mercredi 3 juillet 2024

SYMAKYA ( Mathieu "guitares, claviers" / Kevin "chant et chœurs") // INTERVIEW // Project 11 : The Landing.

 

Symakya est un projet un peu à part formé en octobre 2008 il regroupe en son sein une pléiade de musiciens d’expériences Matthieu Morand, leader d'Elvaron et guitariste-compositeur d'Akroma et Dusk Of Delusion, Kevin Kazek, leader de Seyminhol, Thomas Das Neves, connu pour ses prouesses à la batterie dans Deficiency, Seyminhol et Heavenly accompagné du bassiste Julien Kuhn qui a fait ses armes à la Music Academy International et au Conservatoire de Metz. Un supergroupe version française qui fusionne divers horizons musicaux pour créer un puissant mélange de prog, de mélodie et d'intensité et qui développe une thématique ancré dans l'exploration de la théorie des anciens astronautes, s'inspirant de la Sainte Bible, de la littérature classique et des œuvres d'écrivains grecs et romains. Le groupe a créé un univers unique de conquêtes, de croyances et de mythologie qui reflète des thèmes métaphysiques et ufologiques à travers l'histoire de l'humanité. La formation étant fortement inspiré par des combos emblématiques comme Iron Maiden, Tool, Shadow Gallery, Tourniquet, Pain of Salvation, Judas Priest, Symphony X, Kamelot

Il aura fallu attendre 13 longues années après la sortie de Majestic 12 : Open Files salué lors de sa sortie en 2011 pour que Symakya nous revienne avec son successeur le bien nommé Project 11 produit par le combo et masterisé par Mika Jussila du studio Finnvox un maitre en la matière. Project 11 : The Landing s’avère être en parfaite continuité avec leur premier méfait, le gang se lance cette fois ci dans une aventure intérieure, se plongeant dans la quête de signes et de preuves pour expliquer l'évolution humaine, les complexités et la quête de la vérité. Pour comprendre un peu mieux ce concept qui s’articule autour de la théorie des Sélénites et découvrir cette formation originale pleine de talent, c’est avec les sympathiques Kevin Alexandre Stanislas Kazek (chant et chœurs) et Matthieu Morand (guitares, claviers & orchestrations) deux membres fondateurs que nous avons pu nous entretenir ! Un entretien placé sous le signe de la convivialité qui nous emporte à travers un voyage unique et fascinant. Magnéto les gars c’est à vous !



Le groupe existe depuis 2008 et vous avez sorti votre premier opus Majestic 12 : Open Files en 2011, quels ont été les évènements qui ont fait qu’il vous a fallu 13 ans pour revenir sur le devant de la scène avec Project 11 : The Landing ?


Mathieu. Ça c’est la faute de Kevin, alors je vais le laisser répondre (rires).

Kevin. Finalement si tu veux on a d’autres groupes respectifs et il s’avère quand on a sorti le premier album, on avait enclenché quelques concerts. Dans la foulée on a été pris par nos autres projets. On s’est retrouvé à lancer la machine avec nos anciens groupes. Moi c’est Seyminol et Mathieu, Akroma. Avec Seyminol j’ai fait mon petit chemin jusqu’en 2018-2019.Ensuite avec Mathieu on s’est dit qu’il était temps de reprendre Symakya où on l’avait laissé. On a repris notre concept et les premières phases de création musicale durant le covid pour peaufiner un peu tout ça. Après avec le covid il s’avère que ça a pris plus de temps que prévu. On arrive en 2024, ça va sortir, après toutes ces années perdues car on aurait dû le sortir bien avant.

Quel regard portez-vous sur ce premier opus treize après sa sortie ?

Mathieu. C’est un premier album qui a les défauts et les qualités d’un premier. On était dans un moment où il y avait très peu de groupes en France. Il y a d’ailleurs toujours très peu de formations qui font ce type d’esthétique et symphonique progressive. C’est un opus dont on est très fier en tout cas, qui a compté à un moment donné dans le paysage heavy français qui a un certain nombre de qualité et aussi des défauts avec des morceaux qui sont un peu faibles. C’est ce qu’on a voulu ne pas réitérer avec ce nouvel album “Project 11 : The Landing“. Il fallait qu’on ait une consistance et une qualité qui soit supérieure à ce que l’on avait pu proposer en 2011.

En fait ce deuxième album est le prolongement du premier au niveau du concept ?

Kevin. Oui complétement tu vas retrouver des liens sur le premier opus. On a voulu travailler sur le concept ufologique qui n’était pas très développé dans le metal à part quelques groupes qui le pratiquent mais dans ces styles là on est plutôt dans l’heroïc fantasy. Nous avons voulu mettre le doigt sur quelque chose d’un peu différent et le deuxième disque est un approfondissement des thèmes qu’on développait dans Majestic 12 : Open Files, de ces mises en garde d’une civilisation peut être supérieure qui viendrait à un moment nous dire de ne pas jouez pas avec le feu car vous ne maitrisez pas tout. Derrière cela il y a toujours des métaphores religieuses parce que dans Majestic 12 : Open Files on appréhendait aussi la Bible. Tout ce que la Bible peut nous donner comme image particulière au niveau des êtres supérieurs. Parfois dans la Bible il y a des descriptions qui nous paraissent étonnantes et je suis parti de ça pour expliquer notre approche. Tu retrouves cela dans le deuxième opus un peu moins mais tu le retrouves. On a voulu développer le côté sélénite entre les sélénites et les humains en expliquant que les humains viennent peut-être de là et que ces sélénites nous mettent en garde contre les pratiques terrestres un peu limite.

C’est intéressant cette thèse, j’ai vu un reportage selon lequel les humains descendraient des extra-terrestres qui d’ailleurs se seraient réfugié quelque part sous la banquise ou des villes auraient été construites. C’est un sujet qui vous passionne les extraterrestres, l’ufologie ?

Mathieu.
Quand tu appréhendes l’histoire de l’humanité après la seconde guerre mondiale on s’aperçoit qu’il y a une accélération de la modernité, avec des technologies assez époustouflantes. On bascule d’un monde qui a été pendant des centaines d’années assez figé avec quelques évolutions mais après 1945 ça s’est vachement accéléré. Certains avancent cette idée que depuis les contacts en 1947 de Roswell par exemple aux Etats Unis on a peut-être profité de technologies venues d’ailleurs. Cela s’est déjà manifesté au moment de la seconde guerre mondiale avec des ingénieurs allemands qui ont fabriqué le Wernher von Braun, la fusée V2 qui ensuite a permis aux Etats unis d’aller sur la lune et il y a toute cette théorie qui expliquerait que les Allemands auraient des bases en antarctique. Il y avait des liens avec des civilisations plus avancées que les nôtres. On est parti de ce principe-là pour développer un concept et des thèmes autour de ça. Depuis 1940-1950 on pense avoir été sur la lune en tout cas ce qui nous semble pour nous cohérent. Aujourd’hui tu vois ce que cela donne avec tous les projets pour aller sur Mars, il y a eu une accélération incroyable. On est passé de la littérature et des rêves à la réalité.

Comment vous avez travaillé sur l’écriture des morceaux je suppose qu’il y a un travail de recherche conséquent. Est-ce que vous avez écrit de nombreux morceaux pour ensuite faire une sélection ?


Mathieu.
Si on prend la durée entre le premier album et le deuxième cela a été très long parce qu’on a plus fait de recherches. Un morceau par an.

Kevin.
Et encore un morceau tous les ans et demi. Il y a toujours un concept à la base j’écris le concept, je développe les textes, je mets des mots et des images sur ce que j’ai en tête. J’en parle avec Mathieu et Mathieu utilise cela pour développer la musique qui lui permet de créer des ambiances qui sont assez cohérentes que moi je peux écrire. Pour les sources ce sont des textes antiques, on est parti de deux écrivains latin et grec Lucien de Samosate et Cléarque de Soles qui étaient des écrivains antiques qui avaient développé des théories sur les habitants de la lune et de l’impact sur la lune de l’être humain. Cela a été la base du concept et ensuite on a déroulé avec la civilisations des sélénites et des textes antiques sur qui est le roi des sélénites, comment les humains et les sélénites se réunissent finalement pour créer une civilisation un peu nouvelle. C’est la base des textes antiques et après j’ai agrémenté cela avec des missions américaines sur la lune de l’opération Paperclip après la seconde guerre mondiale avec ces fameux scientifiques nazis qui sont parti en Allemagne pour donner aux états unis cette capacité d’aller sur la lune. Ces fameux missiles V2 qui s’est déroulé comme ça gentiment. Après il faut trouver des accroches et donner une teneur un peu plus puissante à travers les morceaux pour ordonner corps à ce concept.



Vous avez choisi « Lunar Obsession » : “La vision de Jules Vernes ou de Georges Mélies de voyager vers la lune n'est plus un fantasme mais une réalité. Nous illustrons dans ce titre cette conquête lunaire des années 60. L'introduction, tout en montée, évoque le lancement d'une fusée et de sa navette avant qu'un premier couplet n'installe la beauté calme de l'espace“ comme premier single est-ce que ce choix a été une évidence ou le fruit d’une longue réflexion ?

Mathieu. C’est assez difficile de répondre à cette question car on a sélectionné trois morceaux pour faire des vidéos c’est plutôt le rendu esthétique qui a primé sur le choix du titre c’est-à-dire que le rendu esthétique visuel de “Lunar Obsession“ était celui qui nous paraissait le plus cohérent à la fois au niveau conceptuel et au niveau de ce que l’on veut présenter sur ce disque. La musique est peut-être finalement moins caractéristique de ce que l’on propose sur le deuxième album.

Kevin.
C’est vrai que ce titre ne donne pas le tempo de ce que tu vas découvrir ensuite. C’est un chant clair plus posé une progression relativement simple qu’on peut trouver ensuite sur les autres titres mais en tout cas ça nous permettait de développer une imagerie que tu vas trouver ensuite sur l’album et de poser les bases de ce nouveau projet. C’est à la fois risqué et positif mais je dirais risqué parce que si les gens écoutent, les gens peuvent se dire ça va être un peu mou du genou mais ce n’est pas non plus ce qu’on s’attend à découvrir. C’était un long débat entre nous mais je pense qu’aujourd’hui c’est la porte d’entrée vers notre univers. C’est pas mal.

Mathieu.
Et surtout ce qui est intéressant c’est la mise en lumière de ce que Kevin disait avant par rapport à la mise en musique de ces textes parce que je pense que c’est sur ce morceau que la mise en musique du texte et le plus parlant au niveau de ce que l’auditeur peut ressentir avec cette introduction qui évoque tout à fait à mon sens une mise en orbite d’un engin spatial. Ce premier couplet qui fait redécouvrir finalement le vide et le calme de l’espace, en tout cas pour moi musicalement c’est la chanson qui colle le plus aux ambiances que Kevin m’a demandé de développer titre par titre.

Tu veux dire tu écris la musique sur les textes et non l’inverse ?

Kevin. Oui on part du concept, on part des textes. Ce sont les textes qui te permettent de développer la musique ; c’est exactement ça on part toujours des concepts et des textes.

Vous avez tourné un clip à Verdun dans l’église Saint Jean-Baptiste avec le Père Monnier. Comment s’est passé le tournage et quel est l’idée derrière cette captation ?


Kevin.
Le tournage dans l’église c’est pour coller au concept parce que les premiers phénomènes lunaires qu’on a aperçu sur la lune ce sont des moines de l’abbé de Canterburry en Angleterre qui l’on signalé au douzième siècle. Donc il fallait qu’on ait cette ambiance de moine pour finalement faire le lien avec les sélénites. C’est eux qui ont observé la lune et qui ont commencé à se poser des questions sur ce qui pouvait se passer. C’est un peu la clé d’entrée dans le concept et nous avons la chance d’avoir notre ami prêtre pour mettre à disposition les lieux et le tournage du clip s’est fait dans cette ambiance. On voit les moines, on voit un personnage sélénite qui apparait avec une vénération et adoration des moines pour ce personnage lunaire de la lune. En fait tout tourne autour de cette thématique.  Comme je te le disais la Bible à une importance dans toutes les écritures qu’on peut développer autour des concepts de Symakya. C’est important pour moi de proposer un premier clip avec cette approche religieuse finalement de concept.

J’ai l’impression que la Bible et la religion c’est important pour toi.

Kevin. Dans tous les albums que j’ai faits il y a toujours en filigrane un lien avec le religieux que ce soit avec Seyminol ou avec Symakya. Cela reste la base des sociétés qui structure, les sociétés qui les structurait par le passé davantage qu’aujourd’hui. C’est vrai qu’il y a un peu une perte de repère. On est dans une société consumériste mais à l’origine et surtout au moyen âge, ça été les siècles du religieux et du christianisme. Aujourd’hui en France on est dans une séparation de l’église et de l’état. On voit des pays qui ont une religion d’état et qui sont très proches de leurs religieux. Je pense qu’il y a beaucoup de choses à découvrir dans ces textes, beaucoup de sujets à développer et ça permet d’enrichir aussi le contenu. Je ne suis pas trop pour des albums Heroic Fantasy sur des choses qui sont finalement des inventions à La Tolkien. Tolkien a beaucoup puisé dans l’histoire et crée son univers. Moi je préfère me baser sur des choses existantes, il y a tellement à dire et à faire que le terreau de la religion est gigantesque pour pouvoir appréhender le style musical et notre univers.

Est-ce que vous allez continuer sur ce concept pour le prochain album ?

Mathieu. On pense au prochain album et on ne mettra pas treize ans pour le faire. On va mettre vingt ans cette fois ci. Rires.

Kevin. Comme on l’a dit on a déjà perdu beaucoup de temps, on trouvera toujours en filigrane cette thématique. Je ne peux pas te dévoiler quel sera le thème du prochain opus. On en a déjà discuté avec Mathieu mais bien entendu on restera sur cette thématique ufologique aussi avec des touches de textes religieux et de textes d’écrivains antiques.

Comment ça s’est passé en studio vous travaillez en home studio ou dans un studio d’enregistrement ?

Mathieu. On a enregistré chacun chez soi comme on dit puisqu’on a la chance d’avoir nos propres studios d’enregistrements qui ne sont pas des studios professionnels mais semi professionnels. Thomas le batteur a enregistré chez lui, Julien le bassiste a enregistré chez lui et moi j’ai enregistré les chants de
Kevin les guitares et les claviers chez moi. Ça fait plus de trente ans que je fais du mixage donc c’est un domaine que je pense maitriser aujourd’hui assez bien. On a eu beaucoup de discussion entre nous pour savoir si on allait externaliser le mixage si j’allais m’en occuper. La conclusion a été que je m’en suis occupé et la phase finale du mastering a été confié à Mika Jusila au Finnvox en Finlande qui est un des gros studios de mastering en Europe ou des combos comme Nightwish, Sonata Arctica par exemple font masteriser leurs disques là-bas.



Interview 20 Mars 2024
Pascal Beaumont / Photo DR
 
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)