samedi 26 février 2022

EXCEPT ONE (Crypp Mor bassiste) // Interview // Le monde brisé ... 11 Février 2022.

 
De l’eau a coulé sous les ponts depuis la sortie de leur premier EP Haunted Humanity en 2015. Sept années qui leur ont permis de sortir un premier méfait en 2018 Fallen un manifeste de Metal extrême baignant dans univers sombre et torturé qui les a installés de manière durable sur le devant de la scène hexagonale. Se définissant comme un Omni : objet musical non identifié le gang est de retour avec Broken quatre ans après leur premier opus. Il semble que l’arrivée de Tim aux guitares peu de temps après la conception de Fallen ait été très bénéfique tant Broken a gagné en maturité et créativité le bougre ayant écrit une bonne partie des nouveaux morceaux. Le résultat est là EXCEPT ONE nous propose un mixe de Black/Death Hardcore de haute qualité magnifié par les voix exceptionnelles et d’une puissance rare d’Estelle qui semble s’être épanouie sur ce nouvel album et réussi une prestance de haute volée. Il suffit d’écouter “In Nomine” leur tout premier single pour être projeter dans un déluge de Metal Brutal efficace et sans concession accompagné par un clip magnifique qui vous entraine dans un monde noir au confins de la folie et de la décadence ! Avec Broken  EXCEPT ONE fait une entrée fracassante dans la cour des grands et est promis à un avenir radieux. Entretien avec Crypp Mor le sympathique bassiste de la formation qui nous dit tout sur leur parcours et sur cette nouvelle offrande qui va en surprendre plus d’un ! Magnéto Crypp c’est à toi !



L’album « Broken » est sorti le 15 mars, vous avez eu la chance de pouvoir donner plusieurs concerts dernièrement notamment du 6 au 9 février 2022, quels souvenirs en gardes-tu ?

Crypp Mor.
C’étaient des très belles dates, on était en têtes d’affiches et on a fait quatre dates d’affilées. Une petite tournée et deux mois avant on avait fait une tournée européenne avec Elixir et Diabolical. Du coup, ça nous a fait énormément plaisir de reprendre la route. Je noterais un énorme concert au Brin de Zinc à Chambéry le 8 Février où on a eu droit à un seul Pogo. Mais le Pogo a duré cinquante minutes. Rires. On a été vraiment super bien accueilli, une très bonne organisation et surtout plein de moments au sein du groupe qui nous ont rapprochés. Déjà au niveau de la tournée mais là c’était vraiment génial. En plus c’était entre nous ce qui était vraiment cool. J’en garde un très bon souvenir.

Qu’est ce qui t’a le plus marqué sur cette tournée avec HateSphere et Diabolical qui s’est déroulé en Octobre 2021 ?

Crypp Mor. Je dénote la première tournée avec Except One et Diabolical pour une dizaine de dates. La première fois on était dans un tour bus avec les artistes c’était juste une consécration des musiciens, de voyager d’avoir fait cette liste, cet engouement artistique était génial. Les aventures il y en a eu tous les jours. Que des bons moments de partager la scène avec nos paires qui nous ont beaucoup conseillé. Les échanges étaient extrêmement intéressants. On l’a très bien vécu, on était vraiment dans une journée où tout s’est très bien passé.

Qu’essayez de vous de transmettre lorsque vous êtes sur scène ?


Crypp Mor. Nous avons beaucoup d’énergie, on est vraiment un groupe de scène, on aime vraiment ce moment et être là. Faire souvent partager pour que les gens grandissent. Le choix d’Except One est de partager avec des musiciens la musique. C’est beaucoup de travail et quand on arrive au moment de jouer on déchaine la bête. Et en plus quand tu fais une tournée avec les membres du groupe tous les jours il y a une communication et une envergure qui se fait. On a plus besoin de se regarder pour Headbanger ensemble. Il y a une synergie de tout le groupe à ce moment-là qui est juste impressionnante en tant que personne qui vit et pour les autres qui le voient. C’est échange entre les musiciens et le public est juste génial et Except One est souvent défini comme un groupe avec beaucoup d’énergie sur scène. Je peux t’assurer que nous aussi on est sur scène et on aime carrément la réponse qui est en phase.

Est-ce que le fait d’avoir pu faire des tournées a-t-il eu un impact sur le nouvel album ? Est-ce que vous avez remarqué que des choses fonctionnaient mieux sur scène et on eut des conséquences sur la manière dont vous avez composé ?

Crypp Mor. C’est une très bonne question. La première réponse que je pourrai te fournir est que cette tournée nous a encore plus fait aimer les concerts. C’est un rêve qu’on vivait et qui nous a donné encore plus de motivation pour continuer et offrir encore plus de qualité, d’énergie, plus de soi-même, de donner aux autres. Donc on se sent plus légitime et ça devient une drogue. On a besoin de doses de plus en plus importantes. On devient addict à cette sensation et dans ce sens cela a beaucoup impacté le nouvel album car on était plus exigeant. On avait encore plus envie de partager ce que l’on avait au fond de nous. On a compris que c’était la manière la plus honnête de s’exprimer et qu’on ne prenait pas réellement de risques parce que les gens étaient demandeur et le fait que tout le monde adhère à cela nous a poussés dans la composition de l’album à être plus intimiste et de ne pas avoir peur d’aborder nos émotions.

Comment s’est passée l’intégration avec Tim lors de ces différentes dates ?

Crypp Mor. Très bien, il faut savoir que Tim est arrivé à la sortie de « Fallen ». Son premier concert avec nous c’est celui avec Lovebites au Nouveau Casino, et après Lacuna Coil à l'Empreinte. C’étaient des gros concerts pour nous comme pour lui et au niveau de son entrée dans le groupe. C’était très naturel on sentait quelque chose entre lui et nous et finalement ça s’est confirmé dans le temps puisque les liens sont devenus de plus en plus fort et du coup Tim qui est un excellent guitariste et choriste à apporter énormément à la composition du nouvel album Broken.

Est-ce que cela vous a apporté une meilleure stabilité au niveau de la formation ?  

Crypp Mor. Indéniablement. C’est encore mieux puisqu’on a fait pendant deux ans des dates avec Tim. Il a vu les bons côtés et les mauvais côtés du groupe. Les obligations mais aussi les moments fraternels entre nous. Ce qui fait que tout le monde a apporté pour la contribution de l’opus, que le meilleur se connaissant et connaissant les autres. Cette synergie a été plus importante et on se comprend.

Tim a écrit énormément et a participé à tous les morceaux ! Je suppose que le processus de composition cette fois ci était très différent comparé à l’époque Fallen !

Crypp Mor. En fait il y avait un feeling diffèrent parce que c’était une époque différente. L’album a vraiment marqué dans le marbre une époque, une émotion. Au moment où on l’a composé c’étaient les premières vagues de confinement. C’est quelque chose qui nous a tous éprouvés et qui nous a poussés à nous exprimer. L’album est né à cause de ces frustrations et de cette colère que nous avions à ce moment-là. Du coup on ne peut pas comparer Fallen à Broken. Pour Fallen on n’a pas vécu cela. On était ensemble pour composer. Sur Broken on était tous chez soi à travailler les compositions. Tim avait beaucoup d’idées et il sait comment chacun fonctionne. On a tous des styles différents dans le groupe et on se rejoint sur beaucoup d’entre eux. Tim a composé du coup une grande partie des morceaux. Il a partagé son travail et on a travaillé ensemble face au Covid. On a fait des répétitions et aussi à notre nouvelle méthode de travail de travailler à distance. On avait du recul, on commençait à écouter les musiques avec des enregistrements de chacun. On a commencé à composer à distance et dès qu’il y a eu le répit on a su les confirmer ensemble lors des répétitions.

Est-ce que ces confinements successifs vous ont inspiré au niveau des textes, je pense au morceau « Chaos » qui est raccord avec ce que nous vivons actuellement depuis presque deux ans maintenant !

Crypp Mor. Bien sûr. Le confinement a été très révélateur de ce monde. Le monde était déjà fragile mais lors du confinement il est devenu encore plus fragile. Les comportements sont sortis. Des choses ont été montrées au grand jour. Cela nous a pas mal affecté notre émotion et c’est vrai que les textes écrit par Estelle et Tim répondent à une émotion. Il y a aussi autre chose qui a été fait dans Broken pour tout l’album que ce soit musicalement, au niveau des textes, des visuels. La pochette a été réalisé par notre chanteuse, c’est une magnifique peinture à l’huile qui a été reproduite sur l’album. Il y a un jeu avec la planète recomposé, le sens de lecture est libre à chacun. Du coup même l’artwork montre ce côté détruit. Il s’appelle Broken parce qu’il y a aussi ces fissures au fond de nous qui existe et dont on a voulu parler. D’ailleurs dans ce nouvel opus on a fait le choix de mettre un livret à l’intérieur avec toutes les paroles pour qu’elles soient comprises et qu’on puisse les retrouver facilement. Sur scène ou sur Cd il y a beaucoup d’énergie et de guitares saturés ça ne permet pas forcément une bonne compréhension des textes. Là on a fait le choix de transmettre les textes, tous nos méandres, nos inquiétudes se retrouvent dans l’émotion de nos lyrics et également dans la représentation visuelle.

Pour l’enregistrement vous avez choisi de travailler avec Jelly Carderelli et Sympheris comment as-tu vécu cette nouvelle expérience de studio ?

Crypp Mor. C’était un choix de notre part, on avait l’idée d’aller encore plus loin et de proposer une expérience de meilleure qualité et donc on a choisi de travailler avec Jelly. Il a fait toutes les sessions d’enregistrement mais a aussi travaillé en tant que directeur artistique. Il nous a aidé à arranger les morceaux au niveau des samples, de la dimension des riffs. On voulait travailler avec une personne qui nous apporterait beaucoup et Jerry a réussi dans cet optique-là, on a eu un grand plaisir de travailler avec lui. C’est quelqu’un d’heureusement très exigeant, il nous a poussé dans nos retranchements pour nous améliorer techniquement, musicalement, on est vraiment reconnaissant du travail qu’il a fait avec nous.

Est-ce que justement il vous a mis face à des défis lors de ces sessions studio ?

Crypp Mor. Bien sûr, il fallait être beaucoup plus précis que l’on ne l’avait jamais été. On avait vraiment envie de se dépasser techniquement aussi bien dans l’exécution des riffs mais aussi dans la précision de ces derniers. Il fallait vraiment proposer un opus et des musiques les plus accomplis possible.

Avez-vous composé beaucoup de titres puis fait une sélection après ?

Crypp Mor. Oui il y en avait plein d’autres mais on a fait une sélection pour cet album et choisi ceux qui nous plaisait vraiment.

Vous avez choisi de mettre en avant « In Nomine » un titre qui a aussi fait l’objet d’un magnifique clip avec notamment une très belle mise en scène c’était une évidence pour vous de sortir cette chanson en single ?

Crypp Mor.
Merci beaucoup pour le compliment ça nous booste, on est content que cela soit aussi bien reçu. Pour le clip on a choisi cette musique parce qu’on trouvait que c’était le texte qui représentait le mieux l’album. Ce titre cible le contenu de cet opus, ça prépare les gens à la deuxième galette d’Except One. Les riffs sont différents, les ambiances aussi et ça résume très bien la formation. On a décidé de mettre cette chanson en avant car ça allait montrer à tout le monde la direction dans laquelle on était parti.

Il y a beaucoup de symboles, la crucifixion, l’alcool, le serpent !

Crypp Mor. « In Nomine » parle de la consommation en général, du fait que l’on mette la consommation presqu’au même niveau que la religion. Consommer devient un besoin, une raison de vivre pour certains. Du coup on a utilisé les codes du Christianisme qui sont connu d’une grande partie des gens pour parler de ça, pour leur dire que ce qu’ils font peut s’apparenter à une religion. Même le titre « In Nomine » qui est en latin, c’est parce qu’on reprend la aussi les codes du christianisme, on parle de la crucifixion, de la scène, de l’impact que ça a sur nous avec l’alcool sur les jeune ou même la luxure qui est omniprésente dans notre monde, est-ce que c’est une bonne chose ? C’est comme ça que l’on voit ça aujourd’hui.

Vous avez des textes très pertinents qui traite de sujets sociétaux mais aussi qui vous touche directement comme « Still Alive » vous avez déclaré ce morceau est un exutoire destine à couper définitivement les liens avec les personnes ou les évènements qui ont été toxiques à notre développement !

Crypp Mor. Bien sûr, on a eu des épisodes durs. On a côtoyé des gens qui nous ont utilisé, on a vécu des circonstances ou on a été traité de façon malhonnête et ça on remarque que c’est présent même dans nos vies personnelles, professionnelles, dans la société. Il faut essayer de se sortir de ça pour aller mieux, il faut en être conscient. Ce titre représente ça, il montre clairement qu’il y a des mauvaises choses et c’est très important d’en prendre conscience et de s’en éloigner au maximum pour être soi-même.

Vous appelé tous vos albums des Omni : Objet Musical Non identifié c’est une façon de vous définir ?

Crypp Mor. C’est un peu ça, c’est surtout que l’on a au sein du groupe chacun des styles préférés que l’on consomme plus que d’autres. De ce fait cela a toujours été très dur de nous définir en termes de style. On va dire que l’on fait du Metal Moderne ou du Death Metal, du Deathcore mais au final dans « In Nomine » tu as du Black, d’autres titres sont plus Matcore. Lorsque l’on compose on ne cherche pas à faire un style particulier, on sait ce que l’on aime. Comme on est cinq avec chacun nos préférences on se rejoint et ça donne un mélange que je trouve intéressant, on n’arrive pas à s’identifier, Omni ce n’est pas volontaire on a toujours fait ça.

Est-ce qu’il y a un texte d’Estelle qui émotionnellement parlant te touche plus que d’autres ?


Crypp Mor. Pour être honnête Broken arrive au bon moment parce que c’est clairement ce que l’on vit dans le groupe et aussi les gens dans notre entourage. On est impacté par cela. Je te dirais que tous les morceaux m'impactent parce que je me reconnais dans pas mal d'entre eux. En ce moment c’est surtout « Seeds of Revolts » je l’avais signalé via la page Facebook de la formation. Ce n’est pas un appel à la brutalité mais plutôt au surpassement parce qu’on est souvent soumis à de nombreuses pressions à différents niveaux et il faut se battre, il faut se dépasser. En ce moment ça fait un mois que « Seeds of Revolts » résonne de façon très familière

Este ce que vous prévoyez la sortie d’un nouveau single ?

Crypp Mor. Oui mais je ne peux pas t’en dire plus. On avait prévu des concerts pour la sortie de l’opus le 15 Janvier et ça ne s’est pas fait malheureusement, c’est quelque chose qu’on ne maitrise pas, on ne sait pas quand on va rejouer, on fait tous les efforts possibles pour ça. On a déjà des organisations qui sont en train de se mettre en place. Mais comme on ne sait pas quand on va rejouer, on va transformer cette attente en diffusant des clips, des vidéos propres au combo. Je t’affirme aujourd’hui que prochainement du contenu sera mis à jour sur nos différents réseaux sociaux et je vous invite à suivre ça va être aussi lourd et puissant que « In Nomine ». On est présent sur tous les réseaux sociaux et on sait ce qui va se passer et on est impatient de partager ça.

Est-ce que justement vous continuer aussi à composer de nouveaux morceaux ?


Crypp Mor. Oui, on a toujours des idées, la musique c’est l’émotion à l’instant T que l’on peut retrouver à un autre moment. Du coup dès que l’on a des idées on les conserve, que ce soit du texte ou autre. On a besoin à certains moments de les écrire, de composer, de les exprimer et on les garde précieusement. On a aussi un stock d’idées qu’on avait eu pour les précédents opus qu’on garde pour plus tard. On a des titres qui date de Fallen et de Broken et même certains qui ne sont jamais paru pour les deux. Il y en a qui sont actuellement en train de germer dans nos têtes et nos cœurs.

Vous avez débuté en 2015 avec Haunted Humanity votre premier Ep quel regard portes tu sur votre parcours ?

Crypp Mor. Beaucoup de fierté. Je suis content d’être dans une formation que je considère comme ma famille, de partager autant de bons moments, autant d’aventures avec eux. Des moments heureux d’autres moins, le fait qu’on se surpasse à chaque fois et qu’on est toujours les uns sur les autres, qu’on partage cette aventure avec beaucoup de gens qui nous soutiennent de façon impressionnante, c’est toujours une surprise pour nous. Depuis je suis dans le groupe en 2015 /2016 avec Naty les liens entre nous sont au-delà même de la musique, Except One c’est l’énergie sur scène, je suis très fier.

Quel est le plus beau compliment que tu aies reçu ?

Crypp Mor.J’ai commencé la musique parce lorsque j’étais jeune on cherche toujours, on a des moments de plus et de moins, la musique m’a beaucoup aidé. L’un des plus beaux compliment que j’ai reçu c’est un jour quelqu’un est venu me parler sur Messenger et m’a dit qu’en ce moment ce n’était pas top pour lui, que ce n’était pas toujours cool et que lorsque il écoutait notre album ça allait mieux. Il m’a dit qu’il reprenait de l’énergie et qu’il savait qu’il allait affronter les choses et que ça allait aller mieux, c’est pour cela aussi que l’on fait de la musique. C’est pour nous sauver mais on le fait aussi pour sauver des gens comme nous. C’est une immense thérapie et ça fait du bien quand quelqu’un te dit ta musique l’aide aussi bien que toi.

Qu’as-tu envie de rajouter pour conclure ?

Crypp Mor. Je crois que c’était toi que j’avais eu il y a quatre ans pour la promo de l’opus précédent, j’avais vraiment eu du plaisir à échanger avec toi, tu as toujours des questions très pertinentes, tu t’es renseigné sur le groupe et ça fait du bien d’échanger de façon cordiale avec des questions toujours aussi cool moi j’adore !

11 Février 2022.
Pascal Beaumont  
Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)