Marco, tu es né à Montreuil en 1963, raconte nous ta jeunesse et ton parcours ?
Marco : Je suis né en 1963. J'ai grandi en Seine et Marne dans le 93 à Rosny-sous-Bois exactement. Ma jeunesse c'était dans les quartiers avec les potes de toutes sortes et de toutes origines. Vers l'âge de 10 ans mon père ramenait des 45 tours qu'il avait gratuitement grâce à des pleins d'essence qu'il faisait dans les stations Antar. C'est comme ça que j'ai découvert très tôt les Rolling Stones, James Brown, toutes sortes de choses comme ça. Parallèlement mes grands-parents avaient une maison à Meyrieu plage dans le Nord-Pas-de-Calais. Ils recevaient les chaînes anglaises et le jeudi soir je regardais avec eux "Top of the Pops". Et c'est là que j'ai découvert, très tôt, le rock anglais, Dr Feelgood, Sweet, Status Quo. Tout ce qui arrivait en Angleterre de rock'n'roll. En grandissant j'ai continué à chercher des boutiques de disques. Vers 1976-77 le punk est arrivé et, ça, ça m'a fait vriller, de cette rage qu'il y avait dans ce mouvement alors que dans le rock il n'y avait plus grand-chose de sauvage si l'on pouvait dire. J'étais très attaché et très intéressé par tout ce qui était sauvage et décalé. Donc j'ai pris le train à destination de Paris pour aller dans une boutique qui s'appelait Music Box, rue Saint-Sulpice et qui était tenue par les gars qui ont fondé. New Rose par la suite. Je me suis donc intéressé à tout ça et fin 1979, j'ai acheté l'album "Never Mind the Bollocks" des Sex Pistols, et celui des Dead Boys - Younger, Louder & Snottier qui sont, pour moi, les meilleurs albums punk qui existent depuis toujours. Et puis je suis parti en angleterre. J'ai commencé à faire des allées et venues de plus en plus fréquentes et j'ai monté mon groupe, un premier groupe début 80 qui s'appelait Les Martyrs. Premières vociférations ! C'est là que j"ai rencontré, en bougeant sur Paris, tous les mecs qui allaient devenir Bérurier Noir, Ludwig Von 88 et puis la scène punk, post-punk. Il y avait Guernica aussi et, un peu après, les Maitres puis les potes Ausweis qui était un super groupe. Donc on a sorti une cassette sur un label qui s'appelait Visa, un label ultra-indépendant qui était basé à Montreuil. Un label cassette car, à l'époque, faire un vinyle c'était du rêve, c'était impossible. Et, de fil en aiguille, j'ai rencontré d'autres gars, des gens de Rosny aussi qui étaient de Seine-Saint-Denis comme moi et qui étaient branchés punk et musique assez intense. En fait, cette trouvaille avec Michel Bassin, Alain Fornasari et David Lebrun ça été assez incroyable car il s'est trouvé qu'on avait les mêmes goûts. C'est à dire qu'on kiffait le punk, évidemment, mais le heavy métal et le hip hop aussi. En fait, on aimait plein de genres différents tant que ça tapait. On s'en foutait de tel ou tel tribu si ça tapait on se disait que c'était bon. C'est comme ça que Treponem Pal est né en 1985. Et depuis l'aventure continue.
Quelles ont été tes premières découvertes musicales, tes premières influences et tes idoles ?
Marco : Mes premières découvertes musicales, ça été les groupes de rock. Les Stones, James Brown, Status Quo, Sweet. J'aimais bien le Glam-rock, T. Rex, David Bowie évidemment, Les Stooges, plus que tout, même ! Mes idoles, j'en ai plein. Musicalement, il y en a trop. Actuellement il y a un mec qui s'appelle Barry Adamson. Il mène une carrière solo après avoir été le bassiste de Magazine et le batteur de Nick Cave. C'est un black qui fait de la soul industrielle, du jazz et de la musique vraiment punchy et qui est un chanteur incroyable. Sinon dans mes idoles, Phil Lynott de Thin Lizzy, bien évidemment, Lemmy, on en parle même pas, David Bowie, Iggy, avec les Stooges, bien sûr. Slade, ça c'est un truc que j'ai découvert quand j'étais petit. C'est mon voisin qui avait acheté ça et qui me l'avait offert. C'est un album live qui s'appelle "Slade Alive" avec une pochette rouge et noire. Tu écoutes ça, encore aujourd'hui, ça n'a pas vieilli. D'ailleurs, dix fois meilleur qu'en studio où ils étaient plus clean. Sinon j'ai kiffé Deep Purple aussi. J'ai même kiffé, pendant un petit moment, Kiss. Étant ado, la gueule de Gene Simmons avec sa langue de deux mètres de long, ça me faisait rigoler et ça me faisait tripper. Après, comme j'ai dis, une fois que le punk est arrivé tout ça, pour moi, c'était de la rigolade.
A quel âge as-tu commencé à écrire tes premières chansons ?
Marco : Les premiers trucs c'était vers 82/83 mais plus sérieusement à partir du moment où on a créé Treponem Pal. Là, j'ai mis en images avec les mots que je trouvais parce que tu apprends. Au début c'est très maladroit, très brutal et très cru. Mais sinon au début de Treponem Pal surtout.
Te souviens-tu du tout premier concert que tu as donné ?
Marco : Le premier concert que j'ai fait c'était avec ce groupe, mon premier groupe les Martyrs. Il y avait un concert dans une MJC. C'était avec les Electrodes. Sinon il y a eu un autre concert, toujours à Rosny-sous-Bois, où tous les potes de Paris avaient débarqué. Ça avait fait un effet boeuf dans la cité mais tout s'était bien passé. Il n'y a eu aucune embrouille. Mais sinon ce concert avec les Electrodes dans cette MJC. J'ai quelques trous de mémoire quand même..
En 1986, création du Groupe TREPONEM PAL comment s'est passée la rencontre avec les membres du groupe ?
Marco : En fait la rencontre avec les membres de Treponem Pal On s'est rencontrés par le biais de concerts que je faisais avec mon premier groupe. Ils sont venus nous voir puis on a sympathisé et il se trouve qu'ils étaient de Rosny-sous-Bois comme moi. On est devenus potes et très proches. Il s'est avéré qu'on avait les mêmes goûts pour la musique. On kiffait le punk rock, le heavy metal, le hip hop et même certains trucs disco. Qu'importe tant que ça tabassait ! Tant qu'il y avait de l'énergie ça nous faisait kiffer. On aimait aussi ce qui était sombre d'où le fait qu'on s'est très rapidement intéressés à ce qui se passait dans la musique industrielle qui était très répétitive et très agressive. Et en parallèle le hard-rock punk avec Blackflag, Discharge ce genre de groupes.
L'idee de monter TREPONEM PAL ?
Marco : L'idée de monter le groupe tient au fait que je faisais déjà ce groupe auparavant et il s'est trouvé que David Lebrun était batteur, Michel lui, jouait de la guitare et il y avait un autre pote qui jouait de la basse. On s'est dit on est quatre, on va tenter des trucs. On est parti répéter à Porte Chaumont dans un petit local qui s'appelait BNT là où on a fait notre première démo, d'ailleurs. Une démo 2 pistes. Et puis il s'est trouvé que ce que l'on faisait ça tenait la route donc on a fait nos premières démos ce qui va nous amener à Roland Lin.
D'où vient l'idée et la symbolique du nom TREPONEM PAL ?
Marco : La symbolique, zéro !! En fait on voulait un nom qui ne ressemble à rien. Je pense qu'il y a plein de groupes qui se disent ça. Tout le monde a envie d'avoir un nom original. Nous, on ne voulait pas un nom qui sonne clairement punk, metal ou çi ou ça. C'est David qui a trouvé le nom Treponem Pal. On se répétait "Tiens, j'ai vu Treponem Pal", "Ah tiens, il y a Treponem Pal qui joue"... et on trouvait que ça sonnait pas mal. Donc on s'est dit on prend ce nom là. Après la définition, c'est le virus qui donne la syphilis. Donc voilà, une maladie comme les autres mais ça collait à la musique qu'on faisait.
Vous êtes le premier groupe français à être signé sur Roadrunner Records comment s'est passée la rencontre ?
Marco : On avait fait cette cassette demo 2 pistes avec un mec incroyable qui s'appelait Didier tylith qui avait produit les Garçons bouchers et des groupes de l'époque. Il s'est trouvé que j'étais connecté avec des gens dans la musique et il y avait un gars qui s'appelait Phil Pestilence qui écrivait pour Hard-Rock magazine, je crois, et qui un jour me dit, après nous avoir entendu, "Je vais rencontrer un label en Hollande qui s'appelle Roadrunner et je vais leur faire écouter des groupes français. Si tu veux, tu me files ta demo". Je lui dis OK, prends la démo et puis on verra bien. Une semaine plus tard il revient et sur les groupes qu'il avait proposé à ce label c'est nous qui avions une proposition de contrat. Donc là ça été un choc. Enfin un choc car Roadrunner n'était pas connu à l'époque. Ils démarraient. Mais, en fait, on a vite su qu'ils avaient et qu'ils allaient avoir un bureau dans chaque pays et qu'on allait donc être distribués dans le monde entier alors que, hormis l'intérêt de ce label, absolument personne ne voulait de nous. Mais personne ! En France la scène punk alternative c'était pas leur truc. On ne chantait pas en français, c'était pas festif donc il revient et le dit "Voilà la proposition de contrat". On a quand même vu un avocat car c'était un contrat de malade. Un contrat de 7 ans pour 7 albums. Un truc que tu ne fait jamais. C'est impossible. Mais on a bien compris que ça restait contractuel et que ça ne serait pas la réalité. Donc on a signé et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés distribués dans le monde entier et, de là, être reconnus par des groupes. On a commencé à tourner énormément à l'étranger, en Angleterre, en Allemagne, en Hollande et au même moment que nous arrivaient les Young Gods de Suisse. On est devenus très potes dès le départ. Puis on a brièvement tourné avec des groupes comme Young Gods, Godflesh, Prong. On a été invité par tous ces groupes là. Un peu plus tard, on a été invités par Faith No More, Killing Joke Puis, rapport à Ministry ça c'était pour les États-Unis. Là c'était pas Treponem Pal mais moi et Michel bassin. Yorgensen nous avait invité sur la tournée Lollapalooza. C'était en 1992. Ça fait longtemps mais c'était une bonne expérience. Depuis on a suivi notre route. Alors Roadrunner ça c'est arrêté après 3 albums car ils commençaient à déconner vis à vis de nous. Ils ne voulaient plus nous donner les moyens dont on avait besoin, ils nous demandaient de tourner avec des groupes avec lesquels on avait rien à voir. C'était du temps de perdu. Et il s'est trouvé qu'ils ont fait une erreur contractuelle. Ils ont oublié de nous demander une nouvelle demo contractuellement. Et, alors que nous étions sur un festival, un mec de Hollande m'appelle et me dit "Je vais te faxer un avenant, un contrat. Il faut que tu me le signes sinon avec le label c'est mort". Pensant que j'allais mordre à l'hameçon, je répond au gars qu'il faut que j'en parle au manager. Donc je l'appelle et il me dit qu'il est au courant, que j'ai bien fait de ne pas répondre et que dans quelques jours on sera libres. Et on s'est retrouvés libres. C'est là qu'on a fait écouter les nouvelles maquettes pour le quatrième album à Sascha Konietzko du label KMFDM qui, lui, a fait écouter ça à Dany Goldberg un mec de Mercury USA. Là, encore ça été un coup de chance pour nous comme avec Roadrunner. C'est à dire que Mercury USA a contacté Mercury France en leur disant vous avez ce groupe français, Treponem Pal, on le voudrait. Je pense que Mercury France s'en tapait complètement de nous mais vu que ça venait des États-Unis ils ont dû halluciner. Et donc on s'est rencontrés et c'est comme ça qu'on a signé en major pour l'album "Higher".
Pourquoi ce choix de dissoudre le groupe de 2001 à 2007 ?
Marco : En fait après l'album "Higher" et même pendant, ma culture c'est le reggae dub depuis toujours et pour Didier Breard aussi. J'en ai pas parlé dans tes questions précédentes mais, en fait, j'ai grandi autant avec le rock et le punk qu'avec le reggae dub. Ça fait partie de ma culture à 50%. Et j'étais de plus en plus attiré par le fait de me lancer dans une expérience reggae dub, d'avoir un nouveau projet. Et il s'est trouvé que pendant l'album "Higher"on a créé un sound system avec un collègue qui s'appelle Tristan et qui, lui, avait des connections sur la scène reggae. Et avec ce petit sound system on a été les premiers à amener le dub en France. Alors attention, on était pas à l'origine des sound systems parce qu'en France il y en a toujours eu. Nous, c'était le dub anglais, mais vraiment le dub c'est à dire pas le ragga. Et cette scène était en train de monter en angleterre avec des nouveaux groupes comme High Tone qui arrivaient. Et donc on a commencé à jouer de plus en plus en parallèle de Treponem Pal. C'est là qu'on a rencontré Adrian Sherwood que je kiffais depuis déjà très longtemps comme producteur puisqu'il avait produit les premiers Nine Inch Nails et Ministry mais aussi Lee Perry et du Dub Syndicate des trucs anglais et jamaïcains dub reggae incroyables. C'est un mec qui aime les expérimentations. Donc on s'est rencontrés et avec Dub Action on a fait une tournée en première partie de Adrian Sherwood en Europe. Là, on est devenus potes et, comme d'habitude de fil en aiguille, je lui ai fait écouter les demos de ce nouveau projet que je voulais faire et qui s'appellerait Elephant System. En revenant de la tournée on s'est mis d'accord. J'ai contacté le label Mercury et le boss du label c'était un super mec qui, malheureusement depuis, est décédé. Il s'est tué en moto. Et en fait ils avaient dépensé pas mal d'argent sur l'album de Treponem Pal "Higher" et je suis quand même allé le voir pour lui dire que j'avais envie de faire quelque chose d'autre. Un truc reggae et que ce serait avec un mec qui s'appelle Adrian Sherwood . Il connaissait le nom de Adrian Sherwood . Il savait qui c'était et il savait que c'était solide encore. Donc il m'a donné carte blanche. On est partis à Londres, on a enregistré cet album de Elephant System avec des pointures comme Allan Glen à l'harmonica qui jouait dans les Yardbirds. Les cuivres c'était ceux qui jouaient avec Linton Kwesi Johnson et toute l'équipe du label Adrian Sherwood. Donc une expérience énorme et assez incroyable. De là on a fait une bonne tournée en France et après j'ai eu envie de faire un break avec la vie de groupe et je me suis mis à faire des compilations pour des labels. EMI, Wagram et aussi sous le nom de Big Up un petit label que j'ai monté chez eux qui était du reggae principalement et toutes sortes de choses. Mais j'ai fait aussi des choses différentes, des compils métal notamment.
Nouvel album "Screamers" en CD et vinyle ce 10 mars 2023 raconte nous la création et l'enregistrement de ce nouvel album ?
Marco : La création, on l'a commencé il y a 3/4 ans quand même ! On a commencé à trois, donc toujours depuis que l'on a relancé Treponem Pal avec Didier B et quand Polak est arrivé en 2006. Et, de là, Jean pierre Mathieu est venu nous rejoindre pour les basses, la production, la programmation de batterie aussi. On avait déjà travaillé ensemble, auparavant, sur deux albums. Il est très bon pour ce genre de musique et très investi. Donc on a fait cet album à quatre. Puis il y a eu le Covid bien qu'il nous ait pas vraiment ralentis car on échangeait par fichiers et par internet. On a fait une première version mais on était pas satisfait donc j'ai voulu refaire les voix, des textes, certains habillages des morceaux, certaines constructions et ça nous a pris du temps et au bout d'un moment on a dit stop! c'est bon. Et c'est là qu'on a démarché des labels. On cherchait un label français plutôt indépendant, chez
AT(h)OME entre autres et
AT(h)OME s'est montré intéressé. C'est à ce moment là que tout a redémarré et je dois dire qu'on est très content du boulot
AT(h)OME jusqu'à présent. Vraiment.
La pochette de "Screamers" a-t-elle une suite avec celle de "Survival Sounds" de 2012 ?
Marco : En fait le rapport entre les pochettes de "Survival Sounds" et "Screamers" ce sont deux tatoueurs différents qui ont travaillé dessus mais qui sont amis et que j'ai rencontré il y a 12 ou 13 ans en commençant par Sylvain Koenig (Keuns) . On s'est rencontrés et je kiffais ce qu'il faisait. Je l'ai branché pour qu'il me tatoue. Je lui ai parlé de ma passion pour les éléphants et il m'a fait connaître un peu tout ça. Moi je ne connaissais rien à l'art japonais même si j'étais intéressé depuis longtemps. C'était pas mon milieu ni mon truc. Il m'a parlé du Baku qui était un chasseur de cauchemars dans l'art japonais. Ça m'a intéressé et interpellé tout de suite. Donc il m'a tatoué un Baku et dans la foulée je lui ai demandé s'il pouvait me faire un Baku pour la pochette du nouvel album "Survival Sounds". Et ça l'a fait direct. En fait il travaillait chez Utopia Tatoo avec Rafto Dilo. Donc j'ai rencontré Rafto Dilo qui, lui, m'a tatoué le bras gauche. Quelques temps après je l'ai branché pour lui demander s'il serait en mesure de me faire la pochette du nouvel album et c'est comme ça que ça s'est fait. Tout simplement. Alors on me demande s'il y aura une trilogie. Pourquoi pas.
On vous a retrouvé au HellFest, quels souvenirs gardes-tu de ces 2 prestations de 2008 et 2013 ?
Marco : Alors 2008, c'est loin quand même. C'était un petit chapiteau mais c'était très bien. 2013, très bien aussi. Par contre un peu tôt. On avait joué à 11h du matin, je crois. Donc c'était un peu tôt même si c'était rempli évidemment. Mais pour l'énergie et pour le public je pense que c'était trop tôt. Là, cette année on joue à 14h. Je pense que c'est vraiment un bon horaire. Les gens sont pas trop bourrés encore. Ils sont frais, ils ont mangé donc ça devrait être un carton. Mais je garde un très bon souvenir de ces deux Hellfest.
Préférez-vous jouer dans des gros festivals et toucher un maximum de gens, ou dans des salles avec un public qui vous est acquis ?
Marco : En fait jouer dans des festivals ou des petites salles c'est un plaisir différent à chaque fois. On a toutefois une préférence pour les petites salles où tu sens les gens. Tu vois leurs têtes et leurs attitudes. Ceux qui kiffent et ceux qui ne kiffent pas. Maintenant les festivals c'est une autre dimension. Là, tu ne sens plus le public mais une masse. Une masse qu'il faut convaincre. Donc c'est un autre challenge. Mais, pour nous, le live c'est ce qu'il y a de plus important. Que ce soit en petites salles où en festivals. On donne le maximum.
Et le public étranger ?
Marco : On a beaucoup tourné à l'étranger, il y a un moment maintenant et l'on aimerait que ça se refasse évidemment. On a joué dans les pays de l'est à l'époque où ça n'était pas encore ouvert. On jouait dans des squats, dans des bunkers avec un son pourri mais c'était incroyable. Les gens étaient avides de ce qui venait de l'étranger et de l'énergie qu'on amenait aussi. Je me rappelle d'un concert avec GBH. Enfin GBH avait joué la veille de nous en nous disant que le public était fou. Ils ont arraché les Dreadlocks. Les gens étaient à bloc et dansaient. C'était super ! Il y en a certains qui n'avaient pas les codes. Par exemple le pogo. Ils avaient une façon de danser complètement libre. Ils s'éclataient. C'était vraiment génial. Pour les autres pays il y a un public différent. En Angleterre ou en Allemagne par exemple. Surtout pour la musique qu'on faisait. Mais on a toujours eu, de toutes façons, un public qui s'intéressait à nous et qui venait de différents clans. Que ce soit des punks, des gothiques, du métal, du hardcore. On a des mecs qui viennent de tous les styles. Et ça, ça me plaît. C'est bien. Ça veut dire qu'on touche un public assez large si on peut dire.
Parle nous de vos collaborations scéniques ou premières parties de groupes prestigieux comme Ministry, Carcass, Young Gods ou Nine Inch Nails ?
Marco : En fait dans les premières invitations qu'on a eues, je vais te parler de ce qu'il y avait de plus intéressant. On a tourné avec Godflesh en Angleterre. Alors eux, ils nous hébergeaient car à l'époque c'était à la roots. On est devenus très potes avec eux. C'était toute l'équipe de Birmingham. C'est à dire les mecs de Godflesh, Tout ça c'est la même famille si l'on peut dire. Les Young Gods, on était potes aussi avec eux. Et par le biais de Roadrunner, comme je te le disais précédemment, quand l'album a été reconnu à l'étranger, on devait partir avec Sepultura pour faire leur première partie. Et moi, pour tout dire, je ne le sentais pas. Parce que Sepultura c'est très métal, très classique dans l'ensemble et nous on était un peu décalés. Il s'est trouvé qu'une semaine après cette proposition de Sepultura, Prong nous demande en première partie et Prong avait ses racines hardcore, un peu métal indus et ça nous correspondait dix fois mieux. Donc on est partis avec Prong. Et là, ça été une expérience incroyable. Des le premier pas qu'on a fait dans la salle, Tommy Victor et Ted Parsons sont venus nous voir et nous ont accueilli. Ils ont mis le tour manager à notre disposition, le lighteu à notre disposition. En fait, tout à notre disposition. Et ça, quand tu commences à avoir de l'expérience, tu t'aperçois que c'est pas tous les jours comme ça. Donc, ça, c'était assez incroyable avec Prong. Ministry c'était différent. On était aux États-Unis. Michel et moi on était au sein de Ministry et on faisait partie de leur équipe. Ce n'était plus un rapport de première partie ou autre. Trent Reznor de Nine Inch Nails, lui, nous a invités sur quatre dates en Europe. En fait, il avait déjà un groupe en première partie qui s'appelait Pig et c'est là qu'il a été hyper cool pour nous quelque part. C'est qu'il a fait jouer Pig avant nous. Donc Nine Inch Nails, Treponem Pal et Pig pour les quatre dates qui étaient prévues. Donc une rencontre assez brève avec lui car il n'était pas en grande forme à cette époque là mais quelques très bons échanges avec lui. Après on a toujours des liens avec Ministry, Godflesh, Prong aussi. Nine Inch Nails, c'est une autre dimension aujourd'hui.
Quels souvenirs en garde tu ?
Marco : Que de très bons souvenirs. De toutes façons j'ai très peu de mauvais
souvenirs de concerts. On a tourné avec Carcass par exemple. Eux, c'était
Nottingham une très bonne équipe. On connaissait déjà l'éclairagiste et
l'ingénieur du son. On se connaissait bien avant d'arriver sur la
tournée. Et donc, avec eux, humainement, ça s'est super bien passé. Mais Carcass c'était un groupe de métal qui touchait plus particulièrement un
public d'ados et Treponem Pal en première partie, on savait que ça
n'allait pas intéresser les mômes qui étaient branchés death metal et
qui voulaient du bruit bien, qu'au final, ça se soit bien passé. Je me
suis quand même retrouvé face à une petite nana qui me faisait un doigt
d'honneur en hurlant Carcass. Mais voilà, ce sont des choses qui
arrivent.
Si tu devais te définir, quelle serait ta phrase ou devise ?
Marco :
Ma devise ? Je dirais pas de nostalgie, regarder droit devant, être en évolution permanente et garder la foi.
Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel tu rêverais de jouer ?
Marco : Des artistes avec lesquels je reverrais de jouer ? Nick Cave and the Bad Seeds, Alice Cooper, Barry Adamson.
Quels sont tes projets à venir pour 2023 ?
Marco : Pour 2023, les projets c'est de tourner avec Treponem Pal et de
commencer à travailler sur un nouvel album tout doucement. Nous avons
une équipe solide et tout le monde à envie. On va commencer, cet été, à
créer des bases. En général on crée énormément de bases pour en garder
très peu. On est assez sélectifs et on ne se fait pas de cadeaux dans le
choix de ce que l'on construit. On a toujours eu la tête froide par
rapport à cela en se disant c'est celui-là et pas ces dix autres là.
Donc une équipe solide qui devrait bosser là-dessus en 2023. Et puis des
concerts à venir. C'est ce qu'il y a de plus excitant.
Reste t-il quelques titres bonus ?
Marco : En fait, pour un album comme "Screamers" on a créé plus de soixante bases. On a essayé des trucs, on expérimente, on met de côté, on revient dessus, on essaie de retravailler celui-ci ou celui-là. Donc c'est une évolution permanente. Mais toujours pour trouver le morceau où il va y avoir le truc. C'est pas évident de se renouveler non plus. C'est notre huitième album et on est content de l'accueil et de la réaction du public. Alors les gens comparent ce nouvel album "Screamers" à l'album "Excess And Overdrive". Pour moi c'est quand même très différent, plus posé bien qu'il y ait une niaque et une énergie proche de l'album "Excess And Overdrive". Alors, tout ça c'est dans un coin dans l'ordinateur. On essaie, surtout, d'avoir des idées fraîches, des influences nouvelles pour chaque nouveau truc qu'on va faire ou écrire. Et ce qui appartient au passé, appartient au passé.
Pour finir, si tu devais te rendre sur une île déserte et ne garder que 3 choses : un disque, un film et un troisième choix, quelle serait ta sélection et pourquoi ?
Marco : Un disque ? Je dirais l'album des Ruts The Crack un groupe anglais de 78/79 qui
nous a énormément marqué et qui existe toujours sans leur chanteur qui
est, malheureusement, décédé depuis longtemps. Pour le film, ce serait Vanishing Point. Le titre français c'est "Point limite zéro", un road movie qui date
de 1971. J'adore les road movies et celui-ci est assez subversif dans
le genre. Et sinon...du melon et des yaourts au caramel !
Que penses-tu de l’évolution de la jeunesse aujourd’hui ?
Marco : Pour la jeunesse d'aujourd'hui, je pense que c'est plus dur aujourd'hui.
C'est plus dur pour les jeunes de s'adapter dans ce monde actuel qui va
très vite. Tout va très, très vite. L'info, c'est complètement
démesuré. On voit ce qui se passe à travers les téléphones. Le
harcèlement, le racisme, des choses comme ça. Donc si tu es pris comme
tête de turc, ça peut aller très mal pour toi. Et ça, ça n'existait pas
évidemment. Donc, oui, c'est beaucoup plus dur pour la jeunesse de
maintenant. Nous, on avait pas toutes ces infos qui arrivaient. On avait
le temps de découvrir les choses. Et là par exemple, si tu aimes la
musique, tout va très vite même en tant que musicien. Un nouvel album
qui sort, on va en parler quelques temps et dans six mois c'est terminé.
Il faut déjà penser à apporter et créer du neuf, proposer quelque chose
de nouveau. Tout va très vite, trop vite ! En fait ça va trop vite pour
moi mais à vrai dire je m'en fous. Je vais à mon rythme. Je ne me
laisse pas démonter par ça. Voilà, c'est important de garder de la
distance avec ça et de garder le contrôle.
As-tu envie de rajouter quelque chose, faire passer un message ?
BONUS : La VIDEO de l'Interview ICI