lundi 12 août 2024

RED MOURNING (Aurélien Renoncourt - Batteur) // INTERVIEW // L'abum "Acoustic" en bac depuis le 27 mai 2024.

 
RED MOURNING un nom qui évoque la couleur du deuil des esclaves du Mississippi les champs de coton, la chaleur moite, la sueur et la souffrance du peuple noir harassé par des journées de travail épuisante avec comme seul échappatoire la musique. Un univers qui a un lien direct avec le Metal fortement influencé par PANTERA et DOWN et pratiqué par RED MOURNING ce combo Parisiens hors norme. Si l’on doit reconnaitre une qualité à ce quatuor c’est bien l’originalité et une volonté farouche d’innover en permanence, les bougres ont réussi à se démarquer du lot en pratiquant un Hardcore teinté de Blues rehaussé par des parties d’Harmonica qui leur donne une spécificité unique. Depuis ses débuts en 2003 le gang ne faiblit pas et a enchainé les opus et les Ep à un rythme effréné, comme avec Unchained un Ep acoustique fort réussi qui nous a montré une autre facette du combo et un cinquième méfait Flowers & Feathers cette fois électrique qui montre toute l’étendue du talent de nos lascars en continuant dans leur délire musical, l’innovation étant un étendard qu’ils brandissent haut et fort. Ce qui leur a permis au fil du temps de se façonner un son idéal à la fois chaud et organique ou la slide guitare allié à l’harmonica et le Banjo se taille la part du lion. Cette fois ci ils nous proposent un opus totalement acoustique sobrement intitulé Acoustic deux ans après Flowers & Feathers qui avait marqué les esprits par sa qualité. C’est avec Aurélien Renoncourt le batteur de la formation que nous avons pu échanger afin d’en savoir un peu plus sur le parcours atypique des RED MOURNING à qui tout semble sourire depuis quelques temps et cette nouvelle offrande acoustique des plus réussi pas de doute RED MOURNING a le vent en poupe. Rencontre avec un batteur polyvalent,sympathique, heureux de nous présenter sa nouvelle pépite qui montre une nouvelle facette du combo et au vu de ses qualités devrait leur permettre conquérir de nouveaux émules pas forcément uniquement dans le milieu metal ! Faites vos jeux. Magnéto Aurélien c’est à toi !


Le 24 mai dernier vous avez donné un concert acoustique au Hellfest corner dans le cadre de la sortie de ce nouvel opus comment as-tu vécu cette release party ?

Aurélien Renoncourt. Ça s’est super bien passer, déjà super accueil au bar du Hellfest Corner. On a été
super bien accueilli et après les sets on était content de nous. Il y avait une bonne ambiance sur scène, dans la salle. Il y avait même des gens qui ont découvert Red Mourning. C’était plutôt très agréable comme soirée. C’était un succès. On va probablement y rejouer d’ailleurs, dans quelques mois, plutôt une satisfaction le lancement de l’album avec ce concert acoustique.

Il y a eu un show important qui était électrique celui-là le 19 novembre dernier à la péniche Antipode avec 6 :33. Quel souvenir en gardes tu ?

Aurélien Renoncourt. Ça s’est super bien passer, c’était une salle où on jouait pour la première fois. Plutôt bonne ambiance comme salle et conditions. Jouez avec 6:33 c’était vraiment cool. C’est un groupe qu’on apprécie au niveau artistique. C’était plutôt chouette il y avait pas mal de monde, une date agréable aussi et une bonne ambiance dans la salle. On veut en faire de plus en plus des dates comme celle-là.

Depuis un certain temps vous alternez les concerts électriques et acoustiques. Pourquoi cette envie de faire ce type de concerts complètement diffèrent et qui n’ont rien à voir ensemble ?

Aurélien Renoncourt. On a eu l’idée des concerts acoustiques au moment d’une tournée. C’était pour le troisième album je crois où on avait eu un Day off entre deux dates de concerts et sur ce Day off il y avait la possibilité de faire une date acoustique dans un bar. Pour l’occasion on avait repris nos chansons metal, réarrangées pour l’acoustique pour pouvoir faire un set acoustique. L’expérience nous a plutôt plus donc on s’est dit pourquoi pas faire le truc à fond et réécrire totalement les chansons et développer cette facette de Red Mourning qui pourrait être intéressante. Il a fallu bosser pour se mettre à niveau par rapport à notre facette metal. Cela fait bientôt plus de vingt ans qu’on existe donc forcément on sait « faire du metal ». Il fallait se mettre à jour par rapport à ça en jouant de l’acoustique. C’est quelque chose qu’on a voulu développer aujourd’hui. On a vraiment envie de mener les deux types de concerts de front, les deux ambiances de front et continuer à faire du metal et de l’acoustique au même titre que des groupes comme Klone par exemple qui font autant de concerts acoustiques que metal.

Quand tu donnes des concerts acoustiques, tu joues du banjo ?

Aurélien Renoncourt.  Non je fais de la guitare. On est deux guitares sur scène et après il y a un tas d’instruments où je vais jouer du carol, sur certaines chansons je vais jouer du hang drums, sur certaines chansons où Alex l’autre guitariste va jouer de la lap steel. Donc il y a une certaine variété dans les concerts acoustiques. La formation entre guillemets de base c’est deux guitares : une basse acoustique et le chanteur qui fait aussi l’harmonica.

Est-ce que le fait de jouer des concerts acoustiques, vous donne la possibilité de donner plus de concerts car on le sait que c’est difficile de trouver des salles en France ?

Aurélien Renoncourt. Complètement parce que tu accèdes à des endroits auquel tu ne peux accéder en proposant un set metal. Typiquement comme tu disais les concerts au Dr Feelgood, des concerts de metal là-bas on ne peut pas en faire. Le concert au Hellfest Corner c’est la même chose ça permet d’accéder à des lieux qu’on n’aurait pas pu accéder et en termes de logistique c’est beaucoup moins lourd que de préparer un concert metal. Au niveau du matos ce n’est pas la même sono, la même puissance sono etc… Surtout en France pour des groupes de l’underground métal les petites salles qui pouvaient nous accueillir avant ferme de plus en plus. Seul les gros continuent à tourner pour les moyens-petits c’est compliqué.

En 2019 vous aviez déjà sorti un EP acoustique « Unchained ». Maintenant vous sortez un opus

Aurélien Renoncourt. L’EP est sorti en 2019, les cinq titres de cet EP figurent d’ailleurs sur l’opus d’ailleurs. Il y avait le côté un peu Est de cet EP. Déjà nous challenger et voir si on arrivait à sortir des chansons acoustiques qui se tiennent, qui sont vraiment des vraies chansons et pas juste des adaptations de chansons électriques. Une vraie chanson qui se tienne toute seule. Ensuite il y avait ce point : Comment cela allait être reçu par le public et les gens qui nous suivent. Finalement on a eu des retours très cool qui nous ont encouragé dans cette voix. On s’est dit qu’il fallait vraiment jouer la carte à fond. On a proposé vraiment un disque complet pour aller jusqu’au bout de la démarche. On a beaucoup travaillé tout cet aspect pour aboutir à l’opus qui est le fruit d’un travail de composition et d’interprétations parce qu’on a quand même pas mal bossé pour aboutir à le sortir en 2024. Mais c’est quelque chose qu’on fait depuis le début de Red Mourning, on a des petits interludes acoustiques par ci par là qui se sont transformés petit à petit en chanson acoustique qui sont apparus sur les disques et qui aboutissent aujourd’hui à celui-ci qui est cent pourcent acoustique. C’est vraiment une démarche de maturation qui s’est étalé sur le temps.



A l’écoute de l’album on se dit que l’on fasse partie du milieu metal ou pas c’est un opus qui peut passer partout. Est-ce que vous pensez que ça peut vous attirer un nouveau public qui n’est pas forcément fan de hard rock ou de metal mais qui peut être attiré par ce genre de version ?

Aurélien Renoncourt. Ça me fait plaisir ce que tu me dis parce que (rires) c’était un peu le but. C’était de proposer un album acoustique qui pourrait plaire à des gens qui ne soit pas une version acoustique d’une version metal. Il y avait le souhait de sortir des morceaux qui ont une identité propre. Elles sont autonomes sans avoir besoin de leur antécédent métal pour exister. C’était vraiment ce souhait de proposer des nouvelles chansons même si on a pris des chansons de nos titres déjà composé metal. Effectivement les gens qui sont un peu réfractaires à du chant gueulé, à la disto…C’est un point d’entrée qui est beaucoup plus accessible pour découvrir l’univers de Red Mourning. Peut-être que ça peut entrainer, alors soit ces gens-là vont rester en se disant ok j’aime bien la version acoustique de Red Mourning alors que moi la version metal, soit ça peut les amener à apprécier davantage à découvrir les versions metal de l’univers de Red Mourning. Oui ça va forcément élargir le public potentiellement. C’est plutôt cool parce que c’est vrai que ça peut toucher des gens qui ne sont pas forcément touchés par une approche métal. C’est tout aussi intéressant.

Votre originalité par rapport à votre démarche est de faire un album acoustique avec des morceaux écrit dans cet esprit-là. Il y en a beaucoup de combos qui font des reprises alors que vous ce sont vos titres originaux. Mais vous faites des reprises sur scène comme celle de Janis Joplin.

Aurélien Renoncourt. Oui tout à fait je pense qu’à terme dans notre set live acoustique on va intégrer davantage de reprises de formations un peu plus célèbres. Il y a notamment une reprise qu’on est en train de bosser de Pink Floyd « High Hopes », mais avec toujours cette démarche de ne pas reprendre pour reprendre en réinterprétant et arranger le morceau. Effectivement il y avait l’exercice de style de prendre une de mes chansons la dépouiller totalement, garder uniquement les textes avec quelquefois les lignes de chant et reconstruire un nouveau morceau sur cette base.

Finalement il y a un gros travail, reprendre un morceau électrique le dépouiller totalement pour en refaire une version acoustique ce n’est pas si simple.

Aurélien Renoncourt. Oui et en plus ce qui est compliqué à reprendre ce sont ses propres morceaux, le titre dans sa version métal tu le connais par cœur, il faut vraiment se détacher de tout ça, repartir de zéro, et vraiment reconstruire quelque chose de nouveau. L’exercice était très intéressant au niveau créatif, c’était beaucoup de travail et parfois sur certaines chansons on n’arrivait pas à se détacher de l’original, et cela ne fonctionnait pas, donc ce sont des titres qu’on a jetés finalement.

Qu’est ce qui fait que vous avez choisi ces morceaux plutôt que d’autres ?

Aurélien Renoncourt. C’était vraiment au cas par cas, en fait, le processus a été d’écrire des titres instrumentales acoustiques et après de voir quelles chansons s’y prêtaient le plus en termes de paroles et de lignes de chants avec déjà un tri sur des morceaux sur les trois quarts qui avaient du chant gueulé. Ceux-là  on ne les a pas retenues parce que tu n’as pas pour les exploiter. Il y a ce côté où tu dois avoir des phrases et des mélodies un peu catchy et un peu intéressantes pas juste de la transposition. Cela a été fait vraiment au cas par cas en fonction de la vibes de la chanson, en se disant tiens ça colle bien avec ces paroles là ou cette structure parce que par exemple “Splintered Bone“ qui a fait l’objet d’un clip, il y avait ce côté couplet refrain qui était intéressant à exploiter parce que c’est une structure un peu pop rock classique donc c’était un morceau qui était propice à l’acoustique.

C’est pour cela que vous l’avez choisi en single ainsi que pour la réalisation du clip ?

Aurélien Renoncourt. Tout à fait il y a aussi le morceau “Come to Bury“ pour laquelle on va aussi faire un clip qui est plus cinématographique que celui de “Splintered Bone“. C’est vrai qu’il y a un côté assez catchy avec un refrain facilement mémorisable sur “Splintered Bone“. Mine de rien le titre fait quatre minutes. On est dans des formats qui ne sont pas des singles classiques même en acoustique.

Vous avez tourné le clip “Splintered Bone“ à la brasserie d’Orville, c’est pour nous présenter l’ambiance que l’on va vivre dans les pubs pour vos concerts acoustiques.

Aurélien Renoncourt. L’idée c’était de sortir une chanson où on voyait le groupe jouer et que ce ne soit pas juste ok les gars on fait un album acoustique mais ils ne savent pas jouer leurs compositions acoustiques. Il y avait ce souhait dans un premier clip de montrer que c’est le combo qui joue le plus sobrement possible et sans artifice au même titre que l’album. Le deuxième clip que l’on va tourner sera un peu plus narratif et cinématographique. Un peu différent avec une ambiance qui ne sera pas la même. Il y avait aussi l’idée de jouer dans une salle de brassage de la brasserie d’Orville pour exploiter la beauté visuelle de ce que peut être une cuve illuminé avec un éclairage particulier.

Quel est ton rôle au sein des tournages vidéo ?

Aurélien Renoncourt.
En fait on a déjà fait deux clips acoustiques, “Blue Times“ et “Splintered Bone“. L’Ep acoustique et en fait notre mode de fonctionnement est simple : Julien Thomas s’occupe de la partie prise d’image, il fait des supers plans, il connait son matos, super cameraman, il fait des superbes images et derrière je m’occupe de tout ce qui est montage et réalisation.

C’est une autre facette de ton implication dans Red Mourning la réalisation et le montage de clip.

Aurélien Renoncourt. Personnellement j’aime expérimenter de nouvelles choses. Le fait de faire du montage de clip c’est un nouveau kif. C’est quelque chose qui me tient à cœur, c’est une partie de moi quand même. C’est une nouvelle manière de s’exprimer en dehors de la musique en dehors des paroles, des visuels de pouvoir s’exprimer dans le montage, l’image c’est un plus qui est très intéressant.


Interview 31 mai 2024
Pascal Beaumont / Photo DR 
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)