jeudi 19 mai 2022

INSOLVENCY ( Pierre Challouet Bassiste / Chanteur) // Interview // Illusional Gates 22 Avril 2022.

 
Il semblerait que Troyes la ville médiévale d’art et d’histoire par excellence soit aussi très prolifique au niveau des formations Metal. Très connu pour abriter en son sein Pierre le Pape et son gang Melted Space, elle abrite aussi un autre combo très prometteur Insolvency. Fort d’un premier opus Antagonism Of the Soul en paru en 2018 qui leur a permis de sévir sur les scènes Françaises mais aussi Européennes et de faire un passage remarqué au Hellfest le 21 juin 2019. Quatre ans après nos Troyens sont de retour avec un excellent nouveau méfait qui devrait faire date tant la qualité est au rendez-vous ! Cette fois ci ils ont une nouvelle fois fait appel à Jim Pinder du Treehouse Studio (Bullet For My Valentine, While she sleeps, Bring Me The Horizon, Lotus Eater) qui s’est chargé du mixage et confié le mastering à Tyler Smyth (Falling In Reverse, I Prevail, Blessthefall), la production des claviers étant confié à un certain Pierre Le Pape figure incontournable de la Scène Metal. Le résultat est à la hauteur de nos espérances, Insolvency ayant gagné en maturité notamment au niveau des textes ou le groupe semble s’être impliqué comme jamais mais aussi en puissance grâce à une production moderne et très pro le tout sublimé par des mélodies d’une redoutable efficacité, le chant semblant être possédé comme jamais. Surprise supplémentaire étant deux invités exceptionnels Ryan Kirby de Fit For A King et CJ McMahon de Thy Art is Murder qui viennent leur prêter main forte sur « The Endless Maze » et « Smother The Candle ». Rendez-vous était pris avec Pierre Challouet le sympathique bassiste/chanteur d’Insolvency pour découvrir la genèse de ce second opus et en savoir un peu plus sur l’univers particulier de la formation qui lui permet de se détacher de la meute ! Magnéto Pierre c’est à toi !



Depuis la pandémie vous avez donné deux concerts (le 8 avril à Reims et le 12 mars à Dijon). Quel souvenir gardes-tu de ces deux premiers shows après Covid ?

Pierre Challouet. Exactement. Ce sont les deux premiers live qu’on donnait depuis 2019 avec notre nouveau batteur, avec un nouvel album, et après toute cette période de rush, c’était trop bien. Trop bien car on a été très bien reçus par les gens qui organisaient les prestations. C’est bête mais il faut le dire parce que tout le monde ne reçoit pas les groupes aussi gentiment et de manière aussi bienveillante. Ensuite le public était présent et cela fait du bien. Revenir dans ces conditions c’est que du bonheur. Vraiment.

Vous avez joué des nouveaux morceaux aussi ?

Pierre Challouet. Oui, quasiment tous. Tous les singles et tous les morceaux phares du nouvel album. On essaie de les jouer parce que c’est vraiment ce que l’on a envie de montrer aujourd’hui. C’est le style qu’on joue et hormis quelques singles on se base vraiment sur le nouveau.

Comment as-tu ressenti le retour du public ?

Pierre Challouet. Positif, je sais que parfois il y a des choses négatives mais là c’est super positif. En tous cas le retour des gens nous ont dit que c’est top, c’est bien rodé, les morceaux du nouvel opus étaient bien maitrisés. Ça semblait bien. Après on ne peut pas plaire à tout le monde ce qui est normal mais dans l’ensemble ça été bien reçu.

Le 21 juin 2019, vous avez eu l’opportunité de jouer au Hellfest je suppose que ça a été une étape importante pour vous ?

Pierre Challouet. Ça a été incroyable. C’est surtout en fait Antagonism of the Soul. On le compare un peu à notre album d’adolescence. Tout ce qu’on avait lorsqu’on était ado que l’on a mis dans cet album qui est l’album du passage de l’enfance à l’âge adulte. De finir la tournée de la promo de cet album par le Hellfest a été l’aboutissement d’une étape et c’était que du bonheur. C’est un rêve qui est devenu réalité et on en a tiré que du positif. En plus c’est tout bête mais on était un petit groupe comparé aux têtes d’affiches. Il y a quand même beaucoup de monde qui se sont arrêtés, qui nous ont écoutés, qui sont venus nous voir à la fin du show qui ont aimé et nous suivent encore aujourd’hui. Donc c’est pour cela que l’on fait aussi de la musique pour que les gens se retrouvent et passent leur temps à écouter. Si en plus en concert ils apprécient, c’est que du bonheur.

Comment décrirais-tu le groupe aujourd’hui sur scène ?


Pierre Challouet.
On a essayé de composer des morceaux beaucoup plus « slim ». On essaie de vraiment partager quelque chose avec le public. On ne remerciera jamais assez les personnes qui nous suivent, qui nous écoutent et on a vraiment envie de partager quelque chose avec lui. C’est l’échange, le partage, le groove c’est tout ça.

Pour le deuxième album Illusional Gates vous avez commencé à composer en 2019 combien de temps à durer la phase de composition ?

Pierre Challouet. Deux ans. Après il y a eu la période d’enregistrement. Au moment où on a commencé le premier album je commençais déjà à composer le nouveau. Parce qu’en sortant le premier album on avait déjà des petites frustrations. On avait compris nos erreurs donc on voulait faire quelque chose de plus mature, de plus réfléchi. On a laissé un peu de temps à la chose et on était dans la promo du premier album. On pensait un peu à autre chose, on était un peu dans les concerts, on n’avait pas forcément le temps de se pencher sur la composition mais ça a vraiment mis un an. Fin 2019 on s’est penché à fond sur les compositions : un an et demi je pense.

Quelles sont les différences musicales entre le premier et le second opus ?

Pierre Challouet.  Le premier album on essayait de faire rentrer tous les riffs qu’on aimait bien, peu importe comment on va pousser, on va forcer. Le nouvel album a été l’effet complètement inverse. Si on avait quelque chose de bien mais qu’on trouvait que ça ne passait pas, on le supprimait. En fait on a composé tout l’opus comme ça. On voulait crée une cohérence dans les morceaux. Que ce soit normal le riff qui vient après et que cela ne soit pas du forcé, en discutant sur un morceau qui dure six minutes mais au final on ne sait pas vraiment ce qui se passe, il y a trop d’infos. Là on a vraiment épuré la chose et cela respire beaucoup plus. En même temps on a essayé de se surpasser techniquement et il y a beaucoup de gens pour le dire. Je me suis personnellement amélioré au niveau du chant et au niveau du « scream ». On a tous essayé de se surpasser par rapport à chacun sur nos instruments. Même au niveau de l’enregistrement on était beaucoup plus pointilleux sur ce qu’on enregistrait dans la mise en place surtout.

Quel a été l’impact du Covid sur la composition et la conception de Illusional Gates ?

Pierre Challouet. Il y a eu un impact mais contrairement à certain ce fut un impact positif. On est vraiment habitué à bosser à distance étant donné qu’on est dans des villes différentes. Le travail à distance on le peaufine depuis des années maintenant. Le fait d’avoir été confiné pour moi m’a permis d’avoir beaucoup moins de cours. A l’époque j’étais étudiant. Bruno gagnait deux heures de son temps par jour parce qu’il n’avait pas les transports en commun du au télétravail. Pareil pour Valentin. Du coup ça nous a libérés beaucoup de temps et puis c’est bête puisqu’on avait plus tous ces weekends où on sortait et où l’on faisait autre chose. On était chez nous et on faisait ce qu’on aimait pour passer le temps, pour se mettre dans un bon « mood » parce que psychologiquement ce n’était pas agréable de voir des infos et se dire qu’il y avait des centaines voire des milliers de morts dans le monde. Du coup on s’est mis dans la musique et on a développé un projet qui nous intéresse. Ça nous tenait à cœur et ça nous faisait du bien. Ça n’a été que du positif en fait. On a pu explorer des choses et avoir du temps pour les travailler ce qu’on n’aurait pas pu faire avant. On ne dit pas qu’on est heureux de l’avoir vécu. Forcément j’aurai préféré l’éviter, mais en tout cas on a su tirer du positif de ce truc-là.

Est-ce que comparé au premier cela a été un album plus facile à écrire ou plus compliqué !

Pierre Challouet. Ça été aussi compliqué mais différemment. Le premier a été compliqué parce qu’on essayait de faire plaisir à tout le monde de la mauvaise façon c’est-à-dire à vouloir intégrer un maximum de choses. On partait sur des morceaux qui n’étaient pas forcément aboutit. C’était compliqué de faire quelque chose d’intéressant. Cela a été difficile puisqu’on voulait rendre les morceaux le plus écoutable possibles, le plus cohérents, possibles et du coup on était hyper pointilleux sur des choses qui n’auraient peut-être pas forcément lieu d’être. On s’est beaucoup remis en question, on a beaucoup écouté les morceaux donc il a été tout aussi difficile que l’autre.

Avez-vous composé seulement 12 ou plus et fait une sélection par la suite ?


Pierre Challouet.
Réponse B. Rires ! On avait beaucoup de morceaux, on a décidé d’exploiter certains plus que d’autres. Nous préférons la qualité à la quantité. Il y a des morceaux aujourd’hui qui n’ont rien à voir avec ce qu’ils étaient à la base. On les a totalement modifiés et on n’a pas eu peur de ça. C’est ça la finalité. Avec le premier album on aurait mis le plus de titres possibles alors que dans cet opus on a essayé de mettre juste les meilleurs. Ceux qui nous semblaient cohérents et ceux dont on était fier. De notre point de vue on voudrait que tous les morceaux de cet album soient des singles. On y tient car on les a tous peaufiner.

Je suppose que cela a été difficile de choisir les premiers singles ?

Pierre Challouet. C’est toujours hyper compliqué de sortir des singles, c’est la marque de l’album, c’est la pochette car les gens vont écouter pour voir s’ils sont prêts à découvrir tout l’album. C’est quasiment une heure donc c’est extrêmement compliqué et très subjectif aussi. Certains vont dire qu’un morceau doit être en single,d’autres vont dire qu’ils n’aiment pas du tout. C’est vraiment subjectif. On les choisit en fonction de ce qu’on a envie d’exprimer au moment T.

Le premier single extrait de l'opus c'est « Blindness » que représente-t-il pour vous ?


Pierre Challouet. Parce qu’on l’aime beaucoup et c’est le premier morceau composé de l’album. Cela n’a pas été fait exprès de partager ce premier morceau.Naturellement on a voulu ce morceau parce que c’est le premier qui a donné tout le mood de l’album, les influences. Donc il nous semblait hyper intéressant au niveau du clip. On le trouvait vraiment beau pour un premier titre.

Comment s'est déroulé le tournage du clip ?

Pierre Challouet. Le tournage d’un clip c’était vraiment stressant, on n’a pas le temps de profiter. On est dans le rush tout le temps, on a la salle pour tant de temps parce qu’on paie le gars qui tourne c’est assez difficile de profiter de l’instant présent malheureusement parce que ce sont des bons moments. Le clip c’est l’aboutissement de plusieurs mois de travail. Tu réfléchis aux scénarios, et à ce que tu veux. Tu organises ton temps, quels jours est-ce qu’on tourne, ce que l’on va faire, le matériel dont on a besoin, c’est tellement un aboutissement mais à la fois un rush que c’est très difficile d’en profiter. Après ce que l’on essaie de faire ressortir c’est l’énergie du morceau. C’est de donner en tant qu’acteur. Tu peux vraiment jouer et dire ce que tout ce qui est filmé ne sera pas dans le clip. Parfois ce qui est filmé peut paraitre bizarre et une fois monté ca démonte. Faut vraiment se projeter, les prémisses, le squelette peut toujours paraitre un peu bizarre. Il faut regarder beaucoup plus loin. C’est comme dans tous les projets faut voir plus loin, si on regarde l’instant présent on peut très vite être déçu.

Vous avez déclaré : " ce sont des textes forts dans lesquelles nous nous sommes impliqués comme jamais qui nous font encore mal, mais c'est comme une thérapie pour chacun d’entre nous" ! Quel est le thème de « Blindness » ?

Pierre Challouet. Je vais d’abord parler du thème général de l’album. Le thème ce sont tous les chemins que l’on prend avec des rêves, des chemins ça peut être des relations amoureuses, des voix professionnelles, des rêves qu’on entreprend, de musique par exemple et c’est vraiment personnel. On ne sait pas vers quel chemin cela va aboutir, si cela va être positif ou bien du négatif et parfois on se retrouve au pied du mur et on est obligé de choisir un autre chemin qu’on n’a pas vraiment désiré ou imaginé. Parfois c’est cool et parfois c’est triste. L’album parle de toutes ces choses dans lesquelles on a été bernées pendant toutes ces années et au moment où on a écrit l’album on avait un peu un retour à la réalité.
« Blindness » parle de toute l’influence que peuvent avoir les réseaux sociaux sur notre façon de penser, notre façon d’être, de vivre et tout ce qui peut être négatif. La façon dont on peut se voir à certains moments qui n’est pas forcément la vraie chose. On poste une photo de nous. On a un million d’abonné sur notre page Instagram, on poste une photo de nous au travail. Cela nous donne une image mais le soir on se retrouve tout seul devant notre miroir démaquillé sans filtre sans rien. Qu’est ce qu’on est au final ? Une phrase qui illustre cela. « I'm sleeping like a slave thinking i was a king ». Je dors comme un esclave pensant être un roi. C’est un peu ça, on donne une image qu’on essaie d’être la plus parfaite alors qu’au final la réalité nous rattrape et peut faire mal. Il ne faut pas l’oublier parce que c’est surtout dans la réalité qu’on vit et « Blindness » parle vraiment de tout ça.

C’est pour cette raison que l’album s’intitule « Illusional Gates ». Est-ce qu’il y a des choses qui vous ont déçues, des désillusions dans votre passé notamment avec le groupe ?


Pierre Challouet.. Oui beaucoup de désillusions dans le monde de la musique. Comme on le disait notre premier album a été celui de notre adolescence : on a découvert les choses au fur et à mesure et à chaque fois on nous disait il faut un clip, un truc en plus et tout. A chaque fois on se disait on a une bonne image pro, les gens vont nous répondre. Au final on pense être bien et on se retrouve quand même tout seul à la fin de ce projet et c’est un peu aussi une claque qu’on s’est pris en voyant que le monde de la musique était comme tous les mondes c’est-à-dire très difficiles et avait une façade cachée qu’on ne montrait pas et qu’il n’était pas facile à accepter. Cela marchait beaucoup avec le réseau et pas toujours avec le talent. Je ne dis pas qu’on a plus de talent que d’autres mais c'est difficile pour tous les groupes émergents. Il y en a vraiment beaucoup. Rien qu’en France il y a une centaine de groupes qui mériteraient d’avoir une place sur les plus gros festivals et les grosses tournées. Et oui il y a eu une part de déception quand même vis-à-vis de tout ça et l’album parle un peu de ça.

Sur Illusional Gates il y a deux invités Ryan Kirby de Fit For A King et CJ Mc Mahon de Thy Art Is Murder ce qui n'est pas rien !

Pierre Challouet. Franchement on n’y croyait pas et ce jusqu’au dernier moment. En fait on voulait avoir des « feat » sur cet album parce qu’on se sentait un peu plus mature et légitime de demander à des gens de venir chanter sur notre galette. On le sentait et on le pense étant donné qu’ils ont acceptés. Rires. On s’est dit tiens autant contacter des artistes qui nous intéressent et pour situer au même moment il avait mis une story Instagram où il proposait à des groupes de « fiter » s’il trouvait que les projets étaient intéressants et prometteurs. Du coup, on l’a contacté et il nous a répondu. Ce qui était marrant. Nous étions tous en Skype au moment où on a reçu son message où il acceptait de travailler avec nous. On était en train de faire un Skype avec le groupe. On parlait de je ne sais plus quoi et la Bruno nous dit d’aller voir sur Instagram la réponse de CJ : il est chaud pour bosser avec nous. Ce qui est cool c’est qu’il s’est vraiment investi. Il n’a pas dit moi je prends le chèque. Je fais exactement ce que vous me donnez et puis tchao. Il a été force de propositions et il y a eu ce côté humain. C’est ce que l’on recherche. Pour Ryan en revanche, c’est nous. On lui a envoyé un mail en lui présentant le projet et il a tout de suite adhéré et trouvé ça super cool. Il s’est encore plus impliqué et il a même fait un riff sur Twitch où il montrait comment il bossait sur le morceau, des trucs qu’il proposait. Franchement c’était top, génial.
Il y a ce côté humain qui s’est créé qu’on ne pensait pas avoir, même si finalement on aurait aimé être en studio avec eux, chose que l’on n’a pas pu avoir. Echanger, créer un truc, mais bon le contexte sanitaire et aussi géographique est assez compliqué. Mais quand même hyper heureux et des étoiles pleins les yeux d’avoir des noms comme ça sur notre album qui ont accepté de travailler avec nous. C’est bête mais ils ont leurs images à porter et s’ils ont accepté de figurer sur cet opus, ils ont quand même trouvé ça légitime.

Est-ce que tu leur as proposé plusieurs morceaux et ils ont choisi ? Ou est-ce que vous aviez tous un morceau en tête pour un invité et un autre pour l’autre invité ?  

Pierre Challouet.
Réponse B. Toujours. Rires. Déjà on a regardé les singles que l’on voulait mettre en avant sur l’album et à la suite de ça on s’est dit sur lesquels on aimerait avoir un « feat », sur lesquels on trouve que ce serait intéressant et sur lequel ils auraient assez de place pour s’exprimer : parce qu’avoir un « feat de face » ça ne nous intéresse pas. C’est vraiment pour qu’il ait une place importante dans le morceau. En tout cas on essaie et à la suite de ça on s’est dit quel artiste irait sur ces morceaux. Pour CJ ça collait de source en revanche pour Ryan à la base on voulait le mettre sur « Torn Away Inside » et au moment où il nous a répondu, on était pile en train de composer « The Endless Maze ». Quand il nous a répondu que le morceau est bien, on lui a dit qu’on en avait un encore mieux sur lequel on aimerait qu'il chante et il a accepté. Après on leur a envoyé les morceaux avec des bases de paroles et de chant posés dessus en leur disant que s’ils avaient d’autres idées qu’ils pouvaient les mettre dessus. L’idée était qu’il puisse aussi kiffer dessus ce qui n’a posé aucun problème.

Est-ce que ça vous donne envie de recommencer pour le prochain ?

Pierre Challouet. Carrément. Ça nous pousse à nous perfectionner dans la composition des morceaux, d’envoyer des morceaux à des stars et des groupes aussi gros ça nous oblige encore plus à être carrés. Et puis c’est une superbe expérience d’avoir un nouvel artiste qui a son propre feeling, son propre mood, qui vient l’ajouter sur nos morceaux. Ça apporte une plus-value, je pense à notre expérience à notre mood sur la composition.

La pandémie a t'elle eu un impact sur vos sessions studios ?

Pierre Challouet. En fait on s’est retrouvé en studio mais en home studio. On était ensemble mais la différence d’enregistrer en home studio comparé à un ingé son c’est qu’on a moins la pression. Quand on est en studio avec un mec devant soi qu’on paie la journée la prestation on a plus de pression, on est plus stressé, on n’est pas forcément aussi bien. Quand on est chez soi et qu’on enregistre tranquillement et qu’on est dans son mood, qu’on n’a pas le côté financier derrière, on est beaucoup plus à l’aise naturellement, donc on va être meilleur je crois. En tous cas pour le coté enregistrement, pas au niveau composition, arrangements mixage etc… Je parle uniquement de l’enregistrement.

Ça veut dire que vous avez passé beaucoup plus de temps à enregistrer ?

Pierre Challouet. Oui on s’est focalisé sur l’enregistrement, sur des détails qui ne se seraient jamais vu par personne, mais que nous on voyait. On a vraiment été exigeant les uns envers les autres mais exigeant bienveillant. On ne s’engueulait pas, on se poussait les uns et les autres et on cherchait que chacun qui devait enregistrer soit dans un bon mood. Et on l’a tous ressenti sur notre niveau technique. Bruno est super pointilleux, il nous a vraiment permis de nous améliorer.

A quel moment vous vous dites que c’est le moment de ne plus toucher au morceau, vous arrêtez à partir du moment où pour vous le morceau est bon ?

Pierre Challouet.
C’est exactement ça. C’est très compliqué de se dire que le morceau est fini. Je pense qu’on se le dit quand chacun apprécie d’écouter ou trouve un intérêt à l’écouter. Ça se fait un peu naturellement mais ce n’est pas facile. Je pense qu’en général quand un morceau met trop de temps à être composé à être retouché, on retrouve toujours quelque chose à redire, c’est peut-être que le morceau n’est pas si bien.

Dans ce cas précis vous zapper le morceau ?

Pierre Challouet. Oui généralement on le zappe, on commence un peu à zéro, on part vers autre chose, mais quand on a passé trop de temps dessus, ça ne va pas. Après parfois c’est juste parce qu’on est dans un putain de labyrinthe et on arrive plus à s’en sortir de ce morceau. Parfois il nous est arrivé d’en mettre un de côté et d’y revenir cinq à six mois plus tard et de se dire qu’il est déjà très bien. C’est particulier et par moment difficile de se dire s’il est fini, il est dans la boite car on a toujours l’impression à force d’écouter un truc qu’on le trouve redondant. Bref faut prendre du recul par rapport à tout ça, donc c’est bien aussi de le laisser un peu pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines et d’y revenir dessus en étant un peu plus serein et reposé.

Jim Pinder s'est chargé du mixage et vous avez confié le mastering à Tyler Smith (Falling In Reverse, I Prevail). Qu’est-ce que vous attendiez d’eux finalement ?

Pierre Challouet.
On avait déjà bossé avec lui donc on savait déjà de quoi il était capable. On allait vers eux parce qu’on savait que c’étaient des personnes pointilleuses, exigeantes et intéressées par notre projet. Ces trois points c’était hyper importants. On attendait à ce qu’ils répondent à notre demande et qu’ils soient force de proposition et qui nous disent là où c’était possible, pas possible, ce qui était intéressant et ce qui ne l’était pas. Et qu’ils apportent vraiment leurs pattes. Je pense que l’on va vers un artiste parce qu’on apprécie son travail parce qu’on a envie de mélanger ces idées et les nôtres et parce qu’on sait qu’il va réaliser un truc de malade.

22 Avril 2022.
Pascal Beaumont 
Laurent Machabanski (Retranscription)
Photo : DR