vendredi 4 mars 2022

TRANK (Johann Batteur) // Interview // Le retour du Monolith Sacré ! ... 17 Décembre 2021.


Trank n’en finit pas de nous surprendre un peu plus d’un an après la sortie de The Ropes qui avait marqué les esprits par sa qualité, sa diversité et son innovation, les voici de retour avec une nouvelle version Deluxe de son 1er album qui inclus les 12 titres originaux, mixés à NYC par Brian Robbins (Bring Me the Horizon, Asking Alexandria) et mastérisés par Andy Van Dette (Porcupine Tree, David Bowie) agrémenté de 12 remixes incroyables, créés par David Weber (Ingé son des Young Gods), Mokroïé et Aura Shred (artistes électro français), ou Greco Rossetti (ingé son de Nitzer Ebb), en plus de versions créées par le groupe lui-même. Un petit nectar de Metal aux sonorités électro qui enchantera vos cages à miel à n’en pas douter ! Si vous aimez le Rock alternatif qui mixe un post-punk baignant dans des sonorités Indus intense et puissantes aux inspirations New Wave / Cold Wave il est encore temps de vous rattraper avec la «Monolith" Edition » proposé dans un magnifique packaging qui vous emportera dans un voyage intemporel et ne vous laissera pas indifférent au vu de la qualité de cette nouvelle offrande. Bienvenue au cœur de l’univers Trank ! C’est avec le sympathique Johann Evanno batteur de la formation que nous avons pu nous entretenir pour élucider les mystères de la conception de cette galette nouvelle version et découvrir un peu plus cette formation originale qui risque de faire de très nombreux émules à travers toute l’Europe, le talent ne connait pas de frontières. Découverte d’un gang hors du commun ! Magnéto Johann c’est à toi !


L’album est sorti le 15 septembre 2020 via M&O Music/ Season of Mist avez-vous eu l’occasion de le défendre sur scène ?


Johann
Non pas un seul. Pas devant des gens. On a fait une séance de live en studio au mois de juin ou juillet. On a enregistré l’audio et la vidéo ensemble qui va sortir dans les mois à venir. On peut dire que c’était en condition du live, jouer tous ensemble dans la même pièce, une fois chaque morceau comme si c’était un concert. Mais c’est sûr, même si l’exercice est intéressant on préfère nettement jouer devant des gens avec qui on peut avoir un échange et partager de superbes moments. Il va falloir encore attendre un peu visiblement.


Vous avez appelé cette prestation « Live in a studio », y a-t-il eu une préparation spéciale, dans la mesure où cela allait être enregistrée et diffusée un peu partout sur les réseaux sociaux ?

Johann. En fait c’était déjà un superbe moment pour nous de se retrouver tous les quatre dans la même pièce. On a continué à se voir dans les mesures des contraintes sanitaires pour répéter et se retrouver dans la même pièce pour donner un niveau d’énergie comparable à ce que l’on devrait donner en live. Cela fait déjà beaucoup de bien à tout le monde. Après cet exercice de live en studio est un peu particulier. En live on a une grosse énergie. Si jamais il y a une petite note à coté ou quelque chose de ce genre cela ne s’entend pas forcement car on est passé à autre chose. De l’autre coté en studio il faut que tout soit parfait. On commence et on peut recommencer x fois, mais là on a combiné les deux. On a une prise pour chacun. Il faut que tout soit nickel et en qualité studio pour que nous soyons fiers et qu’on ait envie de sortir ce que l’on a joué. C’est vrai que c’est un exercice qui n’est pas évident surtout après un an et demi sans faire de concert. Il a fallu retrouver ses marques dès le début mais finalement ça nous a fait beaucoup de bien pour remettre les morceaux sur la table et vraiment dessiner ce qui marche le mieux pour un set, type concert. Cela reste pour nous un superbe moment et j’espère que l’on pourra le voir dans la période qui vient. En tout cas on espère que cela vous plaira autant que nous avons eu de plaisir à l’enregistrer.

Je suppose que cela va être diffusé sur tous les réseaux sociaux, Facebook etc… ?

Johann. Oui, Facebook très probablement où l’on devrait sortir quelques morceaux du set sur YouTube, et peut être qu’on en fera un EP avec quelques titres live. On est en train de mixer le résultat final des différentes parties et puis s’il y a un intérêt de la part de notre public on sera ravi de le faire. Sinon on les gardera et on s’en servira autrement.

Comme vous aviez beaucoup de temps durant cette période, est que ça vous a donné l’envie d’écrire de nouveaux morceaux ?

Johann. En fait l’écriture se passe tout au long de l’année quel que soit l’année avec ou sans concert on écrit toujours. Parce que l’inspiration on ne sait jamais quand cela vient, si on a une bonne idée on la partage avec les autres. Donc finalement on a continué à le faire. Après c’est sur comme on avait moins de concert on avait plus de temps non pas nécessairement pour écrire des morceaux mais aussi pour peaufiner les arrangements, la partie composition, la production etc…On a à peu près cinq ou six morceaux finalisés au niveau de la démo, il va falloir passer en studio pour magnifier le son mais en tous cas on a quelques morceaux quasiment finis. Une quinzaine de morceaux qui sont à différents stades d’avancement. C’est toujours ce que l’on a fait même avant cette période de confinement. Avec Trank on a toujours composé de la même façon. Il y a trois autres personnes que moi qui composent car rappelons-le je suis le batteur, ce n’est jamais une bonne idée quand le batteur commence à composer des mélodies. Mais quand les trois autres nous envoient un riff, une idée ou une compo assez aboutie dès le départ comme on a un home studio chez nous on enregistre nos parties séparément et on construit la démo comme ça sur internet. Et une fois que tout le monde a mis sa pâte, on prend les morceaux dans les studios d’enregistrement, de répétition et on travaille dans le détail : « est-ce que ce passage-là marche bien » ? « Est ce qu’il faut adapter les parties des morceaux des uns et des autres ». Il faut que l’ensemble soit cohérent et soit assez lisible d’un côté et intéressant de l’autre. On a toujours fonctionné comme ça même avant cette période. Par contre on a essayé de faire ce qu’on pouvait maitriser c’est à dire comment occupé notre temps. Savoir si on pouvait faire des concerts ou pas on ne pouvait pas y faire grand-chose, plutôt que de s’inquiéter ou de s’énerver on va faire ce que l’on aime bien faire, à savoir composer, enregistrer, faire des clips, faire tout un tas de choses, communiquer avec notre public aussi qui est de plus en plus nombreux avec certains fans passionnés dans toutes les régions. C’est super de voir qu’ils suivent le projet et nous font nous développer aussi.

Est que le fait d’être de Genève en Suisse vous donne une dimension et un développement international ?

Johann. On habite tous dans la région de Genève mais on est tous les quatre français. On habite tous en France, on s’est retrouvé dans la région de Genève entre la frontière entre la France et la Suisse pour des raisons diverses et variées professionnelles ou personnelles. Sur le développement à l’international, déjà le fait qu’on soit à la frontière entre la France et la Suisse ça veut dire que pour les français on est des suisses et pour les suisses on est français. Rires. Il faut reconnaitre que le rock en France c’est plus compliqué qu’il y a vingt ou trente ans. Donc c’est vrai qu’il y a des pays pour lequel le public est beaucoup plus large, l’Europe de l’est, l’Amérique latine donc naturellement on a eu des opportunités dans ces régions. L’Europe de l’est surtout pas parce que c’était une volonté de notre part mais le public est plus réceptif. Ça ne veut pas dire qu’on renie notre passeport français. On est ravi de jouer des concerts en France dès que l’on a l’occasion. Les concerts en France sont beaucoup plus compliqués à avoir. Cela fait partie des gros pays européens qui ont déjà des groupes internationaux. Pour obtenir une première partie ou deux ou de récupérer des créneaux ce n’est pas évident. On va bien y arriver un jour ou l’autre quand on voit que pour Gojira, il leur a fallu vingt ans pour avoir la reconnaissance dans leur propre pays. On se dit qu’il faut juste être un petit peu patient.

Vous nous proposé cette fois ci The Ropes - Monolith Edition une réédition de The Ropes paru en 2020 qu’est-ce qui vous a poussé a proposé des remixes Electro d’un album qui était sorti un an auparavant ?

Johann. L’idée de faire un album de luxe qu’on a appelé Monolith Edition est venue dès le départ avant de faire l’album original. Il y a de moins en moins de gens qui achètent des albums physiques et qui écoutent des opus en entier, non pas des écoutes de single sur des plateformes de streaming. Ce serait pas mal pour ces gens-là de leur offrir un truc qui sort de l’ordinaire. On avait toujours prévu de faire un album de luxe, double cd, etc ...  Après quoi mettre sur le cd bonus est arrivé un petit peu plus tard. L’idée nous est venue il y a à peu près huit ou neuf mois. Une fois que l’on a sorti notre disque il y a un an on a été contacté par deux ou trois producteurs d’électro, qui nous ont dit qu’ils avaient écouté des chansons pour lesquelles ils étaient intéressés de refaire un remix. On a dit oui et on a été super content du résultat sur les trois premiers essais. Puis on s’est dit que nous aussi on pouvait faire des versions remixées électro ou pousser le coté électro de nos chansons. C’est toujours un bon exercice parce que ça veut dire qu’on remet tout à plat. On remet les pistes de bases. Si jamais on veut emmener cette chanson dans une direction qui n’est pas la direction d’origine : « de quoi on a besoin, qu’est-ce qu’on change, qu’est-ce qu’on enlève, qu’est-ce que l’on rajoute petit à petit ». On a construit cette liste de remix et on s’est dit que ce serait pas mal de mettre ça sur un cd bonus, sachant que dans notre musique il y a toujours eu une part d’électro même si fondamentalement ça reste du Rock du Metal ou Metal Pop ou ce que tu veux. Rires. C’est un problème quand les gens nous posent la question mais pour nous ce n’en est pas un. Nous on écoute tous les styles de musiques possibles et imaginables, du coup consciemment ou pas cela se traduit par notre musique. Le retour qu’on a des gens qui nous écoutent viennent d’univers très différents mais à un moment donné notre musique leur parle et ils restent eux aussi très ouverts à différents styles. Cela nous touche beaucoup parce que l’idée ce n’est pas de dire que l’on fait mieux que les autres, on se sentirait un peu enfermé. On a une étiquette précise, on fait du Metal. Le Metal il y a des codes ; si on dit Metal il faut que ça sonne de telles façons et ce n’est pas comme ça qu’on fonctionne. On se dit qu’on a envie de faire des morceaux qui plaisent et si ça nous emmène dans une direction ou une autre peu importe. Au final on essaie de faire le meilleur travail possible par rapport à ce que nécessite la chanson ; peu importe le style qu’on pourrait lui coller. En revanche on essaie d’avoir une certaine cohérence au sein du groupe. On ne va pas se mettre à faire de la Polka ou du Jazz demain mais on reste ouvert à plein de style qui fait partie de notre culture musicale dans lesquelles on va piocher pour apporter les parties aux mieux où on veut amener la chanson. Tout ça pour dire que dans la musique de Trank, il y a toujours une part d’électronique et sur ses remix pousser le curseur un peu plus loin dans ce style-là. Ça ne veut pas dire que le style Trank évolue ou va devenir un groupe électro. Ce n’est pas le but, on s’est dit que cela pouvait être un exercice intéressant de pousser le curseur sur la partie électro pour avoir une rythmique plus basique que ce qu’il y a dans le rock. Dans le bon sens du terme, ça fait ressortir les mélodies instrumentales ou vocales et il y a des choses plus intéressantes qui nous sont apparues par rapport à la version originale. C’est un travail de réarrangement qui est intéressant. C’est bien de se poser des questions sur ce qu’on pourrait faire sur telle ou telle chanson. En tout cas nous on aime.

Vous avez travaillé avec David Weber (ingé son des Young Gods), Mokroïé et Aura Shred (artistes électro français), ou Greco Rossetti (ingé son de Nitzer Ebb), est ce que cette expérience pourrait avoir une influence sur les morceaux du prochain album notamment au niveau électro ?

Johann. Très bonne question. Une fois qu’on a terminé nos titres on les donne à quelqu’un d’autre pour faire sa version à lui. C’est ce qu’on vient de faire et on en est très content. Pour l’instant les prochaines chansons de Trank c’est toujours nous qui les composons pour les amener le plus loin possible, sachant que nous sommes très exigeants pour nous plaire et aux personnes qui vont les écouter. Travailler avec des éditeurs directement type électro pour développer de nouvelles chansons de Trank n’est pas au programme. En revanche retenir certaines leçons qu’on a apprises et des choses effectuées par rapport à cet exercice pour les prochaines compos qu’on va faire est clairement le cas. Que ce soit une expérience de scène ou avec des producteurs ou des ingés sons c’est quelque chose qui nous fait grandir en tant que musicien et compositeur. Qu’on le veuille ou non ça va ressortir un moment donné.

Est-ce que c’est vous qui les avez choisis à la base ou est-ce dû à des rencontres, des amitiés qui sont nées au fil du temps ?

Johann. Un peu de tout ça. David Weber est un ingé son avec lequel on a pas mal bossé parce qu’il travaillait avec le studio des Forces Motrices à Genève. C’est là qu’on a enregistré notre EP il y a quatre ans et la plupart des batteries et des basses qui est sorti. Avec David ça fait quatre à cinq ans qu’on bosse avec lui donc on se connait bien, c’est lui qui nous a proposé de faire le remix sur nos titres. On a été ravi de le faire et il a fait un très bon boulot  Pour Mokroïé, Aura Shred, Greco Rossetti ces trois producteurs que l’on ne connaissait pas personnellement on avait des amis en commun qui ont fait écouté notre musique à ces trois personnes. Ils nous ont contactés pour faire des remix chacun avec un morceau différent ce qui nous allait bien. Ce n’est pas nous qui les avons approché, c’est eux qui nous ont dit qu’il y avait quelque chose à faire sur tel ou tel titre. On leur a envoyé les pistes séparées de la version originale en studio et on leur a dit de faire ce qu’ils voulaient faire de leur propre interprétation. On n’a pas donné plus de direction, on leur a dit : « faites votre sauce ». Ce qu’ils nous ont renvoyé nous a vachement plus donc on n’avait pas besoin de s’impliquer plus dans la partie composition. Juste une fois un producteur avait fait le remix dont l’idée nous a paru super mais on pense que tu peux aller plus loin dans l’idée et de t’éloigner encore plus de notre version originale.

Est-ce que vous aviez conscience en composant l’album que vos morceaux pourraient aussi bien s’adapter au style Electro ?


Johann. Non, bien évidemment en revanche la façon dont on voit la chose c’est qu’une bonne mélodie finalement qu’on la joue seul avec une guitare sèche et une voix ou bien avec des arrangements pour un orchestre symphonique va rester une bonne mélodie. Quelque part c’était un peu un test pour nous, si on fait un arrangement qui n’a rien à voir est ce que la chanson va fonctionner encore ? On a essayé une ou deux versions et ce n’était pas vraiment la bonne atmosphère qui convenait au morceau donc on a fait d’autres arrangements qui ont terminé sur l’album. Mais au global c’était vraiment un test parce pour un titre Rock un peu intense si on en fait une version Electro ce n’est pas sûr que ça marche. Il y a beaucoup de chanson de Metal qui passerait difficilement sur ce traitement-là. Ce qui ne veut pas dire que les morceaux qui ne fonctionnent pas pour le style Rock ou Metal…. Mais ça ne fonctionne pas avec tous les titres. Nous a priori on essaye de composer pour être fidèle au style dans lequel on voulait composer, Electro, Dubstep même des trucs Techno mais on a gardé quand même un morceau qui fonctionne ou la mélodie marche si ce n’était pas le cas on ne les aurait pas mis sur l’opus.


Lors de la sortie de The Ropes vous aviez sorti de nombreux single, cette fois ci vous avez choisi de mettre en avant « In Troubled Times » et « Shining » qu’est ce qui a motivé ces choix ?


Johann. Le remix de "In Troubled Times" qu’on a sorti il y a trois mois était pour le coup un remix total. Pour Shining qui est sorti il y a deux semaines, c’est la version originale Rock que l’on a remasterisé. On a remasterisé toutes les versions originales pour la Monolith Edition, c’est la version originale qu’on a mise sur le clip. Lorsque on a sorti les singles en 2018 et 2019 c’est parce qu’on n’avait pas composé tout l’album. Petit à petit au fur et à mesure de la composition de l’opus on s’est demandé quels étaient les titres qui a priori pourrait être les plus fédérateurs, plaire le plus aux gens et il s’avère que « Shining » est arrivé en tête de liste assez rapidement parce que les premiers feedback qu’on avait eu sur ce morceau étaient super positif, on s’est dit que celui-là clairement il fallait le clipper . C’est un clip qu’on a tourné juste après la séance de Live In Studio au mois de Juin, c’était le lendemain matin, le temps de finaliser l’audio, la vidéo il sort maintenant. En début d’année 2002, on doit retourner en studio pour enregistrer 3 titres qui seront clipé en Janvier/Février et Mars , ce sera pour les prochains singles qui vont sortir et qui ne seront pas sur l’album actuel. Le monde de la musique ayant changé si on sort un album tous les 3 ou 4 ans, une fois qu’il est sorti on a plus grand-chose à dire donc là on essaye un peu d’espacer les sorties Sortir des singles à intervalle régulier sachant qu’en parallèle ça nous permet de continuer à composer et d’ajuster aussi un peu en fonction des retours que l’on a. Si il y a des morceaux qui fonctionnent super bien c’est qu’on est dans la bonne direction, si il y en a d’autres qui ne marchent pas du tout pour l’instant ça ne nous est pas arrivé, il faudra aussi qu’on se donne la possibilité de corriger le tir s’il le faut. Mais personnellement je suis très content en tout cas et j’ai vraiment hâte de sortir les nouveaux singles, je pense qu’il y a des choses qui seront vraiment sympa. Je ne veux pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué mais en tout cas nous on s’éclate à les jouer.

En tant que batteur quel souvenirs gardes-tu de l’enregistrement de The Ropes avec Yvan Barone aux manettes ?

Johann. Le studio j’adore ça. Rires. C’est assez marrant parce que le travail en studio c’est un truc qui peut être très stressant dans le sens ou on entend tout le micro-truc qui peut ne pas aller et moi-même je suis le pire juge, le plus exigeant sur ma performance. Je le suis beaucoup moins avec celle des autres parce qu’ils n’ont pas besoin de moi pour être exigeant vis-à-vis d’eux même. Mais sur mes parties j’ai vraiment envie qu’elle soit jouée nickel à savoir comme on a beaucoup de séquences et de machines, il faut que ce soit très carré mais tout en gardant le sentiment que ça soit joué par un humain et pas par une boite à rythme. Don vraiment je me donne du mal pour jouer les titres mais encore une fois j’adore ça et finalement en moyenne on doit être entre deux ou trois prises sur chaque morceau. Pour moi ce n’est pas un processus qui est super laborieux ou il faut recommencer 50 fois chaque prise, au final c’est une question de préparation mais si on arrive et que l’on connait bien les titres, qu’on les a dans les pattes quelque part derrière le but du jeu c’est d’arriver à magnifier cette performance pour que ça sonne le mieux possible derrière la console sachant que le travail en studio c’est pas la même chose qu’en live. Il y a peut-être moins d’énergie mais il faut quand même qu’il y en ait, moi derrière de la précision, de la gestion de l’intensité des coups mais franchement j’adore ça. J’ai un studio et je fais aussi des séances de temps en temps avec d’autres artistes dans des styles qui n’ont rien à voir et c’est super parce que ça fait progresser d’enregistrer et d’écouter tous les petits détails . Quand il y a un truc qui va pas on peut le corriger. Si on est tout seul dans sa cave on se rend pas forcément compte de cela et après lorsque l’on rentre en studio, c’est la merde, je me rendais pas compte de ceci ou cela , c’est bien de s’enregistrer régulièrement.

Vous avez eu la chance d’enregistrer sur une console analogique de 1978 ayant appartenu à Queen que cherchiez-vous à atteindre en termes de son ?

Johann. On a enregistré dans trois studios différents et les trois avait des consoles analogiques à peu près de cette période-là. C’est pour une raison simple, en fait c’est très drôle parce qu’avec l’analogique il y a une espèce de chaleur et cde compression naturelle qu’on ne retrouve pas avec un ordinateur. Il se passe quelque chose entre le signal qui rentre et celui qui sort même si on ne touche rien au niveau des boutons, le son qui sort est différent et c’est vrai que ça nous parle pas mal parce qu’on essaye de faire en sorte que ça sonne le mieux possible et le plus organique possible même si il y a des machines et que c’est très produit. Ce qu’on joue doit s’entendre comme ça dans la version finale. Cette fameuse console en fait c’est celle de notre ami Yvan Barone qui est le 5 ème membre du groupe avec qui on travaille depuis plusieurs années et qui a piloté une bonne partie des séances d’enregistrements de batteries et toutes celles de basses, de guitares et de chant parce qu’il est super pro pour mettre les musiciens à l’aise. Lorsque tu es dans un studio tout seul, dans ta cabine avec le casque et que tu as quatre personnes qui sont derrière la vitre à regarder si tu fais le moindre truc qui dépasse ça peut être stressant mais justement il a une façon très naturelle de te mettre à l’aise, de faire en sorte que finalement tu te focalises sur ta performance et pas sur ce qu’il y a autour. C’est d’une part très agréable de travailler dans ces conditions en studio avec lui et d’autre part il a toujours un œil , un point de vue très pertinent sur les compos. Il a du recul, il va nous dire que non tu pourrais le jouer différemment . Il va nous donner des pistes après libre à nous d’accepter ou pas. Mais en tout cas il va toujours vouloir servir la chanson et nous donner des indications sur ce qu’on pourrait changer ou pas, sur ce qui pourrait donner quelque chose. On essaye soit ça marche soit moins mais si ça fonctionne tant mieux la chanson n’en est que meilleure. On a beaucoup de chance de travailler avec Ivan là-dessus et il a eu la possibilité d’acheter la console ce qui nous a permis d’avoir un son qui reste très analogique et très chaleureux tout en ayant de la puissance. Finalement on trouve que ça va bien avec notre approche un petit peu Old School dans ce que l’on fait.

Justement le 3 juin 2018 à l'Arena de Riga, en Lettonie vous avez ouvert pour Deep Purple un des musiciens du groupe vous a fait un très beau compliment en déclarant : « Si on avait commencé au XXIème siècle, on sonnerait sans doute comme Trank »?

Johann. Toute l’expérience de A à Z était complètement folle. Déjà on reçoit un coup de fil qui nous annonce que l’on est pris pour ouvrir pour Deep Purple, on tombe chacun de notre siège, on monte et on retombe. Après quand on arrive là-bas on est accueilli par une équipe hyper pro, on a deux heures de balance ce qui n’arrive jamais pour une première partie. Pendant qu’on faisait notre balance, il y a Don Airey le clavier de Deep Purple qui est là, on était dans une Arena de 15 00 personnes, la salle est vide forcément et on voit un type au milieu de la salle comme ça qui danse à moitié lorsque l’on joue un morceau, qui prend des photos, qui nous fait des signes, en nous disant super, on se dit mais c’est qui ce mec qu’est ce qu’il fait là. Puis au bout d’un moment on se dit mais sa tête me rappelle quelqu’un quand même et il se trouve que c’était le clavier de Deep Purple qui nous regardait jouer. Déjà ça fait quand même plaisirs,. Ensuite on fait notre set, on descend de scène et les gars nous disent on vient de regarder votre set du côté de la scène, c’était super, bravo ! Tu dis ok très bien. Après pendant leur show, à un moment donné il y a un solo de claviers justement de Don et Steve Morse le guitariste se met sur le côté de la scène, nous on était juste derrière on regardait, ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’assister à un concert de ce point de vue-là, il dit alors à son guitariste Technique mais ils sont là les petits jeunes qui ont ouvert pour nous, il répond oui ils sont juste derrière et Steve viens nous voir et nous dit « salut moi c’est Steve, franchement votre set était super ». Nous on se disait mais ton groupe est en train de jouer sur scène, comment c’est possible que tu vienne prendre le temps de parler avec nous 5 minutes quand tu pourrais tout aussi bien nous envoyer chier et finalement on te dirais merci quand même parce qu’à ce niveau-là de royauté du Rock on fait pas mieux. Les mecs sont des gentleman de A à Z et effectivement la veille du concert , c’est ça qui nous a le plus touché et d’autre part mis la pression mais positive , ils ont fait un communiqué de presse qui est paru dans les différents médias locaux et prononçant effectivement cette phrase . il y avait une page d’article, une demi sur eux et une demi sur nous. Ils disaient aux gens surtout venez à l’heure pour le concert parce que la première partie est super et si on avait commencé au XXIème siècle, on sonnerait sans doute comme Trank Et la tu te dis c’est pas possible d’avoir ce genre de choses. Je ne sais pas si ils font ça pour toute leur première partie, je leur souhaite  en tout cas pour nous tu arrives le lendemain tu es sur un nuage, tu n’en peux plus Toute l’organisation était nickel, eux était vraiment adorable, sur scène on a pris une grosse leçon de musique . C’était un souvenir comme on en a pas souvent mais qu’on chériras pendant longtemps

Il y en a d’autres comme ça qui resteront impérissable ?

Johann. Anthrax (Ndr : le 09/12/2018 à Moscou) mais c’était un peu particulier ils sont arrivés très en retard pour faire leur balance et donc on a eu a peu près 12 minutes pour installer notre matériel et faire la balance avec les portes qui ouvrent. On a fini par la faire devant le public c’était un peu compliqué. Mais sinon pour un public d’Anthrax qui a un style qui n’est pas tout à fait similaire au notre ça s’est bien passé. Au début les gens nous regardaient en se demandant ce que l’on faisait là et puis au bout d’un ou deux morceaux le public a commencé à se mettre dedans et finalement on a passé un super bon moment. Ce qui est drôle c’est que le management d’Anthrax après notre concert nous a dit qu’avant de nous choisir ils avaient éliminé 21 groupes et qu’ils nous ont choisi parce qu’on ne faisait pas du Metal mais ils ont ajouté : « les fans de Metal aiment ce que vous faites ». Ça nous allait comme description. C’était une expérience un peu particulière, on ne les a pas vu. A leur sortie de scène ils sont partis directement avec le management juste après le show. En revanche on a fait un concert en 2019 l’année d’après avec Papa Roach à Vilnius( Ndr : le 11 06 2019) et on s’est retrouvé à l’aéroport le lendemain matin avec eux à faire le checking. Ils étaient juste derrière nous, ils sont venus nous voir gentiment, on était avec tout notre bazar, les instruments de musique, en nous disant les gars vous étiez super hier soir ! Bravo. On a discuté cinq minutes avec eux et c’est vrai que là aussi ils ne sont pas obligés de le faire. C’est le genre de chose ou on se dit qu’au-delà d’avoir affaire à des musiciens exceptionnels, on a aussi affaire à des gens qui sont très humains et qui n’hésite pas à venir parler à des artistes qui sont clairement 35 divisions en dessous d’eux. Mais c’est vrai que ce sont des souvenirs que tu gardes à vie.

Qu’essayez-vous de transmettre lorsque vous êtes sur scène ?


Johann. Bonne question. En fait la façon dont on imagine notre musique, on voudrait faire sauter et réfléchir en même temps. Dans le sens ou on veut avoir des mélodies qui soient accrocheuses et puissent permettre aux gens de s’éclater en écoutant nos chansons. Mais d’un a autre coté il y a des choses qui se passent, des textures, des ambiances pas forcément prévisible ou téléphoné, ils se disent tient ça on ne s’y attendait pas, c’est intéressant. Pour celles et ceux qui ont parfois tendance à analyser les performances des musiciens, ça nous plait d’avoir des choses plus élaborées que ¾ Punk Rock c’est parti. Au passage on n’a rien contre le Punk Rock. Mais c’est vrai qu’on essaye d’avoir ce côté mélodies très entrainante et facilement mémorisable et d’un autre coté qu’il y ait des choses qui se passent pour que les gens se disent c’est quand même bien travaillé. Ils ont fait leur boulot pour nous donner la meilleure chose possible. C’est ce qu’on essaye de faire, leur donner la banane.

J’ai vu que vous aviez fait une reprise de Depeche Mode « Enjoy The Silence » en version acoustique !?

Johann. Notre chanteur Michel est le plus grand fan de Depeche Mode de l’humanité. Rires ! Et on le vit bien Rires ! Ils ont quand même fait un paquet de bonnes chansons. Ce qui fait Michel ajoute cet élément-là dans nos compos notamment sur certains arrangements, de choix de claviers, de séquences…. Mais c’est une des influences parmi tant d’autres. Mais c’est vrai que cette chanson-là, on avait fait une séance il y a trois ans, pareil en live studio tous les quatre dans la même pièce. On avait enregistré 4 morceaux acoustiques dont cette reprise. Tout à l’heure quand je parlais de mélodies qui fonctionne même avec une guitare sèche avec une voix ce titre de Depeche Mode en est un parfait exemple, il suffit de pas grand-chose et ça fonctionne. C’est pour cela qu’on s’était dit on va essayer de la faire à notre sauce en version très acoustique, très épuré et on était plutôt content du résultat nous-même. Et puis quand on l’a posté sur You Tube c’est vrai qu’on a eu de très bon retour. C’est toujours agréable même si c’était très différent de ce que l’on fournit d’habitude mais encore une fois on ne recherche pas d’être là où on ne nous attend pas mais en revanche ça nous plait de nous dire, on peut faire ce qu’on veut et finalement si ça nous plait c’est du Trank.

Finalement vous avez trouvé votre style qui est impossible à définir tant les influences sont multiples et variés !

Johann. Moi ça me va très bien comme description parce qu’il y a beaucoup de combos qui ont fait une très belle carrière et au début on ne savait pas quoi leur mettre comme étiquette et ensuite ils ont créé leur propre étiquette. Rage Against The Machine est un exemple, plein de formations come ça. Attention je ne vais pas prétendre pouvoir nous comparer à des groupes comme Rage Against The Machine mais en tout cas l’idée de nous dire qu’on a une personnalité unique et du coup que l’on propose quelque chose que les gens n’ont pas l’habitude d’entendre autre part ça nous va très bien. Finalement unique ça peut vouloir dire bien mais aussi pourri. Rires. Il y a une raison pour laquelle personne le fait c’est que c’est une mauvaise idée ! Rires

On peut rajouter pour conclure que vous proposez cette nouvelle version de The Ropes la Monolith Edition dans un très beau packaging c’est important aussi de le préciser !

Johann. C’est très gentil. Merci on le dira à Alban (Ndr : Alban Verneret). Merci beaucoup à toi Pascal. Je sais que l’année dernière vous aviez écrit une très belle critique de l’album. Je sais que vous nous soutenez, que vous êtes là pour nous et aussi pour communiquer avec votre audience et les fans de Shooting Idols. Merci à toi Pascal et au reste de l’équipe et on espère que les fans de Shooting Idols seront contents de ce qu’on leur propose soit sur les versions originales, soit sur la version de Luxe avec les remixes. On espère vraiment vous voir bientôt sur scène et sur les réseaux sociaux. N’hésitez pas à nous contacter et on sera ravi d’échanger avec vous.


Paris 17 Décembre 2021.
Pascal Beaumont  
Laurent Machabanski (Retranscription)