ABDUCTION est un combo de Black Metal technique, atmosphérique francilien un peu à part sur la scène française qui développe un univers romantique sombre et angoissé bien à eux. Composé de quatre corbins : l’archiatre Guillaume Fleury (guitare), le morticole François Blanc (chant), le mège Mathieu Taverne (basse) et le carabin Morgan Velly (batterie) d’emblée vous l’avez compris on est sur une autre stratosphère qui passe aussi par des clips superbes impressionnant de maitrise qui leur permet de se démarquer haut la main. Ajoutez à cela des textes travaillés qui se s’intègre parfaitement les morceaux et vous avez un patchwork de très haut niveau. Nos amis ont déjà à leur actifs trois albums qui eux aussi plante le décors rien que par leurs titres inspirés que ce soit Une Ombre Régit Les Ombres, À L’heure du Crépuscule ou encore Jehanne le ton est donné et ce n’est pas avec Toutes Blessent, La Dernière Tue emprunté à un roman de Karine Giebel leur tout nouveau méfait que l’ambiance va changer. Une interview découverte avec les sympathiques Francois Blanc et Guillaume Fleury qui nous permet une immersion dans un autre monde. Magnétos les gars c’est à vous !
Vous existez depuis 2006 quatre albums à votre actif. Le dernier en date Jehanne était un concept album sur la vie et l’histoire de Jeanne D’arc. Comment avez-vous abordé la conception de ce nouvel opus qui séduit d’emblée ?
François Blanc. Merci pour le compliment ça fait plaisir que l’album t’a plu. C’est vrai que Jehanne a été un album extrêmement ambitieux qui a demandé une somme de travail colossal pour en venir à bout. Je pense notamment à notre bassiste qui a écrit les paroles et Guillaume qui se charge de la musique, de la vision globale du concept. C’était vraiment un travail à plein temps, la conception de l’album et extrêmement intense. On a estimé que le personnage de Jehanne, sa vie est vraiment digne d’une fiction tant elle est riche méritait largement ce traitement. A ce moment-là on s’est dit qu’on allait revenir à un format plus classique, écrire des chansons avec des thèmes séparés à chaque fois. Il faut savoir que le quatrième album a été un nouveau départ pour nous car d’ordinaire Guillaume a toujours beaucoup d’idée en stock d’un album sur l’autre. Typiquement quand on a fini le premier album on avait déjà quelques idées pour Jehanne alors que là on est vraiment parti de zéro. Pour Jehanne on a mis tout le meilleur de ce que l’on pouvait donner. Là un nouveau redémarrage, une page blanche qui s’ouvrait devant nous. L’écriture a eu une part de spontanéité et d’autre part au contraire une segmentation des chansons on va dire. Le constat est que l’on voulait quelque chose d’un peu plus direct. Notre style depuis toujours est basé sur des contrastes, passages électriques, acoustiques, des alternances de styles de voix. On a voulu quelque chose d’un peu plus ramassé, accrocheur. Plus digeste pour les auditeurs avec des arrangements chiadés mais un coté plus direct. Ce qui était différent aussi c’est que Mathieu notre bassiste a pris en charge l’écriture des mélodies de Jean Pierre, d’ordinaire c’est Guillaume, moi j’interviens dans la dernière phase du processus pour faire quelques petits ajustements en direct. Lui il est très inspiré par la vielle chanson française du début du siècle dernier qui donne à l’album une autre couleur aussi. C’est album a été moins difficile et exigeant que Jehanne et vraiment un plaisir à concevoir.
Partir de zéro je suppose que ce n’est pas simple à gérer notamment au niveau de la pression ?
François Blanc. Je vais laisser Guillaume répondre.
Guillaume Fleury Oui, un peu des deux. Ça met la pression de ne pas avoir une vision globale très précise dès le début et se dire que l’on va naviguer à vue. Ce qui débloque le processus c’est d’avoir la pochette. Dès que j’ai l’artwork car nous nous inspirons de tableaux classiques français je sentais que je bloquai tant que je n’avais pas l’artwork définitif. J’avais des idées mais je n’étais pas sûr de ce que je voulais. Avant de reprendre la composition proprement je vais d’abord trouver la pochette qui va me débloquer tout le reste car je vais m’appuyer dessus pour m’inspirer. A partir du moment où j’ai trouvé la pochette et que tout le monde l’a validé en adéquation avec notre musique. J’ai un petit peu souffert de faire ça tout seul de mon côté de tout écrire. Ça me manquait un peu car François l’a dit pour Jehanne avec Mathieu on se voyait très souvent. On bossait et il est même venu vivre chez moi, on bossait dessus tous les jours. Je me suis senti un peu seul et c’est pour cette raison que j’ai terminé la composition de toutes les musiques. J’ai demandé à François et Mathieu d’apporter leur pâte et les mélodies de lignes vocales parce que cela reste collaboratif.
Toutes Blessent, la dernière tue est un titre qui interpelle aviez-vous en tête une idée particulière que vous souhaitiez développer ?
Guillaume Fleury A la base c’est ce qui est inscrit sur les cadrans solaires, tu peux encore en voir en France où c’est écrit en latin ou en français. C’est pour parler des minutes qui s’écoulent et chaque minute qui passent te rapprochent de la mort donc elles te blessent petit à petit et la dernière minute de ta vie c’est la fin et elle te tue. C’est lié au concept depuis le début qui est le nôtre qui est de s’intéresser au temps qui passe, à l’inéluctabilité à la mort et d’une manière plus spirituelle ce qui pourrait y avoir après. C’est le concept global de notre groupe même si tous les textes ne parlent pas que de ce sujet, il y a un lien commun entre tous les textes en filigrane qu’on retrouve malgré tout.
Comment avez-vous travaillé au niveau des textes qui sont très inspirés ?
François Blanc. Pour Jehanne il y a eu énormément de recherche historique, d’ouvrages et de références d’historien et autres. Mathieu a écrit presque tous les textes moi j’en a écrit un. Lui il est assez rapide il a toujours beaucoup d’idées et même pour lui il a beaucoup de choses en stock et on discute de ce qu’on veut faire. Une fois qu’on a un thème qui colle selon nous à la musique, il se met vraiment au travail et arrête un maximum de choses. Finalement il l’a dit il y a quelques jours il ne s’inspire pas tant que ça de ses lectures, c’est un mélange de tout ce qu’il peut expérimenter dans la vie. Parfois il y a des références littéraires ou autre mais ce n’est pas toujours conscient ou ciblé.
Toutes Blessent, la Dernière Tue a été enregistré, mixé et masterisé par Deha au studio Opus Magnum Studio de Bruxelles, comment avez-vous vécu ces sessions ?
François Blanc. A vrai dire le premier album qu’on a fait on lui avait préparé une longue liste à la maison pour qu’il les retravaille par la suite et dès le second album l’expérience avait déjà été si enrichissante qu’on s’est dit qu’il fallait enregistrer chez lui. Ce qui est formidable c’est qu’on a une relation de confiance qui se crée, des automatismes qui viennent, une amitié très forte avec Deha et une grande complicité. C’est toujours un plaisir. En fait personnellement et au nom du groupe l’expérience en studio est toujours quelque chose de fort parce que notre vie, notre passion ça reste la musique. Faire et s’exprimer en musique c’est quelque chose d’assez phénoménal et fondamental pour nous. On n’a pas toujours la chance de le faire et quand on met un pied en studio pour une semaine ou quinze jours ces moments-là sont dédiés à notre création. Même s’il y a des étapes qui sont pénibles il y a une exigence technique à avoir, parfois au chant j’ai l’impression d’avoir tout donné sur une prise, en fait j’ai mal prononcé un mot ou il y a quelque chose qui n’était pas exactement ce qu’il fallait que ce soit ou je me suis trompé sur le rythme. Donc il faut se reprendre. J’avais l’impression d’avoir mis toute mon émotion dedans et ça demande une certaine dose d’énergie. C’est pareil pour la guitare et tous les instruments, il y a une exigence qui est requise mais en même temps c’est vraiment un bonheur d’être dans cette ambiance vraiment créative. D’autant que pour le chant, c’est ce que je connais, Guillaume, Deha et moi on a une superbe forme de synergie et il arrive que surtout pour cet album on se fait vraiment confiance et des passages où on n’était pas certain de ce qu’on allait mettre en arrivant au studio, de ce qu’on allait faire et en travaillant tous les trois on est très vite arrivé à ce résultat qui selon nous est très satisfaisant. Donc l’environnement studio malgré le coté pénible parfois à cause de la répétition de devoir refaire ses prises encore et encore c’est quelque chose qu’on adore.
Est ce qu’il y a eu des défis personnels sur certain morceaux lors de l’enregistrement, avez-vous senti une évolution en tant que musicien lors de ces sessions ?
François Blanc. C’est une bonne question. Je dirai que pour ma part ma progression est assez marquée, d’album en album avec l’expérience et la découverte de certains registre de voix que j’ignorai puisque typiquement A l'heure du crépuscule et plus encore Jehanne et Toutes blessent, la dernière tue j’utilise parfois une espèce de chant hurlé mi-chemin entre la voix claire et la saturation. Je dirais que pour celui-ci le morceau qui était le plus imposant probablement à enregistrer “Contre les fers du ciel “ un titre basé sur l’œuvre d’Edmond Rostand de Cyrano de Bergerac qui est un texte magnifique et qu’on adore tous dans le groupe et il fallait pour le coup une interprétation extrêmement vivante puisqu’il fallait alterner les registres de chant en permanence pour coller au mieux à l’ambiance voulue et au texte. Dans la mesure où le morceau est construit sur des boucles de guitares qui se répètent et évolue en permanence plutôt que des ruptures franches que l’on fait d’habitude il fallait que le chant et la batterie amènent la variété et le dynamisme. Enregistré cette chanson était impressionnant et puis la reprise d’“Allan“ de Mylène Farmer c’était quelque chose car le projet d’ajouter une reprise est venu assez tard dans le processus. Elle a été montée en un temps absolument record qui est inhabituel pour Abduction mais très satisfaisant. En entrant en studio je l’avais très peu préparée. C’est venu relativement vite mais il y avait ce côté inédit qui ne me ressemble pas d’habitude à la préparation que l’on fait là-dessus. Il y avait une petite pression supplémentaire. C’est un challenge supplémentaire pour moi en tout cas.
Guillaume Fleury C’est vrai ce qui est intéressant avec la reprise d’“Allan“ la ligne est totalement arrêtée. On avait envie de respecter l’esprit de l’original donc tu ne peux pas dire que tu n’aimes pas trop comment s’est tourné en fait ou je n’aime pas le texte (rires). Ce n’est pas arrivé bien sûr mais après on peut se permettre si on trouve que la manière dont on pourrait le tourner enrichirait le morceau, une autre vision on le ferait. Cela n’a pas été le cas. Je réfléchissais le plus gros défi technique a été pour moi “Cent ans comptés“ parce les guitares sont un peu véloces et les structures sont assez complexes. Le plus gros challenge a été de composer des morceaux moins à tiroir qu’avant. J’avais vraiment envie de faire des morceaux un peu plus rentre dedans qu’il y est toujours des tiroirs parce que moi j’aime ça mais essayer de prôner des formats plus courts. Je cite rarement des challenges en termes précis mais l’idée c’était de voir comment on sonne sur des formats plus courts.
La reprise de Mylène Farmer “Allan“ (Ainsi soit-je…, 1988) est à mille lieues de l’univers du black et du metal d’où vient cette volonté de reprendre un tel morceau ?
Guillaume Fleury Il n’y a pas eu de réflexion. Mylène Farmer c’est pour moi l’artiste de tous les temps il y a longtemps que je me dis si un jour je peux lui rendre hommage je le ferai. Je ne suis pas grand fan des reprises surtout quand les reprises sont des reprises des groupes du même style. Je comprends qu’on rende hommage à ses influences mais je trouve que c’est moins intéressant de prendre un matériau qui est proche déjà du sien. Si jamais je fais une reprise, je me rappelle je me promenais avec ma famille. Je me suis demandé ce que cela pourrait être déjà chanter en français qui me tenait à cœur et mon artiste française ultime c’est Mylène Farmer et mon morceau préféré de Mylène de toute sa carrière je pense que c’est Allan qui en plus collait très bien à notre univers. J’hésitai aussi avec “Tristana“ qui pourrait faire une belle reprise de metal aussi. Ça s’est fait sur “Allan“ qui est parti très vite, le morceau a été mis en place très rapidement, déjà très inspirant et comme on a les matériaux de base on l’a adapté. Mine de rien Mylène a plus de point commun avec le metal qu’on pourrait parfois le croire. L’univers est assez sombre. On parle beaucoup de la mort il y a un côté un peu morbide et de la religiosité. Elle a aussi des connexions avec le rock et le hard rock. Peu de gens savent que Billy Sheehan qui est un bassiste mythique joue sur l’album Innamoramento. Par exemple elle a déjà partagé son studio avec Bon Jovi. Il y a des connexions à tous niveaux entre d’autres styles. Pour répondre à la question c’était une évidence de rendre hommage à cet artiste.
Il y a aussi ce clip magnifique qui dure dix minutes “Allan“ qui se déroule essentiellement dans un château avec cette ambiance sombre et un peu morbide. Je suppose que cela a nécessité beaucoup d’implication de votre part ?
Guillaume Fleury C’était un énorme travail car je suis complètement autodidacte là-dessus. Je n’avais jamais tenu une caméra de ma vie. J’ai été aidé par une ami Pauline Roulot qui est la photographe d’Abduction depuis le deuxième album qui fait toutes nos photos promos. Son métier c’est monteuse, elle m’a énormément aidé pour le montage. J’ai supervisé en disant ce que je voulais mais c’est elle qui l’a exécutée. Elle m’a aidée à cadrer, à faire les lumières. Ce n’est pas une amatrice non plus, elle fait des publicités des formats assez courts. Ça été aussi nouveau pour elle aussi. Très enthousiasmant pour tout le monde et on a fait ça en équipe très réduite, tous les membres du groupe et deux amis qui se sont ralliés pour nous filer un coup de main et la femme de François qui joue le rôle principal du clip et qui est une très proche amie à moi. On a fait tout ça en famille et j’ai écrit un script qui me tenait à cœur qui collait selon moi à l’univers du morceau et à celui d’Abduction. J’ai essayé de rendre hommage à des cinéastes que j’aime beaucoup du cinéma français, souvent des vieux films plutôt d’avant-guerre mais pas que et puis on a fait tout ça pendant deux jours, huit heures par jours. C’était très intense, il n’y a pas eu beaucoup de poses, parfois un peu stressant mais François peut donner son ressenti, mais on a vraiment aimé l’expérience.
François Blanc. C’était vraiment un défi parce que mine de rien il fallait louer un château, se préoccuper d’avoir un cheval. J’ai appelé les écuries du coin pour voir si quelqu’un pouvait nous aider ou proposer un tarif raisonnable et accompagner ma femme qui n’était plus monté à cheval depuis une bonne vingtaine d’année, il y avait des contraintes techniques, il a fallu qu’on trouve un stabilisateur pour la caméra mais on a la chance pour nous d’être bien entouré. C’est un ami dessinateur de bande dessinée qui nous a fait l’affiche avec sa coloriste qui a un niveau incroyable aussi. On a été bien entouré avec un ami qui nous a donné un petit cours d’escrime, à défaut de faire un combat spectaculaire, que l’on puisse au moins tenir une épée, faire des passes qui existent vraiment. Le tournage était un peu stressant pas vraiment acteur. J’essayai d’incarner au mieux le personnage quel que soit l’idée qu’on s’en fait inspirer d’Edgar Alan Poe qui correspond à notre vision du poète romantique et torturé mais c’était vraiment une super expérience. J’ai adoré le faire et du coup j’en viens à espérer qu’il y aura d’autres clips d’Abduction un jour.
La présentation du clip renvoie à cette belle affiche de cinéma réalisé par Thimotée Montaigne et Clara Teissier qui est un hommage à Jean Cocteau et Marcel Carmé aussi. Vous appréciez ce cinéma d’avant-guerre ?
Guillaume Fleury Moi c’est mon cinéma favori. Je ne suis pas féru de trop mais si je devais faire un top 10 du cinéma il y aurait quasiment que des films en noir et blanc format 4/3 qui date plutôt d’avant-guerre. Grand fan d’Henri Georges Clouzot il n’y a pas que ça, hier on a eu un commentaire c’était le deuxième qui m’a vraiment beaucoup fait plaisir puisque des gens voient aussi des références de Jean Rollin aussi, ce cinéma un peu horreur érotique parfois carrément kitsch mais avec un son derrière. C’est fait avec des bouts de ficelles avec vachement de cœur et ça exprime quelque chose. Il y a une vision même si tu sens que c’est fait par des amateurs en fait ça fonctionne. Ça me touche beaucoup comme remarque car c’est un univers qui me touche beaucoup aussi.
Est-ce que vous avez envoyé le clip à Mylène Farmer ?
Guillaume Fleury C’est notre intention. On cherche un moyen de la contacté. J’ai peut-être un biais détourné pour qu’elle est une chance de le voir mais on aimerait beaucoup qu’elle le voit même si ce n’est pas vraiment son style de musique de prédilection. Qu’elle voit le cœur qu’on y a mis dedans, qu’elle voit les hommages à son œuvre et qu’elle soit si possible interpellée par notre travail. Ce serait vraiment un rêve.
Est qu’il n’y a pas un parallèle avec Mylène au niveau de l’ambiance et de son univers unique ?
Guillaume Fleury Mylène elle m’inspire depuis le début. C’est une de mes influences. En fait même sur le premier album on a un morceau qui s’appelle enlèvement d’automne je m’en rappelle très bien que j’ai dit à François sur les couplets, je veux que ta façon de chanter soit un peu comme celle de Mylène quand elle monte et tiens les fins de mots et de syllabe parce que je trouve que c’est magnifique. Je pense qu’il y a des points communs on a un peu les mêmes fascinations pour les mêmes choses, le même côté un peu torturé sur certains sujets, la même fascination pour le temps qui passe, la mort. On se retrouve là-dedans et comme je le disais tout à l’heure c’est très metal.
La pochette est une très belle fresque : la promenade solitaire du peintre Hubert Robert datant de 1777. Qu’aviez-vous envie de transmettre à travers cette peinture ?
Guillaume Fleury Je cherchai à évoquer le coté forestier parce que je voulais que l’album soit plus organique qu’il invite à une promenade en forêt un peu solitaire. Ce que j’aime dans ce tableau c’est qu’il évoque aussi l’oubli. On peut imaginer que la personne qui figure sur la pochette au détour d’une promenade tombe sur ce vieux monument en ruine et ne sais plus trop à quoi cela fait référence car c’est trop abimé pour qu’on puisse le comprendre mais ça la fait réfléchir et penser à ce qui a pu se passer avant elle, qu’on put faire ses ancêtres, faire penser à elle-même ce qu’elle va laisser comme trace ou ce genre de choses. Ça peut évoquer énormément de choses. Je trouvai que ça collait avec l’image du groupe et plus simplement je trouve que ce tableau est magnifique et qu’il est superbe. Celui-ci collait à l’ambiance que je recherche, vraiment à l’univers musical que j’ai envie de développer.
François Blanc. En plus cela fait trois albums consécutifs où on a un personnage féminin sur notre couverture donc une représentation très différente à chaque fois qui crée un lien.
Vous avez prévu de faire un autre clip ?
Guillaume Fleury Il faudrait qu’on voie parce que c’est énormément de temps, d’investissement, même si le clip ne nous a pas couté cher du tout on a vraiment fait du mieux qu’on pouvait mais ça demande de l’investissement émotionnel mine de rien on ne s’en rend pas forcément compte mais on a passé trois ou quatre mois dessus finalement à travailler intensivement dessus presque tous les jours. Ce serait chouette, on y réfléchit Pauline et moi on a tellement aimé travailler ensemble qu’on pense qu’on refera quelque chose après. Est-ce que ce sera un clip ou un court métrage je ne sais pas mais je pense qu’il y aura autre chose.
“Dans la galerie des glaces“ a été le premier single proposé, qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce titre ?
Guillaume Fleury C’est très simple c’est notre label manager Laurent de Finisterian Dead End qui nous a dit qu’il aimerait que ce soit ce single, c’est mon favori. On lui a répondu oui car on est fier de tous nos morceaux. Il représente plutôt bien notre univers.
François Blanc. Je pense que c’est un bon choix dans le sens où il y a une prédominance de chants extrêmes d’entrée de jeu ce qui n’est pas le cas sur tous les morceaux. Cela rassurera les gens qui sont fanatiques d’un black metal plus traditionnel de celui qu’on fait et la deuxième partie plus mélodique qui revient un peu sous forme de leitmotiv avec ces thèmes de guitares qui arrivent et qui reviennent qu’elles se construisent les mélodies en fin de morceau. On s’est dit que c’était plutôt accrocheur. Quand Laurent en a fait la suggestion on s’est dit ça nous va très bien.
Vous possédez un univers bien à vous, comment envisagez-la mise en scène en scène lors de vos futurs concerts ?
Guillaume Fleury En fait c’est quelque chose auquel on pense de plus en plus et sur lequel on planche actuellement. L’idée dans un monde idéal serait d’avoir quelques éléments de décor qui évoque la dimension théâtrale de nos morceaux. On n’est pas très sensible au niveau jeans baskets sur scène sans forcément faire des tonnes dans l’exubérance on veut proposer quelque chose d’un peu unique qui fasse voyager un peu les gens qui colle à notre univers et qui ne serait pas celui d’un autre groupe. On réfléchit à des tenues de scène rien d’exubérant mais quelque chose qui projette et qui emmène les spectateurs ailleurs, avoir des éléments de décor et dans un monde idéal si le budget nous le permettait on irait aussi loin que possible dans l’exploration de notre concept.
Vous n’avez jamais donné un seul concert.
Guillaume Fleury Et non ! On va se produire en acoustique le 9 décembre chez Frozen Records un disquaire qui est à Nantes. On va donner un concert gratuit de quelques titres format assez court de vingt-cinq à trente minutes pour se lancer et c’est une bonne expérience de revisiter les morceaux du nouvel album en acoustique. On n’a jamais eu l’occasion de jouer électrique pour plein de raisons : le temps, l’éloignement géographique ce n’est pas l’envie qui nous a manqué mais on a toujours privilégié la composition de l’écriture de nos morceaux. C’est ce qui compte le plus pour nous. L’expression personnelle avant la restitution live mais cela évolue avec le temps à un certain stade de notre carrière on se sent plus en confiance on est plus volontaire et on est prêt à franchir le cap. C’est quelque chose sur lequel on bosse actuellement.
Comment vous sentez vous sur la scène Black metal française et internationale, que pensez-vous apporter de plus justement ?
Guillaume Fleury. Franchement difficile à dire. J’admets que ce n’est pas vraiment dans nos préoccupations mais tu disais qu’on avait quelque chose d’unique sur la scène française. Pour nous sans chercher l’unicité à tout prix on est très heureux si les gens détectent une personnalité chez Abduction, si en entendant notre musique ils n’ont pas l’impression que c’est n’importe quel groupe, qu’il y a un fond, qu’ils comprennent ce que l’on met dedans, de nous-même c’est ce que chaque artiste espère en publiant sa création. Mais pour nous plus le temps passe plus on se sent rattaché à des codes d’une scène. On fait une musique qui est vraiment personnelle et qui est dictée par nos gouts et nos sensibilités. C’est un peu difficile d’évaluer la place qu’on a dans la scène. Nous on continue à suivre un peu sur ce qui se passe en black metal et on a l’impression de proposer quelque chose qu’on n’entend pas partout, pour autant c’est un petit peu difficile à dire.
Pascal Beaumont / Photos DR
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)