mardi 22 octobre 2024

LITTLE ODETTA // CHRONIQUE CD // "Little Bit of Soul" Sortie le 20 septembre 2024.


Groupe : Little Odetta
Titre : Little Bit of Soul
Date de Sortie :  20 Septembre 2024
Label : DixieFrog Records
Genre Musical : Rock & Soul


Sorti en septembre 2024, "Little Bit of Soul" marque une évolution passionnante pour Little Odetta, un groupe qui s'inscrit dans un registre soul, blues et rock aux touches modernes. Cet album brille non seulement par ses compositions habiles, mais surtout par la performance de sa chanteuse emblématique, Audrey Lurie. Sa voix puissante et rauque, teintée de nuances délicates, donne une profondeur émotive à chaque morceau, créant une atmosphère qui capte dès les premières notes.

Audrey Lurie est indéniablement le cœur de "Little Bit of Soul". Sa voix, à la fois puissante et nuancée, incarne les multiples dimensions émotionnelles de cet album. Elle passe sans effort de la force brute à la délicatesse, incarnant l’essence même de la soul. Audrey parvient à évoquer à la fois la puissance et la fragilité humaine, offrant à cet album une authenticité et une intensité remarquables.

Les compositions électriques d'Audrey Lurie (Chant) et Lucas Itié (Guitariste), les deux co-fondateurs du groupe, sont animées par la section rythmique d'Aurelien Herson-Macarel et Fabien Rault sur des cadences énergiques et groovy, tandis que Florian Chignon aux claviers donne corps à l'ensemble et renforce la touche retro du groupe.

La force de Little Odetta réside dans la symbiose entre les membres du groupe et la voix d’Audrey Lurie autant sur scène que sur "Little Bit of Soul".
Sans oublié évidemment l’impact des musiciens talentueux qui composent Little Odetta. Chaque membre du groupe Lucas Itié a la guitare , Fabien Rault Batterie, Aurelien Herson-Macarel à la Basse et Florian Chignon aux claviers contribue à l’identité sonore unique de cet album, apportant une richesse et une cohésion qui ancrent le projet dans une tradition soul, blues et rock tout en y ajoutant des touches modernes.
Ensemble, ils explorent une palette d’émotions et de styles tout en gardant une cohérence qui fait de "Little Bit of Soul" un album abouti et authentique.

En résumé, un album remarquable à savourer à sa juste valeur. N'hésitez pas à venir les voir sur scène près de chez vous, un moment inoubliable de communion avec Little Odetta.


Les Titres :

No Medication
Out Of The Game
Who’s Got The Answer?
Little Bit Of Soul
Take You Away
Struck
Leave Me Alone
2045
Drive Me Mad
He’ll Come Running
Sweet Release

Thierry CATTIER

ChatGPT

vendredi 4 octobre 2024

ARMELLINO (Yann Armellino / Vincent Martinez) // INTERVIEW // Un projet "Heritage Blend" la classe du Rock en quelques notes - Octobre 2024.

Un album pour cette rentrée de septembre, ce projet ARMELLINO rassemble Yann Armellino et Vincent Martinez  entourés par quelques bons musiciens pour notre plaisir et qui ravira tous les fans de bonne musique, les fans de guitares, les fans de Rock enfin bref ... Il y a des jours comme ça où parfois un album arrive sur votre platine et, à la première note une émotion vous envahit et cela devient évident.. Ce disque que je suis en train d’écouter est une vrai bombe dans ce monde musical qui hélas se perd dans des méandres du tout et du rien... et au milieu de tout cela, un disque de toute beauté brut et pur a la fois, ici place à tout ce que l'on aime, le pur, le vrai, la bonne musique qui nous prend les tripes.
Nous avons eu envie d'en savoir plus, alors voici quelques questions à ces deux protagonistes Yan et Vincent.


 
A quel âge avez vous commencer à jouer de la guitare ?
Yan : Vers 14 / 15 ans, j’écoutais déjà beaucoup de musique durant mes années collège…Mon frère Alban avait commencé la batterie environ deux ans avant moi, à l’époque, il jouait dans un groupe de Rock un peu « garage » et je passais mes samedis à aller les voir répéter. J’étais fasciné par le guitariste rythmique qui jouait essentiellement des « power chords » (NDR pour les « non guitaristes » : ce sont des accords de puissance, assez « basiques » mais rudement efficaces, la base du « son » rock, des Sex Pistols à Scorpions…). Ça a été le déclencheur, je voulais en être ! Dans mes souvenirs, ce guitariste jouait sur une Ibanez Roadstar, proche d’une Stratocaster de Fender. C’est l’autre guitariste du groupe qui m’a vendu ma première guitare, une Tokai copie Stratocaster. Je suis autodidacte et, même si ça semble fou aujourd’hui, il n’y avait pas YouTube et toutes les vidéos pédagogiques que l’on peut trouver en un clic, j’ai donc beaucoup travaillé en déchiffrant mes albums favoris à l’oreille et, même si c’était souvent approximatif, cela m’a permis de développer mon oreille musicale, j’en ai usé des vinyles (rire).
Vincent : A 5 6 ans, j’ai débuté avec des accords simples de chansons que j’aimais bien comme Herman’s Hermit No Milk Today

Quelles sont vos premières influences musicales ?
Yan : Au début, j’ai été influencé par de nombreux groupes de Hard Rock, à commencer par Kiss. Ensuite, tu découvres plein de choses différentes, tes influences sont en constante évolution. Difficile d’énumérer tous les artistes qui ont comptés. Après Kiss, j’ai découvert tout un tas d’albums de groupes Hard Rock comme Kick Axe « Welcome to the Club », RATT, Pretty Maids, Saxon, Iron Maiden, Metallica, Van Halen qui a été un choc. Chez moi, on écoutait aussi Led Zeppelin, Crosby Still Nash, Deep Purple
Vincent : De la musique classique Bach, Beethoven, Vivaldi. Ensuite est venu Stevie Wonder etc.
J’écoutais ce qui passait à la radio.

Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?

Yan : Il y en a un qui a plus compté que les autres : KISS. J’ai eu un choc tant musical que visuel quand j’ai découvert le groupe. Les deux premiers albums que j’ai écoutés sont « Unmasked » et « Destroyer », deux facettes du groupe avec le côté rock hard pop et l’aspect plus hard rock. Ils avaient un sens du riff et de la mélodie incroyable, sans oublier une attitude et le sens du rock’n roll circus. En France, ils sont malheureusement réduit à leur tube « I Was Made for Lovin’ You » mais les cinq premiers albums sont très rock – hard rock, la blue note n’est pas bien loin…

Vincent :
J’adorais la musique en général, j’apprenais la guitare classique, et après avoir découvert les Beatles et AC/DC, je me suis mis à la basse et à la guitare électrique.  

Apres plusieurs albums a votre actif est ce que votre manière de travailler à changé?


Yan :
Me concernant, je n’ai pas l’impression d’avoir trop changé ma façon de travailler, il a fallut que je m’adapte aux nouvelles technologies d’enregistrement avec l’arrivée du « tout numérique », j’y ai mis un certain temps mais à l’arrivée, je reconnais que c’est un outil qui te facilite la vie quand tu travailles avec plusieurs musiciens et que tu dois envoyer et/ou recevoir des fichiers. C’est grâce à Vincent que je m’y suis mis donc sur le tard…



D'ou est venu l'idée de ce projet Yann Armellino et Vincent Martinez ?


Yan :
L’idée de nous réunir est venu assez naturellement, nous nous connaissons depuis longtemps et avons suivis respectivement nos différents projets. Quand Vincent a quitté Carousel Vertigo, on s’est dit que c’était le moment idéal pour envisager une collaboration. Avec le recul, je pense qu’on aurait pu s’y mettre bien avant car humainement et artistiquement, ça se passe très bien.

Vincent :
J’adore la musique de Yann, on s entend bien !


Vous avez convié à se joindre à vous Alban Armellino à la batterie et Jacques Mehard-Baudot à la basse raconte comment cela s'est fait ?

Yan :
Avoir Alban à nos côté était une évidence car il était déjà avec moi lors de mes deux précédents albums. En plus de notre complicité naturelle, il apporte une solidité rythmique qui colle parfaitement au style. Quand nous avons cherché un bassiste, il se trouve que Jacques, que vous avez plus l’habitude de voir guitare en main, jouait déjà de la basse. On se connait également depuis des années. On souhaitait, en plus d’une belle histoire musicale, vivre un truc un peu familiale, qui marche à la confiance, sans problème d’égo etc.  

Comment s'est passé l'enregistrement de "Heritage Blend » ?

Yan :
C’est de loin l’enregistrement qui m’aura pris le plus de temps niveau création, pré productions…comme nous n’avions pas de deadline, nous avons vraiment pris le temps nécessaire pour aboutir à ce que nous avions en tête. Il y a eu aussi la pandémie de Covid qui nous a stoppée net pendant quelques mois…Un fois les compositions validées, nous avons commencé par enregistrer des prés productions dans mon home studio et avons ensuite tout transféré chez Didier Théry qui a mixé et réalisé l’album. Didier, en plus d’être très patient et à l’écoute de nos souhaits, s’est vraiment impliqué dans le projet en y ajoutant ses idées de chœurs, de percussions (les claps sur « I’m Only Me »), de batterie (le groove tout en finesse sur la cover de Thin Lizzy). Une chouette rencontre.

Un album hommage aux classic rock des années 70 et 80, pouvez vous nous parler de vos influences ?

Yan :
Nos influences sont multiples, effectivement très 70’s et 80’s. C’est assez vaste mais je peux te citer dans le désordre : Fleetwood Mac, Cream, Creedence, Free, Humble Pie, les Small Faces, Bad Company, Deep Purple, Whitesnake (période anglaise), Kiss (période 70’s), Thin Lizzy, Van Halen sans oublier le répertoire de la Motown qui est une vraie mine d’or.

Vincent :
Très influencé j’imagine par Little Richard, la Deep Purple family, Johnny et Edgar Winter, Bad Company.

2 reprises sur l'album "Fire" de Etta James avec Jessie Lee Houllier (Jessie Lee & The Alchemists) et "Dancing In The Moonlight" de Thin Lizzy en acoustic comment avez-vous fait ce choix de reprises ?

Yan :
Concernant « Fire », Vincent et moi-même sommes des fondus du répertoire de la Motown. Dans mes albums précédents, j’avais l’habitude de faire un clin d’œil à ce style qui est une source d’inspiration, quand tu écoutes des artistes comme Sly Stone, Ike & Tina, Stevie Wonder, quelle groove, quelle énergie !! Même si « Fire » est du répertoire Chess, on n’est pas trop éloigné…Pour interpréter ce titre, on a tout de suite pensé à Jessie Lee qui a accepté notre invitation, elle a vraiment mis le Feu ! C’est super de l’avoir avec nous sur cette cover que l’on a légèrement « électrifiée ». Thin Lizzy est aussi une de nos influences et faire un hommage à ce monument du Rock nous semblait être une bonne idée. Le choix n’a pas été facile mais reprendre un de leurs morceaux rock aurait été plus attendu, on a donc essayé « Dancing In The Moonlight », bonne pioche ;p) J’aime beaucoup l’interprétation de Vincent sur ce dernier, il a su s’approprier la mélodie en l’interprétant à sa sauce, il a une fragilité qui me touche.

Vincent :
Yann a commencé à jouer « Dancing in the Moonlight » à l’acoustique, c’était très cool. C’est parti de là.

En avez vous essayé d'autres ? Si oui lesquelles ?

Yan :
Nous avons été vite fixés sur ces deux choix à faire figurer sur l’album. On a enregistré une troisième reprise d’un groupe d’un genre très différent…titre que l’on jouera en concert et qui figurera dans un deuxième opus. Petit indice, c’est un groupe mid 60’s et le titre date de 1971…Réponse prochainement en Live (Rire).

Vincent :
Oui, peut être qu’on va les enregistrer et/ou les jouer sur scène.

La pochette de "Heritage Blend" est un clin d’œil au 1er album du Fleetwood Mac de Peter Green, pouvez vous nous dire quelques mots à ce sujet ?

Yan :
Dès le départ, nous n’avions pas envie de figurer sur la cover de l’album, nous souhaitions une illustration originale. C’est Laurent Bodson, artiste peintre très talentueux, qui l’a réalisée, il a fait un super boulot, en plus d’être inspirée par le Fleetwood Mac de Peter Green, elle fait référence à un magasin de musique emblématique qui peut rappeler celui d’un film culte, si je vous dis costumes sombres, Borsalino et lunettes noires ? Elle a ensuite été finalisée par l’agence 311mph, ils ont fait un travail remarquable. On envisage sérieusement la parution d’un vinyle.

Vincent :
J’adore Peter Green, quand j’ai débuté à la guitare, j’ai entendu sa version de « the stumble » et « my time after a while » avec John Mayall, après à 13 ans, j’ai acheté « mr wonderful », j’adore aussi des chansons comme « sandymary », « man of the world ». L’influence de sa musique est énorme de Santana à Aerosmith en passant par Judas Priest entre autres. Sa voix est incroyable également.



La guitare est pour notre plaisir la clef de voute de l'album "Heritage Blend" parlez-nous un peu de celles que vous utilisez

Yan :
Je suis endorsé par Ibanez et utilise donc plusieurs modèles de la marque. Ma principale étant la Roadcore Prestige japonaise qui est un parfait compromis entre vintage et moderne, elle a deux micros Seymour Duncan, corps acajou, manche érable et touche palissandre avec des mécaniques Gotoh à blocages. Je joue aussi les modèles Darkstone, plus proche d’une Lespaul ou encore les SZ « première génération ». En complément à ta question j’utilise des cordes de la marque Elixir, modèle « Nano Web » tirant 09/42, le tout branché dans un ampli DV Mark Triple 6.

Vincent :
J’ai utilisé ma Gibson SG , une Melody maker et ma guitare du luthier Alexandre Bouyssou.

Vous souvenez vous de votre premier concert ?

Yan :
En tant que guitariste, malheureusement je ne m’en souviens pas…ça ne devait pas être fameux, il faudrait que je demande à mon frère qui devait sûrement être avec moi. Désolé. En tant que spectateur, c’était un concert de Bernard Lavilliers à l’Olympia, j’ai été éblouit par les chorus de Marco Papazian, ça jouait très rock sur certain passage ! Peu de temps après, j’ai vu Kiss au Zenith en 1984 avec Bon Jovi en première partie. Ce n’était pas visiblement un de leur meilleur concert mais comme je les voyais pour la première fois, j’ai adoré. Encore une fois, il faut se remettre dans le contexte de ces années là, il n’y avait pas Internet et les téléphones portables, on découvrait nos artistes favoris en Live, ça avait un côté magique.

Vincent :
Deep Purple lors de leur tournée « the battle rages on », fantastique. Si c est le premier concert en tant que performer, J’étais en 5eme, on a joué à la fête du collège des titres comme « Don’t cry » de Guns n Roses, « Smoke on the Water » et « Johnny b good ».

Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel vous rêvez de jouer ?


Yan :
Oui bien sur, il y en a même plusieurs. Voici ma petite liste… Noël n’est pas si loin !! Paul Stanley (chanteur – guitariste de KISS) à la grande époque. J’aimerai bien jouer avec Michael Monroe (Hanoi Rocks). Ronnie Atkins (Pretty Maids) qui, je pense, pourrait déchirer sur un album tendance Heavy Blues. Le guitariste Blues Saraceno. Stevie Wonder, Tina Dico dans un genre très différent, Tears For Fears, Ted Nugent, Stage Dolls, Billy Gibbons…Plus récemment les Blackberry Smoke que je trouve incroyable.
Vincent : Toutes les occasions de jouer sont géniales.

Quels sont vos projets à venir ?

Yan :
Réponse pas très originale mais nos projets sont de trouver un maximum de dates pour défendre l’album. Essayer de faire des premières parties etc. Nous avons quelques pistes sérieuses pour des festivals l’année prochaine…à suivre.

Vincent :
Défendre l’album sur scène, enregistrer des nouveaux morceaux, retourner sur scène (rire)
Merci shooting idols! Merci pour votre soutien!


Avez vous envie de rajouter quelque chose, faire passer un message ?

Yan :
Deuxième réponse pas très originale mais néanmoins utile pour défendre notre profession, je voudrais juste rappeler qu’écouter les artistes sur les plateformes de streaming c’est bien et très pratique mais acheter nos productions et aller nous voir en concert c’est encore mieux. Notre métier traverse une crise depuis l’arrivée du tout numérique et les recettes des plateformes sont quasi inexistantes (pour rappel, c’est 0,004 cents par écoute). Merci beaucoup pour votre soutien et à bientôt.

Voir le clip ICI "It's Only me"




Interview Septembre 2024
Thierry CATTIER
Photos DR


mardi 1 octobre 2024

[NO ONE IS INNOCENT] (Kemar) //INTERVIEW // Colères - Septembre 2024.


Après plus de trente ans d’existence [NO ONE IS INNOCENT] qui fait partie du paysage métallique français au même titre que MASS HYSTERIA, TAGADA JONES et ULTRA VOMIT, ces comparses dans le mythique Le Gros Quatre à décider de tirer sa révérence. Une annonce qui a surpris tout le monde au vu de la qualité de leur derniers méfait Ennemis sorti en 2021. Un véritable petit séisme pour tous les fans de la formation Parisienne qui les suivent depuis leurs débuts. Pour conclure l’aventure le gang a décidé de nous offrir un Best Of intitulé Colères agrémenté de deux titres inédits enregistrés en mai 2024 “L’arrière-boutique du mal“ où le groupe dénonce l’action diabolique du Cyber harcèlement et “Ils marchent“ sur le dérèglement politique à venir. Rassurez-vous l’arrêt total n’est pas immédiat et pour défendre ce dernier opus nos amis s’apprête à sillonner les routes Française avec comme point culminant un concert dans leur fief la Cigale le 20 mars 2025. Pour en savoir un peu plus sur cette décision qui semble irrévocable nous nous sommes entretenus avec le chanteur Kemar personnage sympathique et haut en couleur qui continue à lutter sans cesse en musique contre la racisme, dénoncer la répression sociale, condamner les dictatures, rejeter le terrorisme et l’obscurantisme, désigner les ennemis de la République et de la liberté d’expression…Un vrai sacerdoce qui a animé tout le parcours de ce combo hors du commun qui nous manque déjà ! Magnéto Kemar c’est à toi !



Vous avez donné un concert le 17 aout en Belgique au Park Rock Festival votre premier concert avec votre tout nouveau line up composé de trois nouveau musicien Mathys (batterie), Fred (guitare) et Marceau (guitare) comment as-tu vécu ce premier show ?

Kemar. C’est un peu simpliste ce que je vais te dire mais c’est comme le vélo c’est-à-dire qu’on avait l’impression qu’on avait joué ensemble depuis au moins dix à quinze concerts. Il y a des automatismes qui étaient là. De la complicité, on s’est laissé embarqué par les morceaux de No One. Tout d’un coup il y a tout qui vient avec l’énergie, ce que cela raconte, les gens en face de nous. C’est hyper interactif. C’était terrible. Vraiment. Au sein du line up il y a quand même Fred Mariolle, un gars qui a toujours gravité autour de No One parce qu’il y a quelques temps il avait joué des live avec nous. Puis il a participé à la compo de certains titres de Propaganda. Ce n’est pas non plus un inconnu mais il y a aussi le fruit du travail. On a pas mal bossé depuis un an, on s’est souvent mis la pression pour bien faire les choses et à un moment donné ça paie.

Vous avez donné d’autres concerts à part celui-là ?

Kemar. Non, c’est le seul parce qu’on n’avait pas envie d’en faire plus car on avait encore des clips à faire, de la promo et quelques réglages. On s’était dit que l’on se concentrait sur 2025.

Est-ce que tu as été surpris du départ des deux guitaristes Shanka et Popy ainsi que de votre batteur Gaël Chosson ou tu t’y attendais ?

Kemar.  Ecoute avec Tranbert le bassiste, on n’a pas été forcément ultra surpris parce qu’émotionnellement ils n’ont pas encaissé ce que l’on a traversé ces deux dernières années. Comme Tranbert et moi pour eux cela a été difficile de subir la pause de No One. Ce sont toujours des moments où il y a un peu d’animosité qui ressortent pendant ces moments-là. Avec Tranbert on n’a pas été surpris de ce départ.

Finalement la surprise vient du fait que vous avez décidé d’arrêter l’aventure après trente ans d’existence. On aurait pu penser que cela allait durer encore longtemps un peu comme Deep Purple ?

Kemar. 
Pas mal (rires). C’est un peu l’exemple que l’on donne avec Tranbert en ce moment. Quand on voit leur dernière production, voir leurs clips et leurs prestations live même si c’est un groupe où j’ai énormément de respect, des morceaux que je chantai quand j’étais ado, je commençai alors la musique avec Tranbert, on se dit que l’on n’a pas envie de terminer comme ça. Il y a aussi l’énergie que demande un groupe comme No One. On n’a pas envie de faire l’album de trop, ni la tournée de trop. C’est un combo qui a une énergie et un ADN qu’il faut respecter. Tu décides de faire des chansons avec No One, tu ne changes pas ton braquet au niveau compo et interprétations ne serait-ce que par rapport à ce que le groupe raconte. Quand tu mets le pied sur scène il faut être fidèle à ce que demande cette formation. Quand tu joues les morceaux tu ne peux pas faire semblant ou alors sans être physiquement en adéquation avec ce qui est raconté et joué.

Tu veux dire que c’est une décision que vous avez murement réfléchie et prise ensemble ?

Kemar. 
Oui cela fait un moment que l’on en parle tous les deux pour toutes ces raisons-là, on s’est dit que la boucle était bouclée. Après avec le reste du groupe on s’est dit que l’on ne s’interdisait pas d’écrire des chansons puis les balancer mais pas avec tout ce que représente et comporte la sortie d’un album.

Cela veut dire plus d’album et plus de tournée non plus ?

Kemar. Cela veut dire que l’on revient en 2025 sur une série de concert, et 2026 2027 ce sera la tournée qui clôturera l’histoire de No One.

Est-ce que cela ne va pas te manquer ?


Kemar.
Si surement avec Tranbert dans nos discussions je le ressens. On positionne le groupe à chaque fois très haut dans ce que l’on doit être et représenter. Je pense à la fois nos corps qui nous parlent et l’histoire du combo. Comme je te le dis on n’a pas envie de faire l’album de trop et la tournée de trop. Ça c’est un truc qui me hante. Comme dit Fred Mariolle il vaut mieux partir comme Zidane après trois ligues des champions et dire ciao les gars (rires). C’est un peu ça.

Il vaut mieux s’arrêter en haut.

Kemar.
Il vaut mieux s’arrêter en haut parce que j’ai envie de laisser l’image d’un groupe qui a toujours été imprévisible, inattendu sur scène et qui a toujours sorti des morceaux sans fioriture avec un vrai message et ne pas changer son ADN simplement parce que tu as dépassé la cinquantaine.

Le best of Colères porte bien son nom. Comment avoir choisi les morceaux après dix albums. J’imagine que cela n’a pas dû être facile !

Kemar. Non parce qu’avec Tranbert on a beaucoup regardé ce qu’on a beaucoup joué sur scène parce que la plupart des morceaux qui ont été joués sur scène sont des morceaux importants. Je pense à “La Peau“, “Nomenklatura“, “Charlie“, “Djihad Propaganda“, “Silencio“ tous ces morceaux qui font partie de l’histoire du groupe et ce qu’il a raconté d’important.

Je dirai même que ce sont des classiques.


Kemar.  Ouais je pense que quand tu fais un best of tu mets des classiques qui ont marqué l’histoire de ton groupe et à côté de cela quelques petites perles notamment “They Learn Your Love“. J’ai toujours eu une attache particulière pour ce morceau parce que je me rappelle la façon dont il a été construit, le moment où il a été enregistré. Parfois, de temps en temps les gens sont peut-être passés à côté de titres comme ça et ça permet de leur donner une seconde vie.

Les deux morceaux inédits ou été écrit récemment ou vous les aviez composés depuis longtemps ?

Kemar.  Non ce sont vraiment de tout nouveau titres qu’on a composé il y a un an et quelques mois. C’est le fruit de l’écriture des textes et c’est ça qui a influencé beaucoup la sonorité et la compo des deux morceaux.

Colères propose des textes qui amènent à réfléchir. “L’arrière-boutique du mal“ soulève le problème des réseaux sociaux et leurs dérives un thème totalement d’actualité au vus des évènements récents !

Kemar.
Je trouve que c’est un vrai maux de la société comme certains disent dans la formation cela aurait pu être Révolution.com 3.0. A l’époque quand on a écrit Révolution.com c’est l’avènement d’internet. On se retrouve en boite avec nos fans en train de faire un chat en sortant on voit une centaine de mec avec des ordis complètement concentrés, hyper connectés et on leur demande ce que vous faites et nous disent qu’ils répondent à des pétitions sur internet. Pour nous la révolution c’est à la fois dans l’art et dans la rue. On leur dit “mais j’ai l’impression que vous allez changer la phase du monde et que vous allez être entendu parce que vous répondez à des posts sur internet“. Les mecs n’avaient aucune conviction et on a trouvé cela complétement « chelou ». On s’est dit il y a quelque chose qui est en train de changer. C’est à partir de là qu’on a écrit Révolution.com. Quand tu écris vingt ans plus tard “L’arrière-boutique du mal“ tu te rends compte de ce qui a changé et de la façon dont aujourd’hui on utilise, certains utilisent Internet c’est à dire pour balancer, faire du mal, terroriser, menacer etc. Evidemment c’est une partie d’Internet je ne dis pas que tout est nocif mais que c’est quelque chose où il y a des vies qui ont été brisées, des gens qui sont décédés à cause de ce fléau. Ce qui a toujours caractérisé l’écriture dans No One et pourquoi on a envie de parler de cela. Tu as l’impression que c’est un sujet très consensuel que tout le monde trouve génial. Ce qui m’a toujours intéressé c’est de gratter ce qui est consensuel. Par exemple l’affaire Mila c’est un truc qui m’a vachement marqué ou alors toutes ces gamines qui ont subies des harcèlements. Le cyber harcèlement via des propos homophobes ou alors de tailler les LGBT. C’est quelque chose qui me dérange et qui en plus est une discussion collégiale dans le groupe. C’est pour ça que j’ai eu envie d’écrire là-dessus.

Est-ce qu’il y a des thèmes aujourd’hui qui te donne de nouveau envie de prendre la plume car j’imagine que tu ne vas pas t’arrêter d’écrire ?

Kemar. Non, non je ne vais pas arrêter d’écrire mais je pense que quand tu vois ce qui se passe entre Israël et la Palestine tu as toujours envie d’écrire, et dans notre pays tu as toujours envie d’aborder des choses. Par exemple le deuxième titre “Ils marchent“ c’est un morceau qui est musicalement totalement différent de “L’arrière-boutique du mal“. Mes potes m’ont dit par rapport à ce que tu as écrit, à ce que cela raconte on n’a pas besoin de monter le volume à donf pour le raconter. On a cherché d’autres formes, une autre façon de raconter et d’interpréter. Je ne sais pas mais j’ai l’impression d’écrire des textes complétement intemporel. Sur “Ils marchent“ j’ai utilisé le vocabulaire du dérèglement climatique pour évoquer la dangerosité de l’arrivée du Rn au pouvoir. Même avec tout ce qui se passe en ce moment, politiquement j’ai vraiment la peur, l’impression que l’on est en sursis. Peut-être que c’est un texte qui fera encore écho dans un an, un an et demi.

C’est ce que je ressens en lisant les textes du best of. Finalement tous les sujets que tu as abordé au cours des années sont pour la plupart encore d’actualités d’une manière ou d’une autre.

Kemar. Oui, c’est ce côté qui est à la fois réjouissant parce que quand tu vois tous les titres sur ce best of tu te dis ça pue, ça transpire encore la réalité d’aujourd’hui. Quand tu te retournes sur ta carrière tu te dis que voilà. C’est pour ça que je te dis faire l’album de trop pour moi et Tranbert c’est quelque chose qui nous hante un peu.

Votre premier opus est sorti en 1994 s’appelait No One Is Innocent et s’est vendu à 100 000 exemplaires, vous avez d’ailleurs eu un disque d’or. C’est faramineux au vu des chiffres d’aujourd’hui ! Comment avez-vous vécu cela ?

Kemar. C’était comme une espèce de transe parce que c’est un groupe qui se forme hyper vite, qui se met tout de suite à faire des répètes, à aller faire quelques concerts, à rentrer en studio par accident, à voir plein de gens qui commencent à parler de toi avec grâce aussi à l’avènement de formations comme Rage Against The Machine. C’est une musique que j’avais dans la tête depuis un moment qui grâce à ce combo met en lumière ce que l’on était en train de faire. On a la chance d’avoir “La Peau“ dans notre poche. C’est un morceau qui va nous propulser au-devant de la scène. Aussi par le fait que scéniquement parlant à un moment donné la formation raconte quelque chose. Il y avait à la fois disco-graphiquement ce que l’on avait réussi à faire et aussi les prestations live. Toutes les idées qu’on a eu que ce soient dans les pochettes, dans les clips, dans les voyages à l’étranger qu’on a pu faire et ce que l’on a ramené dans nos besaces. Cela a été une espèce de transe incroyable. On a réussi à se renouveler, se réinventer c’est un peu ce qui s’est passé.

Le nom de No One Is Innocent est inspiré directement d’un titre des Sex Pistols dont vous étiez fans. De nombreuses années après vous avez rencontré Johnny Rotten et ça, c’est plutôt mal passé ?


Kemar. C’était un festival en Bretagne, il venait faire une tournée pour payer leurs impôts je pense (rires). Il faut connaitre aussi l’histoire de ce morceau, c’est un titre qu’ils enregistrent avec Ronnie Biggs (Ndr : il interprète deux morceaux en tant que chanteur pour The Great Rock'n'Roll Swindle, le film de Malcolm McLaren sur les Sex Pistols. Les enregistrements de No One Is Innocent et de Belsen Was a Gas se déroulent dans un studio brésilien avec le guitariste Steve Jones et le batteur Paul Cook peu après le dernier concert des Sex Pistols) qui est un des gars qui a fait l’attaque du train postal (Ndr : l'attaque du train postal Glasgow-Londres le 8 août 1963). C’est une espèce de gangster notoire et eux évidemment enregistrer avec un gangster ça les excite mais c’est un morceau que Johnny Rotten n’a jamais vraiment assumé. Arrivé dans le festival il voit un groupe qui s’appelle No One Is Innocent. Je pense que ça a réveillé chez lui des trucs et évidemment avec sa légendaire provocation…. C’est moi qui sors de la caravane de notre loge. Il me prend à parti en m’insultant en disant qu’il est innocent et qu’on est des merdes. Je ne me débine pas, je m’avance vers lui je l’insulte en français et il me demande de parler en anglais. Je continue à l’insulter en français ça part un peu en vrille on est à quatre cinq mètres l’un de l’autre en train de s’investiguer (rires). Il y a tous mes gars qui sortent dehors, les gars des festivals et il se fait siffler par tout le monde. Après on s’est fait copieusement insulter sur scène par Johnny Rotten. C’était drôle, nous on l’a pris comme quelque chose de drôle, c’était Johnny Rotten dans toute sa splendeur. En fait l’idée c’était Johnny Rotten me déteste et j’adore ça (rires).

Tu n'as pas écrit un morceau sur cette histoire incroyable.


Kemar. Justement on l’a écrit dans l’album Drugstore (Ndr : 2011), il y a un morceau qui s’appelle “Johnny Rotten“ et le texte c’est ça. Johnny Rotten me déteste et j’adore ça.

En 2017 vous avez ouvert pour les Insus au stade de France j’imagine que cela a été un moment intense !

Kemar. Ce n’était pas la première fois. Avant il y avait eu AC/DC et à chaque fois c’était pour deux soirs, pour nous c’est génial.

Qu’est ce qui se passe dans ta tête lorsque joue devant une marée humaine de 80 000 personnes ?


Kemar.  Il y a une espèce d’adrénaline incroyable parce qu’il y a aussi ce que tu veux raconter. Tu ne joues pas avant Britney Spears ou Lady Gaga. AC/DC est un des groupes qui m’a donné envie de faire de la musique. Bon Scott était mon idole. Je chantais devant ma glace et j’avais l’impression d’être Bon Scott. Cela veut dire des choses et à un moment donné tu te dis quelque part la boucle est bouclée. Jouer deux soirs au Stade de France avec AC/DC c’est le rêve et que Jean Louis Aubert me propose d’ouvrir pour eux deux soirs de suite c’est pareil. Il vient me chercher et me propose le truc. Je suis hyper ému parce que Téléphone aussi m’a marqué et pareil au niveau de l’écriture. Pour moi Aubert c’est le mec qui a écrit les chansons les plus incroyables de l’histoire du rock en France. Je regardai ado Aubert chanté “La Bombe Humaine“ et je me suis dit c’est ça que je veux faire (rires). C’est ça que je veux faire pas forcément comme musique mais c’est ça que je veux faire. Je veux être dans cette transe. C’est ça qui me branche, ce sont des gens qui m’ont marqué et j’étais hyper content.

Est-ce que tu as envie de continuer en solo ?


Kemar.
Oui je pense qu’un jour, d’ailleurs j’ai des trucs dans mes tiroirs. Quand ce sera le bon moment et quand je serai vraiment prêt et que ce seront des morceaux qui mériteront de sortir, j’aurai envie de faire quelque chose.



Interview 23 Septembre 2024
Pascal Beaumont / Photo DR 
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)