lundi 29 mai 2023

LODZ (Julien Maillant Bassiste) // INTERVIEW // Après la tempête la renaissance ! - Février 2023.

 
Depuis la sortie de Time Doesn’t Heal Anything paru en 2017 Lòdz le gang Lyonnais a dû faire face à un véritable tsunami qui aurait pu les faire sombrer corps et âme. Les départs de Ben et Vincent la section rythmique basse/batterie, les difficultés quotidienne de la vie, la crise du Covid ont été des écueils auquel la formation a dû faire face pour essayer de rester à flot ! L’arrivée salvatrice de Julien Mailland comme nouveau bassiste et de Erik Hostein au poste de batteur a été le début d’un nouveau départ et même d’une renaissance ! Le groupe de post-Metal atmosphérique ayant choisi de se réinventer tant artistiquement, qu’humainement. Il a su se remettre en question et découvrir de nouveau horizon musicaux ! Un changement radical que ce soit au niveau de certaines influences mais aussi la façon de composer et d’enregistrer. Le résultat c’est Moons And Hideaway leur nouveau méfait sortie en décembre dernier ! Un opus introspectif ou la formation n’a pas hésiter à expérimenter pour nous offrir quelque chose de profondément viscéral ! Moons And Hideaway est une petite merveille mélancolique qui vous plonge dans des ambiances aux allures de psychothérapie collective alliant des parties planantes brutales et mélodiques. Une mutation qui est un coup de maître et d’une rare élégance après les multiples péripéties auxquelles ils ont dû faire face ! Une chose est certaine on ne ressort pas indemne après l’écoute de Moons And Hideaway un disque mature gorgé de morceaux empreint de sérénité ! Une belle pièce sans aucun doute ! Pour en savoir un peu plus sur cette métamorphose hors normes nous sommes allés à la rencontre de Julien Mailland le sympathique nouveau bassiste du combo. Un entretien passionnant qui vous emmène aux confins d’un nouveau monde Post Rock Atmosphérique inquiétant ! Magnéto Julien c’est à toi !



Julien tu es le nouveau bassiste du groupe Lòdz. Vous avez donné un concert le 13 avril au Hard Rock Café à Lyon. Comment as-tu vécu ce premier show au sein du groupe ?

Julien Maillant. Très bon concert qui était organisé avec Lyon postprod qui est l’organisation qu’on apprécie beaucoup à Lyon qui nous a toujours soutenu et qui a toujours apprécié le groupe. Pour moi c’est le premier concert avec le groupe qui s’est très bien passé. Il y avait du monde, que du bon.

Tu es arrivé en 2018. Comment s’est passé l’intégration sur scène ? Vous avez joué aussi le 21 décembre 2021 à Lyon au Rock Eat.

Julien Maillant.
Oui tout à fait. Très très bien. C’est vrai que je suis arrivé à un moment de transition du groupe où la démarche était de tout changer entre le précèdent album et le nouveau celui qu’on vient de sortir. Je suis arrivé à un moment où c’était facile de s’intégrer parce que justement il y avait la place pour ça. C’est-à-dire que Éric, Olivier et Vincent le batteur à l’époque qui étaient les membres originels du combo, ce n’est pas comme la démarche alors tu arrives et il faut faire comme si, faut faire comme ça, de telle façon. Tout était en fait très ouvert. Donc du coup je suis arrivé au moment où l’intégration était très simple. J’ai pu justement apporter un peu mes influences, ma façon de voir les choses, la musique. Et c’est pour ça que les notes changeaient parce que le batteur est arrivé un ou deux ans plus tard. Je pense que ce sont les modifications des notes qui font que l’album sonne un peu différent.

Il y a une grosse évolution par rapport aux albums précédents. Le processus de composition a complètement changé. D’après ce que vous décrivez l’album était écrit pendant des longues sessions, il n’y avait plus de jours ni de nuits. Vous étiez isolés en pleine campagne. Qu’est ce qui s’est passé ? Vous aviez vraiment besoin de ça de vous isoler et d’être tous ensemble ?

Julien Maillant. Oui c’est toujours dans cette démarche de casser ce qui a été fait jusqu’à maintenant non pas parce qu’on n’était pas satisfait mais de partir sur quelque chose de nouveau. On voulait aussi changer la démarche. On est loin de fonctionner en répète comme certains combo. On avait envie de s’isoler, de se retrouver et d’aller jusqu’au bout des choses. C’est un album sur lequel on s’est vraiment dit, on va faire la musique qui nous plait à fond, on veut tout tester, tout essayer et partir s’isoler comme ça, ça permet de créer une ambiance particulière, une fusion où on a vraiment l’impression d’aller jusqu’au bout du processus. Et d’ailleurs pour l’anecdote on a commencé à composer cet opus au tout début du covid, on était tellement isolé qu’on était enfermé trois quatre jours avec les ordinateurs, des bières, et un kit kat. A Lyon la ville était fermée, les bars étaient fermés. On se demandait ce qui s’était passé. Vraiment déconnecté de la réalité. Et pour nous c’était l’espoir avec une musique, avec beaucoup d’émotions, c’est important d’aller jusqu’au bout des choses pour s’en sortir musicalement dans la façon de voir les choses.

En 2020 c’était un peu une ambiance fin du monde et l’impression d’être dans un film. Quelqu’un de la formation a déclaré aussi que c’est un disque qui s’est fait dans la douleur. C’était vraiment si difficile de créer le disque ?

Julien Maillant. C’est déroutant. Dans la douleur c’est plutôt le fait de se mettre dans le rouge pour dégager les émotions qu’on voulait. Tu sais qu’Éric le chanteur écrit les textes. Il avait vraiment besoin pour satisfaire toutes ces compositions de se mettre dans le rouge, en poussant dans les retranchements on peut faire des choses assez fortes. Dégager des sensations fortes, faut se mettre dans le rouge et après dans la douleur mine de rien, les changements de line up, le groupe existe depuis longtemps depuis plus de dix ans. Moi je suis arrivé récemment mais pour les membres comme Olivier et Éric qui sont là depuis le début c’est sûr qu’on se pose toujours la question quand un membre part, quand les délais s’allongent dus au confinement, toutes ces choses-là. Tu as forcément un cadre de travail qui n’est pas toujours agréable. Il y a cet aspect-là qui est à prendre en compte dans la composition de ces morceaux.

Tu es arrivé en 2018 que penses-tu avoir apporté au groupe musicalement et humainement ?

Julien Maillant. Déjà sur le plan humain je pense que j’ai joué un rôle important. Le projet existait déjà depuis dix ans. Moi j’arrive, j’étais super content d’être pris dans le groupe. Cela fait un moment que je les suivais, donc je suis arrivé avec un son un petit peu nouveau pour leur dire ok les gars, je comprends ce qui nous arrive, c’est un peu compliqué on a des soucis mais j’ai apporté ce côté un peu frais, un peu de motivation qui permet de remotiver un peu toutes les troupes. Je me mets à la place d’Éric. Son projet il l’a créé il y a longtemps et mon rôle c’est d’apporter un peu de sang neuf. Ensuite musicalement le jeu de basse entre les deux albums est totalement différent. Jusqu’à maintenant la basse était jouée avec le médiator, moi je joue au doigt, ça apporte un groove et un état d’esprit différent et pour l’anecdote à la base pour l’audition il cherchait plutôt un bassiste qui joue au médiator. Je leur ai dit que je ne joue pas au médiator je joue au doigt mais je pense que ça peut le faire, ça peut apporter un truc différent dans le projet et justement ça a convaincu les gars. Je trouve que sur l’opus de base c’est totalement différent que ce soit le son ou même l’approche musicale.

Vous avez travaillé avec Nikita Kamprad qui est le chanteur et guitariste de De Der Weg Einer Freiheit mais aussi producteur pourquoi votre choix s’est arrêté sur Nikita ?

Julien Maillant. On avait plusieurs profils en tête. La première raison c’est qu’on s’est dit qu’on allait faire différent. On avait travaillé avec Magnus Lindberg (Ndr : Producteur Suédois de Stockholm) sur l’opus précédent, on avait envisagé de travailler avec lui mais on s’est quand même dit là c’est très bien. On change de line up et notre façon de composer, on change un peu notre son, notre style presque aussi donc faut qu’on sorte de notre zone de confort. Il faut travailler avec quelqu’un d’autre. Donc on a listé plusieurs personnes et en fait on a choisi Nikita dans son groupe Der Weg Einer Freiheit. Le style est assez éloigné de nous car le style Dark, assez extrême. Je trouve qu’il a une façon de traiter l’émotion qui nous parlait quand on écoute en live c’est très intense et nous cette identité on s’est dit qu’on pouvait la retrouver dans notre musique. C’est ce que cette personne serait tout à fait capable de mixer un album avec beaucoup de guitares, d’empilement de sons, d’effets, après c’était un peu un pari parce que je t’avoue sur le papier c’étaient des gars parfaits. On s’est dit est ce que ça va marcher, oui ça a totalement marché à cent pour cent dès qu’on a reçu les premières pistes. On voulait un écorché vif et on sentait que c’était la bonne personne. L’échange s’est très bien passé dès de début et on a senti que ça allait le faire.

Vous n’avez pas pu aller en studio en Allemagne avec lui à cause de la situation.

Julien Maillant. On a tenté deux fois et deux fois la frontière était fermée. On n’a pas eu de chance. (Rires). Ce qu’on a fait c’est Olivier le guitariste qui a un studio a directement produit toutes les guitares et la voix. Ensuite on a tout envoyé à Nikita. On a travaillé à deux, on a vu avec lui tous les détails techniques ne serait-ce que pour le placement des micros sur la batterie, sur les différents réglages pour la basse et les guitares et on lui a tout envoyé pour l’assistance comme ça.

Comment as-tu vécu l’enregistrement des neufs morceaux ?


Julien Maillant. Plutôt bien car finalement c’est sûr qu’on aurait tous aimé vivre l’aventure, partir en Allemagne dans ses propres studios (Ndr : le Ghost City Recordings), mais quelque part le coté home studio quand je dis home studio on est quand même très bien équipé et très confort. On est retourné dans des maisons où on a composé, on avait des configurations où il y avait des câbles partout, du coup avec Olivier le guitariste c’était un confort. Quand on est en studio avec quelqu’un qu’on ne connait pas, même si on l’apprécie beaucoup c’est toujours un peu la pression, le temps car c’est cher de louer un studio à l’étranger, c’est un prix donc quelque part l’autoproduction a été pour moi quelque chose de bénéfique. On a pu prendre le temps et la pression est vraiment très confortable.

Quel est le challenge que vous avez rencontré sur l’album ?

Julien Maillant.
Les défis c’étaient surtout sur scène, on a pris le parti d’enregistrer tout sans ampli. C’est-à-dire que quelquefois, en studio on va enregistrer les guitares et les basses en direct, après la personne qui s’occupe de mixer fait des effets, des simulations, fait un peu sa sauce et nous on s’est dit qu’on n’allait pas faire comme ça. On allait le faire à notre sauce, brancher les têtes d’amplis et envoyer quelque chose à Nikita qui est déjà transformé pour travailler avec notre son. On trouve que ça a un énorme avantage parce qu’en live on a exactement le même son que sur l’album. Mais c’est risqué car ça laisse très peu de marge de manœuvre. Si on se loupe et si on fait les mauvais réglages sur les guitares, la personne qui va ensuite mixer aura une base moins brute à travailler. Le challenge c’était un peu ça on avait le temps de passer des heures et des heures à tout tester, tester plein de pédales, de réglages, enregistrer et écouter si on peut faire un peu mieux. Le son était un gros défi. Ensuite cela a été un peu les problèmes de planning, encore une fois on était dans une période difficile donc pour la batterie, pour réserver un studio il a fallu attendre que les studios soient ouverts. Éric le batteur nous a rejoint vraiment juste avant l’enregistrement, il a dû apprendre tout le set en peu de temps et directement l’enregistrer après. Le temps de s’imprégner, moi qui étais à la base du processus de compo, donc tout ça c’est un empilement de malchances qui fait que c’était le challenge du process qui a pris du temps parce que l’album est sorti fin 2022. Il a commencé à être écrit fin 2017 2018, les compos, les changements de line up les préprods, les enregistrements cela a pris beaucoup de temps.

Qu’est-ce qui vous a poussé à changer musicalement ?

Julien Maillant. En fait on s’est dit qu’on voulait faire une musique très personnelle sans forcément chercher à se dire faut qu’on sonne post métal ou que ça sonne comme tel ou tel groupe. On a vraiment enlevé tous les tabous. On s’est dit on va faire la musique qui nous plait à fond. Dedans il y a des influences post rock, rock parfois un coté alternatif. On s’est vraiment mis aucune limite. Tandis que sur les précédents opus je n’y étais pas il y avait au moins cette démarche-là. Là on s’est dit on repart à zéro, c’est presque un nouveau combo et même au niveau de l’approche on va faire ce qui nous plait et surtout ça doit ressembler à personne d’autre.

Vous avez trois singles qui sont sorties fin 2022 « Fast Rewind », « You'll Become a Memory », « This Mistake Again ». Qu’est-ce qui vous a poussé à mettre ces trois morceaux là en avant plutôt que d’autres ? Est-ce que c’étaient des morceaux importants pour vous ?

Julien Maillant.
Le premier qu’on a sorti « You'll Become a Memory ». On a commencé par celui-ci. On trouvait que c’était lui qui faisait la liaison entre le combo d’avant et celui de maintenant. Le groupe reste le même mais celui-ci c’est le morceau le plus influencé par ce que l’on faisait avant tout en apportant les prémisses de ce qui allaient se passer ensuite sur le disque avec des parties très rythmos, avec des couleurs, des chorus, choses qu’on n’aurait pas osé faire avant. Donc c’est un morceau qui permettait de faire une belle introduction de l’album de notre nouvel univers. Ensuite on a pris le parti de sortir « Fast Rewind » qui est un morceau complètement différent. Je pense même pour nous sortir un morceau comme ça il y a cinq ans….. C’est rock, rock indus alors que c’est très sombre dans les paroles comme tout le reste de l’album. Jamais on n’aurait osé sortir un titre comme ça et on s’est dit que ça pourrait être cool justement dès le début de sortir ce morceau là en deuxième single puisque c’est le titre le plus différent de l’album. Mais finalement c’est celui qu’on préfère tous. C’est composé très facilement alors que parfois pour composer un morceau on va y passer des mois, on va faire des propositions, on va écouter on dira finalement non ce n’est pas ça. On va continuer et continuer et c’est une chanson composé très facilement et comme on l’imaginait et en plus sur l’album on est ultra fier parce qu’on a donné pas mal de cartes blanches à Nikita en lui disant voilà on t’envoie toutes les pistes et on lui donnait au moins une direction. Et puis on lui a dit fais le mix comme tu ressent la chanson, il nous a fait un retour et on était tous scotché. On s’est tous dit trop bien. C’est pour ça qu’on a voulu mettre ce morceau là en deuxième single pour tout de suite montrer une facette complétement différente de Lòdz qui a existé jusqu’à maintenant.



On voit beaucoup Éric sur les clips.

Julien Maillant. Pour l’anecdote « This Mistake Again » on l’a fait nous-même. Johan Sabatier qui est un réalisateur lyonnais et sur la vidéo « Fast Rewind » on a voulu faire un truc complètement maison, quelque chose de plus intime et je trouve que ça se ressent aussi sur la vidéo.

Le titre « Fast rewind », est-il autobiographique même si ce n’est pas toi qui écrit les textes ?

Julien Maillant. Autobiographique je n’irai pas jusque-là mais c’est très personnel. Ce sont des échecs liés à l’expérience mais qui après vont être traités de manière universelle. En fait, disons que dans les sujets que l’on aborde on parle beaucoup d’excès, de débrouille mais aussi des thèmes comme la mélancolie, la nostalgie et les regrets. C’est à chaque fois des expériences personnelles mais qui sont traitées de manière universelles parce que ce sont des notions qui sont communes à tous et finalement tout le monde peut se retrouver dedans. C’est très personnel mais pas non plus autobiographique. Inspiré de la vie. Ça reste assez large pour que ça parle à suffisamment de personnes.


Dans quel texte tu te retrouves le plus ?

Julien Maillant.
Justement je pense « Fast Rewind ». C’est un titre qui me parle, qui parle beaucoup d’excès de la déconnexion qu’on peut avoir par rapport à la réalité. Parfois on sent que tout va allez vite autour de soi et on n’est plus à sa place. On s’enferme parfois dans nos travers et ça c’est quelque chose qui est assez touchant et dans lequel je me reconnais beaucoup. C’est peut-être aussi pour ça que ça fait partie de mes morceaux préférés. Il y a un côté très sensible qui ressort de ce morceau dans lequel je me retrouve.

Est-ce que tu penses que c’est une direction que vous allez développer dans le futur ?


Julien Maillant. Oui complètement. Pas uniquement comme sur « Fast Rewind » mais on savoure, non seulement on est très content mais on commence à réfléchir là-dessus. On se dit qu’il faut continuer à aller dans cette direction là mais encore plus loin. Qu’on prenne encore le temps de rebondir, de ne pas craindre de rejeter des longueurs pour développer encore plus l’univers dans lequel on se retrouve et qui nous plait énormément puisque même à jouer on travaille beaucoup le live avec les concerts qui vont arriver cette année. On est trop bien, on est vraiment dans quelque chose qu’on aime. Clairement la suite ira dans cette direction et sera encore plus approfondie.

Qui a eu l’idée du titre de l’album « Moons & Hideaways » ?


Julien Maillant. Éric, c’est Éric le chanteur qui d’ailleurs s’occupe de toute la direction artistique et graphique de Lodz. C’est son boulot et il a dessiné la pochette et trouvé le titre qui pour lui résume un petit peu toutes ces petites émotions qu’on développe sur l’album. C’est un peu ça des cachettes et des coins de nos vies qu’on explore. C’est un peu ça la métaphore autour de cet opus.

Vous avez déclaré sur Facebook « Faire une musique comme la nôtre ce n’est déjà pas toujours simple ». Quels sont les écueils en France que l’on rencontre lorsque l’on joue du rock, du hard rock, du metal ?

Julien Maillant. C’est vrai qu’en France les choses se développent heureusement. Mais on n’est pas le pays qui a la culture la plus métal. Honnêtement je pense que notre public on le trouvera plus facilement dans des pays nordiques, l’Allemagne ou l’Europe de l’Est. On en a en France mais c’est moins développé surtout pour des trucs dans notre registre. On fait quelque chose un peu moins codifié, un petit peu moins mainstream, même notre prod est en dehors de certains codes parfois un peu plastique dans le métal. C’est plutôt cool ça apporte une fraicheur et les retours ont du coup été très positifs. Toutes les chroniques qu’on a eu depuis la sortie de l’album encense ce côté frais, ce côté ça fait du bien d’entendre un métal qui ne va pas être trop surproduit et qui ne va pas chercher à être le plus mainstream possible. Donc les retours sont positifs et on voit quand même en France qu’il se passe des choses même si on aimerait que ce soit plus comme en Angleterre ou en Allemagne. On n’y est pas encore mais ça va dans ce sens-là quand même.

C’est facile pour un groupe français de se développer dans l’univers musical actuel ?


Julien Maillant. Honnêtement ce n’est pas évident, c’est un challenge au quotidien. Après évidemment c’est la passion qui nous anime mais c’est un véritable défi. Beaucoup de groupes très différents. Nous on est indépendant on a la chance de travailler avec un label lyonnais. A part ce label là on fait tout, tout seul notamment le booking, la com et plein d’autres choses. Ce n’est pas évident surtout qu’il y a un peu un phénomène de saturation. On parle souvent du Covid mais encore maintenant il y a eu tellement de choses qui ont été créées pendant ces périodes-là. C’est quelque chose de bien mais le fait que tout arrive en même temps et que ça arrive d’un coup fait que le réseau est vite saturé. Surtout qu’en France on n’a pas un réseau assez large pour permettre à tous les groupes qui souhaitent sortir des albums de s’exprimer autant qu’ils le voudraient. On est un peu dans cet ordre-là où il se passe beaucoup de choses et on essaie de faire notre bout de chemin dedans. Alors ce n’est pas tous les jours faciles mais on avance petit à petit et le fait d’avoir des retours, d’avoir des gens comme toi avec qui discuter au téléphone ça nous permet de rester motiver et d’avancer. On met notre pierre à l’édifice dans le métier du rock et du métal en France. Il ne faut rien lâcher.

Comment est né ta passion pour le metal ? Quel a été ton parcours avant ton arrivée chez Lòdz ?

Julien Maillant. J’ai commencé comme beaucoup à écouter de la musique à l’époque du collège du lycée. Je commençais à découvrir les musiques d’un pote, je n’appartiens pas à une famille de musicien ni qui écoutait d’ailleurs beaucoup de musique. Je ne suis pas né ni dans le rock ni le métal en revanche c’est arrivé à l’adolescence avec des grands classiques comme Nirvana, Metallica, Maiden plus tous les premiers groupes que tout le monde connait avec qui beaucoup de gens commencent. J’ai commencé la musique à peu près dans la foulée et commencé la basse directement. A la base je suis plus influencé par la musique des années quatre-vingt-dix, tous les combos un peu grunge Pearl Jam, Alice in Chains, Soundgarden etc et puis j’ai roulé un petit peu mon chemin après dans le heavy metal et au fur et à mesure que ma culture musicale se construit je suis devenu de plus en plus extrême, quand j’en suis venu à crier dans les chansons. Je suis aussi un gros fan de punk et de hardcore et toutes ces dérivées. Donc j’ai eu plusieurs groupes auparavant plutôt rock. Mais à chaque fois le fer de lance c’était de jouer de la musique à émotion. C’est pour ça que quand j’ai découvert Lòdz déjà j’étais fan et quand j’ai eu l’opportunité de pouvoir passer une audition je n’ai pas forcément le même parcours musical qu’eux au niveau des influences mais on avait ce point commun de l’émotion qui était un peu Katatonia, Flunk, tous ces groupes-là. Je me suis construit après une culture un peu plus post quand j’ai commencé à jouer avec les gars de Lòdz. C’est marrant mais la plupart des influences que Lòdz a comme Paradise Lost etc. sont des groupes que j’ai découvert et appris à connaitre quand j’étais avec eux.

Quand tu as passé l’audition, est ce qu’il y avait d’autres musiciens qui postulait ou tu étais le seul ?

Julien Maillant. Il y avait d’autres bassistes, plusieurs à postuler. Je crois que j’étais le premier à passer. L’audition s’est très très bien passée, du coup j’étais très confiant. Nickel. J’ai fait le taff. Je m’étais équipé avec du matériel pour avoir le son de basse qui se rapproche le plus de ce qu’ils avaient l’habitude mais comme je te l’ai expliqué il y avait un challenge car je ne joue pas au médiator, je joue au doigt. Je me suis dit j’espère que ça va passer et à la fin tout le monde était content « en mode ouah ». La basse sans médiateur il n’y avait pas de patate mais on peut carrément avoir de la patate sans. Donc j’étais plutôt confiant. Après c’est beaucoup de temps avant la réponse car il fallait qu’ils testent d’autres personnes. Alors là je me suis dit est ce que ça passe peut-être que s’ils trouvent quelqu’un exactement comme avant ça se trouve plus facilement, est ce qu’ils vont vouloir partir sur quelque chose de nouveau je me suis posé quelques questions et après ils m’ont dit qu’ils étaient chauds pour travailler avec moi et je pense avoir apporter quelque chose d’un petit peu différent c’est ce qui a plutôt jouer pour moi parce que c’était dans la démarche où ils étaient à ce moment-là.

L’album a été masterisé par Ladislav Agabekov (CH) au Caduceus Studio (Nostromo, Impure Willhelmina...). Quel son aviez-vous en tête ?

Julien Maillant. Déjà on savait tous ce que l’on ne voulait pas pour commencer. C’est qu’on voulait vraiment garder la dynamique et on ne voulait pas un master hyper élevé qui était trop compressé comme ce qui se fait beaucoup en ce moment malheureusement. On ne voulait pas faire comme tout le monde où tout est à blinde et on ne sent pas la dynamique donc on a commencé à réfléchir sur des prods un peu dans ce sens-là et on avait vu que Ladislav avait travaillé avec un petit groupe Impure Wilhelmina. C’est un groupe dont on est fan qui sont assez stylés et fan du son qu’ils avaient parce que on voulait cette dynamique sur notre album. On voulait vraiment un master qui serve le mix sans l’aplatir et garder ce côté naturel. Sur que notre opus est parfois moins fort que d’autres mais ce qu’on perd en volume on le gagne en dynamique ce qui vaut tout l’or du monde.

Qu’est-ce que tu as envie de dire sur votre démarche et sur l’album aux gens qui vont vous découvrir ?


Julien Maillant. Ce dont on a envie que les gens comprennent c’est que c’est un sentiment d’introspection en nous écoutant. C’est ce qu’on a eu comme retour sur certaines chroniques, franchement allez écouter cet album-là. Écoutez le d’une traite et vous verrez c’est une véritable introspection et vous allez passer par plein d’émotions. Nous ce que l’on veut c’est ce que les gens ressentent, ce côté expérience. L’opus n’est pas très long il n’y a que neuf morceaux, il est très intense et il y a un début, un milieu et une fin. Ce que l’on veut que les gens sentent c’est ce fameux voyage au fin fond de tout ce que l’on peut ressentir.


22 Février 2023
Laurent Machabanski / Photos DR
Laurent Machabanski et
Pascal Beaumont (Traduction / Retranscription)