samedi 17 juillet 2021

PRIMAL AGE // Interview // The Devil Is Hidden In Shadow ... Juin 2021.

 



Pour commencer, pouvez-vous vous présenter et nous raconter votre parcours ?

Didier :
Au départ c'est venu comme ça, une bande de copains, on décide de monter un groupe pour faire de la musique. Et au fil du temps ça prend forme, on décide de sortir un 1er disque, après de fil en aiguille, on enchaine concerts, studio et voilà (pour faire très court parce que notre carrière est assez longue). Au démarrage, on s'est rencontrés comme ça, j’habite à Gisors et Dimitrix avec Thierry (à l’époque le guitariste) était plus sur Evreux. On s'est rencontrés lors d’une soirée et on a tout de suite senti beaucoup d'affinités entre nous. Il avait déjà un groupe et moi aussi de mon côté.

Dimitrix :
Au départ c'est la fusion d'éléments moteurs de 3 /4 groupes qui faisaient pas grand-chose en fait... Et on s'est dit, si on se réunissait on pourrait faire quelque chose de plus conséquent. Tout ça remonte à quasiment 30 ans...

Comment créez-vous vos compositions ?

Dimitrix : de façon un peu particulière (rires)… Là pour ce nouvel album on est les deux dinosaures... Y a plus que nous et on avait intégré deux nouveaux guitaristes, Ben Et Flo. On avait fait beaucoup de concerts avec eux, j'avais déjà fait quelques morceaux par le passé et j’avais de la matière pour un demi-album. Flo a joué et composé dans des groupes de metal différents, il a écouté et il a vu la direction que l’on prenait, il a cette super capacité, du coup il a amené des morceaux qui collaient complètement et qui sont complémentaire des miens. C’est moi qui écrit les textes, je place le chant pour Didier, parce que lui il fait beaucoup de choses mais la phase de compo ce n’est pas son truc. J'ai la chance d'avoir un chanteur qui accepte de chanter comme je l’entends... Les textes je lui fais lire généralement avant.

Didier :
Parfois il y a des thématiques qui me touchent, et je lui dis tu peux écrire quelque chose là-dessus.

Dimitrix :
Bon là on a bossé de façon particulière car on était séparés avec le confinement. J’enregistrais sur mon téléphone puis je lui envoyais, et après Didier bossait chez lui. Il a bien bossé pour s'en imprégner et puis en arrivant au studio, comme dab en une journée il a tout plié... Et on adore le résultat.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos influences musicales à chacun ?


Didier :
C'est un ami qui m’a mis le pied à l'étrier avec des groupes comme Led Zeppelin, et un jour il m’a fait écouter Highway to Hell d’AC/DC et là... Tout de suite le déclic, Angus Young représente l'énergie à l'état pur sur scène. Et puis de fil en aiguille j’ai suivi tous les courants musicaux, que ce soit Black métal, Death métal, Hardcore... Nos influences vont de Slayer à la génération Hardcore Madball, Biohazard, le côté un peu hip hop comme le côté plus métallique...

Dimitrix :
J’ai commencé à 10 ans à écouter MOTORHEAD, et après avec les autres groupes que j’écoutais je me disais... le métal je kiffe mais les solos de guitare j’ai du mal, et le chant il y a quelque choses qui manque au niveau énergie, donc je me suis tourné plus vers le punk. Puis quand j’ai rencontré Didier on a partagé des goûts sur divers groupes et du coup c'est comme ça que l’on a créé notre univers musical. On était issus de scènes complémentaires, le mix s'est bien passé, et il y a eu cette époque d’émergence de toute la scène Heavy metal en laquelle on s'est reconnus, c’est pour cela qu’on était un des premiers groupes européens à faire ce mix.

Racontez-nous l'enregistrement de ce nouvel album MASKED ENEMY et comment avez-vous vécu l'évolution dans votre manière de travailler ?


Dimitrix :  Chaque expérience de studio amène quelque chose. Pour les derniers on les avait fait tous à Marseille avec Thomas Tiberi. Et pour le dernier c'est Rudy qui a fait la batterie qui nous a orientés pour le choix de son studio, lui il a fait 15 albums et on savait que le gars travaillait en direct avec Alan Douches. Pour le mastering on s'est dit c'est un bon point.

Didier : On avait déjà travaillé avec lui

Dimitrix : 
Oui on savait que le mec allait faire le mix qu’il fallait pour qu’Alan Douches puisse amener sa touche. Donc on y est allés les yeux fermés, et ça s’est super bien passé. Après oui, l'évolution du travail, à chaque expérience tu te plantes sur des trucs et tu te dis la prochaine fois on essaiera d'être plus préparés sur telle ou telle chose. Là on voulait que tout soit bouclé au moins 3 mois avant de rentrer en studio. Pour prendre du recul sur les morceaux, les laisser mûrir, dans le passé il nous est arrivé après avoir bouclé les morceaux à une semaine du studio, et quand tu les réécoutes tu sens qu’il manque un truc.

Didier : On est jamais satisfait en fait, c'est pour ça que sur l’album de 2010 on avait aussi fait mûrir les titres 3 mois avant pour voir les petits détails, pour MASKED ENEMY c'est ce qui s'est passé. L’avantage avec ce nouvel album c'est qu’on a vu la construction, les briques se monter l’une après l’autre au fil de chaque instrument, de la batterie à la 1ère guitare puis la 2ème guitare, on a tous senti que ça pouvait faire quelque chose de très positif. Pour ma part, le résultat est au-delà des espérances que l’on avait.

Dimitrix :
Les batteurs... c'est un peu particulier chez nous. On a toujours eu des batteurs qui avaient du mal à composer et à qui il fallait amener beaucoup de choses… Avant, avec certains guitaristes on pouvait bricoler des batteries enregistrées avec Cubase. Moi j’étais un peu fatigué d'expliquer aux batteurs comment jouer de leur instrument, et Rudy, le batteur des Explicit Silence a senti qu’on était en rade il nous a dit "Faites-moi écouter..." On lui a balancé un morceau et dans l’après-midi il nous a fait un truc et Boum. On lui a dit c'est exactement ça qu’on veut. Du coup on lui a demandé de faire la suite, et il a enquillé les morceaux. On commençait vraiment à douter, avec Flo quand on a fait les morceaux on savait ce qu’on voulait comme batterie derrière, et du coup on se disait on y arrive pas, et Didier quand il écoutait il disait oui bof je suis pas sûr... c'est hyper frustrant, tu te dis c'est pas la batterie qu’il faut là elle faisait plonger les morceaux et donc Rudy est arrivé et là, y a rien eu à lui dire. On s'est dit waouh on parle la même langue c'est cool d'avoir un batteur à qui il ne faut pas expliquer comment jouer... La magie a opéré.

Didier : En fait Dimitrix, quand il compose ses morceaux, il a tout en tête. Le chant, la basse, la batterie, le meilleur exemple c'est le 1er morceau de l'album, on l’a débuté avec les deux batteurs, Mehdi qu’on avait à l’époque et Toky (ex The Aars) qui était venu sur la tournée anniversaire, et quand on voit le résultat final alors on réécoute le début du travail avec eux... Moi j’y croyais pas à ce morceau-là, et voilà il suffit d'avoir la personne qui a le ressenti tout simplement. J’ai parfois la même réflexion sur le chant, quand Dimitrix m’amène des placements chant je lui dis t’es sûr ? Et en fait c'est super.

Dimitrix :
Non, ça c'est parce que tu sais que tu vas en chier sur certaines phrases ! Quand je place le chant je pense à l’enchaînement au niveau syllabique... à chaque fois il moufte un peu mais je sais qu’il va être super bien. Et du coup il te fait un album en une journée comme toujours, même les ingé son sont sur le cul, après il va me dire qu’il est trop vieux personne n’y croit mais y a que lui (rires). On a hâte de partager ça, on a reculé de 3 mois la sortie parce qu’initialement on devait le sortir au printemps pour pouvoir faire la promo printemps été. Et du coup on a remanié tout le set. C’est la première fois qu’on incorpore autant de nouveaux morceaux, généralement on fait un album, on met 2 ou 3 nouveaux morceaux maxi et là on voulait les jouer tous en fait.

Vous êtes engagés dans des causes comme la souffrance animale, le véganisme, l'écologie ... Comment vous investissez vous au quotidien ?

Didier : Déjà dans ma vie personnelle j’essaie déjà de faire ce qu’il faut au niveau écologique. Puisque l’on est végétarien ou vegan. Après, pour le groupe on a toujours fait participer des associations pour la défense animale ou l’environnement sur les campagnes de nos albums. On a eu PETA, le droit des animaux, dont le fondateur a créé les magazines VEGAN sur Paris et Lyon.
On a travaillé avec ONE VOICE aussi beaucoup à l’époque dans les années 90. Là on s'est associés avec HARCORE CARES, une association qui récolte des dons pour la protection animale, en plus c'est lié à la musique, ils ont des stands sur beaucoup de festivals. Ils bougent beaucoup, donc on leur a proposé un partenariat. On a co-organisé vers chez nous des festivals liés à des OMG comme Green Peace, Sea Shepherd... On a également reversé une partie de nos cachets à des refuges d'animaux, c'est notre cheval de bataille depuis des années, il y a 20 ans c’était plus compliqué, aujourd’hui les gens écoutent un peu plus.

Dimitrix : 
On garde toujours ça en fil conducteur dans nos albums, pour l’écriture il y a toujours quelques textes. Pas tout l’album parce que ça va saouler les gens et à chaque fois je réécoute l’album précédent pour amener un prisme différent… En même temps le sujet est tellement vaste qu’il y a toujours des angles d'attaques différents au niveau de l’écriture.

Votre énergie et votre puissance scénique font de PRIMAL AGE une véritable expérience LIVE, qu'est-ce qu’un bon concert pour vous ?

Dimitrix :  Quand il y a l'adhésion du public, forcément toi tu donnes tout ce que tu peux et quand t’as le retour, ton envie de donner encore et encore plus. Quand ça se met à vraiment bouger, ça te donne une énergie même si on reprend la route on a 600 bornes à faire, c'est jouissif… Même si la route ça devient dur au fil des années.

Didier : c'est ça le rock (rires)

Vous avez ouvert pour plusieurs groupes prestigieux dans le monde entier, quels souvenirs gardez-vous de ces artistes ? Et êtes-vous restés en contact avec certains ?

Dimitrix :  On peut dire quand on fait le détail au niveau groupe Hardcore et Métal, on a joué avec tout le monde... Il reste SICK OF IT ALL et MACHINE HEAD.

Didier : On a joué au Havre et du coté de Nevers avec MADBALL, ils m'avaient reconnu c'est des choses valorisantes, des gens comme ça qui croisent tellement de monde, qui font tellement de dates dans le monde entier et qui se souviennent de toi... après on a des bons souvenirs on a joué 2/3 fois avec NAPALM DEATH, la dernière fois c’était pour un anniversaire on avait ramené un gâteau vegan pour le chanteur il était super content de nous voir.

Dimitrix : 
On a joué avec l’ancien chanteur de MORNING AGAIN, on était dans le même hôtel au Japon, on a passé pas mal de temps avec eux d’ailleurs pour cet album on avait le projet d’avoir les deux chanteurs de MORNING AGAIN les deux avaient dit oui, mais le premier s'est retrouvé surbooké et au dernier moment il a décliné, et l’autre est tombé en dépression donc dommage. Puis on les a retrouvés au Hellfest, et Didier a partagé un titre avec eux sur la WARZONE.

Didier : Ils jouaient le dimanche et on les a contactés en leur disant le morceau qu’on a repris sur l’album de 2010, on peut peut-être faire une jam et ils ont dit OK. C'était un bon moment très cool.

Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel vous auriez rêvé de jouer ?

Dimitrix :  SICK OF IT ALL, quand on était jeune on a dû les voir 15/20 fois en concert. Dès qu’ils étaient à Paris on venait les voir… Maintenant notre musique est assez éloignée de ce qu’ils font.

Didier : Pour moi le chanteur reste une référence au niveau de sa gestuelle, l’énergie qu’il dégage. On a beaucoup de respect pour eux

Dimitrix :
  En plus ils ont une bonne hygiène de vie.

Si vous deviez définir PRIMAL AGE Quelle serait votre phrase ou votre devise ?

Didier : Energie, passion

Dimitrix :
La passion peut-être...  Quand tu vois tous les obstacles qu’il peut y avoir sur la route... Les périodes de vide, pour être encore là c'est qu’il faut une bonne dose de passion. Pour passer les époques, il y a des moments de questions, est ce que ce qu’on fait ça parle encore à du monde. La scène hardcore elle change tous les 4 /5  ans... On a eu la chance de pouvoir faire le relais avec la scène metal qui nous a ouvert ses portes... Sans passion on est rien

Ces dernières années, la musique a beaucoup évolué, quels sont les groupes que vous écoutez en ce moment et quel sont vos goûts musicaux ?

Dimitrix :  Moi j’écoute que des vieux trucs ...

Didier : J’ai écouté récemment le dernier GOJIRA, j’ai lu beaucoup d'interviews sur eux pour savoir s’ils étaient végétariens ou vegan. Et j’ai appris que le chanteur était vegan, et en plus l'album est vraiment bon, c'est notre tête de proue française, on peut être fier d'avoir un groupe comme ça.
THE GHOST INSIDE, dont le batteur a eu un accident, la jambe arrachée, ils ont repris l’année dernière. Après je reviens aux bases, on a pris le temps avec la période du COVID de réécouter les vieux Judas Priest, Iron Maiden, un peu tout ça quoi.

Comment avez-vous vécu cette année de confinement ?

Dimitrix :  Personnellement au début hyper bien parce que je courais dans tous les sens 7 jours sur 7 et au bout de 15 jours j’ai senti que je me détendais, je me suis dit c’est trop bien je vais pouvoir voir comment bosser...  On va faire tourner les morceaux et... Et au bout d'un moment on en a plein le cul. On ne peut pas jouer... On se voit pas... Donc on s'appelle, on prend des nouvelles, un peu comme tout le monde, bon c'était bien au début mais beaucoup trop long. Et puis on avait beaucoup joué, on venait de faire 22 dates, donc le fait de se poser un peu à la maison ça faisait du bien aussi... Et après t’as qu’une hâte c'est debout, tout le monde dans le camion et hop...

Didier : Moi personnellement j’ai travaillé, ma boite n’a pas fermé, j’ai été en activité tout le temps. Et puis des travaux à la maison pour s’occuper, et puis après ça commence à faire long.

Si vous deviez vous retrouver sur une ile déserte et que vous ne deviez garder que 3 choses, quels seraient vos choix ?

Didier : Un carré de tofu (rires) pour manger. En 2, l'album de AC/DC HIGHWAY TO HELL. Et en 3 ... Un carré de savon (rires). Je suis très propreté, hygiène etc… faut quand même se laver !

Dimitrix :  Je pense que la bouffe ça sera un gros problème pour moi. Sans musique je me vois pas trop, alors en 2ème un truc genre rock steady, et en 3ème une petite femme !



Merci à vous et rendez-vous entre autres au Metal Horse à Brest le 9 avril 2022 festival basé sur l'écologie et la défense animale.

Juin 2021 - Th Cattier - Photos : Th. Cattier / Shooting Idols