jeudi 10 février 2022

BEYOND THE STYX (Emile Chanteur) // Interview // Sentence promo 9 Février 2022.

 

Aujourd'hui  pour la sortie de l'album "SENTENCE" du groupe Beyond the Styx.
Emile le chanteur vous ouvre les portes des secrets de l’intérieur du groupe
et de la réalisation de cette album.



Pour commencer et vous connaitre un peu mieux, pouvez-vous vous présenter les 5 membres du groupe "Beyond The Styx" ?

Emile : Je m’appelle Emile, je suis chanteur dans Beyond the Styx depuis les débuts c'est à dire 2011.
On performe dans un registre Metal Hardcore depuis le début. Comme membre d’origine il y a aussi Adrien le batteur, ensuite David, guitariste rythmique et Yohan, bassiste, qui nous a rejoints en 2013.
Et Arnaud qui officie à la guitare Lead qui nous a rejoints il y a 2ans et demi, juste avant le COVID.

D'où vient le nom du groupe et quelle est sa signification ?

Emile : C'est un nom qu'on a brainstormé tous ensemble y a un petit moment... Je suis assez féru de la mythologie grecque à la base et le nom du groupe a trouvé sa source là-dedans. Ce n’est ni plus ni moins qu'un fleuve avec toute les religions quelles qu’elles soient, la mythologie grecque scinde le monde souterrain le monde des morts de l'enfer et le monde des vivants.
Je suis quelqu'un d'assez contrasté dans ma vie, d’où ce nom qui ne prêtait pas à confusion et pouvait laisser entrevoir tout un tas de perspectives qui m'intéressaient… Sommes-nous plutôt des vivants qui regardent le monde des morts se rapprocher, ou plutôt des morts vivants qui regardent le monde des vivants s’éloigner de nous. Je trouve que ça offre de bonnes perspectives comme nom de groupe, chacun peux y voir ce qu’il veut.

Comment définiriez-vous le style de votre musique ?

Emile :  Hardcore Métallique, on peut dire metal hardcore mais au vu des évolutions des 5 dernières années, moi je dirais tout simplement hardcore métallique. Le noyau se veut et s’est toujours voulu hardcore et s’est exprimé plus ou moins différemment, mais on est quand même des fils du metal, des fils du rock, donc on l’exprime à notre manière avec différentes influences.

Comment créez-vous vos compositions ?

Emile : On est un groupe qui a la particularité de composer à 5. On n’a pas une personne qui arrive avec des morceaux tout faits qu’on arrange ensemble. Nous on part quasiment tous ensemble, bien souvent les guitaristes apportent un riff, deux riff, trois riffs, ça ne va jamais vraiment au-delà de plus de 30 secondes d'enchainement avec une idée de rythmique associée à ce riff, et là s’ensuit tout simplement une grosse phase d’arrangements ensemble tous les 5. On voit jusqu’où peuvent nous emmener ces riffs, on part du squelette et après on tisse, moi je pense notamment au chant, des fois j’ai des idées thématiques mais j’écris rarement pour ne pas dire jamais, avant qu’une grosse ossature de la chanson soit effectuée.

Vous rappelez vous de votre 1er concert ? Ou était-il comment s’est-il passé ?

Emile :  Je pense que notre premier concert c'était dans un bar à Tours puisqu’on est originaire de Tours. Il s’appelait le pub Mulligan, c'était la fête de la musique 21 juin 2011 exactement.
C’était assez fou parce que c’était un endroit assez petit qui ne se prête pas forcément aux concerts mais le patron du bar nous a toujours soutenus. On a même joué en extérieur devant le bar aussi. Quand on peut le faire on le fait pour lui. C’est un sacré bon souvenir même si beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.

Avec ce 3ème album, ressentez-vous une évolution sur votre manière de travailler en studio ?

Emile : Sur notre manière de travailler en studio déjà on arrive plus près, au début on arrivait en studio sans savoir exactement à quoi s’attendre. On a toujours travaillé sur notre EP et nos albums avec David Potvin au dôme studio d’Angers. Là on est partis sur complètement autre chose. Mais on avait ce bagage d'expérience qui nous permettait d’arriver avec déjà nos pré production, on avait Christian Donaldson qui a enregistré et produit ce nouvel album, il connait nos morceaux, il savait ce sur quoi il allait nous demander de travailler. Et puis le fait d’avoir déjà pré enregistré les morceaux fait qu’on arrive avec une certaine expérience quand même et un petit peu moins de stress. Même si là pour le coup le stress était présent parce que le fait de travailler avec un étranger qui vient chez nous en France et qui  a un timing précis, on sait qu’on n’a pas le droit à l'erreur. C’était un stress supplémentaire, même si la pédagogie de Christian nous a permis de rapidement de se relaxer dans le bon sens du terme.

Racontez-nous l'enregistrement de l'album SENTENCE et le choix des titres de l'album ?

Emile : L'enregistrement s’est passé relativement simplement. Christian nous a assez vite mis à l'aise avec le décalage horaire entre Montréal et ici il lui a bien fallu 2 jours avant de s’extraire de son jetlag. Adrien a géré en termes d’enregistrements batterie, ses prises ont été faites en 2 jours et demi. Chaque fois il est époustouflant à ce niveau-là. Et puis s’en sont suivies les prises guitares par alternance, David, Arnaud, David, Arnaud...Ça a duré plusieurs jours mais somme toute ça a été assez vite. Et après on a eu la particularité d'enregistrer tantôt basse tantôt voix. Parce que j'ai mis Christian au courant je n’ai pas la prétention d’avoir une réelle technique vocale, je chante beaucoup avec mes tripes, même si j’ai des phases d'échauffement je sais ce que je dois faire ou pas faire… On a alterné la basse et le chant, ce qui me permettait avec certains petits traitements de fond de ne pas me retrouver HS après 2 ou 3 jours d’enregistrement en enregistrant 2 à 3 chansons par jour. On s'est limités à 1 ou 2 chansons par jour et on a fait ça sur 5 jours en alternance. Ça peut paraitre assez étrange mais ça s’est très bien fait et j’ai aussi fait le choix d'enregistrer la plupart de mes titres dans l’ordre où on les écoute dans l'album pour accompagner l'émotion de la voix, je pense qu’une voix ça évolue au cours d’un album même si l’auditeur n’a pas forcement l’oreille pour. J’avais pas envie d’entendre dans SENTENCE ce que j'avais pu entendre dans STIGMA, même si l'auditeur n’avait pas entendu ce que moi j’avais entendu.


Vous aviez déjà travaillé sur l'ordre des titres avant d'entrer en studio ?

Emile :  Disons que l’on s’est posé beaucoup de questions, on a fait beaucoup de tests on avait pré enregistré l’album mais on ne savait pas exactement dans quel ordre on allait faire les choses. On avait aussi associé Christian, on avait 3/4 des titres qui étaient à peu près dans l’ordre mais pas tout.   

Le Covid a t-il changé votre manière de travailler, comment avez-vous vécu cette période ?

Emile : coin de la gueule comme tout le monde, et on avait écrit en tout et pour tout 4 morceaux et demi, on va dire 5. Donc assez rapidement il nous a fallu penser les choses autrement, on a continué à travailler à 5. On se rassemblait quand c’était possible et quand ce n’était pas possible on a essayé la Visio, c’était assez déprimant pour moi je l’ai très très mal vécu. Peut-être plus mal que d’autres membres du groupe. Je pense que je ne voulais pas me l’avouer et c’est pour cela que j'ai bouffé la poussière assez rapidement. Et donc sen es suivi des séances de Visio pour surtout garder la dynamique et l’esprit de groupe ça c'était hyper important. Donc on n’a pas eu le choix finalement on a réalisé la composition de notre 12 titres COLATERAL en Visio il nous manquait je pense 2 riffs et je n'étais pas satisfait de ce que l’on avait pour finir ce titre-là, et je tire encore mon chapeau à Adrien et David qui ont réussi à bosser malgré tout à distance pour finaliser ce titre, ça a bien dû leur couter une demi-journée, moi j’avais des attentes très particulières et quand on est en salle de répétition on peut tout de suite corriger le tir. Là on pouvait rien corriger du tout, il y avait une phase d'essai d'enregistrement et du coup Adrien qui essayait avec logique de positionner les batteries, mais c’était tout sauf quelque chose d'intuitif et finalement on s’en est sorti non sans mal, heureusement qu’on a eu que 2 riffs à composer parce qu’on n’aurait pas pu composer un album comme ça.

Sur votre album figurent 3 featuring, pouvez-vous nous en parler ?

Emile :  Il s’agit donc de "New World Disorder" c'est un titre que j’ai enregistré avec Luis Ifer de TEETHING groupe Powerviolence Grindcore madrilène d’Espagne. La particularité c'est que ça  a été le seul featuring qui n’a pas pu se réaliser en studio de par la distance et les contraintes sanitaires ça paraissait compliqué. On défraie les personnes qui viennent chanter avec nous, mais là au vu de la distance, ça n’aurait pas été aussi simple que ça de venir depuis Madrid. Je lui ai proposé le titre, il a étais hyper emballé par la thématique de la chanson qui traite des flux migratoires et du dérèglement de notre monde. On parle souvent du nouvel ordre mondial, là pour le coup je parle surtout du nouveau désordre mondial. Quand j’ai écrit ce titre je ne savais pas que Biohazard avait un titre qui s’appelait NEW WORLD DISORDER... donc du coup c'est un clin d'œil c'est un groupe que j’apprécie également et donc Luis a enregistré de son coté à Madrid et nous a envoyé les prises, Christian a mixé et a adoré sa voix. Christian joue dans CRYPTOSIS, donc tout ce qui est voix caverneuse il adore ça. C’était assez simple pour lui mine de rien de bosser à distance malgré tout. « Scorch AD » a été enregistré avec Guillaume qui chantait à l’époque dans Happy Face et aujourd’hui dans le groupe Final Shodown groupe deathcore moderne. Guillaume c'est une machine de guerre en fait il avait déjà pré enregistré sa voix, on avait déjà fait nous-mêmes des arrangements ensemble il savait ce qu’il voulait j’ai trouvé ses propositions génialissimes,  je pense que j’ai invité des personnes avec qui j’avais envie de partager plus qu'un simple enregistrement. Comme je dis, tout choix est fait pour pouvoir être réalisé en live avec des gens avec qui j’ai envie de partager plus qu'un chassé-croisé sur scène et je suis sûr qu’on est sur la même longueur d'ondes. Et pour le dernier featuring, c'est un Parisien, Vincent Mancini qui officiait dans Aqme et maintenant dans Butcher’s Rodeo. Vincent c'est le piment c'est un élément instable en fait il est arrivé et il a retourné le studio il était incontrôlable il était super content d’être là il disait "je suis venu faire la bagarre" enfin c'était trop trop bien. Je manque de superlatif à ce niveau-là y avait pas eu d'essai il connaissait les paroles et il avait envie de tout donner alors il n’a pas enregistré comme moi il se baladait avec le micro il traversait tout le studio c'est assez fou c’était génial parce que Butcher Rodeo c'est plus rock n roll et  il a apporté autre chose, c'était un morceau rock n roll taillé avec un son moderne je trouve qu’il a apporté un truc à ce morceau la Cyclops. Ce titre est un clin d'œil à 1984 d'une certaine manière à cet état de surveillance qui nous a été imposé et aussi à la violence policière qui nous a également été imposée,  sans laquelle le mouvement Gilet Jaune aurait eu plus d'effet dans notre société.

Quelles sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?

Emile :  bonne question... Les groupes qu’écoutaient avec mon père quand j’étais plus jeune y a pas que du rock n roll on écoutait pas mal Renaud, l'époque ou Renaud était encore Renaud... L'album « Putain de camion » qui est un album assez rock n roll mine de rien pour ceux qui ne le connaissent pas, j’ai aussi pas mal écouté « Dure Limite » de Téléphone qui est quand même aussi un putain d'album faut le reconnaitre. Miles Davis, mon père écoutait pas mal de choses, du jazz moderne notamment aussi même si moi je n’écoute pas de jazz je trouve qu’il y avait quelque chose. Après je pense qu’il y a beaucoup d'influences subliminales, je ne suis pas persuadé d'avoir tout enregistré je me rappelle qu'il écoutait Magma que j’ai découvert pour la première fois en live il y a a peine un an. C’est un peu une machine à remonter le temps tu vois, voir Christian Vander et ressentir des titres en live j’en suis encore assez ému, et puis aussi Jimi Hendrix, du coup il fait partie des groupes qui m’ont peut-être donné envie de monter sur scène en tout cas c’est des choses que j’ai écouté et qui m’ont donné envie de faire du rock, après peut-être plus PANTERA, un truc comme ça, des mecs qui arrivent sur un plateau télé, qui envoient la sauce et qui défoncent tout, j’ai trouvé ça assez fort à l’époque le contrepouvoir que portait le métal le hardcore était bien plus important que ce qu’il  est aujourd’hui.

Si vous deviez vous définir en un mot ?

Emile :  Torrentiel

Quelle sont vos influences musicales ?

Emile : Y en a plusieurs, mais si je devais en retenir un seul ... Déjà je choisirais quelqu’un d’expérience non pas que je ne pense pas que les jeunes groupe ne m’ont rien apporté, mais j’aimerais partager plus que de la musique autour de ça. J’aurais tendance à me tourner vers la Scandinavie et je le dit souvent, je pense à Meshuggah parce que c'est un groupe qui a su inventer son propre son à partir de leur histoire, et qui ont eu le mérite de réussir là où certains ont passé du temps également mais eux c'est sans se travestir et ça c'est vraiment quelque chose ou je leur tire mon chapeau, parce que n’en déplaise aux fans de GOJIRA ou Metallica, ya des groupes qui n’ont pas forcément évolué dans le bon sens du terme. Meshuggah je trouve qu’ils ont évolué sans perdre de vue qui ils étaient et ce qu’ils faisaient.

Pour finir, si vous ne deviez conserver 3 choses : un disque, un film, et un 3ème choix ? Quelle serait votre sélection et pourquoi ?

Emile :  un livre je prendrais « 1984 » parce que je n’ai pas fini de le lire voilà pour commencer. Un film, je pense que je prendrais « l'avocat du diable » parce que j’aime beaucoup Keanu Reeves et Al Pacino, c'est un film qui a mal vieilli sur le plan image mais je trouve le scenario dinguissime, et voilà il est beau à regarder et je ne m’en défais jamais malgré les effets spéciaux qui vieillissent terriblement mal. Et si je devais choisir un disque, je pense que je partirais sur quelques choses de vieux, je serais bien parti sur un Pink Floyd mais lequel... oui Pink Floyd, pour avoir le temps de le prendre par tous les sens car c’est surtout cette force qu’ils ont de pouvoir nous emporter ailleurs.

Et question bonus, avez-vous envie de nous dire quelque chose ou un message ?

Emile : Le message que j’ai à faire passer il s'adresse à tout un chacun mais plus particulièrement à la scène que je représente, la scène underground. Tout le monde, qui que ce soit, artiste, membre d'association, qui que ce soit, si vous avez la possibilité d’aller soutenir un groupe même inconnu qui passe près de chez vous, n'hésitez pas, on vient de traverser 2 années terriblement difficiles qui coutent et qui couterons certainement terriblement cher sur le plan humain et artistique pendant des années, je vous invite à ne pas oublier que la musique c'est avant tout une rencontre humaine entre des gens et à ce niveau-là continuez à soutenir votre scène locale parce qu’on a toujours besoin d’un public, être suffisamment attentif pour faire vivre les lieux, bars, café-concert, salles de musique actuelle, l’Art c’est ce qui nous élève vers le haut c'est ce qui nous distingue d’une certaine manière de la dictature. Faut pas l'oublier.

Vidéo de l'interview ICI .

 
 

Th Cattier
Photos : Th. Cattier /
Shooting Idols