jeudi 29 février 2024

KONTRUST (Julia Ivanova et Manuel Haglmuller)// INTERVIEW // Madworld - 3 novembre 2023


KONTRUST ne sont pas des novices puisque le combo Autrichien de crossover a débuté en 2001 et s’est fait remarquer en portant le Lederhosen sur scène, le costume traditionnel bavarois. De véritables vétérans qui au fil des albums n’ont jamais cessé d’explorer tous les univers musicaux possible et inimaginable. Un véritable patchwork musical allant de Indus au Nu Metal en passant par le Prog, l’Electro, la Dance. Fort de l’arrivée de Julia Ivanova leur toute nouvelle chanteuse et du batteur Joey Sebald, Madworld le tout nouvel album ne déroge pas à la règle. Entretien avec Julia Ivanova la charmante chanteuse tout fraichement arrivé et Manuel Haglmüller le percussionniste. Magnéto les amis c’est à vous !


En 2022 vous participé au Hellfest. Peux-tu nous décrire cette expérience ?

Manuel. Le Hellfest a été le spectacle le plus important que nous ayons donné car c’est le festival de metal le plus important d’Europe, nous avons apprécié le temps que nous avons passé là-bas. En fait c’était le second show qu’on a joué avec Julia notre toute nouvelle chanteuse. Le jour d’avant c’était le pop festival meeting en Allemagne et le Hellfest le jour d’après. C’était une expérience totale, nous ne l’oublierons pas. C’était un remarquable weekend.

Julia comment as-tu vécu ces deux premiers shows au sein de Kontrust ?

Julia. Oui, c’était incroyable. Magnifique. Quelque chose qu’on n’oubliera jamais. C’était mon plus gros show jusqu’à présent. Se jeter dans le bain tout de suite mais pour moi qui est une bonne chanteuse avec de l’expérience, sur scène aussi ce n’était pas trop dure de performer sur ce gros show. Premièrement parce que les gars sont des professionnels de haut niveau, de belles personnalités. Je me sens à l’aise sur scène, il n’y a personne qui est derrière mon dos. Des professionnels qui perdurent. Nous avons tous bien profité ensemble et partageons la musique de Kontrust avec le public avec la foule et dans le monde. Bien sûr il y avait beaucoup de choses passionnantes, j’étais un peu nerveuse mais c’était si bien.

Comment es-tu devenue la nouvelle chanteuse de ce groupe ?  Tu les connaissais avant ?

Julia.
Ça s’est passé par le biais d’amis. J’ai juste décidé d’être impliquée et de poser ma candidature pour ce poste de nouvelle chanteuse dans le combo. Je savais qu’il y avait aussi d’autres chanteuses candidates et j’ai enregistré des courtes parties de leurs chansons. Je les ai adressées aux gars. Nous ne nous sommes jamais rencontrés dans la vie. Honnêtement ils ont aimé les enregistrements et nous avons pu nous rencontrer lors des vidéos. C’est maintenant que nous parlons des plans futurs et de la direction où nous devrions aller. C’était la bonne connexion depuis le début et les parties du puzzle se sont complétés. Je suis à ma place avec les bonnes personnes. C’est vraiment bien depuis le début.

Qu’est-ce que vous souhaitez transmettre sur scène au public ?  

Manuel. L’énergie positive. Ce n’est pas seulement de l’énergie positive mais aussi de recevoir le retour du public. Ils célèbrent la musique avec nous car ils apprécient la variété et la diversité que nous fournissons. Pour changer ce n’est pas toujours du métal brut mais quelque chose que l’on fournit comme de l’énergie positive. Le public nous le rend bien. Nous recevons beaucoup de leur part.

Il a fallu attendre neuf ans pour ce nouvel opus. Est-ce que vous avez beaucoup composé pendant ces neuf années ?

Manuel. J’ai commencé à écrire il y a deux ans pendant la période Covid. Il y avait assez de temps pour écrire. Avant nous avons fait beaucoup de tournées et joué nos plus grands shows ce dont on a déjà parlé, après avoir écrit avec le nouveau matériel qu’on fait les gars et il fallait que nous sortions l’album qui est enfin là.

Julia quel a été ton implication dans l’écriture des morceaux ?


Julia. Disons que j’ai pris pars en me mettant un minuteur. J’ai enregistré la chanson dans le studio car pour moi c’est plus facile d’enregistrer pour avoir des idées que celle des autres. Avoir des scènes, des croquis sur les chansons. J’ai fait des vocales sur certaines paroles et des changements. Alors mon cerveau commence à travailler (rires). J’ai commencé à faire des voix honnêtes comme les chœurs sur le titre "The End". J’ai commencé là-dessus principalement car Stefan est le chanteur et écrit les paroles. Ma voix est plus adaptée aux paroles, parfois elle change. A la fin c’est toute la création que tu entends sur l’album et on l’a bien fait.

Est-ce que tu écris beaucoup de chansons et ensuite tu fais une sélection ou écris-tu juste les chansons de l’album ?

Manuel. Il y a plein de titres qui ont été composés mais qui ne sont pas sur l’album. En fait c’est toujours le même process peut être dans le futur on utilisera ce matériel. Probablement on recommencera du début parce que c’est ce que l’on préfère parce que tu as toujours différents types d’influence quad tu commences à écrire. Le matériel a quatre ans. Cela ne convient plus.

Est-ce que cela a changé la manière d’écrire lorsque l’on a une nouvelle chanteuse ?

Manuel. Désolé de t’interrompre Julia. Pour nous ce fut une grande expérience d’avoir Julia dans le studio pour chanter les titres. Elle a une énorme tessiture et une voix incroyable dans la manière d’écrire cela nous a donné une opportunité de matcher avec sa voix. Alors on a su prendre une nouvelle dimension et une nouvelle dynamique. C’était une expérience géniale.

Comment vous travaillez en studio ?  Est-ce que ce fut un défi neuf ans après d’enregistrer ?

Manuel.
Durant l’écriture il n’y avait pas de pression du tout. Tu es dans le flux de travail, quand une idée te viens à l’esprit tu l’écris donc pas de pression mais j’étais anxieux du retour du public de savoir comment ils allaient réagir car il y a eu quelques changements ainsi que notre style de musique et bien sûr dans le line up. J’étais curieux à l’idée de connaitre leurs réactions et comme nous le savons maintenant c’est complètement comblé. Nous avons atteint la quatrième place dans les charts en Autriche pour notre album qui est plus qu’une performance. Nous célébrons ce moment.



Vous avez choisi plein de single « I Physically Like You » et « Lederhosen Overkill » avec une vidéo dignes des films de Clint Eastwood et aussi drôle. Est-ce que c’est amusant d’endosser le costume d’acteurs dans un clip ?


Julia. C’était fou et des jours complètement dingue, on a adoré tous ces moments-là. On s’est bien amusé évidement à devenir dingue (rires). Pour moi ça n’a pas été dur du tout de jouer le rôle car je peux être une dure à cuire, parfois je me disais que je jouai moi-même en réalité.

La prochaine étape c’est Hollywood (rires).

Julia. Oui bien sûr. Presque, on ne sait jamais (rires).

Pourquoi avoir choisi spécialement ces trois titres « I Physically Like You », « Lederhosen Overkill » et « The End » pour présenter ce nouvel opus. Est-ce que c’est compliqué de choisir les titres qui seront les singles ?

Manuel.
C’est très difficile. J’ai eu un dur moment à l’idée de choisir et de discuter quelles chansons seraient des singles. Nous avons bien sur discuté avec notre label. A l’époque j’avais sept chansons favorites sur onze. Et je voulais faire un single de cet état de fait. Cela fut très dur de limiter à trois titres avant la sortie de l’album. Finalement ça représente très bien ce disque, l’ancienne et la nouvelle version avec plus de sons électroniques et de programmations. A mon avis on a fait le bon choix.

Est-ce que c’est important de mettre du son électronique ?

Manuel. Ça se développe naturellement, à l’époque quand j’ai commencé à écrire j’ai juste écouté de la musique électronique et aussi tout ce qui concerne les trucs de hip hop cela nous a influencé et tu peux l’entendre. J’ai toujours commencé à écrire comme ça sur les bases, j’ai écrit mes idées et toutes les influences sont toujours là, peaufiné et le rendu est un nouveau contraste maintenant.

Est-ce qu’il y a des paroles dont tu te sens proche ?

Manuel. Pour moi c’est "The End"où je me sens proche du sujet. Cette chanson couvre toutes les questions et problèmes du moment et de pouvoir s’entendre avec ces problèmes sur certains points. J’aime beaucoup, nous avons mis la main à la patte. Je pense que c’est important. Je choisirais donc celle-là.

Cette chanson est très pessimiste.

Manuel.
Je ne dirai pas pessimiste mais plutôt essentielle.

Et toi Julia ?

Julia. Je ne sais pas pour moi c’est difficile de choisir une seule chanson car je m’adapte à toutes les morceaux sur lesquels je chante. Je vis pour chaque chanson je ne sais pas elles sont différentes. D’un point de vue vocal "I Can ’t Control It". Ce sont des grandes envolées vocales et je recommande.




Écoutez la vidéo de l'interview c'est ICI


Interview 3 Novembre 2023
Pascal Beaumont / Photo DR
 
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)

 

mercredi 28 février 2024

KID COLLING // INTERVIEW // Vivre du Côté Sauvage - 25 Février 2024.



Pouvez vous vous présenter ?

KID COLLING. Je me présente, je m'appelle Stéphane Colling ou plus connus sous le nom de Kid Colling. Je suis musicien, auteur compositeur de Blues Rock Alternative.

Pourquoi le nom du Groupe "Cartel » ?

KID COLLING.
Tout d'abord j'ai hérité du nom Kid par un harmoniciste américain nommé "Dave White" avec qui je jouais à l'époque. Après mon premier concert avec lui, il se tourna vers les autres membres du groupe en disant qu'il fallait me trouver un nom: Guys, we need a name for the Kid...oh wait, Kid Colling. The new Kid on the block. Quand j'ai ensuite fondé mon propre groupe 2 ans plus tard, j'ai gardé ce nom en rajoutant "cartel" pour faire référence à mes origines colombiennes. Cela dit, nous sommes producteur et dealer de bonne musique :)

Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?

KID COLLING.  Tout à commencé à l'âge de 16ans, quand j'ai mis les pieds dans ce bar local qu'on appelait la "cave". C'était un lieu ou l'on passait du blues et ce fut ma première rencontre avec cette musique. J'étais envouté immédiatement par le son de guitare et les premières influences étaient Luther Allison, BB King et surtout Stevie Ray Vaughan. Par la suite j'ai écouté beaucoup d'autres légendes, mais ces 3 la m'ont donné envie de jouer comme eux.

Comment procédez-vous pour la création des titres ?

KID COLLING.  Tout commence soit par un riff de guitare, une mélodie ou une suite d'accords. Ensuite cela m'inspire une ligne mélodique qui guidera le chant et les paroles. Composer un morceau c'est comme résoudre un puzzle qu'on a dans la tête. J'assemble les pièces au fur et à mesure et je complète dans le désordre les trous restant. Cela me prends beaucoup de temps car il m'est important de donner une cohérence au paroles que j'écris. J'enregistre toujours une version dans mon petit studio pour pouvoir l'envoyer à mes musiciens et une fois qu'on a plusieurs titres, on les joues pour voir ce qui marche et ce qu'il faut changer. La suite c'est le studio.

En 2014 1er EP "Tomorrow's Far Away" puis en 2017 un album "In The Devil's Court"
et aujourd'hui l'album "Living On The Wild Side" que s'est il passé durant ces 7 ans ?


KID COLLING. J'ai pas mal joué en 2017 et en 2018 malheureusement cette année la fut marqué par la maladie grave de mon père qui m'a obligé de ralentir pour pouvoir l'accompagner dans son dernier chapitre. La maladie fut longue, saleté de cancer, et en mars 2019 il nous a quitté. Cela a été la plus grande douleur que j'ai connus à ce jour. Je suis adopté et j'ai du mal à m'attaché dans la vie, mais mon père adoptif était ce que j'avais de plus cher. Du coup j'étais perdu dans un gouffre et pour en sortir j'ai du changé d'air. J'ai donc décidé de prendre ma gratte et de partir. Direction la Nouvelle Orléans. C'est la où j'ai réussi à me ressourcer pendant 3 mois. J'ai eu la chance de jouer avec les musiciens de Tab Benoît et de pleinement profiter de cette expérience. Je jouais 5 fois la semaine sur Bourbon Street avec Danny Alexander et je profitais de cette aventure pour commencer à écrire mon nouvel album. Malheureusement en rentrant le 10 mars 2020 je n'étais pas prêt pour la deuxième claque...le confinement. Cela a stoppé mon élan et ce n'est qu'en automne 2022 que je suis allé en studio pour terminer l'album.

Ressent tu un changement ou une évolution dans ta façon de travailler ?

KID COLLING.  Disons que le processus est toujours le même, cela-dit j'ai beaucoup gagné en expérience. J'ai participé à d'autres enregistrement durant ces 7 dernières années et du coup j'ai pris de la bouteille. Je pense que mon travail a muri et continuera à le faire à l'avenir.



Comment s'est passé l'enregistrement de cet album "Living On The Wild Side »?

KID COLLING. Quand j'y repense c'était assez chaotique. Premièrement le studio où l'on devait enregistrer a du faire des rénovations et les travaux ont pris plus de temps que prévu. Du coup il a fallut en trouver un autre au dernier moment. Ensuite le premier jour la voiture de Charles l'ingé son a lâché ce qui compliquait ses déplacement. Ensuite le 2ème jour ce fut le tour de la voiture de Markus (l'organiste). Pour lui c'était encore moins marrant car il venait de loin en Allemagne. Ce genre d'incident ça peut plomber l'ambiance mais tous sont excellents dans ce qu'ils font et on a quand même réussi à enregistrer comme il fallait.

Avec 2 clips "Living on The Wildside" et "Ain't Nobody" tu imposes une image tres
Blues/Rock comment a tu choisi ces 2 titres et comment s'est passé la réalisation des clips ?


KID COLLING. Mon Blues Rock est très alternatif car même si mon âme a été touché par le blues, j'écoute beaucoup de musique différente. J'aime "Living on the Wild Side" pour son côté lourd et moderne. On est pas sur une grille standard de 12 mesure mais les instruments et le riff rappellent d'où ça vient. "Ain't nobody" quand à lui a un côté plus soul et sensuel que j'aime beaucoup. Cela fait partie de ma personnalité. Le tournage de ce clip était plutôt détendu dans un cadre assez intime alors que "Living on the Wild Side", c’était carrément l'opposé. Grosse journée de tournage assez fatigante, une grande équipe de tournage, des clubs de motards, un décor fabuleux et original et le tout pendant le mois de janvier :) Faut être fou pour vouloir tourner un clip de motard en janvier :)

Une touche différente au sein de cet album avec "El Gato" avec Daniel Restrepo parle nous en ?

KID COLLING. Oui El Gato, c'est un surnom que j'ai reçu à travers la musique et mes cascades en Inline Skates car un chat retombe toujours sur ses pattes. C'est très personnel comme morceau, Tout a commencé pendant le confinement avec un Ukulélé que j'avais acheté pour jouer un thème de jeux vidéo que j'aime beaucoup (The Last of Us). En m'amusant avec cet instrument je trouve cette progression d'accords et immédiatement j'ai su que c'était El Gato. Cette ambiance latine m'a fait penser au morceau Up the line the Robben Ford et je m'en suis inspiré pour mélanger une sonorité latino avec une sonorité blues représenté par le piano. El Gato c'est mon histoire, celle de l'orphelin qui a été adopté en Colombie pour atterrir en Europe et trouver son chemin avec sa guitare sur son dos.

As tu un message a faire passer avec ce dernier album ?

KID COLLING. La vie est pleine de surprise, de haut, de bas. On ne vit qu'une fois et chaque moment est unique. Profitons-en.

Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel vous rêvez de jouer ?

KID COLLING. J'adore surtout rencontrer mes idoles mais de la à jouer avec eux... je n'y ai jamais songé. Cela dit, aux States ce serait vraiment fou si je pouvais jouer un jour avec Gary Clark Jr ou Joe Bonamassa. En Allemagne ce serait Henrik Freischlader et en France ce serait Manu Lanvin. J'adore l’énergie et la musicalité de ces artistes.

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

KID COLLING. J'essayes de diffuser ma musique le plus possible. Je prépare les concerts d'été, mais j'aimerais bien trouver un partenaire pour jouer plus France et présenter ce nouvel album en live à un max de gens. Je songe également au prochain album et j'ai comme l'impression que ça va me mener de nouveaux aux Etats-Unis, mais ça, c'est affaire à suivre.

Quelque chose à rajouter ?

KID COLLING.  Personne ne piégera mon esprit dans une cage, parce que je vis du côté sauvage


 

Interview Thierry CATTIER 
Photos DR

samedi 17 février 2024

CHRONIQUE CD // LEAN WOLF "Limbo" - Sortie 2 Février 2024.

 
Groupe : Lean Wolf
Titre : Limbo
Date de Sortie : 2 Février 2024
Genre Musical : Blues

SOUTHERN BLUES HÉRITAGE
 
La hargne du loup efflanqué, affamé…LeanWolf a trouvé son animal totem. Sur un 1er EP paru en 2021, le jeune guitariste Quentin Aubignac alias LeanWolf s’appropriait déjà l’héritage des maîtres du blues électrique (Jeff Beck, Stevie Ray Vaughan, Gary Moore), en y apposant sa signature singulière, son toucher sauvage et racé. Guitare hargneuse aux rythmiques saccadées, groove puissant, orgue moite et chant possédé, il dévoile de nouvelles facettes de son savoir-faire avec ce second EP intitulé "Limbo".

Du blues rock incendiaire à la ballade orageuse, du funk pied au plancher à l’hymne au refrain salvateur, ces 6 titres proposent une palette d’ambiances différentes selon le mood de ce talentueux quatuor. Enregistré au Mirador Sound Studio près de Montpellier sous la houlette de David Darmon, LeanWolf revient avec une approche plus organique qui met en valeur la qualité d’écriture de son leader chanteur guitariste ouverte sur des horizons esthétiques plus vastes dans le sillage iconoclaste de Marcus King et Tedeschi Trucks Band. En multipliant les fissures dans le moule du blues, LeanWolf met en lumière le spectre de toutes ses émotions grâce à un vrai talent de songwriter et se révèle aussi être un chanteur d’une grande sensibilité, à la voix gorgée de soul. A n’en point douter encore un long chemin jonché de surprises réjouissantes attend LeanWolf qui donne déjà le ton avec ce coup de maitre.



LES TITRES :


Red hair woman
Frustration
Everybody needs a woman
Limbo /
Save me
The Angels sing today

Th. Cattier

 

EIGHT SINS (Jambon et Loxi) // INTERVIEW // Straight To Namek 14 Novembre 2023.




Pour commencer pouvez-vous vous présenter ?


Jambon : Je suis Jambon et je suis le batteur du groupe.
Loxi : Et moi je suis Loxi et je suis le chanteur du groupe Eight Sins. On est un groupe de trash  hardcore, de crossover de Grenoble donc on vient de loin. On est actif depuis 2007 sur la scène.

D'où vient le nom du groupe et quelle est sa signification ?

Loxi : Alors Eight Sins c'était plutôt un truc qui sonnait bien à notre oreille. Alors dès que tu le dis cela fait : "Eight Sins" , cela donne le sourire tu vois, c'est quand même cool. Et secundo, cela veut dire le 8ème péché donc à vous de deviner quel est le 8ème. Nous on dit que c'est nous comme ça c'est un peu métal mais en réalité c'est plutôt de passer par la porte arrière je pense, mais ça c'est chacun son truc.

Quels sont les groupes qui vous ont influencé et quelles sont vos idoles ?

Jambon : Hé bien les groupes qui m'ont donné envie de faire de la musique ….
Loxi :  Annie Cordy ?

Jambon :
Ça commence par là ! Alors les groupes qui m'ont donné envie de faire de la musique ? Hé bien de la musique dans ce goût là, on va dire plutôt trash....mes groupes phares ce serait plutôt Pantera , Slayer, Megadeth, les groupes publics fort en fait... Anthrax, Suicidal Tendencies, ce genre de groupes là.  Après je suis quelqu'un qui est plutôt éclectique je pense, et j'aime d'autres trucs aussi. J'écoute pas mal de Hip Hop, ce genre de trucs donc voilà, la musique en général.

Loxi :
Moi plutôt Lamb of God , ce genre de truc. Je suis arrivé au métal avec Cannibal Corpse. C'est le premier groupe que j'ai écouté. Moi j'ai une capacité d'imitation et je me suis mis à imiter ce que j'entendais et j'ai fini chanteur dans un groupe à 16 ans. Cela n'avait rien à voir mais c'était très drôle et oui moi plutôt les Lamb of God très très grand fan et quand je les vois sur scène j'ai envie de faire pareil. Après j'aime aussi  toute cette vague de maintenant, de trash crossover, j'adore. Get the Shot aussi, du Hardcore, Terror, tous ces trucs là.

Quels sont les premiers groupes avec lesquels vous avez joué ?


Loxi :  Moi mon premier groupe c'était un truc de mélange de trash avec du violon. Alors c'est vraiment anecdotique mais c'était cool. Cela a été mon premier groupe. J'ai eu un petit groupe de chansons françaises complètement débiles, mais ça s'était vraiment....on buvait des coups dans notre village et après on faisait de la musique pour rigoler. Et j'ai rencontré les copains d'Eight Sins. Alors Arnaud notre guitariste c'est un copain d'enfance et du coup on a monté Eight Sins en 2006/2007 je crois. Donc ça fait un moment là, ça fait un moment. On se fait vieux.

Jambon : Et pour ma part, je n'ai pas eu énormément de formation. Avec mes amis d'enfance en fait, on avait un truc, un espèce de Black Death Métal.  Alors on voulait juste aller vite et fort et puis voilà.

Loxi :  Ça s'appelait ?

Jambon : Il y a eu 10 000 noms et je ne sais même plus. On s'est eu appelé Virus à un moment donné. Après pour le reste je suis rentré dans Eight Sins en 2012 parce que Loïc est tatoueur et ma chérie est tatoueuse également et en fait ils s'échangeaient des tatouages. Et puis voilà, je me suis retrouvé à faire de la batterie .

Loxi :  Très bon choix d'ailleurs. Il est très bien.

Combien de temps êtes-vous resté en studio ?

Jambon : On est resté une petite semaine.

Loxi : Même pas, on a fait 4 jours.

Jambon : C'était plus court que ce qui était prévu. Tout s'est très bien déroulé et comme le disait Loïc, on a chacun pu enregistrer avec des musiciens différents et je pense que c'est ce qui fait la particularité du futur album, album qui est sorti hier d'ailleurs.

Loxi :  Il est sorti hier.

Jambon : Et c'est ce qui fait sa particularité. Moi c'est la première fois que j'enregistrais avec un batteur et pour le coup ça fait vraiment la différence parce qu'on a le même langage, on a les mêmes codes. Cela fait vraiment une grosse différence, on se comprend et je pense que même pour ce qui s'est passé derrière je pense qu'il y a des choses qui sont plus naturelles. Et j'ai eu de la chance aussi d'avoir à mes côtés Marvyn, le batteur de Sidilarsen, qui pour l'occasion était avec nous dans le studio.

Loxi :  Stage emploi jeune !!

Jambon : Oui c'est ça exactement.

Loxi : Il était en stage

Jambon :  Pour le coup, en plus de ça j'avais deux bons batteurs à mes côtés, du coup clairement ça fait la diff, je pense.

Comment s'est passé l'enregistrement de l'album "Straight To Namek ?

Loxi :  Cet enregistrement on l'a fait à Marseille, donc on a choisi notre studio, on est allé chez Homeless Studio. Homeless Studio c'est le studio d'un pote à nous qui s'appelle Florent Salfati et Flo il est chanteur dans Landmvrks et ils ont une petite structure dans l'Hôtel de la Musique de Marseille  où ils ont plusieurs studios donc on a pu enregistrer avec chacun un musicien, c'était assez cool. On a enregistré le chant moi avec le chanteur Flo, lui la batterie avec le batteur de Landmvrks et la gratte Arnaud avec le gratteux donc on avait chacun un musicien qui s'y connaissait dans ce que l'on faisait et ça  c'était vraiment royal, en plus on enregistrait tous en même temps donc c'est quand même rare. D'habitude tu te branles la nouille tranquille en attendant que les autres ont fini, surtout tu es chanteur donc tu passes en dernier. Là tout le monde pouvait travailler en même temps, c'était hyper cool. Donc cela s'est très bien passé, ça été vite, ça été fort et Marseille ….  On était à côté du Vélodrome, je peux vous dire que c'était pas marrant.

Jambon : On est arrivé un soir d'OM/PSG.

Loxi :  Et ils ont perdu heureusement, enfin... Marseille a perdu, malheureusement pour eux...on doit pas se fâcher mais sur le coup il n'y avait pas d'esclandre, pas de bazar.
On l'a bien fêté en tout cas, on l'a enregistré vite et on l'a bien fêté, surtout lui ! Du coup il a une allergie contact au Ricard. Il a passé une journée à faire l'exorciste. Non non franchement c'était un très bon enregistrement. On a pu essayer des choses. Moi je me suis un petit peu aventuré dans autre chose en chant où j'étais...je ne sais pas...des fois on ne se sent pas légitime à faire certaines choses. Là j'y suis allé à fond, je me suis dit : je suis avec un chanteur, il va m'aiguiller, il va me dire si c'est de la merde. J'ai tenté des trucs, il m'a dit que c'était bien et franchement ça sonne de la bombe. Franchement pas mal !

Comment procédez-vous pour la création des titres ?

Jambon : Et bien pour cet album c'est pareil. Je pense qu'il y a des nouveautés dans le sens où Mike qui est notre bassiste et d'origine guitariste, pour le coup il a fait, enfin il a crée pas mal de choses sur ce nouvel album qui est dans la continuité de notre EP un peu plus trash quoi . Comment dire ? Il apporte sa patte quoi et il a aussi essayé de respecter les codes d'Arnaud, le guitariste d'origine et cela donne vraiment un bon côté crossover justement. On enfonce le clou sur ce côté crossover . Je pense que c'est cool. Donc on doit l'album essentiellement à Arnaud et à Mike du coup.

Loxi :  Les deux sont à la guitare. Ils composent des rythmes mais on est un peu tous ensemble quand même quand on compose. Eux ils nous amènent des choses qu'ils ont dans l'oreille et puis on développe tous ensemble, on tricote et lui (jambon) vient taper dessus...

Jambon : En répet c'est ça oui, derrière on affine la rythmique. Je peux proposer des choses et puis après on en discute et les choses se passent assez naturellement.

Loxi :  Et le chant vient à la fin. Petite cerise sur le gâteau, je rajoute des chœurs. On réorganise souvent au dernier moment l'intégralité de la chanson pour qu'elle soit plus punchy pour que ce soit...moi j'aime bien dire que cet album là il a par exemple un côté un peu plus… je vais dire radio parce qu'on a composé des morceaux avec des refrains. C'est vraiment des chorus, des trucs plus écoutable et du coup je trouve que c'est beaucoup plus percutant donc des structures plus classiques mais justement qui restent dans la tronche assez fort. On a une chanson qui tourne à mort en ce moment, qui s'appelle "Street Trash" et qui tourne à fond sur les plateformes, ce qui est fou parce que c'est des insultes sur insultes mais c'est comme ça. Mais en tout cas elle est droit devant, elle a des cœurs, les gens la répètent, en live on la joue et les gens la connaisse. Ça veut dire que pour moi la chanson est bonne, elle fonctionne quoi.

Ressentez-vous une façon différente de travailler depuis votre 1er album Studio ?

Loxi :  Si tu veux, on a commencé vraiment aux racines du Hardcore. Jambon n'était pas encore avec nous. On était vraiment je dirais en recherche presque d'appartenir à un mouvement c'est à dire que c'était un truc qu'on adorait, on adorait le trash mais on adorait aussi la scène Hardcore. On a découvert nos premiers mosh pits au Furyfest donc il y a vraiment longtemps. On voit ça, on voit des groupes comme Terror, on a vu vraiment des trucs de base et on s'est dit : wow c'est la bagarre dans la fosse, les gens ils bougent et tout. Moi j'avais jamais vu ça. Donc on s'est renseigné la dessus et puis cela nous a donné envie de jouer à ça parce que nous on connaissait Pantera tu vois, vraiment le métal et quand on a découvert la branche hardcore on s'est dit "putain c'est génial, ça donne envie de se mettre des pains" et ça on a gardé ça tout le long de nos albums. Eight Sins c'est une formation qui est là pour faire la fête dans le pit et la grosse bagarre. C'est ça hein ? La bagarre...
Du coup on a commencé aux racines du Hardcore et au fur et à mesure on s'est métallisé donc on a toujours été très très voire trop métal pour la scène Hardcore. Ça a été un truc qu'on nous a souvent dit. Les mecs nous ont dit : "Ouais c'est bien mais un peu trop métal" . On connaît les gens de la
scène, c'est toujours très clivant les styles, les trucs comme ça mais ça fait partie du truc. Quand tu es un metaleux tu aimes tel type de métal, ce sous-genre là mais pas celui-là. Donc on a métallisé le truc et au fur et à mesure nos racines trash elles sont ressorties et maintenant on a un truc qui est purement crossover avec des gros riffs de trash à la Slayer, et des grosses bagarres à la Terror ou à la Hatebreed donc vraiment un truc fait pour se donner.

Jambon :  Pour ma part à la batterie, je crois que je suis un angoissé de l'épreuve, de l'exercice et à chaque opération, à chaque fois qu'on a dû aller en studio, moi je m'entraîne quand même vraiment en amont sur les guitaristes, bassistes.

Loxi : 
Il dit angoissé mais en fait c'est un travailleur, c'est pas la même chose. Je pense que tu bosses beaucoup les choses, tu as l'impression que tu es angoissé mais en fait c'est que tu as envie de réussir.

Jambon :  Oui c'est ça.

Loxi :  C'est ce qui fait qu'en studio en général on est tout droit. Ça va très très vite et en général on arrive à enregistrer quand même assez rapidement.

Jambon : J’ai toujours eu l’appréhension d'arriver et que le gars derrière les manettes me dise :
"Mais qu'est-ce que t'as foutu ? "et du coup j'essaie de faire en sorte que ça n'arrive pas autant que possible quoi. Bon évidemment des fois on s'arrête et on redémarre quoi mais généralement ça va vite en fait . Oui généralement ça va vite. Après pour les méthodologies d'enregistrement, sur les divers albums effectivement chacun à sa manière de travailler mais ça c'est plutôt propre au gars qui record mais bon est-ce qu'il y a une bonne formule ? Vraiment sur cet album j'ai apprécié me retrouver avec quelqu'un qui connaissait mon instrument. Ça c'est vraiment appréciable. Et puis c'est des gars, que ce soit Kevin ou Marvin, c'est des gars archi cool, archi humbles tout ça  et ce sont de très très bons batteurs avec de très bonnes oreilles en plus. C'était vraiment cool de se retrouver avec ces gens là. Vraiment, c'était une bonne expérience.

Est-ce qu'il reste des morceaux non retenus ?

Loxi :  On est en train de travailler sur des trucs donc voilà ça va arriver. Moi j'aimerais bien pouvoir ressortir quelque chose rapidement, peut-être dans un format plus court. Bon déjà là on a fait un 10 titres qui dure 20 minutes. C'est les formats du hardcore, ça va vite. Là si on fait un 3 titres ça va être 5 mns je pense. Non...une petite dizaine de minutes de plaisir mais ça vaut le coup des fois 10 mns vous savez.

Parlez nous du désign de la pochette ?

Loxi :  Hé bien la couv pour nous c'est notre pote Chris Regnault qui l'a dessiné. Ce mec c'est un dessinateur de bandes dessinées qui est trop fort. Il était à l'école de dessins avec moi parce que moi comme je suis tatoueur j'ai fait une école de dessin avant. Je vous montre c'est formidable. Et du coup quand on a sorti notre précédent EP, c'était aussi lui qui nous avait fait le dessin. Moi j'avais proposé aux autres. Je leur ai dit : "Écoutez les gars j'ai un pote il défonce. Il va nous faire une putain d'illustration" . Ils m'ont fait confiance. Il a un coté caricatures et tout. Il arrive grave à saisir les traits un peu à la Maëster, un peu à la Fluide Glaciale. Je savais qu'il était capable de ça alors que c'est un mec qui normalement fait des bandes dessinées historiques...parce que c'est pour ça qu'il est payé !...mais là …on l'a payé aussi bien sur... et il nous a sorti deux fois des pochettes mais géniales. Elles sont drôles. Je vous laisse les regarder, si vous l'achetez, regardez en détail c'est mortel. Le concept c'est vraiment plein de perso de notre enfance tu vois. Ça c'est nos gueules. Ça c'est moi tu vois, comme je suis un peu fat ils m'ont fait en Booboo, Mike il est vieux, ils l'ont fait en Yoda, Jambon c'est une machine alors ils l'ont mis en batterie machine et un mec en Ghostbusters c'est Arnaud. Et derrière c'est plein plein de ref à la pop culture mais en mode un peu défoncé tu vois : Freezer il a des nichons, il a un cul sur la tête enfin voilà. Du fun voilà pour détendre la morosité. Je lui ai dit, moi je veux nous quatre contre une flopée de méchants. C'était ça et puis il s'est démerdé avec les titres des chansons, je lui avais donné les titres. Plus on lui a dit ce que l'on aimerait voir par exemple il y a Gene Simmons de Kiss parce qu'on n'a pas pu voir Kiss à un moment, on était dégoûté alors on l'a mis dans notre pochette. C'est plein de trucs comme ça en fait, c'est plein de conneries à nous. Si vous regardez bien, vous allez bien rigoler. Donc tous ces détails ça forme un petit peu notre histoire, notre enfance aussi quelque part. Donc c'est marrant parce que quand on a plein de mecs de nos âges, nous on a une trentaine d'années pour les plus jeunes... Mike est un peu plus vieux... du coup ils voient la pochette et ils délirent dessus : wow, Maîtres de l'univers, machin … Voilà on a fait un petit peu un melting-pot de nos références pour faire une pochette qui déjà nous fait marrer, qu'on est content de montrer et qui claque. C'est le plus important.



Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel vous rêvez de jouer ?

Loxi : Chacun on aurait bien aimé Slayer je pense. Malheureusement ils ont décidé de se mettre en Ehpad...ce qui est quand même dommage ! Moi perso cela aurait vraiment été Lamb of God. Comme je vous dis c'est mon groupe préféré. Je trouve qu'ils assurent de ouf, les riffs sont mortels donc moi j'aimerais grave jouer avec Lamb of God. Ça a failli se faire une fois à Lyon quand on était plus jeune et on s'est fait un peu doser la date mais c'est pas grave c'est le jeu.

Jambon : Oui Slayer. Je crois que c'est une référence commune à nous quatre. Ou Pantera parce que c'est vrai que le choix est quand même cornélien.

Loxi :  Oui mais là Pantera, il va falloir en déterrer deux ou trois parce que ….

Jambon :  Oui c’est vrai mais bon en reformation ? Ils cherchaient un batteur à un moment !  Mais bon ils ne doivent pas avoir mon adresse mail. Bref c'est un autre débat.

Loxi : Et toi personnellement ce serait qui les autres ?

Jambon :  Je ne sais pas, je ne sais pas ….

Loxi :  Mireille Mathieu ?? Mylène Farmer ??

Jambon : Putain ouais on a quelque chose … (rires)  Si je devais jouer avec un groupe autant prendre un grand groupe, genre …

Loxi :  Anthrax ?

Jambon :  Ouais, mais même plus grand. Je ne sais pas, j'aurais fait un Beatles ou un Black Sabbath. Tiens oui Black Sabbath , être là, à la base dans les années où on s'en foutait et qu'il y avait tout à construire voilà.

Loxi :  C'est beau ce que tu viens de dire ! C'est hyper beau !

Vous rappelez-vous de votre 1er concert ? Où et comment s'est-il passé ?

Jambon :  Moi la première fois où j'ai du faire un concert, outre les histoires dans les écoles de musique, dans notre région, dans un des lycées de notre région ils organisaient un espèce de concours où les groupes de lycéens venaient jouer comme ça dans la cour de récré le midi. Je pense que ça c'est le point de départ et puis dans la foulée, avec Eight Sins, j'en parlais tout à l'heure, ma première c'était avec Hate à Grenoble et puis il y avait déjà un peu de monde c'était cool. Voilà... des bons souvenirs, clairement.

Loxi :  Moi je devais avoir 16 piges et c'était à la fête de la musique de Saint-Chef, avec mon premier groupe et tout de suite je me suis senti chez moi en fait. J'ai mis les deux pieds … après je suis un petit peu cabot, j'aime bien qu'on me regarde et j'ai kiffé de ouf. Du coup j'ai hurlé tout ce que je pouvais et le lendemain les enfants qui nous croisaient dans le village , après qu'on se soit mis une taule, ils étaient comme ça : "Ouais mec, c'était mortel", ils hurlaient et c'était vraiment très cool. Et le premier live avec Eight Sins ? Je ne sais même pas si je m'en souviens. Je crois que c'est un café de la poste à La Verrière, un truc hyper sombre et pareil c'était hyper cool. Vraiment hyper cool. De toute façon tout de suite Eight Sins ça a été fait pour le fun. On s'est regroupé pour faire la musique qu'on avait vraiment envie de faire avec Arnaud. Et moi ça m'a pris direct. Je me suis dis : Allez c'est bon, on le fait, c'est parti. Et là ça fait un moment hein ! On est en 2023, ça fait 15 ans.

Comment définiriez-vous le style de votre musique ?


Jambon :  Je pense que l'on peut se dire que c'est direct dans ta face, ça va vite et surtout on est là pour faire la fête, la fête et la bagarre et toujours le sourire aux lèvres. C'est important de passer un bon moment.

Loxi : C'est ça. On a un peu une chanson, qui vient d'un autre groupe où Mike était gratteux dedans et qui s'appelle Beers & Moshpit  et on a récupéré un peu ce morceau. On la refait à notre sauce mais pour moi c'est ça le groupe . Beers & Moshpit c'est pour dire vraiment la fête c'est à dire la bière pas forcément alcoolisée mais voilà. La fête et le pit qui s'amuse. Nous on est spécialiste de faire les gros circle pit, les gens qui bougent dans tous les sens. Comme il l'a dit les gens ils repartent, ils ont le sourire et ils achètent tout notre merch ! Et ça c'est bien. Parce qu'on a besoin de vous hein ? On est en auto-prod !

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?


Jambon :  Projets dans les mois à venir ? Déjà défendre l'album. Ça a très bien commencé et continuer sur cette lancée. Donc défendre cet album dans un premier temps. Dans un second temps, continuer de composer et puis voilà. Je veux dire de toute façon rester en perpétuelle activité.

Loxi : C'est ça. Là on a des dates qui arrivent. On a une date encore vendredi prochain à la Cordo à Romans-sur-Isère qui est sold out, avec Stray from the Path, un bon groupe australien. Ça va être bien cool. On a une petite tournée qui arrive, qui fait Paris / Lille / Dijon. Ça c'est autour du 7, 8 , 9 décembre. Ensuite on a une date à Laval, donc plutôt en Mayenne, on a une date à Grenoble enfin c'est encore en train de se développer. On a quelques Fest qui sont en train de se confirmer pour l'année prochaine donc que du bon. Ça va être vraiment de la balle. Là je crois qu'on a jamais autant joué sur si peu de temps donc c'est très positif.

Que reste-t-il de la période COVID ?  

Loxi :  Moi je dirais que le Covid il nous a permis des choses, c'est-à-dire que vu qu'on a eu un temps de pose, moi ça m'a fait du bien de ouf. J'ai une famille, lui aussi. On est tous papa dans le groupe et moi le moment du Covid, perso ça m'a vraiment....sur la première semaine j'étais comme tout le monde, je me faisais caca dans le fute mais derrière j'ai pris du temps pour être avec ma famille, j'ai fait de la peinture, on a écrit des paroles, on a fait de la zique. Ça nous a permis de bien travailler, même notre album à venir donc pour moi c'était vraiment un très bon moment. Après, depuis que cela a recommencé, plus ça va et moins je vois de timidité dans les salles. Il y a eu un peu de timidité au départ, j'ai même vu faire des concerts assis, au début, quand c'était un peu la règle. Ce qui était ridicule parce qu'au bout de 5 minutes les chaises elles ont volé mais bon ça c'était autre chose. C'était très drôle. En tout cas, moi je trouve que c'est en train de se redétendre un petit peu la nouille. C'est vrai qu'il y a des gens qui viennent peut-être moins, ils ont plus peur des autres mais cela n'empêche pas les gens de faire la fête j'ai l'impression ! En tout cas dans la musique moi je n'ai pas cette impression. Cela ne m'a pas choqué, je ne vois pas moins de monde aux concerts.

Jambon :  Après, nous on a eu peut-être une petite inertie derrière le Covid aussi . Le temps que l'on se remette en marche, qu'on aille en studio et tout ça, je pense que ça a quand même laisser traîner une bonne année et demi ? Mais je pense qu'on est passé un peu entre les mailles du filet on va dire parce que ceux qui ont sorti leurs albums pendant la crise sanitaire je suppose que c'était moins évident.

Pour finir, si tu devais tout quitter et n'emporter que 3 choses, quelle serait ta sélection et pourquoi ?


Loxi :  Un disque ? C'est pas facile. Je me mettrai une chanson plutôt. Je me mettrais Freebird de Lynyrd Skynyrd parce que j'adore cette chanson. Elle me reste dans la tête tout le temps, quand je marche j'ai Freebird dans la tête. Ou un truc de Queen..."Don't Stop Me Now", tu vois, moi j'aime beaucoup Queen. Et un objet ? Je prendrais un Boglins, c'est un truc que j'avais … je me suis battu bec et ongles avec des bonnes notes pour l'avoir . C'est un jouet, un jouet marionnette dégueulasse. Moi j'aime bien les trucs comme ça. Et ce que j’emmènerais avec moi ce serait ma famille quand même parce que je l'aime voilà. Toute ma petite famille, on est 5 quand même. Va falloir qu'on se partage les doses de riz à Koh-Lanta.

Jambon :  Évidemment Family first, je prendrais ma famille avec moi aussi. Dans un second temps...

Loxi :  Pas très rock'n'roll le gars !

Jambon :  Non carrément pas.
 
Loxi :  Tu prendrais une bouteille de ricard ?

Jambon :  Non non je ne prendrais pas une bouteille de ricard...même si il y a beaucoup d'eau autour de moi ! Non merci c'est bon.
Je pense que je prendrais Terminator 2 : le Jugement dernier parce que c'est mon film préféré. D'ailleurs je suis en Terminator (sur la pochette de l'album) c'était une de mes recommandations. C'est mon film préféré toutes catégories confondues. Et si je devais prendre un Cd avec moi ou un machin faudrait prendre au moins un téléphone avec Spotify parce que un groupe c'est relou. Maintenant à l'ère des smartphones.... Ha oui un petit Suicidal ! Je ne sais pas … ou un petit Turnstile. Si il fait beau ! Voilà s'il fait beau ! Ou un Black Sabbath. Je suis dans une phase Black Sabbath aussi en ce moment. Un petit album de Black Sabbath : "Master of Reality"

Loxi :  Ha oui super

Quelque chose à rajouter ?

Jambon : Venez nous voir en concert parce que ça c'est super important. Procurez-vous ce nouvel album parce qu'il est vraiment cool et on en est vraiment fier. Il y a un featuring avec Seth Gueko, ça c'est cool. C'est la croisée des univers. Venez faire la fête, bières et mosh pit.

Loxi :  D'une manière générale sortez de chez vous voilà

Merci à vous.



La vidéo de l’Interview  ICI



 
HardRock Café 14 Novembre 2023.
Interview Thierry CATTIER 

Photos Th CATTIER / SHOOTING IDOLS

samedi 10 février 2024

CHRONIQUE CD // THE CINELLI BROTHERS "Almost Exactly" - Sortie 27 Janvier 2024.

 
Groupe : The Cinelli brothers
Titre : Almost Exactly
Date de Sortie : 27 Janvier 2024
Genre Musical : Blues

The Cinelli Brothers, c'est quatre garçons vivant en Grande-Bretagne, des musiciens multi instrumentistes bourrés de talent qui affectionnent le blues mais aussi l’héritage de Chess, Stax et la Motown pour proposer un répertoire situé quelque part entre le rock et la pop. Leur grande force est de composer des titres qui semblent simples mais s’avèrent diablement efficaces grâce à leurs harmonies vocales imparables. Ajoutons à cela un look vintage à faire pâlir un concours de pin-up, une détermination à réussir qui les a déjà menés à la victoire au UK Blues Challenge en 2022 et s'envoler à Memphis pour l'IBC sans oublier l’European Blues Challenge en 2023, c'est comme si rien ne pouvait les arrêter !!!
 
Forts de cette reconnaissance professionnelle, The Cinelli Brothers décident d’enregistrer leur 4ème album au Applehead Recording Studio à Woodstock dans l’état de New York. Pour la 1ère fois, le principal compositeur et producteur Marco Cinelli s'est associé au producteur et célèbre batteur Rich Pagano (Patti Smith, Robbie Robertson…) formé par les légendaires ingénieurs des Beatles, Geoff Emerick et Ken Scott, pour génerer une nouvelle énergie en se concentrant sur les mélodies. A la manière de No Country For Bluesmen, The Cinelli Brothers ont adopté la méthode de co-écriture pour de nombreuses chansons inspirées par les Beatles, The Band ou The Rascals avec une note Southern Soul des années 60 et 70. Chaque membre du groupe a joué un rôle déterminant dans les sonorités et les arrangements en échangeant parfois les instruments quand cela semblait approprier.
 
Au delà d’être un exemple encourageant pour une génération de musiciens partageant l’amour des sons authentiques de la Soul, du R’n’B et du Blues, The Cinelli Brothers ont toutes les qualités pour devenir un des groupes majeurs de la scène musicale actuelle.

 
LES TITRES :

Last Throw Of The Dice            
Leave It With You    
Dozen Roses       
Ain’t Blue But I Sigh    
Nobody’s Fool        
Prayer        
Lucky Star       
Making It Through The Night        
Don’t Need No Favor       
Fool’s Paradise


MUSICIENS :

Marco Cinelli : chant - guitare - clavier
Alesandro Cinelli : chant - batterie
Tom Julian Jones : chant - harmonica - guitare
Stephen Giry : chant - basse - guitare

Midnight Riffer - Photo : X


vendredi 9 février 2024

ABDUCTION (Guillaume Fleury (guitare) et François Blanc (chant) ) // INTERVIEW // De Jeanne D’arc à Mylene farmer en immersion Black Metal - 30 Novembre 2023.

 
ABDUCTION est un combo de Black Metal technique, atmosphérique francilien un peu à part sur la scène française qui développe un univers romantique sombre et angoissé bien à eux. Composé de quatre corbins : l’archiatre Guillaume Fleury (guitare), le morticole François Blanc (chant), le mège Mathieu Taverne (basse) et le carabin Morgan Velly (batterie) d’emblée vous l’avez compris on est sur une autre stratosphère qui passe aussi par des clips superbes impressionnant de maitrise qui leur permet de se démarquer haut la main. Ajoutez à cela des textes travaillés qui se s’intègre parfaitement les morceaux et vous avez un patchwork de très haut niveau. Nos amis ont déjà à leur actifs trois albums qui eux aussi plante le décors rien que par leurs titres inspirés que ce soit Une Ombre Régit Les Ombres, À L’heure du Crépuscule ou encore Jehanne le ton est donné et ce n’est pas avec Toutes Blessent, La Dernière Tue emprunté à un roman de Karine Giebel leur tout nouveau méfait que l’ambiance va changer. Une interview découverte avec les sympathiques Francois Blanc et Guillaume Fleury qui nous permet une immersion dans un autre monde. Magnétos les gars c’est à vous !



Vous existez depuis 2006 quatre albums à votre actif. Le dernier en date Jehanne était un concept album sur la vie et l’histoire de Jeanne D’arc. Comment avez-vous abordé la conception de ce nouvel opus qui séduit d’emblée ?

François Blanc. Merci pour le compliment ça fait plaisir que l’album t’a plu. C’est vrai que Jehanne a été un album extrêmement ambitieux qui a demandé une somme de travail colossal pour en venir à bout. Je pense notamment à notre bassiste qui a écrit les paroles et Guillaume qui se charge de la musique, de la vision globale du concept. C’était vraiment un travail à plein temps, la conception de l’album et extrêmement intense. On a estimé que le personnage de Jehanne, sa vie est vraiment digne d’une fiction tant elle est riche méritait largement ce traitement. A ce moment-là on s’est dit qu’on allait revenir à un format plus classique, écrire des chansons avec des thèmes séparés à chaque fois. Il faut savoir que le quatrième album a été un nouveau départ pour nous car d’ordinaire Guillaume a toujours beaucoup d’idée en stock d’un album sur l’autre. Typiquement quand on a fini le premier album on avait déjà quelques idées pour Jehanne alors que là on est vraiment parti de zéro. Pour Jehanne on a mis tout le meilleur de ce que l’on pouvait donner. Là un nouveau redémarrage, une page blanche qui s’ouvrait devant nous. L’écriture a eu une part de spontanéité et d’autre part au contraire une segmentation des chansons on va dire. Le constat est que l’on voulait quelque chose d’un peu plus direct. Notre style depuis toujours est basé sur des contrastes, passages électriques, acoustiques, des alternances de styles de voix. On a voulu quelque chose d’un peu plus ramassé, accrocheur. Plus digeste pour les auditeurs avec des arrangements chiadés mais un coté plus direct. Ce qui était différent aussi c’est que Mathieu notre bassiste a pris en charge l’écriture des mélodies de Jean Pierre, d’ordinaire c’est Guillaume, moi j’interviens dans la dernière phase du processus pour faire quelques petits ajustements en direct. Lui il est très inspiré par la vielle chanson française du début du siècle dernier qui donne à l’album une autre couleur aussi. C’est album a été moins difficile et exigeant que Jehanne et vraiment un plaisir à concevoir.

Partir de zéro je suppose que ce n’est pas simple à gérer notamment au niveau de la pression ?
François Blanc. Je vais laisser Guillaume répondre.


Guillaume Fleury Oui, un peu des deux. Ça met la pression de ne pas avoir une vision globale très précise dès le début et se dire que l’on va naviguer à vue. Ce qui débloque le processus c’est d’avoir la pochette. Dès que j’ai l’artwork car nous nous inspirons de tableaux classiques français je sentais que je bloquai tant que je n’avais pas l’artwork définitif. J’avais des idées mais je n’étais pas sûr de ce que je voulais. Avant de reprendre la composition proprement je vais d’abord trouver la pochette qui va me débloquer tout le reste car je vais m’appuyer dessus pour m’inspirer. A partir du moment où j’ai trouvé la pochette et que tout le monde l’a validé en adéquation avec notre musique. J’ai un petit peu souffert de faire ça tout seul de mon côté de tout écrire. Ça me manquait un peu car François l’a dit pour Jehanne avec Mathieu on se voyait très souvent. On bossait et il est même venu vivre chez moi, on bossait dessus tous les jours. Je me suis senti un peu seul et c’est pour cette raison que j’ai terminé la composition de toutes les musiques. J’ai demandé à François et Mathieu d’apporter leur pâte et les mélodies de lignes vocales parce que cela reste collaboratif. 

Toutes Blessent, la dernière tue est un titre qui interpelle aviez-vous en tête une idée particulière que vous souhaitiez développer ?

Guillaume Fleury A la base c’est ce qui est inscrit sur les cadrans solaires, tu peux encore en voir en France où c’est écrit en latin ou en français. C’est pour parler des minutes qui s’écoulent et chaque minute qui passent te rapprochent de la mort donc elles te blessent petit à petit et la dernière minute de ta vie c’est la fin et elle te tue. C’est lié au concept depuis le début qui est le nôtre qui est de s’intéresser au temps qui passe, à l’inéluctabilité à la mort et d’une manière plus spirituelle ce qui pourrait y avoir après. C’est le concept global de notre groupe même si tous les textes ne parlent pas que de ce sujet, il y a un lien commun entre tous les textes en filigrane qu’on retrouve malgré tout.

Comment avez-vous travaillé au niveau des textes qui sont très inspirés ?

François Blanc.
Pour Jehanne il y a eu énormément de recherche historique, d’ouvrages et de références d’historien et autres. Mathieu a écrit presque tous les textes moi j’en a écrit un. Lui il est assez rapide il a toujours beaucoup d’idées et même pour lui il a beaucoup de choses en stock et on discute de ce qu’on veut faire. Une fois qu’on a un thème qui colle selon nous à la musique, il se met vraiment au travail et arrête un maximum de choses. Finalement il l’a dit il y a quelques jours il ne s’inspire pas tant que ça de ses lectures, c’est un mélange de tout ce qu’il peut expérimenter dans la vie. Parfois il y a des références littéraires ou autre mais ce n’est pas toujours conscient ou ciblé.

Toutes Blessent, la Dernière Tue a été enregistré, mixé et masterisé par Deha au studio Opus Magnum Studio de Bruxelles, comment avez-vous vécu ces sessions ?

François Blanc. A vrai dire le premier album qu’on a fait on lui avait préparé une longue liste à la maison pour qu’il les retravaille par la suite et dès le second album l’expérience avait déjà été si enrichissante qu’on s’est dit qu’il fallait enregistrer chez lui. Ce qui est formidable c’est qu’on a une relation de confiance qui se crée, des automatismes qui viennent, une amitié très forte avec Deha et une grande complicité. C’est toujours un plaisir. En fait personnellement et au nom du groupe l’expérience en studio est toujours quelque chose de fort parce que notre vie, notre passion ça reste la musique. Faire et s’exprimer en musique c’est quelque chose d’assez phénoménal et fondamental pour nous. On n’a pas toujours la chance de le faire et quand on met un pied en studio pour une semaine ou quinze jours ces moments-là sont dédiés à notre création. Même s’il y a des étapes qui sont pénibles il y a une exigence technique à avoir, parfois au chant j’ai l’impression d’avoir tout donné sur une prise, en fait j’ai mal prononcé un mot ou il y a quelque chose qui n’était pas exactement ce qu’il fallait que ce soit ou je me suis trompé sur le rythme. Donc il faut se reprendre. J’avais l’impression d’avoir mis toute mon émotion dedans et ça demande une certaine dose d’énergie. C’est pareil pour la guitare et tous les instruments, il y a une exigence qui est requise mais en même temps c’est vraiment un bonheur d’être dans cette ambiance vraiment créative. D’autant que pour le chant, c’est ce que je connais, Guillaume, Deha et moi on a une superbe forme de synergie et il arrive que surtout pour cet album on se fait vraiment confiance et des passages où on n’était pas certain de ce qu’on allait mettre en arrivant au studio, de ce qu’on allait faire et en travaillant tous les trois on est très vite arrivé à ce résultat qui selon nous est très satisfaisant. Donc l’environnement studio malgré le coté pénible parfois à cause de la répétition de devoir refaire ses prises encore et encore c’est quelque chose qu’on adore.

Est ce qu’il y a eu des défis personnels sur certain morceaux lors de l’enregistrement, avez-vous senti une évolution en tant que musicien lors de ces sessions ?

François Blanc. C’est une bonne question. Je dirai que pour ma part ma progression est assez marquée, d’album en album avec l’expérience et la découverte de certains registre de voix que j’ignorai puisque typiquement A l'heure du crépuscule et plus encore Jehanne et Toutes blessent, la dernière tue j’utilise parfois une espèce de chant hurlé mi-chemin entre la voix claire et la saturation. Je dirais que pour celui-ci le morceau qui était le plus imposant probablement à enregistrer “Contre les fers du ciel “ un titre basé sur l’œuvre d’Edmond Rostand de Cyrano de Bergerac qui est un texte magnifique et qu’on adore tous dans le groupe et il fallait pour le coup une interprétation extrêmement vivante puisqu’il fallait alterner les registres de chant en permanence pour coller au mieux à l’ambiance voulue et au texte. Dans la mesure où le morceau est construit sur des boucles de guitares qui se répètent et évolue en permanence plutôt que des ruptures franches que l’on fait d’habitude il fallait que le chant et la batterie amènent la variété et le dynamisme. Enregistré cette chanson était impressionnant et puis la reprise d’“Allan“ de Mylène Farmer c’était quelque chose car le projet d’ajouter une reprise est venu assez tard dans le processus. Elle a été montée en un temps absolument record qui est inhabituel pour Abduction mais très satisfaisant. En entrant en studio je l’avais très peu préparée. C’est venu relativement vite mais il y avait ce côté inédit qui ne me ressemble pas d’habitude à la préparation que l’on fait là-dessus. Il y avait une petite pression supplémentaire. C’est un challenge supplémentaire pour moi en tout cas.

Guillaume Fleury C’est vrai ce qui est intéressant avec la reprise d’“Allan“ la ligne est totalement arrêtée. On avait envie de respecter l’esprit de l’original donc tu ne peux pas dire que tu n’aimes pas trop comment s’est tourné en fait ou je n’aime pas le texte (rires). Ce n’est pas arrivé bien sûr mais après on peut se permettre si on trouve que la manière dont on pourrait le tourner enrichirait le morceau, une autre vision on le ferait. Cela n’a pas été le cas. Je réfléchissais le plus gros défi technique a été pour moi “Cent ans comptés“ parce les guitares sont un peu véloces et les structures sont assez complexes. Le plus gros challenge a été de composer des morceaux moins à tiroir qu’avant. J’avais vraiment envie de faire des morceaux un peu plus rentre dedans qu’il y est toujours des tiroirs parce que moi j’aime ça mais essayer de prôner des formats plus courts. Je cite rarement des challenges en termes précis mais l’idée c’était de voir comment on sonne sur des formats plus courts.

La reprise de Mylène Farmer “Allan“ (Ainsi soit-je…, 1988) est à mille lieues de l’univers du black et du metal d’où vient cette volonté de reprendre un tel morceau ?

Guillaume Fleury  Il n’y a pas eu de réflexion. Mylène Farmer c’est pour moi l’artiste de tous les temps il y a longtemps que je me dis si un jour je peux lui rendre hommage je le ferai. Je ne suis pas grand fan des reprises surtout quand les reprises sont des reprises des groupes du même style. Je comprends qu’on rende hommage à ses influences mais je trouve que c’est moins intéressant de prendre un matériau qui est proche déjà du sien. Si jamais je fais une reprise, je me rappelle je me promenais avec ma famille. Je me suis demandé ce que cela pourrait être déjà chanter en français qui me tenait à cœur et mon artiste française ultime c’est Mylène Farmer et mon morceau préféré de Mylène de toute sa carrière je pense que c’est Allan qui en plus collait très bien à notre univers. J’hésitai aussi avec “Tristana“ qui pourrait faire une belle reprise de metal aussi. Ça s’est fait sur “Allan“ qui est parti très vite, le morceau a été mis en place très rapidement, déjà très inspirant et comme on a les matériaux de base on l’a adapté. Mine de rien Mylène a plus de point commun avec le metal qu’on pourrait parfois le croire. L’univers est assez sombre. On parle beaucoup de la mort il y a un côté un peu morbide et de la religiosité. Elle a aussi des connexions avec le rock et le hard rock. Peu de gens savent que Billy Sheehan qui est un bassiste mythique joue sur l’album Innamoramento. Par exemple elle a déjà partagé son studio avec Bon Jovi. Il y a des connexions à tous niveaux entre d’autres styles. Pour répondre à la question c’était une évidence de rendre hommage à cet artiste.

Il y a aussi ce clip magnifique qui dure dix minutes “Allan“ qui se déroule essentiellement dans un château avec cette ambiance sombre et un peu morbide. Je suppose que cela a nécessité beaucoup d’implication de votre part ?

Guillaume Fleury C’était un énorme travail car je suis complètement autodidacte là-dessus. Je n’avais jamais tenu une caméra de ma vie. J’ai été aidé par une ami Pauline Roulot qui est la photographe d’Abduction depuis le deuxième album qui fait toutes nos photos promos. Son métier c’est monteuse, elle m’a énormément aidé pour le montage. J’ai supervisé en disant ce que je voulais mais c’est elle qui l’a exécutée. Elle m’a aidée à cadrer, à faire les lumières. Ce n’est pas une amatrice non plus, elle fait des publicités des formats assez courts. Ça été aussi nouveau pour elle aussi. Très enthousiasmant pour tout le monde et on a fait ça en équipe très réduite, tous les membres du groupe et deux amis qui se sont ralliés pour nous filer un coup de main et la femme de François qui joue le rôle principal du clip et qui est une très proche amie à moi. On a fait tout ça en famille et j’ai écrit un script qui me tenait à cœur qui collait selon moi à l’univers du morceau et à celui d’Abduction. J’ai essayé de rendre hommage à des cinéastes que j’aime beaucoup du cinéma français, souvent des vieux films plutôt d’avant-guerre mais pas que et puis on a fait tout ça pendant deux jours, huit heures par jours. C’était très intense, il n’y a pas eu beaucoup de poses, parfois un peu stressant mais François peut donner son ressenti, mais on a vraiment aimé l’expérience.

François Blanc. C’était vraiment un défi parce que mine de rien il fallait louer un château, se préoccuper d’avoir un cheval. J’ai appelé les écuries du coin pour voir si quelqu’un pouvait nous aider ou proposer un tarif raisonnable et accompagner ma femme qui n’était plus monté à cheval depuis une bonne vingtaine d’année, il y avait des contraintes techniques, il a fallu qu’on trouve un stabilisateur pour la caméra mais on a la chance pour nous d’être bien entouré. C’est un ami dessinateur de bande dessinée qui nous a fait l’affiche avec sa coloriste qui a un niveau incroyable aussi. On a été bien entouré avec un ami qui nous a donné un petit cours d’escrime, à défaut de faire un combat spectaculaire, que l’on puisse au moins tenir une épée, faire des passes qui existent vraiment. Le tournage était un peu stressant pas vraiment acteur. J’essayai d’incarner au mieux le personnage quel que soit l’idée qu’on s’en fait inspirer d’Edgar Alan Poe qui correspond à notre vision du poète romantique et torturé mais c’était vraiment une super expérience. J’ai adoré le faire et du coup j’en viens à espérer qu’il y aura d’autres clips d’Abduction un jour.



La présentation du clip renvoie à cette belle affiche de cinéma réalisé par Thimotée Montaigne et Clara Teissier qui est un hommage à Jean Cocteau et Marcel Carmé aussi. Vous appréciez ce cinéma d’avant-guerre ?  


Guillaume Fleury Moi c’est mon cinéma favori. Je ne suis pas féru de trop mais si je devais faire un top 10 du cinéma il y aurait quasiment que des films en noir et blanc format 4/3 qui date plutôt d’avant-guerre. Grand fan d’Henri Georges Clouzot il n’y a pas que ça, hier on a eu un commentaire c’était le deuxième qui m’a vraiment beaucoup fait plaisir puisque des gens voient aussi des références de Jean Rollin aussi, ce cinéma un peu horreur érotique parfois carrément kitsch mais avec un son derrière. C’est fait avec des bouts de ficelles avec vachement de cœur et ça exprime quelque chose. Il y a une vision même si tu sens que c’est fait par des amateurs en fait ça fonctionne. Ça me touche beaucoup comme remarque car c’est un univers qui me touche beaucoup aussi.

Est-ce que vous avez envoyé le clip à Mylène Farmer ?


Guillaume Fleury C’est notre intention. On cherche un moyen de la contacté. J’ai peut-être un biais détourné pour qu’elle est une chance de le voir mais on aimerait beaucoup qu’elle le voit même si ce n’est pas vraiment son style de musique de prédilection. Qu’elle voit le cœur qu’on y a mis dedans, qu’elle voit les hommages à son œuvre et qu’elle soit si possible interpellée par notre travail. Ce serait vraiment un rêve.

Est qu’il n’y a pas un parallèle avec Mylène au niveau de l’ambiance et de son univers unique ?

Guillaume Fleury Mylène elle m’inspire depuis le début. C’est une de mes influences. En fait même sur le premier album on a un morceau qui s’appelle enlèvement d’automne je m’en rappelle très bien que j’ai dit à François sur les couplets, je veux que ta façon de chanter soit un peu comme celle de Mylène quand elle monte et tiens les fins de mots et de syllabe parce que je trouve que c’est magnifique. Je pense qu’il y a des points communs on a un peu les mêmes fascinations pour les mêmes choses, le même côté un peu torturé sur certains sujets, la même fascination pour le temps qui passe, la mort. On se retrouve là-dedans et comme je le disais tout à l’heure c’est très metal.

La pochette est une très belle fresque : la promenade solitaire du peintre Hubert Robert datant de 1777. Qu’aviez-vous envie de transmettre à travers cette peinture ?

Guillaume Fleury
Je cherchai à évoquer le coté forestier parce que je voulais que l’album soit plus organique qu’il invite à une promenade en forêt un peu solitaire. Ce que j’aime dans ce tableau c’est qu’il évoque aussi l’oubli. On peut imaginer que la personne qui figure sur la pochette au détour d’une promenade tombe sur ce vieux monument en ruine et ne sais plus trop à quoi cela fait référence car c’est trop abimé pour qu’on puisse le comprendre mais ça la fait réfléchir et penser à ce qui a pu se passer avant elle, qu’on put faire ses ancêtres, faire penser à elle-même ce qu’elle va laisser comme trace ou ce genre de choses. Ça peut évoquer énormément de choses. Je trouvai que ça collait avec l’image du groupe et plus simplement je trouve que ce tableau est magnifique et qu’il est superbe. Celui-ci collait à l’ambiance que je recherche, vraiment à l’univers musical que j’ai envie de développer.

François Blanc. En plus cela fait trois albums consécutifs où on a un personnage féminin sur notre couverture donc une représentation très différente à chaque fois qui crée un lien.

Vous avez prévu de faire un autre clip ?

Guillaume Fleury Il faudrait qu’on voie parce que c’est énormément de temps, d’investissement, même si le clip ne nous a pas couté cher du tout on a vraiment fait du mieux qu’on pouvait mais ça demande de l’investissement émotionnel mine de rien on ne s’en rend pas forcément compte mais on a passé trois ou quatre mois dessus finalement à travailler intensivement dessus presque tous les jours. Ce serait chouette, on y réfléchit Pauline et moi on a tellement aimé travailler ensemble qu’on pense qu’on refera quelque chose après. Est-ce que ce sera un clip ou un court métrage je ne sais pas mais je pense qu’il y aura autre chose.

“Dans la galerie des glaces“ a été le premier single proposé, qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce titre ?

Guillaume Fleury C’est très simple c’est notre label manager Laurent de Finisterian Dead End qui nous a dit qu’il aimerait que ce soit ce single, c’est mon favori. On lui a répondu oui car on est fier de tous nos morceaux. Il représente plutôt bien notre univers.

François Blanc. Je pense que c’est un bon choix dans le sens où il y a une prédominance de chants extrêmes d’entrée de jeu ce qui n’est pas le cas sur tous les morceaux. Cela rassurera les gens qui sont fanatiques d’un black metal plus traditionnel de celui qu’on fait et la deuxième partie plus mélodique qui revient un peu sous forme de leitmotiv avec ces thèmes de guitares qui arrivent et qui reviennent qu’elles se construisent les mélodies en fin de morceau. On s’est dit que c’était plutôt accrocheur. Quand Laurent en a fait la suggestion on s’est dit ça nous va très bien.

Vous possédez un univers bien à vous, comment envisagez-la mise en scène en scène lors de vos futurs concerts ?

Guillaume Fleury En fait c’est quelque chose auquel on pense de plus en plus et sur lequel on planche actuellement. L’idée dans un monde idéal serait d’avoir quelques éléments de décor qui évoque la dimension théâtrale de nos morceaux. On n’est pas très sensible au niveau jeans baskets sur scène sans forcément faire des tonnes dans l’exubérance on veut proposer quelque chose d’un peu unique qui fasse voyager un peu les gens qui colle à notre univers et qui ne serait pas celui d’un autre groupe. On réfléchit à des tenues de scène rien d’exubérant mais quelque chose qui projette et qui emmène les spectateurs ailleurs, avoir des éléments de décor et dans un monde idéal si le budget nous le permettait on irait aussi loin que possible dans l’exploration de notre concept.

Vous n’avez jamais donné un seul concert.


Guillaume Fleury Et non ! On va se produire en acoustique le 9 décembre chez Frozen Records un disquaire qui est à Nantes. On va donner un concert gratuit de quelques titres format assez court de vingt-cinq à trente minutes pour se lancer et c’est une bonne expérience de revisiter les morceaux du nouvel album en acoustique. On n’a jamais eu l’occasion de jouer électrique pour plein de raisons : le temps, l’éloignement géographique ce n’est pas l’envie qui nous a manqué mais on a toujours privilégié la composition de l’écriture de nos morceaux. C’est ce qui compte le plus pour nous. L’expression personnelle avant la restitution live mais cela évolue avec le temps à un certain stade de notre carrière on se sent plus en confiance on est plus volontaire et on est prêt à franchir le cap. C’est quelque chose sur lequel on bosse actuellement.

Comment vous sentez vous sur la scène Black metal française et internationale, que pensez-vous apporter de plus justement ?

Guillaume Fleury
. Franchement difficile à dire. J’admets que ce n’est pas vraiment dans nos préoccupations mais tu disais qu’on avait quelque chose d’unique sur la scène française. Pour nous sans chercher l’unicité à tout prix on est très heureux si les gens détectent une personnalité chez Abduction, si en entendant notre musique ils n’ont pas l’impression que c’est n’importe quel groupe, qu’il y a un fond, qu’ils comprennent ce que l’on met dedans, de nous-même c’est ce que chaque artiste espère en publiant sa création. Mais pour nous plus le temps passe plus on se sent rattaché à des codes d’une scène. On fait une musique qui est vraiment personnelle et qui est dictée par nos gouts et nos sensibilités. C’est un peu difficile d’évaluer la place qu’on a dans la scène. Nous on continue à suivre un peu sur ce qui se passe en black metal et on a l’impression de proposer quelque chose qu’on n’entend pas partout, pour autant c’est un petit peu difficile à dire.




Interview Paris 30 Novembre 2023
Pascal Beaumont / Photos DR
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)