samedi 22 février 2025

RED BEANS & PEPPER SAUCE (Laurent GALICHON) // INTERVIEW // "SUPERNOVA" 8ème album qui brûle de par sa puissance.

 
Avec la sortie le 7 février 2025 de cet excellent album "Supernova", nous voici avec dans les mains un album brulant où se mélangent à merveille la soul et le classic rock.
Nous avions envie d'en savoir plus sur cet album, donc un rendez-vous pour un petit entretien avec Laurent GALICHON va nous permettre d'en découvrir un peu plus.



Pouvez vous nous raconter la genèse de ce disque ?

Laurent GALICHON: Après le disque précédent, nous avions envie de prendre une nouvelle direction. Nous avions vécu une belle aventure en enregistrant dans un studio mythique, mais cette fois, après presque 15 ans d’existence, l’envie était d’inviter des musiciens croisés sur la route au fil des années. Musicalement, nous voulions aussi apporter du renouveau. Le dernier album était très orienté classic rock, alors nous avons choisi de revenir à une approche plus métissée, en fusionnant nos influences classic rock avec nos influences soul.

Avez-vous avec ce défi "Supernova" envisagé une façon différente de jouer et de travailler ?

Laurent GALICHON: Notre façon de jouer reste la même, c’est ce qui forge notre identité. Pour l’enregistrement, nous avons tiré parti de notre méthode de travail habituelle, qui repose en grande partie sur le travail à distance. C’est un mode de fonctionnement que nous maîtrisons depuis des années, et qui a finalement rendu cet enregistrement assez fluide. Nous avons l’habitude d’enregistrer chacun de notre côté, ce qui nous a permis d’intégrer nos invités facilement même si certains sont venus dans nos studios.

Comment s'est passé l'enregistrement de "Supernova"?

Laurent GALICHON: J’ai commencé à composer et écrire début 2024, en m’appuyant sur les enregistrements que je fais régulièrement dans mon studio pour archiver toutes les idées qui me viennent. J’ai ensuite envoyé les premières pistes à Niko Sarran, notre batteur et producteur de l’album. C’est à ce moment-là que les morceaux prennent véritablement forme, lorsqu’il apporte son travail rythmique. À partir de là, je retravaille les riffs et les structures avant de les envoyer aux autres musiciens, qui ajoutent leurs idées et leurs sons. Au début de l’été, une fois cette base bien établie, nous commencé à travailler les voix et les chœurs avec Jessyka. Nous avons attendu que les morceaux soient suffisamment avancés vers aout/septembre avant de les proposer à nos invités, pour voir si le projet les inspirait. Enfin, tout est parti pour le mixage et la production dans le studio de Niko fin septembre.

Avec "Supernova", mélange de classic rock, Funk et Soul music très réussi, vous avez opté pour un son monstrueux dont ce dégage une vraie puissance, une raison à cela ?

Laurent GALICHON: En fait, c'est toujours le même son, celui du groupe. Ce sont les mêmes musiciens, jouant sur les mêmes instruments et les mêmes amplis. Mais avec le temps, chacun a amélioré son home studio, et celui de Niko, où sont enregistrées la batterie et la basse, est le plus complet. Il dispose d’une installation haut de gamme et y a consacré encore plus de temps que pour les albums précédents, bien plus même. C’est une combinaison de matériel de qualité, d’un immense investissement en travail et surtout de son talent qui fait toute la différence.

Les rencontres marquantes en tournée sont devenues des collaborations artistiques. Parlez-nous de chacun de vos invités (Fred Chapellier, Manu Lanvin, Yarol Poupaud, Fred Wesley, Boney Field, Johnny Gallagher et Sax Gordon…) ?

Laurent GALICHON: Nous avons rencontré Manu Lanvin il y a dix ans, lors du Printemps de Bourges et nous avons gardé des liens depuis. Il met une intensité folle dans tout ce qu’il fait et passer une journée avec lui dans son studio a été un vrai plaisir. On peut en avoir un aperçu dans le clip de I Want to Take You Higher. Jouer avec Fred Chapellier a été un grand honneur. Son toucher et son phrasé sont magnifiques. Il a notamment accompagné Jacques Dutronc et compte quelques très beaux albums de blues à son actif. Jessyka avait fait sa connaissance quelques années plus tôt à l’occasion d’un concert de Manu Lanvin où ils étaient tous les deux invités. Emmanuel Pi Djob, ami de Niko, s’est fait connaître du grand public grâce à The Voice, bluffant Garou et Bertignac. Mais avant tout, c’est un chanteur de gospel exceptionnel à la voix unique, qui a aussi formé de nombreux artistes. Boney Fields est un ami de Jessyka, qu’il a d’ailleurs invitée pour son dernier clip. Nous avons sympathisé lors d’un festival. Quel kiff de l’entendre jouer sa trompette funky en studio ! Et c’est grâce à lui que nous avons fait connaissance avec Sax Gordon, saxophoniste au son monumental qui joue plutôt du rocking blues et qui a pris un malin plaisir à nous rejoindre dans un contexte beaucoup plus funky. Johnny Gallagher, talentueux guitariste et chanteur irlandais, a été une superbe rencontre. Nous avons joué ensemble au Megève Blues Festival, puis en Normandie, où nous avons partagé quelques Guinness ! Son phrasé sublime Don’t Let Me Down la ballade qui clôture l’album. Niko avait fait la connaissance de Rabie Houti il y a quelques temps, musicien de la scène oranaise qui joue du violon arabo-andalouse avec beaucoup de talent. Il nous a offert ces sonorités uniques et a donné une nouvelle dimension au titre « Gone in the sand ». Yarol Poupaud est connu de tous pour être le guitariste de FFF et avoir accompagné Johnny pendant de nombreuses années, mais c'est surtout un guitariste qui a compté pour moi, dans les années 90. Je kiffais à l'époque de voir ce rockeur jouer du funk, j'ai beaucoup appris en relevant certaines de ses parties guitare et c'est naturellement que nous avons sympathisé quand nous avons eu l'occasion de nous croiser sur un festival. Je suis très heureux de compter parmi nos invités un musicien qui m'a directement influencé à mes débuts. Tout comme le légendaire Fred Wesley que j'ai découvert en concert dans le sud de la France dans les années 90, à l'époque où je commençais à m'ouvrir à la soul music. Son travail et son apport à la musique de James Brown est considérable. Il ne fait pas seulement partie des gens qui jouent bien cette musique, il fait partie des gens qui l'ont inventée et c'est une différence de taille.



Les collaborations à distance avec Johnny Gallagher (Irlande) et Sax Gordon (USA), comment les avez-vous concrétisées ?

Laurent GALICHON: Les technologies actuelles nous facilitent grandement la tâche. Grâce aux messageries instantanées, il est simple de communiquer, même avec plusieurs fuseaux horaires de décalage. Aujourd’hui, la plupart des musiciens disposent de home studios, ce qui leur permet d’enregistrer leurs propres pistes. Il suffit ensuite de les échanger et de faire quelques essais, comme si nous étions dans la pièce d’à côté.

Le choix de la reprise "I Want to Take You Higher » de Sly & Family Stone, comment s’est fait le choix ?

Laurent GALICHON: C’est avant tout un morceau que j’aime énormément et qui a été un véritable déclic pour moi, à une époque où j’écoutais principalement du rock anglais. Il m’a servi de porte d’entrée pour découvrir la soul music. J’aime ce funk très énergique, où l’on retrouve parfois des riffs aussi puissants que dans le rock. Ce titre, dans sa version originale, met en avant plusieurs chanteurs, ce qui correspondait parfaitement à ce que nous voulions faire. Et puis, tous nos invités le connaissaient déjà, car c’est un morceau majeur de l’histoire de la musique moderne.

Le clip de "I Want to Take You Higher" réalisé en plan individuel rapide et efficace. D'où vous est venu l'idée ?

Laurent GALICHON: En réalité, nous n’avions pas vraiment d’autre solution, sachant qu’il était impossible de réunir tout le monde en studio en même temps, ce qui aurait nécessité une organisation colossale. En tant que réalisateur du clip, j’ai opté pour ce type de mise en scène, largement utilisé pendant les confinements liés à la pandémie, lorsque les rassemblements étaient impossibles. Ensuite, tout s’est joué au montage, un exercice que j’apprécie particulièrement. Ça me change un peu de mes guitares !

15 ans d’existence est un tournant, avez-vous prévu un évènement particulier ?


Laurent GALICHON: On verra pour les 20 ans ! (rires)

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Laurent GALICHON: Jouer, jouer et encore jouer. Enregistrer un album est un processus exigeant, aussi bien mentalement que physiquement, avec une pression constante pour respecter les deadlines. La scène, bien sûr, peut être fatigante, mais c’est avant tout une véritable récréation. C’est le moment où l’on retrouve le public, où l’on partage l’énergie et les émotions. Au final, tout ce travail, on le fait pour ça : être sur scène et vivre ces instants uniques.

Quelque chose à rajouter ?

Laurent GALICHON: Avant tout, un immense merci à tous ceux qui nous suivent. Merci aussi à tous ceux qui soutiennent la création musicale, qui vont voir des groupes en live, pas seulement les grandes têtes d'affiche. C’est grâce à vous que l’aventure continue, et c’est pour vous qu’on donne tout, sur scène comme en studio.


Les Titres :
The Shadows
Another One
Hel (feat. Fred Chapellier)
I Want to Take You Higher (feat. E.Djob/B.Fields/M.Lanvin/Yarol/F.Wesley)
Same Old Story
Gone In The Sand (feat. Rabie Houti)
I’m A Woman
I’m Done
Show me your Love (feat. Sax Gordon) 
Another Way
Don’t Let It Die (feat. Johnny Gallagher)



Février 2025.
Interview Thierry Cattier 
Photos DR