lundi 15 avril 2019

KADINJA Steve Tréguier (Bassiste) // Interview // Inspiré par les années 90.

 
KADINJA un nom étrange venu d'ailleurs qui laisse à penser que ce combo nous vient du fin fond de la Russie ou le froid glacial de Sibérie vous glace les os et le reste aussi.
Un nom qui évoque aussi les danses russes qui sont légions lors de fêtes gargantuesque accompagné d'hectolitre de vodka !
Que nenni, pas de balalaïka nous avons ici affaire à une formation bien de chez nous qui nous vient tout droit de la région parisienne et qui pratique un Djent audacieux baignant dans un métal moderne.
Le gang a déjà a son actif un Ep éponyme sorti en 2013 suivi d'un album Ascendancy en 2017 qui lui a permis de se faire remarqué dans l'hexagone mais pas que.
Il faut dire que nos parisiens n'ont pas hésité à se lancer dans de tournées marathon qui leur ont permis de se faire connaitre à travers toute l'Europe et même en Angleterre !
Les bouges n'hésitant pas à enchainer les dates à un rythme effréné dans des conditions pas toujours optimum.
Cette détermination sans faille a été déterminante et leur a permis de se faire remarqué par Arising Empire une subdivision de Nuclear Blast qui n'a pas hésité à les prendre sous son aile pour ce deuxième opus. Les voila donc de retour avec Super 90 leur deuxième méfait qui s'avère une belle réussite tout en restant dans un Djent mélodique puissant et technique à souhait, KADINJA s'émancipe vers des passages Rock lorgnant parfois vers la pop avec des mélodies ultra accrocheuses accompagné de nombreuses partie de chant clair du sieur Philippe Charny Dewandre hurleur patenté au sein de KADINKJA .
Un mix sauvage et délibérément novateur du à la spontanéité du processus créatif de Super 90.
Cette fois ci encore c'est Chris Edrich (LEPROUS, THE OCEAN, MYRATH) qui a été mis a contribution pour la production et le résultat final est bluffant !
Inspiré par les années 90 la galette est emprunt d'une forme de nostalgie qui s'immisce insidieusement dans de nombreux morceaux et crée une ambiance particulière qui ravira tous les amoureux des Nineties.

Vous avez compris KADINJA a frappé juste et fort la ou il fallait. Impossible de faire l'impasse sur un tel brulot c'est donc avec Steve Tréguier que Shooting Idols a pu s'entretenir afin d'en savoir plus sur la conception de cette nouvelle galette.
Un entretien placé sous le signe de la jovialité et de la bonne humeur avec un bassiste sympathique , heureux de pouvoir défendre cette nouvelle offrande. Magnéto Steve c'est à toi !



Bonjour Steve vous revenez d’une énorme tournée Européenne de six semaines et de 32 dates quel souvenir gardes tu de ce périple ?

Steve Tréguier. Je dirai deux choses, le truc le plus cool sur cette tournée c’était qu’il y avait vraiment une grosse organisation, on était 25 dans un tour bus pendant 1 mois et demi donc parfois ce n’était pas toujours facile.
Mais ce qui est agréablement surprenant c’est que l’on a réussi pendant 1 mois et demi à garder une ambiance ultra cool.
Il y a eu zéro prise de têtes, il n’y a que des belles rencontres avec tous les autres groupes et en même temps c’était ultra professionnel.
Parfois tu peux te crêper un peu le choux parce que l’on vit 24h sur 24h ensemble.
Là il n’y a rien eu de tout cela, jusqu’au bout ça a été ultra pro et détendue. C’était vraiment cool.

Sur ces trente deux concerts est qu’il y en a certains qui t’ont marqué plus que d’autres ?

Steve Tréguier. Si il fallait en citer un car il y en a plein de totalement ouf, je dirai Sofia en Bulgarie.
Lorsque nous sommes arrivés on ne savait pas trop à quoi s’attendre surtout dans les pays que l’on connait un peu moins.
On est arrivé dans une salle immense, c’était blindé, il y avait une ambiance de fou, on a eu un accueil de dingue. Sofia c’était vraiment une bonne surprise.

Vous revenez pour la troisième fois d’une tournée de dix dates en Angleterre comment as été l’accueil des Anglais ?

Steve Tréguier.C’était un plateau relativement cool, il y avait une grosse organisation et on a pu jouer dans de belle salle.
Au niveau de l’accueil il n’y a pas eu de merde particulière.
Après de manière générale en Angleterre ils sont énormément en avance sur nous dans le Rock.
La bas tu sens que ce style est bien implanté, les gens connaissent biens, il y a une grosse scène.
Tu sens que c’est un peu comme un concert à Paris, il y en a beaucoup, les gens sont avertis et ils ne découvrent pas grand-chose.
    .
Vous avez joué des nouveaux titres sur ces dates ?

Steve Tréguier. Oui on avait une set list mixte, on a joué trois anciens et trois nouveaux.
 
Comment ont été accueillis les nouveaux morceaux ?

Steve Tréguier. Étonnamment bien. On démarrait avec notre premier single Empire et on a été surpris pas mal de fois par le public qui connaissait le morceau et d’autres titres et aussi les paroles.
On a sorti deux single dont un vendredi dernier et on est très content de l’accueil qui a été fait.

Pourquoi avoir "Empire" et "The Modern Rage" comme single ?

Steve Tréguier. C’est toujours un peu compliqué parce qu’on avait la tête dans le guidon depuis un bon moment.
Plus ça va moins t’es objectif non pas sur la qualité des chansons mais sur le côté singlelisable ou pas des chansons.
On a mis un peu de temps à se décider. "Empire" c’est le titre qui ouvre l’opus, il est assez efficace et simple d'accès, c'est une bonne introduction pour la communication de l'album.
The Modern Age est un peu plus particulier, on l'a choisi car il contient à peu près tout ce que l'on est, c'est un bon résumé de ce disque.
Il y a des paries très rapide, très rythmique et groovy.
Tu as du chant clair un peu Rock Old School qui nous plait bien, une partie néo Métal , ça regroupe un peu tous les élément présent sur ''Super 90''' en un seul morceau.

Qu'aviez vous envie de dénoncer à travers le clip et le texte de "The Modern Age" ?


Steve Tréguier. C'est un titre qui traite principalement de l'indifférence des gens dans notre ère moderne et toutes ces nouvelles technologies.
On perd de plus en plus le coté humain sur certaines choses et du coup dans KADINJA on aime bien parler de sujets d'actualités.
Mais jamais dans l'intention de revendiquer quelque chose, on amie bien prendre les trucs avec un peu de légèreté et avec un coté second degré, rigolo.
C'est un peu ce qu'on a voulu faire sur le clip, , on a invité tout un tas de monde , des figurants, des potes, des gens que l'on ne connaissait pas en leur donnant une seule directive c'est de venir avec tout ce qui est le plus cliché dans le bon comme dans le mauvais sens et qui représente notre génération.
Puis on a mis tout le monde dans une salle de classe pour voir ce qui se passait.
Ca va du Hand spinner jusqu’à plein d'autres trucs, on a fait ce clip en mode rigolade.
Prendre un problème qui peut paraitre très chiant, ce n'est pas ce que l'on a envie de faire, on n'est pas RAGE AGAINST THE MACHINE.
On ne se révolte pas à propos de quoi que ce soit. On aime prendre un sujet d'actualité et le tourner complètement en mode légèreté et rigolade.

Super 90 c'est du à la hausse des taxes sur les carburants, vous roulez en Super 90 ! Rires  ?

Steve Tréguier. Rires ! C'est une coïncidence le coté révolution.
Il y a un double sens cela revient à ce que je te disais juste avant, c'est ce coté d'avoir envie de mélanger les sujets profonds et léger.
Super 90 c'est exactement ça.
Tout est parti à la base d'un titre qui sonnait un peu 90, Pierre l'avait appelé Super 90 à l'arrache.
La phonétique nous plaisait bien et au final on l'a gardé comme nom pour l'album.
Le double sens vient du 90 qui en numérologie symbolise les anges.
Il y a une grande partie de l'album qui est lié à la religion, a la croyance de manière générale.
Ca fait référence aux années90, inspirons nous du passé et soyons un peu nostalgique pour créer un truc un peu nouveau.
Le super 90 derrière les super anges, il y a cette idée de créer des nouvelles croyances un peu plus innovantes en s'inspirant du passé en général. C'est le double sens qu'il y a derrière tout ça.
Ca correspond complètement à ce qu'on disait, un truc un très léger 90 Pop entre guillemet avec un sujet caché derrière qui est plus profond.



Est ce que pour toi c'était plus facile pour un groupe de s'exprimer dans les années 90 comparé à aujourd'hui ?

Steve Tréguier. Non justement je crois que c'était nettement plus compliqué pour enregistrer un album car il fallait payer des studios qui coutaient très cher.
Aujourd'hui c'est beaucoup plus simple pour 200 ou 100 Euros tu achète une carte son et tu enregistre chez toi.
C'était beaucoup plus compliqué à l'époque.
Après c'est peut être lié à ca aussi, il s'est vraiment passé un truc dans les années 90 dans le Metal avec cette vague Néo Metal.
Tu avais moins de groupe présent sur la scène. Nous on a grandi dans les années 90 et sentimentalement tu as des souvenirs, c'est valable dans les années 80 et aussi pour la génération d'après les années 2000.
Dans le Rock on n'est pas très objectif pour dire si c'était mieux ou pas sur tel période mais on a grandit avec ca.
C'était vraiment la période ou musicalement on s'est pris des grosses claques avec des formations que l'on écouteras certainement toute notre vie, on a voulu se baser la dessus pour cet opus avec ce coté plus émotionnel.
C'est un truc qui nous pas tant que ca fait focalisé sur la technique mais plutôt sur un coté émotionnel.

Comment s'est déroulé le processus de composition de Super 90 ?

Steve Tréguier. Ca été étonnement vite. L'album a été terminé il y a presque un an.
C'est complètement volontaire, on a voulu expérimenté un truc qui est moins calculé, plus spontané et organique.
On s'est mis volontairement sous pression, c'est pour cela que ca été très vite y compris au niveau de l'écriture et des compositions.
On s'est fixé des Dead line nous même pour travailler sous pression, l'objectif était de ne pas tout le temps repasser sur les choses et garder le premier truc qui vient pour que ce soit spontané et naturel.
C'est ce que l'on a recherché sur cet opus. Pierre en particulier qui est le compositeur principale de KADINJA, il a fait une pré production des titres qu'il nous envoyait, on faisait alors nos commentaire et on écrivait dessus.
On a vraiment poussé le truc jusqu’à la dernière minute.
On vient de sortir un morceau The Modern Rage qu'on a clippé vendredi.
Pierre l'a écrit la veille que l'on démarre l'enregistrement officiel. C'est allé très vite mais il y avait un coté très spontané dans cette manière de travaillé qui nous plaisait bien.

"Empire" a été le premier morceau que vous avez composé pour Super 90 est ce que cela a eu un impact sur l'écriture des autres titres ?

Steve Tréguier. Oui naturellement ca donne une direction.
C'est l'avantage de le faire rapidement, tu n'as pas le temps de t'égarer dans des trucs qui n'ont rien à voir.
C'est vraiment écrit sur un certain mood et du coup naturellement c'est cohérent.
Le premier titre Empire a fixé tout de suite les directions, vu que l'on produit , on travaille pas sur guitare pro, Pierre enregistre avec une batterie programmé donc au niveau du son, du riffing, en général ca donne tout de suite une couleur et une direction pour la suite.

Pourquoi avez choisi d'enregistré avec Chris Edrich (LEPROUS, THE OCEAN, MYRATH)?


Steve Tréguier. Chris c'est une évidence car déjà c'est un ami de longue date.
Il travaille pour KADINJA en live depuis un bon moment.
Super 90 a démarré avec lui , c'est un membre a part entière de la formation, il devait même figurer sur nos photos promos.
Ca ne s'est pas fait pour des questions de disponibilités.
Le producteur est tout aussi important qu'un musicien aujourd'hui.
Au niveau de la direction artistique du projet il était systématiquement là dans toutes les décisions, c'est un membre à part entière de ce projet.
On n'a pas fait de choix en se demandant par qui on allait le faire produire.
C'était un peu une évidence, il était la pour le job, il avait une idée très précise de qu'on allait faire, ca c'est passé comme ca.  

Comment se sont déroulé les sessions d'enregistrement ?

Steve Tréguier. Ca a été un peu décousu. On avait déjà les pré production de tout les titres fait par Pierre.
Pour les pistes de guitares pour la plupart des morceaux on a gardé celles de la pré production, ca a été fait sur le coup.
Pierre avait des trucs en tête, il les enregistrait , il y avait un coté très naturel ce qu'on souhaitait.
On s'est dit que c'était une mauvaise décision de tout réenregistrer, on allait perdre ce coté organique qui nous plaisait bien.
On a quand même refait quelques guitares à Paris.
Les batteries ont quand a elle été enregistré dans un studio à Strasbourg pendant une dizaine de jours. Pour le chant il s'est fait progressivement un peu chez moi, un peu en studio.
Les basses ont été faite à ce moment là, je travaillais en Angleterre, elles ont été enregistré dans ma chambre d'hôtel en Grande Bretagne.
Ca a été un peu discousu, on était dispatché un peu partout.   

Est ce que certains titres pour toi ont été un challenge soit a enregistré soit à composé?

Steve Tréguier. Je dirai un peu tout l'album. Très honnêtement ca fait très peu de temps que je joue de la basse, concrètement j'ai débuté avec KADINJA il y a trois ans.
Je joue également dans une autre formation The Dali Thundering Concept.
J'ai vraiment débuté a la basse avec eux. C'est un challenge car c'est du Metal très technique.
C'est un peu le même principe avec KADINJA, sur certaines pré prod je me demandais ce que j'allais pour voir faire dessus.
L'opus en général est un gros challenge tout instrument confondu.
On s'est fait un peu peur à partir dans des idées ou tu ne te poses pas trop la question comment tu vas faire.
Tu trouves l'idée cool après quand il faut la joué, il faut assumer.
C'est un stimulant de jouer comme ça plutôt que de jouer des trucs faciles ou tu as l'impression de ne pas progresser, il n'y a pas trop d'enjeu.

Tu as l'impression d'avoir progresser en tant que bassiste avec les sessions de Super 90 ?

Steve Tréguier. Oui, clairement. Chacun à sa manière de travailler mais j'ai vraiment beaucoup de mal à travailler tout seul pour rien entre guillemet, juste pour moi.
Il faut vraiment que j'ai un objectif, il faut qu'il y ait un intérêt à le faire.
Non seulement ca m'a fait progresser mais c'est le seul truc qui me fait travailler à vrai dire.

Comment est née cet instrumental "Avec tout mon Amour"?

Steve Tréguier. Il est née d'un thème principal. C'est Pierre qui l'a composé, il parait très simple.
On voulait une fin d'album assez légère qui ne se termine pas en mode violence avec un thème qui reste dans la tête.
On est parti la dessus, le but c'était de faire un morceau à part entière avec le chant.
On est tellement tombé amoureux de ce thème entre guillemet qu'on s'est dit que le chant n'était pas nécessaire tellement le thème était puissant et te restait dans la tête.
C'était très bien de finir en instrumental.
On a fait ce dernier titre en mode remerciement, un peu solennelle, on en profite pour indirectement remercier tous les gens qui ont travailler sur le projet et qui nous soutienne.
On a calé des voix gospel.
C'est un peu l'idée finir l'opus en douceur et sur un remerciement général.

Sur chaque album il y a un morceau avec un prénom féminin Dominique sur Ascendancy et Véronique sur Super 90 est ce volontaire ?

Steve Tréguier. C'est la part de second degré qu'on évoquait juste avant.
A la base chaque pré production a un nom à la con.
Pierre quand il écrit un truc ne donne pas de numéro, il donne des titre a la con avec le premier truc qui lui passe par la tête.
Véronique vient d'une private joke lorsque l'on a lancé le projet on a eu un délire sur Véronique et au final le nom de la pré production est resté.
Ca donnait aussi un rappel au morceau Ascendancy Dominique qui n'était pas plus fondé que celui ci. C'est la part rigolade.
Il y a beaucoup de gens qui nous le dise et on est peu tombé dans le jeu. Sur le prochain opus il y aura certainement un Frédérique ou un truc dans le genre. Rires !

Je suppose que la signature chez le label Arising Empire a été une étape importante !

Steve Tréguier. Oui clairement. Ce n'était pas forcément sur la feuille de route lorsque on a lancé le projet.
Ce n'"était pas un finalité en soi de signer sur un label.
On voulait le faire en indépendant, c'est un schéma qui nous plaisait bien, on voulait garder un certain contrôle du projet.
Les choses ont fait que ..... On travaille avec un manager qui connait bien les gens d4arising, il leur a parlé du projet et ca leur a plus.
On a eu une proposition intéressante et puis évidemment lorsque tu as Arising Empire / Nuclear Blast qui te propose de signer ca remet un peu tout en cause.
On a un peu foncé la tête baissé car c'était une super opportunité.
Mais ce n'était pas un objectif de base lorsque l'on a démarré le projet. Ca s'est fait naturellement en mode opportunité. 

Avez vous envie de vous engager sur une plus grande tournée que la précédente?

Steve Tréguier. Je ne sais pas. Mais c'est sur que l'année prochaine en 2019 on va tourner pas mal.
La prochaine étape c'est février ce n'est pas encore formellement annoncé mais on va tourner en chine au japon et en Asie.
Il y a tout un tas de proposition que l'on est entrain de négocier pour 2019. Il y aura beaucoup de dates ca c'est certain.

D'ou viens ce nom KADINJA ?

Steve Tréguier. Il y a un monument en Serbie qui s'appelle Kadinjaca et qui a été érigé en hommage aux troupe serbes qui avait lutté contre mouvement nazi.
Ca n'a pas forcément de lien, je ne sais plus qui dans le groupe avait visité ce monument.
La phonétique était intéressante. Le choix est principalement lié à la phonétique au début.
Après il y a l'histoire et ce monument mais on est pas forcément axé la dessus.

Pour conclure quels sont selon toi les différences essentielles entre Ascendancy et Super 90 ?

Steve Tréguier. Je dirais que c'est moins calculé, plus spontané et organique.
C'est ca la grande différence dans la manière de composer.
C'est moins axé sur la technique mais on a du fond.
Ce sont des choses qui ont été écrite pour reprendre une phrase très cliché et très bateau plus avec le cœur et moins avec la tête.

Steve merci pour l'interview !

Steve Tréguier.
Merci à toi


Paris 9 Janvier 2019
Pascal Beaumont