mardi 29 décembre 2020

MICHAEL SCHENKER // Interview // Qu'on se le dise MSG is back... Novembre 2020.

 

Michael Schenker fait partie du cercle très restreint des génies de la six-cordes, un véritable novateur, de ceux qui ont apporté leur pierre à l'édifice.

A l'instar de Ritchie Blackmore, Yngwie Malmsteen Eddie Van Halen ou encore Jimmy Page pour n'en citer que quelques uns, son style est reconnaissable entre mille avec son touché de guitare exceptionnel, précis, aérien, original mêlant feeling, mélodie et rapidité , de nombreuses parties de lead sont devenu intemporelles et absolument unique, gravé à jamais dans nos mémoires.
Le bougre a influencé plusieurs générations de guitaristes parmi lesquels ont peut citer Dave Mustaine, Kirk Hammett, Randy Rhoads, John Norum, Richie Faulkner,Yngwie Malmsteen impressionnant !

Il faut dire qu'il a fondé son premier combo à l'âge de onze ans sous le nom de The Enervates et enregistrera même une reprise des SHADOWS "Apache".
Quelques années plus tard il fondera COPERNICUS regroupant Klaus Meine et Rudolf Schenker qui deviendra plus tard SCORPIONS.
Une destiné toute tracé ou le destin aura son mot à dire puisqu'il sera littéralement capturé par UFO alors qu'il ouvrait pour eux en Allemagne avec SCORPIONS remplaçant leur guitariste au pied levé, il donnera même deux shows par soir sur quelques dates !

Notre ovni Anglais ayant su déceler immédiatement le talent immense du jeune guitariste alors âgé de dix-sept ans, une voie royale s'offrait à lui.
Il gravera alors avec les britishs une série d'albums qui rentreront dans la légende : Lights Out, Strangers In The Night ou encore No Heavy Petting dont sont issus des pépites comme Doctor, Doctor ou Rock Bottom, hymnes intemporels qui ont marqué à jamais plusieurs générations.

Mais notre maître de la guitare, se sentant très vite à l'étroit, s'éjecta du vaisseau spatial pour créer son propre combo. MSG était né et allait nous offrir quelques galettes fabuleuses grâce au soutien de musiciens aussi talentueux que lui.
S'en suivront une quantité astronomique d'opus dont certains figurent au panthéon du Hard Rock.
Ecoutez le Live in Budokan qui n'a pas à rougir face au cultissime Live in Japan de DEEP PURPLE et vous comprendrez toute l'étendue de son talent.
Depuis 2010, l'homme à la Flying V a effectué un retour flamboyant après quelques années d'errances et de doutes qui lui ont permis de grandir en tant qu'artiste.

Après TEMPLE OF ROCK, qui réunissait pas moins de trois ex-SCORPIONS : Hermann Rarebell à la batterie, Francis Butscholtz à la basse, Doogie White au chant et Wayne Finley à la guitare ainsi qu'aux claviers avec lesquels il grava Temple Of Rock, Bridge The Gap et Spirit On Mission et Live in Madrid Michael créa le Michael Schenker Fest qui regroupait en son sein quatre chanteurs mythique, Gary Barden Graham Bonnet, Robin McAuley et Doggie White ayant tous sévit dans MSG.

S'en suivit un live in Tokyo enregistré à l'International Forum Hall et deux opus studio de haute facture Resurrection en 2018 et Revelation en 2019.
2020 marque le grand retour du mythique MSG dont le dernier méfait studio "In the Midst of Beauty"  date de 2008 suivit d'un live enregistré au  Nakano Sun Plaza à Tokyo le 13 Janvier 2010: The 30th Anniversary Concert - Live in Tokyo.
Une véritable surprise après le succès qu'à rencontré la configuration Michael Schenker Fest ces dernières années. Pour célébrer ses cinquante ans de carrière en tant que musicien et ses 40 ans comme artiste solo quoi de plus naturel que de reformer le MSG original.
Elémentaire mon cher Watson. Immortal ,un titre loin d'être anodin tant l'homme semble gardez une éternelle jeunesse, regroupe une pléiade de musiciens plus exceptionnels les uns que les autres tel Ronnie Romero (RAINBOW), Ralf Scheepers (PRIMAL FEAR), Joe Lynn Turner (ex-DEEP PURPLE) Michael Voss (MAD MAX) son fidèle compère depuis de nombreuses années accompagné de Barry Sparks (Dokken), Steve Mann au claviers ainsi que trois batteurs  Bodo Schopf, Simon Phillips (ex TOTO),Brian Tichy (ex-WHITESNAKE)sans oublier Derek Sherinian (DREAM THEATER,SONS OF APOLLO,BLACK COUNTRY COMMUNION).

La cerise sur le gâteau est une magnifique reprise de “In Search Of The Peace Of Mind” le premier titre qu'il est jamais composé en 1969 pour SCORPIONS et qui figure sur Lonesome Crow sortie en 1972.
Impossible de ne pas s'entretenir avec le maître de la six cordes afin d'élucider le mystère de ce retour flamboyant.
Qu'on se le dise : MSG is back ! The Mad Axeman suit son chemin sans renier ses convictions qui au final ont fait de lui ce qu'il est aujourd'hui : un vrai musicien uniquement préoccupé par sa guitare malgré les ponts d'or qui lui ont été proposé pour rejoindre d'autres combos plus que célèbre !

Un pur artiste comme on en rencontre peu.
Entretien avec un guitariste très très volubile, hyperactif jamais avare d'anecdotes, un véritable gentleman qui à fait de la guitare un art à l'état pur !
Magnéto Michael, c'est à toi !

Qu'est ce qui t'a poussé douze ans après le dernier album de MSG de retourner en studio pour enregistrer "Immortal" ?

Michael Schenker. Tout d’abord si tu regardes bien toutes les choses que j’ai faites avec MSG, peu importe le line up.
Lorsque j’ai travaillé avec Temple of Rock ou Michael Schenker Fest cela reste toujours du MSG (MICHAEL SCHENKER GROUP).
En ayant plusieurs noms à notre actif,  l’intérêt est que cela permet de cataloguer et capitaliser avec ce nom. C’est plus facile de comprendre de quel MSG il s’agit.
Celui de « Temple of Rock » c’est MSG, ou celui avec Doogie White (ex: RAINBOW) et Michael Schenker Fest indiquent aux gens celui qui a chanté avec le MSG.
Avec tous ces chanteurs travaillant pour MSG cela m’aide aussi dans le temps de savoir qui faisaient quoi. Si tous les albums s’appelaient MSG avec les différents line up cela prêterait à confusion.
Alors je suis assez satisfait que cela soit ainsi car je ne l’avais pas planifié de cette manière.
Mais si tu fais un retour en arrière et que tu compares à aujourd’hui, ce sont tous des albums de MSG.

Comment s'est déroulé le processus de composition de ce nouvel album?

Michael Schenker. J’ai réalisé que l’année 2020 constituait les cinquante ans de MSG.
J’ai voulu célébrer ce moment de toute ma carrière musicale pour l’anniversaire des cinquante ans.
La première idée était de réunir des fans et des amis pour faire la fête.
L’idée a fait son chemin mais rien de concret n’est arrivé. Rien ne bougeait et tout était à l’arrêt.
Alors j’ai réalisé qu’il n’y avait pas lieu de le faire car il était déjà trop tard.
Nous étions déjà à la fin de l’année 2019 et je me suis aperçu que nous n’aurions pas le temps de fêter cet anniversaire comme je l’avais imaginé.
Mon agent m’a fait remarquer que l’album était sorti en 1992 et que j’avais encore deux ans pour le fêter.
Finalement un album pouvait même sortir en 2021. A ce moment là je gardai espoir.
Je ne vis pas trop dans le futur mais dans l’instant présent.
L’idée était de savoir ce qu’il allait se passer. Je suis resté en Floride quatre jours avant de quitter la ville et d’aller en Angleterre.
J’ai commencé à écrire à l’hôtel. Mais cela devenait compliqué d’inviter tout le monde à répéter.
Alors j’ai privilégié le fait de jouer avec un groupe compact pour jouer avec un line up de MICHAEL SCHENKER GROUP. Lorsque tout le groupe à été présent il y a eu des restrictions, des confinements.
Je passe d’habitude par des enregistrements en France, Allemagne, Belgique. Tout était fermé.
Mon équipe a trouvé le moyen de transport pour aller en Allemagne par train de nuit.
Je n’avais jamais fait cela auparavant pour atteindre ce but.
Puis je suis passé par la Hollande car il n’y avait pas de restriction.
Nous sommes allés au studio pour enregistrer les nouvelles chansons que j’avais écrites.
Pour la musique j’avais une piste d’accompagnement.
Le problème est que je suis retourné quatre fois au studio.
J’ai donc repris le même moyen de transport. Je suis resté bloqué en Angleterre quatorze jours.
C’était très gênant car mes amis qui habituellement restent avec moi pour composer n’étaient pas là. Ma femme n’était pas là car elle est partie voir sa mère mourante. 

La seconde fois c’était mieux car je suis resté dans ma magnifique propriété.
J’y suis resté quatorze jours. Ensuite j’ai passé seul quarante deux jours de quarantaine.
Je ne le recommande pas car je me suis tellement ennuyé.
C’est mon groupe donc c’est à moi de faire la quarantaine et personne d’autre. Tout le monde avait peur de la quarantaine, de voyager, de choper le virus et ainsi de suite.

Alors j’avais fait tous les arrangements et la musique. Il ne me manquait plus que le chanteur.
J’ai demandé à Michael Voss s’il était prêt.
Il avait des obligations avec d’autres musiciens et ne voulait pas rester en quarantaine.
Alors il fallait changer nos plans et improviser. Ce qui est étrange avec ce virus c’est une expérience douce amère car cela m’a permis de faire quelque chose que je n’aurai pu planifier.
Amy bassiste est un bon consommateur. Je ne suis pas un consommateur.
Je ne sais pas ce qu’est un bon chanteur. Je n’y connais absolument rien.
J’étais concentré sur ce que je faisais. Je n’avais aucune connaissance en la matière mais j’ai demandé à des personnes qui avaient la connaissance de m’aider.
On m’a indiqué le nom de Ralf Scheepers.
Amy le connaissait bien évidemment : c’est le gars du groupe PRIMAL FEAR.
C’est un chanteur fantastique. Alors je lui ai demandé s’il pouvait lui demander de participer au quinzième anniversaire.
Le jour suivant nous étions en train d’enregistrer [Rires].
Je ne pouvais pas le croire. Ralf était si content de faire partie de l’aventure.
Il a fait un super boulot. En lui demandant de changer les chœurs, le résultat était encore meilleur. Incroyable ! Michael Voss m’a annoncé que Brian Tichy était un fan de MSG.
Il voulait lui aussi apporter sa contribution pour le quinzième anniversaire.
Il a joué sur les six titres gratuitement. J’ai cru que c’était une blague !
C’est vraiment un vrai fan et il a fait un excellent travail.
C’est quelque chose de totalement imprévisible. Il y a eu beaucoup de bonnes surprises.
J’en suis très  reconnaissant. Puis de bouche à oreille, Brian Tichy m’a présenté quelqu’un qui voulait jouer des claviers.
Mais j’en avais déjà un, Steve(Ndr Steve Mann). Etant plus impliqué dans la guitare que les claviers je ne savais pas ce que j’allais faire avec lui.
Derek Sherenian : qui est-il ? C’est le plus grand pianiste du monde.
Qu’est ce qu’on peut faire avec lui ? Nous pouvons éventuellement faire un jam sur une chanson.
Je n’avais jamais rien fait de tel avant. C’est comme le duo avec Ritchie Blackmore et Jon Lord.
Michael Schenker n’a jamais fait cela. Nous pouvons faire le travail si tu crois que cela a une chance de réussir.
Ce fut incroyable. Avoir des gens qui n’étaient pas libres et obtenir une telle composition de groupe à la place. J’étais impressionné. La chanson tu la reçois en plein visage.
Le premier titre de l’album devait être celui ci. Je suis si heureux de ce titre que j’ai demandé à Michael Voss de venir. Mais il avait toujours peur du Covid. 


Je lui ai dit de ne pas s’en faire et que l’on gérait la situation. Il fallait qu’il reste disponible car l’heure tournait.
Joe Lynn Turner a été proposé par Michael Voss. C’est l’un de mes favoris. Je suis fan et depuis deux ans il est sur mon site web avec un album de MSG de reprise que nous avons fait ensemble « All Shook Up » où j’ai joué de la guitare.
C’était fantastique. Si tu peux appeler Joe Lynn Turner je serai sur la lune.
Le jour suivant il travaillait sur le projet. Ils étaient en train d’enregistrer.
Comment s’était possible que tout aille aussi bien dans ces temps si difficiles.
Deux chansons ont été réalisées. Michael Voss a écrit les paroles et les mélodies. De mon côté j’ai fait les pistes d’accompagnement.
On ne sait jamais ce que je vais faire comme musique après. Michael Voss s’est concentré sur la production.
Il a travaillé sur deux plans au cas où les artistes seraient perdus pour trouver d’autres mélodies et me les proposer.
Ce qu’il a proposé était époustouflant. C’est comme ça qu’on avait fait « Warrior » à l’époque. Ce qui est devenu « After the Rain ». C’était un  superbe et beau cadeau.
Lui seul pouvait chanter sur ce titre, et aussi sur « The Queen Of Thorns And Roses ». C’est tout lui. Des titres sortis de nulle part. Il est devenu le chanteur pour ces deux titres.

Après j’ai demandé à Ronnie s’il était prêt. Nous devons faire de notre mieux à cause du virus.
Nous devons improviser. Si je n’avais pas eu ces quarante deux jours de quarantaine, rien ne serait arrivé.
Quelqu’un a du se sacrifier et ce devait être moi. Quand tout le monde fut prêt, Ronnie et Voss ont enregistré ensemble leurs titres. Il restait encore des chansons comme « In Search Of The Peace Of Mind » qui est une chanson très importante.
J’ai écrit cette chanson dans ma cuisine. On m’a crédité des paroles sur « Lonesome Crow ». Nous avions des connaissances en anglais, mais comment aurions nous pu écrire ce titre ?
Ils auraient du mentionnés la musique et non les paroles. J’avais juste quinze ans et c’est la première note que j’ai mise sur un disque.
La première fois que j’ai écrite « In Search Of The Peace Of Mind » ce morceau est devenu le thème de ma vie.
Cette chanson avait un solo si parfait que je ne changerai aucune note.
Je ne sais pas d’où il vient dans le sens ou dans les compositions de « Lonesome Crow » il y a une structure, de l’amateurisme, un développement qui veut t’emmener quelque part.
Ce solo est tellement parfait. Idem pour le solo de Leslie West, ou « Stairway to Heaven ». Parfait !
Il ne faut pas changer une seule note. C’est éternel : inutile de les améliorer.
J’ai copié ces solos sur des albums et je voulais que ces chansons deviennent épiques à la fin.
C’est une conversation avec toi-même sur ce que tu dois vraiment faire.
C’est un lien de guérison. Il y a aussi Simon Philips qui intervient sur deux chansons pour un rendu complet et incroyable.
Donc au final pour cet album il y a eu Ronnie Romero, Ralf Scheepers, Joe Lynn Turner, Michael Voss, Steve Mann, Bodo Schopf, Brian Tichy et pour le grand final je te le donne en mile Gary Barden. J’ai demandé s’il pouvait chanter sur l’ouverture de « In Search Of The Peace Of Mind ».
C’était mélodique avec plein de sentiment et de chaleur. Il m’a répondu bien évidement que je le ferai. Ensuite j’ai demandé si Doogie allait contribuer à l’album. Et c’est ainsi que l’équipe du Michael Schenker Fest s’est retrouvée au complet excepté Bodo Schopf qui a du subir une intervention chirurgicale du bras.
Comment aurais je pu imaginer de planifier et d’assister à un tel événement, si ce n’était entre autre les circonstances qui nous ont amenées à ce résultat final.
C’est incroyable et je suis totalement impressionné.

Est-ce que tu as tenté de recontacter Klaus Meine pour participer à cette nouvelle version de « In Search Of The Peace Of Mind » ?

Michael Schenker. Toute l’imbrication qu’il y a eu avec les SCORPIONS est très compliquée et tordue. Je ne veux pas faire revivre des vers de terre.
J’aime avoir mon havre de paix et je veux juste rester loin d’eux et faire ce que j’ai envie de faire. Quand je suis avec eux je perds mon sang froid.
Ce sont des grands manipulateurs. Je ne sais pas quel nouveau mauvais tour ils sont capables de me jouer, de me piquer et m’incommoder.
Je ne veux pas entrer dans ce petit jeu et leur donner une opportunité d’un autre désastre.
J’estime qu’aujourd’hui que je me débrouille très bien moi-même.
Le passé est le passé. Laissons-les faire leurs trucs à eux. Je fais mes trucs à moi.

Pete Way nous a quitté le 14 Aout 2020 quel souvenir gardes tu de lui ?

Michael Schenker. Scorpions et UFO se sont rencontrés en concert.
J’ai joué avec UFO la même nuit apprenant les chansons dans les salles de bains avec Pete Way.
Donc je l’ai copié de mes quinze ans jusqu'à aujourd’hui.
Cela a été facile pour moi d’apprendre le set. Pete Way est la seule personne qui avait du charisme.
La première fois où je l’ai vu il était comme un indien avec des longs cheveux mais un type si adorable et charmant. C’était une belle personne.
C’est devenu une icône pour tant de musiciens.
Il a été invité par tant de groupes OZZY OSBOURNE, les ROLLING STONES. Le gars de RED HOT CHILI PEPPERS et Steve Harris d’IRON MAIDEN sont ces idoles.
C’est hallucinant. Pete Way je ne l’ai jamais vu en colère.

La chose triste est que c'était un enfant de la rue d’une certaine manière et les femmes ont voulu le manipuler. Il ne pouvait pas tenir tête à ses relations.
Il a du mentir à sa femme en lui disant qu’il allait acheter le journal et en réalité il est parti en tournée pour trois semaines [Rires].
Il devait aller en tournée et elle ne pouvait pas le laisser y aller. Pete Way m’a aidé plusieurs fois.
Il est venu en Arizona voir mon studio d’enregistrement et je l’ai invité en tournée.
Nous avons jammé ensemble à Londres avec MSG et nous avons terminé avec d’autres concerts et d’autres personnes.
Pete Way a perdu le contrôle au cours des années. C’est la partie triste de l’histoire de le voir diminuer.

Tu es un Guitar Hero des années soixante dix tel Ritchie Blackmore ,Jimmy Page, Eddie van Halen.
Penses tu qu’il y aura une nouvelle génération de Guitar Heros ?

Michael Schenker. Je ne sais pas, je ne regarde pas trop dehors.
Je suis un fabricant de piste. Quatre vingt pourcent des guitaristes ont copié mon style.
Je ne suis pas trop à la recherche des nouveaux guitaristes. Je ne sais pas pourquoi.
J’entends des styles de musique dans une boutique ou quand je vais faire du shopping.
Quelquefois tu entends de la musique à la radio et parfois j’entends des trucs magnifiques.
Je suis en extase mais ça s’arrête là. Je suis habitué à la musique de mon enfance.
Jeff Beck, Jimmy Page, Tony Iommi, Johny Winter, Rory Gallagher, et les guitaristes des années soixante.
Ils avaient tous leurs propres styles. J’avais quatorze ans lorsque j’ai découvert cela.
J’essayai de trouver de nouveaux guitaristes et c’était amusant.
Les gens aujourd’hui s’attachent à une tendance et s’y cramponnent pour avoir une part du gâteau afin d’être célèbre très rapidement.Une tendance meurt jusqu'à ce que tu injectes du nouveau.
Parce que je suis quelqu’un qui crée, je prends juste du plaisir à jouer sans aucune compétition.
Aucune attente d’être connu ou de la reconnaissance attendue ou quelque chose du même genre.
Je prends du plaisir. Faire trois notes ensemble crée le respect et me rend heureux.
Parce que je le fais pour la création pure. J’essaie toujours d’ajouter quelque chose de nouveau à la tendance.
Les gens prennent part à ce que j’apporte. C’est tout ce qui a fait le succès des années quatre vingt.
Je continue toujours à développer et d’ajouter continuellement du neuf à la tendance, sinon elle serait morte depuis longtemps. Je vais te donner des exemples.
Un guitariste allemand qui apprécie MSG et qui a été un musicien a dit : « ce que tu as fais, et si tu n’avais pas existé je n’aurai jamais été guitariste ».
Je n’ai jamais compris pourquoi après toutes ces années les gens disent ça de moi.
Et il y a aussi un journaliste australien qui a dit « Si tu avais rejoint des guitaristes de métal ou trash metal tu n’aurais jamais existé ».
C’est la même chose pour SLASH, DEF LEPPARD, IRON MAIDEN.
Ils étaient tous fans et j’ai eu une grande influence sur eux.
C’est parce que je ne porte pas de crédit à tout cela, de ce que j’ai fait de bien ou pas.
Je continue d’avancer et je n’attends rien du passé.
Le passé c’est le passé, le présent c’est le présent.

Pour moi il faut faire quelque chose et créer quelque chose de positif et de nouveau.
Les individualités doivent avoir le courage de s’ouvrir pour faire de l’argent facile.
La confiance est primordiale. Ce qui a été automatiquement mon cas.
Tout le monde a quelque chose à l’intérieur de soi mais personne ne le sait sauf quand tu t’ouvres et que tu donnes tout.
Quand tu la laisses s’échapper, personne ne rit. Certains rient au milieu de tout ça.
Peu de personnes ont le courage et peu de personnes attendent jusqu’à ce qu’il voit et font de l’argent. Car pour moi tout ceci n’avait pas d’importance et c’est pour cette raison que j’y suis arrivé.
Le résultat à été Michael Schenker, respecté pendant toutes ces années.
J’ai fait quelque chose dans la manière dont je le voyais.
C’est tout. Et à ce moment là tu deviens un guitariste unique.
Tu ne te retrouves plus dans la tendance ou noyer sous la masse.
Finalement tu m’as donné la définition d’un artiste pur qui veut vivre de sa musique.
Absolument c’est ce que je suis.
Il y aussi des exemples de groupes qui ne savaient pas jouer et qui ont fait des millions dans les années quatre vingt [Rires].

Tu as commencé à jouer de la guitare à l'âge de onze ans au sein de THE ENERVATES  avec lesquels tu reprenais notamment "Apache" des SHADOWS (Ndr: il existe même des photos promotionnelles de 1966 ), que dirais-tu à ce jeune garçon aujourd'hui si tu pouvais lui parler ?


Michael Schenker.
Je lui dirai que la meilleure façon de faire est de lui demander qui il est et ce qu’il veut réaliser. Ceci n’est que le début. Je n’ai rien contre la copie mais ceux qui disent qu’ils l’ont créé. Ce n’est pas bon. Copier si tu t’amuses et que tu veux apprendre. Mais à un moment donné tu dois te poser la question qui je suis, qu’est ce je veux accomplir avec ma guitare ? Est ce que je veux que toutes les filles m’aiment [Rires] ? Ou est ce que je veux avoir de l’amusement avec les notes et aimer la manière artistique de le faire. Choisi ta propre expression de le faire. Le garçon doit se demander s’il veut une part de gâteau tout de suite, de la monnaie facile et rapide, la célébrité ou si il veux prendre du plaisir et se développer pour devenir un grand artiste. Tous ces jeunes guitaristes doivent se poser eux-mêmes cette question.


Ecoutez la version Original en AUDIO ICI



Paris 20 Novembre 2020.
Pascal Beaumont
Traduction / Retranscription : Laurent Machabanski