mardi 3 octobre 2023

NERVOSA (Héléna KOTINA Guitariste) // INTERVIEW // Une evasion avec Héléna KOTINA - Juillet 2023.

 
Nervosa a débuté en 2010 et à déjà derrière lui une carrière bien rempli. Originaire de São Paulo au Brésil mais navigant entre le Brésil, l’Italie, la Grèce et l’Espagne par les origines de ses différentes recrues, le combo ne pratique pas la salsa mais un Thrash Metal à tendance Death et a déjà enregistré quatre albums Victim of Yourself (2014), Agony (2016), Downfall of Mankind (2018) et Perpetual Chaos (2021). Dirigé d’une main de fer dans un gant de velours par la charmante Prika Amaral guitariste et chanteuse depuis peu, le gang Brésilien a subi un turn over incessant proprement hallucinant et a vu défilé au sein du combo pas moins de 10 musiciennes depuis sa formation, un véritable handicap pour leur carrière. Les derniers départs étant ceux de Diva Satánica en 2002 la chanteuse attitré, Nanu Villalba qui tenait les baguettes la même année et la bassiste Mia Wallace en 2023. Un véritable cataclysme qui aurait pu sonner le glas de Nervosa sans la volonté irréprochable de Prika Amaral qui a décidé de passer au chant et de s’imposer comme la frontwoman de la formation ! L’arrivée de Héléna Kotina à la guitare et de Hel Pyre (Basse) accompagné de Michaela Naydenova (Batterie) est venu compléter le line up pour nous offrir cette nouvelle galette Jailbreak, leur cinquième méfait ! Le moins que l’on puisse dire c’est que les changements ont été efficaces et oh combien bénéfiques permettant à Nervosa d’évoluer et de proposer un opus de grande classe gorgé de parties de guitares impressionnantes, une véritable déflagration de puissance brutale et sans concessions qui n’est pas sans rappeler Arch Enemy ou Witches ! Gary Holt (Exodus, Slayer) ne s’y est pas trompé et est venu leur porter main forte sur le morceau « When The Truth Is A Lie » tout comme Lena Scissorhands sur « Superstition Failed ». Adoubé par un tel seigneur du Metal Nervosa devrait rencontrer le succès qu’elle mérite avec cette pépite qui confirme tous les espoirs qu’on avait placé en eux ! Pour en savoir un peu plus sur cette métamorphose nous avons demandé à Héléna Kotina la charmante guitariste de nous éclairer sur la conception de ce Jailbreak empreint de sauvagerie métallique de haut vol. Magnéto Héléna Kotina c’est à toi !



Vous venez de donner deux concerts en Grèce un le 2/9 au Metal Union Festival et l’autre le 3/9 au Technopoli à Athènes comment avez-vous abordé ces deux shows ?

Héléna Kotina. C’était super et c’est quelque chose que nous attendions avec Helena, notre bassiste. C’est la première fois que l’on jouait en Grèce. C’est la première fois que nous avons éprouvé beaucoup d’émotions. Nous avons vu des visages familiers dans la foule, et nous avons rencontré des gens que l’on connaissait déjà au fil des années. C’était très émouvant et très spécial pour nous.

Tu es la nouvelle guitariste de NERVOSA mais tu as commencé à jouer de la basse au sein de la formation. Comment décrirais-tu le groupe sur scène ?

Héléna Kotina. La première fois que j’ai été contacté par Nervosa, c’était pour être guitariste. On a commencé ensemble à composer et préparer le nouvel album mais à la dernière minute, Mia n’a pas pu faire la tournée américaine l’année dernière. J’étais la personne la plus proche qui connaissait les chansons et la setlist. J’avais juste à reprendre le jeu de basse et ma première expérience dans le groupe c’est moi à la basse. C’était super. Ça le reste toujours. C’était une tournée assez longue et l’expérience a été incroyable. Nous étions en Amérique du Sud, les gens sont formidables et fous. Ce sont des fans loyaux. Être sur scène est une grande expérience. Et ça continue même encore de l’être avec ma position naturelle de guitariste, c’est encore mieux.

Est-ce que tu connaissais NERVOSA avant de les rejoindre ?

Héléna Kotina.  J’ai juste rencontré Prika (Ndr : Prika Amaral / chant et guitare) puisqu’elle a créé le combo. Elle est partie de rien. Je ne les connaissais pas personnellement. Je connaissais la formation par quelques chansons. Nous n’avons jamais été en contact auparavant. Pour être en contact il a fallu que je devienne membre du groupe.

Vous revenez avec ce nouvel album le cinquième « Jailbreak », le premier album sur lequel tu as travaillé.  Comment s’est déroulé la composition des morceaux cette fois ci ?

Héléna Kotina. Prika m’a contacté en me disant que je faisais officiellement parti du groupe. Elle m’a expliqué que pour les opus précédents la partie musicale était faite par elle et elle voulait avoir une seconde personne pour travailler sur les compositions. Elle m’a demandé si je voulais participer à l’écriture de l’album et c’était très important pour moi car toutes les choses que je fais au niveau de mes projets, je veux être là au début afin de commencer de zéro et faire tout. Au départ on a commencé à échanger des idées, des releases, toutes les choses qui sortaient était à cinquante/cinquante. Des idées étaient les miennes, d’autres celles de Prika mais nous étions toujours en train d’écrire les chansons ensembles.

J’ai lu que tu travaillais en secret pendant les périodes d’enregistrement.  Qu’est-ce qui vous a poussé à tout dissimuler ?

Héléna Kotina. Quand j’ai rencontré Prika pour la première fois c’était après la sortie de « Perpetual Chaos » et elle m’a expliqué la situation, ce qu’elle voulait faire pour promouvoir le disque avec le line up de l’époque.  Mais elle m’a expliqué entre temps que nous pouvions travailler sur le nouvel album mais nous ne voulions pas nous mettre dans l’embarras avec le second guitariste lui indiquant que nous allions travailler sur le prochain album. Nous avions gardé cela comme un petit peu secret. Nous travaillons secrètement sans annoncer quoi que ce soit. Officiellement nous avons annoncé qui serait le nouveau guitariste il y a quelques mois. C’était en janvier.

Finalement vous avez décidé de travailler avec deux guitares toi et Prika. Qu’est-ce que à changé au niveau de la composition et du son ?

Héléna Kotina. Une seconde guitare rend les choses plus flexible parce que nous pouvons mettre plus de mélodies de ci de là, des solos, des solos jumelés, deux guitares jouant les mêmes partitions. Nous étions capables d’ajouter des détails. Quand il y a un seul guitariste dans le groupe, c’est impossible pour eux de le faire. Aussi le son quand il s’agit de jouer en live est beaucoup plus lourd et plus complet.

Prika est devenue la nouvelle chanteuse du groupe, tu es devenue la nouvelle guitariste. Dans quel sens est-ce que cela a affecté l’écriture de l’album ?

Héléna Kotina. Après que Diva (Ndr : Diva Satanica/ Chant) nous a annoncé qu’elle voulait partir, Prika a dit qu’elle ne voulait pas changer la chanteuse, ni la voix du groupe. Elle voulait avoir un line up stable alors elle a dit qu’elle prenait la voix principale. Elle faisait toujours les chœurs même sur la tournée américaine. Elle a d’ailleurs chanté une seule chanson toute seule chaque soir sur la tournée. Alors elle s’est dit c’est bon, j’ai besoin de pratiquer plus, prendre des cours de chants et analyser un peu plus tout ça. Elle s’est sentie en phase avec cette idée. J’ai eu la chance d’écouter la voix de Prika en tant que choriste et j’ai su qu’elle avait cette voix profonde et brutale. Je ne savais pas qu’elle avait cette voix flexible, cette façon de pouvoir changer de tonalité. Une fois qu’elle a enregistrée la première chanson à l’intérieur du studio nous l’avons écouté et nous savions que nous avions la sonorité pour ce nouvel opus.

Vous avez choisi d’enregistrer votre album à Malaga en Espagne avec Martin Furia (Destruction). Que retires tu de cette expérience ?

Héléna Kotina. La session en studio à Malaga était une de mes meilleures expériences et musicalement de loin jusqu’à maintenant. J’ai travaillé avec Martin. Je l’ai rencontré quand on a fait deux festivals avec Destruction sur la tournée américaine et je le connaissais en tant que producteur. Être en studio ensemble c’était très créatif et je me sentais soulagé car je savais qu’on avait des connexions naturelles, la même base, on voit les choses de la même manière. Lui expliquer des choses qu’il comprenait totalement, ce que je voulais jouer et comment faire pour les solos ou quelques détails que je voulais amener vers cette sonorité. C’était très facile de travailler avec lui.

Quel a été ton plus gros challenge personnel en tant que guitariste en studio ?

Héléna Kotina. Il y avait un défi parce qu’avant d’aller en studio je me souviens de toutes les guitares présentes dans le studio et que je pouvais enregistrer les parties dans mon home studio. Je suis allé en studio avec Mila pour terminer les chansons. J’ai seulement su comment les parties de solo allaient être à ce moment-là. Je devais créer des solos à partir de rien pendant que Mila enregistrait les siens. Ça a commencé à devenir un solo mais c’était très long. Il y avait un défi car nous avons eu un certain nombre de jours et il fallait être créative et je me suis donné à cent pour cent dans cette durée limité. Le studio était situé dans un superbe endroit et isolé, on a eu le temps de se focaliser sur ce dont nous avions besoin.

Est-ce qu’il y a un morceau qui t’a demandé un investissement important en studio ?

Héléna Kotina. Oui je crois que le premier morceau comprenait des parties spécifiques sur « Endless Ambition » le premier titre que nous avons enregistré et sur d’autres titres faire du picking qui devait être tapé pour être bien joué.



NERVOSA existe depuis 20 ans. Comment décrirais tu ta relation avec Prika ?

Héléna Kotina. J’étais très enthousiaste quand nous avons parlé la première fois avec Prika à propos de l’opus, du combo et sur les plans futur que nous envisagions et je fus agréablement surpris que nous partagions les mêmes points de vue. Nous voulions la même chose. C’est très facile de travailler avec Prika, elle est très ouverte aux choses nouvelles, ce n’est pas un esprit fermé. Elle est très ouverte aux nouvelles idées, pour les chansons, pour la promotion et quoi faire pour développer la formation. C’est pour cette raison que je peux me donner à cent pour cent parce que tout le travail que tu fournis est beaucoup apprécié.

Vous avez déclaré que le process de cet opus a été très complexe mais aussi constructif. Comment décrirais tu l’évolution musicale comparé aux autres disques de NERVOSA ?

Héléna Kotina. Sur cet album il est bien mixé et produit Thrash Metal, Death Metal mais aussi Heavy Metal. Comme cela toutes les idées arrivent assez naturellement. Nous n’avons rien forcé. Tout ce que tu écoutes ce sont des idées et inspirations qui coulent de sources. Comme je l’ai dit nous avons plus d’éléments à l’intérieur du studio, deux guitares qui jouent des mélodies ensemble, nous avons des extensions de solos et plein d’autres choses. Musicalement c’est une avancée.

Pourquoi avoir intitulé l’album « Jailbreak » ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Héléna Kotina. En utilisant le mot « Jailbreak », nous ne faisons pas vraiment référence à la prison avec des murs mais à la prison que nous construisons nous-mêmes ou que quelqu’un construit pour nous. Nous nous sentons piégés. Nous devons nous libérer et casser les codes. Allez totalement vers quoi nous voulons allez et suivre nos rêves peu importe si les gens aiment ou non.

Prika écrit les paroles. Est ce qu’il y a un texte qui te touche plus qu’un autre sur cet opus ?

Héléna Kotina. « Behind The Wall » a une signification particulière, une double signification. Le mur que nous construisons pour les médias sociaux, ce sont des profils et souvent ce sont des faux profils où nous nous cachons derrière ce mur. Nous croyons être sauvé mais ce n’est juste qu’une illusion. Tu peux le voir aussi du côté politique toutes les décisions qui sont prises pour nous tous, prises par une petite partie, on peut le voir à l’intérieur des murs pour savoir sur ce qui va réellement se passer.

Vous avez sorti trois singles sortis « Seed Of Death », « Endless Ambition » et « Jailbreak ». Est-ce que c’est difficile de choisir un titre vidéo pour présenter le nouvel album ?

Héléna Kotina. Toutes les chansons sont difficiles à choisir mais une doit être sélectionné pour différentes raisons. J’ai vraiment aimé les titres où il y avait les doubles guitares solos parce que c’est quelque chose que j’ai envie de jouer sur scène. C’est quelque chose de spéciale que nous présentons pour la toute première fois. Je ressens que c’est différent pour moi. « Seed Of Death » je dirais serait proche de cela. Ce titre représente bien l’album.

Pour le morceau « When The Truth Is A Lie » vous avez comme invité Gary Holt (Exodus, Slayer). Quel a été ton sentiment de travailler avec une légende comme lui ?

Héléna Kotina. Quand nous avons commencé à construire l’album nous avions cette idée de prendre un autre guitariste pour jouer en tant qu’inviter. Il était toujours au top de notre esprit, nous admirons son style de guitares. Tout son travail avec Exodus et Slayer pendant des années. Nous savions que son planning était chargé mais nous l’avons contacté et il a répondu très vite. Il est totalement ouvert et il a dit qu’il le ferait pendant ou après la tournée. Il a délivré un solo qui porte vraiment sa signature très solo de Gary Holt. Pour nous cela a été un rêve qui est devenu réalité.

Est-ce que tu as d’autres rêves ? Je suppose que tu en as plein.

Héléna Kotina. Oui les rêves ne s’arrêtent jamais (rires). C’est une bonne chose. Nous aimerions tourner avec les plus gros icones comme Judas Priest qui est une grande inspiration pour moi et Prika, Ce sont nos groupes favoris.

Justement tu as eu l’opportunité de rencontrer KK Downing lorsque tu as joué en Angleterre le 25 mai au KKs Steel Mill / Wolverhampton, comment s’est passé la rencontre ?

Héléna Kotina. C’était totalement inattendu, nous savions que l’on jouait chez lui mais nous ne savions pas s’il allait être là ou débordé par les tournées. Nous sommes arrivés tôt et nous avons eu le temps d’explorer le lieu. Nous avons commencé à parler avec des techniciens et quand il est arrivé nous nous sommes mis à pleurer car c’était une véritable icone pour nous. Il était cool, totalement dispo et il nous a parlé en nous racontant et apprenant des plans techniques, des histoires, beaucoup de choses, pas mal d’histoires, l’expérience qu’il a eu tout au long de ces années, nous expliquant quel était son matériel. Il a été très sympa.

Tu m’as parlé de Scorpions. C’est un de tes groupes favoris. Est-ce que tu aimerais faire des reprises de Scorpions avec NERVOSA ?

Héléna Kotina. Oui ça se pourrait. Scorpions a toujours été une grande inspiration pour moi et je serai toujours ouvert pour ça.

Il y a eu beaucoup de changement de musiciennes ces derniers temps, un nouveau batteur Michaela Naydenova, une nouvelle bassiste Hel Pyre sont arrivé, toi tu es passé à la guitare après la basse. Est-ce que tu crois que ces changements permanent ont eu un impact sur le combo ?

Héléna Kotina. Les musiciennes précédentes ont dû faire d’autres choix, la vie selon différents critères. C’était ok du côté du groupe et les acteurs qui partageaient leurs rôles. Avec les années c’est super d’avoir une connexion naturelle et c’est aussi important au moment où nous nous sommes rencontrées, quelques semaines après que nous ayons commencé à travailler, Michaela est allée au studio enregistrer. Avec Hel ça a été la même chose, nous avons tout de suite fait le clip. Après ça on a eu deux mini tournée et des festivals. Tout commence nous sommes proche et connecté, plus que nous étions au départ. C’est une grande étape pour la stabilité pour le groupe ;

Tu as aussi joué aussi avec Paul Dianno (Ex Iron Maiden) et Gus G (Ex Ozzy Osbourne/ Firewind), comment as-tu vécu ces deux expériences ?


Héléna Kotina. C’était quelque chose d’inattendu. Une opportunité totale, un grand honneur d’être sur scène avec Paul. La proposition est venue quand je tournais en Amérique latine l’année dernière, j’ai eu un appel comme proposition de guitariste et j’ai dit oui pour jouer les classiques d’Iron Maiden et après il a su que le guitariste allait être Gus G. Toutes les nuits c’étaient incroyable et j’ai réalisé combien c’était énorme.

Comment tout a commencé pour toi ?

Héléna Kotina. Tout est venu de mon frère qui était dans le classic rock, hard rock. Il ne jouait d’aucun instrument mais j’ai eu ce guide et il me donnait des disques que j’ai pu écouter encore et encore. Mes parents étaient ouverts et ont accepté que je puisse jouer de la musique et pas seulement l’écouter. J’ai commencé des cours de guitares et j’ai toujours ce soutien de ma famille qui est très important.

Qu’est ce qui est important à tes yeux que ce soit au niveau du groupe, de l’album, de la famille ?

Héléna Kotina.  Nous voulons que cet album soit une claque en pleine face et inclure tout dans ce thrash metal et combiner avec les mélodies et les guitares solos. Nous avons aussi des chansons douces pour accompagner les gens qui vont vraiment adorer quand nous les jouerons sur scène.




Interview 11 Juillet 2023
Pascal Beaumont / Photo DR
 
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)