jeudi 1 décembre 2022

RED MOURNING // INTERVIEW // Flowers & Feathers 11 Octobre 2022.



RED MOURNING un nom qui évoque la couleur du deuil des esclaves du Mississippi les champs de coton, la chaleur moite, la sueur et la souffrance du peuple noir harassé par des journées de travail épuisante avec comme seul échappatoire la musique. Un univers qui a un lien direct avec le Metal fortement influencé par PANTERA et DOWN et pratiqué par RED MOURNING ce combo Parisiens hors norme. Si l’on doit reconnaitre une qualité à ce quatuor c’est bien l’originalité et une volonté farouche d’innover en permanence, les bougres ont réussi à se démarquer du lot en pratiquant un Hardcore teinté de Blues rehaussé par des parties d’Harmonica qui leur donne une spécificité unique. Depuis ses débuts en 2003 le gang ne faiblit pas et à enchainé les opus et les Ep à un rythme effréné , le dernier en date étant Unchained un Ep acoustique fort réussi qui nous a montré une autre facette du combo. Les voilà de retour avec un cinquième méfait Flowers & Feathers qui montre toute l’étendue du talent de nos lascars en continuant dans leur délire musical , l’innovation étant un étendard qu’ils brandissent haut et fort. Flowers & Feathers nous propose un style oscillant entre des parties Jazzy, blues, Stoner, de Prog et d’errements Death Metal un véritable patchwork musical qui surprend par son originalité qui nous emporte vers de nouveaux horizons musicaux tout en restant fidèle à leur racines Blues et Hardcore. Une fois de plus nos amis on fait appel à Francis Caste (ZUUL FX, THE ARRS, STICKY BOYS) qui au fil du temps à su leur façonner un son idéal à la fois chaud et organique ou la slide guitare allié à l’harmonica et le Banjo se taille la part du lion. Le combo nous entrainant une fois de plus dans un univers sombre et torturé ou l’espoir semble avoir disparu. C’est au studio Sainte Marthe à Paris qu’ils se sont enfermés une fois de plus pour nous concocter Flowers & Feathers avec comme unique devise on ne change pas une équipe qui gagne est devenu leur devise. C’est avec Jean Christophe Hoogardoorn le chanteur hurleur patenté de la formation que nous avons pu échanger afin d’en savoir un peu plus sur le parcours atypique des RED MOURNING à qui tout semble sourire depuis quelques temps. Rencontre avec un chanteur sympathique heureux de nous présenter sa nouvelle pépite qui au vu de ses qualités devrait conquérir de nombreux émules. Magnéto Hoog c’est à toi !



Le 17 juin vous avez joué sur la Hell Stage du Hellfest, c’est votre seconde participation au festival quel souvenir gardes-tu de cette prestation ?

Jean Christophe Hoogardoorn. Pour un groupe de Metal le Hellfest c’est juste unique, c’était fantastique. C’est une expérience qu’on n’oublie jamais. Ces deux passages au Hellfest je m’en souviendrais toute ma vie. On a eu un bon créneau, la Main Stage est bien placée, il y a plein de monde. C’était vraiment génial de partager ça avec plein de potes qui étaient présent au sein du public. Il y avait beaucoup de monde que l’on ne connaissait pas du tout, c’était génial. Mais je suis obligé d’évoquer la chaleur, la canicule, il faisait 35 degrés à l’ombre, sur scène 45, j’ai mis quelques temps à m’en remettre. Rires. Mais ça en valait la peine vraiment c’est une expérience unique.

Vous avez participé récemment au Festival de Mennecy le Metal Fest le samedi 17 septembre comment as-tu vécu ce retour sur scène ?

Jean Christophe Hoogardoorn.  Oui, on a aussi fait le Metal camp au mois de mai, on a fait le plein de Festival cet été, c’était vraiment fun. C’était aussi un plaisir de pouvoir remonter sur scène après ces années de Covid qui étaient compliqués.

C’était votre premier retour sur scène ?

Jean Christophe Hoogardoorn. Oui comme la plupart des formations pendant deux ans et demi on n’a pas joué du tout. C’était bloqué partout à cause de la pandémie, ce que je comprends tout à fait mais c’est vrai que dans la vie d’un musicien en toute humilité parce que le Covid c’était pour tout le monde, tu vois les années passer et tu as envie de partager ta musique, de créer et ce n’était pas possible.

Vous revenez en 2022 avec un nouvel opus Flowers & Feathers votre cinquième, je suppose qu’au vu des conditions sanitaires vous avez dû vous adapter que ce soit pour l’écriture ou l’enregistrement !

Jean Christophe Hoogardoorn. Oui, on compose en continue, sans arrêt. Mais c’est certain que ça a ralenti le processus mais ça ne nous a pas empêché de continuer à avancer en tant que combo. En plus on a la chance d’exister et de se connaitre depuis longtemps maintenant, on peut travailler ensemble en se voyant un petit peu moins fréquemment. Après l’impact il a été important au niveau personnel. Cette période du confinement a été une expérience très étrange pour tout le monde, un impact sur la santé mentale des gens aussi. Ceux qui avaient des problèmes personnels à affronter se sont retrouvé un peu seul pour les affronter. C’était aussi une ambiance assez surréaliste et anxiogène qu’on a traversé comme tout le monde. Je pense que l’on est pas du tout unique dans ce cadre-là évidemment. Ça nous a affecté aussi et tu le retrouve dans l’album.

Est-ce que cette ambiance anxiogène a exercé une influence sur les textes ?


Jean Christophe Hoogardoorn.
Bien sûr parce que tu te poses des questions sur toi-même, sur la vie sur finalement le groupe, sur son devenir, des questions un peu fondamentales dans la vie. On se rend compte que n’importe qui peut disparaitre comme ça du jour au lendemain. C’est une chose que l’on pouvait déjà avoir à l’esprit mais qui est devenu très concrète très omniprésente dans cette période. C’est clair que dans l’ambiance et le vécu des uns et des autres tu le ressens. D’autant plus que tu fais cet album comme si c’était le dernier.

Alexandre Bourret votre guitariste est arrivé en 2017 mais n’avait pas pu participer au précédent opus Under Punishement's Tree que vous a-t-il apporté sur Flowers & Feathers en termes d’écriture et d’enregistrement ?

Jean Christophe Hoogardoorn. En fait c’est vraiment le premier album que l’on fait avec lui. Ça fait à peu près cinq ans qu’il est au sein de la formation, il fait partie de Red Mourning. Il est intégré dans notre univers. Il a apporté une énergie toute particulière. Il est un peu plus jeune que nous, il a aussi la pêche de son âge. Il a son style, sa signature musicale propre. Il a fait pas mal de Thrash qui ressort un peu dans son jeu. Il chante bien aussi. Il était chanteur par ailleurs. Ce sont des atouts supplémentaires qui sont cool. Ça fait aussi avancer la formation et nous fait progresser vers de nouvelles choses. Des nouvelles personnes amènent forcément leurs envies, leurs capacités, leurs influences, leurs culture musicales. C’est un gars super stylé musicalement et dons ça nous fait évoluer vers de nouvelles choses, de nouvelles sonorités, expériences et ça c’est quelque chose qui nous tient à cœur. On a envie de continuer à avancer, de ne pas faire deux fois la même chose, le même album, de continuer à innover, d’expérimenter et ça Alex y contribue forcément.

Selon toi qu’apporte musicalement de plus Flowers & Feathers comparé au précédent ?


Jean Christophe Hoogardoorn.  En termes de thématique, on est toujours sur des choses assez sombres, c’est aussi une façon pour nous de digérer un peu ces ressentis négatifs que l’on peut avoir un peu dans notre vie. On est toujours dans cette lancée. Après en plus des influences que l’on peut amener, le fait d'avoir changé de line up a fait que d'autres membres du groupe ont composé. C’était beaucoup notre ancien guitariste qui composait auparavant, là on a des nouveaux compositeurs en quelque sorte et cela se ressent dans le type de Metal qu’on peut faire, un peu plus expérimental, progressif avec des types de chants un peu différents. On A aussi poussé des délires plus loin avec des instruments atypiques comme l’harmonica, la guitare. On a aussi apporté de nouveaux instruments comme le banjo, des percussions Japonaises métalliques. On va chercher des choses comme ça complètement novatrices. On développe aussi de plus en plus notre côté acoustique. Tout ça fait un album vraiment original en tant que tel mais aussi par rapport à notre musique. On ne se repose pas sur une formule. On pourrait faire toujours la même chose, un truc un peu Groovy, Bluesy avec des harmonies vocales. Mais nous on cherche vraiment à évoluer, à faire des harmonies vocales moins évidentes. On va chercher des arrangements un peu surprenants et parfois un peu dérangeant mais qui sont intéressants et qui continue à nous faire avancer. On est intéressé par l’expérimentation, l’évolution, voir comment on peut exprimer d’une autre manière finalement ce que l’on entend.

Vous avez une nouvelle fois travaillé avec Francis Caste qu’attendiez-vous de lui cette fois ci, un formule confort ou vous êtes-vous fixé de nouveaux objectifs avec son aide ?

Jean Christophe Hoogardoorn. Un peu des deux, c’est une bonne question. Il y a le fait que l’on se connait très bien à la fois en termes de capacité musicale, technique au niveau de l’énergie de travail et aussi humainement. En même temps on est dans la même démarche, il cherche lui aussi à essayer de nouvelles choses, à tester de nouveaux amplis, des nouvelles combinaisons de son, des nouvelles manières d'enregistrer la batterie. Il nous pousse aussi à expérimenter. C’est quelqu’un avec qui on s’entend très bien, que l’on connait très bien maintenant. On répète même dans son studio donc on est vraiment proche régulièrement. C’est quelqu’un qui cherche vraiment à ce que l’on ne fasse pas dû sur place, qu’on invente que l’on teste de nouvelles choses. Et lui-même à cette envie en permanence de tester des nouveaux effets, une nouvelle manière de jouer simplement. Il nous pousse, il n’est pas tendre avec nous mais c’est ce qu’on recherche, on sait que lorsque l'on va enregistrer avec lui, on a la possibilité d’avoir quelqu'un qui nous pousse. C’est comme un entraineur qui va dire, aller ça vous savez faire mais qu’est-ce que vous savez faire d’autre ? Qu’est-ce qu’on va innover cette fois ci.

Vocalement comment as-tu abordé l’enregistrement de cet opus, t’es-tu fixé de nouveaux défi ?

Jean Christophe Hoogardoorn. Oui, c'est comme ça à chaque fois, c'est difficile sur chaque opus. Physiquement déjà, tu passes 5 ou 6 semaines à chanter, hurler et tu as une ligne au niveau des paroles qui sont un concentré d'émotions. Les choses que tu cherches à digérer d'une manière ou d'une autre. Tu es enfermé dans ta cabine avec ton micro et tes textes. Tu deviens forcément un peu fou, c'est comme cela que je le vis, c'est comme ça a chaque fois pour chaque album c'est la même aventure. Ce qui est intéressant aussi c'est que je ne suis pas seul à chanter. On chante tous dans le groupe que ce soit sur scène ou en studio. Un des challenges qui revient et qui était vraiment clair, c'était de combiner nos voix, essayer de trouver de nouvelles manières de chanter ensemble, des nouvelles harmonies. Il y a la mélodie mais aussi le timbre de voix et expérimenter des façons de chanter, des nouveaux micros, ce genre de choses. Oui chaque enregistrement en studio est un défi et lorsque l'on arrive au bout, on est content. Quand on entend le résultat on est heureux d'avoir pu rendre vivante nos idées.

Vous avez sorti trois singles "Flowers & Feathers","225" et "The Coming Wind" qui est un morceau différent par rapport aux autres chansons que l'on trouve sur cet opus !

Jean Christophe Hoogardoorn. C'est Aurélien notre batteur qui l'a composé principalement, c'est un titre assez original. Ça fait partie de ces choses qu'on essaye de faire, de continuer à évoluer et surprendre, à expérimenter. C'est aussi pour qu'on a voulu le mettre en avant pour être clair avec nous-même et avec les gens qui nous écoutent, sur le fait qu'on continue à chercher de nouvelles idées et qu’on n’essaye pas juste d'enrober comme peuvent le faire certains groupes.

C’est un thème qui te passionne j’ai l’impression !

Jean Christophe Hoogardoorn. C’est émouvant parce que parce qu’il y a tant d’autres chansons comme « Aeon's Crest » qui traite un peu de la même thématique. Il y a des choses dans lesquelles les gens s’investissent corps et âmes et parfois des peuples entiers et après tu te demandes pourquoi ils ont fait cela, ça n’a plus aucun sens. Les choses non seulement disparaissent mais en plus se vide de leur sens avec le temps qui passe. C’est émouvant, ça forme à être humble quand on se regarde soi-même et que l’on réfléchit à sa vie. Qu’est-ce qu’on fait, pourquoi on se donne tant de mal à faire tel ou tel chose. Ce sont des symboles en fait, des images mais avec un vrai sens derrière qui fait réfléchir.

"The Coming Wind" est accompagné d'un superbe clip vidéo réalisé par Angel Fonseca.

Jean Christophe Hoogardoorn. Oui c’est pour cela que l’on a mis ce titre en premier sur l’album. On trouvait que c’était une bonne entrée en matière. On voulait aussi être clair aussi avec nous même, avec les gens qui vont écouter notre musique. On a encore pas mal de cordes à notre arc qui vont s’activer et que l’on cherche à continuer à explorer. Du coup on s’est dit qu’un clip c’est une bonne façon aussi de créer un moyen d’expression artistique qu’on explore aussi de plus en plus. C’est pour cela que on a opté pour trois clips, deux sont sortis et il y en a un qui sortira d’ici un mois.

Flowers & Feathers (Ndr : Des Fleurs et des Plumes) ça fait m’a aussi fait pensé à la célèbre phrase « Des plumes et du goudron » ! Rires.

Jean Christophe Hoogardoorn.  Rires. C’est le titre d’un des morceaux de l’album. C’est souvent comme ça que l’on procède. On a un titre qui sonne bien, qui résume bien un peu l’état d’esprit de l’opus alors c’est celui que l’on utilise pour le titre de l’album. Le morceau trouve en lui-même son inspiration dans un alphabet. Sans rentrer trop dans les détails, il y a dans le monde des cultures qui ont leur propre alphabet, leur langage mais qui son amené à disparaitre avec l’évolution du monde et qui sont pourtant de belles civilisations qui évoquent plein de choses mais qui seront oublié dans 100 ans. C’est une idée qui nous touche et qui fait réfléchir sur soi-même, sur la vie, l’importance que l’on peut donner à ces choses-là. Mais Flowers & Fevers aurait pu être du goudron et des plumes ! Rires.

Le titre du single « 225 » qui vient de sortir en lyrics vidéo est très mystérieux c’est un code secret pour obtenir des goodies ! Rires

Jean Christophe Hoogardoorn. Rires. Si tu veux je vais te faire une réponse un peut à coté mais qui a ses raisons. Quand j’écoute un morceau de musique qui me touche, là on est au Hard Rock café, il y a AC/DC qui est sur scène à la Tv, ce que je recherche ce n’est pas que la personne qui chante me raconte sa vie de manière très explicite c’est plutôt qu’est-ce que ça m’évoque comme image. Le morceau m’ouvre une porte et m’invite avec mon imagination à moi à découvrir ce que cela évoque plutôt que de savoir exactement ce qu’elle a fait dans sa vie. Avec les paroles et les musiques de Red Mourning c’est quelque chose que je recherche aussi, de suggérer de faire une image, une invitation, un symbole à la projection plutôt qu’une description très précise de tel ou tel expérience. Il y a un peu une part de mystère dans ces morceaux. Il faut cette expérience : qu’est-ce que ça veut dire ou lorsque je lis, j’écoute qu’est-ce que ça m’évoque. Ça c’est plutôt un pari réussi pour moi ! J’aime affirmer ma volonté d’inspirer des images, des évolutions, des voyages intérieurs personnels plutôt que ce soit moi qui impose mon histoire. « 225 » à la base c’est un numéro de chambre !

« Blue Times » et « Six-Pointed Star » sont deux morceaux qui la aussi innove énormément et montre bien votre volonté de renouvellement permanent !

Jean Christophe Hoogardoorn.
« Blue Times » est un titre un peu à part, il va d’ailleurs faire l’objet de la sortie du prochain clip. Il est à part parce que c’est le seul morceau que Aurélien notre batteur à composer tout seul de A à Z. C’est lui qui a fait la musique, écrit les paroles. C’est ensuite moi qui l’ai chanté. Il nous a raconté son expérience. Il s’est assis un moment sur son vélo dans la rue, il est rentré chez lui et il a tout composé en quelques heures. Il évoque un peu la folie, cette histoire de disparition, se perdre soi-même. Effectivement c’est un morceau qui change un peu, c’est ce que l’on recherche, évoluer avec cette guitare très dépouillée et la voix qui s’exprime beaucoup. « Six-Pointed Star » c’est une chanson très originale entièrement joué au Lap Steel électronique. C’est un type de guitare un peu différent qu’on utilisait pour faire du Metal mais pas sur un morceau entier. C’est la première fois qu’on fait ça, c’est une expérimentation. Mais les tains très Metal sont fait sur le Lap Steel qui est une pièce unique faite sur mesure. Il est particulièrement long pour pouvoir tenir les accordages graves, il nous a permis d’enregistrer ce morceaux-là qui en termes de thématique est un peu sur le vertige, la folie encore, le fait de se perdre. C’est un titre que j’adore, c’est un de mes morceaux préféré de l’album.

La folie c’est un thème que vous développé depuis vos débuts et qui vous passionne, vous avez tous fait des études de psychologie ?! Rires

Jean Christophe Hoogardoorn. Rires. Dans le groupe il y a un des membres qui travaille en hôpital psychiatrique. C’est quelque chose avec lequel on peut être en contact quotidiennement. Mais c’est aussi quelque chose qui peut parler à tout le monde parce que l’on voit bien que ce soit à cause de l’âge ou de différentes maladies ou de problèmes quotidiens, on peut être amené à se perdre un peu. Finalement on ne perd pas physiquement mais notre identité .Donc savoir qu’est ce qui fait que je suis moi, que je fais ce que je fais, ce que j’aime c’est une question qui m’intéresse beaucoup et je pense qui peux parler à tout le monde.

Vous avez fait une reprise de Napalm Death après celle de Janis Joplin !

Jean Christophe Hoogardoorn. C’est une reprise qu’on a fait il y a longtemps, elle a une dizaine d’année. Mais c’était un petit challenge personnel de reprendre un morceau avec notre sauce à nous, ne pas le reproduire à l’identique. On a mis du chant mélodique dessus avec des harmonies, de l’harmonica. On a joué au Mennecy Metal Fest le 17 septembre dernier au côté de Napalm Death. C’est marrant, on a beaucoup de chance, on est très heureux et très fier de pouvoir jouer avec des formations qu’on adore. Ces reprises c’est toujours un bon exercice, se dire il y a ce titre, il est super mais finalement si c’est moi qui l’avais composé, joué comment est-ce que je l’aurais fait. C’est ça qui est intéressant aussi, ça permet de voir un peu la personnalité de combos qui ressort un peu. C’est cool et évidemment c’est une formation qu’on adore et que l’on respecte beaucoup par ce que c’est aussi un groupe qui n’a pas peur de ce que les gens vont penser de leur musique , qui n’a pas peur de faire original, différent, ils ont leur propre style et personne ne peut leur enlever.

En 2019 vous avez sorti un Ep acoustique Unchained !

Jean Christophe Hoogardoorn. Tout à fait et ça ne s’est pas fait du tout en claquant des doigts. On a recomposé entièrement les titres comme si c’était vraiment un morceau acoustique avec un style, des instruments, des mélodies vocales différents. On a repris vraiment tout de A à Z. C’est un défi très intéressant. Ça permet de s’exprimer différemment, de prendre du recul par rapport à notre propre création musicale. Et puis ça va dans le sens de développer de plus en plus au fur et à mesure notre palette en allant faire de l’acoustique, on en a de plus en plus sur nos opus. Il y a trois morceaux qui sont extrêmement acoustiques dans un style différent, tu ressens des choses différentes, tu peux exprimer des choses plus subtiles, c’est intéressant. Moi en tant que chanteur, ça me fait explorer des types de voix différentes, idem pour les façons de chanter, de faire aussi des choses extrêmement dépouillés. Là où on a fait beaucoup d’harmonie vocale, cet Ep acoustique Unchained est très dépouillé en termes de chant très nature à poil en quelque sorte.

Vous aimez prendre des risques !

Jean Christophe Hoogardoorn. Oui c’est sûr, c’est bien vu ! En fait ça ne nous intéresse pas plusieurs fois le même morceau, un album identique, de reproduire une formule. On aime se lancer des défis à nous même. On revient à ce que l’on disait à propos de Francis Caste tout à l’heure. Il nous titille, nous pousse à tenter des choses, à nous lancer des défis. On aime ça, on apprécie effectivement à prendre des risques. Ça me ramène toujours à ce moment qui est un peu gravé dans ma mémoire. C’était à l’époque du premier Ep qu’on a enregistré. C’était il y a 20 ans, à un moment je me suis dit, j’aime bien l’harmonica, j’ai envie d’en mettre, je trouve que ça sonne bien. J’ai eu un moment d’hésitation car je me suis dit, ce n’est pas Metal « est ce que ça va passer ? ». Puis finalement je me suis dit on n’en a rien à foutre, si ça nous plait on va le faire c’est tout. Ça fait partie de notre ADN de groupe clairement.

Vous êtes atypique et donc un peu à part sur la scène Metal, est ce selon toi un avantage ou un inconvénient pour vous produire en Concert ?

Jean Christophe Hoogardoorn. Le fond de l’histoire c’est que finalement on s’en fiche ! On joue la musique qui nous plait, on crée ce que l’on a envie de créer, on se considère comme des artistes, on va faire ce que l’on a envie de faire. Après à l’arrivée tu as tout à fait raison cela décontenance certains programmateurs. Après ça dépend du gout que les uns et les autres ont pour le risque aussi. Est-ce qu’i cherche quelque chose d’original ? de différent ou est ce qu’il cherche à faire une affiche avec que des groupes clairement identifiés, tous pareil sans vouloir critiquer qui ce soit. Il y a cette question, d’appétit pour le risque que tous les programmateurs n’ont pas. Et effectivement parfois ils nous disent c’est du Metal mais est-ce que c’est du Black, il y a un peu de Black dans votre musique mais ce n’est pas du Black avec le maquillage ! Est-ce que c’est du Blues ? Non ! Le mec il hurle ce n’est pas que du Blues. Rires. Avec quoi je le mets. C’est marrant parce que on a eu l’occasion de faire des Festivals parfois avec des rappeurs et de partager la scène avec des formations de Funk. Finalement c’est là qu’on se retrouve le mieux avec des gens ouvert d’esprit qui sont intéressés par quelque chose d’un peu différent. Mais c’est vrai que dans les scènes, on dit ils font du Stoner mais ce n’est pas que du Stoner parfois ça joue plus vite. Ça nous pose parfois des problèmes mais nous on ne va pas changer pour donner plus de concerts. Moi je suis là pour faire de la musique, je ne suis pas là pour faire plaisirs aux gens. 

C’est aussi une force d’être atypique ! 

Jean Christophe Hoogardoorn.
Oui tout à fait parce que finalement les gens s’intéressent et voit un combo qui est différent et il reste. A chaque fois ils nous disent la même chose, j’ai découvert, c’est original, c’est différent du coup. Ils ont envie de découvrir le prochain album, concert, le nouveau clip, et voir à quoi ça ressemble ! On est droit dans nos bottes, on fait ce que l’on aime et heureusement il y a un certain nombre de labels, des gens qui nous suivent parce qu’ils ont compris la démarche.

Oui justement vous êtes signé chez Bad Reputation un excellent label qui n’est pas réputé pour être spécialisé dans le Metal !

Jean Christophe Hoogardoorn. Oui, il y a très peu de combo Metal sur ce label. Eric Coubard pour ne pas le nommer nous a écoute et a vu que c’était une démarche un peu différente, originale. C’est ce qu’il nous a dit, ça sort de l’ordinaire.

Vous avez débuté en 2003 quel regards portes tu sur cette aventure qui perdurent depuis presque 20 ans ?

Jean Christophe Hoogardoorn.
C’est avant tout de la fierté, le sentiment d’avoir fait la musique que j’adore depuis le début et d’avoir partagé ça avec des musiciens exceptionnels, d’avoir créé quelque chose de nouveau, de différent. Ça me procure beaucoup de satisfaction sans vouloir me lancer des fleurs mais je le dis comme je le pense. J’en suis très fier et j’écoute avec plaisir tout de la première démo jusqu’au 5 -ème album. Je les écoute avec du plaisir et de l’émotion. C’est surtout ce qui domine. Après je trouve que c’est intéressant aussi de voir ce groupe qui à cette longévité parce que si je prends un peu de recul par rapport à tout ça, on a une relation artistique et humaine honnête entre nous. On se dit les choses ça nous a permis de vivre toutes ces années. Et puis on a eu une évolution musicale, une ouverture des limites que l’on s’était fixé au départ qui tombent et qui nous permette aujourd’hui d’aller explorer et qui nous permettrons j’espère longtemps de continuer à explorer de nouveaux univers musicaux, de nouvelles sonorités , continuer à faire avancer le smilblick ! Merci à toi ça a été un plaisir de discuter de cette musique , c’était vraiment cool, merci pour l’interview.



Pascal Beaumont  
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)