lundi 23 mai 2022

RAMON PIPIN // Interview // "Humour Musique et Confidences" Mars 2022 (partie 2).


Nous avons rencontré Ramon Pipin qui nous a accordé ce passionnant moment d’échange et nous
a confié en exclusivité quelques moments de sa vie, anecdotes, confidences
et sa passion pour le rock'n roll.

Un moment privilégié avec un artiste authentique, sincère et passionné !
Voici la deuxième partie de l'interview.



Après la musique, la pub et les BO Télé, en 2015, tu écris ton 1er roman "Une jeune fille comme il faut". Ce sont Différentes manières de travailler ?

Ramon Pipin : Bien sur j'ai fait de la pub pendant très longtemps puisqu’à l'époque de Odeurs j'ai était approcher pour faire de la pub. Donc j'ai commencé à faire cette exercice pas très accaparant et rémunérateur il faut le dire. Donc j'en ai fait beaucoup pendant 30 ans j'ai fait de la pub ça prend une journée deux à tout casser et puis quand ça marche ça marche de toute façon tes payer pour le faire donc... Moi j'avais ma propre boite de prod dans les années 90 ça marchait très bien donc on faisait beaucoup de pub on dirigeait des comédiens ce que j'aime bien faire aussi rencontrer des gens voilà. Bon après tu rencontres beaucoup de connard aussi mais j'ai aussi rencontré quelque créatif de talent avec qui je suis resté souvent en rapport d'ailleurs. Donc la pub c'était un exercice bon comme ça. Les musiques de Films sa ça me passionne beaucoup plus j'en ai fait au moins dix longs métrages et une vingtaine de Téléfilm j'en ai quand même fait pas mal. Y en a quelques un qui sorte du lot comme par exemple  "Bernie" De DuPontel ou la quand tu recoûte la bande son je l'ai recoûter il y a pas longtemps je l'ai mise sur Facebook putain on avait pu y aller c'était les guitares saturé et c'était bien en France pour la musique de film on est un peu parent pauvre par apport au états unis ou il y aides compositeurs exceptionnel franchement je trouve que l'on ne sort pas tellement notre épingle du jeu excuse-moi Jean Michel Bernard qui es mon pote et qui lui a fait de bonne musique de films d'ailleurs pour Mocky entre autres moi ça fait longtemps que j'en fait plus la dernière que j'ai faite c'était un téléfilm avec ma copine Sarah Levi et j'ai eu la chance d'enregistrer a AIR le studio de George Martin à Londres pour un film de Christian Clavier et on était avec le London Symphonie Orchestra c'était super je travailler avec Jean-Philippe Goude qui es mon alter ego musical même si le film n'a aucun intérêt la musique y avait des belle choses. Des choses compliquent à jouer c'était extraordinaire cette séance avec le London c'était un truc quasiment injouable et les mecs avec le doigt dans le nez on était waou vraiment impressionner. Moi je n'écris pas des thèmes et tout je n'ai pas de culture musicale je suis autodidacte je peux arranger des cordes mais après y a un mec qui passe derrière moi pour corriger les fautes et pour mettre ça en forme quoi. Je mais la base quand même sur mes albums solos aussi les arrangements son proches du définitif mais il y quand même qui passe derrière moi je préfère. Vincent Chavagnac dit "Turquois" pour ne pas le nome avec qui je travaille depuis une dizaine d'années. Une musique de films sait extrêmement accaparante crois que quand j'ai fait "Enfermés dehors" qui était une gageüre... Clarabelle voulait que je me mette sous Lexomil le Jai fait 150 maquettes pour satisfaire Albert Dupontel c'est dur et en plus jetais en compet avec Noir Désir parce qu'il adorait Noir Désir pour chaque séquence chacun faisait son truc moi je suis plutôt un mélodiste eux y faisait plutôt Doudoudoudoudou et Dupontel "C'est vachement bien donc j'avais un peu les boules. Et c'est là que sait arrêter notre collaboration d'ailleurs. Après J'ai fait deux films avec De Caunes et j'ai fait le Coluche ça a étais un grand plaisir parce que travailler avec Antoine sait cool et sympa.
Puis j'ai fait deux téléfilms avec lui derrière , J'ai travailler aussi avec Sarah Levy , Patrice Lecomte
Francis Kuntz
de Groland avec Christian Clavier un peu toujours dans le domaine de la comédie ce que je regrette un peu parce que j’aurai pu faire autre chose.

J'avais une approche assez particulière. J'essaie de mélanger les instruments électroniques et les instruments d'orchestre. Il y avait souvent des synthés ou des guitares électriques, avec des cordes. J'aime bien ça. J'essaie d'avoir une démarche personnelle, pas trop copier les autres. Sur les musiques de film, c'est les monteurs qui calent les musiques pour satisfaire les réalisateurs. Sur l'affaire Yann Piat d'Antoine de Caunes, ils avaient calé des trucs de Philippe Glass, avec soixante-dix musiciens. On n'avait pas de budget. Une fois que le réalisateur a ça dans la tête, c'est difficile de l'en sortir, mais j'ai adoré faire çà. C'est un grand plaisir de faire des musiques de films, de la musique à l'image. Puis je me suis consacré à mes trucs.

Quel contact gardes-tu avec les anciens de Au Bonheur des Dames, Odeurs, et autres amis comme Antoine De Caunes, Coluche, John McLaughlin...?

Ramon Pipin : On est très potes. Je l'ai invité, il a pas pu venir. Il m'a invité dans son émission. On est très potes, mais on ne se voit pas, par contre. Mais je pense qu'il me respecte et inversement. Il y a des gens que je vois encore. J'ai fréquenté tous ces gens là avec Coluche. J’allais souvent chez Michel. La vie sociale et artistique se passait là-bas, parce qu'il était tellement connu, qu'il ne pouvait pas sortir dans la rue. Là-bas, j'ai connu tout le Splendid, des réalisateurs, des musiciens, il y avait tout le monde. J'ai pas gardé de contact particulier, mais quand on se voit, on sait qui on est. Mon copain est tombé sur Jean Teulé, le romancier, dans un café. Il lui dit qu'il travaille avec Ramon Pipin. Ah Ramon, c'est sympa... Puis voila. Je dois lui envoyer mes productions. Avec les musiciens, j'ai gardé à 95% des bons rapports avec eux. Il y en a qui ont un peu disparu. Il y en a aussi qui ne sont plus là.Il y en a avec qui je m'entends moins bien, mais that's life! Mais j'essaie d'être très fidèle. Le bassiste avec qui je joue, Marc Perrier, ça doit faire trente ou quarante ans que je joue avec lui. le batteur, Amaury, je l'ai retrouvé avec Les Excellents. Pour mes projets personnels, ce n'était plus lui, parce qu'il bossait à l'époque, puis je voulais être avec des gens plus jeunes, pour qu'ils m'amènent un stimulus créatif. Je pense qu'il a très bien compris, et là, on se marre bien avec Les Excellents. Je vais faire un concert le 25 Mai pour mon Jubilé, et par contre ce sera mon autre batteur. Mais il habite plus à Paris, il y a des gens qui ne sont plus là non plus. J'entretiens de bons rapports. Il y a des gens qui ne peuvent pas me blairer, mais cà...
Je me souviens de Michel, mais on n'était pas amis. Mais on s'est vus souvent. je connaissait bien Patrick Dewaere, Desproges, qui était un mec adorable, Balavoine. J'ai connu tous ces gens-là. Il y en a beaucoup qui ont disparu. On s'échangeait artistiquement, on allait se voir. Ils allaient voir Odeurs, j'allais voir leurs spectacles. On avait des musiciens avec Coluche. Dewaere je l'ai connu parce qu'il a fait un 45 tours "Je suis un policier", à Ramsès, avec mes musiciens, enfin c'était un groupe qui s'appelait Treponem Pal. Je sais pas si ils sont devenus musiciens de Odeurs ou inversement, mais on a sympathisé, on s'est vus. J'ai dîné chez lui plusieurs fois, il était venu à la campagne. C'était des bons comédiens. "Série Noire" c'est quand même vachement bien.
Après, j'ai connu d'autres musicien, en studio, comme John McLaughlin qui a joue gratuitement sur mon premier album solo. Donc on a sympathisé. Quand j'étais jeune, c'était une de mes idoles. John McLaughlin avec Mahavishnu, c'était une des grandes claques de ma vie. On allait les voir sur scène, c'était extraordinaire. Il a fait deux ou trois albums à Ramsès. Et un jour je lui dis : "Tiens, je fais un album, tu voudrais pas venir jouer, il m'a dit ouais!". Incroyable! gratos. Après je l'ai revu parce que j'avais un projet de film, malheureusement je n'ai jamais réussi à le faire. Je lui avais demandé de participer. On était descendu chez lui, à Monaco, avec ma copine Sarah Levy. Il était d'une gentillesse extrême. Il vient de fêter ses quatre-vingts ans. Il continue à sillonner les routes et à jouer. Il avait des problèmes d'arthrose, mais apparemment ça va mieux. Il joue encore. Il y en a d'autres. La guitare a fait des progrès formidables, mais John reste un marqueur incontournable de la guitare. Il a fait faire un bond à la guitare électrique dans les années soixante-dix absolument extraordinaire. Il me racontait que le matin il répétait avec Tony William et après il jouait avec Miles Davis, tu crois rêver.

En 2016, tu lances le journal at Homique sur Facebook, et Les Excellents, avec Camille Saféris où vous massacrez en français les grands titres du Rock. D'où est venue cette idée?

Ramon Pipin : En 1995, avec mon camarade de l'époque Yves Hirschfeld, on avait eu l'idée de faire des actus sur notre table. On avait fait ça dans une émission de Marc Jolivet, qui était un pote à nous. Et puis on a vendu le concept à "Nulle Part Ailleurs". Donc pendant un an, on commentait l'actu, une fois par semaine. Dans une séquence qui durait cinq minutes, qui s'appelait "Deux doigts d'info", qui a commencé en même temps que "Groland". On n'était pas mondains. Ca s'est arrêté, et comme j'aime bien commenter l'actualité, j'ai fait une petite pastille tous les jours. Je le fais moins maintenant. Après, j'ai fait des histoires sur le rock. Je racontais des anecdotes sur le rock, mais il faut trier le vrai du faux. Je raconte des trucs vrais, mais à la fois c'est une grosse connerie, genre Comment Joe cocker fait ce crie dans "With a little help from my friends" à Woodstock? Il dit qu'il avait des chaussures trop petites et qu’il a foutu un coup. Mais tout le reste est vrai. C'est assez marrant. J'en ai fait une petite dizaine. Un jour, en prenant un pot avec un pote, il me dit pourquoi tu ne fais pas les grands classiques du rock au yukulélé? Il y avait deux raisons. D'abord, j'avais pas eu l'idée, c'est lui et deuxièmement, je ne savais pas jouer du yukulélé. Puis j'ai pris un yukulélé, et j'ai fait quatre ou cinq trucs seuls, qui m'ont bien fait marrer. Après, j'ai demandé à Camille Saféris de me rejoindre, et on a commencé à faire ce qui allait devenir Les Excellents, avec un épisode incroyable qui est le "Billie Jean" que l'on a fait avec Sylvain Fusée. Camille m'avait amené un de ses potes en disant j'ai un copain qui joue du cor. Je croyais que c'était du cor d'harmonie. En fait c'était du cor de chasse, en plus il savait pas du tout en jouer. Donc il est arrivé, on était ici à cette place. Qu'est ce qu'on fait? On a fait "Bille Jean", et comme il savait pas jouer, on lui a juste dit de faire le riff. Il &tait incapable de le faire. Ca nous a tellement fait marrer, que, en fait, la chanson ne démarre jamais, cinq cent mille vues sur internet. Le truc a démarré comme ça. C'est devenu Les Excellents. Camille a décidé de quitter le groupe, et nous on en a fait un spectacle qui a cartonné récemment au café de la Danse, où on rejoue le 11 et 12 avril. On est plus d'une dizaine sur scène, avec un quatuor à cordes, et c'est assez drôle. C'est une petite récréation pour moi, par rapport à ce que je fais d'habitude, où je m'amuse beaucoup à faire du détournement de texte. On essaie de respecter les arrangements originaux. Plus c'est infaisable, plus on le fait, genre "Live and let die" ou "Kashmir", par exemple. Mais c'est ça qui me fait marrer. C'est double détente. Le morceau commence, les gens se disent c'est ce morceau-là, et après ils entendent les conneries qu'on raconte, et en plus les textes que je raconte entre les chansons. Venez nombreux, je crois que c'est drôle.
J'essaie d'être intègre. Il y a peu de choses dont j'ai honte, en fait, dans ma carrière. Il y a un truc dont j'ai vraiment honte, c'était Rita qui m'avait forcé. Je crois que tu le trouves sur internet. Il avait fait un 45 Tours qui s'appelle "Ratatouille". Alors là!! C'est honteux! A l'époque, il était avec Collaro, il avait écrit cette chanson, avec mon ami Jean-Michel Kajdan on avait fait la musique. C'est vraiment lamentable. Sinon, le reste j'assume. J'ai fait aussi beaucoup de musiques de dessins animés. Des séries qui se sont baladées dans le monde entier. C'était extrêmement chronophage. Quand tu dois te taper soixante-douze épisodes de Lucky Luke ou je sais pas quoi. Je faisais ça avec mon ami Hervé Lavandier, mais au niveau rémunérateur, c'était intéressant. C'est d'ailleurs grâce à ça que j'ai pu financer mes projets personnels.

Reste-t-il encore un domaine artistique auquel tu ne t'es pas encore essayé et qui te tente fortement?

Ramon Pipin : Malheureusement, le livre "Une jeune fille comme il faut" était un scénario de film. J'ai fait dans ma vie un court-métrage, qui s'appelle "Et tu récolteras ce que tu as semé", que tu trouves sur internet, avec Jacky. A l'époque il sortait de Dorothée. C'était mon attaché de presse à l'époque de Au Bonheur des Dames. On est restés très amis. Après Dorothée, il ne fait plus rien. Je lui dit est-ce que tu veux tourner ce court-métrage. Il a tourné ce court-métrage qui n'est pas tendre avec son image. Mais comme il a beaucoup d'autodérision, il a accepté de le faire. Et grâce à ce court-métrage, il s'est fait repérer par Ardisson, et ça lui a redonné du boulot. Il a fait le Rabbi Jacky Show. J'ai voulu faire un long-métrage, "Une jeune fille comme il faut". C'est passé entre les mains de cinq producteurs, j'avais un joli casting, avec Eddy Mitchell, Catherine Jacob... Malheureusement, je n'ai jamais réussi à le faire. Un regret. Du coup, je l'ai beaucoup réécrit et je l'ai adapté en bouquin.
Les ans commencent à s'accumuler, je me concentre sur mes projets personnels. Déjà, avec le spectacle pour mon jubilé il y aura quarante chansons sur scène avec Les Excellents, où il y a quarante chansons à écrire, plus le spectacle a écrire où on est beaucoup, on est un peu disséminés, il y en a qui ne sont pas à Paris. Donc il faut que tout soit écrit. Après je fais mon Jubilé, c'est à dire cinquante ans de musique. Au bohneur des Dames, Odeurs, en passant par mes albums solo. Et ça va être très bien. Mon Jubilé le 25 mai au Café de la Danse. Venez nombreux, ça va être sympa. Je voudrais quand même, au moins, parce que je suis un bosseur, et que je suis respectueux de mon public, ne pas proposer le même spectacle. Il y en a qui sont venus trois fois. Je vais essayer de faire un ou deux inédits. Mais j'ai fait quinze albums, j'ai du matos pour remplir deux heures. Que des chefs-d’œuvre, c'est ça qui est bien.

Si tu devais te définir, quelle serait ta phrase ou ta devise?


Ramon Pipin : Intégrité, humour, rejet de la bêtise, ou alors assumée, sincérité, artisan.



Aujourd'hui, quels sont tes groupes préférés. Sont-ils les mêmes qu'avant?, Une chanson ou un album qui restera pour toujours?

Ramon Pipin : Je suis dans le djent... C'est un courant. Du prog-métal, avec des groupes comme
Aken, groupe anglais exceptionnel, ou un groupe suédois qui s’appelle Leprous, la lèpre. C'est vachement bien. En France, il y a Gojira qui fait ça. Ca décrasse bien les oreilles, par contre, c'est d'une inventivité extraordinaire. Ce groupe  Leprous c'est extraordinaire. Le chanteur, c'est un genre de chanteur d'opéra, avec des inventions harmoniques. Après j'écoute plein de trucs, du jazz, de l'indie-folk, des groupes vocaux, même si je reste attaché à Gentle Giant. Quels génies ces mecs-là. Un des plus beaux objets de l'histoire du rock... Un coffret de trente albums de Gentle Giant. Leurs onze albums studio et des lives, dont la qualité est pas toujours top. Il faut pas oublier que Gentle Giant, c'est le groupe qui a fait rentrer le contrepoint dans le rock. C'est à dire que dans Gentle Giant, personne ne fait les accords, chacun joue une partie différente, qui enrichie la partie de l'autre instrumentiste, le chanteur chante un truc qui n'a rien à voir. C'est exceptionnel. Le guitariste Gary Green, totalement méconnu, il vaut les meilleurs anglais, Peter Green, Robin Trower, tout ces mecs-là. Il est aussi bon qu'eux. Le chanteur, au départ c'était trois frangins, les frères Shulman. Derek Shulman, chanteur exceptionnel, son frère bassiste. Il faut écouter les parties de basse de Gentle Giant, c'est extraordinaire. Et le clavier, qui sortait du conservatoire, la Royal School Academy of London. Donc Gentle Giant, ne manquez pas. J'ai assisté au dernier concert d'Andy Partridge à paris. Il a fait deux morceaux, après il est sorti. Il n'est plus jamais remonté sur scène, parce qu'il ne supportait pas. Il était totalement agoraphobe. Mais quel génie mélodique, quelle invention. Les quatre ou cinq derniers albums de XTC sont des chefs d’œuvre. Pour moi, ce sont les successeurs des Beatles. C'est extraordinaire. Avec un bassiste exceptionnel, et Dave Gregory, qui était second guitariste, qui a quitté le groupe. Mais les deux albums qu'ils ont fait sans Dave Gregory sont quand même vachement bien, parce qu'Andy Partridge est un terrible guitariste. Et depuis dix ou quinze ans, il s'est tu, il fait pratiquement plus rien. Là, il sort des titres qu'il a proposé à d'autres artistes, qui n'ont pas été retenus.
Après ça, j'adore les Beach Boys, David Crosby, que j'ai vu il a pas si longtemps, Becca Stevens, superbe chanteuse américaine, j'écoute plein de trucs. Et je mets sur internet, régulièrement la musique que j'aime. And the music I love. Je trouve quelques pépites. L'autre fois j'ai mis un groupe très connu en Angleterre, Elbow, avec Guy Garvey, une des plus belles voix actuelles, depuis Peter Gabriel. Par contre les musiques urbaines, je ne peux pas. Je n'y arrive pas. On me dit tu devrais écouter Orelsan, je n'y arrive pas. Je suis attaché à la mélodie, il faut que ça m'étonne. Il faut que ça m'accroche l'oreille. Le rap, je peux pas. Quant au texte, on n'en parle même pas, ou au truc français, l'Impératrice, ils se sont mis à sept pour écrire un texte.

Qu'est-ce que tu fais lorsque tu ne travailles pas? Quels sont tes passions et tes passe-temps?


Ramon Pipin : Lorsque je ne travaille pas, je bouquine, j'écoute de la musique, je regarde des films ou des séries. Je vois des amis, ça m'arrive, parfois. J'essaie de regarder un film par jour, parce que j'aime beaucoup le cinéma. En ce moment, je suis un peu las du cinéma, mais j'ai vu un petit film récemment que j'ai trouvé vachement bien. C'est l’histoire d'un mec qui vit avec sa mère. Ca se passe dans les années 80. Il trouve une VHS, et c'est un ami. Il parle, il fait des pauses. Il dit "Je vais devenir ton ami". Et puis ça commence à dériver vers un petit film d'horreur. C'est vachement bien. Je bouquine. Je suis en train de lire le bouquin de l'excellent Laurent de Wilde qui s'appelle "Les fous du son". C'est sur l'évolution de la musique électronique, les synthés. Très bien écrit. Bravo Laurent de Wilde, qui est un pianiste de jazz. Puis la littérature aussi, Philippe Roth,  j'ai le dernier Michel Houellebecq que j'ai pas encore lu. J'ai pas le temps de tout faire. Puis je bosse dans la journée aussi.

Comment as-tu vécu cette période de pandémie depuis deux ans?


Ramon Pipin :  J'ai eu le COVID au début. Ca m'a rien fait. J'ai eu de la fièvre pendant trois jours, et mon épouse pareil. J'avais la trouille. J'ai deux potes qui sont morts. Je suis allé voir un de mes très bons amis qui est resté quinze jours dans le coma. Il s'en est sorti, il va bien. Il était antivax, il ne s'est pas fait vacciner, voilà. Moi, j'ai fait tout ce qu'il fallait. J'en ai profité pour travailler. J'ai pas arrêté. Je suis resté enfermé, beaucoup. Je ne suis pas un grand voyageur, et ça ne me pèse pas beaucoup. Mon épouse, il faut qu'elle sorte tous les jours, moi, je m'en fiche complètement. Je voyage dans ma tête.

Un message à faire passer à qui te regarde en ce moment?

Ramon Pipin : La liberté n'a pas de prix. En ce moment, c'est le message qu'il faut faire passer.

En ce moment, l'actualité remet en avant "Nous sommes tous frères", que penses-tu de cela?

Ramon Pipin : Cette chanson est ma dernière collaboration avec Costric. Même si j'ai eu l'idée, il en a écrit la moitié. En 85, je sais pas ce qui se passait dans le monde, mais la pochette, résume bien le fond de ma pensée. C'est la définition de l'ironie, c'est à dire vouloir faire passer le message contraire de ce que tu racontes. Sur la pochette, on me voit en train de sourire et je me suis pris un gnon dans l'oeil. Nous sommes tous frères, si on regarde le clip, on comprendra que je pense exactement le contraire. Bien que j'aimerais que cela soit vrai. Quand je regarde les trucs comme woodstock, même si c'était la guerre du Viet-Nam, ou le flower power, je me dis qu'on a quand même vécu des trucs incroyables.J'ai du mal. J'ai des amis proches qui ont été antivax, et maintenant qui soutiennent Poutine, franchement j'ai du mal. Je suis démocrate. La liberté, la liberté d'expression. A tout ceux qui soutiennent Poutine, il n'y a pas de liberté d'expression en Russie. Souvenez-vous en. Tu vas en prison si tu dévies de la ligne. J'avais fait cette chanson qui s'appelle "Les nouveaux Russes blancs". C'est pas moi qui l'ai écrite, c'est Costric, j'ai même pas fait la musique. On la jouait sur scène.Là, on allait en prison pour déviance sexuelle. C'est un mec qui sodomise sa dulcinée. Il y a des agents du KGB qui sont cachés sur la scène. IL y e a un qui est caché dans la télé, l'autre dans un lampadaire, et après ils l’emmènent au Goulag. C'était déjà très attaché à ça. Tout mon parcours artistique, c'est ce que je défends. Et je continue de raconter ce que j'ai envie de raconter. Peut-être qu'un jour on me mettra en tôle. Une fois, on avait fait le Théâtre du Rond-Point, dans le cadre du "Rire de Résistance". Nos choristes étaient habillées en burqa, et quand elles se retournaient, elles avaient le cul nu. C'était des mecs en plus. J'ai dit que ça on le mettait pas sur internet. C'était l'époque où il y avait Rushdie.
Au début de l'année dernière, j'ai repris "Mon ami raciste", que j'ai adapté en "Mon ami complotiste". J'ai pas vraiment été censuré par Facebook, mais quand même. Quand j'ai voulu prendre de la pub pour promotionner le truc, on m'a dit que ce titre va à l'encontre de ... Voilà. Parce qu'il y avait le mot complotiste. Évidemment, les robots ils comprennent pas le second degré. Si j'avais écris "Mon ami com / plotiste", j'aurais pas eu de problème. Maintenant j'ai compris, je fais très gaffe à ce que je mets sur internet. On est obligé de s'autocensurer. Si j'ai plus de réseaux sociaux, comment je communique? Il y a plus de presse, je passe pas à la télé. Peut-être que avec Les Excellents, on va faire un truc, parce que c'est quand même très "commercial". Pour le moment, on n'a pas. A la rentrée, on doit faire une série de concerts dans une salle plus importante que le Café de la Danse. Il va bien falloir que la promo trouve des trucs, sinon pour faire venir du monde, ça va être difficile. Bien qu'il y ait dix mille abonnés sur la page des Excellents, ce qui est beaucoup. Mais il y en a beaucoup qui habitent en province, qui ont quitté Paris parce que ça devient insupportable, ou qui sont empêchés. On remplit le Café de la Danse pour le moment.

Pour finir, une petite blague?

Ramon Pipin :  C'est un mec qui échoue sur une île déserte avec Scarlett Johansson. Scarlett Johansson est totalement désespérée. Le mec dit t'inquiète pas, on va venir nous chercher, je sais bricoler. Il fait une belle cabane, il va chercher de la bouffe, il pêche. Mais il se passe rien entre eux. au bout de trois semaines, Scarlett Johansson se précipite dans ses bras et lui dit tu es mon sauveur, c'est extraordinaire. Ils baisent. Le temps passe, toujours personne pour venir les sauver. Un moment, elle lui dit: - écoute, je te sens pas heureux, y a un truc qui va pas?
- Est-ce que tu feras tout ce que je veux?
- Mais bien sûr mon chéri! Tu m'as sauvé la vie, je t'aime.
- Ce que je vais te demander, tu vas enlever maillot de bain, et tu vas mettre un jean que j'ai trouvé sur la plage. Ta poitrine, c'est pas possible. Ce que je vais faire, je vais constituer un truc pour t'écraser la poitrine. J'aimerais bien que tu le mettes.
- Pourquoi tu veux que je fasse ça?
- Fais moi plaisir, fais moi plaisir.
Il crame un bouchon et lui dit "Dessine toi une moustache." Elle se dessine une moustache et il lui dit d'aller sur la plage.
Elle se balade sur la plage, et a un moment, elle sent qu'on lui tape sur l'épaule. Elle se retourne, elle le voit et lui dit "Qu'est ce que tu fais là?" et il lui dit "Hé mon pote, tu sais avec qui je baise en ce moment?" Avec Scarlett Johansson!


Interview // "Humour Musique et Confidences" Mars 2022 (partie 1) 


La vidéo de cette entretien en intégralité ICI



Paris 9 Mars 2022
Thierry Cattier
Photos : Th Cattier / Shooting Idols