mardi 5 juillet 2022

Visions of Atlantis (Clementine Delaunay) // Interview // Pirates 6 Mai 2022.


Si Wanderers qui faisait suite à The Deep & The Dark était un album de très bonne facture il n’a malheureusement pas pu être défendu dignement sur scène tout au long des trois années qui ont suivi sa sortie pour cause de pandémie et de tournée sans cesse reporté ! Il marquait aussi l’arrivée de Michele Guaitoli au chant et l’alchimie vocale avec Clémentine Delaunay semblait au beau fixe ! Depuis une certaine stabilité semble s’être installé au sein de la formation et leur a permis de progresser d’innover tout en restant bien ancré dans un Metal Symphonique de grande classe en nous offrant des parties vocales de prestige tout au long de ces 12 morceaux ! La mer les navires du XVII -ème siècle ayant toujours été un sacerdoce pour le combo, c’est donc sans surprise qu’ils nous reviennent avec Pirates un tout nouveau méfait qui vous embarque dans l’univers des boucaniers, des corsaires et de la piraterie à travers des abordages sans merci et des chasses aux trésors sanguinaires ! Même si le thème a été développer au fil des temps par de nombreuses formations, Visions Of Atlantis s’en sort avec les honneurs et sans renouveler le genre nous entraine dans un périple hors du temps au travers de leur trois clips très réussi « Legion of the Seas », « Melancholy Angel » et le tout récent « Master The Hurricane » qui développe ce sentiment de liberté et ce côté rebelle qui les a toujours animés. Musicalement le pari est réussi haut la main et Visions Of Atlantis nous délivre une pépite de fort belle facture qui devrait ravir tous les fans du gang de pirates ! C’est à l’aube d’une tournée Européenne et juste après un périple de sept semaines à travers tous les Etats Unis au côté de DragonForce que nous avons pu nous entretenir avec la belle Clémentine pour découvrir ce nouveau méfait et en savoir un peu plus sur la situation du groupe après les temps difficiles que nous avons traversé ! Un entretien le sabre à la main et à cœur ouvert pour une plongée au cœur des ténèbres et du romantisme baignant dans le mysticisme et la quête de soi .A l’abordage moussaillons la chasse au trésor a commencé ! Que le meilleur gagne. Magnéto Clémentine c’est à toi !


Vous revenez d’une longue tournée aux Etats Unis de sept semaines en Special Guest de Dragonforce qui a commencé le 7 mars pour se terminer le 23 avril 2022 quel souvenir gardes tu de ce périple ?

Clémentine Delaunay C’est difficile d’en garder un seul souvenir, j’ai effectivement plein de flashs, de moments extrêmement variées, riches et intense de cette tournée. En 7 semaines, il s’est passé énormément de choses des bonnes et des mauvaises. Rires. C’était pour le groupe une vraie aventure unique et incroyable. Je que je retiens de ça, le sort nous à venger par rapport à la tournée 2020 qui avait été abrégé, la pandémie nous étant tombé dessus après cinq concerts avec Dragonforce. Et là on vient de faire en 2022 une tournée presque trois fois plus longue. On a eu un peu le sentiment d’une vengeance, d’une revanche sur la pandémie. On a été extrêmement bien reçu par le public Américain et ça c’était un cadeau incroyable auquel on ne s’attendait pas forcément parce qu’on ne peut jamais prédire comment nos morceaux et nos visuels vont être reçu. Cela a été une expérience incroyable pour la formation, très enrichissante et très bénéfique.

Je suppose qu’il y a des moments qui ont dû te marquer plus que d’autres ?

Clémentine Delaunay. Je vais commencer par le négatif, je me suis fait mal sur la tournée, je me suis cogné violemment sur une entrée en scène. Il y avait un plafond qui était très bas et je ne l’ai pas vu car pour mon entrée sur scène je porte une capuche. J’ai voulu monter sur scène avec tout l’enthousiasme et l’énergie, la confiance d’un début de show et j’ai foncé dans le mur. Ça été un peu douloureux, j’ai mis plusieurs jours à m’en remettre, je n’ai jamais cogné la tête aussi fort ! Rires. Ça été un peu compliqué, on a eu aussi des pannes de bus qui étaient assez anxiogènes. Par la suite à chaque fois que le bus s’arrêtait la nuit, on se demandait si on était encore en panne ou si c’était juste pour prendre de l’essence. Il y a eu quelques moments comme ça ou il a fallu gérer le stress de problèmes techniques qui étaient vraiment pas du tout de notre fait. Au niveau du positif c’est la première fois que j’ai vu des circle pit de pogo sur notre musique. Merci au public Américains et Canadiens qui ont vraiment beaucoup apprécié nos nouveaux morceaux et notre style en général. Après les Usa ça reste un terrain de divertissement gigantesque, c’est une expérience unique.

Est-ce que c’était la première fois que tu avais l’opportunité de chanter aux Etats Unis ?

Clémentine Delaunay. Visions Of Atlantis avait eu auparavant l’opportunité de faire des tournées aux Usa avant que je rejoigne la formation. En 2020 on avait 5 dates avec Dragonforce avant que la pandémie nous arrête quelque part. Je considère que c’est la première tournée sachant que beaucoup de gens après le concert nous a dit : « Mais vous sortez d’où, je n’ai jamais entendu parler de vous mais j’ai adoré votre concert ». On peut parler de ça comme un nouveau départ sur le territoire Américain.

Du 12 au 20 mai 2022 vous repartez en tournée Européenne dans le cadre du Pirates Tour 2022, est ce que vous allez présenter un show différent de celui proposé aux Usa ?

Clémentine Delaunay. Aux Usa on faisait partie de groupes de support de Dragonforce, on ne jouait que 30 Minutes. Là en Europe on sera en tête d’affiche donc le set va être trois fois plus long, un peu moins entre 1h15 et 1h20. On va donc occuper la scène plus longtemps, ça va être notre scène c’est-à-dire que l’on aura tout ce que nous permettra la salle ou on va jouer. Cela ne va pas être la même chose. On espère amener deux trois éléments des décors de l’univers des pirates.

Comment as-tu vécu en tant qu’artiste la pandémie ?

Clémentine Delaunay. C’est vrai qu’au début ça a été un véritable choc Surtout le fait de se faire renvoyer des Etats Unis alors que l’on attendait que ça de pouvoir jouer là-bas. Cela nous a pris un peu de temps de digérer et d’accepter, de se dire ok le live on ne sait pas quand on va le reprendre. On avait quand même d’autre projets en cours. On avait la réalisation d’un Dvd qui est sorti en 2020 (Ndr : Dve live : A Symphonic Journey To Remember le 30 Octobre 2020), on a sorti un clip en mode acoustique (Ndr : « Nothing Last Forever »), chacun a fait sa partie de son côté. Ensuite on a commencé à plancher sur la composition de l’opus. Au départ on a eu un sentiment de surprise, on s’est demandé ce qui se passait, qu’est-ce qu’on allait devenir et puis on s’est dit ok le sort nous donne du temps si on n’est pas sur la route on va le dédié à la composition et au concept de pirates.

J’imagine que vu les conditions particulières vous avez travaillé de manière différente cette fois ci !


Clémentine Delaunay. Michele s’est beaucoup plus investi dans l’écriture de Pirates par rapport à Wanderers. Lorsqu’il est arrivé au sein du combo la plupart des titres étaient déjà écrits. Là il a vraiment amené sa patte personnelle. Ensuite le fait qu’on ait plus de temps nous a permis de définir plus précisément ce que l’on voulait faire, la musique que nous avions envie d’écrire. On a pris le temps de se poser, de réfléchir aux atouts et aux éléments dans la musique, qu’on avait envie de mettre en valeur. Du fait que l’on était deux au chant c’est quelque chose que nous voulions mettre en avant, il fallait que les chansons soient un peu plus des duos, que chacun chante son couplet et qu’on se retrouve dans le refrain. On a voulu mettre en avant davantage le côté Metal et boosté tout le côté épique, orchestral et symphonique de l’opus. Michele Guaitoli a organisé tout ça, diriger le tout et présenté des titres comme « Master the Hurricane », « Legion of the Seas » qui sont aujourd’hui très représentatif de ce que l’on veut faire de Visions sur le long terme, quelque chose de riche, de cinématographique tout en ayant d’autres morceaux très accrocheurs. Pour ma part j’ai été impliqué comme toujours sur l’écriture des textes. J’ai aussi pu amener un premier titre Metal, j’ai composé « Pirates will Return » avec l’aide de Michele. On a aussi beaucoup travaillé tous les deux sur les mélodies, les arrangements pour que cet opus soit davantage sur mesure que les précédents.

La pandémie a-t-elle eu aussi un effet sur ton état d’esprit et sur l’écriture des textes ?


Clémentine Delaunay. Oui, les paroles de VOA reflète mon propre chemin personnel. Pendant la pandémie j’ai vraiment pris le temps de me poser et de réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie, ou je voulais vivre de qui je voulais m’entourer, quels étaient mes buts et mes rêves. J’ai pris des décisions. J’ai changé d’état d’esprit, de regards sur certaines choses et tout ça transparait dans mon écriture. On peut très bien prendre les chansons au premier degré qui parlent de tempêtes et de pirates mais aussi si on veut il y a un fond plus profond qui amène davantage à travailler sur son propre chemin.

Tu es dans une forme de quête initiatique à travers tes écrits ?


Clémentine Delaunay. Oui bien sûr, c’est la continuité, j’écris tout le temps de la même manière sur mon propre chemin. Effectivement il y a encore ce type de paroles.  

Ecris tu d’abord tes textes en Français pour une adaptation en Anglais ou bien directement dans la langue de Shakespeare ?

Clémentine Delaunay. J’écris directement en Anglais, c’est trop compliqué de passer par le Français. Mon point de départ c’est la mélodie qui est la reine au sein de VOA. Il y a aussi la musicalité qui joue un grand rôle, j’écris des paroles qui vont servir la mélodie et pas l’inverse. C’est la raison qui fait que j’écris les textes après. Je n’ai très rarement voire jamais de paroles qui sont écrites avant la musique. Il y a des textes qui se rejoignent, ce n’est pas un concept album, chaque titre se suffit à lui-même. Il y a un fil rouge ou une histoire qui circule. Moi je sais que j’ai des titres qui se répondent ou alors il y a quelque chose qui est abordé dans une chanson et qui va être le sujet d’un autre morceau. J’essaie de ne pas me répéter lorsque j’aborde un thème, ou reprendre l’histoire par un autre personnage. Il faut qu’il y ait une cohérence non pas une redondance dans les thèmes abordés. Je fais attention à ça. Souvent lorsque j’écoute des morceaux, surtout lorsque je suis en phase d’écriture il y a de titres qui sont terminés, j’ai la liste des chansons et j’écris les paroles au fur et à mesure. Généralement j’aime bien mettre un thème sur chaque titre qui peut m’inspirer en lui-même. A partir de là je développe une idée principale pour que chaque chanson soit vraiment bien dans son univers.

Pirates m’a immédiatement fait penser au film du même nom de Roman Polansky un classique est ce que l’univers cinématographique abordant ce thème vous a influencé ?

Clémentine Delaunay. Bien sûr Michele Guaitoli et moi nous sommes de grand fan de cinéma. De musique originale, j’adore la musique instrumentale, j’écoute d’avantage ce style que des combos de Metal, c’est normal on évolue. Mais j’ai toujours adoré la musique de film, elle me touche particulièrement. C’est une dimension que l’on a eu envie de développer davantage notamment à travers cet opus, les vidéos. Cela colle très bien au thème des Pirates, c’est un univers qui est un lieu commun, qui a fait couler beaucoup d’encre au niveau de la littérature, au cinéma, tout le monde à une image en tête des pirates, qui ne sera jamais la même. Ça invite à l’image, c’est un thème que l’on peut développer au-delà de la musique

Vous avez sorti deux singles "Legion Of The Seas" et "Melancholy Angel" accompagné de clip, je suppose que le tournage a dû être épique !

Clémentine Delaunay.  Le clip de "Legion Of The Seas" on est habillé avec nos tenue de scène, elles sont faites sur mesure justement pour éviter de d’apparaitre comme étant déguisé. C’est une vision magnifiée de nous-même, on est des pirates dans la vie et on le montre de cette manière-là à travers notre musique, notre art. Effectivement c’est assez libérateur et inspirant d’être un peu pirate dans les vidéos. On a pris beaucoup de plaisirs à tourner les deux même si c’était dans des conditions assez difficile, sans chauffage. On s’est gelé sur les deux tournages mais on a pris beaucoup de plaisirs à jouer la comédie. On a un troisième clip « Master The Hurricane » qui sortira le 11 Mai et qui est un petit film en soi tourné sur fond vert.  

Une autre de vos envies à tous doit être surement de pouvoir développer cet univers sur scène ?


Clémentine Delaunay. Si demain on a les conditions et les moyens illimités pour mettre en place un show, on imagine complètement de construire un bateau sur scène, d’avoir de la pluie rires ! de recréer l’univers que moi j’imagine du monde des pirates. Partir et arriver sur des plages inexplorées, découvrir des trésors cachés dans le monde, la beauté et la diversité de la nature et de l’homme. Oui on aimerait faire une comédie musicale avec un décors digne de ce que l’on a vue à Broadway à New York, certaines comédies musicales qu’on a vu à la tv lorsque nous étions à New York. Ça fait rêvé de construire un vrai spectacle, il y aurait de quoi faire effectivement.

Choisir les deux singles a été simple pour vous, c’était une évidence ?


Clémentine Delaunay. « Melancholy Angel » s’est imposé d’elle-même en tant que single. Ça nous a tous paru absolument logique que ce morceau soit mis en valeur. "Legion Of The Seas" n’était pas prévu pour être un single au départ. Puis à la réflexion, on s’est dit que ça serait super de présenter notre nouvel opus et notre nouvelle identité avec un morceau vraiment plus Metal que « Melancholy Angel » qui est très Pop quelque part. On a pris cette décision Michele, Thomas et moi car nous travaillons le plus sur le développement de la formation, de faire cette troisième vidéo qui n’était pas prévu à la base et nous avons sorti "Legion Of The Seas" en tant qu’éclaireur, il montre vraiment le changement de tonalité par rapport à l’opus précédent.

Vous êtes parti enregistrer en Allemagne avec Felix Heldt au Separate Sound Studios comment à tu vécu ces sessions d’enregistrements ?

Clémentine Delaunay. On a enregistré l’album alors qu’on était encore en plein lockdown un peu partout. Notre bassiste notre guitariste n’ont pas pu aller en studio, ils ont enregistré chez eux et ensuite on a envoyé les fichiers à notre producteur Felix Heldt. En revanche Michelle Thomas et moi on a pu se rendre au studio au côté de Felix, on a passé 10 jours entier à la production vocale de l’opus et c’était vraiment incroyable. On pouvait enfin faire de la musique ensemble en studio en pleine période de pandémie. On garde un magnifique souvenir de ce travail et de cette collaboration qui était très intense et en même temps très productive.

Qu’attendiez-vous de Felix Heldt et que vous a t’il apporté ?


Clémentine Delaunay. J’ai envie de dire qu’il a une compétence d’écriture musicale très très riche, très pointue. Lui et un de ses collègues ont contribué à l’écriture de « Melancholy Angel », il l’a écrite en 2019 lors de la tournée avec Freedom Call. Il a amené plusieurs titres sur l’opus. On l’a rencontré en 2019 sur cette tournée, c’était leur ingénieur du son et il adorait ce que l’on faisait notamment notre duo mais il était certain qu’au niveau des morceaux il y avait un moyen de faire quelque chose d’encore plus poussé. Lorsqu’il s’est présenté comme volontaire pour travailler avec nous par la suite et qu’il nous a présenter ce titre, on a vraiment vu le décalage avec ce que l’on était capable de faire. On s’est dit que c’était le moment de franchir un cap et de changer de collaborateur c’est ce qui s’est passé, on avait atteint les limites de notre collaboration. Felix nous a aidé à peaufiner nos morceaux et a travaillé avec Mic pour améliorer le tout.

Quel était ton défi personnel lorsque tu es rentré en studio avec Felix ?!

Clémentine Delaunay. Tout dépend des paries de chant. Moi je rentre en studio avec l’état d’esprit de donner le meilleur de moi-même et de me dépasser. Sur Pirates il y avait des parties qui étaient beaucoup plus intense aussi bien dans la performance que dans l’activité qui elle aussi est un challenge. Il y a des chanteuses qui sont capable de faire des prouesses dans les envolées mais qui manquent d’émotions quand il s’agit d’être sobre" et simple. Moi j’aime bien pouvoir faire les deux. Effectivement cet opus m’a permis de montrer davantage de couleurs au niveau de ma voix, dans les graves, les aigues et aussi dans les registres. Ça c’est parce que dans l’écriture on a décidé de se lâcher un peu plus et de se permettre d’aller chercher des choses. Oui après effectivement le jour de l’enregistrement on donne le meilleur de soi-même, ça va être enregistré, c’est gravé dans la mémoire de la musique mondiale ! Rires. Il faut que ce soit le mieux du mieux.



Avant de rentrer en studio pour enregistrer tes parties vocales est ce que tu fais une préparation spéciale pour te mettre en condition ?  

Clémentine Delaunay. J’aime bien avoir chanté les jours qui précèdent pour que ma voix ne soit pas froide en studio. Je ne chante pas tous les jours parce que je n’ai pas le temps. Rires. Oui avant le studio généralement je fais des sessions d’entrainements avec d’autres. Je fais des karaokés à la maison ! Rires, avec des chansons qui vont me permettre d’explorer différentes couleurs, tessitures. Mais le studio étant lui-même un travail tellement intense, je n’ai pas envie d’arriver au studio fatigué. Je travaille mais c’est plus dans l’idée d’échauffé que de travailler ma voix. Je préfère qu’elle garde une couleur et les sons d’une voix qui n’est pas épuisé par un entrainement trop intense.

A qui fait tu allusion dans le texte de « Melancholy Angel » ?

Clémentine Delaunay. C’est une partie que l’on a au fond de nous, celle qui nous tire vers le bas, celle qui nous susurre à l’oreille des choses désagréables sur nous, sur les autres, la part de nous qui en voulant nous protéger, nous met sur la défensive, nous empêche de voir nous-même les autres et les évènements tels qu’ils sont. C’est certain que cette part est plus lié à la frustration, à la colère, pour d’autre cela sera de l’amertume, la tristesse, la dépression ! On a tous en soi un égo qui nous veut du bien mais qui en fait nous fait du mal .L’idée du titre c’est d’affronter cette part sombre, il s’arrête en disant : « I will kill my melancholy angel ». Mon approche ultime c’est d’accepter la Melancholy Angel ,se dire que fond de nous on peut avoir cette part sombre qui fait partie de notre personnalité et qui est le résultat de blessure plus ou moins récente qui n’ont pas été soigné. Lorsque l’on est malade on va chez le médecin, quand on a un problème émotionnel on peut aussi aller chez le médecin du cœur et ça va mieux. Le fait de l’accepter et de dire ok cette partie-là fait partie de moi, de qui je suis donc de mon histoire ça apaise beaucoup.

Lorsque tu écris c’est aussi une forme de thérapie !

Clémentine Delaunay. Oui c’est la résultante ou le chemin de réflexion personnelle suite à des expériences de ma propre vie. C’est complètement imbibé de vécu.

Est-ce qu’il y a un texte ou tu t’es particulièrement impliqué émotionnellement parlant ?

Clémentine Delaunay. Ils sont tous très personnel. Mais il y en a un effectivement : « Heal the Scars » qui est une des ballades de l’album et qui parle d’une rupture que j’ai vraiment vécu au moment de l’écriture. Lorsque j’écrivais ces paroles, cela a été ma façon de tourner la page sur cette rupture qui m’arrivait pratiquement au même moment.

Ce thème la mer, les voyages, les bateaux, la flibusterie vous habitent depuis les débuts de VOA d’où vient cette fascination pour cette époque et ces personnages ?

Clémentine Delaunay. Je pense que ce qui fascine lorsque l’on parle de pirates, c’est l’avancement, la vie, la vraie prendre un bateau et partir sur l’océan ça peut amener tellement de choses à la fois dans ses humeurs qu’au niveau des territoires même si aujourd’hui on en a découvert la majorité. A l’époque prendre un bateau et partir sur l’océan, c’est la route de l’aventure, qu’est-ce qu’on va découvrir. Au fond de nous on a peut-être tous une part d’explorateur. Ça vient de cette ténacité qu’on les enfants à être dans l’émerveillement en permanence, à avoir envie en permanence de découvrir des choses. Quel enfant n’a pas voulu découvrir un trésor, la chasse au trésor ça fait partie de l’enfance de plein de personne, c’est un jeu tellement classique parce que ça parle à cette part d’enfant que l’on a en nous de découvrir des choses incroyables, un trésor, un monde inconnu et quelque part ça touche peut être une part de notre âme qui vit tout simplement, parcourir et découvrir le monde dans lequel on vit et non pas se cantonner au mode de vie que nous dicte la société actuelle.

Vous avez collaboré avec un virtuose de la flûte et des cornemuses Ben Metzner qu’est ce qui a motivé ce choix ?

Clémentine Delaunay. C’est simplement que lorsqu’on a écrit les parties de flutes et de cornemuses, on a dit à notre producteur Felix qu’il nous fallait absolument une personne qui soit capable de jouer cela avec de vrais instruments. Il nous a répondu de ne pas nous inquiéter qu’il avait la personne adéquate. C’était Ben car Felix est aussi producteur des projets de Ben Feuerschwanz et dArtagnan. Il a fait un excellent travail de remaniement des mélodies pour qu’elle soit vraiment naturelle au travers de ses flutes. Il a aussi pris le temps de choisir de bons instruments pour servir la couleur et l’ambiance des morceaux, idem au niveau de la cornemuse. Il a travaillé de son côté puis nous a rejoint en studio. Je ne l’ai pas rencontré dans le cadre de la création de cet opus. Mais son ajout et sa présence porte nos titres vers une autre dimension.

En 2020 tu as été invité a collaboré aux deux concerts anniversaires célébrant les 15 ans de carrière solo de Tarja j’imagine que cela a été un grand moment pour toi !

Clémentine Delaunay. Tarja a été la voix qui quelque part m’a montré que l’on pouvait faire ce genre-là. J’ai découvert le Metal symphonique avec Nightwish et Tarja. Je ne savais pas que ce style existait, cela a été une influence, une révélation à l’époque. Lorsque j’étais ado j’ai beaucoup écouté Nightwish avec Tarja. Au début de ma carrière elle a eu une très grande présence dans mon développement de chanteuse. Et puis elle m’a initié au niveau de l’approche du Metal Symphonique. Le fait de jouer avec elle a été absolument phénoménal. C’est un de mes meilleurs souvenir de concerts de toute ma vie jusqu’à présent, même jouer au Wacken n’était pas aussi émotionnellement chargé que ces deux concerts avec Tarja. J’espère pouvoir avoir la possibilité de repartager la scène avec elle, j’adore aussi son projet solo.

Quel souvenir gardes-tu de votre rencontre hors scène ?

Clémentine Delaunay. J’étais assez impressionné et surtout c’était dans un contexte de travail, on était occupé, on a partagé des diner avec l’équipe tous ensemble. Elle est très abordable, très gentille. Après elle est impressionnante parce qu’elle a ce visage finlandais qui peut donner une apparence froide mais en fait elle ne l’est pas. C’est forcément une artiste d’un certain rang, ce n’est pas quelqu’un qu’on dérange, elle a ses propres espaces. Mais dans le travail et dans les moments of de diner avec le groupe et l’équipe elle est aussi très drôle. Ça s’est très bien passé et c’était très agréable de faire partie de son équipe.

Tu travailles aussi au sein de Sounds Like Hell Productions comment analyses-tu la situation concernant les mises en place de concerts à la suite de la pandémie ?


Clémentine Delaunay. Lorsque j’étais en tournée aux Usa j’avais l’impression que la pandémie n’avait jamais existé. On jouait devant entre 100 et 1500 personnes chaque soir plus ou moins avec des masques ou pas. J’avais cette impression que tout était reparti. Le public n’avait qu’une envie c’était de pogoter et de faire la fête et de retrouver enfin les concerts. Lorsque je suis revenu en Europe, j’ai vu que plein de shows étaient annulé, que les promoteurs n’arrivaient pas à vendre les tickets. J’avais cette sensation de vivre à deux vitesses. Apparemment en France et en Europe le public n’est pas encore de retour dans les salles obscures, cela m’attriste mais c’est encore trop tôt. A l’heure actuelle pour tire des conclusions sur les conséquences de ce qui nous est arrivé.

Comment présenterais-tu VOA à ceux qui n’ont jamais entendu parler de vous ?


Clémentine Delaunay. On a un côté émotionnel et musical très riche, très dense qui explore le romantisme du Metal symphonique à travers toutes ses humeurs comme on explore les humeurs de l’âme et de l’océan. On n’est pas seulement aujourd’hui une formation, on a une dimension théâtrale, un peu comédie musicale et aussi graphique qui apporte un élément visuel très accrocheur et qui quelque part donne une plus grande dimension au projet. On n’est pas juste un groupe de Metal Symphonique. On emporte vraiment les gens dans une histoire à la fois à travers notre musique mais aussi dans nos vidéos.

Tu essayes d’amener à travers tes textes un côté poétique et romantique !

Clémentine Delaunay. Je pense que c’est difficile de s’analyser soi-même. Quelqu’un nous a dit qu’on était un combo de Pirates Metal Romantique. Rires. Effectivement les thèmes se sont la liberté, l’exploration, c’est très romantique et je pense que je suis romantique et la poésie va de pair et j’adore la poésie. S’il y a une part de poésie dans l’approche des textes et dans certains visuels cela vient de pas mal d’influence différentes. Lorsque on crée on n’est pas toujours dans la conscientisation de ce que l’on fait, j’écris des choses elles me parlent, c’est exactement ce que j’ai envie de dire. Je les dis de cette manière-là après les gens y mettent des étiquettes, les mots qu’ils veulent. Pour moi s’est compliqué d’être jugée ! Rires.

Est-ce qu’il y a un thème que tu as envie d’aborder dont on n’aurait pas parler et qui te tiens à cœur ?

Clémentine Delaunay. Non mais je voudrais remercier toutes les personnes qui pendant la pandémie et même actuellement continue de nous soutenir en nous écrivant des messages, en achetant les places de concerts pour les tournées à venir, en précommandant Pirates, en achetant le dvd. Elles sont actives auprès de nous, ça nous donne vraiment le sentiment qu’on est attendu, qu’on existe toujours en tant que groupe malgré le fait d’avoir été absent des scènes pendant près de deux ans donc merci, on devrait jouer à Paris et Lyon cet automne !( Ndr: Paris le 7/10/2022 Backstage By The Mill, Lyon 8/10/2022 Cco)



Interview 6 Mai 2022.
Pascal Beaumont  
Photos : DR