lundi 17 juillet 2023

FESTIVAL 666 (Victor Pépin) // INTERVIEW // Un festival proche de son public - Juillet 2023

 

Si la Charente-Maritime est réputée pour être une région très touristique, on y trouve aussi un charmant petit village de 1200 âmes du nom de Cercoux ou quelques bénévoles ont eu l'excellente idée de créer un Festival entièrement dédié au Métal : le Festival 666. Née en 2017 à l'initiative de Victor Pépin l'organisateur entouré d'une équipe très motivé et tous bénévoles. Ce Festival est avant tout basé sur une programmation Française avec quelques groupes internationaux venant compléter l'affiche. Le 25 août 2018 a lieu la première édition sur une journée regroupant des formations comme TAGADA JONES, JIMM ou encore LAURA COX BAND, une petite réussite qui les encouragera à poursuivre l'aventure avec une deuxième édition plus ambitieuse cette fois ci puisqu'elle se déroulera sur 2 jours du 23 au 24 Août 2019 et permettra de retrouver sur scène des combos prestigieux comme DAGOBA, BLACK BOMB, SHÂARGHOT ou encore The Chris Slade Timeline le groupe de Chris Slade ancien batteur d'AC/DC. Au total 14 groupes pour deux jours de fêtes non stop ! Alors que tout se passait pour le mieux pour cette équipes de passionnés la pandémie mis un terme au Festival pour l'année 2020 comme pour tous les autres à travers le monde ! Un moment difficile qu'ils ont réussi à surmonter pour revenir en force en 2021 en proposant trois jours de Festival un pari une fois de plus audacieux qui s’est avéré une très belle réussite grâce à une superbe affiche regroupant une pléiade de formations Française comme MASS HYSTERIA, LOUDBLAST, NO ONE IS INNOCENT, ou encore TREPALIUM pour n'en citer que quelques uns. Après un break d’une année pour raison personnelles en 2022 avec toutefois un concert organisé par la même équipe à Angoulin Rochelle sud le 19 aout 2022 avec SICK OF IT ALL, THE SOUNDROOTS ET MOBÜTU et LOUDBLAST qui leur permettra de ne pas rester totalement inactif, une fois de plus une belle initiative à saluer comme il se doit. 2023 est l’année du grand retour avec la quatrième édition du Festival 666 qui se déroulera du vendredi 11 au dimanche 13 août 2023 à Cercoux en Charente-Maritime (17) en Nouvelle Aquitaine ! Au programme une programmation internationale, européenne et même outre-Atlantique de quoi faire frémir avec en tête d’affiche le groupe de metal pirate écossais, ALESTORM, ou encore les sympathiques italiens SLEEPING ROMANCE auquel vient se greffer la scène hardcore californienne avec deux groupes LIONHEART et STICK TO YOUR GUNS accompagné par un combo américain DOG EAT DOG et les Canadiens de GET THE SHOT. La scène française n’étant pas oublié à l’instar de BETRAYING THE MARTYRS, GOROD, LANDMVRKS ou encore SMASH HIT COMBO pour n’en citer que quelques-uns. Un évènement à ne pas rater pour tous les amoureux de la scène Française et international. Pour en savoir un peu plus sur ce tout jeune Festival Shooting Idols à soumis à la question Victor Pépin le créateur du festival qui a débuté à l’âge de 15 ans ! Un entretien instructif qui vous permet de découvrir les coulisses d'un Festival pas comme les autres ainsi que la philosophie d’un passionné basé sur la l’amitié et la foi dans le metal. Magnéto Victor c'est à toi !


L'interview en Image ICI



Victor Pépin. Tu es l’un des responsables du festival 666. Une nouvelle édition qui arrive fin aout avec une très belle affiche. L’année dernière il n’y a pas eu d’édition mais il y a eu le Crossroad Café le 19 août 2022 avec des groupes comme Sick of It All, les Soundroots à Angoulins à la Rochelle Sud. Comment s’est passé ce mini festival ou ce concert ?

Victor Pépin. Bonjour, merci de m’accorder cette interview. Le contexte de 2022 c’est en fait 2021 qui a eu un franc succès. C’était notre troisième édition à Cercoux. Elle aura surtout eu raison de ma licence de fac de droit. Je suis bénévole, je suis encore jeune, j’ai vingt et un ans et je fais mes études supérieures. La grosse organisation qu’est le festival 666 a eu raison de ma licence de droit donc pour 2022 comme je redoublai ma licence 1, je me suis dit il faut enfin que j’arrive à passer en licence 2 donc on va alléger le format 2022 pour passer en licence 2. Ce fut le cas donc tant mieux. C’est pour cela qu’on organise véritablement notre quatrième édition cette année. Du coup 2022 n’était qu’une soirée off, si tu veux c’était une soirée concert, un one shot avec Sick of It All, Loudblast. C’était une superbe soirée, tout le monde était content. Ça s’est passé à la salle du Crossroad à la Rochelle et le public a répondu présent. Tout le monde était content donc on a pu être motivé à préparer 2023.

Est-ce que tu alterneras cette expérience entre le Crossroad et le festival, lorsque tu auras plus de temps rappelons que tu es bénévole pour ce festival ?

Victor Pépin. Tout le monde est bénévole, on n’a pas de salarié au festival. Pour tout le monde c’est un hobby, on s’en occupe quand on peut. Par exemple l’idée que tu proposes, organiser des soirées à droite à gauche en attendant le festival pour être honnête aujourd’hui, ce n’est pas vraiment envisageable puisqu’il faut qu’on arrive à palier notre occupation à plein temps pour bosser la fac de droit, pour certains je ne sais pas, d’autres écoles et le festival. Tant qu’on n’arrive pas à faire plus, ce qui est déjà pas mal, pour l’instant ce n’est pas vraiment envisageable. Toutefois on s’interroge à faire comme un petit festival 666 « winter » pour l’édition hiver. Alors effectivement elle pourrait se faire au Crossroad ou qu’importe puisqu’on est démarché un peu partout dans la région nouvelle aquitaine pour organiser ce genre d’évènement.

Dans le monde du métal il y a beaucoup de bénévoles que ce soient les journalistes, les groupes, les structures parfois tous ces gens-là ne vivent pas de la musique. Quelle est ta vision de tout ça ?

Victor Pépin.
En fait si j’ai bien compris ta question c’est comment je vois en tant qu’organisateur la situation des intermittents du spectacle. Je n’ai que quatre ans d’expériences dans le milieu, je ne sais pas si mon avis compte réellement mais ce que je constate c’est que le groupe quand il va voir de lui-même qu’il est assez gros, il va se professionnaliser et va abandonner son travail qu’il avait à côté. Je ne sais pas trop comment répondre à ta question à vrai dire mais c’est vrai que les bénévoles sont très présents dans le milieu du métal, dans les festivals, dans les soirées que tout le monde organise. Le métalleux c’est quelqu’un qui veut aider sa scène locale, qui est désireux d’aider les organisateurs locaux parce qu’on se soutient entre nous. On a beaucoup de bénévoles chez nous qui sont d’anciens festivaliers. Le festival 666 on pourrait se dire on perd un billet vendable mais toute aide est bonne à prendre. Les organisateurs sont bien au courant que les bénévoles ça vaut de l’or. Faut bien les traiter donc on ne va jamais refuser un peu d’aide.

En 2021 a eu lieu la troisième édition qui a été un franc succès. Comment as-tu vécu cela ? Tu as vraiment été satisfait du retour et de ce qui s’est passé ?

Victor Pépin. J’étais hyper satisfait en fait en 2021. On était l’un des rares festival à s’être maintenu en France encore plus dans le genre rock metal donc il y avait beaucoup d’attente pour les festivals. Pour te donner un exemple la préfecture de la Charente maritime nous avait qualifié de festival pilote par rapport au Covid 19. L’enjeu était plus grand, si le festival 666 se passe bien dans les conditions sanitaires mises en place par lui-même pour l’évènement alors d’autres évènements pourront avoir lieu sous la même forme. C’est ça être pilote en période Covid. On avait ce statut et c’est sans doute pour ça que la préfecture nous a aidé à nous maintenir finalement c’est à dire on a eu la chance à se maintenir puisqu’on travaillait beaucoup avec la mairie qui était au courant des normes sanitaires qui évoluaient très souvent. Ça c’était le premier enjeu puis en fait cela s’est merveilleusement bien passé puisqu’en 2021 la plupart des artistes n’avaient pas vu, n’étaient pas montés sur scène depuis deux ans et les festivaliers non plus. Donc tout le monde était très ému de se retrouver. Honnêtement c’était une belle communion, on était content d’être là. En plus il a fait très beau durant tout le week-end. C’était vraiment une belle fête et les gens étaient tous super contents. C’est en ce sens que cela a été un franc succès. Je pense que si l’on n’avait pas été le seul festival rock métal à s’être maintenu on n’aurait pas la même notoriété aujourd’hui.

Cette année il y a une volonté d’inviter plus de groupes internationaux. Auparavant vous étiez plus focalisé sur les groupes français. C’était une vrai envie de s’ouvrir aux groupes internationaux ?

Victor Pépin. Exactement tu l’as très bien résumé. Nous, notre volonté au départ c’est de promouvoir la scène métal française car je suis persuadé qu’elle est très qualitative pour une scène française qui est très belle. Notre enjeu à la base est de promouvoir toujours davantage la promouvoir. Toutefois on a aussi l’objectif de grossir. On a un petit peu d’ambition, on veut grandir d’année en année, s’améliorer, progresser etc…Donc pour cela inévitablement il faut commencer à accueillir des groupes internationaux. C’est pour cela que la tournée 2023 qui est derrière moi et dont on parle aujourd’hui vu de loin est l’affiche la plus dure à mettre en œuvre en termes de programmation parce que moi je suis avec eux à promouvoir la scène française et les agents le savent très bien et d’un coup je me mettais à vouloir accueillir des groupes internationaux pour l’affiche 2023. Tout de suite ça a été plus compliqué de convaincre l’agent à l’international, d’envoyer son groupe chez moi parce qu’il fallait être compétitif envers les autres festivals européens. Par exemple plusieurs festivals voulaient le même groupe, j’étais sur le dossier, il fallait réussir à se vendre, à lui montrer qu’il peut nous faire confiance pour envoyer son combo chez nous. Parce que nous n’avions pas l’habitude de faire des groupes internationaux si ce n’est Sick of It All qu’on a fait en 2022 et Phil Campbell en 2021. C’était très compliqué à mettre en œuvre et on est très content et très fier d’avoir Alestorm à l’affiche, Lionheart, Dog Eat Dog. Tous, ce se sont des groupes internationaux et je suis très fier qu’ils soient à l’affiche surtout pour une quatrième édition. En plus les rassembler au même endroit on est content d’avoir réussi à le faire et j’espère que cela va réussir à nous ouvrir de nouvelles portes pour les années futures.

Comment on détermine une affiche ? Est-ce beaucoup de contraintes ? Comment faites-vous pour l’organisation et la mise en œuvre d’un tel festival ?


Victor Pépin. Si tu veux moi je mets cinq mois à monter mon affiche. Et je commence toujours mon audition au moins de juillet même un peu avant. Ce que je veux te dire par là que j’ai déjà commencé à programmer mon édition 2024 dans un an. J’ai déjà envoyé quelques offres à mes têtes d’affiches, ça va me donner une ligne artistique ou une direction à suivre en fonction des genres musicaux que j’ai réussi à avoir, encore une fois basé sur la tête d’affiche et avec cela tu crées une cohérence, tu essaies d’avoir le même univers musical sur ton affiche tout en essayant de garder un certain éclectisme. Le but du jeu étant de ne pas être trop spécialisé sinon tu vises encore une fois un public qui est trop spécialisé et qui n’est souvent pas assez nombreux. Il faut viser un public large mais que ce soit cohérent. Ce n’est pas toujours très simple.
 
En termes de festival par rapport à la concurrence, le choix se traduit-il par l’affluence ?

Victor Pépin. Exactement. Il y a certains groupes qui te demandent certaines conditions même si tu es en mesure de les mettre en œuvre, tant que tu n’as pas la jauge suffisante le combo ne viendra pas. C’est l’une des difficultés avec laquelle on a dû faire face aussi cette année puisque notre jauge est de deux mille festivaliers par jour. Il faut reconnaitre que ce n’est pas très attractif aux yeux de groupes internationaux.

Est-ce que tu penses qu’il y a une solidarité entre les festivals, de la concurrence ou une aide ?

Victor Pépin. La tendance est plutôt à l’entraide. Par exemple j’étais au téléphone la semaine dernière avec l’organisateur du Motocultor donc on se tient au courant entre nous. On s’appelle, on prend des nouvelles, c’est une relation de crécelle en tous les cas pour moi j’ai l’impression peut être que ce n’est pas le cas pour tout le monde. J’ai l’impression que les festivals français entretiennent une relation plutôt saine, une relation d’entraide. Évidement le but du jeu est d’avoir une meilleure affiche que l’autre à la fin de l’année (rires) mais il faut que ce soit bon enfant. Je trouve finalement qu’il n’y a pas de guerre, qu’on ne se tape pas dessus on est capable tous de s’entendre. Par exemple ce fut le cas cette année pour l’agencement des calendriers des festivals 2023. On s’est accordé un petit rendez-vous avec Plane'R Fest, le Motocultor. J’avais également appelé au téléphone le Sylak pour être sûr que l’on ne se marche pas dessus au niveau des dates pour que le festival 666 ne soit pas dans les mêmes weekend que Sylak ou Motocultor. Tout le monde s’arrange, on se tient au courant et je pense que c’est très bien ainsi.

Pour ce quatrième festival je suppose qu’il y a eu des améliorations. Que proposez-vous de différent par rapport à 2021 ?

Victor Pépin. 2021 pour les festivaliers le site était totalement en open air et les festivaliers ont adoré le site. Ils l’ont trouvé très chaleureux, que l’ambiance y était conviviale, c’était ce qu’il cherchait. Donc logiquement nous n’avons pas été désireux de changer le site. Toutefois les scènes étaient auparavant face à face. Cette fois ci on a décidé de les mettre côte à côte, cela a gagné du terrain pour accueillir les personnes. En 2021 là où nous étions sold out, nous faisions mille cinq cents personnes par jour. Aujourd’hui on va viser notre capacité maximale de deux mille par jour. Ça c’était la première modification qui n’est pas majeure pour l’expérience du festivalier. Ce qui change un petit peu plus c’est d’ailleurs le seul défaut qui nous a été rapporté lors de notre édition 2021 c’est que notre offre de bières était trop peu conséquente (rires). Le festivalier étant particulièrement friand d’une offre de bières variées, diversifiées c’était aussi un enjeu pour nous que d’être à son écoute. Donc on voulait vraiment s’améliorer dessus. C’est ce qu’on a essayé de mettre en œuvre. On a commencé par proposer trois styles de bières différentes dont une qui est artisanale et locale qui vient de la brasserie qui est à quinze minutes de Cercoux. En fait cette bière est vraiment excellente, moi je l’adore et je suis très content de la proposer au festivalier.

Est-ce que vous avez aussi développer les hébergements pour les gens qui reste deux jours ou plus ?

Victor Pépin. Alors effectivement le but du jeu pour le festivalier qui s’apprête à passer trois jours chez nous voire quatre nuits s’il arrive le jeudi soir est qu’il s’y sente bien. Pour ce faire il faut des commodités sanitaires, il faut que tout soit dans les règles de l’art pour accueillir une personne quatre jours. On propose bien évidement un parking et une aire de repos avec les commodités sanitaires. Tout ce petit site est à moins de trois cents mètres du festival donc ça nous permet facilement d’accéder à l’enceinte de l’espace concert. Ensuite pendant trois jours il fera ce qu’il veut le matin tant que les portes ne sont pas ouvertes, il pourra aller à la superette du coin, à la boulangerie chercher du pain, manger un croissant, boire un café à l’hôtel restaurant.


Je suppose que les commerçants sont très heureux ces jours-là.

Victor Pépin. Oui ils sont très contents. Si tu veux Cercoux pendant l’espace d’un weekend voit sa population doubler voire tripler. Il y a à peu près mille habitants à Cercoux. Nous on va en ramener peut-être deux mille vu qu’on est déjà à soixante-cinq pourcent de billets vendus. On va peut-être aussi ramener deux mille personnes par jour donc la population va largement doubler le temps d’un weekend. Les commerces ne ferment pas le dimanche ils ne commettent pas cette erreur. Ils marchent comme jamais j’ai envie de dire. Tout marche super bien donc les commerçants sont naturellement ravis d’accueillir le festival à Cercoux. Pour ce qui est des riverains encore une fois ils sont contents aussi puisque nous en amont nous travaillons sur la prévention des riverains. On leur explique qu’il va y avoir du bruit le temps d’un weekend, on s’excuse pour la gêne occasionnée et de toute façon ils ont l’habitude d’accueillir des métalleux le temps d’un weekend à Cercoux puisque c’est le cas depuis 2018. Maintenant ils sont habitués et prenne la nouvelle avec grand plaisir.

Comment est né l’idée de créer ce festival 666 ?

Victor Pépin. Après plusieurs Hellfest notamment celui de 2017 je me suis demandé, j’avais quinze ans à l’époque comment faisait les organisateurs pour créer de telles manifestations à Clisson. J’ai regardé ce que cela donnerait à Cercoux à moindre échelle bien entendu et je suis allé toquer à la porte de madame la maire pour lui proposer mon idée. Elle a tout de suite adhéré. Aujourd’hui elle adore. J’ai pu sur cette base crée mon festival quand j’avais quinze ans en 2018. C’était la première édition. On a accueilli Tagada Jones, Headcharger, Laura Cox etc. Il y avait huit groupes à l’affiche et comme celui-ci a bien marché on a pu continuer jusqu’à aujourd’hui où nous préparons notre quatrième édition.

Qu’est-ce que tu as appris au fil des années sur l’organisation de ce qui est fondamental sur un festival ainsi que les erreurs à ne pas commettre ?

Victor Pépin. C’est une bonne question, qu’est-ce qu’on a appris ? Déjà la gestion du bénévole, le bénévole il faut qu’il sente, je vais être un petit peu vulgaire qu’on ne se fout pas de sa gueule. Il faut qu’il sente que l’organisation soit consciente de l’aide qu’il apporte. Pour le bénévole d’une première part il faut le chérir ça c’est la règle. Ensuite une chose qu’on s’est rendu compte dès le début qu’on a voulu faire dès la première édition, c’est l’accueil de l’artiste qui n’est jamais à négliger. L’artiste lorsqu’il est bien accueilli va en parler autour de lui et va dire tu peux aller à Cercoux, tu seras bien accueilli. Franchement tu vas passer un bon moment. Résultat on a pu accueillir dès la deuxième édition Dagoba, Les sales majestés, Shaarghot, le batteur d’AC/DC Chris Slade. L’accueil d’artiste n’est pas à négliger, l’accueil des bénévoles non plus. En fait il faut que tout le monde soit bien accueilli. C’est la règle principale pour que ça marche.

Lorsque vous acceuillez Chris Slade connu internationalement y a-t-il une forme de stress ? Je suppose qu’il y a de la pression pendant les trois jours du festival.

Victor Pépin. Oui si tu veux c’est un bon stress, c’est un stress motivant qui galvanise les troupes. C’est une volonté de toujours faire mieux de toujours être prêt. Donc ce n’est pas un stress oulala tu vas vomir ou je ne sais quoi (rires). C’est une motivation, une petite boule de stress certes elle est saine et logique et te motive à faire toujours mieux. En l’occurrence pour Chris Slade on était conscient qu’effectivement ce n’est pas n’importe qui. On était très honoré pour une deuxième édition de l’avoir sur l’affiche donc on l’a accueilli comme il se doit. On lui a offert plein de belles choses, des huitres, du cognac et je ne sais pas quoi (rires). Plein de choses pour qu’il se sente bien et ça s’est très bien passé. Il était très content d’être chez nous et l’année suivante c’est Phil Campbell le guitariste de Motorhead qui m’a demandé sur Instagram de venir jouer. C’est une belle reconnaissance.

Quel est l’esprit du festival que tu veux développer au fil des années ?

Victor Pépin. Moi j’ai toujours été conscient que notre jeune âge à moi et mes copains m’aident à organiser le festival. Ce n’est pas un défaut mais une qualité donc il faut en jouer de ça, il faut montrer que malgré cela on sait prendre les choses en main, on sait organiser un évènement, on sait être sérieux quoi. Ça c’était la première chose et je le rappelle souvent au festivalier. Venir au festival 666 c’est venir à un festival organisé par des jeunes puisque plus de cinquante pour cent de nos festivaliers ont moins de vingt-cinq ans. Ce n’est pas tous les jours que l’on va dans un festival organisé par des jeunes et je trouve que c’est bien de soutenir des porteurs de projets qui sont jeunes. C’est la première chose et la deuxième chose pour laquelle on travaille tous les ans depuis toujours finalement c’est la proximité que l’on propose entre les artistes et les festivaliers. L’idée c’est que le but est d’avoir une affiche plus ambitieuse chaque année par rapport à la précédente mais de garder une certaine proximité pour que le festivalier est l’impression d’être privilégier qu’il se oulala j’étais dans un festival de seulement deux mille personnes alors que l’affiche en vaut plus et il pourra de la sorte discuter avec l’artiste à la fin du concert en merchandising, il pourra le croiser dans la fosse quand il se ballade entre deux concerts. C’est quelque chose qui nous a toujours été rapporté dans les festivals et eux-mêmes les festivaliers d’ailleurs, nous ont toujours dit qu’il y avait une proximité avec les artistes. C’est ce qui est rare au festival 666 donc on continue de la mettre en valeur.

Un côté très convivial entre les artistes et le public et les festivaliers. Est-ce que toi sur l’affiche il y a des groupes où tu t’es battu pour les mettre sur l’affiche de cette quatrième édition ?

Victor Pépin. Alestorm par exemple le groupe du weekend. J’avais vraiment pour volonté d’accueillir le groupe et ce n’était pas simple, ce n’était pas gagner du tout puisque comme j’essayai de l’expliquer auparavant il fallait réussir à se mettre en avant devant la formation pour qu’il choisisse de venir chez nous plutôt qu’ailleurs. C’est quelque chose que je n’étais pas habitué à faire auparavant puisqu’on est crédible aux yeux du public français, ils acceptent nos demandes pour venir chez nous mais je n’avais pas besoin de me battre autant pour accueillir des combos internationaux. C’était un très bel exercice et c’est pour ça que je suis très fier d’avoir Alestorm sur l’affiche. Sinon il y a Dog Eat Dog un groupe new yorkais de punk, un peu street punk. C’est très festif sur scène, c’est un super show, les mecs sont hyper souriants tout le temps. Donc ça fait plaisir à voir et je voulais vraiment les accueillir d’autant plus que j’adore leur musique. J’étais très content quand j’ai eu l’opportunité de les faire cette année.

Est-ce qu’il y a des groupes qui sont hyper exigeants ? As-tu eu des demandes un peu délirantes ?

Victor Pépin.
On a eu des demandes qui semblaient un peu farfelues par rapport à certains hôtes mais cela a toujours été à la limite du raisonnable à ce jour. Effectivement on reçoit des demandes de certains groupes qu’on sait très bien que jamais de la vie on va accepter tout simplement parce que ce n’est pas possible. Pour nous les groupes ne semblent pas être ceux qui on a eu à faire aujourd’hui et depuis les premières éditions tant exigeant dans la mesure où ils savent qu’un festival à ses limites et qu’ils ne peuvent pas tout avoir. Alors nous aussi on essaie de leur montrer qu’on ne se fout pas d’eux on prend leur condition très au sérieux et il y a certaines choses qui ne sont pas trouvables en France. Il faut l’expliquer au combo et tant qu’il est prévenu à l’avance c’est la seule chose à faire et tout se passera très bien. 

Est-ce que finalement ce n’est pas un avantage d’être bénévole car tu ne dépends de personne ?

Victor Pépin. Alors cela peut être un avantage comme tu l’as dit on est autonome on dépend de personnes, on n’est pas salarié par la collectivité donc on ne dépend pas de quelconques obligations en public. On est parfaitement autonome on est un festival autonome et effectivement c’est un bel atout. Mais le principal inconvénient à ce que l’on soit tous bénévoles, c’est avant tout que l’on ne fasse pas cela à temps plein. Parfois il y a des choses où on va prendre inévitablement du retard sur certaines tâches à appliquer tout simplement parce que moi je dois réviser mes examens de fin d’année de droit. Certains autres doivent faire autre chose pour leur vie professionnelle plutôt que d’accomplir la tâche du festival, ce qui est largement compréhensible. Je dirais que c’est un entre deux, l’essentiel est d’arriver à pallier les deux.

Sur toutes ces éditions plus le Crossroad est ce qu’il y a des évènements qui t’ont vraiment marqué, que tu n’oublieras jamais ?

Victor Pépin. Ah oui. Par exemple en 2021 je suis monté sur scène juste avant la tête d’affiche Mass Hysteria pour remercier les festivaliers d’être venus si nombreux à Cercoux alors que cela faisait deux ans qu’il n’y avait pas eu de concerts. Si tu veux ce n’était pas un pari qui était gagné d’avance, pour prendre la machine peut être que les gens n’avaient plus envie d’aller en concert. Peut-être voulaient ils rester chez eux tranquillement. Je suis monté sur scène pour les remercier et j’avais peur parce que je ne suis pas habitué à la scène. J’avais le cœur qui battait très fort et stressé à l’idée de prendre la parole mais je sentais que c’était important de le faire et les festivaliers ont tous très bien réagis et à la fin je crois que j’ai commencé par dire que j’irai les rejoindre dans les pogos de Mass Hysteria, ce que j’ai bien entendu fait parce que moi ma place habituellement c’est dans les pogos (rires). Là j’ai pogoté avec tous les festivaliers pendant le concert de Mass Hysteria et c’est un super souvenir.

De quoi es-tu le plus fier finalement sur toute cette aventure qui va continuer bien évidement ?


Victor Pépin. C’est une bonne question je crois qu’honnêtement je ne me l’étais jamais posée. Ce dont je suis fier c’est d’avoir une affiche par rapport au nombre d’édition organisée, on a l’affiche qui est conséquente pour la quatrième édition. Je suis content d’avoir autant de nouveaux groupes sur la nouvelle affiche pour la quatrième édition et d’une manière plus générale je trouve que c’est cool d’organiser un festival. C’est une tache dont je suis toujours content de faire, très heureux. Tant que j’aime faire ce festival il perdurera.

Quand tu auras fini tes études vas tu te poser la question, est ce que je deviens professionnel de la musique ou faire un métier en lien à tes études ?

Victor Pépin. Je commence à me poser cette question mais je vais devoir me l’a posé sérieusement qu’à la fin de ma licence 3 de la fac de droit parce qu’après la licence 3 je vais devoir intégrer un master de droit ou un master d’événementiel ou un autre sujet qui me passionne c’est l’hôtellerie, donc trois choses qui n’ont rien à voir mais je sais que j’ai envie de me professionnaliser dans l’évènementiel, dans le rock métal en France mais je suis conscient que ce n’est pas un milieu très facile. Je me crée un parcours juridique à côté.

Est-ce que tu aurais envie de développer une jauge plus importante pour  le festival dans les années à venir ?  Est-ce que c’est aussi ton objectif ?

Victor Pépin.
Si, si. Comme je te le disais nous on veut grossir tous les ans, tous les ans une affiche plus conséquente par rapport à la précédente mais l’enjeu est d’avoir cette proximité entre les artistes et les festivaliers, donc il faut trouver le juste milieu puisque plus tu accueilles des formations importantes plus il faut une grosse jauge pour l’attirer d’une part mais aussi pour rentabiliser parce que sinon le prix du billet augmente trop. Il faut trouver le juste milieu entre l’objectif à nous qui est de trouver une vrai proximité entre les artistes et les festivaliers et accueillir des plus gros groupes chaque année. Nous le format de deux, trois à quatre mille personnes nous plait bien à ce jour.

Quels sont les groupes qui t’ont donné le virus ?

Victor Pépin. L’univers rock je l’ai eu avec Queen. Je suis un taré de Queen depuis que j’ai trois ans. Sinon c’est mon père qui m’a fait découvrir la musique hard rock et le metal quand j’avais onze douze ans et m’a fait découvrir AC/DC naturellement plus soft que le métal. Puis il m’a fait découvrir Iron Maiden quand ils allaient faire le Hellfest en 2014 pour me faire découvrir ce combo et d’ailleurs le festival 666 c’est une référence à the Number Of The Beast de 1981 le troisième opus d’Iron Maiden.

Pour conclure est ce que tu as quelque chose d’important à dire dont on n’a pas parlé ?

Victor Pépin. Je ne sais pas si je l’ai dit mais on est une jeune équipe puisque oui je l’ai dit… Nos bénévoles ont moins de 25 ans. A Cercoux il n’y a qu’une règle il fait toujours beau en été donc il fera beau et chaud pendant le festival. Ça va être hyper festif on se démène à fond pour organiser la plus belle fête qui soit le 11, 12, 13 aout prochain. En plus on a la chance d’avoir le mardi 15 août qui est férié donc ce n’est pas négligeable. Après un festival de trois jours de pouvoir faire une pause de deux jours en faisant les ponts donc c’est vraiment super et à Cercoux on est à vingt minutes de Saint Emilion. On pourra tous aller visiter les vignes et déguster les vins au festival. Et il y aura de la bonne bière…


juillet 2023
Pascal Beaumont   /  Photo DR
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)