jeudi 23 février 2023

RENAUD HANTSON // INTERVIEW // Nostalgic Memories - Décembre 2022.


Aujourd'hui, place à une belle rencontre, un moment d'échange privilégié avec Renaud Hantson, écorché vif et vrai rebelle au cœur tendre, une après-midi entière où, ne voyant pas les minutes passer, nous avons ainsi pu entendre Renaud se confier sur des sujets forts, parfois douloureux, toujours sincères et très personnels. Renaud est un véritable artiste en ce sens qu'il fait partie des gens qui ne savent pas mentir et offrent des purs moments de vérité.

Voici la première partie de cette interview, encore un grand merci à Renaud de nous avoir fait confiance et de nous avoir ouvert son cœur.



Tu es né à Paris en 1963 Comment s'est passée ta jeunesse, et quels souvenirs gardes-tu de tes premières années, l’adolescence, l'école, de tes amis et ta famille ?


Renaud Hantson
- J'ai commencé la musique à 6 ans grâce à la sœur d'un copain d'école maternelle qui écoutait du rock des années 70. Elle écoutait Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath, Les Beatles, Les Rolling Stones, Humble Pie, Grand Funk Railroad, Mountain. Ça, c'est tous les groupes qui m'ont inspirés. Cactus, Budgie, tous ces groupes, je les ai découverts grâce à la soeur de Benjamin, mon pote, qui était guitariste. Son père, d'ailleurs, était guitariste de Jazz. Et moi je chantais par la force des choses car on ne trouvait pas de chanteur. Je me suis monté une fausse batterie avec des barils de lessive. Alors, Omo, Dash, Ariel pour ne citer que quelques marques et on a commencé comme ça. Jusqu'au jour où mes grands-parents m'ont acheté les premiers éléments d'une batterie. Une caisse claire et une cymbale. Et la deuxième année c'est chez Paul Beuscher, pour ne pas les citer, célèbre magasin de musique à la Bastille qu'ils m'ont acheté le reste de la batterie. C'était une batterie à mille balles, une Peters! L'année d'après on a voulu compléter les éléments mais il n'y avait plus la même couleur. Donc, 2/3 ans plus tard j'ai effectué mon premier job d'été et je me suis acheté ma première batterie. Pour l'école, c'était cursus normal. De la maternelle au bac, que j'ai brillamment raté, avec mon pote Benjamin qui est toujours guitariste et musicien de studio. On a fait tout le cursus normal. A l'époque soit tu faisais C scientifique, D scientifique ou A littéraire. On était au Lycée Charlemagne, un bahut scientifique et on a choisi A puisqu'on était des rebelles. Donc c'était la section dépotoire du Lycée Charlemagne mais nous on faisait de la musique et aujourd'hui on est des rock stars (rires)


Quelles ont été tes premières découvertes musicales, tes premières influences et tes idoles ?

Renaud Hantson
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C'est ce que je t'ai dit. Mes premières influences c'est ce qu'écoutait la soeur de Benjamin. Elle écoutait beaucoup de choses, Crosby, Stills, Nash and Young, Simon And Garfunkel mais nous on a choisi la tendance dure. Ce qui nous a plu c'est Led Zeppelin et j'ai eu la chance d'avoir un instituteur avec lequel, j'ai pu reprendre contact il y a dix ans et que j'ai retrouvé grâce à un ami flic, un vrai ami que j'appelle mon Profiler car il a réussi à me retrouver mon instituteur grâce à qui, à l'âge de 9 ans, j'ai pu aller voir Led Zeppelin en 1969 au Palais des Sports de Saint-Ouen. Alors toi qui sait, puisque l'on s'est connu dans les conventions du disque, tu sais combien les mecs de notre génération aiment collectionner. Comme si c'était des figurines Panini avec des footballeurs sauf que nous on collectionne la musique et, donc, je recherche toujours des pirates de Led Zeppelin, de Black Sabbath, toute cette époque là. Parce qu'en fait mon instituteur est venu me voir, il y a très peu de temps, à Concarneau où je donnais un concert en hommage à Michel Berger. Il est toujours musicien. Il à 70 ans et c'est un mec qui nous a fait écouter Deep Purple en classe en 9ème et en 10ème. Il nous a eu 2 deux ans. J'ai eu la chance d'avoir aussi un truc avec lui. C'est que l'on a eu droit d'avoir des cours d'anglais avant le bahut car il était prof d'anglais. Il était instituteur mais avait fait des études d'anglais. Donc ça a été une chance inouïe. Parce que c'est le genre de mec qui nous a fait écouter du rock en classe, qui m'a emmené voir Led Zeppelin en demandant à Benjamin s'il y allait avec sa famille auquel il a répondu oui et en me disant, et toi Renaud est-ce que tu veux voir Led Zeppelin? N'ayant personne pour m'emmener, et face à mon désarroi, il m'a invité avec ses potes qui étaient profs ou étudiants, je ne me souvient plus. Et voilà ce sont mes influences. On a choisi la tendance hard rock de tout ce qu'écoutait la soeur de Benjamin.

A quel âge as-tu commencé à apprendre à jouer d'un instrument puis commencé à écrire tes premières chansons ?

Renaud Hantson
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J'ai commencé la batterie à 6 ans. On a été, Benjamin et moi au conservatoire du 4e arrondissement de Paris de l'âge de 9 ans à 11 ans puisque nous habitions respectivement dans les 3e et 4e arrondissements. J'ai refais du conservatoire à 16 ans jusqu'à 19 ans, année de la sortie de mon premier album de Satan Jokers où j'ai obtenu un prix d'excellence à la batterie. Là, c'était un gros conservatoire avec un des plus grands professeurs de batterie et de caisse claire en France. Paix à son âme, mon prof  Guy Lefebvre était un des plus grands. Il avait conçu des méthodes de caisse claire. Il était tambour major à l'armée. C'était vraiment un grand musicien qui a formé beaucoup de batteurs de ma génération. Je crois qu'il m'aimait bien car j'étais son élément rebelle, le rocker avec les cheveux longs. C'était une belle époque.. Mes premières chansons, je les ai écrites avec Benjamin. On déconnait, moi sur mes barils de lessive, lui avait une petite guitare flamenco, son père était guitariste de Jazz donc c'était plus facile pour lui. Mes parents ont divorcé et ma mère était la seule à gagner sa vie pour m'élever. J'ai vécu dans un HLM, mais je n'ai jamais manqué de rien... Ma première chanson, c'était à 9 ans. Je crois que j'ai des K7 de ça. Il faudrait que je sorte les K7 de Renaud Hantson à 9 ans. Je suis sûr que si on les remasterise, ça devrait être drôle.

Te souviens-tu de tes premières créations ?


Renaud Hantson
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Ma première création c'est ça, à 9 ans ! Je me souviens du premier concert, on a 14 ans. C'est sur une péniche et c'est catastrophique. A l'époque on avait pas d'expérience et Benjamin ne savait pas qu'une guitare, quand il fait très chaud et qu'il y a beaucoup de monde, ça se désaccorde. Il y avait tous nos copains de classe et c'était blindé. Donc il a joué avec une guitare désaccordée tout au long du concert. Moi, je ne savais pas qu'avec la tension nerveuse, j'allais taper comme un sourd et chanter en même temps. J'étais essoufflé et je commençais a avoir des crampes. J'étais tétanisé, ce qui n'arrivait jamais tant qu'on répétait dans le HLM de ma mère. Parce qu'on jouait super léger. Sauf que là je tape comme un bourrin pour, vraiment, que l'on ait du volume, que ça soit rock. Et je tétanise. J'ai la main qui se crispe donc je ne peux plus passer aucun truc difficile. On a toujours aimé depuis l'âge de 7/8 ans, période ou l'on a commencé la musique. Moi j'ai démarré la batterie vers 7 ans. A 9 ans nos parents nous inscrivent dans un petit conservatoire de quartier et toute l'expérience s'est faite dans des locaux de répétition et lors de ce premier concert, qu'on organise, nous même, à 14/15 ans. On s'appelait "Wrath", imprononçable pour les français. Ce qui veut dire colère. Car dans la section littéraire où nous étions on avait lu "les raisons de la colère" et on avait vu la traduction. De "Wrath" on est passé à "Tract" car il y avait un groupe qui cartonnait en France et qui s'appelait "Trust". Groupe qui nous a énormément inspiré. Et j'ai toujours dit que si j'avais monté Satan Jokers, c'était le contraire de Trust. C'était plus gothique, inspiré par Black Sabbath, Judas Priest. C'était pas du tout politisé comme Trust. Ils ont ouvert la voie, donc on a monté un groupe qui s'appelait "Track" qui reprenait presque le logo de Trust avec un A comme anarchie. C'était pas inintéressant. Et sur cette péniche j'ai compris tout ce qu'il ne fallait pas faire. Avec le guitariste qui jouait à moitié faux parce que sa guitare était désaccordée, un bassiste qui faisait ce qu'il pouvait mais qui a mis de l'ordre dans la maison, Laurent Bernat  paix à son âme et qui est le mec avec lequel j'ai monté, par la suite, Satan Jokers. Un grand bassiste. Et moi qui chantait en même temps que je jouais de la batterie. Donc, il n'y avait pas de jeu de scène. C'est bien des années plus tard que je suis passé devant et que j'ai commencé à avoir ce contact avec le public. Jusque là j'étais bloqué derrière ma batterie et c'était difficile de faire bouger les gens et d'avoir un contact avec le public. Quels souvenirs !

A 16 ans tu reçois le prix d'excellence du conservatoire, quels souvenirs gardes-tu de ces moments-là ?

Renaud Hantson - C'est un souvenir un peu spécial parce que j'ai pris 3 cours chez un particulier... que je peux nommer. Après, il a monté une très grande école à Paris. Il s'appelle Daniel Pichon. Et il se trouve que le jour où je passe le prix d'excellence et le prix supérieur, les deux diplômes les plus importants au conservatoire, je les passe en une seule fois. Et je vois que c'est Daniel Pichon le président du Jury. Moi, j'ai pris trois cours privés chez lui et il passait son temps au téléphone. Donc, si tu veux, il ne m'a pas appris grand chose. Je préviens Guy Lefebvre mon prof, celui que j'appelle aujourd'hui mon petit pépé parce qu'il était déjà âgé mais il était tonique. Un mec d'une énergie incroyable. Quand je me suis inscrit au conservatoire, il me disait "Hantson, toi tu sais déjà tout faire, t'es un tueur. Alors tu ne viens pas. Tu viendras juste les deux derniers mois pour qu'on prépare le diplôme et le reste du temps j'irais au café boire du rouge". Il a fait ce que je fais aujourd'hui. Il a bu un coup de rouge toute l'année en pensant à moi et en se disant Ok, on va préparer le diplôme les deux derniers mois comme ça Hantson il n’emmerdera pas puisque c'est un rebelle et qu'il est chiant. En même temps j'avais déjà sorti un premier album et il était très fier. J'avais déjà sorti "Fils du métal" avec Satan Jokers. Tout ça pour dire qu'on prépare le diplôme pendant un mois et demi en me disant ce qui risque de tomber comme examen. Et il y a Daniel Pichon président du jury. Je préviens Guy et lui dit "Ce mec là, j'ai pris 3 cours avec lui, il ne sait rien faire". Je l'avais vraiment mauvaise. Alors que Daniel Pichon est, en fait, un vrai professeur.

Le problème c'est qu'il a saqué tout le monde. Et des 80 familles qui étaient présentes pour voir leurs gosses obtenir un diplôme, tu as 74 ou 76 candidats qui n'ont pas eu de diplôme ce jour-là. Il a dit un truc en remettant le prix supérieur et le prix d'excellence à la dernière seconde, puisque l'on était au moment du dernier examen que toutes les familles regardaient. Les 4 élèves qui ont passé les diplômes ce jour-là étaient le haut du panier et
Daniel Pichon a dit "Je sais que j'ai déçu beaucoup d'entre-vous mais ma présence, aujourd'hui, signifie que les conservatoires parisiens, de banlieue et de province ne doivent plus donner, à l'emporte-pièce, des diplômes à des gens qui ne le méritent pas. Il y a aucune raison pour que ça se passe comme ça. C'est pourquoi cette année !.. Et là je regarde Guy et je lui dit "Je vais lui péter la gueule". A l'époque je faisais du Kung Fu. Et là il rajoute un truc tout à fait honorable. "C'est pourquoi, aujourd'hui, le seul élève qui aura le prix d'excellence, c'est Renaud Hantson. Donc j'ai compris la démarche. J'ai été attristé par tous les élèves qui étaient là et qui ont raté leur examen et les familles surtout. Moi, j'étais au conservatoire de Fontenay-sous-Bois et Guy était un grand professeur. Il faut savoir que c'est lui qui a fait que dans les conservatoires nationaux la batterie existe, désormais, en tant que telle. Avant c'était les percussions, la batterie n'existait pas. Tu vois, on aborde un peu de culture dans cet interview qui n'est pas seulement qu'à ma gloire. Un hommage à  Guy Lefebvre mais également à Daniel Pichon Parce que, quelque part, il a toujours son école de batterie. Je pense qu'il ne passe plus son temps au téléphone. Je pense qu'il donne de vrais cours et j'étais très fier, ce jour-là effectivement, que le seul à obtenir le prix supérieur et le prix d'excellence ce soit moi. Mais il a tellement fait durer le suspense et il l'a dit d'une telle manière que j'ai été voir Lefebvre et lui ai dit que j'allais lui péter les dents. Ca veut dire que personne n'avait le diplôme. Il y en avait deux autres qui ont obtenu un diplôme dans le moyen 1 et le moyen 2, un autre le prix supérieur et c'est pour ça qu'aujourd'hui, sur les 3 élèves qui ont passé le concours il n'y aura que ... J'étais heureux. Ça fait longtemps que je n'ai pas raconté cette histoire. Tu m'as replongé dans un passé lointain

Te souviens-tu du tout premier concert que tu as donné ? De la ville et/ou de la salle ?

Renaud Hantson
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Je te l'ai dit. Le premier vrai concert c'est sur une péniche avec tous les problèmes qu'il y a eu. Je crois me souvenir que ce concert était organisé par Blasphème Un groupe de Hard Rock, des potes à moi. Enfin c'était un festival très bancal et nous on était les jeunes du festival, du moins le groupe le plus jeune. On avait 15 ans. Mais ma première vraie scène, c'était dans un club méditerranée. Ma mère avait divorcé de mon père que je n'ai revu que 20 ans plus tard et à l'âge de 9 ans j'ai joué "Satisfaction" avec des GM, des gentils membres, c'était organisé par des GO, des gentils organisateurs. C'était une soirée dédiée au rock. Il n'y avait que des jeunes de 25/30 ans et personne ne s'inscrivait pour la batterie. Du coup, je dis "ben moi". Les mecs me regardent en disant "Pas toi, on va jouer les Stones" et je répond "ben ouais". Et donc on fait une répétition. Là, tout le monde me regarde et me porte déjà en triomphe en me disant que je suis la valeur sûre du concert de ce soir. Et il y en a eu que pour moi. Et le truc incroyable c'est que faire de la musique attire le regard. Mon premier flirt a eu lieu deux jours après avec une petite belge qui m'a fait un bisou sur la bouche sur un tatami, la nuit. Il y avait des cours de Judo, d'Aïkido car le club Med, c'est plein d'activités. Ma mère voulait bien faire et voulait que je sois occupé. Et puis ça lui permettait peut-être de faire des rencontres. Ce que je ne crois pas car je ne l'ai jamais vue avec un homme après le divorce. Elle en a connu paraît-il, c'est ce qu'elle me dit. J'ai toujours du mal à la croire mais je pense qu'elle ne me ment pas. Tout ça pour dire que j'ai joué "Satisfaction" à l'âge de 9 ans dans un club méditerranée en Yougoslavie. Donc mon premier concert c'était déjà une tournée mondiale (rires).

En 1983 tu fondes Satan Jokers, raconte-nous ta rencontre avec les autres membres du groupe et vos débuts ?

Renaud Hantson - En fait c'est le fameux bassiste qui a joué sur la péniche. C'est d'ailleurs le seul qui s'en est sorti royalement. Il avait un gros ampli orange, de la marque du même nom. Il avait une basse Laurent Bernazzani. Laurent Bernazzani qu'on a appelé ensuite Laurent Bernat pour sa façon Italo quelque chose... J'ai monté un groupe qui s'appelait Jarretelle avec lui et qui est devenu, avec le fils de l'intendant du lycée Charlemagne, Satan Jokers. Il y avait un mec qui s'appelait Herve Perrault à la guitare, Laurent Bernat à la basse et moi au chant et à la batterie. Et là, je leur dit que Satan Jokers ne peut être un trio. J'adore pourtant, Cream, West Bruce and Lane, Grand Funk Railroad, Hendrix. La formule trio c'est la base du rock'n'roll mais il y avait besoin d'un showman, besoin d'un mec devant. Et moi, je ne me sentais pas lâcher les baguettes. Je n'arrivais pas à trouver un mec qui puisse apporter la même pulsation et la même technicité que ce que je mettais, à l'époque, dans le jeu de batterie. Et puis je voulais quelque chose qui soit un mélange de hard rock et de Jazz rock. Je voulais un truc entre Magma et Led Zeppelin. Mais surtout, je voulais quelque chose techniquement au dessus de la norme, enfin c'est ce à quoi j'aspirais. Des fois c'était un peu naïf et ça a mal vieilli parfois mais c'était pas si mal que ça. C'était en avance... Donc, je passe une annonce dans le magazine Best. J'avais mis "Groupe aimant Black Sabbath, Led Zeppelin, Judas Priest cherche chanteur visuellement présent en vue d'album et de concert". Et il y a un mec Pierre Guiraud qui répond, un mec de Toulouse qui vivait à Paris à ce moment là puisqu'il bossait pour la SNCF. Il a tout lâché et s'est donné à 100% dans le groupe. C'était pas un grand chanteur mais c'était un grand showman. On a appris ensemble. Je lui ai appris des trucs, il m'a appris d'autres choses. Nos idoles étaient David Coverdale pour lui et Glenn Hughes pour moi. C'était mon super pote. On aimait les indiens tous les deux et on aurait aimé l'être. On ne l'as pas été mais on est devenu des rockers et on a monté Satan Jokers. Satan Jokers a existé dès que Pierre Guiraud est entré dans le groupe.



D'ou viens le nom de Satan Jokers ?

Renaud Hantson
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C'est marrant que tu me poses cette question car, comme tu peux le voir, j'ai sorti ce sweat shirt qui est à l'honneur des Hell's angels. 8, ça veut dire H. C'est la huitième lettre de l'alphabet. 1, c'est la première lettre. Ça veut dire Hell's angels. En fait ça veut dire que tu soutiens ton club de Hell's angels local. Je suis ami avec certains membres de ce club de motos célèbre. J'avais le livre de Hunter S. Thompson un américain qui avait mené une enquête sur le gang des hell's angels aux États-unis à la création du gang des motards. C'était très sulfureux à cette époque. D'ailleurs je crois que ça s'est mal terminé pour lui mais en tout cas, il a sorti son bouquin. Il y relatait le parcours de deux bandes de motards plus ou moins amis/ennemis des Hell's. C'était les Satan Slaves et les Gypsy Jokers. J'ai contracté les deux noms, donc Satan Jokers et c'est devenu le nom du groupe. Je cherchais un nom qui sonne un peu comme Judas Priest ou Black Sabbath. Un nom qui sonne français et anglais. Et j'ai trouvé le logo durant les trois jours que j'ai passé à l'hôpital pour une appendicite. Donc comme je n'avais rien d'autre à faire que d'avoir mal au ventre j'ai dessiné le logo du groupe en m'inspirant du tatouage que j'avais depuis des années avec le S et le J... c'est des souvenirs tout ça !! Et c'est marrant que tu me poses cette question le jour où je porte ce sweat shirt. Un hommage à ceux pour qui j'ai fait plusieurs concerts et au plus grand club de motos au monde.

En 1986 tu choisis de démarrer une carrière en solo : pourquoi ce choix ?

Renaud Hantson
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C'est très simple. J'ai toujours écrit les mélodies et la plupart des textes de Satan Jokers et même quelques musiques. On a eu beaucoup de critiques sur Pierre dans certains magazines au début de la carrière du groupe. Et puis tout le monde s'est accordé à dire qu'on était en avance et que Pierre était un grand showman et un chanteur intéressant avec cette manière très "déglingue" d'interpréter du métal. Même s'il aimait le hard FM et des groupes comme Queen. On était un groupe très cultivé en matière de rock music avec une ouverture très large. Moi, j'écoutais Kate Bush, Peter Gabriel, Michel Jonasz, Daniel Balavoine, Al Jarreau, Prince... Donc, j'ai eu envie d'écrire des chansons plus pop, plus mélodiques où je ne sois pas obligé de gueuler pour faire passer un message. Je voulais chanter tout simplement. Je voulais continuer à faire de la batterie en studio mais lâcher les baguettes sur scène pour passer devant. Donc, j'ai fait deux premiers concerts dans une petite salle parisienne. J'ai eu la chance dans ma vie de faire, une fois dans ma vie, le Stade de France grâce à Jean-Marie Bigard où j'ai interprété 6 ou 7 chansons et faire la plus petite salle de Paris Le Cithéa Où il y avait pas plus de 90 places. J'en garde un super souvenir. C'est la première fois où je me suis produit avec mon propre répertoire en tant que chanteur. J'allais deux fois à la batterie, ce que j'ai fait souvent dans ma carrière après. Et il y a un premier 45t solo qui sort en 1986. La durée de Satan Jokers a été une fulgurance comme disait Michel Berger. 1983, "Les fils du métal, 1984, "Trop fou pour toi", 1985, le troisième album qui est un LP de 6 titres. En 1986, je sors "Ta voix sur le répondeur "un premier 45t chez Phonogram. En fait je suis resté sur le même label. On a pas eu beaucoup de succès mais ça a marché en club car, à l'époque en discothèque, il y avait encore les slows. C'était une ballade donc ça a bien marché dans les clubs et j'ai même occupé les premières places des classements de slows. Mais, j'ai gagné zéro centimes. C'était sympa et ça reste un bon souvenir en tout cas. En fait on s'est séparés parce qu'on en avait marre.

Je crois que lorsque tu te lances dans un projet de qualité et que tu te rend compte qu'en France, même un groupe comme Trust commence à ne plus vendre de disques, qu'il y a un désintérêt du public pour les groupes de Hard rock français. Moi, ce qui m'a miné le moral c'est que l'on a fait un festival qui s'appelait France-Festival à Choisy le Roi en 1985. Et on fait péniblement, avec en tête d'affiche, Satan Jokers le premier jour et Trust le deuxième jour. A l'intérieur de l'affiche il y avait plein de groupes, Warning, Vulcain, Blasphème. Enfin, on était tous là. Et tu te rend compte que l'on fait 2000 personnes alors que trois jours après, tu en as 16000 pour Deep Purple à Bercy ! On se dit Ok, il y a peut-être quelque chose qu'on a pas compris. Les français aiment le Hard rock quand il est Anglo-Saxon. donc, dans ce cas-là, pourquoi je n'ai pas chanté en anglais, pourquoi je me suis fait chier à écrire des textes en français. Je souhaitais être créatif et, quelque part, Bernie Bonvoisin avait ouvert la voie avec "Antisocial", "Le mitard""Bosser Huit Heures" et a prouvé qu'on pouvait faire du hard rock en Français. Donc on était toute une génération de musiciens à avoir crû à cette mouvance en pensant qu'on serait plus soutenus par le public français. Quand tu vois que tu fais 2000/2500 personnes dans un festival où tu as tous les plus grands groupes de hard rock français, à l'exception de 1 ou 2 qui n'étaient pas sur l'affiche, tu te dis que ça fait mal au c... Et là j'ai décidé d'arrêter. J'ai décidé que ma carrière solo allait démarrer là. De faire quelque chose de plus pop et de plus accessible destiné à un public plus large. Il se trouve que dans l'année qui a suivi, j'ai rencontré Michel Berger et que ma carrière a pris un essor plus important car je suis rentré dans Starmania. Certaines personnes du circuit hard rock m'en ont voulu alors que tous les musiciens de hard auraient rêvé d'avoir ma carrière. C'est ça qui est fou. Aujourd'hui les gens le savent et le disent. A l'époque je passais pour un traître. J'aime pas LA musique, j'aime LES musiques !! J'ai jamais dit que je me contentais d'écouter Pantera au réveil, Motorhead à midi et Black Sabbath à 20h pour aller dormir. Je suis désolé.



Puis tu participes à deux comédies musicales "opera Rock" (Starmania de 88 a 90) et La légende de Jimmy (90 a 91) de Michel Berger et Luc Plamondon, comment s'est passé cette rencontre ?

Renaud Hantson
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A l'époque je sors avec une femme qui s'appelle Sophie Tellier Elle est chorégraphe de Mylene Farmer et grand amour de ma vie passée il y a longtemps ... qui me dit "écoute cet album, je suis sûre que tu pourrais intégrer cette équipe". Michel Berger est en train de remonter Starmania. Moi, je connaissais les trois gros tubes "Quand on arrive en ville", Le blues du businessman", "Les uns contre les autres"..et aussi "SOS d'un terrien en détresse" mais je ne connaissais pas le reste. J'appelle mon manager   Robert Bialek qui s'avérait être l'ancien tourneur de Daniel Balavoine. Et Robert Bialek me dit, "Renaud, formidable que tu souhaites faire ce spectacle mais aucun chanteur ne remplacera Daniel Balavoine dans le cœur des français. Donc oublie et trouve un personnage où tu peux éclater et lui apporter ses lettres de noblesse. Trouve quelque chose où tu puisses transcender ta voix et ton physique. J'écoute l'album et je vois Ziggy. Ziggy c'est ma culture, c'est David Bowie, j'ai les jambes fines, je fais androgyne parce que je suis mince. Je lui dit que je ferais un parfait personnage gay. Et je vais t'avouer quelque chose. Moi qui suis profondément hétérosexuel je l'avoue aujourd'hui. Je sais que ça va désoler tout le circuit homo qui m'adore et que j'aime énormément. Quand tu joues un personnage gay, tu n'es jamais autant dragué par les gonzesses. C'est un truc de fou. Plus tu joues un personnage homo plus les femmes viennent te draguer à la sortie. J'ai jamais compris le phénomène. Donc, je m'attaque à Ziggy et  Robert Bialek me fait rencontrer Michel Berger dans un studio d'enregistrement qui s'appelle "Le studio des dames" à Paris. Et en fait, je fais une sorte d'audition. Il y avait déjà un chanteur sur le coup Erikarol qui avait sorti un single "Partir", ou "Je viens de partir".

Il était pas mal, bon physique, bonne voix. Le mec est sensé faire le personnage et je rencontre Michel Berger dans le studio. Luc Plamondon est au téléphone et ne le lâche pas durant toute l'audition. Il l'a juste posé à la fin pour me dire "Ça serait bien que tu fasses un numéro de batterie plutôt que de faire le danseur à la fin". Et Michel, je sens dans ses yeux que c'est moi, que j'ai explosé le truc. Il n'y a plus d'audition, plus de compétition, plus de match. Il me veut et je sais que c'est moi. Et il se passe ce truc très filial qu'il y a eu pendant trois années. Avec lui on se comprenait sans avoir à se parler et il m'a dit une chose extraordinaire à la fin de l'audition avec sa manière à lui, très bourgeoise car il avait une éducation très bourgeoise. C'est pour ça qu'il aimait autant Hallyday, Balavoine ou moi. C'est parce qu'on était des rockers et qu'on pouvait exprimer ses mélodies de manière très différente de ce que lui faisait lorsqu'il les chantait lui-même. Là, il me dit "il y a qu'une seule chose qui me dérange avec toi c'est que tu pourrais aussi bien faire Johnny Rockfort" alors que moi, dans ma tête, j'avais qu'une envie c'était de faire Johnny Rockfort. Et Ziggy, je le faisais en désespoir de cause parce que mon manager m'avait dit qu'aucun chanteur ne remplacerait Daniel Balavoine dans le cœur des français. Et j'ai explosé dans Ziggy. Je lui ai donné de l'importance dans le spectacle mais c'est aussi une grande chance si ce personnage est devenu important en 1988. Ce n'est pas seulement grâce à moi mais le fait d'avoir, comme partenaire directe, Maurane, dans le rôle de Marie-Jeanne. Maurane reste à mon sens la plus grande chanteuse francophone de tous les temps. Céline, tu ne m'en veux pas, Je t'adore ! mais Maurane avait ce supplément d'âme que n'ont pas beaucoup de chanteurs. On ne va pas faire un interview larmoyant mais toi, tu le sais puisque tu me questionnes et que tu es un ami. Je suis en plein divorce. La femme que j'aime est partie de la maison où je suis. Autour de moi, tout m'évoque ma femme, mais tout m'évoque aussi Michel Berger, Maurane, Daniel Balavoine, France Gall. Plein de gens que j'ai perdu dans cette profession et qui étaient mes seuls repères. Donc Maurane c'était une grande chance de l'avoir comme partenaire directe car c'est ça qui a fait éclater Ziggy. Le personnage est devenu important. Alors, bien sûr, quand Céline Dion reprend "Ziggy !.." ça devient un succès planétaire.. Merci Céline de m'avoir rendu célèbre. Mais bon, voilà.... C'est des super souvenirs.



Puis tu enchaines avec la deuxième saison de Notre Dame de Paris, de 99 a 2001, comment as-tu vecu ces expériences, que t'ont-elles apporté ?

Renaud Hantson
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Entre-temps, il ya eu "La légende de Jimmy " juste après en 1990. Michel Berger et Luc Plamondon m'ont renouvelé leur confiance. Et effectivement en 2000, Luc m’appelle parce que Garou, Patrick Fiori et Bruno Pelletier commencent à "sécher l'école". En fait ils commencent à en avoir un peu marre. Au bout de huit mois de spectacle ils sont un peu fatigués et lis veulent vivre un peu leur vie. Patrick Fiori, à cette époque, a une relation avec Lara Fabian et est régulièrement absent. Et il n'y a pas vraiment de doublure. Pour tout dire ils ne l'ont pas trouvé. Donc la production commence à se dire qu'il serait bien qu'elle trouve une deuxième équipe parce que le spectacle est un tel triomphe qu'il serait inconcevable de laisser tomber la poule aux œufs d'or comme on dit dans ce métier. Du coup ils engagent Herbert Léonard et moi parce qu'en fait, les premières personnes qu'ils avaient sélectionnées étaient totalement inconnues et le public gueulait aux guichets parce qu'il voulait voir l'équipe qui avait créé le spectacle et pas des doublures. Sauf que lorsque Herbert et moi entrons dans le spectacle, on a des noms. Et, là, ça ne râle plus aux guichets. Donc je l'ai fait deux ans. Initialement Luc Plamondon m'avait appelé pour que je remplace Patrick Fiori dans le rôle de Phoebus mais ce personnage ne m'intéressait pas. Je trouvais qu'il était très secondaire alors que j'avais été fortement impressionné par la prestation de mon pote Bruno Pelletier qui l'avait déjà remplacé dans "Starmania" et "la légende de Jimmy" au Canada. C'est d'ailleurs avec ce dernier qu'il est devenu une star dans son pays. Ça me reste en travers de la gorge car ce n'est pas mon pays mais j'étais venu faire de la promo et c'est Bruno qui est devenu une vedette en faisant le spectacle là-bas. Bruno c'est un mec que j'adore. On a plein de choses en commun. Le rock, la batterie, les arts martiaux, Gino Vannelli et c'est un super chanteur. Je l'adore vraiment et il m'a énormément impressionné dans "Notre dame de Paris". Sa gestuelle, sa voix, cet espèce de mélange de Robert Plant et Baudelaire, ses cheveux longs. Moi, à l'époque, je m'étais coupé les cheveux. Je n'avais plus les cheveux longs mais j'en ai fait autre chose. J'ai gardé sa gestuelle et j'y ai mis ma voix un peu plus soul que la sienne et ça a fait l'affaire. Comme disent tous ceux qui nous ont remplacés par la suite, il y a deux écoles. Il y a Pelletier et Hantson.

Moi, c'était un Grégoire plus "déglingue" et Bruno, presque opératique. C'est pour ça que je pense qu'il sera parfait dans "Al Capone" de mon ami Jean-Felix Lalanne. Il sera parfait pour faire Eliott Ness face à un grand chanteur comme Roberto Alagna. Il est vraiment dans son élément, je pense. Mais oui, c'est venu comme ça. Deux années. Je n'en garde pas de supers souvenirs car j'étais à un de mes premiers pics d'addiction. J'en ai parlé dans trois livres donc il y a prescription. Et puis je sens que le tatouage que j'ai sur le bras est vraiment ce que je vis aujourd'hui. Vraiment dans une rédemption puisque j'arrête la drogue et je perd ma femme. Est-ce que c'est le prix à payer ? J'aimerais pas. Mais à l'époque j'avais du mal à lever le pied. Tu fais cet interview aujourd'hui où je suis à soixante jours sans substances. Pour les gens ça peut paraître dérisoire mais soixante jours c'est énorme pour quelqu'un qui a été sous substances pendant 27 ans. Il m'a fallu cet électrochoc là. A l'époque je faisais la fête avec les techniciens jusqu'à 9h du matin et ils étaient inquiets pour ma voix le soir. Même. Et ils me disaient "tu ne pourras pas chanter ce soir vu comment t'es défoncé" et je leurs disait "On en reparlera ce soir". Mais j'étais pas bien. Pourquoi je te parle de ça ? Parce que c'est deux années troubles. Ce sont des souvenirs bizarres. Je crois que j'ai été le plus gros salaire sur "Notre dame de Paris" et je ne leur ai fait aucun cadeau parce qu'en fait ils m'ont fait patienter pendant trois mois à la production. Et mon manager de l'époque Stephane Ellia s'était renseigné pour savoir combien touchait les québécois et on leur a fait le coup de prendre le même salaire mais avec 3000 balles de plus. Donc ça leur a coûté un peu d'argent. Mais au moins ça ne gueulait plus aux guichets. Et ils avaient un chanteur qui faisait le boulot. Mais ce sont des souvenirs mitigés. "Notre dame de Paris", pour moi, ça reste la première équipe. Autant j'ai envie de dire que Pour "Starmania", la version pour les fans, qui correspond le plus à ce qu'aiment les fans c'est celle de 1988 dont j'ai fait partie. Parce que c'est Michel Berger et Luc Plamondon qui l'ont mise en scène. Autant je sais que, populairement parlant, c'est la première version qui est la plus connue et celle qui reste la référence avec Fabienne Thibault, ma copine, Daniel Balavoine, France Gall, Claude Dubois, Nanette Workman, une autre amie du Canada avec laquelle j'ai travaillé sur "La légende de Jimmy". Un privilège car pour moi c'est la plus grande chanteuse du monde Nanette I Love You... Notre Dame de Paris" c'était un peu le "Bureau". Ça avait un côté fonctionnaire et je ne prenais aucun plaisir à y aller. J'étais content du chèque, de plaire aux gens et de me refaire une santé vocale mais c'est pas des supers souvenirs. C'est bizarre ce que je te dis là. C'est certainement la première fois que j'en parle avec autant de détails. Mais ça c'est parce que tu me fait boire du vin !! (Rires)


En 2005 tu montes Furious Zoo et tu pars écrémer les clubs, bars, et petites salles : un besoin de retour aux sources ?

Renaud Hantson - Alors, il y a une raison très simple à cela. Beaucoup de mes idoles sont passées par ce chemin là. Je pense à Todd Rundgren par exemple. Il avait sorti un album live "Back to the Bars" enregistré dans plusieurs clubs. Glenn Hughes qui a joué dans Deep Purple et qui, lorsqu'il a démarré sa carrière solo, a touché le fond. Il est remonté petit à petit en jouant dans des clubs et s'est refait une santé. Glenn, c'est 20 ans de cocaïne, une très grosse addiction. un infarctus puis part dans le désert pour mettre fin à son addiction. Et tous ces mecs sont des modèles pour moi. Des modèles de rédemption et de carrière. Tu peux pas tricher dans un club. Tu es à poil. Les gens te voient comme tu me vois là, derrière ta caméra. Il n'y a aucun artifice. Il n'y a pas cinquante tonnes de matos où tu caches la misère. Parce que dans certains cas, ce que tu fais n'est pas top. Alors tu masques avec de la fumée, des éclairages et un très gros son. Dans un club, tu te bats avec le son. Il faut y aller. Il faut être un guerrier, un mercenaire. Donc en 2005 je veux faire ça car je suis, depuis 1994, dans une lourde addiction et je sens que je me fais du mal. Je sens aussi que j'ai envie de rejouer de la batterie et je veux savoir si physiquement je suis capable, comme lorsque j'étais gamin, de chanter et de jouer de la batterie.
Donc je monte Furious Zoo en trio. Parce que pour moi, et comme je te l'ai dit, c'est la quintessence du rock'n'roll. Je me dis que visuellement ça sera peut-être chiant, quoique j'engage deux mecs qui seront super à ce niveau là. Benoit Cousin et Cédric Le Coz que je rencontre lors d'un concert à proximité d'une ferme que j'avais acheté en 2000 par ce que mon père vivait, à cette époque, dans le Limousin. Mes parents avaient une maison à la campagne et je remonte cette ferme avec mon père. Il y a un concert dans le village à Saint-Julien-le-Petit à côté de Limoges. Et je vois un groupe de Hard rock, Spectrum, avec deux musiciens russes, un chanteur et un batteur supers ainsi que Benoit Cousin à la guitare et Cédric Le Coz à la basse. Et là je leur dit "Je vous engage" puis rajoute "mais n'arrêtez pas votre groupe pour autant" et ils me répondent qu'ils ne s'entendent pas très bien avec ces gars et que ça les arrangent bien s'ils doivent se lancer dans un autre projet. Je leur fait remarquer que je suis parisien et qu'il vont devoir se déplacer sans arrêt et que ça va leur coûter du fric du fait qu'ils sont de Limoges. ils me répondent que ce n'est pas grave et qu'ils ne sont qu'à deux heures de Paris. J'ai dis "Ok" et on a fait le premier album de Furious Zoo. Pourquoi  Furious Zoo Parce qu'en 1992 j'avais sorti un album où j'avais produit Thibault Abrial, guitariste de Johnny Hallyday et du groupe "Abrial's" avec son père Patrick et qui était un ami depuis que j'avais 19 ans. Thibault, pour moi, est certainement le plus grand guitariste français. En tout cas celui qui a apporté des choses avant les autres. Et donc on sort un album qui s'appelle "Furioso" dans lequel on est en vedette tous les deux avec plein d'invités. Nono de Trust, Le chanteur de Sortilège, le guitariste de Warning, le guitariste de Stocks, Vulcain. Il y a une chanson qui s'appelle"Ten Screaming Guitars" et qui veut dire "Dix guitares hurlantes". Ils sont dix à s’escrimer sur cette chanson écrite par Thibault. Et puis, j'aimais bien l'idée de "Furioso" mais comme ce nom évoquait quelque chose à Thibault je ne voulais pas lui voler son idée. J'ai donc détourné l'idée en faisant "Furious Zoo". Et tous les albums qui ont suivi se sont appelés "Furious Zoo 1", "Furious Zoo 2"... Et là, je sors le "Furious Zoo 10" en février. "Fishnet" qui veut dire "Résille". N'y voyez aucune connotation sexuelle ! (rires)... Et Thibault... un hommage total à Thibault Abrial. A mon sens le plus complet des guitaristes français. Un frère pour moi que je ne vois jamais, malheureusement, mais que j'adore et que j'admire. Qui occupe sa vie, aujourd'hui, à donner des cours et à enseigner la guitare. Il est excellent dans ce domaine. Et quel meilleur professeur que le meilleur guitariste français. Il est magistral. Et donc, je monte ce projet avec ces deux gars de Limoges et ça devient "Furious Zoo". Un Zoo furieux. Et on en est à 10 albums en février. Voilà l'histoire. Mais à la base c'était pour me refaire une santé et voir si j'étais capable physiquement ... mais le corps est résistant en fait ..

En 2008, reformation de Satan Jokers avec d'autres membres du coup tu joues au HellFest comment as tu vécu ce moment face à ce public quels sont tes souvenirs ?

Renaud Hantson
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La reformation de Satan Jokers, c'est totalement inattendu. J'avais dis une phrase mégalo. D'ailleurs avec Satan Jokers on a toujours eu des phrases mégalo. Je reprenais en partie une phrase de Paul Mc Cartney qui disait, "Tant que John Lennon sera mort je ne remonterais pas les Beatles". Et on me disait tout le temps, "Regardes, il y a plein de groupes des années 80 qui se reforment. Tu devrais remonter Satan Jokers". Mais moi j'en avais rien à faire de remonter le groupe, que Blasphème ou que Vulcain se reforment. C'était sans espoir. Donc ça ne m'intéressait pas. Sauf que derrière tout ça, il y a la passion et on ne peut rien contre ça. Quand tu es passionné et que tu aimes ce qui a été ton premier projet professionnel et que tu as la chance de croiser sur ta route un bassiste du talent de Pascal Mulot et que tu vas en studio chez un mec qui s'appelle Olivier SPITZER qui, aujourd'hui, dirige la destinée du renouveau de Sortilège, que tu fais une maquette et que tu proposes un texte en anglais et que Mulot et SPITZER te disent "Non fait un texte en français, Renaud. Ça pourrait presque sonner Satan Jokers". Et là, je dis "On s'en fout de Satan Jokers. Le groupe a splitté et il est juste question d'une reformation pour un concert dans un festival. Vous n'allez pas m'emmerder pour faire un texte en français"... Et j'écris un truc rapide, "Vaudou", qui parle de la relation entre un père et son fils. J'y ai pas vu de relations entre mon père et moi. Mais en fait, çà pourrait vouloir dire ça! et je regarde les mecs lorsque l'on mixe le titre. Je regarde Pascal et Olivier et je fais "Putain, c'est du Satan Jokers d'aujourd'hui". Et, donc, on remonte le groupe. Olivier SPITZER à la guitare rythmique, Pascal Mulot à la basse, moi à la batterie et au chant. Mais j'avais décidé que je ferais pas de batterie. Donc on hésite entre l'ancien batteur de Warning Gérald Manceau et  Marc Varez de Vulcain qui était mon batteur à ce moment là. On prend le moins techniquement compétitif des deux, mais qui, lui, arrivait à l'heure en studio. On engage Marc Varez Qui ne correspondait pas à Satan Jokers mais qui était un mec sympa avec lequel je me suis très bien entendu pendant de nombreuses années avant qu'on se fâche pour des raisons idiotes. C'était un bon batteur et un mec bien. Jaime les mecs bien et je suis moi-même un mec bien. C'est pour ça que c'est dommage de me fâcher avec des gens bêtement. Mais aujourd'hui, il y a prescription. Parce que Gérald Manceau est décédé il y a deux ans. Paix à son âme...

La vie passe si vite et j'ai pas envie d'être en froid avec des gens quand c'est inutile. J'ai vu qu'en plus 
Gérald Manceau avait monté un tribute à Grand Funk Railroad qui est un groupe que j'adore par dessus tout. Donc on a la même culture. Enfin, tout ça pour dire qu'il nous manquait un guitariste et Pascal me dit "je vais m'en occuper". Dans ma tête je me dis qu'il va peut-être brancher Patrick Rondat, un mec que j'adore et qui est devenu un ami. Mais j'ai dans le collimateur Michaël Zurita du groupe BigBen  rencontré grâce à l'ancien batteur de Furious Zoo. Et je l'engage. C'est lui qu'il faut. C'est un tueur et certainement le mec le plus complet que j'ai jamais rencontré dans ce circuit du rock français. Il sait tout faire. De la guitare flamenco, de la variété, de la pop, du Jazz rock, de la Bossa Nova, du métal, du Jazz. Et comme Thibault il est professeur de guitare.Michaël Zurita a fait mon bonheur pendant 12 ans et a été dans tous mes projets. Et donc Satan Jokers renaît de ses cendres avec ce Line-up. Pascal Mulot, Michaël Zurita. On se sépare de Marc Varez, on engage Aurelien Ouzoulias et le groupe redevient un quatuor. Donc un trio derrière le chanteur. Pour que la basse prenne toute sa place car Laurent BERNAT est un grand bassiste. Et pour que la batterie soit prédominante aussi. Et quand j'engage Aurelien Ouzoulias Je me dis "Là c'est le nouveau Satan Jokers", le Satan Jokers d'aujourd'hui ! Ça doit rester un groupe de tueurs techniquement. Un groupe avant-gardiste si possible. C'est plus dur d'être d'avant-garde en 2009 quand on remonte le groupe. Mais il y a quand même des albums avant-gardistes puisque je fais une première thérapie avec Laurent Karila le célèbre psychiatre. Ensemble, on fait trois albums qui sont des pièces d'anthologie. "Addictions" est un album sur la cocaïne validé par une mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. Donc le premier album de Hard rock au monde à être validé par une mission gouvernementale. La Mildeca ... Un truc de fou ! 2e album "Psychiatric" sur 12 maladies psychiatriques. 3e album "Sex Opéra" sur ma deuxième addiction, le sexe. Et voilà, on monte un truc aujourd'hui encore plus culte qu'en 1980. Mais tout ça c'est du travail. C'est une envie mentale de rester, peut-être, dans une niche et être à la fois underground et culte. Et surtout d'être au dessus de la norme de ce qui se fait commercialement. C'est pour ça que j'ai toujours aimé cette notion d'être un artisan. Car l'artisan fait mieux son travail que ce qui est fait à la chaîne. Alors, bien sûr, l'artisan n'a pas la communication, il n'a pas l'exposition ni la promo. Il n'a pas accès à un chiffre de vente aussi considérable que ce qu'obtiennent certains trucs de merde. Je ne veux pas être méchant mais lorsque j'écoute la radio c'est que de la merde. Mais je m'en fous. Je peux aller pousser un caddie chez Leclerc, personne m'emmerde. De temps en temps 2/3 personnes qui me reconnaissent me disent "Vous chantez tellement mieux que la moyenne. Pourquoi on ne vous voit plus à la télévision" ? Et je leur répond "Regardez ce qu'il y a à la télé, madame..."



Fin de la Partie 1

Voir la deuxieme partie ICI



Thierry CATTIER
Photos DR et Th CATTIER / SHOOTING IDOLS
William CHOPIN (Retranscription)

Interview en VIDEO Cliquez ICI


mardi 21 février 2023

GUNS N' ROSES // En concert // Paris la Defense Arena @ 15 Juillet 2023.

 
Mise en vente le 24 février à 10h00 sur https://www.livenation.fr/
 
Cet été, les Guns N' Roses vont reprendre la route pour une tournée mondiale, massive, produite par Live Nation, qui va s’étirer jusqu’à l'automne 2023.

Avec une carrière pavée d’or et de platine, Guns N' Roses est sans conteste un groupe qui a marqué à jamais l’histoire du rock US. Leur album « Appetite For Destruction », sorti en 1987, est ancré pour toujours dans la culture populaire et reste encore à ce jour "le premier album américain le plus vendu de tous les temps" et "le 11e album américain le plus vendu de tous les temps" !

Plus récemment leur tournée Not In This Lifetime... (2016-2019) s'est classée "quatrième tournée de concerts la plus rentable de tous les temps" avec plus de 5 millions de billets vendus !

En 1991, Guns N' Roses avait très sérieusement secoué la planète entière avec deux albums certifiés sept fois platine : « Use Your Illusion I » et « Use Your Illusion II », qui ont culminé aux deux premières places du Top 200 du Billboard.

Avec plus de 100 millions d'exemplaires vendus à ce jour, la discographie de Guns N' Roses comprend également « G N' R Lies » (5 fois platine), « The Spaghetti Incident ? » (platine), « Greatest Hits » (5 fois platine) et « Chinese Democracy » (platine). Au fil du temps et de l’évolution des technologies Guns N' Roses est aussi devenu l'un des groupes de rock les plus écoutés sur les plateformes digitales, avec, par exemple, une moyenne de 24 millions d'auditeurs mensuels rien que sur Spotify.

Guns N' Roses crée une fois de plus l'évènement avec l’annonce de cette nouvelle tournée 2023 et d'autres surprises à venir… Leur « Nightrain » continue de rouler à pleine vitesse !

Guns N' Roses : Axl Rose (chant, piano), Duff McKagan (basse), Slash (guitare solo), Dizzy Reed (claviers), Richard Fortus (guitare rythmique), Frank Ferrer (batterie) et Melissa Reese (claviers).
 


lundi 20 février 2023

GRAHAM PARKER et ERIC NAULLEAU // Live Report // Paris @ Café de la Danse 18 Février 2023.



Ca fait longtemps que Graham Parker n’était pas venu dans notre belle ville de Paris, la dernière fois c'était à la Cigale avec les Rumours en septembre 2014.

Il était donc grand temps de revoir Graham Parker faire son retour parmi nous, et c'est chose faite grâce à la ferveur et l'enthousiasme infaillible de son BFFF (pour Fan et Friend) Eric Naulleau, qui a permis la naissance de ce projet original en duo, une lecture de son livre "Parkeromane" entrecoupé de titres de joués par Graham Parker.

Un grand moment, émouvant et toujours touchant, où Eric Naulleau nous raconte son addiction pour Graham Parker, les années passées ensemble, leurs échanges par courrier, lors de concerts dans le monde entier, où se mélangent des sensations que ne peut ressentir qu'un vrai fan.

L'artiste quant à lui reste d'une humilité sans égal, une sommité de maîtrise et de générosité. Et cette belle amitié entre ces deux personnages se ressent très fort, les voir tous les deux si complices a été un réel moment de plaisir.


Parmi les titres joués ce soir en voici quelques un.
Watch The Moon Come Down - Between You And Me -
The New York Shuffle - Lunatic fringe - Fools Gold -When the Lights Go Down - Under The Mask Of Happiness - Discovered America - Discovering Japan - Get Started Start a fire - You're not where you think you are ...

Thierry CATTIER 
Photo Th CATTIER / SHOOTING IDOLS


samedi 18 février 2023

SHOOTING IDOLS // Session Photo SLEEPING ROMANCE (Lina Victoria), Paris Janvier 2023.

 



 



Lina Victoria (Chanteuse de Sleeping Romance)
Session photo a l'occasion de la promotion de l'album
de Sleeping Romance "We All Are The Shadows"
 

Photos : Shooting Idols, Th. Cattier

 

lundi 13 février 2023

SARAH MCCOY // LIVE REPORT // Paris @ Le 104 Festival Les Singulier·es 2 Février 2023.




S’étant affirmée en quelques années comme l’une des figures les plus flamboyantes de la scène musicale actuelle, la chanteuse et pianiste américaine Sarah McCoy présente son nouveau live, en trio.

Autrice-compositrice-interprète accomplie, dont la voix puissante laisse percer de douloureuses fêlures, Sarah McCoy porte avec une conviction viscérale des chansons gorgées de vie. Sur scène, arborant le plus souvent des tenues chamarrées, racontant des blagues ou glissant des confidences, elle fait preuve d’une irrésistible prestance agrémentée d’extravagance.

Une voix telle un diamant brut, pour un concert plein d’émotion. Avec une fragilité qu'on devine, mélangée à cette pureté vocale, qui vous touche droit au cœur.

Comment rester insensible à Sarah McCoy elle réussit à nous faire partager des moments forts avec sa douceur et sa sincérité, nous emmenant de la plus belle façon dans son sillage de la vie, ses douleurs, ses blessures... Sa vie qui ressemble à la nôtre. 

Titres à ne pas rater : "Go Blind" "Mama's Song" "Weaponize" "Take it All".




Thierry CATTIER 
Photo Th CATTIER / SHOOTING IDOLS




dimanche 12 février 2023

LITTLE BOB // Interview // Du Havre à la Légende - été 2022. (Partie 1)


Aujourd'hui, c'est avec un grand plaisir que nous vous offrons ce beau moment d'échange avec notre LITTLE BOB. Bien plus qu'une interview, une après-midi avec Bob, cela ressemble plutôt à un portrait, intime, intense, un moment où Bob a accepté de se confier très longuement et avec la sincérité touchante qui a fait de lui l'artiste respecté qu'il est aujourd'hui.
Un entretien fleuve durant lequel Bob est revenu sur sa vie, sa carrière, nous offrant au passage quelques moments de gràce dont lui seul a le secret. En exclusivité, et pour conserver toute son authenticité, nous avons choisi de vous offrir cette interview dans son intégralité, en 2 parties. Voici la première partie, régalez vous.

Voir l'interview en VIDEO Cliquez ICI


Tu es né à Alexandrie le 10 mai 1945, quel souvenir gardes-tu de tes premières années là-bas ?

Little Bob. J'étais un petit bonhomme. Alors tu sais quand tu es jeune et que tu es un petit garçon plus petit que les autres, tu t'en prends plein la gueule. Et ce qui m'a fait tout oublier c'est lorsque j'ai vu les premiers films d'Elvis Presley. "Jailhouse Rock, tout ça... Ça m'est rentré tout de suite dans la tête et ça à pris la place que ça devait prendre et elle était importante

A l'âge de 13 ans (1958), tu arrives au Havre. Comment s'est passé le choix de la ville du Havre ? Parle nous de tes parents ?

Little Bob. En fait mes parents étaient commerçants, du moins mon grand-père était commerçant. Il est décédé jeune d'une crise cardiaque. Et Libero, mon père était jeune et inexpérimenté pour faire ce métier et surtout il n'avait pas le sens du commerce. Il a fait faillite à deux reprises et lorsque tu viens d'une petite ville de province italienne, c'était quoi 100.000 habitants peut-être, tu es montré du doigt comme le perdant. Après, il a cherché des petits boulots. Il y avait une usine française qui cherchait des ouvriers pour faire le même boulot qu'à Allessandria et ils ont recruté 200 ouvriers pour les envoyer au Havre. Mes parents ne savaient plus quoi faire pour s'en sortir. Mon père est donc devenu ouvrier métallurgique et a signé pour un contrat de deux ans. Nous, on était toujours à Allessandria. Mon père revenait à Noël et un jour il nous a dit j'ai un boulot, je gagne ma vie, en fait il ne gagnait pas grand chose, mais il nous a dit, j'ai un boulot et je peux nourrir ma famille si vous venez tous là-bas. Et là, j'ai béni mes parents d'être venu au Havre car grâce à çà, j'ai monté mon premier groupe, ici. Et je ne pense pas que j'aurais pu faire la même chose en Italie. Et puis le rock était toujours là. Dès que j'ai commencé à travailler à 16 ans, j'ai commencé à avoir un petit salaire et j'ai pu m'acheter une guitare, un ampli et monter mes premiers groupes. Quand j'y pense encore aujourd'hui, je me dis que c'est bien que mes parents aient fait le voyage même si ma mère était malheureuse. On s'en est sortis mon frère et moi.

Comment s'est passée ta jeunesse Havraise ?

Little Bob. Je jouais au foot mais j'étais trop petit. Je jouais bien et aurais pu devenir pro mais quand tu es tout petit...Regardes Maradona il était pas grand mais il était fort et costaud. Il prenait des coups mais il ne les sentaient pas. Moi, je les sentais !.. Et puis en même temps le rock était toujours là et dès 16 ans, avec mes amis, ma bande en fait, j'ai dis les gars, il faut qu'on forme un groupe de rock. C'était en 1963/1964. J'ai dis, "moi je serais chanteur et je jouerais de la guitare rythmique". Il y en avait un qui s'appelait Mohamed, il venait de Béjaia d'Algérie et habitait derrière chez moi. Et lui m'as répondu "moi, je serais guitare solo" mais il ne jouait pas en mesure. Il ne savait pas ce qu'était une mesure. Et les deux frères Coignier Basse/batterie. C'était tout trouvé. J'avais mon premier groupe "Les Apaches". Et on a appris à jouer ensemble. On a été prendre des cours, tous ensembles, chez René Manguin qui avait une arrière-salle d'un magasin de musique et qui donnait des cours. Je me suis aperçu que le guitariste solo finissait ses solos avant nous ou après nous et qu'il était jamais vraiment avec nous. Je lui ai dit "Qu'est-ce qui se passe ?" On a dit, c'est parce qu'il s'appelle Mohamed et qu'il vient d'Algérie. Je lui ai dis "Attend, le rock c'est trois accords et douze mesures, c'est régulier". Mais c'était mon pote. Il se prénommait Teddy dans le groupe. Je l'ai gardé pour deux ou trois groupes que j'ai formé ensuite mais il est décédé d'une crise cardiaque. C'était un ami... Les Apaches ont duré six mois et on a réussi a faire le Golf Drouot. J'ai toujours eu une volonté incroyable à faire ça. On s'est lancé là dedans et je me souviens quand j'ai monté les marches du Golf au premier étage du café d'Angleterre. J'avais le coeur qui battait très fort. Pour moi je montais au temple du rock'n'roll. Le Golf est devenu notre but. Il fallait qu'on réussisse au Golf Drouot. Les Apaches n'ont pas tenu le choc parce que je me suis aperçu qu'on ne jouait pas en mesure et qu'on ne jouait pas bien même si les gens nous aimaient bien au Havre. Et puis Apaches était un chouette nom, les indiens que j'adorais... Ensuite, il y a eu les "Red Devils", tout ça en amateur parce que je travaillais toujours, j'avais toujours un boulot. Après, il y a eu "Blues Gone"  On jouait un peu de blues à l'époque du blues boom anglais. Et puis "Little Bob and Crazy Road". C'était déjà un nom un peu Hippie mais nous on était pas Hippie du tout. On jouait du blues/rock et du rock'n'roll. En ce qui concerne les reprises, j'avais écouté les Beatles. C'était super mélodiquement mais après il y a eu les Stones, les Animals et les Sorrows en même temps et tous ces groupes là Free âpres... J'étais fan de ces gens qui jouaient plus blues donc j'étais devenu plus Stones que Beatles.


 
Ton premier groupe "les Apaches" : comment as tu monté ce groupe, quels titres jouiez vous ?

Little Bob. Simplement je leur ai dis "je veux faire un groupe". On était quatre et ils étaient tous d'accord. Mais on ne savait pas jouer. J'avais la musique en moi, je le savais et je m’exerçais devant le miroir avec une raquette de tennis... On a commencé à répéter chez moi dans ma piaule. Ma mère nous écoutait et, heureusement, ça ne l'a pas rendu malade. Ça a duré six mois. On a commencé à jouer partout, dans les casinos de la côte, en attraction dans les bals. Pendant que les musiciens de bals allaient draguer les filles et boire une bière, nous on montaient sur scène et on jouait.

Et à force de faire ça au Havre, tous les groupes qui revenaient se faisaient jeter des pièces. On étaient devenus des stars. C'est rigolo! Le Havre a toujours été une ville assez rock. Il y a eu pas mal de groupes dès le départ. Nous étions fin 1974 et on répétait tout le temps. Notre batteur Mino était à l'armée et on attendait qu'il revienne le week-end. On travaillait non-stop. Et lorsque nous sommes partis jouer pour la première fois en Angleterre, en novembre 1975, c'était une tournée inédite. On connaissait un mec qui était de Rouen et qui travaillait comme Barman à Leicester. Il avait écouté une de nos cassettes alors que nous n'avions même pas sorti le premier album ni le premier 45t. Il a fait écouter la bande à une agence galloise qui s'appelait West coast à Cardiff. Le gars de l'agence a dis "C'est bien, on les prend tout de suite". Résultat, 12 concerts en 12 jours. Nous, on avait jamais joué plus de deux jours d'affilée. C'était raide !! mais ça m'a excité et j'ai poussé le groupe à devenir pro.

J'ai laissé tomber mon boulot et tout le monde à abandonné le sien. On a monté le groupe avec Barbe noire à la basse, Guy-Georges Gremy à la guitare qui venait de Nice et que j'ai pris tout de suite après l'avoir vu jouer. Mino Quertier à la batterie. Il y avait aussi Christian « Bibi » Delahaye celui qui avait la casquette léopard et qui jouait bien d'ailleurs. Il a laissé tomber avant qu'on parte pour la première fois en Angleterre. Il nous a dis "si je vais en Angleterre, je vais mourir sur scène tellement j'ai le trac. C'est vrai qu'il pétait des cordes en jouant. Il était mal. Plus ça allait, plus on parlait de nous et, malheureusement, ça ne le faisait pas pour lui. Il s'est rattrapé plus tard et a monté un groupe de blues. Mais c'était pas pareil. Tant que tu es amateur, tu joues aux billes. C'est quand il faut gagner ta vie, monter sur scène que c'est le plus difficile parce qu'au départ quand t'es môme, tu te dis on est les meilleurs mais en fait on ne savait pas jouer.

A la première Story, on savait jouer et on répétait. Dès qu'on a joué en 1976 dans les vraies premières tournées en Angleterre, il y avait les premiers groupes punk qui n'avaient pas encore explosé et qui venaient nous voir alors qu'on avait même pas encore enregistré "High Time". Ils trouvaient tous qu'on était bons. On a pas eu trop de problèmes à part les Sex Pistols qui nous traitaient de Froggies dans les pubs Je retenais mon batteur qui était ceinture noire de karaté et qui voulait leur faire la peau. Je lui disais d'arrêter de peur de nous empêcher de revenir. Après, l'histoire est longue.

D’où est venu le nom Little Bob Story ?

Little Bob. C'était un guitariste du groupe Gilbert Thiery Il était là avant Guy-Georges. Moi, j'avais l'idée d'arrêter. Cela faisait déjà dix ans que j'écumais et j'en avais un peu marre de chercher des musiciens. Il m'a dit "Non, on va te monter le groupe et tu vas l'appeler la Story parce que tu as déjà une longue histoire" alors qu'on était complètement amateurs. C'est de là qu'est venu Little Bob Story. Tout le monde connaissait mon nom. On est parti de là.



Avant Little Bob Story Quel genre de reprises faisiez-vous?

Little Bob. On reprenait du Jeff Beck, les premiers titres de Rod Stewart, les premiers Small Faces car je les adorais. C'est pour ça qu'on a enregistré "All or nothing" dès qu'on a pu. On jouait du Burdon, des Sorrows et aussi des groupes pas très connus pour que les gens découvrent quelque chose. On était bons et on savait jouer parce qu'on avait beaucoup répété. C'est pas sorcier. Même si tu as du talent il faut travailler pour qu'il ressorte. Et nous le talent on l'avait. J'avais une voix et les gars jouaient bien. Quand on à créé Little Bob Story et que, finalement, on a décidé de laisser tomber nos boulots, parce que moi, ça m'aurait crevé, ça me faisait boire. C'était pas bien et je me sentais pas bien. Et donc on est devenu professionnels et j'ai trouvé le premier contrat car toutes les boîtes de disques nous refusaient. Nous n'étions pas à la mode. On était en pleine période Ange, Pink Floyd et tous les groupes de progressive. Nous, on jouait du rock'n'roll.

Les reprises c'était Little Richard, les Animals, .. j'avais fais une maquette et suis allé voir Ange à Fécamps. Il y avait leur Tour manager. Je lui ai demandé s'il pouvait l'apporter à (?) le manager de Ange et voir si ça l'intéressait. Sa boîte de disques s'appelait Arcade (?) qui est devenue Crypto (?) Arcane, c'était les premiers 45t. Après, paix à son âme, puisqu'il est décédé. Il était un peu escroc mais il nous a signé. Donc il avait quand même pas le droit d'être escroc mais on savait pourquoi. Il a reçu la cassette dans laquelle j'avais laissé mon numéro de téléphone. Il m'a rappelé et m'a dis "Bob, je te signe pour trois disques en 10 ans. Pour moi, c'était une aubaine car avec les gars on s'était dis si on ne trouve pas de maisons de disques, on va être obligés d'arrêter. On ne se voyait pas créer notre maison de disques nous-mêmes. Alors,  j'ai dis aux gars "ça y est, on a une maison de disques et on va pouvoir enregistrer".

Tout le monde était heureux et on s'est lancé dans l'aventure. Pour autant, on a pas gagné notre vie. On gagnait que dalle. Mais les concerts payaient déjà les transports, le minibus qu'on avait acheté ainsi que le matériel car à l'époque il n'y avait pas de sono dans les salles où l'on jouait, les MJC, les clubs donc on est allé à Londres voir Dr Feelgood. On leur a acheté notre première console à 8 entrées. On s'est rendu dans leur bled à Canvey Island et j'ai rencontré Lee Brilleaux. Il y avait également Wilko et tous les autres. On leur a acheté la console et à Londres on a trouvé les Basse Dean des gros trucs. On y est allé avec un petit camion pour ramener tout le matos et, donc, on avait notre sono. Il y avait un mec qui s'appelait Didier Bunel qui dès le départ est devenu notre Tour manager et notre ingénieur du son. Et on a fait notre premier Olympia avec notre sono. Ça devait être en mai 1976 si je me souviens bien. T'imagines, faire l'Olympia avec notre sono pourrave !? Il y a eu quand même du monde et ça a bien marché.

Et puis, petit à petit, les sonos sont arrivées dans les grandes et petites salles, dans les clubs. On tournait avec la nôtre et on avait acheté un minibus pour les musiciens et Didier Bunel avait fourni un SG 2 qu'il avait acheté pas cher à un copain à la limite du poids lourd. Il y mettait tout le matériel. On roulait avec deux camions, t'imagines !! Ça nous bouffait tous les cachets. Entre les hôtels, les péages, l'essence des deux véhicules, il nous restait plus un rond. On a tourné en Angleterre dans ces conditions mais on était contents d'y aller et on s'en foutaient. On avait plus une livre pour s'acheter à bouffer et je te dis pas les petits déjeuners dans les hôtels pas chers. On étaient les plus gros bouffeurs du monde car on avait pas mangé depuis la veille. C'était comme ça mais c'était grandiose. A partir de là, on à tourné quatre ans en Angleterre avec Martin Cole au management. En 1976, il est venu nous voir à Paris, à l'Élysée Montmartre. Il y avait tous les groupes du moment et nous on jouait en vedette à la fin. Et il est venu de Londres pour nous voir. Il à regardé, il a jugé mais n'est pas venu nous voir.


On ne savait même pas qu'il était là. Il a appelé Jean-claude (?) et lui à dit "Je veux Little Bob Story pour tourner en Angleterre. Et on à rencontré ce fameux (?) qui était devenu un ami. Il est décédé l'année dernière. Et j'ai vraiment eu les boules parce que c'était un mec en or. On a travaillé quatre ans avec lui. Il a essayé de nous racheter pour faire sortir nos disques en Angleterre mais aussi aux USA et ailleurs. Car lorsque tu tournes en Angleterre, et grâce à ça, on a pu jouer en hollande, en Finlande et un peu partout. Alors que lorsque tu es en France, tu as un mal fou à aller jouer à l'étranger. Pourtant on est les mêmes.

A quel âge as-tu écrit tes premières compos ?

Little Bob. J'avais 30 ans. Je n'avais jamais essayé avant car je n'en voyais pas la nécessité. Et à partir du moment où on avait fait un album, il fallait écrire. Des chansons sont venues, des titres comme "Delices Of My Youth" "High time", "So bad". Ce sont de bonnes chansons, aujourd'hui encore, avec de bons riffs de guitare qui pètent bien. Guy Georges Gremy était un guitariste fabuleux et j'avais une super section rythmique puisque Barbe Noire avait cette énergie incroyable. Il tenait la route et poussait le groupe et Mino était obligé de jouer aussi bien que lui. C'était fabuleux. On jouait comme des dératés en tournée. On a fait 25 concerts en 27 jours en Angleterre, t'imagines! Et puis, il y a eu les journaux français comme Best, Rock'n'folk qui parlaient de nous. On était le premier groupe français à jouer en Angleterre... et à s'en sortir! En plus a ce moment la il y avait les punks qui explosaient juste au moment ou l'on jouait intensément. Et on jouait tellement rapide nos morceaux qu'on nous prenait pour des punks. En fait si l'on jouait aussi rapidement, c'est parce que l'on était speed aussi et puis parce que j'étais fan de MC5. Un groupe qui envoyait mais qui était plus politisé que nous.

A l'époque, on est sorti en même temps que les punks en Angleterre et à l'arrivée du mouvement pub-rock. D'ailleurs, on était catalogués pub rock ou punk suivant les cas alors que pour nous on était un groupe de rock'n'roll. Ça a été une aventure extraordinaire. Je pense que si je suis encore là, aujourd'hui, en état de chanter et de tenir mon groupe c'est que j'ai fait ces tournées en Angleterre. Ça m'a donné une force en moi et m'a permis de réussir car j'ai vu d'autres groupes français se faire jeter. J'en ai d'ailleurs parlé récemment à un journaliste de Rock'nFolk bien que je n'aurais peut-être pas dû raconter cette histoire. Lorsque Téléphone a assuré la première partie des Ramones au Hammersmith Odéon, il y avait 2500 "crêtes" dans la salle. Lorsque l'on a annoncé "Téléphone from Paris", un tonnerre de crachats s'est abattu sur eux. Heureusement, on avait été les voir avant pour leur filer une ligne de coke... Quand j'ai rencontré ma Mimi en 1986, donc pratiquement à la fin de la Story, on était en train de faire "Ringolevio". J'ai arrêté de boire et de sniffer. L'héroïne, je n'en prenais pas car j'étais malade à crever. En revanche la coke j'aimais bien. Mais finalement j'ai arrêté tout ça car je me suis dis que la vie valait d'être vécue. J'avais une petite femme qui m'aimait et que j'aimais, chose que je n'espérais pas n'étant pas un dragueur.


Te souviens-tu de ton tout 1er concert, où était-ce et quels souvenirs en gardes-tu ?

Little Bob. C'était avec les Apaches. On avait joué à Harfleur un bled dans la banlieue du Havre. Il y avait une scène avec une sono pourrie. Un endroit qui permettait de découvrir les gens. On y est allé juste avec la caisse claire, les deux guitares. J'avais acheté un petit ampli de 25 watts sur lequel j'avais branché ma guitare, mon micro voix et la guitare de Teddy. J'ai commencé à chanter et j'avais la bouche complètement sèche et un trac énorme. Je ne pouvais plus ouvrir la bouche. C'était terrible! Et comme il s'y avait pas encore de groupes au Havre, les gens ont bien aimé. Je ne comprenais pas pourquoi ils aimaient puisque qu'on ne savait pas jouer.

C'était vraiment au tout début. Et puis d'autres expériences ont suivi. On devait jouer dans un grand cabaret qui faisait restaurant au jour de l'an. Il y avait toutes sortes de numéros, des clowns, des jongleurs et nous on était prévus à 2h du matin. Il était 23h et ma mère avait fait des raviolis. On mange et on arrive sur place à minuit. Et là on nous dit "Vous jouez tout de suite" des participants avaient annulé leur passage et certains numéros avaient été écourtés. Je venais de manger et avais l'estomac plein et lorsque tu chantes, ca vient justement de là. J'avais le trac et de nouveau la bouche sèche. Je jouais de la guitare au début mais j'avais la peau tellement fine que la cale qui se met au bout des doigts à force de jouer s'en allait et je saignais. Donc au bout de trois ou quatre fois, je me suis dit que je ne pouvais pas continuer comme ça car c'était vraiment très douloureux. C'était terrible. Mais la guitare me servait surtout à faire le con sur scène. Donc j'ai arrêté la guitare au bout de six mois. Après c'était "Little Bob and the Red Devils" On gagnait des concours, à Rouen et partout où on jouait car on avait tellement la patate. En fait j'ai toujours eu la pêche. Heureusement, je l'ai toujours aujourd'hui. C'est un peu plus difficile car je ne peux plus bouger autant qu'avant. Mais toute cette énergie que j'ai gagné en Angleterre, je l'ai encore maintenant.



Puis le Festival punk de Mont-de-Marsan en 1976 et 1977, raconte nous ?

Little Bob. On revenait de tournée en Angleterre pour aller au premier festival en 1976. Il y avait les Count Bishops, Bijou et plein de groupes français. Il y avait aussi Jean-Pierre Kalfon et puis Police dans sa première formation avec le français Henri Padovani Pas celle que l'on connaît depuis. On est arrivés et presque au moment de jouer il a plu. Ils ont arrêté le concert vers 20h et on devait reprendre au moment de l'accalmie. Il y avait aussi les Damned et Shakin' Street. Je me souviens que le batteur de Shakin' Street était presque un môme. Il était très jeune. Il est venu me voir et me dit "Bob, surtout ne prêtes pas ta batterie aux Damned parce que Rat Scabies m'a cassé la mienne. Et je vois arriver Rat Scabies qui me dit "Bob, i would like the drum kit". Je lui répond "Apparemment, tu as cassé la batterie du mec des Shakin' Street. Alors, mon batteur c'est lui, c'est Mino Démerdes-toi avec lui. En fait ils voulaient jouer à nouveau après tous les groupes. Ils avaient déjà joué avant mais ils voulaient rejouer. Il est resté derrière lui, les bras croisés, pendant qu'il jouait. A la première connerie, il lui aurait mis une tarte dans la gueule. Donc, on lui a quand même prêté la batterie. Il y avait aussi quelques groupes punk

En 1977, il y avait deux soirées. Il y avait la soirée punk avec Clash, les Damned.. il y a que les Sex Pistols qui n'étaient pas là. Et le lendemain, il y avait la soirée rock avec nous, Dr Feelgood,
Count Bishops, Bijou, Tyla Gang le groupe de Sean Tyla qui avait fini Ducks DeLuxe. Les Jam. Ils ont été signés avec nous au Marquee par Polydor qui souhaitait nous avoir mais nous n'étions pas libres. Il était impossible de casser le contrat avec Pognant. On était engagés pour dix ans. Sinon on aurait sorti nos albums aux USA parce qu'on savait jouer. A l'époque ça y allait et on s'en serait peut-être mieux sortis. Il y a donc eu un break entre 19h30 et 21h pour que les gens aillent manger et boire un coup. Les organisateurs, qui étaient très mal organisés, nous ont réunis et ont appelé les chefs de groupes pour savoir dans quel ordre on devait passer. Visiblement, ils n'avaient rien planifié. Sur notre contrat aucun horaire ne figurait. Il y avait que Dr Feelgood qui avait l'ordre de passer à Minuit. Count Bishops étaient passés avant car ils souhaitent leur mettre la pression. Et Sean Tyla a dit "je passe à 21h" donc j'ai dis "je passe après Sean Tyla". Il y avait les Jam. Leur père était là en tant que manager et n'a pas ouvert la bouche. Du coup ils n'ont pas joué. C'a m'a embêté mais on a pensé à nous d'abord. Bijou, eux, on eu le courage de passer après Dr Feelgood donc à 2h du matin. Les Jam auraient pu jouer après. Finalement ils sont venus pour rien. Ils ont voulu jouer lors de la soirée pub-rock et ils n'ont pas joué non plus
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Nous, par contre, on a cassé la baraque. 1977, c'est l'époque où on a sorti "Livin In The Fast Lane" qui marchait super bien car à ce moment là, il n'y avait pas encore Téléphone, Trust. Bijou sortait à peine. On avait vendu 80.000 exemplaires de l'album. C'était énorme pour l'époque. Si le manager de Ange qui dirigeait aussi le label avait fait un peu de promo sur nous, on aurait eu un disque d'or, bien que je m'en fous mais ça aurait été bien car, depuis, on l'a eu haut la main vu que le disque continuait à se vendre. On avait super bien joué et, de plus, ça a été filmé par A2. Ça s'appelait "Juke-box". C'est Freddy Hausser qui avait filmé. C'est sorti en octobre 1977 à l'époque où on tournait avec Ganafoul qu'on avait pris car on jouait à Lyon et on les avait trouvés assez bons. J'avais dis à Jean Claude Pognant "Signes-les car ils ne sont pas mauvais et puis nous on les prend en première partie si tu veux. Ils ont fait toutes nos premières parties et même l'Olympia grâce à nous. Et puis, ils ont appris. Le premier Mont- de-Marsan on l'a fait à quatre et après Guy-Georges m'a dit qu'il aimerait bien avoir un guitariste rythmique pour l'aider un peu. On avait quand même son ampli à gauche, celui de Barbe noire à droite à côté de la batterie et un autre qui diffusait la musique de Guy-Georges de l'autre côté. En fait on a essayé plusieurs guitaristes mais on en a vite eu marre. Et puis est arrivé
Dominique « Ginger » Guillon Le pauvre, il n'est plus là aujourd'hui. Il est décédé. Et donc il bougeait bien. On s'est tous regardés et on s'est dit "Bon, on le prend". Barbe noire en avait marre de l'écouter jouer. Il fermait son ampli et lui ne s'en apercevait même pas et continuait à jouer et à sauter en l'air car il y avait le son de Guy-Georges qui sortait et croyait que c'était lui. Après on a été obligés d'arrêter avec lui car il y avait l'Héroïne entre nous. Ils nous à fait des coups malhonnêtes comme rater un concert il avait manqué un concert parce qu'il etait avec une copine qui avait de l'Héroine... Donc, lorsqu'il est revenu pour le dernier concert, on est descendu dans l'ascenseur de l'hôtel avec lui. Nous étions à Valence. Je lui ai dit "Tiens, je te paye le train, le concert d'hier soir et tu rentres à Paris. Tu vas jouer avec qui tu veux mais pas avec nous, c'est fini.." On s'est revu plus tard à un concert à Baltard où Trust nous avait fait appeler par Europe 1.

Il y avait plein de groupes qui étaient programmés. Shaking Street, Les Dogs, Shakin' Street, Au bonheur des dames.. il y avait même Bashung qui jouait "Gaby". Ils voulaient qu'on joue avant Trust. Moi, j'ai dis "Je ne joue pas avant Trust. Ils ont toujours joué avant nous" on m'a répondu "Oui, mais ils vendent 400.000 albums. J'ai répondu "Je m'en fous, prenez quelqu'un d'autre. On est pas à un concert près à Paris". C'etait en 1980 et donc, j'ai accepté de jouer mais après Trust. Même si notre nom était écrit en plus petit sur l'affiche, je m'en foutais mais moi je ne passais pas avant. Et j'ai eu raison. Tous les groupes qui ont joué ce soir là, à Baltard, se sont pris des canettes par les fans de Trust. Les Only Ones qui passaient à notre place n'ont pas aimé et des les premieres cannette ils on pas apccepter et Peter Perrett leur afait un bras d'honneur et se sont barrés. Trust à enchaîné et Bernie à dit "Merci, grâce à vous on va jouer plus longtemps". Il pensait qu'après eux, la salle allait se vider puisqu'il n'y avait que des fans et nous on a joué après sans canettes. Il y avait la moitié du public qui restait, environ 2000 personnes et on a eu un super succès. Il y avait Ginger qui était là sur le côté de la scène. On l'a vu après et m'a dit "Je donnerais vingt ans de ma vie pour rejouer avec toi". Je lui ai dit "C'est bon, on est reparti comme ça". On avait pris Dominique Comont au piano qui était chanteur des City Kids au Havre (Qui sont toujours valable ils viennent d'enregistrer un 45t 5 titres). Voilà, c'est aussi à cette époque que j'ai créé le deuxième "Little Bob Story". Après "Light of My Town" quand Barbe noire a laissé tomber on avait déjà plus Guy-Georges car il s'était mis à boire comme un trou, Vico était parti. J'avais repris Mino mais il n'était plus dans le coup et là, j'ai dis "Les gars, j'arrête le groupe". J'ai gardé François Gehin à la basse qui jouait bien. Barbe noire à arrêté de jouer. Il m'a dit "Bob, ça fait dix ans que je suis avec toi. Maintenant je sais qu'on s'en sort un peu difficilement, j'ai envie de gagner ma vie". C'a m'a peiné. Il a racheté le taxi de son oncle qu'il a obtenu à moitié prix. Et voilà...Je le vois toujours. C'est Barbe blanche aujourd'hui. Il est tellement sympa, tellement cool...Je revois Mino également et qui m'a dit "Les années où j'ai joué avec toi sont les meilleures années de ma vie". Merci les gars ! Je dois dire que j'ai toujours fait ça en y croyant et en y pensant sérieusement.


Du Havre à la Légende ... Voir la partie 2 ICI

Thierry CATTIER 
Photo DR et Th CATTIER / SHOOTING IDOLS
William CHOPIN ( Retranscription)