Messaline est au rendez vous ce matin à Paris au Black Dog Café pour assurer la promotion de la sortie de l'album "Vieux Démons".
Retrouvez Eric et Mathieu du Groupe Messaline pour cette interview, la première de cette longue série promotionnelle, rendez-vous autour d'un café pour une rencontre très sympathique et très chaleureuse. Bonne écoute, et bonne lecture.
Vous sortez aujourd'hui votre nouvel album "Vieux démons". Comment s'est passée la création de cet album ?
Eric : La création, on l'a fait à 4 mains. Au niveau des compos, on a bossé en binôme avec Mathieu. Il balançait des plans de guitare, et j'essayais de trouver des lignes de voix dessus, raccrocher des textes. C'était une espèce de ping-pong. C'est-à-dire qu'on s'envoyait chacun des maquettes, et puis on se voyait pour bosser. Souvent on part sur un squelette guitare acoustique, tout en guitare sèche. Si on sent que cela sonne comme ça en guitare sèche, on s'occupe de la fioriture.
Mathieu : On a commencé 1 an avant d'enregistrer l'album, les compos, c'était l'été du confinement, d'ailleurs.
Eric : Ca nous a permis de travailler, le confinement.
Mathieu : Je lui envoyais des riffs, il m'envoyait des idées de chant. Après on se regroupait. Et comme on est assez productifs, on a tout dégrossi, on a choisi ce qui convenait. Il avait des idées de texte, j'ai plus élaboré l'harmonie, on est passé sur des pré-maquettes, une fois qu'on avait défini une structure. J'ai un petit home-studio à l'ancienne, où je fais qu'une prise. L'objet n'est pas de faire un truc hyper fini. Il a enregistré ses parties de chant.
Eric : ce qui permettait d'avoir une maquette élaborée, avec les grattes, une boite à rythme, des basses. On a proposé aux autres le projet. Avec le déconfinement, c'était plus facile de se voir. On a finalisé les morceaux, et puis après on est parti en studio. On fait aussi ça à l'ancienne. On n'enregistre pas dans des home-studios. On aime bien aller dans des studios à l'ancienne, où tu as la vraie batterie qui est installée dans un studio qui est fait pour ça, les basses, les guitares, et puis on se met toujours un nombre de jours bien précis, pour être dans l'urgence rock'n'roll. Autrement, tu es dans un homme studio, tu fais 40 prises de gratte, étendues sur 2 mois, et tu perds l'essence même du truc. On est allé vite. On a mis longtemps à le sortir, entre la compo en mars 2020, et la sortie maintenant, ça fait plus de 2 ans. L'étape de création est longue, sans être longue, car il y a le temps qu'on échange tous ensemble. Et l'étape d'enregistrement, c'est 10 ou 15 jours de studio maximum, en comptant les mix. Pour que ça reste rock'n'roll.
Mathieu: Et puis on a composé plus de morceaux qu'on avait besoin. L'idée du concept "Vieux démons", est venue progressivement. On aime bien quand ça a du sens. Eric vient d'une classe artistique, donc il est très pointu, et il est prof de dessin. Moi, c'est pareil, j'ai vécu longtemps avec une nana qui était dans sa classe quand on était ado. D'habiter sur Paris m'a permis de travailler dans des expos de peinture pendant un moment. Et puis je faisais du studio et des concerts. Puis après je suis retourné à Bourg en Bresse et on s'est re-rencontré. On a aussi cette vocation plus large que la musique, où on aime bien que ça aille plus loin, que de proposer de la musique. L'image, le texte, il y a une vraie cohérence. Le concept de "Vieux démons", c'est un peu ça.
L'idée d'un concept ou d'un non-concept pour "Vieux démons"?
Eric : C'est marrant parce que le concept, comme dit Mathieu, c'est qu'on peut interpréter le disque comme un concept-album, mais c'est pas un concept-album, avec une seule trame, comme un “The Wall” de Pink Floyd, ou "Opération: Mindcrime" de Queensryche
C'est pas un thème principal, et tu as des personnages que tu développes, c'est le thème des "Vieux démons" qui ressortent, notre amour pour cette musique-là, nos références aux anciens. On s'est aperçu finalement, quand on élaborait le disque, qu'il y avait un fil directeur qui était ce clin d'oeil qu'on a mis dans tous les morceaux. Clin d'oeil à plein de groupes de hard-rock. Quand on écoute le disque, on se dit : "Tiens, là on dirait Santana, là on dirait Jimi Hendrix, Deep Purple". Finalement, c'est un concept-album. C'est pour ça que je suis assez fier du titre de l'album.
Mathieu : On s'est prêté au jeu de faire du détournement de riffs des années soixante-dix ou quatre-vingt. On a eu une émission de radio où on m'a dit : "Mathieu, on dirait que tu as pompé allègrement!". Oui, c'est revendiqué!, mais c'est détourné, et l'objet, c'est de faire en sorte que les gens, quand ils écoutent, se disent : "Putain, ça me fais penser à quelque chose, mais j'arrive pas à trouver quoi!". Il y a un espèce de jeu, pour celui qui veut bien écouter l'album, pour repérer tous ces riffs, qui vont des années 65 (il y a des riffs de Cream), jusqu'aux riffs de Metallica ou de Sepultura. Il y a une palette très large. Les textes sont sur les tabous.
Eric : Au début, on voulait faire un concept-album sur les péchés capitaux, mais ça a déjà été fait. c'est vu et revu. finalement, ils sont sous-jacents, ces thèmes, mais ils ne sont pas revendiqués. J'allais pas faire un album : "Les 7 péchés capitaux". C'était too much. Mais ils y sont quand même, un petit peu planqués.
Mathieu : C'est un hommage à tout ce qui nous a construit.
Eric : Là aussi, on parlait du confinement. Ca nous a permis de nous replonger dans notre vinylothèque et cédéthèque, parce qu'on avait plus de temps. J'allais pas passer ma vie à regarder des séries. J'avais autre chose à faire. C'était une parenthèse enchantée. Tu étais chez toi, tu profitais de ta famille, tu avais d'autres choses à faire que certaines choses de ton quotidien. Instinctivement, je me suis replongé dans mes vieux disques, tous ceux qui nous ont forgé, et puis, inconsciemment, ça a poussé le disque, les compos dans cette direction là. Parce que pendant 2 mois, j'ai écouté que mes vieilleries.
Mathieu : Je me souviens plus bien, moi. J'ai du boire un peu trop. Rire
En tout cas, il ne se passe pas un jour sans qu'on s'envoie des trucs. On est très prolifique. On a beaucoup réfléchi à l'équilibre du disque. On a un morceau qui s'appelle "Le jardin des délices", qui est acoustique, et qui est un hommage à “Led Zep III”. Placer un morceau comme ca, au milieu d'un album qui est un peu appuyé, c'est délicat. Je pense qu'on est vraiment arrivé à faire une sorte de progression, de façon à ce que ça amène les choses. C'est rigolo, parce qu'il y a même un clin d'oeil qu'on nous a donné, et qu'on avait pas identifié sur “Je voulais te dire”, c'est un riff qui fait penser à “Touch too much” d'AC/DC, et on n'avait pas capté. Et quand on écoute, on dit que oui. Comme quoi, on est influencé de toute façon. On n'invente plus grand chose.
Avec l'arrivée de Mathieu Gilbert (guitare) et Alain Blanc (batteur), travaillez-vous différemment ?
Eric : Mathieu est arrivé dans Messaline fin 2017-début 2018, il a appris les morceaux que l'on jouait avant.
Mathieu : J'ai eu 3 semaines pour apprendre les morceaux avant de monter sur scène.
Eric : Le baptême du feu, c'était 3 semaines après, c'était la 1ère partie de Ange au Ninkasi Kao, la grosse salle de Lyon. Et le live est sur l'album "L'Autel des dépossédés". On a tout de suite voulu composer 2 titres, et on s'est dit qu'on allait en faire un vinyl. On avait fait 2 titres plus une reprise réarrangée d'un ancien morceau, et la face B, c'est le concert du Ninkasi avec Ange. Donc "L'Autel des dépossédés", qui est le 5éme album, est plus un disque de transition, un EP amélioré parce qu'en fait il n'y a que 2 compos du nouveau Messaline, une réinterprétation, et un live. On a eu pas mal de choses en 2018, on a eu Ange, Trust, on a fait des beaux concerts. En 2019, on s'est mis à fond dans la compo, et puis le COVID est arrivé de suite après. Mais on a eu cette manière de composer, ce ping-pong, c'était un échange. Mathieu m'envoie que des trucs à la guitare sèche, et il faut se mettre dans le truc. Tu chantes du hard, mais les trucs qu'il t'envoie, c'est pas du tout ça. Et tu te dis que tu dois en faire un truc... Mais les accords, c'est les accords. On a trouvé le bon rythme. On est boulimiques. On fait des choses sans arrêt. Il m'envoie ces trucs improvisés, parfois non structurés à la guitare sèche. J'arrive à voir les passages où je vais pouvoir faire une ligne de chant, on se rappelle. Cette partie tu peux la faire plus longue de façon à construire un couplet, plusieurs mesures, etc... Et on commence à imbriquer les trucs. C'est de la super bonne méthode.
Mathieu : L'avantage en guitare sèche, c'est que ce soit jouable dans plusieurs contextes différents. Je me mets à la place des gars, un riff doit être jouable en guitare sèche. C'est important, parce que c'est la base. Au final, on joue avec très peu de distorsion. On a privilégié le côté rock.
Comment la crise sanitaire a-t-telle impacté votre travail ?
Mathieu : On avait tout programmé, c'est tombé, et on a hésité à maintenir les enregistrements, et on l'a fait quand même.
Eric : Il y a eu 2 confinements en fait. Un confinement dur de mars à mai, où on était tous enfermés chacun de notre coté, mais ça a permis de nous ressourcer, et c'était pas un mal. Et après, il y a eu le 2ème confinement, en novembre, et c'est là que l'on a commencé à enregistrer, parce qu'on avait réservé les dates. Avec le studio, on s'est fait des accords pour y aller, même si c'était le confinement. Des papiers. Ce qui fait qu'on était confiné aussi, mais en studio.
Racontez-nous l'enregistrement de "Vieux démons"?
Eric : On a enregistré un petit peu à l'ancienne, dans le sens où c'est en studio, avec des temps d'enregistrement assez courts. On avait pris 4 jours pour la batterie, le temps de faire le son le 1er jour, 3 jours pour la basse
Mathieu : 3 jours pour les grattes électriques, 1 jour pour les guitares sèches, et puis 2 jours pour le chant. On est allé dans un autre studio pour les invités.
Eric : On a mis 2 jours pour le chant, et c'est bien parce que il y a 8 titres à chanter, 4 par jour. On a remarqué, que même si c'est pas en live-live en studio, il y a pas basse-batterie-guitare en même temps, c'est chacun après les autres. On voit bien qu'un disque, c'est 3 prises, quoi. On est tous resté là-dedans. La batterie, la guitare, moi au chant, l'objectif, c'est d'avoir le morceau en boite en 3 prises. Parce qu'après tu dois chier, tu n'as plus l'énergie. Quand tu es en concert, l'énergie, tu l'as, parce que tu es avec tes potes sur scène, tu as une interaction avec le public. En studio, il faut avoir cette énergie là, puis il faut être concentré. Tu dois faire un truc qui doit rester dans le temps. C'est une petite poussière d'éternité, ce truc. Il faut que ce soit “parfait”, mais il faut quand même l'énergie. C'est 2 choses à gérer, et on le chope avec le moins de prises possible. La 1ère pour t'échauffer, pour être dedans, et la 2ème tu gardes. Dans l'absolu, c'est comme ça. On parlait de DIO, l'autre jour, c'est une prise en studio. Je comprends son état d'esprit. Tu as répété le morceau avant, tu arrive en studio, le morceau tu le connais, et tu lâches le truc. Surtout, ce qu'on a fait, dans nos home-studio, on a élaboré nos maquettes, donc tout était déjà très bien défini.
Mathieu : Mais on a quand même tenu à faire 4 répéts à 4 en live, pour faire en sorte que ce qu'on avait élaboré en studio soit possible de jouer en live. Du coup, ça a eu une incidence sur quelques morceaux, notamment “Black Shaman”, où on a trouvé la partie d'Alain qui à l'origine n'y était pas.
Eric : On avait les maquettes, et en répét, à la fin du morceau, on ne savait pas si on allait shunter, ou pas. Alain est parti dans un truc de batterie, et ca fait vachement rituel, et puis “Black Shaman”, c'est ça, ça parle d'apocalypse, de la secte du Temple Solaire qui avait eu lieu en Suisse. C'est comme un rituel, comme du shamanisme, en fait. Et puis après, tu as les guitares qui tournent, à la Hendrix, comme des guitares en flamme. Mais en fait, sur ce truc-là, ils sont partis sur une impro en répét. Quand j'ai vu ça, j'ai filmé, et à la fin du morceau, je leur ai dit : " Les mecs, ça, on va le faire comme ça!".
Mathieu : Tous les morceaux sont jouables. Sur "Vieux démons", sur la partie centrale, j'ai mis 7 parties de guitare. Sur scène, je suis tout seul à la guitare. Mais il y a des histoires d'harmonie. Et l'objet c'était de dire est-ce que c'est jouable en live? Sinon, ça sert à rien. On les a joués, on a vu que c'était jouable, du coup, on a fait comme on devait faire.
En 2 ou 3 prises, vous gardez ce côté sincère et vrai. C'est l'essentiel.
Eric : C'est ça. J'avais lu, il y a pas longtemps, une interview de Ian Paice, le batteur de Purple. C'est pareil. On parle des plus grands musiciens de l'histoire du hard-rock ou du rock. C'est vrai que Purple, quand il font des albums avec le producteur Bob Ezrin, Ian Paice fait tout en 1 prise. Des fois il fait un re-re, une deuxième prise. A partir de la 3ème prise, j'ai l'impression de jouer dans un cover band.Il faut être bien préparé avant d'entrer en studio, pour garder cette énergie. Après tu ne te démarques pas des autres prods, qui sont ultra carrées, ultra lisses, mais assez froides.
Mathieu : Nous, il y a des petits pains. Moi, il y a des endroits où ça accroche un peu, mais c'est pas grave. Quand on écoute des vieux disques, il y en a des couacs. Un accord qui est moins appuyé, si il y a l'énergie, on s'en fout.
Eric : Tu écoutes certains albums de Led Zep, ça flotte.
Quelle évolution entre ce dernier album "Vieux démons" et les albums précédents?
Eric : Avant, on faisait un peu de heavy-metal, maintenant, on fait plus du hard-rock. Et c'est vrai que dans le hard-rock tu peux te permettre de faire le truc. Après, c'est vrai que dans les musiques plus extrêmes, le speed-metal, c'est hyper aseptisé, la batterie, finalement, elle ne sonne plus comme une batterie, elle sonne comme une boite à rythme, parce que c'est hyper compressé. Nous, on voulait que la batterie sonne comme une batterie. On voulait entendre les peaux. C'est ultra métal, mais dans la prod c'est ultra compressé, tellement fait au poil de cul, que finalement, on s'emmerde.
Mathieu : T'écoute le 1er couplet, tu écoute le 2ème couplet, tu as l'impression que c'est la même chose. Parce que souvent, il y a des copier-coller.
Eric : Nous, on a la chance de faire un style qui permet plus de faire d'instinct
Mathieu : une marge d'improvisation.
On remarque plusieurs invités sur cet album. Pouvez-vous nous en parler?
Eric : Il y a 2 sortes d'invités. Les locaux, et les nationaux. C'est pas péjoratif, mais il fallait bien les classer.
Mathieu : Les locaux, c'est tous les gens avec qui on a joué.
Eric : des copains des groupes, des amis. C'était cette période de confinement, on a loué 2 jours un autre studio, pour faire les prises de chœur, de claviers, d'orgue Hammond et tout ça, tout le monde est venu sur les 2 jours. C'était super parce que c'était une petite famille. Les locaux, ils se sont tous rencontrés. On a loué le studio du vendredi soir au dimanche. Les mecs, ils venaient tous. Tu as Diesel Dust, qui font du rock sudiste, le gratteux est arrivé, l'harmoniciste aussi, les copines qui faisaient les voix étaient encore là. Après, il y a le pote qui avait l'orgue Hammond, qui avait fait ses prises le vendredi soir, mais qui a trouvé ça super, et est revenu le lendemain bouffer et picoler. On s'est retrouvé à 19. C'était en janvier 2021. Il y avait encore 3 semaines de confinement. Tous ces musiciens, il y en a qui font 1 ou 2 dates par semaine, ça faisait 1 an sans jouer. Le clavier, Vicius, il est intermittent, il fait que ça, ça faisait un an et demi qu'il avait pas joué. Il a ressenti, comme tous, cette chaleur humaine, avec les potes. Ca, c'était les invités locaux.
Alors les invités nationaux, j'avais ça en tête depuis un moment, d'inviter des pointures, ceux que je considère comme des pointures, mais je voulais pas inviter des gens pour les inviter. J'envoie un mail à je-ne-sais-pas quel musicien anglais, si tu tournes bien le truc, il va te dire oui, tu vas lui faire un virement de 600$ ou je sais pas combien. Ca m'intéresse pas. A part le fait de mettre sur l'autocollant j'ai Steven Wilson de Pocupine Tree. Je dis ça parce qu'on a joué un truc avec eux. C'est un mec super. faut que je trouve un autre exemple. Mais en même temps, tu payes le mec, juste pour le rajouter sur l'autocollant, c'est pas la peine. Je voulais des gens que je connaissais, et avec qui on avait déjà joué. Avec Renaud Hanston, on avait fait plusieurs 1ères parties, pour Satan Jokers, puis c'est un ami, donc ça tombait sous le sens. Francis Décamps, le 1er clavier de Ange, on avait aussi joué avec lui, Tristan Décamps, le clavier actuel de Ange et chanteur, ça tombait sous le sens. Pierre-Yves Theurillat, le chanteur du groupe suisse Galaad. Jo Amore aussi de Kingcrown.
Donc en fait, ces personnes-là, on a toujours eu des affinités. Il nous ont répondu très vite. J'ai envoyé un mail “collectif”. 48 heures après, j'avais la réponse positive de tout le monde. Et puis, il y en a qui ont travaillé très vite, j'ai trouvé ça super. Donc, c'était vraiment sympa. On a voulu les mettre sur 1 seul titre. Autrement, ça fait un peu à droite-à gauche. On termine l'album par un titre qui s'appelle “Orion Stargazer”. Comme il y a des couplets qui sont un peu répétitifs, ça va nous servir pour casser la monotonie du morceau, d'avoir des timbres de voix différents. Après j'ai dispatché. J'ai fait une voix témoin, je leur ai envoyé, chacun a mis sa patte. 1ere partie du couplet, c'est Renaud Hantson, 2eme partie du couplet, c'est Tristan Décamps, etc... Après ils m'ont envoyé les pistes, et on s'est amusés à tout arranger. En plus, ce qui est bien, c'est qu'ils ont vachement improvisé sur le pont central, des délires de chant, des vocalises, ce qui fait qu'on avait plein de plans. On a tout entremêlé, ce qui fait que à un moment on a l'impression qu'ils y étaient tous au même moment dans le studio. On n'a pas ce coté prise d'un mec qui vient comme ça par hasard. C'est cohérent. Donc, les invités, c'est des vrais amis. Je trouve que c'est important.
Vous avez fait les premières parties de groupes prestigieux. Avez-vous quelques anecdotes à nous raconter ?
Mathieu : Quelque chose qui m'a fait vachement plaisir, à titre personnel, c'est Christian Décamps, que j'ai eu l'opportunité de rencontrer. Chez moi, Ange, c'est différent, c'est une partie de mon enfance. Mon parrain, qui était dans l'art, la peinture écoutait beaucoup Ange. J'écoutais "Au-delà du délire" quand j'avais 13-14 ans, et puis après, j'ai fait mon chemin musical. Et c'est depuis que j'ai rencontré Chat (eric) que je me réintéresse à ça. Je me suis souvenu de plein de choses, et surtout j'ai eu l'opportunité de rencontrer plusieurs fois Christian.
Eric : On a fait 3 fois la première partie de Ange.
Mathieu : En fait, le 1er coup, il est resté sur le côté de la scène, il a regardé tout le concert. La 2ème fois qu'on s'est vu, il m'a pris dans ses bras et il m'a dit : "Putain, alors toi, t'as un son de guitare, ça fait des années que j'attendais ça. Ca m'a rappelé Brezovar, le vox, la SG direct dedans putain, c'est ça le rock'n'roll. Ca m'a fait vachement plaisir en fait. Du coup, ça m'a touché. C'est une anecdote plutôt positive.
Eric : Après on est étonné, parce que des fois on fait des premières parties. Je vais te donner 2 anecdotes, Mathieu n'était pas encore dans le groupe. La 1ère, c'était Porcupine Tree, avec mon précédent groupe qui s'appelait Absurd. Dans le premier Messaline, il y avait les 3/4 des musiciens d'Absurd. On avait fait la 1ere partie de Porcupine Tree, en 2003. Ils venaient de sortir un super album qui s“appelait ”In Absentia". Dans Absurd, on était déguisés un peu. Sur scène, j'avais un kilt. Et en fait, il vient nous voir pour les balances. On fait notre première partie, je suis en kilt. Il vient me voir, et il me charrie, en anglais. Il me dit : "Mais t'as piqué le kilt à Fish!". Fish il fait 2 mètres et moi qui frole les 1.70 mètres. C'était très très sympa. Et puis sur la 2ème partie de la tournée, on avait fait des photos, argentiques, car on n'avait pas les portables, il repasse sur Lyon, mais 8 mois après. Et je retourne le voir, cette fois dans le public. Comme on avait fait la 1ère partie 8 mois avant, je peux le revoir en backstage, et je lui amène la photo. En fait sur ce 1er concert, j'avais invité Christian Décamps, parce que je savais qu'il était fan de Porcupine Tree et Steven Wilson a tous les albums de Ange. Ils avaient pu se rencontrer et j'avais fait une photo. J'étais super content, j'avais Steven Wilson d'un côté, et Christian Décamps de l'autre. Huit mois âpres sur la tournée, ils repassent à Lyon, je me fais inviter pour boire un coup avec lui, et je lui montre la photo qui a été prise à l'époque, et je lui demande de me la signer. Il voit la photo, il me dit :"Génial, génial!". Il la prend. Et j'ai pas eu le réflexe. Je lui ai dit qu'elle était pour moi, pour qu'il la signe. Je l'ai senti super frustré.
Mathieu : Il a été content d'avoir une photo avec le chanteur de Messaline. rire
Eric : J'ai bien senti sa frustration, parce que Christian, il l'aime beaucoup, et avec le recul, j'aurais pu lui laisser la photo. Je ne savais plu si j'avais le négatif. Sans le faire exprès, j'ai frustré Steven Wilson.
Sinon, une anecdote aussi, en première partie de Freedom Call, un groupe allemand de speed-metal, on joue à Lyon avec eux. J'avais trouvé ça super sympa. Une fois qu'ils étaient sur scène, entre les morceaux, le chanteur-guitariste nous avait remercié en nous citant, le nom du groupe. Pour avoir fait la première partie, il nous avait dédié un morceau. Je trouve que c'est grand seigneur. Le lendemain, ils jouaient à Paris. Sur leur Facebook, tous les jours tu mets ce qui c'est passé la veille. "Amis Parisiens, c'était super à Lyon, bonne ambiance à Lyon, avec Messaline qui avait bien ouvert le truc." Et tu te dis que ça, c'est des belles anecdotes. Quand tu rencontres des musiciens et qu'il y a des choses qui se passent, tu discutes avec eux. Et c'est souvent des groupes qui n'ont rien à prouver. C'est des groupes qui sont au-dessus de toi. Comme par hasard, ces anecdotes, c'est avec un anglais, puis un allemand. Des fois, ce que je reproche ( c'est le petit pic, 2 secondes) à certains groupe français, c'est que il y en a encore qui sont dans la comparaison, alors qu'il y a rien à comparer. On est tous dans la même galère. C'est pas toujours rose, ce petit microcosme. L'entente pourrait être encore plus cordiale, plus honnête.
Mathieu : Ce qui est très compliqué, quand on a joué avec Trust, j'aurais aimé pouvoir les rencontrer, mais ça n'a pas été possible. Rien qu'au moment où tout le monde est descendu de scène, il y a eu une horde, qui a envahi les loges, et une distance de 10 mètres. C'est la rançon. Plus tu montes dans les strates, plus les gens deviennent inaccessibles. Je ne pense pas que ce soit parce qu'ils ont envie d'être inaccessibles, c'est qu'il y a un entourage, et l'entourage fait que c'est compliqué.
Eric : Dans l'ensemble, c'est toujours sympa de partager l'affiche.
Quels sont les groupes qui vous ont donné l'envie de faire de la musique ?
Mathieu : Mes racines, j'ai un père qui est batteur de big band. Il est plus dans le jazz. Il écoutait beaucoup Eddie Cochran, Gene Vincent, Les Chaussettes Noires, j'ai un peu été élevé à ça. Ce qui m'a vraiment décidé, c'est que j'ai commencé la guitare à 10 ans, et mon premier groupe avec les potos, Kiss, AC/DC, Van Halen, Les Ramones, Motorhead. Moi, c'est ce qui m'a poussé. Après, quand on avance, il y a plein d'autre choses. Aujourd'hui, je suis un gros fan de Frank Zappa. Mais j'aime un peu ce qui est hors-norme, mais pas forcément que le hard rock. Mais ma base, c'est ça. Kiss, AC/DC, Van Halen, Les Ramones et Motorhead.
Eric : Moi, c'est Deep Purple. J'ai découvert sur le tard. J'ai découvert juste après la reformation. J'ai découvert en 86. J'ai commencé à écouter du hard à 15 ans. Et j'ai découvert ce vieux groupe pour l'époque. Alors, c'est marrant, parce que maintenant, on ne peut plus dire vieux, on dit ancestral. En 86, je découvre ce vieux groupe qui avait sorti des trucs de fou. En 1970, "In Rock, “Made in Japan”, c'était le début au lycée, un pote m'amène une cassette. Il m'a dit : "tiens! écoute, c'est du hard. Le mec il chante comme la guitare!". Je me suis dit, c'est ça le hard-rock. Je suis parti à fond dans tout Deep Purple. Et j'ai vu qu'ils s'étaient reformés pour “Perfect Strangers”. Ce qui m'a fondé, en 1986, c'est que je suis allé directement aux racines. Tout de suite, ça a été Black Sabbath, Led Zeppelin et Deep Purple. Et puis après, j'ai pris le train en marche, en écoutant ce qui se faisait à l'époque. Le déclic, c'est Deep Purple, et le déclic Français, c'est Ange. Alors, c'est rigolo Ange, parce que la première fois que j'ai écouté, qu'est ce que c'est que ça! Voila, c'est mes deux groupes.
Un dernier mot... Quelque chose à rajouter ?
Eric : Juste 2 secondes, c'est que c'est un disque qui a été fait un peu à l'ancienne, et je pense qu'il faut l'écouter à l'ancienne. C'est à dire qu'il faut l'écouter dans sa continuité, prendre 45 minutes de son temps, pour l'écouter. Je pense qu'on peut pas faire comme les jeunes, le mettre dans son Ipod, et écouter le morceau 4 avant le morceau 1. Les morceaux sont bien quand même, mais, il est quand même structuré, ce disque. Le coté d'un seul bloc, ça amène quelque chose. Et puis, l'écouter à l'ancienne, comme ce n'est pas trop formaté, ça permet de rentrer dedans, en laissant la chanson tourner. Je pense qu'il faut l'écouter plusieurs fois. Comme certains disques qu'on écoutait, on se disait : "c'est pas mal, mais... ". Mais comme on achetait qu'un seul disque par mois, ben, ce putain de disque, on était obligé de l'écouter 10 fois dans le mois, et après tu te dis que c'est vachement bien.
Voila! prenez un peu de temps pour rentrer dedans, vous ne serez pas déçus.
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