mercredi 28 mai 2025

PRINCIPLES OF JOY (Ludovic Bors : Claviers et flute traversiere) // INTERVIEW // Made in Montreuil - Mai 2025.




 


En 2009, avec Christelle Amoussou et Chris Thomas vous fondez le label de soul music Q-sounds recording. Peux-tu nous parler de cette aventure ?


Ludovic BORS: Je fais de la musique depuis le début des années 90, d'abord dans le Hip Hop en tant que beatmaker. J'ai eu mon premier label à cette époque, puis j'ai signé chez Big Cheese Records et Kiff Records avant de rencontrer Chris Thomas en 1999.  On est très vite devenus amis, on partageait le même parcours de jeune de banlieue, on aimait la même musique : le Hip Hop ,la Soul, la House... Chris venait de créer son label de Deep House : Qalomota Records. J'ai rapidement sorti plusieurs maxis sur qalomota sous le nom de Joyful Noise tout en m'investissant dans le label. A la fin des années 2000, je pratiquais essentiellement la musique en studio, les concerts me manquaient, j'ai commencé à monter un groupe afin d'écrire et de jouer de la Soul. Pour donner une existence concrète à tout ça, j'ai proposé à Chris Thomas de monter une subdivision Soul chez Qalomota.Il n'y avait jamais eu en France de label de Soul, on avait envie d'apporter notre pierre à l'édifice.  C'est ainsi qu'avec ChrisThomas et Christelle Amoussou, qui avait la rarissime qualité d'être une songwritter de talent, on s'est lancé et qu'on a créé Q-Sounds Recording, premier label de Soul de l'histoire de la musique française. C'est ce premier crew de musicien qui a assuré le backing band des premiers artistes du label sous le nom de Radek Azul Band. Notre premier 45t (Chyna Blue & Radek Azul Band ) est sorti fin 2009. L'aventure était lancée.
 
En 2017 c'est le début de l'aventure "PRINCIPLES OF JOY" raconte nous comment est né le groupe.

Ludovic BORS: En 2015, avec Christelle Amoussou on a commencé à écrire un répertoire original pour une des nouvelles voix du label. Malheureusement on a dû mettre fin à cette collaboration naissante. Un certain nombre de morceaux que l'on aimait beaucoup se sont retrouvés sans groupe pour les interpréter. On a donc décidé de remonter un groupe autour de ce répertoire. A ce moment, c'est la chanteuse Sarah Ibrahim qui a pris le lead. On a progressivement recruté de nouveaux musiciens pour constituer le groupe dans lequel on voulait deux guitares. Début 2018, le premier line up était en place pour commencer à travailler.

Peux-tu te présenter et présenter le groupe ?


Ludovic BORS: Je suis clavier et flûtiste, fondateur du label et également compositeur et arrangeur du répertoire de Principles Of Joy.  C'est Christelle Amoussou qui écrit paroles et mélodies. Le groupe est composé de : Jérôme Makles (bassiste) qui vient de la scène Brit Pop/Mod des années 90s, Harysson Jean-Baptiste (guitariste) digne hérité de Wah Wah Ragin, Loïc "Butcher" Betems (guitariste) au background métal, Schaël Michanol (batteur) à la culture Hip Hop et Rachel Yarabou (chanteuse) notre Soul sister représentante des grandes voix du genre.
 
Avant "PRINCIPLES OF JOY" quel a été votre parcours ?


Ludovic BORS: Je fais de la musique depuis toujours. J'ai eu mes premiers groupes à la fin des années 80, à l'époque c'était un mélange de rap et de funk. J'ai sorti mon premier disque en 1993 et depuis je n'ai jamais arrêté de produire du Hip Hop, de la House, du Jazz Funk ....J'ai sorti pas mal de disques sur des labels comme Big Cheese, Plug it, Qalomota, F.Com, Vega Rec. J'ai également collaboré avec de nombreux musiciens comme Les Sages Poètes de la Rue, Birdy Nam Nam, Guts, Jihad Muhammad, Rufuss....Depuis la création de Q-Sounds en 2009, on a sorti plus de 50 disques. Le live de Principles Of Joy est le 25ème album qui sort sur le label. Depuis maintenant plus de 15 ans avec Christelle et Chris on met notre énergie à faire vivre ce collectif de musiciens (un peu plus d'un douzaine) qui permet au différents projets de voir le jour. Le back catalogue de Q-Sounds est vraiment ce dont je suis le plus fier depuis que j'ai commencé à faire de la musique, Principles Of Joy en est l'émanation.
 
Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?


Ludovic BORS: Mon premier souvenir marquant remonte à mes 7 ans. Des amis de mes parents les ont traîné à un concert à la Mairie de Montreuil. C'était un concert de Dizzy Gillespie, alors dans  sa période Jazz Funk. Je me suis pris une claque !... Je ne savais pas ce que je voyais mais ça m'a marqué. J'ai mis beaucoup de temps à trouver ensuite une musique qui me parle. C'est le Rap dans les années 80 qui m'a marqué, le punk aussi. Entre 1986 et 1989, ceux qui m'ont donné envie de faire de la musique, de monter mes premiers groupes on été  des groupes comme Erik B & Rakim, NTM, Fishbone, Just Ice, Bérurier Noir, Public Enemy.... Mais je peux dire que c'est vraiment le Hip Hop qui m'a fait naître à la musique, c'est à travers le Hip Hop et ses samples que j'ai découvert au début des années 90s la Soul, le Funk, le Jazz Funk etc....
 
D'où vient l'idée du nom du groupe "PRINCIPLES OF JOY"?

Ludovic BORS: C'est Christelle Amoussou qui a trouvé le nom de groupe. Elle a, en plus de son talent de songwritter, une grande capacité à ressentir les choses. Je crois qu'au vu du répertoire qui se dessinait, le nom s'est imposé à elle comme un résumé de ce que devait représenter le groupe. Ce principe de joie nourrit notre musique et les prestations scéniques du groupe. D'une certaine façon ce nom, issu d'un répertoire naissant, continue en retour à nourrir notre musique et nous inspire.
 



Comment procédez-vous pour la création des titres ? Ensemble, séparément ?

Ludovic BORS: En général ça part soit d'une composition au piano que je propose à Christelle, soit d'une mélodie avec paroles que me soumet Christelle et sur laquelle je compose. J'amène le morceau en répétition, et on commence à le jouer, chacun apportant sa sensibilité à l'élaboration du son final du morceau. Cette phase de création est toujours assez magique car même si le morceau est largement balisé harmoniquement, il n'acquiert sa saveur finale qu'après ce processus d'élaboration collective.
 
Parlez nous de votre façon de travailler avec le groupe ?

Ludovic BORS: Comme je disais, les compositions arrivent sous forme de grille avec parfois quelques indications rythmiques, ensuite c'est un processus collectif. On joue, on modèle le son, on échange. On laisse mûrir, on revient dessus. On joue souvent ensemble, au moins une fois par semaine, et c'est à mon avis une force car on se connait très bien. En plus chacun d'entre nous a un background musical très différent qu'on laisse s'exprimer. Notre sauce est composée de nombreux ingrédients que chacun amène.  Lorsque les morceaux sont prêts on les enregistre dans notre studio. On maîtrise toute notre chaine de production, de l'enregistrement au mixage en passant par le mastering. Jérôme Makles et moi avons une certaine expérience dans ce domaine et on se complète bien dans ce processus. Tout ça est très artisanal et organique. C'est ce qui donne le son  de POJ et au-delà de tout le label.
 
Parle-nous du design de la pochette ?

Ludovic BORS: Beaucoup de nos pochettes sont très simples : une photo et une typo. Pour cet album, c'est une photo tirée du live. Ce n'est pas une photo posée, on y voit une goutte de sueur couler le long du visage de Rachel. Tout est résumé en une image : De la Sueur et du Son. La soul est une musique spirituelle et incarnée dont la scène est le lieu de cette transcendance. C'est ce qu'exprime cette image
 
Comment décrirais-tu votre musique ?


Ludovic BORS: C'est de la Soul. cette très courte description me suffit. Si on veut rentrer dans les détails, je dirais qu'on fait une soul contemporaine consciente de son héritage qui s'inscrit dans sa réalité, celle de la France et du monde d'aujourd'hui. C'est une Soul post Hip Hop qui intègre l'idée du sample dans ses compositions et des influences psyché. Mais surtout c'est une Soul enracinée dans son terroir : La Seine Saint Denis. On veut enraciner cette musique en France, lui donnant un goût spécifique, comme le Rap avant elle.  On utilise souvent l'appellation "Heavy Soul", j'aime bien cet intitulé.
 
Après 3 albums, vous enregistrez ce 1er live "Live at CXVIII », peux-tu nous raconter la genèse de ce disque ?

Ludovic BORS: Faire un live devenait une évidence. On a vécu tellement de moments incroyables sur scène qu'il fallait qu'on en garde une trace autrement qu'à travers une story insta. On s'est donc lancé. En plus, le live est devenu un exercice très peu pratiqué par les groupes aujourd'hui. Peut être que le risque de se montrer à nu sans l'artifice de la post production est trop effrayant dans une industrie musicale obsédée par la perfection et le contrôle.
On a donc fait venir une cinquantaine de fans, amis etc... dans notre studio transformé en club pour l'occasion. On a lancé la bande sur notre magnétophone 16 pistes et on a joué !
C'était un super moment, très intense.

Quels sont vos projets à venir ?

Ludovic BORS: On prépare notre quatrième album studio pour le printemps 2026. En attendant on va jouer en France cet été et à l'automne grâce à notre booker On The Road Again. Jouer pour nous est essentiel et on est content de jouer en France. C'est l'Allemagne qui jusqu'à maintenant nous a le plus accueilli,  on y retournera pour une tournée d'un quinzaine de dates au printemps 2026

Question bonus : Voulez-vous faire passer un message ?


Ludovic BORS: Faites de la musique, sans calculer, on a besoin en France d'une vraie scène alternative et underground quelque soit le genre, loin des considérations de réussite ou de rentabilité. Et bien sûr, montez des groupes de Soul, y'en n'a pas assez !


Interview Thierry CATTIER
Photos : 1 William Nothin - 2 et 3 Morgane Green

 

lundi 19 mai 2025

PATRICK RONDAT // INTERVIEW // Aprés une absence de 17 ans enfin ... Le nouveau CD "Escape For Shadows".

 

PATRICK RONDAT est certainement le premier guitare héro français à être rentré dans la légende. Sa carrière ayant débuté en 1983 avec The Elements un combo qui regroupait en son sein Rapha ex chanteur de Warning et un certain Fred Guillemet qui par la suite deviendra le bassiste de Trust. Le bougre s'inscrit dans la lignée de monument tel que Joe Satriani avec qui il tournera au sein du G3, Yngwie Malmsteen, Paul Gilbert et tant d’autres issus des années 80. Mais c'est à partir de 1989 qu'il se fera vraiment remarquer avec la sortie de son premier album solo Just For Fun qui sera suivi d’un second opus Rape of the Earth en 1991ces deux premiers méfaits lui permettront de participer aux Monster of Rock français aux cotés d'AC/DC, METALLICA, QUEENSRŸCHE entre autres. En 1992 lors d'un concert d'EXTREME il rencontre Jean Michel Jarre avec il collaborera pendant de nombreuses années tout en continuant à nous offrir des albums solos tel Amphibia en 1996, On The Edge 1999, An Ephemeral World 2004 puis en 2008 en collaboration avec Hervé N'Kaoua. C’est à partir de ce moment que Patrick se fera plus discret sans pour autant arrêter. Il lui faudra ainsi 17 ans pour revenir sur le devant de la scène avec Escape From Shadows un nouvel opus instrumental de haute volée qui marque un retour à ses racines Hard Rock progressives ! Un titre profondément évocateur qui reflète une période particulièrement difficile de sa vie, expliquant en partie l'attente avant la sortie de ce projet ambitieux. Entouré de ses fidèles musiciens Patrice Guers (basse), Dirk Bruinenberg (batterie) et Manu Martin (claviers) il nous propose ici un disque riche en orchestrations et en atmosphères planantes doté d’une production organique et naturelle, signée Markus Teske (Vanden Plas), qui s'inscrit dans la continuité d'Amphibia et An Ephemeral World, avec une approche encore plus orchestrale et immersive. Une belle réussite qui prouve que notre ami à toujours autant de talent. Il est d'ailleurs depuis 2024 en pleine tournée avec le guitare night projet au côté de ses amis Fred Chapellier et Pat O'May. Pour en savoir un peu plus sur ce nouvel opus et ses différents projets nous nous sommes entretenus avec le maitre lui-même. Un échanges sympathique avec un artiste détendu, humble et profondément humain ! Magnéto Patrick c'est à toi !



Tu as été l’un des premiers guitaristes à jouer en instrumentale et tu nous 17 ans après ton dernier opus avec Escape From Shadows , qu’est ce qui t’as motivé pour enfin réaliser un nouvel opus solo ?

Patrick Rondat. Pour reprendre la situation telle qu’elle est, j’ai commencé à composer l’album il y a longtemps, les premiers jets des premiers titres remontent à 2010, donc si tu veux ce n’est pas hier. J’avais fait un album avant avec un pianiste classique en duo avec Hervé n’Kaoua en 2008. J’étais parti dans l’idée de refaire un album en duo, voire d’intégrer un violoncelle. On va dire la vérité cela n’a pas été un succès débordant. Donc à un moment donné je me suis dit que j’allais repartir dans une carrière solo instrumentale. J’ai commencé à composer. Comme c’est évoqué dans le titre j’ai eu des problèmes personnels et j’ai perdu ma femme. Il a fallu gérer une longue maladie, c’était compliqué de penser à cela. Je me suis retrouvé avec mes enfants et l’idée a été de penser à jouer live, c’est con ce que je vais dire, mais je suis resté intermittent afin de pouvoir m’occuper de mes gosses. On sait très bien qu’un album quand tu composes le temps que ça sorte, le temps que ça se vende, si ça se vend, ce n’est pas une forme de revenus sur lequel tu peux compter. Dans les premières années de cette période cela a été mon objectif. Ensuite il y a eu l’envie de continuer. J’ai continué à composer des morceaux et puis à un moment donné, le temps passe et tu te dis, ce que je compose est-il à la hauteur de l’attente des gens. Tu composes et tu commences à douter. Je ne suis pas d’une génération où l’on fait tout soit même. Ce n’est pas ma culture, m’enregistrer, me filmer parler de moi en permanence. Tout faire moi-même, je n’ai pas été élevé comme cela. Ça a été compliqué. Il se trouve qu’à un moment donné je suis arrivé au bout de cet opus, et je suis rentré en contact avec Verycords. Je pense qu’un label qui a envie de le faire, m’a poussé à terminer l’histoire. Il y a eu Pascal Vigné mon pote qui m’a aussi boosté à un moment donné. Tous ces éléments m’ont permis d’aller au bout du disque. Il y a eu plein de périodes difficiles, plein de doutes mais finalement des choses positives qui m’ont permis d’aller au bout.

Est-ce que la pochette de l’album à un rapport avec la disparition de ta femme ?

Patrick Rondat. La pochette a un rapport qui n’est pas forcément direct parce qu’il y a des choses qui sont du domaine du personnel et de l’intime. Mais c’est évident qu’avec Stan quand on a pensé à cela, évidement le côté : sortir de l’ombre, c’était ça. Ce sont toutes ces périodes et à un moment donné tu as la lumière qui arrive et tu pars sur autre chose. C’est évoqué de manière vaporeuse mais il y a un peu de ça. Je ne voulais pas que cela soit trop plombant non plus. Je ne voulais pas non plus sortir des ombres, c’est un peu poétique. Évidemment ce que j’ai vécu est beaucoup plus grave que cela mais je ne voulais pas plomber l’ambiance. L’ombre ou les ombres ce sont les doutes, les périodes difficiles. C’est plein de choses sur lesquelles tu dois te battre au quotidien et d’ailleurs il y a un titre qui s’appelle « “Invisible Wars“ qui aborde les guerres quotidiennes, celles qui sont invisibles mais qui sont dans ta vie des vraies guerres sur lesquelles il faut avancer et te battre. Il y a plein de titres qui évoquent ce genre-là. Peur des culpabilités “Fear And Guilt“ c’est ça aussi, la peur des sentiments que tu ressens, alors il y a plein de clin d’œil à tout ça.

C’est un album important car non seulement c’est ton retour mais aussi une histoire que tu transmets à travers ta musique.

Patrick Rondat. En vingt ans tu te doutes bien que j’ai vécu des choses et pas que du négatif. J’ai rencontré une personne avec qui je suis bien, mes enfants ça va. On est passé à travers cet espèce d’ouragan qui a été difficile parce que j’ai vécu trente et un an avec ma compagne.

Tu parlais de tes enfants et j’ai vu qu’ils étaient comme toi des artistes !

Patrick Rondat. C’est marrant parce qu’il y en a un qui est musicien et ma fille elle écrit pour l’instant. Tous les deux ne sont pas professionnels, ils ne vivent pas de cela mais j’espère que ça se fera ou pas d’ailleurs. Je leur souhaite d’avoir une passion et de s’exprimer à travers cela. Pour l’instant ils ont des moyens de vivre autrement professionnellement mais cela fait partie de leurs vies. Ils sont artistes. Ma fille a besoin d’écrire, un besoin viscéral et mon fils c’est pareil. Il a besoin de dessiner ce n’est pas pour prouver quoi que ce soit. Il a juste besoin de le faire donc je pense que c’est même la définition d’un artiste. C’est quand tu ne te laisses pas dépasser par le travail et le savoir-faire. Même s’il y a du travail et du savoir-faire, il ne faut pas se laisser bouffer et perdre l’idée principale qui est de sortir des choses que tu as en toi.

Pour revenir à l’album, comment as-tu travaillé au niveau de l’écriture ? Est-ce que tu es du genre à écrire énormément de morceaux et finalement faire une sélection ou combiner plusieurs morceaux ensemble ?

Patrick Rondat. C’est un processus assez long parce que comme tu as pu le remarquer la musique n’est pas forcément très technique mais complexe quand même. J’écris toutes les parties de basse, de batteries et les claviers même si Manu réarrange certains trucs au clavier. Globalement j’arrive avec un morceau écrit de A à Z. C’est énormément de boulot. Pour répondre à ta question je ne produis pas vingt-cinq titres et j’en garde neuf. En fait ce qui ne me plait pas je le vire. Généralement quand je fais un truc je ne le garde pas ou si je le garde c’est que je considère comme intéressant et je prends le temps qu’il faut pour aller au bout. C’est la première des choses. Après je ne colle pas des morceaux ensemble j’avance petit à petit, ce n’est pas clair dans le sens où je peux partir d’une ouverture orchestrale, ça peut être un rythme de batterie qui me permet d’avancer, ça peut être une suite d’accord, ça peut être du piano, ça peut être de la guitare, ça avance de manière un peu comme ça et certains morceaux quand je les démarre, il ne va pas être court et c’est malheureusement ce qui arrive souvent. J’ai des morceaux assez longs. Je suis assez hors format mais je ne me force pas, c’est comme ça. Je n’ai jamais vraiment adhéré à la musique instrumentale qui consiste à faire des morceaux qui pourrait être chanté et enlever les chants. Ce n’est pas une critique mais la musique instrumentale doit être comme une musique classique avec des mouvements, des atmosphères. Je pars vers ça, je mets énormément de temps, je suis quelqu’un qui doute énormément. Les morceaux j’ai besoin aussi de temps. Je ne suis pas capable de faire un album très vite en me disant ouais c’est super, c’est génial. L’enthousiasme ne fait pas partie de mes qualités. Donc j’ai besoin de temps et de recul, de me dire si au bout de six mois ce morceau est toujours pas mal, c’est que c’est pas mal. J’ai besoin d’être convaincu avec le temps et je ne peux pas faire un truc, le sortir et me dire c’est super.

Tu parlais des influences classiques qui ont été présentes tout au long de ta carrière c’est encore le cas aujourd’hui avec "Prélude" et "Allegro" de Kreislerque tu reprends sur cette nouvelle galette  !

Patrick Rondat. Quand je disais ça, oui il y a le “Prelude And Allegro“, classique et clair à la fin que j’avais déjà joué mais je voulais faire une version qui me parle plus, plus personnelle on va dire. Mais la musique en elle-même n’est pas vraiment néoclassique. Elle touche au classique par endroit, quand je dis cela c’est plus la conception, une ouverture, un premier thème, une fois le thème revient un peu décliné, d’autres mouvements un peu différent, un peu plus planant, des thèmes reviennent de manière orchestrale, il y a des choses comme cela. C’est plus dans la structure que dans le coté néoclassique réellement.



Depuis tes débuts le monde a totalement changé es-tu attiré par les nouvelles techniques pour enregistrer ou préfères-tu la façon plus traditionnel vintage ?


Patrick Rondat. Non si tu veux c’est un mélange, je ne m’impose rien donc je ne suis pas dans un trip ou tout vintage ou tout moderne. Cela reste assez « roots » dans le sens où les batteries ont été enregistrées dans un studio avec un ingé son en Allemagne avec Marcus (Ndr : Markus Teske/Vanden Plas), le gars qui a mixé. On a fait les batteries là-bas sur mes maquettes en fait. Je fais des maquettes de A à Z après on enlève la batterie, le batteur a la maquette. Avec un clic il fait ses batteries définitives et on refait les parties dessus après. Patrice a fait les basses chez lui, Manu a fait les claviers chez lui et moi j’ai fait mes guitares chez moi. Je l’ai fait de manière rustique c’est-à-dire j’enregistre le signal de dial de la guitare et un ampli qui est un petit ampli Blackstar 5 watt avec un Captor Torpedo en fait. Je fais toutes mes guitares comme cela. Après à la fin on fait ce qu’on appelle du réamper, c’est une concession moderniste c’est-à-dire que la dial que tu enregistres en sortie de guitare tu peux la réinjecter dans un ampli et faire une prise guitare sans avoir à te préoccuper du jeu. Ce que j’envoie ce sont mes prises définitives qui me permettent de me concentrer uniquement sur le son. Après il y a un coté à la fois roots dans le sens où les guitares sont uniquement la guitare que j’ai enregistré avec une tête d’ampli, il y a zéro pédales, il y a des effets au mixage, un peu de délai de réverb , un peu d’équalisation mais cela reste du mix. Dans ma prise de guitare il n’y a qu’un ampli et un baffle. Blackstar series one MK II pour ceux que ça intéresse, un quatre douze de deux M16 57 devant le baffle et c’est tout. C’est simple, c’est un mélange, c’est une petite conception moderne. J’essaie que cela soit assez Roots .

Tu as enregistré ton premier disque avec The Element en 1985 selon toi est plus facile de débuter quand on est un musicien de nos jours comparé aux eigthies ?
Est-ce que c’est plus simple de travailler maintenant ou avant en tant que guitariste ?

Patrick Rondat.
C’est dur de répondre à cela, j’ai envie de te dire que de se faire connaitre c’est beaucoup plus facile maintenant par les médias qu’on a, tu joues bien, tu te filmes, tu habites n’importe où sur la planète. Tu peux faires des vues, tu peux te faire reconnaitre et être connu. Est-ce qu’avec cela tu peux faire une carrière et vivre longtemps, faire de la musique pendant trente ou quarante ans, faire des albums, c’est un autre problème. Est-ce que tu peux tourner, c’est un autre souci aussi. Je pense que le flash sur ta tête c’est plus facile de l’obtenir, structurer une vie musicale et en vivre hors vidéo, hors pédago, hors montrer tes plans je parle de musique réellement, composer faire des morceaux, chanter ou instru, tourner, défendre tes trucs, faire des disques, exister à travers cela à mon avis ce n’est pas évident parce qu’on a beau me raconter plein de choses je pense que malgré tout un label, une maison
de disque qui pousse à ce niveau-là te permet d’exister plus facilement avec ce genre de schéma. Difficile, il y en a qui y arrivent mais c’est très difficile d’exister hors maisons de disques pour moi.

De nos jours il y a beaucoup de groupes français qui gèrent entièrement.

Patrick Rondat. Bien sûr après c’est une histoire de vie de carrière, de personnalités, moi je n’ai pas envie de forcément m’occuper de tout. Je n’ai pas envie de ça, ça ne m’intéresse pas tant que ça. Je ne suis pas du genre à passer mon temps à me filmer. Je joue de la guitare cinq à six heures par jour, je ne vais pas poster le matin au réveil ma gamme, mon impro le matin. Pour moi cela n’a aucun intérêt. Il y a des gens qui ont besoin de ça et je n’émets de critiques. Chacun fait comme il le sent mais pour moi aucun intérêt.

On retrouve sur Escape From Shadows un titre chanté “Now We’re Home“ avec Gaëlle Buswel, une belle collaboration avec une chanteuse que tu connait bien. C’était important de la faire participer à un titre ?

Patrick Rondat. Non c’est une amie, c’est quelqu’un que j’adore, humainement c’est une belle personne. Elle chante super, elle a du talent. On se connait depuis les années 2010 c’est quelqu’un de bien. J’adore sa voix et sa générosité. Elle est solaire et passionnée et quand j’ai composé ce titre j’ai tout de suite pensé à elle. Je ne le verrai pas en instru, ce morceau même si j’ai fait volontairement fait un passage solo assez long qui pourrait faire penser à Amphibia. Ce climat je voulais resserrer un peu sur ces deux univers à un moment donné dans le morceau. J’ai tout de suite pensé que c’était bien et c’est vrai que les gens m’attendaient plus sur un chanteur métal et ce n’est pas une question que je me pose. Est-ce que c’est métal ou pas, est ce que c’est shred ou pas, est ce que c’est pour la prod ou pas ? Ce sont des questions qui ne m’intéressent pas. Je me suis aperçu que plus les années passent, quand on a commencé à écouter c’était du hard rock et maintenant tu as des sous-groupes et il y en a des centaines. Chaque groupe va mettre un style avec des influences et des sous-groupes. Je ne suis pas capable de te dire, il y a tellement de truc. Je m’en fous complètement. Moi les gens, ils mettent les étiquettes et le nom qu’ils veulent prod néoclassique instrumentale à tendance planante s’ils veulent moi ce que je sais c’est que ce soit moi à un moment donné. Moi c’est du hard rock avec des influences. C’est du Patrick Rondat c’est ça qui m’intéresse.

Oui c’est du hard rock finalement !

Patrick Rondat. Oui tu vas dire cela ça ressemble à tel truc, je n’ai pas inventé grand-chose mais l’album tel qu’il est tu ne peux pas me dire que j’en ai quatre comme ça dans ma discographie. Tu vas retrouver des passages mais l’opus instru je ne pense pas qu’il y en ait beaucoup.

Après tant d’années est ce qu’il y a encore des morceaux qui sont des défis à jouer pour toi ou à enregistrer ?

Patrick Rondat. Oui sans doute je ne me pose pas cela, des challenges à la guitare il y en aurait tellement que je pourrais encore passer trois vies à me poser ces défis. Finalement c’est un non-sens. L’exploit pour moi, c’est de faire de la musique et bien la jouer, bien l’interpréter et quand elle est très technique de les faire de manière musicale. C’est ça le défi pour moi. Après des trucs que je ne sais pas faire à la guitare il y en a des centaines et je m’en fous à un point que tu n’imagines même pas. Ce n’est pas mon problème. Quand tu es plus jeune tu penses à cela, tu as envie de relever des challenges. J’ai envie de faire ces plans et à un moment donné tu te dis tout ça pourquoi. Est-ce que tu as envie de vivre et de faire cela ? J’arrive à un âge un peu avancé maintenant, les années qui me restent dix, vingt, trente je n’en sais rien. Cela peut être deux ans. Qu’est-ce que j’ai envie de faire des années qu’il me reste, c’est ça ma question. Ce n’est pas de savoir si j’arrive à faire un plan de tapping avec un doigt en plus, c’est qu’est-ce que je laisse de ce que j’ai fait. Cet album c’est moi. C’est de la musique où il y a des parties touchantes et aussi un peu de parties démonstratives mais c’est moi. J’ai envie de laisser des parts de ce que je suis. Je n’ai pas envie de me torturer avec des performances ça ne m’intéresse pas.

J’ai l’impression que tu as créé une sorte de G3 français avec Fred Chapelier et Pat O'May.

Patrick Rondat.
Ce n’est pas le G3, j’ai participé au G3 en 1998, j’ai la chance d’être assez pote avec Satriani. On se voit régulièrement quand il est seul en France. On a joué et jammé ensemble, il y a très peu de temps. C’est assez différent puisque tu es dans le G3 à l’origine, c’était trois sets avec une jam session à la fin. Là on joue chacun sur les morceaux des autres, il n’y a pas trois parties, les concerts s’enchainent et on joue chacun ensemble. On fait des morceaux à deux, à trois, seul après il y en a un autre qui revient etc… C’est un peu une différence. Le seul point commun c’est que la guitare est un peu au centre du débat et qu’on unie nos forces pour faire des dates ensemble. C’est l’idée de défendre notre instrument et le live.

Depuis 2024 tu as enchainé les dates avec tes comparses tu apprécies d’être sur la routes.


Patrick Rondat. Alors j’apprécie cela et j’aime bien les compromis. Comme tu as pu le sentir dans mes propos ma femme, ma vie de famille c’est important. Tu me dirais demain tu as un groupe international énorme qui veut que je parte deux ans en tournée, je dirais non ça ne m’intéresse pas. Je veux faire de la musique, je veux faire ce qui me plait mais je veux aussi profiter de mes proches. Je n’ai pas deux cent mille ans devant moi, je ne veux pas faire…..Je veux faire ce dont j’ai envie avec les gens avec qui j’ai envie de le faire. Je ne veux pas tout sacrifier.

Finalement la définition de l’artiste ce n’est pas d’être libre et agir en fonction d’un point de vue artistique.

Patrick Rondat.
C’est vrai en même temps il y a des contraintes il y a des gens qui signe avec une maison de disque et qui ont une responsabilité aussi. Tu ne peux pas être hors sol dans tout. Mais j’essaie de faire au mieux les compromis entre mes envies personnelles, le coté professionnel et de faire un truc ou je suis en accord avec sans faire n’importe quoi. J’essaie de structurer le mieux possible.

J’ai vu sur Facebook que tu as revu Jean Michel Jarre récemment !


Patrick Rondat. C’était un moment amical. Il y avait plein de plan derrière, c’est quelqu’un qui a apporté énormément dans ma carrière et ma musique aussi. Si je me permets aujourd’hui de faire un morceau de guitare par une intro de guitare de deux minutes c’est grâce à lui parce que quand on a fait Amphibia (Ndr : sorti en 1996) c’est le premier truc qu’il m’a dit. C’est chouette mais c’est trop court, la guitare arrive trop vite. Finalement je pense qu’il avait raison, j’étais encore dans l’idée qu’il fallait prouver quelque chose. Tant que tu es dans l’idée de prouver quelque chose tu n’es pas dans la musique, il m’a apporté énormément, produit deux albums et une tournée. J’ai joué à Wembley (Ndr : le 28 Aout 1993) avec lui je ne veux pas dire que c’était un rêve de gosse mais quand tu es musicien en étant français et que tu joues à Wembley Arena ce n’est quand même pas rien. Je le savais que je ne le ferai sans doute qu’une fois dans ma vie mais je lui dois et puis plein d’autres choses. C’était un mec sympa qui a de l’humour, du second degré. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup et j’étais content de l’avoir fait

Pascal Beaumont / Photo DR 
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski

 




vendredi 18 avril 2025

NINA ATTAL // INTERVIEW // Le nouvel album "Tales Of A Guitar Woman" on en parle maintenant - Avril 2025

 
Toujours un grand plaisir de pouvoir rencontrer et parler avec la douce Nina Attal. Voilà encore quelques belles révélations et une interview en profondeur pour parler de ces moments de préparation et de genèse de ce magnifique album avec ces 2 clips "One Way" et "Keep on Running" réalisés par son frère.
Nous vous laissons découvrir en image cette rencontre qui nous offre un bien belle interview.

Savourez avec joie ce beau moment avec Nina.
 

La video ICI



A venir la version écrite prochainement ICI


16 Avril 2025
Interview Thierry CATTIER
Photos : Th Cattier / Shooting Idols

mardi 15 avril 2025

MADELYN ANN // INTERVIEW // Un son rock tout droit venu de notre Bretagne - Avril 2025.

Avec  ce nouvel album "LIES"  Madelyn Ann répond à quelques questions afin d'en apprendre un peu plus sur cette nouvelle artiste directement venue de Bretagne.



À quel âge as-tu commencé à chanter ?
Madelyn Ann :
Vers 8 ans
 
Quelles sont tes premières influences musicales ?
Madelyn Ann : Celine Dion et les Spices Girls quand j’étais petite, puis Kate Bush, Alela Diane, Lana Del Rey en grandissant.
 
Quels sont les groupes qui t'ont donné envie de faire de la musique ?
Madelyn Ann : Des groupes comme Radiohead ou Gossip
 
Depuis 2021 vous avez enregistré 2 albums, avec ce 3ème intitulé "Lies" as tu une nouvelle manière de travailler ?
Madelyn Ann : On pense plus les albums pour la scène, d’avoir des chansons qui envoient en live.
 
Comment s'est passé l'enregistrement de "Lies" ?
Madelyn Ann : Très bien. On a appris de nos précédentes expériences en studio. On a pu prendre le temps et travailler vraiment en groupe.
 
Pas courant tu chante 9 titres en Bretons est ce un choix difficile ?
Madelyn Ann : C’est un challenge linguistique dans le sens où il faut trouver les bons mots, les bonnes phrases avec les bonnes sonorités.
 
D'ou vient le choix d'inclure un titre en Francais “Jusqu’au bout” et un en Anglais “It’s Over” ?
Madelyn Ann : J’avais écrit ce texte en français il y a longtemps avant même d’apprendre Le Breton, il me tenait à coeur de le mettre en musique. Le titre en anglais c’est pour une question de sonorités, cela sonnait mieux en anglais.
 
Le fait de chanter en breton te permet il de parler de sujets différents ?
Madelyn Ann : Oui complètement. Je regrette juste qu’il n’ait pas plus de locuteurs pour comprendre les textes que j’écris et que je chante.
 
Tu parles de la place des femmes dans notre société est ce un combat féministe ?
Madelyn Ann : Oui tout à fait. C’est un sujet très important pour moi de parler de la place des femmes, à plus forte raison dans le monde de la musique où elle est minoritaire.

 



Tu évoques également l'écologie et les moments difficile de la vie, peux tu nous en parler ?

Madelyn Ann : L’écologie c’est un mode de vie, en tant que maman d’une petite fille, j’ai peur pour son avenir sur cette planète et je l’élève en essayant d’être le plus en harmonie avec la nature. Certaines de mes chansons parlent aussi de mon histoire personnelle, les blessures que j’ai pu connaître, en amour, ou en famille. 

Te souviens tu de ton premier concert ?
Madelyn Ann : Oui c’était au Festival du Bout du monde devant 5000 personnes alors qu’avant je ne chantais que dans les bars. Ce fut un choc et à la fois une révélation.
 
Peux tu nous présenter les musiciens qui t'accompagnent ?
Madelyn Ann : Gaetan Fagot, guitariste, est la première personne à m’avoir accompagner dans ce projet. Il compose toutes les musiques des chansons, a toujours de supers idées et voit toujours le verre à moitié plein! Olivier Le Hir est la deuxième personne à avoir rejoint le projet, guitariste et pianiste, il compose des parties guitare et piano qui apporte une touche rock et atmosphérique à notre musique, à l’image de son côté rockeur et rêveur. Brendan Costaire est le dernier a avoir rejoint le groupe, c’est le batteur et le manageur du groupe, il a toujours un temps d’avance sur nous!!
 
Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel tu rêverais de jouer ?
Madelyn Ann : Je rêverai de faire un duo avec Kate Bush
 
Quels sont tes projets à venir ?

Madelyn Ann : Finir de composer notre quatrième album.
 
As-tu envie de rajouter quelque chose, faire passer un message ?
Madelyn Ann : Vive les musiques actuelles en langue régionale!


14 Avril 2025
Interview Thierry CATTIER
Photos : Gweza


mardi 8 avril 2025

JOHNETTE NAPOLITANO (CONCRETE BLONDE) // INTERVIEW (English)// The heart of a magnificent voice from Los Angeles - 6 Avril 2025.

 

Today, a lovely and beautiful exclusive interview with one of the most beautiful voices in alternative rock, Johnette Napolitano of the band Concrete Blonde, formed in 1986 and hailing directly from the United States. A rocket in the rock scene of the '80s and '90s, with her haunting and touching voice, Johnette Napolitano left her mark on the image of alternative rock. We are very proud to share with you these magnificent moments of sincerity, gentleness, and kindness from the great Johnette Napolitano. Devour with pleasure here...


Can we start by going back a little: what was your childhood like? Were you born and raised in Los Angeles?

Johnette Napolitano - I was. I don't talk about my childhood much out of respect for my family.  It was difficult, but I am grateful for it. As difficult as the music business can be, it was easy compared to my childhood, but there were some special moments in the early days. I was the oldest of 5.


How did you discover music ?

Johnette Napolitano - Music discovered me: someone owed my father some money, and gave him an old upright piano as payment. I started playing it right away - I was very young, about 5, I think, and my parents realized I had a talent, a natural ability. My father bought me a guitar on my 9th birthday, if I remember correctly. I will always love him for that. He wasn't so happy when I'd decided that music was what I wanted to do with my life, however. I was 19 or 20 when we had a huge fight about it, he thought I should be married and have kids by then! We didn't speak for years.


Who were your first musical discoveries and your idols ?

Johnette Napolitano - My parents' records: my Dad loved Johnny Cash and Italian-Americans like Sinatra and Dean Martin, my mother loved musicals, Leonard Bernstein, and country singers like Patsy Cline. My mother actually had a lovely singing voice. Tom Jones, who I met much later, and who is actually performing this month not too far from me. He's an incredible singer. Ray Charles. There was music in the house all the time when I was young.



At what age did you start learning the bass?

Johnette Napolitano - When I had to, in my 30's, I suppose. I'd wanted to form a band and since we didn't have a following or a record deal, nobody wanted to be in it. I decided to just pick it up and write whatever I was capable of playing, which wasn't much.


What other instrument do you play?

Johnette Napolitano -a little bit of everything. I have a vintage drum kit out in the barn. I'm down to a few guitars - the essentials: a Martin acoustic, a Fender electric and a Gibson Les Paul from the 80's. (Which isn't really vintage to me!) I did have quite a few vintage instruments but the desert is harsh on everything. Computers, instruments, anything rubber. After having neck issues, which a lot of musicians had back then from playing heavier vintage guitars (in my case, a Music Man bass) I switched to a Fender Lite, which I don't think they make anymore, but still play. A great instrument. This past Christmas I bought myself a Behringer keyboard/ MIDI controller. While I don't use MIDI, the keys are semi-weighted and the sounds are amazing. I love this thing!



How did you decide to start your first band ?

Johnette Napolitano -
What I really wanted to be was a painter, an artist. I'd shown a lot of talent when I was very young, but as I got older it became apparent that it took money to get into a good art school, and my parents didn't have much money. They'd divorced when I was in junior high school, or maybe high school, and everything sort of fell apart. I knew I could sing, and I knew I could sing well. I remember staying after school to ask the music teacher if I could be in the school chorus, and she played a few notes on the piano for me to sing - when she told me I could join the chorus as a second soprano I was absolutely over the moon. As far as starting a band, I worked up to that - I'd sing with some local bands, but there wasn't anything to really do but be a backup singer. I wrote my first song when I was 12. I knew I wanted to write songs and I needed a band to be able to play them. Girls weren't taken very seriously in those days. I met Jim Mankey when we were both working for Leon Russell in the 80's. Leon was a genius. A very inspiring person.


In 1986, you formed Concrete Blonde with guitarist James Mankey. Where did the name Concrete Blonde come from ?

Johnette Napolitano - Well, everybody knows the answer to that but I'll answer it anyway!
We were the Dreamers, then the L.A. Dreamers, but Miles Copeland, who signed us to IRS Records, wanted another name for us - there were a lot of 'dream' bands around at the time. Miles was the only one who didn't screw with our music. Every other record company in town wanted us to cover songs, didn't understand a female lead singer who played bass. He'd just introduced the Police to the world, against all odds - if you haven't read Miles' book you should - and he saw our potential right away, and liked the songs. By then we were recording our first little record ourselves as Dream 6. REM were breaking big at the time, and the label weren't liking anything I came up with. Michael Stipe had mentioned Concrete Blonde as being a good name for a band to our mutual friend who was the art director at IRS Records in LA, Ron Scarselli, and I knew nobody would argue with Michael Stipe, so we went with it.


What memories do you have of these concerts around the world ?


Johnette Napolitano - soooo many. Many years are blurry, were were constantly touring - which was another thing Miles liked about us. I do remember constantly writing: the isolation was good for that. People aren't isolated anymore, you can't get away from your devices, phones, etc.


Is there a country or city that stood out in your life, and why?

Johnette Napolitano - Australia, because we received our first gold record there and I'll always have a special place in my heart for Australia - and China. It was an honor to play China, we did a festival in Hangzhou. I don't know a lot of bands who've played China, but the people are great wherever we've been - I really haven't felt the same about live shows since IPHONES, etc., there used to be a real connection, people's faces - now all I see are screens and devices where their faces should be. Nobody seems to really be 'in the moment'.


After several breakups, Concrete Blonde finally split up in 2012, what was the reason?

Johnette Napolitano - In retrospect, we should have called it quits years before. Jim and I weren't being very kind to each other, and the band wasn't the same.
The lineup with Paul Thompson, to me, was the best version of Concrete Blonde. I'm still very much in touch with Paul.


In 1995, the album Pretty & Twisted came out. Tell us about this project with Marc Moreland and Chris Bailey.

Johnette Napolitano - We met Wall of Voodoo when we opened for them in Australia. They were one of the best bands in LA, and we all became very good friends.
I met Chris in Australia, also, and am finishing a song we started many years ago. I was shattered when he passed away, and he visits in dreams - he's been in my dreams 3 times now. He opened for Concrete Blonde in the States, and is - it's hard for me to say 'was' - an incredible songwriter and poet, 24/7. It's like drinking with Oscar Wilde. We hung out in France, too, as a matter of fact. A true artiste. Now that I think of it, Marc's band, Ensenada Joyride, opened for Concrete Blonde in France. They were great - Marc was great, a true original. He's visited, too.


Also, tell us about your collaboration with Holly Vincent for Vowel Movement ?

Johnette Napolitano - I don't remember much of it, to be honest. We were waitresses at a Chinese restaurant in LA before either of us made records, she was in an all-girl band called Backstage Pass.

 
You left the madness of Hollywood to save horses and create art in the spiritual mecca of Joshua Tree. Tell us about all that.

Johnette Napolitano - Well, the writing was on the wall - LA was getting crowded and expensive, and I couldn't really see myself gracefully aging in LA, it had started to change. Nobody ages gracefully in Hollywood. I'd originally intended to move to the beach, but had to find a place to rent after I sold my Hollywood house - a very old place which used to be a dressing room for Mary Pickford. It was very haunted. I couldn't find a place to rent with my dogs, and the further I drove out the more I thought, I should just move out to the desert. That was over 20 years ago, and JT is not the same as it was then. Not at all. If the developers had their way they'd put resorts and hotels up everywhere. I have a small place, a barn, and a lot of land reserved for wildlife. That was my intention, and although they'd love to get rid of us 'old people', The OG desert locals are tough as nails. It's ugly, the land grabbing going on - but that's everywhere now, I'm afraid.


Tell us about your spiritual path and your commitment to it.

Johnette Napolitano - I've heard and seen things all my life that couldn't be explained. The supernatural to me is completely natural. I don't really know my 'path' - a higher power is in charge of that - I just trust, and appreciate my ancestors and God. I shouldn't be here - so many aren't. If I'm still here, there must be a reason.


You studied pottery with a master in Mexico. Then flamenco dancing and singing in Spain. your passion for tattoos. Tell us about all these activities over the years..

Johnette Napolitano - I've inked myself since I was a kid, and I did go to school and get a license, but I don't really enjoy doing it and respect the art and tradition too much to just dabble. Flamenco I've always had a passion for, it's deep culture, and I respect that, too. The late Jesus Montoya, an internationally known singer, was on my last album 'Exquisite Corpses' (2022). I did idolize Jesus. Flamenco comes from the soul - it's an unwritten history, an important preservation.


You came to the suburbs of Paris for a summer. Can you share your memories of that stay in France?

Johnette Napolitano - I met Danny Montgomery, an American, there who later became the drummer for the (short lived) 3 piece I formed with Mark Moreland, Pretty & Twisted. I love Paris, it's a Virgo city, and I'm a Virgo! Serge Gainsbourg's house has opened to the public since I was last there, and I don't really plan on doing a lot of travelling in the future but I would love to visit his house. I love France. I used to climb up to Montmartre early every morning with a little wine, chevre, and a baguette and have my breakfast there.


Johnette Napolitano - You caused the rusty wheels in my mind to start turning, and I couldn't get them to stop! I must tell you an important Parisian moment - my favorite.

I stayed in Pigalle, because it reminded me of Hollywood in the old days - the Gipsy Kings used to play there a lot before they were famous, and there were eccentrics everywhere - it suited me and inspired me. One day I was walking down the street and a mime started to follow me. A mime. In full makeup, etc., he was very persistent, and insisted I meet him for a drink (he actually did speak to me, he didn't mime the invitation). My life is full of surreal moments like this, typical, actually. I wanted to see Flamenco, and there was a tiny Spanish place in Le Bastille,
another arrondissement I liked, so I took the Metro that night to see a show and meet him. When I got there, the place was packed full...no room, so went across the street to another old bar. I didn't know more than a few words in French, so ordered some wine from the handsome bartender and took a seat at the bar. I was happy to hear him respond in English - I wasn't fooling anyone with my terrible French - with a Scottish accent. We talked, and I'd mentioned where I had been staying in Montmarte. I was surprised when my phone rang a few days later and that
beautiful Scottish accent was on the other end of the line. His name was Steven Hale, and he was a writer and sculptor living in an atelier with a group of artists in Le Bastille, and I began to visit, enjoy the company of the artists, who were from everywhere, and bring lunch. Truly my Paris fantasy come to life. Steven had been a model and his work - a masculine, original combination of welded rebar, glass, & tartan - had been purchased by the major fashion houses of Paris, and when I had to go back to the States, we made plans for him to follow soon after. L.A. wasn't the romantic atmosphere that Paris was, though, and I was back to the demands of my career at the time. In hindsight, that may have been the right time to make a life change - but there was pressure, and people depending on me, and I didn't.

We had a truly magical time, especially in Mexico, where it seemed we could relax and just enjoy life again - be inspired - but he had to return to Paris and was getting work in London, creating lamps and fixtures for the bars in Camden. When he returned, he was detained at the airport having overstayed his last visa and turned back. We were both devastated, but that ended the relationship. Logistics got in the way - although we remained friends. Steven married an architect and had 2 sons, which was his beautiful destiny, and passed away some years ago. I think of him often - he would have, and we would have, been great here in Joshua Tree, where there is space, and he could have fulfilled his dream of completing his ultimate masterpiece - a giant dinosaur made of old cars. It was incredible watching him work - smoking, drinking (preferably Guiness) and staring at a pile of rusty, scrap metal. Then, in a sudden mad rush of inspiration and a flash of vision, he jump up and start welding it all into something poetic.

All because of a mime in Pigalle!

In 1992, you opened for Nick Cave and The Bad Seeds, notably at the Zenith in Paris. How did you meet Nick Cave?

Johnette Napolitano - I've never met Nick Cave. I don't think they liked us very much.


Is there an anecdote about your meeting with Jerry Lee Lewis? Tell us about it?

Johnette Napolitano - Fuck him, he was a racist.


Tell us about your drug and alcohol addictions ?

Johnette Napolitano -
Coffee is my only addiction these days! But my main vices were wine and weed. I did what I had to do to do what I had to do, period. But people are fucked up: they like their rockstars to OD,
drop dead onstage, or kill themselves, in the way that people pull over to ogle traffic accidents. There was no way any of that was going to happen to me. I've had stage fright and social anxiety all my life.You have to constantly be meeting people and that's uncomfortable for me. It's interesting, I had this conversation yesterday with a friend, a podcaster based in the UK : it is a fact that the music industry glamorizes drug use, and I can't promote that. I'll just say that I wish I would have taken better care of myself, but once again, I needed to do my job - and a lot of my job was 'people pleasing'. I was in the (Talking) Heads for awhile, and read an interview in a Mexican magazine where Chris Franz said I had problems with prescription drugs. Total bullshit. I never missed a rehearsal or fucked up a gig in the Heads. I'd then realized that after I quit the band he'd had to make up some excuse to the record company. So he threw me under the bus. Total, utter bullshit. He is full of shit.



You live as a recluse in the Joshua Tree desert in California. Tell us about this way of life today?

Johnette Napolitano -
I'm hardly reclusive! I don't go to clubs or bars anymore, but I just collaborated with a London based American Deep House DJ/artist, Alley Cat, on some tracks for her album, 'The Widow Project', which made it to the Apple Dance music chart in the UK and was named one of the Top 10 Electronic records on 2024. We're still working together. I co-wrote a couple tracks with Iannis Papanikitas, who lives at the Holy Mountain, Athos, in Greece, on 'Exquisite Corpses'. We also collaborated on a beautiful track, 'Song for Sinead', which is on Spotify, all that - he's very talented, I love his tracks. I love that I can collaborate with people all over the world. It's a good time to be alive, but as far as technology, the tail shouldn't wag the dog. I'm lucky to have learned from some of the pioneers of recording - Leon, the engineers at Gold Star, who recorded Phil Spector's greatest hits. I also was one of the first of anyone I knew to invest in ProTools - I love the studio, and I knew damn well if I wanted to keep making records into my 40's, 50's and 60's nobody was going to open up a checkbook for me.


Also, tell us about your strength and passion for defending the environment ?

Johnette Napolitano - I'm watching Pepe, one of my ground squirrels, outside the window right now. The doves and rabbits know dinner will be served shortly -
I have an amazing relationship with animals. I have a horse and now, a miniature donkey who had lost his own horse-mate, the poor horse died suddenly. He's a sweet little thing! Makes everyone smile. My 3 little dogs are getting older. I'll never not have animals.


You bequeathed your two-hectare plot of land to the Mojave Desert Land Trust and asked that four hectares remain entirely untouched. Do you still live there ?

Johnette Napolitano - it's 5 acres, I live on 1/3 of it. It is no longer bequeathed to the Land Trust, but they do incredible work and I will hope that the place continues to be reserved for wildlife. Since I've lived here, 2 species have been listed as endangered: the burrowing owl and desert tortoise. That makes me sad. People don't seem to care. They just want to build Air BnB's. It's slowed down a bit, but not much. There is a new generation of young people who do seem to care about it, though, re-planting native vegetation and very conscious. I'm hopeful.


The "Sketchbook" albums from 2002, 2005, and 2009 were a bit like a trilogy. Tell us about their genesis and recording process.

Johnette Napolitano - I'm compiling another one now. They're limited editions, things that don't seem to fit anywhere else, miscellaneous instrumentals, experiments. Neither fishes not fowls. Alley Cat actually just sent me a remix today of something from the first one, I think 'Mileva Einstein's Scream'. She'd brought up 'The Matilda Effect', and we were corresponding about women in science whose work was credited to someone else - which happens too often, but as I pointed out to my younger collaborator, it's also happened to men, and to artists: Thomas Edison, for example, taking credit for Nikola Tesla's work - Rodin getting credit for Camille Claudel's work. Elon Musk is the Thomas Edison of our time.


After a good ten-year hiatus, you're back in 2015 with the album "Naked." Was it a different way of working for you, both creatively and in the studio ?

Johnette Napolitano - Well that was a long time ago now! Yes, my friend and former Leon Russell guitarist and all around engineering genius Brian Mansell rolled his mobile unit out to my place here in JT and mic'd up the house. We also recorded John Trudell here, and Harold Budd. I still can't believe John Trudell was here. John was an amazing and inspirational human being.


Tell us about your anecdotes with John Trudell ?

Johnette Napolitano - well, there aren't really any. He was a quiet man, but in spite of everything he's been through, he had a sense of humor. When he was here (he'd never been to Joshua Tree before) we recorded on the porch - the piece was called 'Too Much Sky'. As far as I can tell, he wrote it on the spot - the sky is vast and limitless where I live, it's hard to not be in awe. It's easy to feel small. I played guitar and punctuated John's poetry with a few backup vocal riffs. Longtime Concrete Blonde drummer, Gabriel Ramirez, played congas, and it was great. He re-recorded it with his band. I was meant to play bass on it, but horribly, had the date wrong, and didn't make the session. It is on one of his albums, but everything is meant to be, and I did not like the album version.
Not at all. Had I been in the studio, it would have been hard for me to sit quietly by, so when I heard the finished mix, was very glad I hadn't been there. I had gone to see John & his band - 'Bad Dog' I think they were called - at a club in Hollywood, but they easily overpowered John. The club was small, and he was the only one who really needed a mic onstage at all. Had it been up to me I would have re-mic'd up the whole stage - or at least taken most of them down. 2 overheads and 1 vocal would have been plenty. Once again, it wasn't my place.


Tell us about that 2016 solo concert in Fort Worth. What really happened that made it so important ?

Johnette Napolitano - was it important? Well I suppose it's a good opportunity to tell my side of the story.
I was not well at all for a few years, but Concrete Blonde was involved in a legal tangle with Universal - nothing hostile, just a contractual mess - that was very expensive to straighten out, and our royalties were held up for a long time. I was working way too hard and burning the candle at both ends, but we paid our legal bills and worked it all out. I couldn't afford to stop working. I just dropped after a few songs, just collapsed and of course, everybody assumed I was drunk or on drugs or whatever. I didn't have a supportive crew or tour manager or anyone. I felt terrible about it, but they still talk about it as one of the most memorable gigs at that club, the name of it I don't even remember - I'm sure the other bands and artists who play that place are happy to share the list with me!  I would have refunded everyone's money, but somebody who worked there recorded it on their IPHONE or whatever - even though I always have signs saying no recording allowed - and posted it on the internet. It was taken down, but fuck them. I do feel bad for the audience, though. But compared to all the shows I've done around the world in my career, I'm entitled to it. Everyone has taken a fall onstage at some point. I've had to learn how to take care of myself. Pace myself. Rest. It's not natural to me.


Over the years, you've done several film soundtracks. Is this a complementary or different way of working for you ?

Johnette Napolitano - it really depends on who calls me in to do it. Usually, someone just wants to use a song. I'm rarely called upon to write something original.
I have a YOUTUBE channel (Joshua Tree Recording Company is the name of my production company) and like to shoot videos for my songs, but I haven't in awhile. I feel like the desert imagery is played out. Marilyn Manson made my favorite 'Joshua Tree' video, 'God's Gonna Cut You Down'. Brilliant. That's the Joshua Tree I know: the dark side. Every fashion shoot and truck commercial has Joshua Trees in it now. It's all very Coachella.


You've collaborated with many artists: Danny Lohner (Nine Inch Nails, A Perfect Circle, Black Light Burns), John Trudell, Bad Religion, Paul Westerberg of The Replacements, Steve Wynn. What memories do you have of all this ?

Johnette Napolitano - Billy Howerdel wouldn't be happy you didn't use the name of his band, Ashes Divide - it wasn't A Perfect Circle (you're welcome, Billy!) but it was a lot of work. A nice record, well-crafted, you could say. Mankey and I worked with Bad Religion on their very first single/EP, and we did some European festivals with Bad Religion back in the day.  It's interesting, most of the people you mentioned, it was quite natural to just sit around drinking beer, playing guitar, and writing songs together. There was nothing else to do backstage, or after the bars closed. Bands would hang out with bands at the hotel bars where everyone was staying.  I worked and toured quite a bit with David J. from Bauhaus/Love and Rockets. It's always a lot of fun to work with Danny Lohner, who is now with Til Lindeman of Rammstein. I recorded some vocals here in JT for the MC5 tribute album, there are a lot of great people on that. Paul wrote some lyrics on a piece of music I had for the Pretty & Twisted album, and I do remember singing on the Replacements album in NYC, but Paul was so full of himself at the time. I got bored. I went out to the store or something and didn't bother going back. I did that again when he was working on some movie in LA, the director was in the studio and I'm very much an 'essential personel only' person, and he wasn't.  It either happens quick or it doesn't, I have a short attenton span. Steve I lived with for awhile, so we were close at one time. He's an amazing writer.



2022 album "Exquisite Corpses" and your latest album, tell us about them ?

Johnette Napolitano - Yes. One of the things that hit me hard also was the death of Chris Tsangerides, the legendary producer who we worked with on 'Bloodletting' and who had brought Paul Thompson (Roxy Music) into the band, which changed everything. Chris was a very good friend and a huge supporter when no one else was. He really believed in us, and he really believed in me. They played 'Joey' at his funeral. I'm told. if it wasn't for Chris we wouldn't have a dime today. I put together some songs that had existed already, and recorded a few more. Another huge loss was Benjamin Wood, who was an amazing player and had a band called 'Flametal', fusing Flamenco and Metal, which was so original and brilliant, people's heads exploded. I'd hoped to have Ben in the touring band after 'Corpses', but he got cancer and passed away - within months of Jesus Montoya - and they're both on the same song, 'Riding the Moon'. Michael Gudinski, a major force and pioneer in the Australian music scene and who presented us with our first Gold record on a boat in Sydney Harbor - had also passed away. It just seemed that the closest people in my life were all dying, and I was hugely depressed. Bring French, you know what the 'Corpses' game is, we used to play it in the cafe's in Paris like the surrealists - that's my favorite time, the 20's, people sitting around talking shit all night in Paris cafes. I felt a thread connecting the songs and the people. I became acutely aware of my own mortality. Everything was closed, of course, and there was quarantine and lockdown. I personally liked the isolation. 'Breakfast In Vegas' is one of my favorites, people being priced out of their homes, having to move - 'Exquisite Corpses' the song is my Parisian cafe fantasy, I wanted to sing it in Marlene Dietrich's voice, or Edit Piaf's. it's not on the vinyl, but the piece in 3 parts - the 'movie for your head' I call it - about Pacific Coast Highway is one of the best things I feel I've ever done, for my Dad, who I lost, as well as my 2 brothers who were killed a year apart to the day, although I'm quite sure the second was suicide. It's on the CD, but not the vinyl. I want to do more like that, but I don't think I could do better. My cousin, who I've never met in person, played some seriously inspired Eddie Van Halen-ish guitar on 'Watching the Dinosaurs Die' and 'Leonard Cohen's Roses' is a true story, he did send me roses, and I was pretty excited to have a real sitar on that song (Tiffany Lantello) which was Paul Horabin's idea, the engineer and owner of Ready Mix  Music, the studio in LA where I recorded it. I'd started to think about what kind of old lady I would be - and it wasn't that one, the one in the bar. I damn well wasn't going to die onstage, either. Was a very gloomy year. I thought, this may very well be the last record I ever make and it had better be good. I worried about the Feng Shui of the title, which turned out to be a valid worry. It's hard to believe that was only 4 years ago - the record reverts back to me in '26, I'll probably re-release it with lyrics and notes, maybe another track.
 

Looking in the mirror, what would you like to keep or erase from your memory ?

Johnette Napolitano - Hmm. Not sure that's a choice, exactly. I had a house in Mexico for awhile, before there was a phone line down there, and I used to sit on the roof and look at the ocean and drink tequila and read & paint. There are a lot of Americans down there now, and they're building a lot, but there were tomato fields and I'd buy fresh tortillas and garlic and grill on the roof. Lived next to an old Mexican couple who were like parents to me. I was very happy there, I had a couple ADAT's and would record, but not much. I have that vibe here, which is what I was after...was just out for sunset, putting the horse & burro to bed. I've never been a peaceful person before now. Quit drinking awhile ago, though, after Chris Bailey died. It's just not fun anymore, all my best drinking pals are gone, and no one wants to be the oldest bitch in the bar!


What do you think of politics in the United States today ?

Johnette Napolitano - Well, Musk is finally out of there, apparently. I belong to no party, I haven't in years. Trump did not win the last election, period. Ironically, the one thing that the Republicans and Democrats have in common is the fact that neither of them voted for Elon Musk. The market has crashed, and they simply have to remove Trump, and I believe they will.


What are you listening to today ?

Johnette Napolitano -Well, I have a 'sleep music' channel I love, and I play it all day. It's atmospheric and keeps me relaxed. I like YOUTUBE channels, what the kids call 'study' music - Chilled Cow, there are a lot of them. I have some things to work on and it's a pretty easy week, had a hay delivery today so now I can work on some music the rest of the day. I can't stay up late anymore, and have to be up at sunrise to feed the equines. I'm at my best in the morning, study a bit and record and post my podcast by 9:00. Sets my mind in thoughtful direction (Coffee & A Card) and I like learning - I always have to research a symbol or a fact, or some historic detail.


What are your projects today ?

Johnette Napolitano - compiling writings, and I've finished a plaster mould for clay - have an idea for some plaster work. I'm wanting to build a brick kiln to do some firing this summer, and clearing hay out of the corral - it's Spring, and the snakes will start coming out. Can't have things too comfortable for them around here. I had a rattler under my desk once.

Do you have anything to add or a message to convey ?

Johnette Napolitano -
  I adore you, France. I always have. I've always been inspired by you and hope to see you again. Be well.


Thank you Johnette for this lovely interview and we hope to see you again very soon.

 

6 Avril 2025
Interview Thierry CATTIER
Photos : 1/2/6 Unknown DR 3/5 Amber@fringe19
4 Ellen Stone 7 Johnette

 


lundi 7 avril 2025

JOHNETTE NAPOLITANO (CONCRETE BLONDE) // INTERVIEW (Français)// Le coeur d'une voix magnifique venu de Los Angeles - 6 Avril 2025.

Aujourd'hui une jolie et belle interview exclusive, avec une des plus belle voix du rock alternatif, Johnette Napolitano du groupe Concrete Blonde formé en 1986 et directement venu des Etats-Unis.
Un missile dans le paysage du rock des années 80 et 90 avec cette voix si troublante et touchante Johnette Napolitano a marqué l'image du rock alternatif.
Nous sommes très fiers de vous livrer ici ces magnifiques moments de sincérité, de douceur et de gentillesse de la grande Johnette Napolitano.

À dévorer avec plaisir ici...



Peut-on pour commencer revenir un petit peu en arrière : comment s'est passée ta jeunesse, tu es né et tu a grandi à Los Angeles?

Johnette Napolitano - Oui. Je ne parle pas beaucoup de mon enfance par respect pour ma famille. C'était difficile, mais j'en suis reconnaissant. Aussi difficile que puisse être la musique, c'était facile comparé à mon enfance, mais il y a eu des moments spéciaux au début. J'étais l'aîné de cinq enfants.

Comment avez-vous découvert la musique ?

Johnette Napolitano - La musique m'a découvert : quelqu'un devait de l'argent à mon père et lui a donné un vieux piano droit en guise de paiement. J'ai commencé à en jouer tout de suite – j'étais très jeune, environ 5 ans, je crois, et mes parents ont compris que j'avais un talent, une aptitude naturelle. Mon père m'a offert une guitare pour mes 9 ans, si je me souviens bien. Je l'aimerai toujours pour ça. Il n'était pas ravi quand j'ai décidé que la musique était ce que je voulais faire de ma vie. J'avais 19 ou 20 ans quand nous avons eu une grosse dispute à ce sujet. Il pensait que je devrais être mariée et avoir des enfants à ce moment-là ! Nous ne nous sommes pas parlé pendant des années.


Quelles ont été vos premières découvertes musicales et vos idoles ?

Johnette Napolitano - Les disques de mes parents : mon père adorait Johnny Cash et les Italo-Américains comme Sinatra et Dean Martin, ma mère adorait les comédies musicales, Leonard Bernstein et les chanteuses country comme Patsy Cline. Ma mère avait une voix magnifique. Tom Jones, que j'ai rencontré bien plus tard et qui se produit d'ailleurs ce mois-ci non loin de chez moi. C'est un chanteur incroyable. Ray Charles. Il y avait de la musique à la maison tout le temps quand j'étais jeune.



À quel âge as-tu commencé à apprendre la basse ?

Johnette Napolitano - Quand j'ai dû le faire, vers la trentaine, je suppose. Je voulais monter un groupe, mais comme nous n'avions ni public ni contrat de disque, personne ne voulait en faire partie. J'ai décidé de m'y mettre et d'écrire ce que je savais jouer, ce qui n'était pas grand-chose.


De quel autre instrument joues-tu ?

Johnette Napolitano - Un peu de tout. J'ai une batterie vintage dans la grange. Il ne me reste que quelques guitares, l'essentiel : une acoustique Martin, une électrique Fender et une Gibson Les Paul des années 80. (Ce qui n'est pas vraiment vintage pour moi !) J'avais pas mal d'instruments vintage, mais le désert est rude pour tout. Ordinateurs, instruments, tout ce qui est en caoutchouc. Après avoir eu des problèmes de manche, comme beaucoup de musiciens à l'époque à cause de guitares vintage plus lourdes (dans mon cas, une basse Music Man), je suis passé à une Fender Lite, qu'ils ne fabriquent plus, je crois, mais que je joue toujours. Un super instrument. À Noël dernier, je me suis offert un clavier/contrôleur MIDI Behringer. Même si je n'utilise pas le MIDI, les touches sont semi-lestées et les sons sont incroyables. J'adore !


Comment avez-vous décidé de monter votre premier groupe ?

Johnette Napolitano -
Ce que je voulais vraiment, c'était être peintre, artiste. J'avais montré beaucoup de talent très jeune, mais en grandissant, j'ai compris qu'il fallait de l'argent pour intégrer une bonne école d'art, et mes parents n'avaient pas beaucoup d'argent. Ils avaient divorcé quand j'étais au collège, ou peut-être au lycée, et tout s'est effondré. Je savais que je pouvais chanter, et je savais que je chantais bien. Je me souviens être resté après l'école pour demander à la prof de musique si je pouvais faire partie de la chorale de l'école, et elle m'a joué quelques notes au piano. Quand elle m'a dit que je pouvais intégrer la chorale comme deuxième soprano, j'étais aux anges. Quant à monter un groupe, j'ai travaillé dur pour y arriver : je chantais avec des groupes locaux, mais il n'y avait rien d'autre à faire que d'être choriste. J'ai écrit ma première chanson à 12 ans. Je savais que je voulais écrire des chansons et qu'il me fallait un groupe pour pouvoir les interpréter. À l'époque, les filles n'étaient pas prises au sérieux. J'ai rencontré Jim Mankey alors que nous travaillions tous les deux pour Leon Russell dans les années 80. C'était un génie. Une personne très inspirante.


En 1986, vous avez formé Concrete Blonde avec le guitariste James Mankey. D'où vient le nom Concrete Blonde ?

Johnette Napolitano - Eh bien, tout le monde connaît la réponse, mais je vais quand même y répondre ! On s'appelait les Dreamers, puis les L.A. Dreamers, mais Miles Copeland voulait un autre nom pour nous – il y avait beaucoup de groupes « rêves » à l'époque. Miles était le seul à ne pas s'en prendre à notre musique. Toutes les maisons de disques de la ville voulaient qu'on reprenne des chansons, ne comprenaient pas qu'une chanteuse joue de la basse. Il venait de faire connaître Police au monde entier, contre toute attente – si vous n'avez pas lu le livre de Miles, vous devriez – et il a tout de suite vu notre potentiel et a aimé les chansons. À ce moment-là, on enregistrait notre premier petit album sous le nom de Dream 6. REM perçait à l'époque, et le label n'aimait rien de ce que je sortais. Michael Stipe avait mentionné Concrete Blonde comme étant un bon nom pour un groupe à notre ami commun qui était le directeur artistique d'IRS Records à Los Angeles, Ron Scarselli, et je savais que personne ne contesterait Michael Stipe, alors nous l'avons choisi.


Quels souvenirs gardez-vous de ces concerts à travers le monde ?

Johnette Napolitano - Tellement nombreux. Les années sont floues, on était constamment en tournée – c'était aussi ce que Miles appréciait chez nous. Je me souviens avoir constamment écrit : l'isolement était bon pour ça. Les gens ne sont plus isolés, impossible de se séparer de ses appareils, téléphones, etc.


Y a-t-il un pays ou une ville qui vous a marqué, et pourquoi ?

Johnette Napolitano - L'Australie, parce que nous y avons reçu notre premier disque d'or. J'aurai toujours une place spéciale dans mon cœur pour l'Australie, et pour la Chine aussi. C'était un honneur de jouer en Chine, nous avons fait un festival à Hangzhou. Je ne connais pas beaucoup de groupes qui ont joué en Chine, mais les gens sont formidables partout où nous sommes allés. Je n'ai plus ressenti les concerts de la même manière depuis l'arrivée des iPhones, etc. Il y avait une vraie connexion, les visages des gens. Maintenant, je ne vois que des écrans et des appareils là où leurs visages devraient être. Personne ne semble vraiment être « dans l'instant ».


Après plusieurs ruptures, Concrete Blonde s'est finalement séparé en 2012. Quelle en était la raison ?

Johnette Napolitano - Avec le recul, on aurait dû tout quitter des années plus tôt. Jim et moi n'étions pas très tendres l'un envers l'autre, et le groupe n'était plus le même.
La formation avec Paul Thompson, pour moi, était la meilleure version de Concrete Blonde. Je suis toujours en contact étroit avec Paul.



En 1995, l'album Pretty & Twisted est sorti. Parlez-nous de ce projet avec Marc Moreland et Chris Bailey.

Johnette Napolitano - On a rencontré Wall of Voodoo en première partie en Australie. C'était l'un des meilleurs groupes de Los Angeles, et on est tous devenus très amis.
J'ai aussi rencontré Chris en Australie, et je termine une chanson qu'on avait commencée il y a de nombreuses années. J'étais bouleversée quand il est décédé, et il me rend visite en rêve – il est dans mes rêves depuis trois fois maintenant. Il a fait la première partie de Concrete Blonde aux États-Unis, et c'est – j'ai du mal à dire « était » – un auteur-compositeur et poète incroyable, 24h/24 et 7j/7. C'est comme boire un verre avec Oscar Wilde. On a aussi traîné en France, d'ailleurs. Un vrai artiste. Maintenant que j'y pense, le groupe de Marc, Ensenada Joyride, a fait la première partie de Concrete Blonde en France. Ils étaient géniaux – Marc était génial, un vrai original. Il est venu aussi.


Parle-nous aussi de ta collaboration avec Holly Vincent pour Vowel Movement.

Johnette Napolitano - Pour être honnête, je ne m'en souviens pas beaucoup. Nous étions serveuses dans un restaurant chinois à Los Angeles avant de faire des disques. Elle faisait partie d'un groupe exclusivement féminin appelé Backstage Pass.

 

Vous avez quitté la folie d'Hollywood pour sauver des chevaux et créer de l'art à Joshua Tree, haut lieu spirituel. Racontez-nous tout ça. ?

Johnette Napolitano - Eh bien, c'était écrit : Los Angeles devenait surpeuplée et chère, et je ne me voyais pas vraiment vieillir avec grâce à Los Angeles. Les choses avaient commencé à changer. Personne ne vieillit avec grâce à Hollywood. J'avais initialement prévu de déménager à la plage, mais j'ai dû trouver un logement à louer après avoir vendu ma maison d'Hollywood – une très vieille maison qui servait autrefois de loge à Mary Pickford. Elle était très hantée. Je ne trouvais pas de logement à louer avec mes chiens, et plus je m'éloignais, plus je me disais que je devrais tout simplement déménager dans le désert. C'était il y a plus de 20 ans, et JT n'est plus ce qu'elle était alors. Plus du tout. Si les promoteurs avaient eu gain de cause, ils auraient construit des complexes hôteliers et des hôtels partout. J'ai un petit terrain, une grange et beaucoup de terrain réservé à la faune. C'était mon intention, et même s'ils adoreraient se débarrasser de nous, les « vieux », les habitants du désert d'antan sont des durs à cuire. C'est moche, l'accaparement des terres qui se poursuit - mais c'est partout maintenant, j'en ai peur


Parlez-nous de votre cheminement spirituel et de votre engagement.

Johnette Napolitano - J'ai entendu et vu des choses toute ma vie qui ne peuvent être expliquées. Le surnaturel est pour moi tout à fait naturel. Je ne connais pas vraiment mon « chemin » ; une puissance supérieure en est responsable. Je fais simplement confiance à mes ancêtres et à Dieu et je les apprécie. Je ne devrais pas être ici ; tant d'autres ne le sont pas. Si je suis encore là, c'est qu'il y a une raison.


Vous avez étudié la poterie avec un maître au Mexique. Puis la danse et le chant flamenco en Espagne. Votre passion pour les tatouage. Parlez-nous de toutes ces activités au fil des ans.

Johnette Napolitano - Je me tatoue depuis tout petit, et j'ai bien suivi des études pour obtenir une licence, mais je n'aime pas vraiment ça et je respecte trop l'art et la tradition pour me contenter de faire mes premiers pas. J'ai toujours eu une passion pour le flamenco, c'est une culture profonde, et je la respecte aussi. Feu Jesus Montoya, chanteur de renommée internationale, était sur mon dernier album, « Exquisite Corpses » (2022). J'idolâtrais Jésus. Le flamenco vient de l'âme – c'est une histoire non écrite, une préservation importante.


Vous êtes venu passer un été en banlieue parisienne. Pouvez-vous nous raconter vos souvenirs de ce séjour en France ?

Johnette Napolitano - J'y ai rencontré Danny Montgomery, un Américain, qui est ensuite devenu le batteur du trio (éphémère) que j'ai formé avec Mark Moreland, Pretty & Twisted. J'adore Paris, c'est une ville Vierge, et je suis Vierge ! La maison de Serge Gainsbourg a ouvert ses portes au public depuis mon dernier séjour, et je ne compte pas beaucoup voyager à l'avenir, mais j'adorerais visiter sa maison. J'adore la France. J'avais l'habitude de monter à Montmartre tôt chaque matin avec un petit verre de vin, du chèvre et une baguette pour y prendre mon petit-déjeuner.


Johnette Napolitano - Vous avez réveillé les rouages ​​rouillés de mon esprit, et je n'arrivais pas à les arrêter ! Je dois vous raconter un moment parisien important – mon préféré.

J'ai séjourné à Pigalle, car ça me rappelait Hollywood d'autrefois – les Gipsy Kings y jouaient souvent avant leur célébrité, et il y avait des excentriques partout – ça me correspondait et m'inspirait. Un jour, je marchais dans la rue et un mime s'est mis à me suivre. Un mime. Tout maquillé, etc., il était très insistant et a insisté pour que je le rejoigne pour boire un verre (il m'a vraiment adressé la parole, il n'a pas mimé l'invitation). Ma vie est pleine de moments surréalistes comme celui-ci, typiques, en fait. Je voulais voir du flamenco, et il y avait un petit bar espagnol à La Bastille, un autre arrondissement que j'aimais bien, alors j'ai pris le métro ce soir-là pour voir un spectacle et le rencontrer. À mon arrivée, la salle était pleine à craquer… pas de place, alors je suis allée de l'autre côté de la rue dans un autre vieux bar. Je ne connaissais que quelques mots de français, alors j'ai commandé du vin au beau barman et je me suis installé au bar. J'étais heureux de l'entendre répondre en anglais – je ne trompais personne avec mon français catastrophique – avec un accent écossais. Nous avons discuté et j'ai mentionné où je logeais à Montmartre. J'ai été surpris lorsque mon téléphone a sonné quelques jours plus tard et que j'ai entendu ce bel accent écossais à l'autre bout du fil. Il s'appelait Steven Hale, écrivain et sculpteur, et vivait dans un atelier avec un groupe d'artistes à La Bastille. J'ai alors commencé à lui rendre visite, à profiter de la compagnie des artistes, venus du monde entier, et à lui apporter mon déjeuner. Mon rêve parisien prenait véritablement forme. Steven avait été mannequin et ses œuvres – une combinaison masculine et originale de barres d'armature soudées, de verre et de tartan – avaient été achetées par les plus grandes maisons de couture parisiennes. Lorsque j'ai dû retourner aux États-Unis, nous avons prévu qu'il nous rejoigne peu après. L'atmosphère de Los Angeles n'était pas aussi romantique que celle de Paris, et j'étais de retour aux exigences de ma carrière à l'époque. Avec le recul, c'était peut-être le bon moment pour changer de vie, mais il y avait de la pression, et les gens dépendaient de moi, et je ne l'ai pas fait.

Nous avons vécu une période vraiment magique, surtout au Mexique, où nous pensions pouvoir nous détendre et profiter à nouveau de la vie, être inspirés. Mais il a dû rentrer à Paris et travaillait à Londres, créant des lampes et des luminaires pour les bars de Camden. À son retour, il a été retenu à l'aéroport, son dernier visa ayant expiré et il a été refoulé. Nous étions tous les deux dévastés, mais cela a mis fin à notre relation. La logistique a pris le dessus, même si nous sommes restés amis. Steven a épousé une architecte et a eu deux fils, ce qui était son destin merveilleux, et il est décédé il y a quelques années. Je pense souvent à lui : il aurait été formidable, et nous aussi, ici à Joshua Tree, où il y a de la place, et il aurait pu réaliser son rêve de réaliser son chef-d'œuvre ultime : un dinosaure géant fait de vieilles voitures. C'était incroyable de le regarder travailler – fumer, boire (de préférence de la Guinness) et contempler un tas de ferraille rouillée. Puis, dans un élan d'inspiration et un éclair de vision, il se lève d'un bond et commence à souder le tout pour en faire quelque chose de poétique.

Tout ça à cause d'un mime à Pigalle !

En 1992, vous avez assuré la première partie de Nick Cave et des Bad Seeds, notamment au Zénith de Paris. Comment avez-vous rencontré Nick Cave ?

Johnette Napolitano - Je n'ai jamais rencontré Nick Cave. Je ne pense pas qu'ils nous aimaient beaucoup.

Avez-vous une anecdote sur votre rencontre avec Jerry Lee Lewis ? Racontez-la-nous ?

Johnette Napolitano - Putain, c'était un raciste.


Parlez-nous de vos addictions à la drogue et à l'alcool.

Johnette Napolitano -
Le café est ma seule addiction en ce moment ! Mais mes principaux vices étaient le vin et l'herbe. Je faisais ce que j'avais à faire pour faire ce que j'avais à faire, point final. Mais les gens sont complètement dérangés : ils aiment que leurs rock stars fassent une overdose, tombent raides morts sur scène ou se suicident, comme on s'arrête pour guetter les accidents de la route. Il était hors de question que ça m'arrive. J'ai le trac et l'anxiété sociale toute ma vie. Il faut constamment rencontrer du monde, et c'est inconfortable pour moi. C'est intéressant, j'ai eu cette conversation hier avec un ami, podcasteur basé au Royaume-Uni : c'est un fait que l'industrie musicale glorifie la consommation de drogue, et je ne peux pas en faire la promotion. Je dirai juste que j'aurais aimé prendre plus soin de moi, mais encore une fois, je devais faire mon travail – et une grande partie de mon travail consistait à « faire plaisir aux gens ». J'ai joué dans les (Talking) Heads pendant un moment, et j'ai lu une interview dans un magazine mexicain où Chris Franz disait que j'avais des problèmes avec les médicaments. Des conneries. Je n'ai jamais raté une répétition ni raté un concert avec les Heads. J'ai ensuite réalisé qu'après avoir quitté le groupe, il avait dû inventer une excuse auprès de la maison de disques. Alors il m'a jeté sous un bus. Des conneries totales. Il raconte n'importe quoi.



Tu vis reclus dans le désert de Joshua Tree, en Californie. Parle-nous de ce mode de vie aujourd'hui ?

Johnette Napolitano -
Je suis loin d'être solitaire ! Je ne vais plus en boîte ni dans les bars, mais je viens de collaborer avec Alley Cat, une DJ/artiste américaine de deep house basée à Londres, sur quelques morceaux de son album « The Widow Project », qui a atteint le classement Apple Dance au Royaume-Uni et a été classé parmi les 10 meilleurs disques électroniques de 2024. On continue de travailler ensemble. J'ai co-écrit quelques morceaux avec Iannis Papanikitas, qui vit à la Montagne Sacrée d'Athos, en Grèce, sur « Exquisite Corpses ». On a aussi collaboré sur un magnifique morceau, « Song for Sinead », qui est sur Spotify, et tout ça ! Il est très talentueux, j'adore ses morceaux. J'adore pouvoir collaborer avec des gens du monde entier. C'est une belle époque, mais en matière de technologie, il ne faut pas que la queue remue le chien. J'ai eu la chance d'apprendre auprès de pionniers de l'enregistrement, comme Leon, l'ingénieur du son de Gold Star, qui a enregistré les plus grands succès de Phil Spector. J'ai aussi été l'un des premiers de ma connaissance à investir dans ProTools. J'adore le studio et je savais pertinemment que si je voulais continuer à enregistrer des disques jusqu'à 40, 50 ou 60 ans, personne n'ouvrirait de compte à ma place.


Parlez-nous aussi de votre force et de votre passion pour la défense de l'environnement.

Johnette Napolitano - J'observe Pepe, l'un de mes écureuils terrestres, par la fenêtre. Les colombes et les lapins savent que le dîner sera bientôt servi.
J'ai une relation incroyable avec les animaux. J'ai un cheval et maintenant, un âne miniature qui avait perdu son compagnon, le pauvre cheval, est mort subitement. C'est un adorable petit animal ! Il fait sourire tout le monde. Mes trois petits chiens grandissent. Je ne pourrai jamais me passer d'animaux.


Vous avez légué votre terrain de deux hectares au Mojave Desert Land Trust et demandé que quatre hectares restent entièrement intacts. Y vivez-vous toujours ?

Johnette Napolitano - Il fait 2 hectares, dont un tiers est occupé par moi. Il n'est plus légué au Mojave Desert Land Trust, mais ils font un travail incroyable et j'espère que cet endroit continuera d'être réservé à la faune. Depuis que j'habite ici, deux espèces ont été classées en voie de disparition : la chouette des terriers et la tortue du désert. Cela me rend triste. Les gens ne semblent pas s'en soucier. Ils veulent juste construire des Airbnb. Le rythme a un peu ralenti, mais pas beaucoup. Il y a une nouvelle génération de jeunes qui semble s'en soucier, replantant de la végétation indigène et qui sont très conscients de la situation. J'ai bon espoir.


Les albums « Sketchbook » de 2002, 2005 et 2009 étaient un peu comme une trilogie. Parlez-nous de leur genèse et de leur processus d'enregistrement.

Johnette Napolitano - J'en compile un autre en ce moment. Ce sont des éditions limitées, des choses qui ne semblent pas convenir ailleurs, des instrumentaux hétéroclites, des expériences. Ni poisson ni volaille. Alley Cat vient d'ailleurs de m'envoyer aujourd'hui un remix d'un extrait du premier, je crois que c'était « Mileva Einstein's Scream ». Elle avait évoqué « The Matilda Effect », et nous parlions de femmes scientifiques dont le travail était attribué à quelqu'un d'autre – ce qui arrive trop souvent, mais comme je l'ai fait remarquer à ma jeune collaboratrice, c'est aussi arrivé à des hommes et à des artistes : Thomas Edison, par exemple, s'attribuant le mérite du travail de Nikola Tesla ; Rodin, celui de Camille Claudel. Elon Musk est le Thomas Edison de notre époque.

Après une pause de dix ans, vous êtes de retour en 2015 avec l'album « Naked ». Était-ce une nouvelle façon de travailler, tant sur le plan créatif qu'en studio ?

Johnette Napolitano -Eh bien, c'était il y a longtemps ! Oui, mon ami, ancien guitariste de Leon Russell et ingénieur du son de génie, Brian Mansell, est venu chez moi, à Jersey City, avec son unité mobile, et a installé le micro dans la maison. Nous avons aussi enregistré John Trudell et Harold Budd ici. Je n'arrive toujours pas à croire que John Trudell était là. John était quelqu'un d'incroyable et d'inspirant.

Parlez-nous de vos anecdotes avec John Trudell ?

Johnette Napolitano - Eh bien, il n'y en a pas vraiment. C'était un homme discret, mais malgré tout ce qu'il a traversé, il avait le sens de l'humour. Lorsqu'il était ici (il n'était jamais allé à Joshua Tree auparavant), nous avons enregistré sur le porche – le morceau s'appelait « Too Much Sky ». Pour autant que je sache, il l'a écrit sur le vif – le ciel est vaste et sans limites là où je vis, difficile de ne pas être émerveillé. On se sent facilement petit. J'ai joué de la guitare et j'ai ponctué la poésie de John de quelques riffs de chœur. Gabriel Ramirez, le batteur de longue date de Concrete Blonde, a joué des congas, et c'était génial. Il l'a réenregistré avec son groupe. Je devais jouer de la basse, mais hélas, je me suis trompé de date et je n'ai pas assisté à la séance. C'est sur un de ses albums, mais tout est fait pour être, et je n'ai pas aimé la version album.
Pas du tout. Si j'avais été en studio, j'aurais eu du mal à rester les bras croisés. Alors, quand j'ai entendu le mix final, j'étais bien content de ne pas y être allé. J'étais allé voir John et son groupe – « Bad Dog », je crois qu'ils s'appelaient – ​​dans un club à Hollywood, mais ils ont facilement dominé John. Le club était petit, et il était le seul à avoir vraiment besoin d'un micro sur scène. Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais re-micrographié toute la scène – ou du moins j'aurais retiré la plupart des micros. Deux overheads et un chant auraient largement suffi. Encore une fois, ce n'était pas mon rôle.


Parlez-nous de ce concert solo de 2016 à Fort Worth. Qu'est-ce qui l'a rendu si important ?

Johnette Napolitano - Était-ce important ? Eh bien, je suppose que c'est l'occasion idéale de raconter ma version des faits.
Je n'étais pas bien du tout pendant quelques années, mais Concrete Blonde était impliqué dans un ennui juridique avec Universal – rien d'hostile, juste un problème contractuel – qui a coûté très cher à régler, et nos royalties ont été bloquées pendant longtemps. Je travaillais beaucoup trop dur et je brûlais la chandelle par les deux bouts, mais on a payé nos frais d'avocat et on a tout réglé. Je ne pouvais pas me permettre d'arrêter de travailler. J'ai juste lâché prise après quelques chansons, je me suis effondré et, bien sûr, tout le monde a pensé que j'étais saoul ou drogué, ou quoi que ce soit. Je n'avais ni équipe technique, ni tour manager, ni personne pour me soutenir. Je me suis senti très mal, mais on en parle encore comme de l'un des concerts les plus mémorables de ce club, dont je ne me souviens même plus du nom. Je suis sûr que les autres groupes et artistes qui jouent là-bas sont ravis de partager la liste avec moi ! J'aurais remboursé tout le monde, mais quelqu'un qui travaillait là-bas a enregistré la vidéo avec son iPhone ou autre – même si j'ai toujours des panneaux interdisant l'enregistrement – ​​et l'a postée sur Internet. Elle a été supprimée, mais qu'ils aillent se faire foutre. Je suis désolé pour le public, quand même. Mais comparé à tous les concerts que j'ai donnés dans le monde entier au cours de ma carrière, j'y ai droit. Tout le monde a déjà fait une chute sur scène. J'ai dû apprendre à prendre soin de moi. À me calmer. À me reposer. Ce n'est pas naturel pour moi.


Au fil des ans, vous avez composé plusieurs bandes originales de films. Est-ce une façon complémentaire ou différente de travailler pour vous ?

Johnette Napolitano - Ça dépend vraiment de qui me fait appel. En général, on veut juste utiliser une chanson. On me demande rarement d'écrire quelque chose d'original. J'ai une chaîne YOUTUBE (Joshua Tree Recording Company est le nom de ma société de production) et j'aime tourner des clips pour mes chansons, mais ça fait un moment que je ne l'ai pas fait. J'ai l'impression que l'imagerie du désert est dépassée. Marilyn Manson a réalisé mon clip préféré de « Joshua Tree », « God's Gonna Cut You Down ». Génial. C'est le Joshua Tree que je connais : le côté obscur. Maintenant, tous les shootings de mode et les publicités pour camions ont des Joshua Trees dedans. C'est très Coachella.


Vous avez collaboré avec de nombreux artistes : Danny Lohner (Nine Inch Nails, A Perfect Circle, Black Light Burns), John Trudell, Bad Religion, Paul Westerberg de The Replacements, Steve Wynn. Quels souvenirs gardez-vous de tout cela ?

Johnette Napolitano - Billy Howerdel regretterait que vous n'utilisiez pas le nom de son groupe, Ashes Divide – ce n'était pas A Perfect Circle (de rien, Billy !), mais c'était beaucoup de travail. Un bon disque, bien ficelé, en quelque sorte. Mankey et moi avons travaillé avec Bad Religion sur leur tout premier single/EP, et nous avons participé à quelques festivals européens avec Bad Religion à l'époque. C'est intéressant, pour la plupart des gens que vous avez mentionnés, c'était assez naturel de simplement s'asseoir autour d'une bière, de jouer de la guitare et d'écrire des chansons ensemble. Il n'y avait rien d'autre à faire en coulisses, ni après la fermeture des bars. Les groupes traînaient entre eux dans les bars des hôtels où tout le monde séjournait. J'ai travaillé et tourné pas mal avec David J. de Bauhaus/Love and Rockets. C'est toujours un plaisir de travailler avec Danny Lohner, qui travaille maintenant avec Til Lindeman de Rammstein. J'ai enregistré des voix ici à JT pour l'album hommage à MC5, il y a beaucoup de gens formidables sur ce projet. Paul a écrit des paroles sur un morceau que j'avais pour l'album Pretty & Twisted, et je me souviens avoir chanté sur l'album Replacements à New York, mais Paul était tellement imbu de lui-même à l'époque. Je m'ennuyais, je faisais des courses ou quelque chose comme ça et je n'ai pas pris la peine d'y retourner. J'ai refait ça quand il travaillait sur un film à Los Angeles. Le réalisateur était en studio et je suis plutôt du genre à ne parler que des personnes essentielles, contrairement à lui. Soit ça arrive vite, soit ça ne vient pas, j'ai une capacité d'attention limitée. J'ai vécu avec Steve pendant un certain temps, donc on était proches à une époque. C'est un auteur incroyable.



L'Album « Exquisite Corpses » (2022) et votre dernier album, parlez-nous-en ?

Johnette Napolitano - Oui. J'ai aussi été profondément touché par la mort de Chris Tsangerides, le producteur légendaire avec qui nous avions travaillé sur « Bloodletting » et qui avait intégré Paul Thompson (Roxy Music) au groupe, ce qui a tout changé. Chris était un très bon ami et un grand soutien quand personne d'autre ne l'était. Il croyait vraiment en nous, et en moi aussi. Ils ont joué « Joey » à ses funérailles. On m'a dit que sans Chris, nous n'aurions pas un sou aujourd'hui. J'ai rassemblé des chansons qui existaient déjà et j'en ai enregistré d'autres. Une autre grande perte a été celle de Benjamin Wood, un musicien incroyable qui avait un groupe appelé « Flametal », fusionnant flamenco et métal, si original et brillant que les gens en étaient stupéfaits. J'espérais avoir Ben dans le groupe de tournée après « Corpses », mais il a eu un cancer et est décédé – quelques mois après Jesus Montoya – et ils sont tous les deux sur la même chanson, « Riding the Moon ». Michael Gudinski, figure majeure et pionnier de la scène musicale australienne, qui nous a offert notre premier disque d'or sur un bateau dans le port de Sydney, était également décédé. J'avais l'impression que mes proches étaient tous en train de mourir, et j'étais profondément déprimé. Bring French, vous savez ce qu'est le jeu « Corpses », on y jouait dans les cafés parisiens comme les surréalistes – c'était ma période préférée, les années 20, les gens assis à discuter toute la nuit dans les cafés parisiens. J'ai senti un lien entre les chansons et les gens. J'ai pris conscience de ma propre mortalité. Tout était fermé, bien sûr, et il y avait le confinement. Personnellement, j'aimais bien cet isolement. « Breakfast In Vegas » est l'une de mes chansons préférées, avec des gens expulsés de chez eux, obligés de déménager. « Exquisite Corpses », la chanson, est mon fantasme de café parisien, je voulais la chanter avec la voix de Marlene Dietrich ou d'Edith Piaf. Elle n'est pas sur vinyle, mais le morceau en trois parties – le « film pour ta tête » comme je l'appelle – sur la Pacific Coast Highway est l'une des meilleures choses que j'aie jamais faites, pour mon père, que j'ai perdu, ainsi que pour mes deux frères qui ont été tués à un an d'intervalle jour pour jour, même si je suis presque sûr que le deuxième était un suicide. C'est sur CD, mais pas sur vinyle. J'aimerais faire plus de choses comme ça, mais je ne pense pas pouvoir faire mieux. Mon cousin, que je n'ai jamais rencontré en personne, a joué une guitare très inspirée à la Eddie Van Halen sur « Watching the Dinosaurs Die » et « Leonard Cohen's Roses » est une histoire vraie. Il m'a envoyé des roses, et j'étais vraiment excité d'avoir un vrai sitar sur cette chanson (Tiffany Lantello), une idée de Paul Horabin, l'ingénieur et propriétaire de Ready Mix Music, le studio de Los Angeles où je l'ai enregistrée. Je commençais à réfléchir au genre de vieille dame que je serais – et ce n'était pas celle-là, celle du bar. Je n'allais surtout pas mourir sur scène non plus. L'année a été très sombre. Je me suis dit que ce serait peut-être le dernier disque que je ferais et qu'il valait mieux qu'il soit bon. Je m'inquiétais du Feng Shui du titre, ce qui s'est avéré être une inquiétude fondée. C'est difficile de croire que c'était il y a seulement 4 ans - le disque me revient en 2026, je le rééditerai probablement avec des paroles et des notes, peut-être un autre morceau.
 

En te regardant dans le miroir, qu'aimerais-tu garder ou effacer de ta mémoire ?

Johnette Napolitano - Hmm. Pas sûr que ce soit vraiment un choix. J'ai eu une maison au Mexique pendant un temps, avant qu'il y ait une ligne téléphonique là-bas, et je m'asseyais sur le toit pour regarder l'océan, boire de la tequila, lire et peindre. Il y a beaucoup d'Américains là-bas maintenant, et ils construisent beaucoup, mais il y avait des champs de tomates et j'achetais des tortillas fraîches avec de l'ail et je faisais des grillades sur le toit. J'habitais à côté d'un vieux couple de Mexicains qui étaient comme des parents pour moi. J'étais très heureux là-bas, j'avais quelques ADAT et j'enregistrais, mais pas beaucoup. J'ai cette ambiance ici, et c'est ce que je recherchais… juste pour le coucher du soleil, mettre le cheval et l'âne au lit. Je n'ai jamais été quelqu'un de paisible avant. J'ai arrêté de boire il y a quelque temps, après la mort de Chris Bailey. Ce n'est plus drôle, tous mes meilleurs potes de beuverie sont partis, et personne ne veut être la plus vieille garce du bar !


Que pensez-vous de la politique aux États-Unis aujourd'hui ?

Johnette Napolitano - Eh bien, Musk est enfin parti, apparemment. Je n'appartiens à aucun parti, depuis des années. Trump n'a pas remporté les dernières élections, point final. Ironiquement, le seul point commun entre Républicains et Démocrates est qu'aucun d'eux n'a voté pour Elon Musk. Le marché s'est effondré, et il leur faut absolument destituer Trump, et je suis convaincu qu'ils le feront.


Qu'écoutes-tu aujourd'hui ?

Johnette Napolitano - Eh bien, j'ai une chaîne de « musique pour dormir » que j'adore, et je l'écoute toute la journée. C'est une ambiance chaleureuse et ça me détend. J'aime les chaînes YouTube, ce que les jeunes appellent la musique « pour étudier » – « Chilled Cow », il y en a plein. J'ai des choses à travailler et c'est une semaine plutôt facile. J'ai eu une livraison de foin aujourd'hui, donc je peux travailler sur un peu de musique le reste de la journée. Je ne peux plus veiller tard et je dois me lever au lever du soleil pour nourrir les équidés. Je suis au top le matin, j'étudie un peu, j'enregistre et je publie mon podcast avant 9 h. Ça me permet de réfléchir (Coffee & A Card) et j'aime apprendre – je dois toujours faire des recherches sur un symbole, un fait ou un détail historique.


Quels sont vos projets aujourd'hui ?

Johnette Napolitano - Je compile des écrits et j'ai terminé un moule en plâtre pour l'argile. J'ai une idée pour du plâtre. Je veux construire un four à briques pour faire des cuissons cet été, et je vide le foin du corral. C'est le printemps et les serpents vont commencer à sortir. On ne peut pas être trop à l'aise ici pour eux. J'avais un crotale sous mon bureau autrefois.

As-tu quelque chose à ajouter ou un message à transmettre ?

Johnette Napolitano -
Je t'adore, France. Je t'ai toujours adorée. Tu m'as toujours inspirée et j'espère te revoir. Porte-toi bien.

Merci Johnette pour cette jolie interview en espérant te revoir très vite chez nous.
 

6 Avril 2025
Interview Thierry CATTIER
Photos : 1/2/6 Unknown DR 3/5 Amber@fringe19
4 Ellen Stone 7 Johnette



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