C'est
toujours un réel plaisir de retrouver notre ami Ramon Pipin pour
échanger quelques mots et quelques confidences sur son coffret Best-Oeuf
et ses deux concerts Parisiens à venir.
On vous embarque dans 26 minutes de pure rigolade, de fraîcheur et de
grande franchise.
Qu'on se le dise, Ramon Pipin n'a vraiment pas la langue de bois et
c'est comme ça qu'on l'aime !
Il reste quelques places, précipitez-vous...
A toi Ramon.
Parle nous de ce coffret Best Oeuf
Ramon Pipin. Alors oui je peux parler de mon coffret. Mon coffret c'est donc un coffret que j'ai appelé Best Oeuf, d'abord parce que ça sonnait bien Best Oeuf...j'ai trouvé que c'était intéressant...et puis surtout je me suis plus accroché aux titres qui me plaisent qu'aux titres les plus connus tu vois, des trucs peut-être je dirais pas underground mais un peu moins évident et qui me plaisent vraiment. Les 3 premiers albums sont constitués d'un peu un genre best of Odeurs, mes premiers trucs. Alors j'ai pas eu les droits de «Au Bonheur des Dames» parce que ça appartient à Universal, je t'en avais peut-être déjà parlé. Je voulais remixer «Ego-dames» qui est un des premier titres que j'ai fait et qui est la face B de «Oh les filles» en fait et je voulais le remixer parce que je trouve que le mix est absolument à chier (Excuse-moi Dominique Blanc-Francard), mais bon je n'ai pas eu les droits donc je n'ai pas pu le faire. C'est pour ça que dans le livret il y a un commentaire assez long sur «Ego-dames» mais que le titre n'y est pas. Après on passe à Odeurs... Odeurs a commencé en 79 et il y a des titres d'Odeurs mythiques. Deuxième album, troisième album, quatrième album et après on passe à mon album solo. Donc tout ça c'est 1, 2 et 3, le Cd 4 est constitué de 4 nouvelles chansons, enfin trois nouvelles chansons et un twong, le Cd 5 est constitué d'inédits et de trucs que j'ai retrouvé vraiment dans mes archives...il y a même une chanson que j'aime bien d'ailleurs, qui s'appelle «Je ne sais pas dire non» et je ne sais pas qui chante ! C'est incroyable ! Et le dernier Cd c'est mes musiques de films, enfin des extraits parce que je ne pouvais pas évidemment tout mettre. J'ai quand même fait une trentaine de films donc j'ai mis ce qui me plaît : Bernie, Coluche, c'est des trucs que j'aime bien voilà.
Tu as composé plusieurs Bandes Originales de films, laquelle a été la plus compliquée à réaliser ?
Ramon Pipin. Alors je ne poserais pas la question comme ça. Je poserais : Quel est le réalisateur le plus chiant avec qui tu as travaillé ? Ça se serait un peu plus … Ils sont tous chiants en fait. Disons que le plus cool c'était Antoine de Caunes quand même, ça je peux le dire. Après que ce soit Dupontel, Christian Clavier, Sarah Levy avec qui j'ai fait beaucoup de films et que j'aimais beaucoup, c'était un vrai plaisir. Même si le réalisateur était chiant j'adorais ça, faire de la musique à l'image. Non vraiment, vraiment. J'avais développé, j'en fais plus malheureusement, j'avais développé une sorte d'esthétique assez personnelle, qui était un mélange entre le symphonique (j'utilisais quand je pouvais, quand j'en avais les moyens, de vrais instruments) et l’électronique. Avec un fond de rock’n’roll quand même parce que ça je ne peux pas m'en passer.
Quel souvenir gardes-tu de cette façon de travailler ?
Ramon Pipin. Je peux te parler du film qui s'appelle « Enfermés dehors », vite fait hein, je ne vais pas en faire des heures. « Enfermés dehors » c'était quand même « l'enfer, mais dehors! « Puisque j'ai fait je crois 150 maquettes et en fait pour chaque titre j'étais en compet avec le groupe qu'avait formé la rythmique de Noir Désir. Donc moi j'écrivais quand même des trucs un peu symphonique, mélodique et eux ils arrivaient et j'entendais moi du du du du… et je voyais Albert qui était là : « je sais pas , je sais pas ». Il hésitait entre les deux et là franchement j'ai évité le Lexomil mais limite hein ? Limite...c'était quand même très très dur.
Sinon j'adore ça, d'abord j'essaie de travailler en lisant le scénario, que ça m'inspire quelque chose. Par exemple pour en revenir à « Enfermés dehors », j'ai écrit le thème avant même que le film soit tourné. J'ai lu le scénario, j'ai écrit le thème, je l'ai vendu à Albert, il m'a dit que c'était super et qu'il prenait ça. C'était vraiment bien. Mais franchement, même si c'est très dur psychologiquement le tout, bon, sauf si t'es une grande star, là personne ne te dit rien. Faut pas oublier que même Bernard Herrmann, Hitchcock l'a quand même viré, donc bon ! Bernard Herrmann c'est pour moi sans doute le plus grand musicien de films qu'il n'y ait jamais existé sur cette terre. Il y en a d'autres maintenant. Il y a l'Islandaise qui est super bonne, celle qui a fait « Tchernobyl et Joker ». C'est une violoncelliste Islandaise, vachement bien ce qu'elle fait. J'adore ça les musiques de films, c'est vraiment très très beau. Cela a complètement changé de vocabulaire. Avant, à l'époque de Maurice Jarre, de ces gens là, il y avait quand même un attachement à la mélodie qui a complètement disparu au profit d'une ambiance. Par exemple cette nana est extrêmement douée pour faire ça.
Aurais-tu envie aujourd'hui de faire un album de reprises ?
Ramon Pipin. Je trouve que c'est un exercice extrêmement difficile, extrêmement difficile et que dans 99,99% des cas c'est moins bien que l'original. Pour moi une des plus belles chansons du monde c'est « God Only Knows » , toutes les reprises que j'ai entendu, il y en a des très belles hein , mais c'est moins bien que l'originale. Bon les Beatles on va dire exceptionnel, allez Joe Cocker, Spooky Tooth qui ont fait une très belle reprise de « I am The Walrus », il y en a certainement d'autres mais vraiment c'est un exercice. J'ai fait cet album parce que j'adorais ça, en plus c'était des titres un peu punks tu vois, je reprenais les Kinks. Les Kinks c'était super mais au niveau du son cela n'a jamais été très bien produit. Je me suis permis de faire ça, mais je n'ai pas touché à Hendrix parce que ça je ne voulais pas. Ben non je ne voulais pas toucher à des trucs qui sont intouchables pour moi tu vois. Mais je ne referai pas d'album de reprises, franchement pas. Je préfère me faire chier, et dieu sait si je m'emmerde, à essayer de trouver et écrire mes propres chansons. C'est un exercice très difficile, qui me prend énormément de temps parce que je suis un tâcheron. Il y a une chanson sur le coffret qui s'appelle « Uranus, Neptune ou Pluton » , qui est un hommage à Procol Harum que je vénère aussi, et j'ai mis 6 mois à l'écrire. Ce n’est pas compliqué, j'ai mis 6 mois.
Deux concerts au Ranelagh, au Café de la Danse dans deux formules, parle-nous en ?
Ramon Pipin. Peut-être qu'un jour il y a un mec qui m'a dit en plaisantant : « Mais pourquoi tu fais pas tes chansons en symphonique ? . Mais ça commençait à me titiller. je me suis dit : « Peut-être ce serait bien au début un piano voix ? « Et puis après j'ai un peu étoffé ça. Et on ramène un peu les chansons à leur substantifique moelle je dirais. La mélodie, les mots, un arrangement pas trop compliqué. Et donc j'ai répété encore hier et je crois que c'est vraiment intéressant. C'est vraiment intéressant. Bien sûr il y a des chansons qui ne s'y prêtent pas du tout, les trucs complètement rock je ne l'ai pas fait. Mais j'ai suffisamment de répertoire, quand même une quinzaine d'albums, pour pouvoir puiser là-dedans et faire un spectacle qui je crois sera bien. Où je vais beaucoup parler aussi, puisque moi je suis très ouvert sur le monde, sur l'actualité, terrible en ce moment dont je ne parlerai d’ailleurs pas, en tout cas tout ce qui se passe autour de nous : le walk, tout ce qu'on veut, le walk'n'roll…
Ha oui donc pardon, le deuxième concert...ce sont deux
concerts complètement différents. Ce ne sont pas les mêmes setlists du tout. Il
n'y a que deux morceaux communs dans les deux concerts. Le premier il y a deux
chansons nouvelles et dans le deuxième il y en a cinq. Et le deuxième concert
c'est ce que je fais plus d’habitude c'est à dire avec des musiciens de rock
donc il y aura basse, batterie, guitare, moi je vais jouer de la guitare aussi,
une choriste, clavier et moi. Non je me suis compté deux fois, donc on sera six
et ce sera furieusement rock’n’roll par contre, avec plus de liberté, plus
d'impro. Mes arrangements sont souvent assez contraignants. Je dis au mec qu'il
faut qu'il suive la partition et il me demande s'il peut faire cette note-là ?
Tiens derrière toi il y a le fils du bassiste, demande à quel point je le fais
chier. En plus je suis très attaché aux parties de basse parce que j'essaie
toujours que ce soit un peu un contre-chant que ce ne soit pas juste un truc
rythmique, qu'il y ait un apport mélodique au niveau de la basse, un peu comme
Mc Cartney, Colin Moulding, et tous ces très grands musiciens peu connu ou le
plus grand des plus grand Ray Shulman de Gentle Giant que tu connais.
Entre concert ZAKOUSTIK et ZELEKTRIC, lequel est le plus facile pour toi ?
Ramon Pipin. Rien n'est facile, même les choses les plus simples ça prend du temps parce que ….hier on travaillait sur un morceau, je ne dirais pas lequel, mais que je joue depuis une trentaine d'années et ben voilà je ne suis pas encore hyper satisfait. On va voir, on va réessayer, on était pas dans les bonnes conditions, on avait pas de retours, on s'entendait pas bien, j'entendais pas le violoncelle...c'est compliqué, c'est compliqué. Il y a des contraintes techniques en plus à chaque fois. Là on est au Café de la Danse donc il faut qu'on entende tout le monde, le piano, la clarinette ça ne donne pas beaucoup de son. Au départ, je voulais faire un vrai concert acoustique, c'est à dire que personne n'est repris tu vois. Je chante, piano, machin avec Inès qui chante avec moi et puis on s'est aperçu que ce n'était pas possible d'autant que la salle il y a quand même 350 places bon. Donc on va reprendre tout et là ça devient tout de suite un peu plus compliqué. Bon on va y arriver je pense, on va y arriver. Tout ça ce sont des challenges passionnants de toute façon.
Peux-tu nous parler des gens qui t'entourent sur scène, seront-ils les mêmes selon la formule ZAKOUSTIK ou ZELEKTRIK ?
Ramon Pipin. Alors oui bien sûr je peux t'en parler. Ce ne sont pas du tout les mêmes. Au piano, au concert acoustique c'est un gars qui s'appelle Michel Amsellem qui a joué avec tout le monde, avec Eddy Mitchell. En ce moment il fait la tournée à 2 ou 3 avec Voulzy, ils font la tournée des églises de France. Donc c'est lui qui joue. Après le quatuor est sous la direction d'Anne Gravoin, que je connais depuis qu'elle est toute petite, enfin à peu près. Donc il y a Anne Gravoin au premier violon, David Braccini au deuxième violon, Vincent Debruyne à l'alto et Cyrille Lacrouts au violoncelle. Des très très bons musiciens, ils jouent à droite à gauche, à l'opéra et tout. Il y a Inés Damaris, qui est ma petite choriste préférée, qui chante, qui joue des percussions, de la guitare, des claviers. Super, très sympa de collaborer avec elle. Il y a donc Vincent Chavagnac qui va jouer tous les reads, clarinette, sax, clarinette basse, flûte ou même recorder, et moi. Voilà.
Et par contre, concert électrique pas du tout les mêmes gens, sauf Inés Damaris qui sera toujours avec moi et qui fera toujours les chœurs, Vincent qui ce coup là ne fera plus les reads mais les Keyboards , Brice Delage un guitariste exceptionnel qui jouera, moi qui jouerai aussi ce que je peux ...ça va aller je pense quand même. A la basse c'est Marc Périer, pas très bon bassiste mais c'est mon ami depuis longtemps donc (rires)...je dis ça parce que son fils est là donc voilà et Franck Amand à la batterie, un batteur que j'aime beaucoup pour son inventivité et avec qui je travaille depuis une dizaine d'années aussi. Je suis fidèle moi. Je suis fidèle.
En première partie, Jérôme Setian, parle-nous de lui
Ramon Pipin. J'ai demandé à Jérôme qui a beaucoup de talent et qui est donc un membre éminent des Excellents , qui est la personne qui est à côté de moi qui chante et tout, je lui ai demandé si cela l’intéresserait de faire la première partie de mes deux concerts. Il m'a répondu qu'il adorerait ça. Je lui ai dit que je ne voulais surtout pas savoir ce qu'il allait faire donc je ne peux pas t'en parler parce que je ne sais pas ce qu'il fait. Je sais qu'ils sont trois. Il y a une harmoniciste très très bonne qui s'appelle Rachelle Plas, il y a un autre guitariste qui s'appelle Philippe Hervouët et Jérôme Sétian qui chante. Ils font un truc un peu humoristique je suppose mais je ne sais pas. Je vais découvrir en même temps que toi.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Ramon Pipin. Par l'intermédiaire de Camille Saféris qui m'a amené un jour Jérôme et puis on s'est bien branché,d'ailleurs on s'est tellement bien branché que Jérôme est toujours avec moi, Camille non !
Après les concerts parisiens, comptes-tu te produire en province ?
Ramon Pipin. Je rêverais de ça, je rêverais de ça mais c'est tellement
difficile de trouver des producteurs, de trouver des …. L’autre jour il y a
quelqu'un qui me disait : « Ramon, combien tu fais de personnes à Paris ? » . «
J'en sais rien...je fais 500 personnes, ça dépend « Il me dit « En province tu vas faire 100
personnes ! » . Moi je ne crois pas du tout, je crois exactement le contraire
parce que, quand on va à Montceau-les-Mines, il ne se passe jamais rien à
Montceau-les-Mines, les gens ils n'ont que ça à foutre le soir d'aller au
concert. Alors qu'à Paris, je crois que tous les soirs il y a 400 spectacles
donc voilà. En plus quand tu vas à Montceau-les-Mines, tu as la radio de
Montceau-les-Mines, tu es sûr que tu vas y aller, tu vas faire de la promo.
Mais il faut que je trouve … je vais essayer avec quelqu'un. J'adorerais aller
en Province, non pas pour moi parce que je suis très bien à Paris, enfin non je
ne suis plus très bien à Paris d'ailleurs, mais j'aimerais bien aller jouer en
Province. Il y a des gens à Bordeaux, je pense qu'ils seraient là, à Lille.
Mais ce n'est pas facile à monter. Ça fait des années que j'essaie et à chaque
fois les tourneurs ne viennent pas, les producteurs ne viennent pas, malgré un
dossier de presse épais comme ça, des critiques un peu dithyrambiques sauf les
tiennes évidemment mais voilà c'est très dur. Et puis bon je ne fais pas de
musique urbaine, je ne suis pas tout jeune, mais il y a des vieux qui font des
belles tournées.
Tu voulais rajouter quelque chose ?
Ramon Pipin. Ah, je vais te raconter un truc tiens parce que j'ai toujours des anecdotes assez drôles. Quand on fait l'Olympia, non ce n'était pas l'Olympia c'était le Gymnase en 84, peut-être 83 ou 84 à Paris, on fait 6 semaines ok ? On remplit 6 semaines, c'est 800 places quand même, ça fait quand même du monde. Et on s'arrête le vendredi et là on se dit : « C'est quand même trop con, il faut qu'on continue ». Et il y a Paul Lederman qui est là, le manager de Coluche. Et on discute avec notre manager, là à l'époque j'avais un manager qui s'occupait de tout. On lui dit qu'on va prolonger et qu'il faut qu'il annonce les prolongations. Et Lederman il vient me voir et il me dit : « Alain, il ne faut pas que tu prolonges ». Je lui dit : « Tu déconnes ou quoi ? Tu as vu comment ça marche ? «. Il me répond que je vais me planter. Et je ne l'ai pas écouté. Et le lundi ou le mardi, je ne sais plus quand on reprend, le rideau s'ouvre et sans déconner il y a 15 personnes dans la salle. Et je me marre tellement que je n'arrive pas à chanter la première chanson, parce que tu sais, quand le rideau s'ouvre, que tu as eu 800 personnes et que ça s'ouvre et qu'il y a 15 personnes ! Je me souviens la première chanson ça s’appelait « Elle cache-cache son jeu» , je me marrais, je ne pouvais pas la chanter. Après on a dit que Shitty s'était pété le bras, je sais plus quoi et on a arrêté.
Il ne te reste que 178 titres pour atteindre les 1000. A quand un prochain album ?
Ramon Pipin. Je ne sais pas. Là, j'ai quand même une chanson que j'aime beaucoup, enfin je les aime toutes mais il y en a une que je vais faire lundi qui me touche particulièrement, bien que ce soit une histoire complètement inventée mais je ne sais pas, je trouve que c'est très bien, qui s’appelle « Dans le tiroir du bas « et quatre nouvelles chansons rock donc j'ai cinq titres. Peut-être un mini album ? Je ne sais pas. Mais un vrai album, je ne sais pas. C'est compliqué, et puis tu sais je suis toujours étonné quand ma muse vient me visiter et me donne l'inspiration. Donc cet été j'ai réussi à écrire ces quatre chansons là, ces cinq chansons là et puis je les ai vraiment pensés à la différence de ce que je fais d'habitude quand je ne me soucie pas de qui va jouer, j'écris la chanson d'abord. Là je les ai pensés pour la scène c'est-à-dire que la première que tu entendras lundi elle est pensée pour un piano, un quatuor et les quatre autres sont pensées pour être rock mais plus jouable que d'habitude. Plus impro, un peu plus de liberté et tout.
Donc non ce n'est pas prévu mais ça va me démanger parce que quand j'aurai fini mes concerts, j'aurai plus rien à faire que je vais me dire : « Tiens j'irai bien en studio » j'aime tellement ça aller en studio moi.
Tu as retravaillé quelques titres à ICP Bruxelles ?
Ramon Pipin. En fait, dans mon ordi, j'ai à peu près tous mes albums numérisés, mais à peu près, je n’ai pas tout. Donc j'ai écouté et je me suis dit : oui ce titre là ça vaudrait le coup, il y a même quelques titres on a rejoué des instruments, j'ai fait rejoué une ou deux basses par Marc Perier justement, on a fait rejoué une ou deux batteries, Brice a rajouté quelques guitares voilà. Sinon il y a des titres on a rien touché, on a juste remixé mais ça valait le coup. Tu te rends compte c'est quand même des trucs, même si ça ne sonne encore pas trop mal, ça été mixé en 79/80 quoi ! Il y a 40 ans, 43 ans.
Tu as tout tenté pour faire revivre le 1er album « Twist » d'Au Bonheur des Dames
Ramon Pipin. Oui j'y vais au feeling. Je t'avais peut-être raconté l'anecdote ? Il y a un mec que j'aime beaucoup qui s'appelle Steven Wilson, un anglais que tu connais bien évidemment, qui remixe beaucoup d'albums qui ont bercé ma jeunesse : « Aqualung » de Jethro Tull est une de ses meilleures réussites. Il a remixé The Giant, il a remixé XTC. En tout cas il respecte vraiment le vocabulaire d'origine, le son n'est pas du tout altéré, simplement il nettoie, il y a plus de dynamique et tout...Et j'avais voulu faire la même chose avec le premier album d' Au Bonheur des Dames puisque c'est les 50 ans de « Twist » , cette année c'est les 50 ans en fait, album qui était quand même disque d'or avec « Oh les filles ». Et donc j'ai proposé à Universal il y a quelques années de remixer, puisque comme je t'ai dit j'étais très déçu par le mix qu'on avait fait à l'époque au château d'Hérouville, mythique château d'Hérouville où on croisait Elton John et David Bowie. Universal m'ont filé le master d'un titre, puisque c'est eux qui ont les bandes, que j'ai remixé. Donc j'étais tout content parce que franchement c'était vachement mieux, la batterie par exemple était décalée sur la gauche et on l'avait recentrée, il y avait le pianiste qui devait avoir des gants, des moufles quand il a joué donc on avait aussi fait du montage pour que ce soit bien, sorti mieux la voix, bref c'était beaucoup plus clair. Et j'arrive chez Universal, le mec qui m'avait filé les bandes, je me souviens plus de son nom mais il vaut mieux que j'ai oublié. Donc il écoute le truc sur son Laptop et puis il me dit : « Ah ben je vois pas la différence ! « et le truc s'est jamais fait. Voilà ! Il voulait tester alors il m'avait filé que celui là. Ils n'en ont rien à foutre tu sais. Même si Au Bonheur des Dames a été disque d'or, c'est rien à côté de leurs grosses locomotives quoi.
Afin de te découvrir un peu plus, parle nous des gens qui t'entourent pour réaliser tous tes projets ?
Ramon Pipin. Bien sûr, j'ai des gens qui m'entourent depuis plusieurs années et je leur rends hommage ici parce que je suis un très gentil garçon. Je leur rends hommage mais ils ont quand même beaucoup de chance de travailler avec un mec comme moi. Hein Adrien t'es pas d'accord ? Alors ils sont plusieurs. Il y a Pierre Mitz qui m'aide beaucoup dans le quotidien, on réfléchit parfois aussi. Comme il est assez ringard parfois je lui demande ce qu'il pense de ça et j'écoute son avis. Il y en a un autre qui par contre est un élève de Robert Fripp, qui est musicalement beaucoup plus pointu, qui est vraiment un grand ami et qui s'appelle Pascal Nagat avec qui je travaille aussi beaucoup. Bon là maintenant il a un boulot donc je le vois moins mais il sera là au concert. Je demande conseil mais je n'écoute pas toujours les conseils mais parfois je les écoute. Et il y a la superbe Florence Bouvrot qui m'aide aussi beaucoup. Alors c'est plus quand je fais des spectacles mais c'est une cheville extrêmement importante, qui appelle avec beaucoup de gentillesse les gens, qui essaie de les motiver pour venir, pour faire venir... Bon il y en a beaucoup d'autres bien sûr, je les oublie. Il y a Vincent Chavagnac qui se tape toutes mes partitions, que je fais chier parfois quand c'est pas exactement ce que je veux. Je suis quand même assez exigeant je le reconnais mais bon c'est comme ça. Et mes musiciens qui travaillent avec moi depuis une dizaine d'années, un peu toujours les mêmes. Voilà, je suis bien entouré mais il me manque vraiment un vrai manager parce que parfois j'ai des décisions à prendre et je fais des conneries je le sais. Mais bon évidemment je ne suis pas infaillible. Là on a un vrai problème de marketing, c'est très difficile. Il y a une fille qui s'appelle Camille Potier qui fait du community management mais elle le fait surtout pour les Excellents donc je n'ai pas non plus vraiment de cummunity manager. J'ai pris un nouvel attaché de presse qui a l'air super, qui est sans doute le plus gros attaché de presse de jazz à Paris en ce moment, qui s'appelle Antonin Lennes, tu le connais ? Écoute j'ai été voir un concert de Louis Cole et il y a un mec qui m'aborde dans la queue et me demande si je suis Ramon Pipin . Un jeune mec de trente ans... » Oui mais comment vous me connaissez ? « et il a cette réponse étonnante, il me dit : « Mon père m'a élevé en écoutant vos chansons » . Je lui dis que c'est super et lui demande ce qu'il fait. Il me dit qu'il est attaché de presse de la soirée de ce soir, de Louis Cole qui est un musicien exceptionnel, ça c'est vraiment génial. Je lui dis que ce serait bien que l'on se parle un peu plus avant et donc je l'ai pris pour ce concert et franchement il a très très bien bossé et malheureusement les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances. Les journalistes euh ...je ne sais pas qui va venir lundi, encore. Alors il y en a que je connais bien sûr mais bon ils ne me répondent pas. Écoute on verra tant pis, je ne citerai pas de noms. Il y en a qui sont très cools , très sympas parce qu'en général ils aiment tous ce que je fais mais par contre ils sont très sollicités donc ils ne peuvent pas être là . Je ne peux pas leur jeter la pierre, c'est comme ça.
Pour conclure, est ce que tu as quelque chose d'important à dire dont on n'a pas parlé ?
Ramon Pipin. Hé bien ce que je voudrais dire c'est que ce n’est pas
toujours facile de faire des spectacles dans le monde dans lequel on vit
actuellement. J'essaie de me tenir au courant. Il y a beaucoup de douleurs, de
peines et j'espère que si les gens peuvent venir passer un bon moment en ma
compagnie, enfin en la compagnie de celle des gens qui m'entourent, des
musiciens, je serai content, vraiment content. En plus je raconte je crois des
choses pas trop cons donc venez, venez et puis si ça ne vous plaît pas je vous
rembourse. Tu sais je dis ça je ne prends aucun risque.
Voir la video ICI
Photos Th CATTIER / SHOOTING IDOLS