat de descendre traverser cette foule comme pour leur dire bonjour à chacun de plus près... Pour ressentir cette intimité entre lui et son public.

Puis il nous entraine dans nos souvenirs, avec notamment un titre chanté il y a quelques années avec Michel Sardou "La rivière de notre enfance", dans une belle version poignante. Un "Passe ta route" très country, excellent moment enchainé avec une version de "Seul" entre country et moment de douceur, un beau bijou que cette version.

Un "Demande au soleil" mélangé avec un hommage au groupe Police "Every Breath You Take", le mix des deux titres est inattendu mais extrêmement efficace.

Hommage à un grand monsieur, Joe Dassin, avec un medley vraiment très réussi, la voix unique de Garou est vraiment faite pour ça.

Quelques anecdotes sur "Notre Dame" qui nous rappellent l'audition de la comédie musicale pour quelques moment très drôles et touchants sur Richard Cocciante.

Puis un détour vers les racines de Garou, le blues, avec ce très bon "Le blues dans le sang" et une version très Screaming Jay Hawkins de "I Put a Spell on You" .

Un titre écrit de mains de maître par sa fille Emelie, "Lonely Waters" qui lui colle vraiment bien à la peau, la demoiselle connait bien son sujet.

Comme une machine à remonter le temps de sa (nos) vie(s), ne descendons pas du train, "Sur la route / My Girl", belle association.

Une version vraiment très forte de "Avec Le Temps" de Leo Ferré ou éclairée par un spot, assis fondu dans la pénombre, Garou nous offre une interprétation vraiment magique et éblouissante.
Que dire de mieux "Les moulins de mon cœur" "The House of the Rising Sun / Le pénitencier" "La corrida" des versions vraiment où la voix rauque vous transperce de sa force et de sa puissance et nous assène un uppercut en pleine tête.

Un concert vraiment fort en émotion que nous sommes heureux de partager, il y a des jours, des moments, des artistes comme ce soir qui vous emmènent dans un voyage si enivrant et si troublant... Garou fait partie de ceux là et ils ne sont pas si nombreux.

Une chose est sûre, les textes des chansons choisies ce soir, qu'elles soient de Garou ou des reprises de ses idoles sont d'une bien belle perspicacité, des traces de sa vie mais également de la nôtre, chaque chanson ramène à un moment de notre vie, chaque phrase parlera à tous. Avec des moments vraiment intenses ou quelques larmes émues vous échapperont, et quelques frissons d’émotion garantis.
Un grand merci à Garou pour tout ça.

Ce soir encore à Courbevoie Garou a su conquérir son public avec ce concert intimiste. Avec des musiciens fait pour jouer avec lui, Gabriel Ethier aux Claviers, Kaven Girourad à la Guitare, Patrick Lavergne à la Basse et Benoit Clément à la Batterie et direction musicale. Tendresse et douceur pour cette belle unité.








A noter Garou reprend la route en Belgique et en France à partir du 8 Septembre 2022 à Toulouse et jusqu'à... Allez y et passez une bonne soirée avec Garou.


SetList :

Sous le Vent
La rivière de notre enfance
Passe ta route
Seul
Demande au soleil / Every Breath You Take
Le blues dans le sang
I Put a Spell on You
Medley Joe Dassin :
Le café des 3 colombes / L'été indien / Les Champs-Élysées / Le petit pain au chocolat / Siffler sur la colline / Salut les amoureux
Pas le droit de s'aimer / Let it be / la Bamba
Lonely Waters
Sur la route / My Girl
Les filles
Sur un malentendu
Avec le temps
Les moulins de mon cœur
The House of the Rising Sun / Le pénitencier
La corrida / Gitan
Je suis le même / Avancer / Dis que tu me retiendras
Belle
UpScene
Amsterdam / Emmenez-moi / Santiano / La destinée, la rose au bois




Thierry Cattier  - Photos : Th Cattier / Shooting Idols.

HELLFEST // Photo // Judas Priest l'événement de ce 1er Week-end sur la Main Stage Dimanche 19 Juin 2022.


Le premier week-end du HellFest vient de se terminer, en attendant le report, voici un cliché d'un des plus gros événement de cette édition, les magnifiques Judas Priest sur Main Stage.




samedi 18 juin 2022

ALAIN CHENNEVIERE // Interview // Souvenirs d'un vrai Rock'n'Roll Man - Avril 2022.

 

A l'occasion de la sortie ce mois ci de "Mean, Mean, Mean" de Alain Chennevière & The Alligators, voici pour nous l'occasion de vous offrir une interview avec Alain qui se replonge pour nous dans ses souvenirs et évoque le chemin parcouru au fil de ses nombreuses années de carrière, nous offrant au passages quelques savoureuses anecdotes.

Entrez dans la confidence et prenez autant de plaisir à la lire que nous en avons eu à la faire avec ce grand Monsieur qui a bercé nos meilleures années.



Tu es né et tu as grandi à Falaise (Calvados). Comment s'est passée ta jeunesse?

Alain :  Je suis né à Falaise, mais j'y suis resté que deux ans. Ensuite, on a bougé deux ou trois fois entre Louviers et les Jonquerets-de-Livet, près de Bernay, pour arriver en 1965 à Douvres la Délivrande, entre la mer et Caen. C'est là que je suis resté jusqu'à mes dix-huit, dix-neufs ans. Ecole primaire à Douvres la Délivrande, tranquille. Déjà, dès le début, j'ai jamais trop fait d'effort. On disait toujours : "Si Alain voulait, si Alain voulait!". Je faisait me minimum pour que ça passe. Je m'intéressait au dessin, à l'histoire-géo, au français, plus tard à l'anglais. Je ne m'intéressait pas au sport, ni aux maths, et ça a duré jusqu'au bac. Ensuite collège et lycée Malherbe à Caen, dans les années soixante-dix, et c'est là que l'on découvre, avec mon frère, la musique. D'abord la pop musique, les Beatles, et tout ce qui va avec, et puis un peu plus tard, en soixante et onze, je découvre le rock'n'roll à travers Gene Vincent.
Enfance tranquille, mes parents, petits commerçants, un frère et deux soeurs.

Quelles ont été tes premières découvertes musicales, tes premières influences et tes idoles ?

Alain : Mes premiers souvenirs, à deux ou trois ans, c'est maman dans le salle de bains, qui écoute la radio, il y a Henri Salvador avec "Le lion est mort ce soir", il y a "Les comédiens". Ce sont les deux premiers souvenirs, quand je suis vraiment tout petit. Dans les années soixante-huit, soixante-neuf, avec mon frère Bertrand, qui a un an de plus que moi, on commence a voir a la télé, à entendre des sons plutôt sympa. Il commence à jouer de la guitare. On découvre les Beatles, Simon and Garfunkel, Deep Purple, tout ce qui se fait à l'époque, le festival de Woodstock, Jmimi Hendrix, et on achète tout ça. Je commence à collectionner les vinyls, et on commence avec Bertrand à chanter tous les deux les Beatles, Simon and Garfunkel. Et là on arrive en soixante et onze, où parallèlement à ça, je découvre grace à Albert Raisner, un pionnier du rock'n'roll, Gene Vincent qui vient de mourir. J'ignorais tout du rock'n'roll d'avant. Et là, c'est un des plus gros chocs de ma vie. Dans les jours suivants, je commence à chercher partout qui est ce mec, qu'est ce que c'est que cette musique. Et en fait, je me rends compte que quand j'écoutais les Beatles, ils chantaient "Matchbox", ou quand j'écoutais les Stones, ils chantaient "Oh Carole". Il y avait derrière d'autres musiciens, qui avaient créé tout ça. Je commence à découvrir et à rechercher tout ce qui est rock'n'roll fifties, pionnier, à acheter des vinyls qui trainent encore sur les marchés. J'ai encore et toujours les cheveux longs, je porte des colliers afghans, des signes de la paix, des Clarks. On est en pleine babacoolitude, mais je découvre le rock, et au lycée, à la MJC, j'apporte déjà des disques de Carl Perkins. Mes copains me disent : "C'est quoi ce truc, c'est pourri". Je commence à chanter ça avec Bertrand, on apprend du Buddy Holly, des Everly Brothers, à ajouter ça à notre répertoire. On va jusqu'en soixante-seize; où là enfin je me coupe les cheveux, et j'assume. Je suis un rocker.


Comment t'es venue l'envie en 1976 de monter un groupe avec ton frère Bertrand ?

Alain : En soixante-seize, c'est pas le premier groupe, puisque j'avais déjà chanté sur scène avec Bertrand en soixante-treize, en duo, guitare voix, avec un répertoire très mélangé. Il y avait Simon and Garfunkel, Leonard Cohen, les Beatles, et Buddy Holly ou les Everly Brothers, et aussi du Pete Seeger, du folk américain. Tout ça ce sont vraiment mes racines. et donc de soixante-treize à soixante-seize, il y a eu plusieurs groupes, et puis petit à petit, en soixante seize, il y a le pub rock, les punks, qui poussent la porte, on a un retour au rock'n'roll, on a eu Au bonheur des Dames, qui a fait beaucoup de bien. Donc je monte des espèces de groupes. J'ai monté un groupe pour faire un seul concert, à la MJC du Lycée Malherbe, c'était Rocky Roberts et ses Chiens de Prairie, avec mon copain Momo qui est bassiste, on fait beaucoup de hard-rock, de Johnny, de blues. Et à un moment, j'y tiens plus, il n'y a pas de groupe de rock'n'roll, personne joue cette musique que j'aime, donc on va monter un groupe, avec Momo à la basse, Bertrand, mon frère à la guitare, qui est un extraordinaire guitariste de rock'n'roll, même s'il le sait toujours pas, René à la basse, et ùon copain de lycée, Pascal au piano d'abord, puis à la batterie. Les Alligators en soixante-seize voit le jour.

D'où vient le nom "Les Alligators"?


Alain : Ca vient de "See you later Alligator". Ca vient du jargon du jazz, je crois, où un alligator, c'était un mec à la cool, un mec branché. Les rockers se sont approprié ce mot. Je trouvais que ça sonnait bien, que c'était joli quand c'était écrit, que c'était aussi bien français que anglo-saxon, et que ça pouvait donner lieu à des images, voire une collection intéressante.

Vous signez avec Big Beat, comment s'est passée la rencontre?

Alain : Entre 76 et 79, on tourne beaucoup en Normandie, on va jusqu'à Villefranche du Rouergue, on se fait un peu connaître. Moi, j'envoie une bio, pas du son, parce qu'on a pas de son à l'époque, au magazine "Jazz, Blues and Co", qui me font le plaisir dans le prochain numéro de faire un article. Et puis, je suis en contact avec le magazine Big Beat, Alain Malaret, tous ces gens-là, qui commence à faire de la pub, qui me font faire aussi des dessins pour certains articles. A cette époque-là, j'ai passé mon bac, je suis à Trouville, je travaille dans un studio de bandes dessinées, et un jour, j'ai un coup de fil de Patrick Verbeke, que je connaissait, puisque c'était un des grands de la région. J'étais un gamin et lui c'était un peu une idole pour nous. Il me dit que son pote Jacky Chalard monte un label de rock'n'roll. C'est assez inespéré. On vient de faire un 45 tours autoproduit, tiré à 3000 exemplaires. La première rencontre avec Jacky, ça s'est fait à Paris, chez lui, mais je me souviens de son premier coup de fil. J'étais à Trouville. On a très vite signé, on a très vite fait l'album, en 2 jours, à Davout, mix compris. Des fois ça s'entend, mais ça a son charme. C'était le début de la carrière vraiment nationale des Alligators.


En 1980 vous faites la première partie d'Eddy Mitchell à l'Olympia, raconte nous ça ?

Alain : En 1980, l'album est sorti depuis déjà quelque temps, on a fait pas mal de télés, déjà, on a une exposition, une audience un peu nationale. On tourne beaucoup en France, à l'époque, il y a beaucoup de petits clubs. Dans toutes les régions, il y a des boites de nuit, des clubs, et ils faisaient des concerts. Ils recevaient des groupes de rock, je crois que ça n'existe plus vraiment. On a fait les Macumba, le Diam's à Périgueux... et on est sous contrat avec Jacky Chalard, qui s'occupe de nous, avec Jean-Jacques Astruc, qui est notre manager, à qui je rends hommage ici, parce qu'il est toujours parmi nous, et on a la chance de se fréquenter toujours. Et Jacky, qui a ses antennes, sait toujours trouver ce qu'il veux, et arrive à ses fins.. Quand la porte est fermée, il passe par la fenêtre, et vice-versa. Il était pote avec des gens des éditions You You Music et des gens qui travaillaient avec Eddy Mitchell. Un jour, il nous dit qu'il va proposer à Eddy Mitchell qu'on fasse le lever de rideau de son Olympia de l'hiver 80. Les tractations, les "pourquoi", j'ai un peu oublié, mais quand on est arrivés le jour même de la première, il était question que l'on joue sans sono, pour faire comme à l'époque. Là, il y a eu un peu de grincements de dents, on a réussi à passer sur la sono. La formule de l'époque à l'Olympia, c'est déjà la troisième formule des Alligators. Bertrand, mon frère n'est plus là. Il y a donc Marc Periz à la guitare solo, Pascal Periz, son frère à la guitare rythmique, Gilles Cantini à la basse, et Pascal Hervé à la batterie. Quand on fait cet Olympia avec Eddy Mitchell pendant un mois, en 80, on a déjà fait deux ou trois Olympia. On a fait le festival Big Beat, un avec Vince Taylor, on connait déjà la salle de l'Olympia, mais on est contents de passer par la grande porte avec Eddy.  Il y a Richard Gotainer en première partie, ensuite il y a l'entracte, quand les gens reviennent, le rideau est fermé, sur le tout devant de le scène. On fait vraiment le lever de rideau. Le rideau s'ouvre, et on est alignés entre le bord de la scène et l'autre rideau. On fait quatre ou cinq titres des Chaussettes Noires, et des titres qu'on a enregistrés spécialement pour l'occasion, sur le 45 tours "Les Alligators chantent Les Chaussettes Noire". C'est un mois extraordinaire. Je ne passe pas rue Caumartin sans penser à des moments, des images. Pour un mec de 18 ans, se retrouver là, à écouter derrière le rideau Eddy faire ses chansons, toute la soirée, avec les musiciens qui l'accompagnent, c'est extraordinaire. Les rencontres avec Mort Shuman, Johnny, et  puis plein d'autres, Annie Cordy. C'était vraiment un mois incroyable.

En 1984, la séparation du groupe, Que s'est-il passé?

Alain : Courant 84, ce n'est plus du tout le même groupe que en 80. Par exemple, il reste que moi, parce que c'est mon groupe, et Marc Periz à la guitare solo. A l'autre guitare, il y a Rudy Muller, qui nous a quitté malheureusement, il y a quelques années, Maurice Mathias à la batterie, et Sylvain d'Almeida à la basse. C'est vraiment la dernière formule des Alligators. J'ai commencé le groupe en 76, on a initié, avec Tony Marlow à Paris la vague du rockabilly des années 80. On a tout connu, on a été assez loin dans le succès, avec l'Olympia, toutes les grosses télés, on a été jusqu'en Angleterre, où l'on a eu la chance de faire un concert, un festival avec Les Blue Caps, le groupe de Gene Vincent. On a été en Espagne, on a beaucoup, beaucoup écumé. Et puis, le monde change autour de nous, la mode est passée, et puis je suis un peu fatigué de ça. Pas de la musique, mais j'ai envie de m'exprimer autrement. Ca s'arrête un peu comme ça, sans heurts, sans grincements de dents., d'un commun accord.

En 1989, vous formez le groupe "Pow Wow", un vrai changement de style?

Alain : Fin 89 début 90, effectivement, JE forme Pow Wow. C'est à dire que entre les Alligators 84 et là, on est en 89-90, j'ai passé toutes ces années-là, à faire beaucoup de bandes dessinées, beaucoup de dessins, et tous les soirs, j'allais chanter place de la Contrescarpe, à Paris, avec mon ami Jacky Guérard, qui lui aussi nous a quittés. Jacky est pianiste, il raconte des histoires drôles, et moi je l'accompagne à la batterie, et je chante avec lui. On fait Le Requin Chagrin, et après, on va chez Félix. Toutes les nuits. C'est comme ça que je gagne ma vie à cette époque là. Ca marche vachement bien, il y a plein de copains qui viennent, tous les potes viennent faire le boeuf. Ahmed, que j'ai connu quand les Alligators chantait en Savoie,étaient venu en concert, est monté à Paris. Il chante aussi dans le coin de la Contrescarpe, donc il vient souvent faire le Boeuf. Il y a Olivier Giraud, ex-Teen Cats et ex Casanova, qui est pas encore parti au Texas, mais qui vient aussi faire le boeuf, bref, Le Requin Chagrin et Chez Félix, c'est un peu un laboratoire où on chante tous. On chante des Beatles, Paul Anka, enfin tout ce que tu veux, et moi, j'ai toujours adoré cette musique, que mon frère m'a appris à harmoniser. J'ai vraiment envie un jour de monter un groupe vocal. Au Requin Chagrin, je rencontre quelqu'un qui habite à coté, ça doit être en 85 ou 86, qui s'appelle Christophe, qui est plus jeune que moi, qui est batteur, et qui travaille dans la pub. Il cherche une voix rock, pour faire une pub pour le Rasoir Tracer de Philips. Il m'embauche, je fais la séance avec lui, et puis il me dit, on a qu'à faire un groupe. Donc je saisis l'occasion, pour essayer de faire un groupe de rock, toujours, mais plus dans l'air du temps, plus d'actualité, en oubliant le coté très pionnier. On monte un groupe. Ca s'appelle Alain et les Martiens, et puis je commence à faire des chansons, on fait des reprises, on travaille avec pas mal de gens, on fait des maquettes. Ca dure un bon moment, on enregistre beaucoup, beaucoup de trucs, mais èa fonctionne pas. J'ai des cassettes, il y a des super trucs, mais ça fonctionne pas. Les Martiens veulent pass décoller. Et un jour, avec Christophe, on va voir le film "Cry baby" de John Waters avec Johnny Depp, qui se passe dans les années fin 50 début 60, où il y a plein de Doo wop, et plein de rock'n'roll. Et Christophe, en sortant me dit Les Martiens, ça marche pas, appelle tes potes chanteurs, tu vas faire ce que tu fais au Requin Chagrin, au moins tu fais le groupe dont tu as envie, au moins on va s’amuser, et moi, je serai le manager. Super, on s'imagine qu'on va s’amuser, que ça va être sympa, qu'on va faire le New Morning une fois par an, au mieux, mais pas plus. Vraiment un truc de plaisir. J'imagine tellement pas que va me prendre beaucoup de temps, que les copains que j'appelle, c'est Kent, JP des Innocents, et peut-être Tony Marlow. J'appelle des potes qui ont des groupes, ou qui font de la musique. Et je sais qu'ils aiment ça, et ça pourrait être une récréation. Tous déclinent parce qu'ils sont tous pris. Il se trouve que Pascal, ex Alligator revient à Paris pour essayer de passer un examen pour être infirmier psychiatrique, qu'il aura pas, Ahmed est dans le coin, et on cherche un quatrième. Olivier, ex Casanova, qui a une voix merveilleuse, ne peut pas parce qu'il est en train de partir pour Austin, et donc on passe des annonces dans Libé. Il y a des gens qui arrivent, on a auditionné deux jeunes filles, pas mal de gens, et à un moment, on trouve quelqu'un qui s'appelle Bertrand, qui est sympa, qui a un bon look, qui a une belle voix, qui est disponible. Et un autre, aussi, Michel, qui venait de Pologne, ou d'Europe Centrale, qui vivait en France, qui chantait bien aussi, qui chantait ténor, donc on commence, on est cinq. On commence à répéter. Jusqu'au jour où ce cinquième dit à Ahmed, en répétition, qu'il ne peut pas atteindre la note, qu'il y a que lui qui puisse le faire.
On s'est regardé, et c'était fini pour lui. et on s'est retrouvés à quatre, et on a continué à répéter, avec Christophe, le batteur des Martiens qui commence à nous trouver des petits concerts par ci par là. Il a un petit camion, donc il peut nous trimballer. On commence grâce à lui à enregistrer des maquettes, à aller voir des maisons de disques. On est fin 90-91. Ca commence un peu à parler. On fait des festivals de rock, on fait le festival de la ville de Le Blanc, avec Little Bob, Paul Personne, on fait plein de trucs comme ça. Et ça commence a faire du bruit comme ça, en tout cas dans le milieu musical, rock'n'roll. J'ai plus tous les détails, mais, on est à la veille de signer avec Warner, qui a décidé de sortir "Le lion est mort ce soir" en premier single, parce que c'est moins risqué. On est aussi dans les petits papiers de Marc Lumbroso, Remark Records, qui est très tenté aussi, mais, il hésite encore. On fait la première partie de Screaming Jay Hawkins à l'Elysée-Montmartre,  Warner est là avec le champagne, parce que le lendemain, on signe. Quand on sort du concert, et que l'on passe devant les gens, le patron de Warner dit à Marc Lumbroso, un peu en rigolant, tu as vu, ils sont bien les petits, mais tu vas voir, la suite c'est bien aussi. Genre, les petits, c'est pour nous. Ca a énervé Marc, qui a appelé son avocat, avec qui on s'est mis d'accord très vite, parce que lui était d'accord pour sortir "Le chat", notre titre, avant "Le lion est mort ce soir".

Comment as-tu vécu cet immense succès ?

Alain :  A partir de l'instant où l'album est sorti, et où "Le Chat" a commencé à être diffusé, on a commencé à faire une tournée promo en province et dans toutes les radios, et chez tous les revendeurs de musique. Ca a été une trainée de poudre en France. C'était incroyable. On a vendu plus d'un million en moins d'un an. Ce qui était jamais arrivé. Parallèlement, je suis en couple de façon sérieuse depuis assez peu de temps,. Très vite, il y a un bébé qui va être mis en route. Tout ça en même temps, c'est assez incroyable.
Pendant trois quatre ans, on a pas eu le temps de vivre le truc. On bossait, on bossait, on bossait. On faisait des promos incroyables. Je me rappelle que dans les taxis, je m'endormais tout le temps pour récupérer, d'une promo sur l'autre. D'autant plus, que je tenais à assurer ma vie de famille, et que je rentrais avant les autres, pour m'occuper de ma femme et de mon bébé. En même temps, j'avais 33 ans, quand c'est arrivé, j'avais eu le temps de faire plein de choses avant, un peu approché le succès avec les Alligators. Tous les quatre on avait déjà un certain age, on n'était pas des teenagers, et on avait plutôt la tête froide. C'est quand ça a commencé à se calmer qu'on s'est retournés, et qu'on s'est dit "Cest fou!". Toutes proportions gardées évidemment, quand je vois McCartney qui parle de la Beatlemania, qui dit qu'on était tous les quatre, entre nous et personne savait ce qui se passait pour nous. A notre petite échelle, il y avait un peu ça. On se retrouvait dans des situations incroyables, et on ne pouvait en parler, ou comprendre qu'entre nous quatre. Ca a été extraordinaire, jusqu'au moment où c'était tellement fort, et imprévu. J'ai monté ce projet pour le fun, et peu être que le succès était dû à l'innocence du projet. Mais le lot de bonheur apporte quelquefois en contrepartie des problèmes qui vont arriver entre nous, des questions de choix musicaux, et ainsi de suite. Mais, je suis très heureux d'avoir vécu ça, et les Alligators.



Il y a eu plusieurs formations de Pow Wow?

Alain :  Oui. Il y a eu la formation historique initiale de Pow Wow, entre fin 89 et 98, avec tout le succès que l'on connait, les deux Victoires de la Musique, les disques d'or et de diamant. En 98, on s'est séparés,  juste avant de se fâcher. Ca marchait un peu moins, on n'avait pas fait de tubes depuis un moment, même si on continuait à sortir de bons albums. On s'est dit on fait un break, chacun va s'exprimer de son côté, et puis on se retrouvera un jour ou l'autre. Un an ou deux après, j'ai propose à Ahmed de faire un duo de reprises de gospel music, qui s'appelait "Rockspell". On a fait quelques beaux concerts, quelques belles maquettes. Ahmed et moi, on chantait, on était accompagnés par Philippe Almosnino, Arnaud Dunoyer de Segonzac au piano, Laurent Vernerey à la basse, Denis Benarosh à la batterie. Ca pouvait être pire!. Mais à ce moment-là, Ahmed a été appelé par "Les Dix Commandements", donc, ça s'est arrêté. Et jusqu'en 2005, où  Marc Maret qui était notre deuxième manager, nous dit que c'est peut-être le moment de vous reformer, pour refaire un bel album, des tournées. Donc, on s'appelle tous les quatre, les petits bobos sont un peu oubliés, et on se dit pourquoi pas? Sauf que Bertrand n'a pas tellement envie. On se met d'accord avec lui, on appelle un jeune chanteur qui s'appelle David Mignonneau et qui est libre. On répète, on fait un album, Marc Lumbroso est OK, il nous signe à nouveau. On fait un bel album qui s'appelle "Chanter", avec un single qui sort, on fait une belle tournée dans toute la France, avec pas mal de succès, et on fini par un Elysée-Montmartre. Ca retombe un peu, c'est pas le moment, en fait. On passe à autre chose. C'est là que je monte un deuxième "Rockspell", qui est un peu une mouture avant-gardiste des Alligators de maintenant. Je fais un groupe de rock'n'roll fifties, avec des belles maquettes, de beaux concerts, mais bon, ça s'arrête. En 2005, je participe à la comédie musicale "Gladiateur", d'Elie Chouraqui et Maxime Leforestier. C'est toute une année de travail, une belle scène, des belles chansons, une expérience inédite pour moi. C'est génial, mais le succès n'est pas au rendez-vous. Je commence à me demander si c'est pas moi qui porte la poisse.
Parallèlement, je fais toujours du dessin, je participe à plein de projets, je fais des choeurs sur des albums, et sur les concerts, de Elliott Murphy, par exemple, Laura Mayne, de Native. Il y a toute une vie derrière les projets, mais je n'arrive pas à concrétiser un truc personnel. Et c'est là, que sur les conseils d'un copain, que je prends ma guitare sèche, et je commence à écrire des chansons, comme quand je suis à la maison, et qu'il y a des copains, où on joue du folk, du country, et qu'on s'amuse. On appelle ça "Les Stevensons", et pareil, ça dure deux ans. Avec entre autres, Hubert Zero-Six à la guitare, Pascal Bako Mikaelian à l'harmonica, des chouette musiciens, on fait plein, plein de concerts, et puis je me dis que c'est pas ça, j'arrive pas. J'arrête ça aussi et je réfléchis.


En 2001, à l'occasion d'un gala au Trabendo organisé par le club "Elvis My Happiness", tu es accompagné par le légendaire guitariste Scotty Moore, raconte nous cette rencontre.

Alain : Dans les années 2000, j'habitais tout près de la Bourse à Paris, et tout près de la boutique du fan-club parisien d'Elvis, "Elvis My Happiness". J'allais souvent à des événements organisés par eux, et faire le boeuf dans la boutique, c'était très vivant. Et un jour, Jean-Marie Pouzenc, le Boss, me propose de chanter, en prenant la place d'Elvis, où je serais accompagné de Scotty Moore à la guitare, Jerry Scheff à la basse, et pas Glen Hardin au piano. Je réfléchis, est-ce que je vais être à la hauteur?. D'autant que c'est le répertoire d'Elvis, quand il débute, quand il a la voix la plus haut perchée, et c'est pas tout à fait mes tonalités. Évidemment, je dis oui. C'est trop chouette. Vient le jour où on répète, avec Scotty et cette belle équipe? Je me souviens qu'à un moment, il y a une chanson, c'était peut-être "Lawdy Miss Clawdy",  où je me permets de demander à Scotty, si on pourrait pas bouger une tonalité. Je sais même pas s'il m'a répondu. Il était scandalisé. C'est quoi ce petit con de Français qui n'est pas à la hauteur, quoi. J'ai rien dit, j'ai continué à chanter en m'arrachant les cordes vocales, et le concert s'est bien passé. Le contact est très bien passé avec Glen Hardin, le pianiste. Quand on était au restaurant, il me racontait que chez lui à Lubock, au Texas, il avait bien connu un petit jeune qui s'appelait Buddy Holly. Avec ces gens-là, on avait des conversations incroyables. Par contre, Scotty était plus distant, avant même que je lui pose la question sur la tonalité à changer. Je pense que c'était quelqu'un qui en avait gros sur la patate. Bref, c'était un concert extraordinaire, et c'était fabuleux d'entendre les vrais plans de guitare par le vrai guitariste. Les gens ont été assez gentils pour me faire un bel accueil, c'est un de mes grands souvenirs effectivement. 

Alain Chennevière et Scotty Moore


En 2005, tu joues Crassus dans la comédie musicale "Spartacus le gladiateur" de Elie Chouraqui. Est-ce une approche différente de ton travail ?

Alain : Je suis arrivé dans cette comédie musicale, avec un aperçu, parce que Ahmed était dans "Les Dix Commandements". Ca n'a jamais été ma tasse de thé, ni mon univers, ni musical, ni autre. Je n'ai jamais été comédien, et ça ne m'a jamais attiré. Quand un ami qui travaillait pour la maison de disques qui préparait le projet, m'a demandé si je voulais postuler, et être sur la liste des éventuels candidats, Parce qu'il y aurait une voix grave, d'abord, j'ai dit non. Puis, il est revenu à la charge, jusqu'au moment où il m'a dit qu'il allait y avoir des maquettes à faire. Même si tu veux pas faire le rôle, tu peux au moins poser ta voix sur les maquettes, ça te fera un peu de pognon. Je lui dit pourquoi pas ? Puis parallèlement, je vais quand même aller à une audition. On me demande de chanter "Les lacs du Connemara". J'étais incapable d'apprendre cette chanson, tellement je trouve que c'est pas bien, donc, je rate l'audition. Mais je m'en fous un peu, parce que je l'ai passée comme ça. Et parralement je fait les maquettes. Jusqu'au jour où j'ai un coup de fil de mon ami, qui me dit, on était en réunion de travail, avec Chouraqui, et tout ça. Quand ta voix est passée, Chouraqui est tombé de sa chaise, et il a dit, mais c'est lui Crassus, c'est qui qui chante ça ? On lui a dit c'est Alain, mais il a pas passé l'audition. Je m'en fous, c'est lui que je veux!. J'avais fait une chanson en maquette. Il me rappelle. A partie de là, Maxime Leforestier écrit les autres chansons, pour mon rôle, et les écrit pour ma voix. Je suis contaent. Il m'a fait des chansons sur mesure, et, par là, ça a été une expérience unique. Du coté comédie, c'était assez cool, parce que Elie, n'avait pas envie de s'embêter. Tu est le général Crassus, il est fou, il est méchant, il est psychopathe, il a une grosse voix, en gros fais ce que tu veux. Je me suis amusé. Je me suis inspiré de mes idoles au cinéma, Dracula et Frankenstein, et tous les méchants du cinéma. J'ai composé une espèce de personnage de général fou, avec des costumes magnifiques. Je me suis vraiment amusé. C'était assez extraordinaire.

Tu as dessiné pour les magazines Fripounet, Pilote, Métal Hurlant, Le Psikopat, un livre pour enfants "La cour des Miracles". Que t'apporte cette activité de plus que la musique?

Alain : Depuis que j'ai l'age de tenir un crayon, Je dessine. Et bien avant que je découvre la musique, ma voie était tracée, c'est pour ça que j'en faisais un peu le minimum à l'école. Je savais que je serai dessinateur de bandes déssinées, et le reste, je m'en foutais un peu. J'ai toujours été dessinateur, reconnu pour ça dans ma famille. Mes parents me suivaient là-dessus, alors qu'ils suivaient pas forcement mes frères et soeurs sur leurs projets. C'était pas cool, mais des fois, c'est injuste. Là-dessus est arrivé la musique, et à partir de là, j'ai toujours mené les deux choses de front. Quand la musique marchait moins bien, je reprenais le dessin. J'ai fait des bandes dessinées, de la pub, des illustrations d'affiche, des tas de choses. Après les Alligators, j'ai fait des choses dans Pilote et dans Métal Hurlant, où le rapport à la musique commence à être plus cohérent. Quand je dessine, j'écoute de la musique, évidemment. J'ai beaucoup dessiné autour de mes héros du rock. Juste avant PoW WoW, je dessinais beaucoup pour la magazine de Carali, "Le petit Psykopat illustré", par exemple, et avec PoW WoW, je n'ai plus eu le temps du tout. J'ai arrêté, et il m'a fallu beaucoup de temps après pour y revenir. J'y suis revenu par des portraits, d'amérindiens, de rockers, de chanteurs ou chanteuses que j'aime, avec pas mal d'expos chez l'ami Patrick Renassia, d'ailleurs. Je dessine pour les amis, je repense à un nouveau projet d'expo. Le dessin prend un peu moins de place dans ma vie d'aujourd'hui, m^me si je sais que c'est toujours là et que j'y reviendrai. 

Donc en fait, ta première passion était le dessin ?

Alain :  Je dis toujours que le dessin, c'est mon vrai métier. Je suis quelqu'un de plutôt modeste à priori, mais, si je n'avais pas arrêté le dessin, fait les bonnes études, anatomie, dessin classique..., en plus de ce que je savais déjà faire, si j'avais suivi un vrai cursus, et que je n'avais pas fait de musique autant, je pense que j'aurais eu une très, très belle carrière, par rapport au dessin. Je suis meilleur dessinateur que musicien. Il se trouve que j'ai une voix qui n'est qu'à moi, et assez particulière, donc c'est ma chance. Mais je ne suis pas musicien. Je sais pas lire, je sais pas composer, je connais trois accords, c'est pas de la fausse modestie. Etre musicien, c'est vraiment autre chose que ça. On va dire que je suis rocker, mais pas musicien. J'ai juste su faire fructifier le talent que j'avais.

Dessin d'Alain Chennevière


Tu réalises également beaucoup de photos de rues du vieux Paris. A quand un livre de ces photos ?

Alain : J'aime bien faire plein de choses. Après le dessin, la photo, à travers instragram, qui m'a amusé, a pris le pas dans mon envie de m'exprimer, graphiquement. Comme je suis nostalgique, et que j'aime les choses d'avant, je me suis attaché à prendre en photo des endroits, et plus particulièrement des commerces, des hôtels, avec des façades d'avant, et qui allaient certainement disparaître. Ca fait bien 10 ans que j'ai commencé à faire ça. J'en ai plein, plein, plein dans mes disquettes. En faire un livre, pourquoi pas? J'ai un très bon ami qui est dans l'édition de beaux bouquins, et qui m'explique que c'est un peu comme pour le disque aujourd'hui, tu peux toujours faire un livre, mais pour faire quoi? Si c'est pour qu'il s'entasse dans ta cave. Pour l'instant, je suis prudent. Je ne dis pas que cela ne se fera pas. J'ai déjà fait de belles expos à Caen. J'aimerai bien sortir un bouquin, mais il faut être prudent, il faut savoir avec qui, pourquoi, comment, et à quel prix, pour le diffuser. Parce qu'il y a des gens, qui me disent quand est-ce que tu sors un bouquin? Mais le jour où il sort et que tu n'es pas au courant, ou d'autres.... donc on peut pas faire n'importe quoi. Et en ce moment, la vie est un peu compliquée, alors, bon, les photos sont faites, je continue à en faire.

Y at-il un artiste ou un groupe avec lequel tu rêverais de jouer ?


Alain : J'aimerais bien pousser une chansonnette avec Eddy, histoire de boucler la boucle. A part aux Restos du Coeur, on a jamais vraiment chanté ensemble.

Qu'est ce que tu fais lorsque tu ne joues pas ? Quels sont tes passions et tes passe-temps ?


Alain : Je lis pas mal, mais c'est plutôt le soir. J'écoute beaucoup de musique, je collectionne, je chine, surtout des disques, et de plus en plus de 78 tours. Je chine aussi des vêtements, parce que je suis passionné par les vêtements vintage. Je porte quasiment que des trucs anciens, qui ont plus de ving ou tente ans. Avec ma femme, on va aux Puces, dans les vide-greniers, en province. On s'achète à la fois des vêtements, des disques, ou des choses pour la maison. Ca c'est notre vraie passion. Depuis trois ans, on est devenus végétariens, on se passionne pour l'agriculture bio, la nature, l'environnement. Sans être militant, c'est vraiment que pour nous, et pour les amis. Etant devenus végétariens, on n'achète plus de nourriture préparée, donc on se fait à manger matin, midi et soir, c'est aussi une passion. J'adore aussi la randonnée, la marche. Par petits bouts, je refais le Compostelle avec mon épouse, puis on a plein de projets de promenade comme ça.

Comment as-tu vécu ces deux années de confinement?

Alain : Il y a eu trois confinements, en tout. le premier confinement, je l'ai très bien vécu, parce que c'était nouveau, parce qu'on avait pas le choix, on y croyait, on ne pouvait pas faire autrement. Ici, c'est un petit terrain avec quatre grands immeubles, un peu d'arbres, un peu d'herbe, donc, tous les jours, on allait faire une promenade autour de la résidence. On se mettait à la barrière, on regardait s'il y avait des gens dans la rue. Il y avait personne. J'ai écrit plein, plein, plein de chansons, j'ai dessiné, ma femme s'est mise à la broderie, à plein de choses qu'elle avait envie de faire. On a vécu en vase clos. J'étais presque déçu que ça s'arrête. D'une part parce que  on était bien, et d'autre part parce que je pensais que c'était trop tôt pour arrêter. Le deuxième confinement, ça a été aussi, mais c'était moins productif, parce qu'il était moins féroce. On pouvait sortir un peu plus, on était tenté d'être un peu plus dehors. Là, on espère en entre sorti, mais est-ce que l'on va pas être à nouveau reconfiné, va savoir!. Pour moi, c'est pas fini. Ces deux années un peu bizarres et compliquées malgré tout, c'est pas terminé. Je pense qu'on va vite regretter le monde d'avant. C'est un peu déjà le cas. Ni pessimiste, ni optimiste. Je prends la vie comme elle vient, et j'essaie de continuer à creer, d'avancer, de faire des choses. Mais c'est vrai, que je ne voudrais pas avoir 18 ans aujourd'hui.

Tu as joué avec un bon nombre de Rockers. Peux-tu nous raconter ces belles rencontres, et notamment celle avec Vince Taylor?


Alain : Les rencontres, c'est déjà beaucoup de chance. Il y a eu des rencontres de gens que je vénérais, et que j'ai bien connu, comme Vince Taylor. D'autres que j'ai un peu cotoyé comme Eddy. J'ai eu la chance de rencontrer Johnny Hallyday plusieurs fois. On n'était pas potes, mais on a échangé plusieurs fois dans des moments un peu particuliers. Et j'ai fait de belles rencontre qui sont devenues des amitiés, comme Elliott Murphy, Laura Mayne de Native, Paul Personne, Patrick Verbeke, qui nous a quitté malheureusement. On a été très copain avec Kent, et puis la vie fait que l'on se voit moins, Little Bob aussi. Si ces gens arrivaient, on parlerait comme si on s'était quittés la veille. Avec le Golden Gate Quartet, ça a été très fort, et j'ai développé une amitié avec Clyde Wright, qui était le plus jeune, et qui est toujours parmi nous, et qui est maintenant un vieux monsieur. Il te raconte que en 52 ou 53, il chantait dans un groupe de Doo-wop, alors qu'il avait douze ans. Pour moi, c'est magique, ces histoires là. Et puis, il a les gens que l'on a croisé sur des plateaux, dans les concerts, Fats Domino, The Blue Caps de Gene Vincent, avec Johnny Meeks, Screaming Jay Hawkins, Dick Rivers, qui malheureusement est parti, et beaucoup d'autres. Tout ça, pour moi, c'est beaucoup de chance, et beaucoup de bonheur. Je regrette tous les jours que dans ces années-là, on avait pas les petits portables, parce qu'il y avait des photos à faire. Le premier pionnier que j'ai rencontré, un pionnier du rock français, c'était Danny Logan, le chanteur des Pirates, en 76. J'ai chanté "Blue Suede Shoes" avec lui à Caen. Malheureusement, il est mort peu de temps après. C'était le premier, et après, c'était Vince, avec qui j'ai beaucoup tourné. On l'a accompagné, j'ai vécu des trucs avec lui assez incroyables. Après, j'ai rencontré Jack Scott, Gene Summers, et plein d'autres... Beaucoup de chance!  



En janvier 2020 tu reformes 'Les Alligators" avec un line up différent et des influences musicales qui te correcspondent bien. A quand un album ?

Alain : Quelques mois avant le premier confinement, en février 2019, pour mes soixante ans, j'organise un concert de rock'n'roll, au Balajo. Ca fait pas mal de temps que je suis revenu de façon plus "sérieuse" au rock'n'roll de mon adolescence, des années 50. Très souvent, on va au Balajo, à cette époque là, parce que tous les mercredis, il y a une soirée rock'n'roll, avec des danseurs, des DJ, c'est l'ami Turky qui organise ça. On retrouve plein de potes du milieu rock'n'roll, on s'amuse vachement bien, et c'est notre moment à nous. Pour mon anniversaire, j'appelle quelques copains musiciens, on monte un groupe, et on fait un joli concert. A cette époque-là, j'ai pas vraiment le projet en route, mais je me dis, tu as encore la voix, l'énergie, l'envie. Il y a une scène, un circuit, des festivals qui pourraient te permettre de t'exprimer, pourquoi ne pas remonter un groupe de rock'n'roll ? Comme avant, pour boucler la boucle. L'envie me prend, j'y pense, je me mets à penser comment je vais appeler ça. Je me dis pourquoi pas "Les Alligators" ?.
Il y a cinq ans, tu m'aurais dit tu vas reformer "Les Alligators", je t'aurais dit non. C'est loin, c'est fini, on était jeune, même pour moi, c'est presque mythique. Et par respect, pour les gens qui ont aimé ça, par respect pour mes musiciens d'avant, pour l'histoire, tu peux pas refaire un groupe qui s'appelle "Les Alligators". Parce que je sais très bien qu'il n'y aura personne de l'époque, à part moi. Marc Periz, avec qui je suis toujours en contact, n'a plus envie, il n'a plus vraiment l'énergie pour ça. Je lui en parle, mais je sais que ce sera compliqué avec lui. Pascal, son frère, qui était dans PoW Wow, et guitariste rythmique, ne pourra pas non plus, Momo, le guitariste est décédé. Les gens sont plus là, à part moi, et j'ai vraiment envie que ce soit un nouveau groupe d'aujourd'hui, et qu'on soit au top de nos possibilités. Je connais plein de musiciens, un peu plus jeunes que moi, qui feraient l'affaire, et qui permettraient de continuer l'histoire, et donner une nouvelle vie aux "Alligators", en respectant celle d'avant. Et puis, "Les Alligators", c'est moi qui les ait créés, j'ai été le chanteur du début à la fin, c'est mon groupe, c'est mon histoire, finalement, j'arrive au bout de tous mes questionnements, et je refais "Les Alligators". Je sais très bien, et je m'en fous un peu, que les gens qui déjà n'aimaient pas "Les Alligators", dans ce petit milieu, trouvent que j'exagère, que j'ai pas le droit, que ci que ça, mais je m'en fous, c'est mon histoire. Donc on a fait un premier concert au Balajo, juste avant le confinement. Très vite, on a été programmés au Festival de Béthune, Béthune Retro, à l'American Tours Festival, à Tours. Malheureusement, ces deux festivals ont été déprogrammés deux fois de suite. Béthune, on a réussi à le faire l'année dernière, mais l'American Tours Festival n'a pas été reprogrammé. Aujourd'hui, j'ai enregistré quelques titres que j'ai écrit pendant le confinement, je prépare une nouvelle session d'enregistrement, j'ai deux clips en préparation, Je vais bientôt mettre des titres sur les plateforme, sur Facebook, sur Youtube..., et peut-être préparer un vinyle pour assez vite. J'ai trouvé un tourneur en province, et on commence à élaborer une tournée. C'est reparti pour "Les Alligators",  j'espère que j'aurais l'énergie.

Pour finir, si tu devais te rendre sur une île déserte, et ne garder que 3 choses : un disque, un film et un troisième choix, quelle serait ta sélection et pourquoi ?

Alain : Le film, ce serait Frankenstein, de Boris Karloff, de 1931. Le disque, ce serait une compil, où il y aurait Elvis, Sam Cooke, les Everly Brothers, les Beatles, Marty Robbins. C'est une compil, je suis malin! et deux photos, une de ma femme, et une de ma fille.  

Si tu devais te définir, quelle serait ta phrase ou ta devise?

Alain : Peut mieux faire! Je le pense vraiment. Je m'en veux de n'avoir rien sorti, même en indépendant, entre PoW Wow et aujourd'hui. C'était parce qu'on était tellement haut avec PoW WoW, que l'impression était "A quoi bon?", quoi. Et sortir un CD pour en vendre 20 ou 30, je me suis un peu dégonflé sur mes quelques aventures. Je pense qu'un jour je vais sortir un coffret grand comme ça, Parce que des morceaux et des maquettes, j'en ai. Là, il y aura tout, parce que j'en ai plein, plein, plein, des chansons, dans des styles un peu différents. et pour moi, PoW WoW, ce n'est pas différent des "Alligators". Les premiers concerts de Pow Wow, on faisait a capella "Crying in the chapel", des morceaux de Gene Vincent, des Beatles, du Elvis, et c'était rock'n'roll. On faisait "Louie, Louie", "Iko, Iko", en gros on avait juste enlevé les instruments, et il y avait plus de voix. Après, le succès de Pow Wow a fait qu'on est allé vers quelque chose d'un peu plus variété, aussi bien dans l'image que pour certaines chansons. Mais pour moi, Pow Wow, c'était un groupe de rock'n'roll. Tout ça, c'est logique et cohérent. C'est pour ça que je repense à mes cahiers d'école, où il y avait marqué peut mieux faire. J'ai eu la possibilité, mais je ne l'ai pas fait. Maintenant, je sais que j'ai accompli des choses, pas si mal que ça, et les gens me le renvoient tout le temps, donc, c'est important aussi. Je sais que Pow Wow, c'est important pour les gens, je sais que "Les Alligators", c'est important pour les gens. Rien que ça, c'est fait, et tant mieux. Mais je me juge de façon clairvoyante, et je sais que je n'aurais pas forcement fait mieux, mais j'aurais pu faire plus.

As-tu des regrets ?

Alain : Les hauts et les bas, les moments d'absence que j'ai eus, on fait ce que je suis aujourd'hui. Si j'avais des choses à refaire, il y en a que je ferais différemment, mais, je ne peux pas dire que j'ai des regrets. A part de ne pas avoir d'appareil photo quand je rencontrais toutes ces belles personnes. J'aurais aimé voir Gene Vincent sur scène, par exemple, et j'aimerais beaucoup rencontrer Paul McCartney. A part ça, non.

As-tu un message à faire passer à qui te regarde ?

Alain : Le vieux sage! J'ai envie de parler de quelque chose d'un peu plus large que la musique ou le dessin. Je trouve que l'époque est bizarre, et je comprends que des tas de gens cherches des raisons, des ennemis, pour expliquer ce qui leur arrive, pourquoi leur vie est de plus en plus difficile, mais je crois que c'est dangereux. La solution, elle est plutôt dans le respect mutuel, l'écoute, la compréhension de l'autre quel qu'il soit, et surtout pas chercher les causes de son malheur ailleurs. Même si la conjoncture économique, les boulots qui ne sont pas assez payées... C'est pas si simple que ça. En tout cas, si, au jour le jour, chacun se dit bonjour, se serre la main, ou se check, et respecte l'autre, il faut privilégier le dialogue, encore et toujours. Je trouve qu'il y a trop de dureté et de haines, maintenant, et je pensais pas qu'on en arriverait là. C'est peut-être un message un peu baba cool, mais je suis un vieux baba cool, je suis de cette génération. Franchement, quand j'avais 15 ans, je ne me voyais pas en l'an 2020 comme ça. Serrons nous les coudes, et soyons, bons, gentils, altruistes, et peut-être que les choses, petit à petit, s'amélioreront. Allez en paix.     




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Paris Avril 2022.
Thierry Cattier
Photos : Th. Cattier /
Shooting Idols et DR