jeudi 5 août 2021

WELCOME X (Philippe Bussonet, Bassiste et Sam Kün, chanteur)// Interview // Chromosome Welcome X ... 5 Juillet 2021.

 




Pour la sortie de ce 2ème album "Volume 2", pouvez-vous nous raconter votre parcours à chacun ? Votre rencontre et comment s'est passée la formation du groupe ?


Philippe Bussonet
: J’ai participé à énormément de groupes durant 25/30 ans disons. Surtout axés sur des musiques instrumentales, et c'est vrai  que depuis longtemps j’avais envie de faire un groupe de rock plus traditionnel, avec une voix qui soit mise en avant puis des guitares, de la basse et de la batterie tout simplement. Ce que j’aime depuis ma plus tendre enfance. Et cette idée on l’avait avec Sam depuis de nombreuses années, et on pu mettre ça en place depuis 2017 2018 parce que tout simplement on avait le temps de se retrouver et de travailler sereinement sur ce projet. Et donc ça c’est fait d’une façon assez naturelle et assez rapide. Le groupe a été monté dans la foulée avec des gens qu’on connaissait et qui étaient très volontaires. Je suis très heureux d'avoir pu faire ça si rapidement, et du coup on en est déjà au deuxième album aujourd’hui.

Sam Kün : J’ai commencé à 13 piges dans des groupes de blues et aussi dans des groupes de reprise d'ELVIS PRESLEY figure-toi. Après j’ai grandi dans les années 90 et je me suis fait embarquer par toute la vague Metal Creative Grunge extrême ... du Death du Trash, tout ça, puis j’ai commencé à monter pleins de groupes de styles différents, et avec Philippe on s'est rencontré quand je travaillais dans un bar de Jazz Blues, le Caveau des Oubliettes. Il venait jammer comme tant d’autres, moi j’y chantais souvent, un jour on s'est retrouvés et ça s'est bien passé entre nous, et ce qui est arrivé par la suite s'est passé assez vite.

Comment s’est fait le choix du nom du groupe ? Le X sur votre pochette fait penser au chromosome X ?

Philippe Bussonet
: C'est un chromosome Welcome X en fait (rires)... Le X représente aussi bien l’inconnu, Welcome X bienvenue à ce que l’on ne connaît pas... Donc c'est dans le sens du voyage, une exploration, une découverte peut-être intérieure aussi au travers la musique. C'est à dire qu’en fait ça met en évidence l’idée que l’on découvre ce que l’on fait en le faisant. On a pas d’apriori on n’a pas de feuille de route stylistique ou quoi. On ne sait pas où on va en fait. On fait ce qu’on a envie de faire avec nos oreilles et notre goût propre, et donc on découvre en même temps qu’on le fait donc ça c'est intéressant. Et la deuxième interprétation c'est X au sens tout le monde c'est à dire (Welcome X) Bienvenue à tous. C’est un sens d’ouverture au niveau musical et spirituel, c'est-à-dire en fait on espère qu’un maximum de gens seront touchés par ce que l’on propose et on leur souhaite bienvenue au niveau de l’écoute et de la perception qu’ils peuvent avoir.

Sam Kün : Après, tu le ressens dans la musique qu’on fait au sens large du terme. Bienvenue à tout le monde, venez découvrir…

L'identité graphique est extrêmement présente sur vos albums, avez-vous prévu de sortir un clip dans la continuité visuelle de votre musique ?

Sam Kün : On nous a posé cette question récemment, moi j’aimerais bien... Du motion design ou du dessin, je pense que ça fait partie des choses qu’on fait.  Parce que nous filmer en train de jouer ça serait pas très intéressant physiquement ! (rires)
Après si c'est notre identité qui ressort dans les vidéos ça serait sympathique, on n’a pas encore pensé à ça, c'est un budget particulier, ça viendra peut-être. De mon côté j’ai pas mal d’idées par rapport au contexte de certaines chansons, mais à long terme oui c'est quelque choses qui peut être intéressant.

Comment créez-vous vos compositions ?


Philippe Bussonet : Alors, ça commence souvent par une petite idée très simple, en général sur un riff, chaque morceau c'est soit un riff ou une petite série de rythmique ou une grille très simple 3-4 accords tu vois. Ça met dans une certaine ambiance, et à partir de ça je creuse pour trouver toutes les portes que ça peut ouvrir, ou les chemins qui peuvent se raccorder à partir de cette idée de base. C’est une intuition que j’essaie de suivre, y a pas de modèle stylistique y a pas de modèle ultime. Je me dis pas y faut faire un couplet comme ça avec un refrain comme ça avec tel ou tel relief. Pour moi c’est vraiment la manière dont la musique a parlé. Ensuite j’essaye d’avoir un maximum d'éléments qui soit raccordés entre eux, et les morceaux je les construis à partir de ça.
Une fois que la musique et suffisamment finie si on peut dire, je la propose à Sam, qui réfléchit à ce qu’il peut chanter dessus, aux voix qu’il pourrait poser, et il fait les paroles dans la foulée. Tout ce qu’on a fait jusqu’à présent, tous les morceaux que je lui ai proposés sont restés dans la forme initiale, ça c’est fait d’une façon très fluide.

Sam Kün
: C'est souvent très structuré ce qu’il m’envoie, y a déjà presque tout.

Philippe Bussonet : Disons que je pense à l’espace pour la voix, je connais Sam je sais ce qui veut proposer a priori. Donc je me base là-dessus, je fais une espèce de canevas musical à partir duquel Sam aura suffisamment de place pour poser des choses. Voilà en fait ça se passe comme ça, simplement

Sam Kün
: On a toujours travaillé comme ça depuis le début et ça fonctionne assez bien.

Racontez-nous l'enregistrement de "Volume 2" ? Votre façon de travailler en studio ? Comment définiriez-vous le concept de l’album ?

Philippe Bussonet : On a travaillé un peu comme pour le premier comme j’ai l’habitude de faire depuis 30 ans, c'est à dire j’aime bien enregistrer tout le monde en même temps dans la mesure du possible. On évite les prises séparées parce que ça sonne un peu plus froid, et on perd cette émulation de groupe. Je préfère privilégier le côté tous ensemble même si du coup ça peut susciter quelques petites imperfections au final, mais ce n’est pas grave parce qu’on gagne une vrai cohésion et un côté plus vivant. Du coup, on a procédé comme ça, guitare basse batterie tous ensemble et puis toute les voix ont été faites après, là plutôt pour des raisons techniques, parce on n’avait pas un studio avec une cabine vraiment dédiée à la voix, tout s’est fait dans la même pièce donc c'était mieux de séparer au niveau de l’enregistrement.

Sam Kün : Et de garder une énergie que tu peux avoir en live aussi, le fait de se voir, du coup tu joues. Quand j’ai enregistré ma partie de voix, il était là aussi.

Philippe Bussonet
: C'est une façon un peu à l'ancienne, notre façon de travailler.  Ça a été assez vite, on a enregistré en 5/6 jours. On avait bien répété avant (rires) !



Qui est James à qui vous avez dédicacé l'album ?

Philippe Bussonet : Il s’agit de mon ami JAMES MAC GAW qui nous a quittés au mois de mars des suites d’une longue maladie, très très dur et pénible. C'était un ami très cher, un ami depuis près de 40 ans, depuis qu’on était gosse en fin de compte. Il était guitariste, on a fait énormément de choses ensemble et principalement dans "ONE SHOT" donc c’est un ami très cher qui nous manque beaucoup. Et je pense que s’il était encore parmi nous il aurait certainement fait partie de Welcome X. Comme il nous a quittés cette année et que l’album était en cours de mixage, pour moi c'était normal et tout à fait naturel, car il est dans mes pensées en permanence donc...

Sam Kün : On lui dédicace un morceau qu’il adorait de notre premier album "Behold Your Karma". Il est toujours parmi nous d’ailleurs.

Quelles sont vos influences musicales à chacun ? Avez-vous des influences différentes et comment les faites-vous cohabiter ?

Philippe Bussonet : Je crois qu’elles sont parallèles en fait. Moi mes premières influences c'est le rock des années 60/70 avec des groupes comme Led Zeppelin etc.  Ensuite je suis tombé sur AC/DC quand j’étais ado et j’ai été marqué à vie. Y a eu un petit passage à vide dans les années 80 malgré tout et dans les années 90 j’ai adoré tout ce qui s’est passé, les groupes californiens de l’époque toute la vague grunge aussi c'est une musique que je trouvais très touchante.
C'est ma sensibilité. J’aime bien des choses assez extrêmes aussi, par exemple j’aime autant Sleep qui es un groupe assez roots avec un son énorme. Et j’aime aussi des choses très techniques comme Meshuggah par exemple. Ce genre de groupe très ciselés, avec une écriture extrêmement riche extrêmement pointue. Voilà je me situe entre ces deux pôles extrêmes.

Sam Kün : Moi j’ai commencé avec le blues, les goldies fin des années 50 début 60, Little Richard, tous ces trucs-là. Et puis gros fan de Black Sabbath, et c’est ça le drame (rires) !

Philippe Bussonet : Je n’ai pas cité Black Sabbath mais moi aussi, à fond.

Sam Kün : J’ai bouffé du Black Sabbath puis après ça a dérivé sur du Metal extrême, cette vague Death Metal autant suédoise qu’américaine. Et dans les années 90, tout ce qui venait de Seattle, du son grunge de Soundgarden, Alice in Chains, Pearl Jam, j'en ai écouté beaucoup beaucoup. J’aime l’énergie et la rage que tu retrouves dans le Metal, dans le Death Metal ou même le Black Metal, et le côté très mélodique que tu peux trouver dans les groupes des années 90 avec ces envolées des voix.
Je sais qu’on se rejoint sur plein de trucs, Philippe était un fan de Soundgarden aussi et je pense que Black Sabbath et un de mes piliers essentiels.

Philippe Bussonet : Ça a été fondateur pour beaucoup de gens, Black Sabbath

Quels sont les groupes que vous écoutez en ce moment ?

Sam Kün : Cette année j’ai adoré Monster Magnet, ils ont sorti un album de reprises des années 70 façon Monster Magnet, excellent, ou le dernier album de Beck par exemple, ou le dernier WEEZER... Markus King Band aussi, que je trouve vraiment blues, j’écoute beaucoup de choses, après depuis 1 an et demi et le COVID ya très peu de sorties mais toujours de très bonne choses.

Philippe Bussonet  : Contrairement à Sam qui écoute plusieurs choses, moi j’ai tendance à me focaliser et quand ça me plait je m’en gave autant que possible. Et pour moi c'est le dernier album de SLEEP - The Sciences, il est extraordinaire.

Vous venez de faire 2 concert à Paris et Pau 2 Juillet, comment se passe la reprise des concerts pour vous ?


Philippe Bussonet : Ah c'était un grand bonheur de pouvoir rejouer sur scène, de faire du vrai son avec de vrais amplis, de vraies batteries quand même...

Sam Kün : Tu sens que le public tâtonne toujours un petit peu, ils ne savent pas trop s’ils peuvent se déplacer, notamment à Pau c’était un peu particulier, mais je pense que ça va reprendre, c'est comme les gens qui veulent aller au ciné, ils sont tous un peu frileux de se retrouver, forcément surtout dans ce genre de concert avec de la musique un peu énergique où tu peux te retrouver debout. Mais voilà, petit à petit ça va revenir, les gens vont vite retrouver leur marque. On va vite retrouver ce qu’on avait avant. C’est sûr que jouer devant des gens assis c’est toujours un peu compliqué mais pour nous ça a été super, après un an et demi d'attente sans monter sur scène c'était un calvaire.

Philippe Bussonet  : J’avais un peu peur quand on a commencé les répétitions parce qu’on avait perdu nos marques, et en réalité en 5 minutes on était à nouveau dans le bain. Un grand bonheur vraiment de retrouver la scène.

Comment avez-vous vécu la période de pandémie et les restrictions ?

Sam Kün : D’une certaine façon il y a eu un côté positif.

Philippe Bussonet : Au début oui, un côté positif, parce qu’on s’est dit après tout c’est pas mal de lever un peu le pied, de respirer un peu, de savourer le temps et pouvoir faire ce qu’on a envie de faire au moment où l’on veut sans qu’il y ait des échéance sans pression. Mais très vite, c’est devenu lourd quand même, et puis là en ce moment on est dans un tel flou, on n’a pas de perspective, c'est plus que pénible. Mais bon, on est encore vivant...

Sam Kün : J’ai réussi à partir un peu de Paris où j’ai pu me mettre un peu au vert, je sortais un petit peu dans des coins paumés en Auvergne et en Bretagne, je pouvais pécher, aller dans la forêt. Ça permet au début de lire aussi des bouquins que t’as en retard, des trucs comme ça. Je me suis occupé de ma fille, passer du temps avec elle mais à un moment ça devient tres oppressant et je souviens d’une phrase de Philippe... C'est cool je vais pouvoir enfin bosser ma basse... (rires)

Philippe Bussonet : Petite plaisanterie !

Sam Kün : C'était très compliqué pour tout le monde de toute façon.

Welcome X est souvent décrit comme à la croisée de plusieurs styles, mais si vous deviez le définir vous-même, quelle serait votre phrase ou devise ?

Philippe Bussonet  : Moi j’en suis bien incapable parce que je ne sais pas ce que c’est en réalité, c’est juste ce que j’ai envie d'entendre donc c’est certainement un mélange de toutes les choses que j’aime mais de là à mettre une étiquette dessus c’est très compliqué, donc je vais laisser ça à Sam (rires).

Sam Kün  : Moi j’ai envie de voir le truc comme si on était dans une voiture sur la route, et on va aller sur la droite, y a pas de route, ben je ne sais pas, on va aller voir ce qui se passe par là-bas. C’est nous qui faisons notre propre route quoi, on va un peu où on veut. Tu pourras retrouver autant sur le dernier album un truc qui peut être très doux, très stoner, que des choses qui sont beaucoup plus propres, quelquefois plus grunge, plus garage, et que peut-être sur le prochain ça sera plus death, plus noir, on ne sait pas en fait, on ne veut pas de couleur, on ne veut pas d'étiquette… On essaye.

Y a-t-il un enchaînement entre le 1er album et le volume 2 ?


Philippe Bussonet : Non c'est la continuité, les morceaux ont été écrits dans la foulée, ça s'est un petit peu superposé, grosso modo le volume 1 a été écrit un petit peu avant le volume 2, mais en réalité c’est la même période, ça aurait pu être une seule pièce tout ça. Ça a été un peu plus compliqué à réaliser, mais en gros c’est une continuité.

Un petit mot sur vos projets ?


Philippe Bussonet  : On a besoin de faire des concerts, ceux qui veulent nous programmer feront notre bonheur, on aimerait bien remonter sur scène le plus vite possible et le plus souvent possible.
 
Pour finir, si vous ne deviez conserver que 3 choses : un disque, un film, et un 3ème choix ? Votre sélection et pourquoi ?


Sam Kün : En disque, ça serait « DIRT » d’Alice in Chains. En livre, celui que j’ai le plus lu, c'est Moby Dick, tu peux en tirer tout ce que tu veux, l'obsession, la religion, y a tout dans ce livre-là, je suis un peu obsédé par ce livre, c'est un peu ma baleine blanche. En film, "Le bon la brute et le truand", que j’ai vu je ne sais pas combien de fois.

Philippe Bussonet  : En film : "ALIEN le 8ème passager", un livre pour rester dans les choses pas trop pointu "UBIK" de Philip K.Dick, qui reste un roman imaginaire qui parle en même temps d'illusion, et puis un album... Un seul, waouh c'est dur, alors le 1er Rage against the machine que je trouve formidable. Voilà, mais peut-être que dans une heure je te dirai autre chose (Rires)



Juillet 2021 - Th Cattier - Photos : Th. Cattier / Shooting Idols