mardi 22 septembre 2020
URIAH HEEP Russell Gilbrook // Interview // Septembre 2018
On ne présente plus URIAH HEEP la formation anglaise qui arpente les scènes du monde entier depuis plus de cinquante ans avec une énergie sans faille ! Cinq décennies au service du Hard Rock cela force le respect et l'admiration.
Le groupe a survécu à toutes les tempêtes et est devenu au fils des années un incontournable, une référence au même titre que DEEP PURPLE ou AEROSMITH,
devenant un membre à part entière du cercle très fermé des vétérans toujours en activité qui alignent régulièrement des albums avec plus ou moins d'inspiration mais toujours de grandes qualités.
Le gang a composé un nombre incalculable de classiques gravé en lettre d'or au panthéon du Hard Rock qui on fait de lui une légende.
Le tout lié à une histoire surréaliste comme le départ de David Byron leur chanteur mythique dont l'ombre plane encore et toujours sur le combo cinquante ans plus tard.
Cela n'a pas empêché nos British de perdurer et de continuer à enregistrer des opus de haute facture avec leur classe habituelle sous l'œil bienveillant de Mick Box le dernier membre original sévissant au sein de la formation depuis 1969 accompagné du fidèle Bernie shaw qui sévit au sein du combo depuis plus de trente ans.
2018 est l'occasion pour la bande à Mick de revenir avec un Living The Dream de très bonne facture. C'est avec Russell Gilbrook le batteur très loquace de HURIAH HEEP depuis 2007 que votre serviteur a pu s'entretenir afin d'en savoir un peu plus sur Living The Dream le dernier méfait en date de nos Londoniens qui d'emblée s'avère être une très bonne cuvée.
Un entretien placé sous le signe de la jovialité avec un musicien hautement sympathique, passionné qui vit son rêve à 100 %. Magnéto Russell c'est à toi !
Vous avez joué en France l’année dernière le 28 Juillet 2017 à Colmar au coté de STATUS QUO. Quel souvenir en gardes-tu ?
Russell Gilbrook. Je me souviens que le public était acquis à notre cause. Enjoué de voir STATUS QUO ainsi que notre groupe évidemment car nous avons joué une multitude de fois en France.
C’était l’opportunité de se montrer à nouveau et nous l’avons bien fait. Le public était très bon.
C’était étrange de jouer à Colmar puisque nous ne jouons pas souvent. Le public a été tout de suite conquis sans se rendre compte du prix peu élevé des billets. Nous étions un peu inaudibles en termes de communication vis-à-vis du public mais cette situation est en train de changer.
Nous ne venons pas aussi souvent que nous le voudrions. Les choses évoluent maintenant avec les
promoteurs de spectacles. Nous serons en mesure de satisfaire tous nos fans fidèles.
Quel souvenir gardes-tu de votre concert au HELLFEST en Juin 2012
Russell Gilbrook. Le Hellfest est un festival si bien organisé que ce soit au niveau de la scène et du public.
Les organisateurs sont là pour tout superviser. Ils font venir des groupes fantastiques. Certainement l’un des meilleurs festivals que nous ayons faits et celui que nous aimerions refaire.
Une organisation tellement bien rodée et un festival de métal renommé.
Es-tu impatient de revenir à Paris ?
Russell Gilbrook. Oui nous y avons joué il y a deux ans avec BLUE OYSTER CULT. Brillantissime.
Quelle est la recette pour faire un bon concert ?
Russell Gilbrook. Tous les shows sont pour nous une excitation. Ce sont d’autres endroits, des dates différentes, un autre public. En général ce sont des voyages fatigants. Nous devons faire la meilleure prestation possible sur scène. Le public attend de voir ce que tu vas proposer.
Ils attendent quelque chose de spécial, le soir du show. C’est pour cette raison qu’ils se déplacent.
Ils veulent voir leurs groupes, écouter de belles chansons mais surtout passer un grand moment.
C’est ce que nous faisons ! Cela nous réjouit d’arriver sur scène et de donner toute notre énergie, de donner des vibrations et toute cette entente avec le public.
Heureusement, c’est réciproque. Par conséquent nous passons un bon moment.
Pourquoi avoir choisi d’enregistrer avec Jay Ruston votre nouvel album « Living The Dream » ?
Russell Gilbrook. Quand l’album fut terminé nous nous sommes demandé quels étaient les producteurs que nous avions en tête ou ceux que nous voulions utiliser pour différentes raisons.
Nous avions eu cette idée sur les albums précédents. Cette fois nous avons décidé de choisir quelqu’un d’éclatant, de vibrant, qui a réalisé des choses magnifiques avec des superbes groupes.
Nous adorons ce son. C’est pourquoi nous avons étudié ce dossier. En plus c’est un grand fan de notre groupe. Il comprend ce qu’est le rock classique et notre désir de création. Nous avions rendu son travail facile et il a rendu le nôtre également au moment de la production.
Tout était en place quand nous avons enregistré et nous étions réellement satisfaits du résultat.
Je suis persuadé que beaucoup d’autres personnes sont satisfaites. L’album est superbe et bénéficie d’une superbe production. La clarté des instruments capte l’énergie.
Une magnifique symbiose.
Comment s’est déroulé le processus d’enregistrement ?
Russell Gilbrook. Habituellement nous enregistrons avec deux, trois ou quatre pistes d’enregistrements en une seule journée. Le reste de l’enregistrement arrive plus tard jusqu’à la fin d’un morceau (overdub, le chant). Jay approuve ou désapprouve sur la meilleure façon de faire : nous voulions enregistrer une chanson par jour. C’est ce que nous avons fait.
Nous avons joué de la batterie, de la guitare, des claviers : toute l’instrumentation était prête.
C’est la chose la plus importante. Ce que nous aimons faire est de ne pas séparer les instruments.
Tu obtiens des instants magiques lorsque tu joues avec les autres musiciens. Dans les coulisses tout le monde était unis, et par conséquent tu obtiens cette fusion. Nous avons dirigé la musique en y
ajoutant des effets le même jour. C’était fantastique de travailler ainsi pendant toute une journée sur une chanson et spécialement au niveau du chant. Tu n’as pas à enregistrer les dix chansons, mais une seule. Nous avons terminé les enregistrements en dix neufs jours seulement.
C’était terrible et très rapide, relaxant et tout s’est passé dans une atmosphère paisible.
Aviez-vous une volonté d’enregistré à « l’ancienne» ?
Russell Gilbrook. Oui en y réfléchissant de plus près, la moitié de l’album a été enregistré sans clic.
J’ai demandé à Jay si nous devions utiliser les clics. Il m’a répondu ce que je voulais vraiment faire.
Je lui ai dit sans parce que cela dépend de la personne qui interprète selon le tempo et son ressenti du moment. Avec le métronome dans le studio il ne peut pas y avoir d’improvisations.
Il faut absolument jouer très précisément. Il doit au moins y avoir un mouvement dans le tempo de la chanson. D’autres ont été enregistrées avec des clics car il n’y avait pas beaucoup d’improvisations à réaliser.
L’ancienne école a du bon car nous jouons comme un groupe uni. Nous mettons toutes les pistes d’accompagnement comme unité. C’est pourquoi je trouve que l’album est si bon et son rendu si compact. C’est ce que nous ressentons. Du bon feeling.
C’est exactement ce que l’on ressent à l’écoute de l’opus !
Russell Gilbrook. Oui c’est le cas. C’était important à notre niveau de construire le son.
Afficher un bon feeling et une bonne énergie. Montrer que le tempo et les rythmiques sont corrects : les chœurs, les instrumentaux ont ce bon feeling.
Et surtout parce que tu as eu dix jours pour te préparer et disséquer la production afin d’être dans une bonne situation. Toute cette préparation a permis de réaliser l’enregistrement beaucoup plus
simplement. On a tout envoyé à Jay. Il ne voulait pas changer grand-chose car il était content de ce que nous avions préparé auparavant. Parce que nous avions l’habitude de travailler de cette manière et nous étions prêts pour enregistrer.
En tant que batteur, comment travailles-tu et quelle est ton implication au niveau de l’écriture des titres ?
Russell Gilbrook. Je travaille sur l’envoi des démos. Ce sont des démos basiques sur les arrangements. C’est une démo où je peux mettre en pratique la structure des chansons.
Comme musicien j’entends la démo et je peux immédiatement faire jaillir ainsi des milliers d’idées et des tempos. J’ai plein de moyen à ma disposition pour changer de tempo pour faire des swings par
exemple. Notamment avec des doubles grosses caisses à la batterie, avec la basse et faire la pré production. Avec les changements réalisés, l’ensemble du groupe peut valider.
Ça fonctionne bien.
En faisant allusion au titre «Living the Dream», quel est ton rêve en tant que batteur ?
Russell Gilbrook. La plupart des gens croient que les rocks stars vivent une vie de rêve.
Tu voyages autour du monde, tu joues devant des milliers de personnes sur scène et tu es payé des milliers de livres sterlings. On ne peut pas le contredire.
Mais à l’inverse tu as des milliers de gens qui jouent pour leurs loisirs. Tout le monde vit alors un rêve d’être un groupe de rock et de pouvoir perdurer un certain nombre d’année.
Nous avons tous été impliqués. J’ai joué de la batterie dès l’âge de six ans et performer aussi depuis
un petit moment déjà. Depuis les années 1970, Phil et Bernie ont joué jusqu’en 1996 avec le groupe Grand Prix. Dave a joué durant toute sa vie. Nous vivons dans un rêve car nous jouons des
instruments que les gens adorent. Parfois devant deux cent mille personnes et ce partout dans le monde. C’est vraiment vivre son rêve. C’est jouer devant toute cette foule et nous adorons.
Ton rêve est donc de jouer à travers le monde et d’être en permanence en tournée ?
Russell Gilbrook. Absolument. Bon an mal an cela fera cinquante ans et nous continuons de jouer
dans cinquante et un pays devant des milliers de personnes. C’est réellement vivre dans un rêve.
Avec toutes ces tournées et en tant que batteur, comment fait tu pour rester en forme ?
Russell Gilbrook. Je pratique sans cesse. Je fais en sorte de prendre soin de moi. Je mange bien et ne consomme pas de la nourriture stupide comme la malbouffe. Je fais attention à mon poids. Je pratique beaucoup de sport ce qui me permets d’entrer dans mes fringues. Jouer de la batterie permet de garder la ligne. C’est très facile d’être tenté lorsque tu es sur la route de trop manger et de boire beaucoup d’alcool. Tu dois apprendre à faire des régimes lorsque tu fais la fête avec de l’alcool et de la nourriture. C’est ce qui a mis des batteurs célèbres hors compétition. Si tu ne fais que manger et boire, cela risque de te briser un jour. Plus tu prends de poids, plus il est difficile d’entreprendre quelque chose de physique. La batterie est un instrument qui nécessite beaucoup de physique. Tu dois être en forme comme Tommy Aldridge. Ce type tient bon car il adore jouer, même à soixante-huit ans. Il continue à jouer du hard et du heavy. Pour réaliser de telles prouesses, il faut s’entretenir.
Tu es à l’origine d’une polémique sur les réseaux au sujet de ces batteurs incroyables que l'on peut voir sur YouTube et qui selon toi ne peuvent jouer ainsi qu'à la maison n'ayant jamais joué au côté d'autres musiciens et encore moins fait de scène !
Russell Gilbrook. Tout le monde mérite de réussir quel que soit l’instrument choisi. Le problème réside dans la promotion des batteurs au niveau technique qui ne font pas de concerts avec des groupes. Ces batteurs jouent réellement bien, et bénéficient d’une superbe audience auprès des batteurs sur YouTube et les réseaux sociaux. Mais ils ne t’apprennent rien sur la manière de jouer de la batterie. Avec des groupes dans le monde entier les gens sont en difficulté. C’est plus facile de jouer quelque chose de simple. En revanche c’est très difficile de jouer quelque chose de facile correctement. Si tu ne sais pas jouer bien ce qui est facile, que feras tu lorsqu’il s’agira de jouer quelque chose de très compliqué. Ça sera pire et ça n’aura aucun sens. Alors pour moi malheureusement YouTube ne formera pas que des experts. A la fin de la journée je donnerai un petit conseil. C’est possible de jouer du HURIAH HEEP et il n’est pas nécessaire de vouloir tout jouer. Nos chansons sont connues et tout le monde peut apprendre à les jouer. C’est ce que les gens devraient faire. Ils devraient être heureux et fiers de pouvoir jouer des choses simples et non des trucs hyper compliqués. Ce ne pas très excitant.
Quels sont les qualités qu’il faut avoir pour être un bon batteur ?
Russell Gilbrook. À mon avis, un bon batteur est quelqu’un de solide avec un bon feeling qui joue juste dans le tempo. Si cela nécessite de jouer simple, qu’il joue simple. Steve Jordan est un de mes batteurs favoris ; ce n’est pas quelqu’un de très technique mais ce qu’il joue est fantastique.
C’est notre boulot en tant que batteur de faire en sorte que l’ensemble du groupe se sentent bien et détendus. Ce sont les fondations. Pour avoir les bonnes performances au-dessus de la mêlée.
Pour le public si je ne suis pas dans le groove et si je ne fournis pas d’énergie il ne dansera pas.
De mon point de vue, il y a autre chose qui est fondamental. Le batteur doit avoir de grands yeux et de grandes oreilles pour jouer. Tu joues avec d’autres personnes, tu ne joues pas pour toi-même mais pour un public. Il ne comprend pas l’aspect technique. Il comprend la mélodie, les paroles, le groove et le tempo. C’est ton travail de transmettre tout cela à ton public. Je ne fais pas mon boulot si je joue devant cinq mille personnes et que je joue seulement pour les cinquante batteurs présents dans la salle. Je joue pour les cinq mille personnes et il y a cinquante batteurs présents parmi la foule.
C’est important de résumer qu’un batteur doit avoir un bon feeling, une solide uniformité et doit prendre du bon temps.
Pourquoi avoir choisi comme singles « Grace by Heaven» et «Take Away my Soul» de l’album ? Est-ce un choix difficile ?
Russell Gilbrook. Généralement c’est difficile, mais tu as déjà un ressenti. Il y a des titres qui te collent à peau. Tu peux décider ceux qui seront dans le top trois. Tu as le choix et ça dépend bien sûr de l’album. Tu peux avoir trois ou quatre chansons qui te semblent être les bons singles.
Il y a une sorte de consensus avec le groupe en communiquant par mail avec le management et le label.
Tu donnes juste ton opinion : celle qui doit apparaitre en premier et l’autre en second. Tu conclues l’entretien en donnant ton accord. C’est évident pour nous que la première chanson doit avoir un impact parce que nous avions un nouveau producteur. Nous voulions que le public sache, même s’il nous considère comme vieux que nous pouvons allez très haut en donnant toute notre énergie et ainsi montrer à tout le monde que nous sommes encore présents dans le business. C’est pour cette raison que « Grace by Heaven » était un titre évident qui allait toucher tout le monde. Dans l’espoir de créer un nouveau public en combinant l’existant partout dans le monde.
Sur Facebook il y a une photo de toi avec Don Powell, le batteur de SLADE. Est-ce quelqu’un d’important pour toi ?
Russell Gilbrook. Nous avons fait quelques festivals ensemble, et j’admire la façon dont il joue. Encore une fois ce n’est certainement pas un batteur technique. Son jeu est simple, et s’il jouait de façon technique ça ne serait pas audible. Les bons musiciens jouent leurs parties de la bonne manière.
Tu ne peux pas forcement joué simplement comme dans le groupe DREAM THEATER. C’est plus complexe pour jouer proprement dans les groupes très techniques. Il arrive que parfois ce soit le contraire. Les batteurs peuvent jouer fortement et ça nécessite de l’énergie. Pour jouer simple, il faut vérifier que les fondations sont correctes et que la mélodie et l’impact arrivent dans sa meilleure lignée.
Tu as aussi joué avec Vanilla Fudge en remplacement de Carmine Appice.
Russell Gilbrook. Je ne l’ai pas remplacé [Rires]. Ce qui s’est passé et que j’étais dans le bateau sur la tournée HURIAH HEEP de février. L’un des membres était malade, et le manager a pris contact avec moi. Il est intervenu pour parler business et ne sont pas entendus sur l’aspect financier. Malheureusement je n’ai pas pu le faire, mais j’étais prêt à le faire. Être assis sur le siège de Carmine Appice était suffisant pour moi. Et ils n’ont pu trouver d’arrangement avec le management pour se démêler de la situation. Je crains que cette histoire n’ait jamais eu lieu.
Comment es-tu devenu le batteur D’HURIAH HEEP ?
Russell Gilbrook. Avant de rejoindre le groupe je donnais des cours en Master ainsi que des démonstrations pour l’entreprise avec laquelle je travaillais en Angleterre. C’était tellement bien qu’elle continuait à me proposer sans cesse ses cessions de travail. Le gars était un ami de Trevor Bolder et on lui a demandé de venir me voir. Je pense qu’il a apprécié.
Un jour il est venu ainsi que des gars d’Uriah Heep. Il m’a trouvé fantastique. Pour lui, j’étais l’un des meilleurs batteurs qu’il avait vus. Il m’a demandé de le rejoindre à l’hôtel.
C’était beaucoup trop loin de chez moi alors il m’a invité dans sa maison pour déjeuner.
C’est ce que j’ai fait et nous sommes devenus amis. Sept ans plus tard j’ai eu un appel de lui, même si nous ne voyons pas aussi souvent. Paul n’est pas très en forme.
Est-ce que tu voudrais signer un contrat de disque et la tournée car il ne pourra pas la faire.
Le management avait déjà l’accord et j’ai fait une démo de passage en audition.
Est-ce que ça te dérangerait d’être dans le groupe ? J’ai répondu, non pas du tout : qu’est-ce que je dois faire ?
Il m’a accordé une audition. Ce n’est pas une astuce que je donne aux batteurs mais il y avait deux cent quarante batteurs pour cette audition. En procédant par éliminations, ils n’en ont gardé que quarante. L’audition a eu lieu à Londres dans le Terminal studio qui n’existe plus maintenant.
J’ai délibérément attaqué en disant que je voulais jouer pour la dernière audition et jouer avec mon kit de batterie. Je vois deux avantages. Avec l’autre matériel tu peux jouer de la merde et tu ne peux pas bien jouer sur un instrument de mauvaise qualité.
Donc j’ai pris mon kit : chacun devait apprendre cinq chansons afin d’explorer le talent des batteurs. Je n’ai pas fait ce qu’il demandait parce que sinon je clonais ou alors il voulait voir quelqu’un pour faire quelque chose de différent, de nouveau allant dans une nouvelle direction.
Je me suis dit attends une minute : c’est mon heure et mon show.
J’ai assuré mes arrières pour être un musicien accompli, un musicien soliste qui s’est formé lui-même. Je me suis demandé ce que j’allais faire. Je l’ai fait à ma manière.
Soit-il m’adopteront comme batteur ou ils choisiront un clone. Je me suis rendu à l’audition. Ils sont arrivés avec le café et tout le reste.
Ça n'était pas terrible car les batteurs ne pouvaient pas faire ceci et cela. Ils avaient déjà passé un mauvais moment avec eux. Quand ce fut mon tour ils m’ont demandé si j’avais appris les cinq chansons. Je leur ai répondu. Leurs visages en disaient long. J’ai appris tout votre set. Je peux faire le set maintenant si vous le souhaitez. Et ils étaient si contents de savoir que je connaissais tout leur répertoire. Ils m’ont demandé ce que je voulais jouer. Je leur ai dit ce que vous voulez. Ils ont commencé à jouer et j’ai joué pendant cinq minutes. A la fin ils m’ont demandé si je savais combien c’était payé : je leur ai répondu : vous me parlez comme si j’avais le boulot. Ils ont répondu oui. Félicitations ! C’était fait.
Est-ce que ça a été un des plus beaux moments de ta vie ?
Russell Gilbrook. Oui c’était fantastique. Il arrive un moment où tu dois évoluer en tant que musicien. L’expérience en tant que musicien te donne plus de grandeur et il faut croire à ce moment que tu vas offrir. Quand j’étais là-bas, j’ai su que j’étais capable de le faire. J’ai su qu’ils allaient adorer ce que j’avais à leur proposer. Je ne savais pas si ça allait coller ensemble sur ce qu’il voulait. Parce qu’ils ont joué avec Russell si longtemps, il y a certaines choses qui te mettent à l’aise et jouer avec quelqu’un de différent te rendent mal à l’aise. Certaines personnes n’aiment pas et c’est seulement sur ce point précis que je n’aurais pas pu avoir le job. Ils auraient pu être mal à l’aise sur ma manière de jouer, mais ils ont aimé. J’étais tellement heureux d’avoir le gig et tellement confiant en moi-même à 100%. Une fois obtenu, il y a un tel soulagement.
Au début, comment s’est déroulée ton intégration au sein du groupe ? As-tu ressenti de la pression ?
Russell Gilbrook. J’appréhendai les six premiers mois, parce que le groupe m’a accepté, mais je ne savais pas si les fans allaient m’accepter. Les fans sont intransigeants et te dévisagent du regard en se demandant quel est ce type qui joue de la batterie. Est-ce qu’il va bien jouer, est ce qui va rendre la chanson bonne. J’ai tout de suite pensé à cet aspect. Le groupe m’accepte mais comment les fans vont m’accepter. Et avec de la chance les fans ont adoré. Car je dépense autant d’énergie que le groupe dépensait à ses débuts. Il tapait sur la batterie vraiment durement. C’est pour cela que j’utilise la double grosse caisse. Certains pourraient penser que c’est pour moderniser le groupe ou être dans la tendance actuelle, mais les fans adorent.
Est-ce que c’est facile de travailler et de vivre au côté URIAH HEEP en tournée ?
Russell Gilbrook. C’est comme une famille. C’est le fait de tout groupe à succès.
Surtout si tu t’entends bien avec les personnes, le travail et la vie. Tu es sur la route si souvent que c’est comme une deuxième famille. Il n’y a pas pire que de s’engueler sur la route et ce n’est pas sain pour le groupe. Ça finit par le tuer.
Nous prenons les diners, les apéros, bien sûr quelquefois il peut y avoir un peu de frustration, mais on passe à travers. Si tu es un mec sympa, c’est facile de s’entendre avec des gens sympas. Heureusement pour moi ils étaient sympas et on se sent bien ensemble.
C’est tout ce qui compte. C’est capital.
Pour finir que souhaites tu dire d’important à propos de l’album et sur ces onze années que tu as vécu au sein de URIAH HEEP ?
Russell Gilbrook. Si vous n’avez jamais vu URIAH HEEP en concert je te le dis tout net : venez nous voir vous ne serez pas déçu. Nous transmettons tellement de vibrations et d’énergie. Ce n’est pas une simple prestation. Nous créons tellement d’énergie et d’implications. Nous sommes très puissants ça
Merci beaucoup
Russell Gilbrook. Merci à toi
Paris 24 Septembre 2018
Pascal Beaumont / Laurent Machabanski