Toujours très rock'n'roll, une rencontre avec Alicia F.
Aujourd'hui, afin d'en savoir plus sur Alicia F., nous l'avons rencontrée et elle nous retrace sa carrière, son parcours, sa vie et son nouvel album "Sans détour".
Venez rentrer dans son univers très très rock n'roll.
Peux tu te présenter ?
ALICIA F: Je suis née le 2 novembre 1988 à Mont-Saint-Martin en Lorraine. Le virus du rock m'a happée à l'âge de 12 ans, en 2001, quand j'ai vu Aerosmith sur MTV, c'était le clip "Jaded". Si mes souvenirs sont exacts, c'était lors de la promotion de l'album "Just Push Play". Cet événement a vraiment été un déclencheur intersidéral en moi. Quand j'ai vu Steven Tyler, cette grande bouche et ce son qui en émanait, ça a été un cataclysme pour moi.
De là, j'ai commencé à m'intéresser au rock. Un ami à mon père, Sam, que je remercie vivement, m'a conseillé d'écouter la radio Classique 21 (qui s'appelait Radio 21 à l'époque). Il m'a dit d'écouter les classiques du dimanche matin qui étaient présentés par Marc Ysaye. Là, j'allais découvrir plein d'autres groupes tels que Led Zeppelin, Motörhead, The Rolling Stones, et Jethro Tull. Les Beatles, je connaissais déjà. Avec cette émission, j'ai vraiment découvert un grand panel du classic rock international.
J'ai quand même fait un petit cursus musical : j'ai fait du violon entre 7 et 10 ans. Comme ce n'était pas très rock and roll, je n'ai pas poursuivi cette activité très longtemps. Quand j'ai eu 14 ans, je me suis mise à la guitare électrique pendant quelques années.
J'ai aussi fait pas mal de radio dans ma vingtaine, car je voulais partager avec le plus grand nombre ma passion pour le rock and roll, tout en sachant que je ne viens pas d'une famille de musiciens ou du milieu culturel.
J'étais un peu spéciale au collège et au lycée parce que, quand j'écoute Aerosmith à 12 ans et que les autres écoutent les groupes contemporains de leur époque, je suis considérée comme la bizarre. Mais ça ne m'a pas empêché de poursuivre cette destinée du rock. J'ai fait quelques chœurs pour un groupe local de reprises, les Kingstones. J'ai également pris des cours de chant de blues à la Blue School de Differdange, au Luxembourg (ville limitrophe de Mont-Saint-Martin). C'est grâce à cette école que j'ai pu faire mes premières armes sur scène en tant que chanteuse principale (lead vocal) lors du festival Blues Express de Differdange. J'ai chanté "Before You Accuse Me," "Im Tore Down," et "RoadHouse Blues".
Comment tes venu l'envie de faire partie de ce monde musical ?
ALICIA F: J'ai voulu entrer dans le milieu musical parce que je voyais bien que le schéma classique ne me correspondrait pas. Le côté "métro, boulot, dodo," je crois que ce n'était pas trop mon truc. J'ai voulu vraiment me dépatouiller de ce carcan qu'on impose de manière sociétale, pour faire quelque chose qui me plaisait : une vie menée par le rock and roll, même si elle n'est pas spécialement très cadrée.
Te souviens-tu du premier concert que tu a vu ?
ALICIA F: Le premier grand concert que j'ai vu a été David Bowie durant sa tournée Reality, à Amnéville. Je remercie vivement mon oncle, qui n'est plus là, qui m'avait offert cette place. J'ai pleuré sept jours avant le concert parce que j'étais tellement émue. J'ai pleuré à la fin du concert et cinq jours après, car je savais que je ne le reverrais plus.
À 17 ans, est-ce que tu prévois de partir à Metz pour étudier l'anglais à la fac?
ALICIA F: L'anglais m'a tout de suite attirée. Je suis quelqu'un qui va un peu plus loin que la mélodie, cherchant à comprendre le sens des paroles. J'ai toujours aimé cette langue, j'adore l'Angleterre, et tout ce qui est anglo-saxon me parle beaucoup. J'ai donc fait une faculté d'anglais à Metz.
De 20 à 27 ans, tu fais partie de l'équipe d'animatrices de la radio Aria à Longwy.
ALICIA F: J'ai commencé la radio sur Radio Aria avec l'émission Rock Story. Je disséquais l'histoire d'un album de rock. L'émission durait une demi-heure, avec dix minutes de parlotte intense et vingt minutes d'extraits musicaux. Cette parlotte devait être très cadrée et structurée pour captiver l'auditeur. Ce fut très formateur pour moi et enrichissant. Ensuite, je suis partie sur la radio en ligne Radio XMOVE (à Mont-Saint-Martin) pour l'émission Damnation Rock. C'était une émission généraliste d'une heure que j'avais morcelée : "le rock d'hier aujourd'hui", "les filles dans le rock", "la scène française" (que je voulais mettre en avant), et le "live report" (où j'interviewais un groupe en promotion).
Peux-tu nous raconter comment tu as rencontré Marc Zermati?
ALICIA F: C'est la radio qui m'a permis de rencontrer Marc Zermati. J'ai pris mon courage à deux mains pour le contacter et lui demander une interview. À ma grande surprise, il a accepté. J'ai pris le train et je suis montée chez lui. C'est grâce à lui que j'ai rencontré Tony Marlow (guitariste et compositeur). Nous nous sommes rencontrés chez Marc Zermati.
Peux-tu nous raconter comment tu as rencontré Tony Marlow en 2017 ?
ALICIA F: Peu après, j'ai interviewé Tony pour l'émission Damnation Rock. Nous nous sommes mis ensemble et nous avions décidé de créer un concept basé sur mes influences : Ramones, Joan Jett, Aerosmith, Sex Pistols, The Godfathers, Outcast, en plus de pionniers comme Cochran et Johnny Cash. Mes chevaux de bataille incluent Guns N' Roses, Motörhead, The Who, et The Kinks. C'est ainsi qu'est né Alicia F.
Comment procédez vous pour l’écriture des morceaux ?
ALICIA F: J'écris d'abord le texte, et celui-ci donne des indications d'ambiance à Tony Marlow, qui compose ensuite la musique. Nous trouvons que ça fonctionne plutôt bien.
Comment s'est déroulé l'enregistrement de ce deuxième album?
ALICIA F: Sur le deuxième album, Sans Détour (sorti en avril 2025), nous avons recentré le travail sur ma tessiture vocale. La moitié de l'album est en français. Je me suis rendu compte que la plupart des gens en France ne comprenaient pas toujours très bien l'anglais, et j'avais envie d'être un peu plus et mieux comprise par le public. J'ai écrit cinq chansons en français, y compris la reprise d'Édith Piaf, "Non, je ne regrette rien," que j'ai voulu reprendre parce qu'elle était en français.
Est-ce qu'il y a une distinction entre écrire en anglais et en français?
ALICIA F: Entre l'écriture en anglais et en français, je reste dans la même ligne directrice : un discours très direct. L'album s'appelle Sans Détour et ce n'est pas pour rien. Je dis ce que j'ai envie, que ça plaise ou non, car nous avons besoin de discours direct dans ce monde aseptisé.
Je dirais même qu'en anglais, c'est beaucoup plus wild, incisif et vulgérose qu'en français. L'anglais permet une attitude et une expression plus larges. Par exemple, dire "Life's a bitch" en anglais "passe crème", alors que l'expression "la vie est une pute" (que j'ai utilisée dans une chanson pour décrire mon ressenti sociétal) passe moins bien.
D'où est venu le choix de la reprise? "Non, je ne regrette rien."
ALICIA F: J'ai choisi "Non, je ne regrette rien" parce que j'adore le parcours d'Édith Piaf. J'ai un point similaire avec elle : j'ai eu un de mes compagnons qui est aussi décédé. C'est ainsi que, sur l'album Sans Détour, j'ai écrit la chanson "Teenager in Grief" sur ce drame que j'ai vécu à 17 ans.
Est-ce qu'il y a eu une différence de méthode de travail entre ton premier album et le deuxième?
ALICIA F: J'ai senti une évolution de ma tessiture vocale et de mes capacités entre le premier album (2021) et le second (2025). J'ai pris plus confiance en moi et en ma voix. Les pistes "Votre calvaire" et "Non, je ne regrette rien" ont d'ailleurs été faites en une seule prise.
Parle-nous de l'équipe "Alicia F".
ALICIA F: Le line-up actuel est composé de Tony Marlow (guitare/composition), Amine Leroy (basse) et Gérald Coulondre (batterie).
Etes-vous une passionnée de cinéma?
ALICIA F: Je suis très cinéphile. Le logo Alicia F, pour la police d'écriture, s'inspire du film Dracula de Francis Ford Coppola. J'ai écrit la chanson "Votre calvaire" en quelques heures après avoir vu le film Magdalen Sisters (sur les couvents irlandais), qui m'a profondément bouleversée.
Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel tu aurais aimé jouer ?
ALICIA F: Sans hésitation IGGY POP... J'aimerais bien faire une version de I Wanna Be Your Dog de manière très érotique avec lui...
Peux-tu nous parler un peu de la tournée anglaise que tu viens de faire?
ALICIA F: J'ai effectué une tournée de quatre dates en Angleterre en février dernier (Preston, York, Stockport, Londres), ou on a partager la scene avec le groupe The Healthy Junkies ... C'etait vraiment une belle experience...
Tout cela grâce à Steve Iles qui nous a monté cette tournée. Nous y retournons en octobre 2026.
Le public français et le public anglo-saxon sont assez différents en matière de rock. J'ai ressenti beaucoup plus d'unité, d'intergénérationnalité et de solidarité entre les groupes en Angleterre. Le public anglais, patrie du rock, est beaucoup plus demandeur de sons électriques qu'en France. J'ai ressenti de super vibrations, et le retour en France a été assez dur émotionnellement parlant.
Si tu devais garder une seule chanson ou un seul album, quelle serait ton choix?
ALICIA F: Je pense que si je devais en choisir une, ce serait "Jaded" d'Aerosmith, car c'est par elle que tout a commencé et elle me restera toute ma vie collée à la peau.
Quels sont tes projets à venir ?
ALICIA F: Les projets à venir sont de défendre Sans Détour sur scène et hors scène. Je veux défendre l'album bec et ongles, car nous avons besoin de rock en français.
J'ai commencé à écrire d'autres chansons pour un troisième album, qui paraîtra dans un ou deux ans. Il y a déjà quatre chansons en français écrites. Nous allons continuer sur cette lancée du discours direct. J'invite tout le monde à découvrir mon univers, ne vous inquiétez pas je ne mords pas, je peux juste griffer.
Voir La Vidéo De L'interview dans son INTEGRALITE... ICI
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