Pour commencer cette interview pouvez-vous nous raconter la création et la rencontre des membres du groupe ?
Laurent Galichon: En 2009 j’ai fait écouter quelques compos que j’avais enregistré tout seul à un pote musicien qui trouvait ça vachement bien et qui m’a encouragé à monter un groupe pour les jouer. J’ai fait appel à des musiciens que j’avais rencontré sur les scènes blues et rock de ma région et avec qui j’avais noué des liens d’amitiés.
D'où vient le nom du groupe et quelle est sa signification ?
Laurent Galichon: Le nom fait référence à la Nouvelle Orléans. Cette ville a connu un brassage culturel forcé et intense pendant plusieurs siècles. Et entre autres choses cela a donné naissance à une musique qui y a grandi puis qui est sorti de la Louisiane pour se propager doucement, d’abord aux USA puis dans le monde entier. Aujourd’hui quel que soit le style de musique qu’on joue il y a toujours une part plus ou moins grande qui vient du blues. Le rock est né comme ça. Le blues se marie et se mélange avec tout. Comme les red beans dans la cuisine de la Nouvelle Orléans. Et le piment c’est ce que chacun y apporte pour relever le tout et créer sa propre recette.
Vous rappelez vous de votre 1er concert ? Où était-il, comment s’est-il passé ?
Laurent Galichon: Oui tout à fait c’était à Montpellier à l’Antirouille au printemps 2010. Je me rappelle que les retours étaient très bons, très encourageants et que ça nous a poussé à continuer.
Vous êtes des bêtes de travail avec une belle énergie sur scène et vos albums studio reflètent cette énergie. Parlez-nous de cette force de travail acharnée qui vous définit ?
Laurent Galichon: Je ne sais pas si on est des bêtes de travail mais en tout cas on fait tout ce qu’il faut pour avancer. Les premières années étaient difficiles, aucun label, aucun distributeur ou éditeur ne nous faisait confiance, alors on a monté notre propre label, on a appris toutes les facettes du métier et comme les portes étaient fermées on est passé par les fenêtres (rire). Aujourd’hui le public est de plus en plus nombreux à nos concerts, on joue dans plusieurs pays et on sait qu’on ne le doit qu’à notre travail et surtout au public qui nous soutien à chaque fois qu’on a besoin de lui. Ça se passe entre eux et nous sans d’intermédiaire. Ça nous donne beaucoup de force, un peu comme sur scène en fait. Le public ne se rend pas toujours compte de l‘énergie incroyable qu’il peut donner aux artistes sur les planches. C’est parfois enivrant. On fait tout ça pour eux et pour se retrouver face à eux, sur scène, où on se sent le plus vivant.
Quelle évolution entre ce dernier album "7" et les albums précédents ?
Laurent Galichon: Notre musique du groupe est devenue de plus en plus « rock » au fil des albums. Finalement c’est assez logique. On essaye de ne pas trop se répéter, d’évoluer, et au final on suit la même évolution que la musique qui nous inspire. Après le blues, le blues rock puis le classic rock des 70’s, etc. Et puis techniquement la production des albums est en constante évolution. Niko Sarran, le batteur du groupe, qui gère ça y met tout son cœur et place la barre plus haut à chaque nouvel album.
Comment créez-vous vos compositions ?
Laurent Galichon: En général je fais des maquettes tout seul en enregistrant guitare batterie et basse. Puis j’envoi les pistes à Niko pour qu’il enregistre sa partie de batterie et à partir de là commence un ping pong à distance grâce au net. Parfois j’écris la mélodie et l’enregistre à la guitare ou avec ma noix, parfois c’est en travaillant avec Jessyka que les mélodies viennent. Et puis quand on est satisfait on met tout ça au propre.
Racontez-nous l'enregistrement et la création de "7" ?
Laurent Galichon: J’ai mis beaucoup de temps à me remettre à travailler
les compos, avec la pandémie j’avais un peu perdu l’envie. Mais j’ai continué à
planifier l’agenda du groupe et l’album devait être prêt à partir au pressage à
la mi-juin alors en janviers je m’y suis mis, ce fut une période de travail
très intense car les maquettes ont été bouclées en 2 mois seulement. J’avais
heureusement enregistré beaucoup d’idées de riffs, de mélodies sur mes disques
durs. Puis en mars/avril tout le monde a enregistré ses parties et mai a été
consacré au mix.
L'enregistrement s'est fait entre Montpellier et le studios Rockfield au Pays de Galles pourquoi ce choix ?
Laurent Galichon: On voulait éviter de faire un 4ème album d’affilé avec exactement le même processus de travail. Et on a découvert ce studio légendaire grâce au rockumentaire « Rockfield : le rock est dans le pré ». Aller là-bas nous offrait carrément un voyage dans le temps avec son matériel vintage et notamment sa table Neve de 1974. Et cerise sur le gâteau son histoire nous fascinait. C’était incroyable pour nous d’imaginer aller dans un studio qui avait vu passer Queen, Oasis, Black Sabbath ou encore Robert Plant. Evidement c’était financièrement impossible d’envisager d’y faire tout l’album. Mais nous en avons tiré parti en décidant que les titres enregistrés là-bas serait vraiment différents des autres. Au lieu d’essayer de gommer les différences entre les 2 studios pour qu’on ne voit pas les différences nous avons décidé de vivre pleinement ce voyage dans le temps en enregistrant dans les mêmes conditions que dans les 70’s c’est-à-dire en jouant en situation de live ou presque en opposition avec notre travail à distance dans nos home-studios en France. Le mix respecte également la patine vintage du Rockfield Studio. On a poussé le truc jusqu’à mettre 2 cds dans le digipack pour bien différencier les Rockfield sessions du reste et bien mettre en évidence le contraste entre les 2 parties.
La reprise du titre de Led Zeppelin "Rock N Roll" était elle parmi une liste de reprises ou une évidence ?
Laurent Galichon: On voulait profiter pleinement de l’environnement de ce studio en pleine campagne galloise, de son isolement pour se concentrer sur la musique mais aussi du cadre enchanteur de cette campagne qui a peut-être inspiré Tolkien pour créer la Comté de la terre du milieu. Led Zep avait effectué une retraite dans une ferme au Pays de Galles pour travailler sur l’album III ce qui leur avait inspiré son coté très « acoustique ». J’avais ça en tête avant d’y aller. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’il y a un titre très acoustique avec une guitare électrique en mode « lapsteel » enregistré là-bas. Dès le début avait décidé d’y faire également une reprise mais sans la choisir. Et entre la fameuse grange située à moins d’une heure de route, la tombe de John Bonham également assez proche, les photos de Robert Plant qui a enregistré au Rockfield, on voyait Led Zep apparaitre à tous les coins du projet. Ça nous a forcément influencé pour choisir un de leur titre. On avait déjà travaillé ce titre quelques mois auparavant. On avait essayé de le tordre pour ne pas proposer la même version qu’eux ce qui n’aurait pas beaucoup de sens et c’est comme ça qu’est venu cette version très lourde et grasse. Led Zep avait fait ce titre pour rendre hommage au rockeur de la fin des 50’s, d’ailleurs la célèbre intro de batterie de John Bonham est très largement inspirée d’une intro d’un titre de Little Richard, alors on a essayé de remonter aux racines du Rock’n Roll et d’en faire une version blues même si à la fin on n’a pas pu s’empêcher de faire un clin d’œil à l’original.
Vous avez joué avec des groupes prestigieux tels que les Animals, Ben Poole, Dr Feelgood, Jesus Volt, Johnny Gallagher, Manu Lanvin, Earth Wind & Fire Feat Al McKay, Henrik Freischlader, JC Brooks, Martha High, Nina Attal, Roy Hardgrove, Sari Schoor, The Black Cadillacs, The Excitements... Comment se sont passées ces rencontres, avez-vous quelques anecdotes à nous raconter ?
Laurent Galichon: Ça se passe toujours très bien, parfois on reste en contact et on noue des liens d’amitiés. Je me rappelle d’une anecdote en juillet 2014, on devait jouer pour l’after du festival Jazz à Sète dans une paillotte sur la plage où les artistes venaient finir la soirée et jammer jusqu’au bout de la nuit. Ce soir là nous avons jammé avec Roy Hardgrove sous les yeux de Sylvain Luc et des frères Belmondo mais mon souvenir le plus marquant se passe l’après midi pendant les balances. Il y avait des gens sur la plage et un gars qui prenait le soleil sur un transat s’est levé pour venir nous écouter tranquillement. C’était Stewart Copeland le célèbre batteur de The Police planté là à quelques mètres de moi, c’était aussi fun qu’inattendu !!
Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?
Laurent Galichon: Il y en a plein et surtout cela varie selon les membres du groupe, on pourrait citer Led Zep, Deep Purple, ZZ Top, The beatles, AC/DC, Mickael Jackson, Stevie Wonder et moi personnellement c’est Jimi Hendrix.
Y a t'il un artiste ou un groupe avec lequel vous rêvez de jouer ?
Laurent Galichon: Il y en aurait des tas mais le seul pour qui j’aurai pu traverser la planète c’est Jimi Hendrix.
Pour finir, si vous ne deviez conserver que 3 choses : un disque, un film, et un 3ème choix ? Votre sélection ?
Laurent Galichon: L’album « Electric Ladyland », le film « Forrest gump », le live « The song Remain the Same »
Quelque chose à rajouter ?
Laurent Galichon: Allez voir les artistes en live, on s’amuse bien, on se fait des potes et il y a de la bière, what else ?
EN CONCERT A PARIS AU ZEBRE DE BELLEVILLE
LE 1 DECEMBRE 2022
24 Octobre 2022 Thierry Cattier.
Photos : Th. Cattier / Shooting Idols