jeudi 9 juillet 2020

TOYBLOID (Madeleine bassiste) // Interview // Sortie de L'album "Modern Love" 26 Juin 2020.


Pour fêter la sortie de l'album de TOYBLOID, rendez-vous est pris ce 1er juillet 2020 à Paris pour une session photo avec le groupe, et en prime un bel échange avec Madeleine, la sympathique bassiste. 


Tout d'abord pour la sortie de ce 2ème album "Modern Love", pouvez-vous nous raconter votre parcours à chacun ? Votre rencontre et comment s'est passée la formation du groupe ? 
Madeleine. Le groupe existe depuis déjà 13 ans, c’est Lou et moi qui l'avons formé, on s’est rencontrées suite à une annonce que j’avais passée dans rock et folk.
Au départ on jouait avec Pierre, qui a été remplacé par Greg, qui est avec nous depuis 3 / 4 ans donc nous somme un trio rock.

Avez-vous été influencées par les groupes rock féminins : Runaways, L7, Girlschool, etc.. ?
Madeleine. Lou beaucoup ! Très jeune, son père lui a mis un CD de L7 dans les mains.
Moi un peu moins, même si ma mère était fan de Patti Smith…
Mes deux frères jouent de la guitare, je les admirais, j’avais envie de faire pareil, mais je croyais que comme j’étais une fille je ne pouvais pas…
J’ai été élevée par des parents hyper ouverts mais c'est moi qui me suis mis ça en tête, j’ai jamais compris pourquoi.
Et heureusement j’ai rencontré une fille à l’école qui faisait de la guitare, et là je me suis dit waouhhhh.
J’ai failli passer à côté de ça parce que je n'avais pas de modèle féminin car il y en avait très peu.

Vos influences musicales à chacune ? Qu'est ce vous écoutez en ce moment ? Avez-vous une chanson ou un album qui reste favori pour vous ?
Madeleine. Au début du groupe, j'écoutais Placebo.
Aujourd’hui ça parait bizarre mais à l'époque je trouvais ça ultra bien.
J’ai aussi énormément écouté les Clash, et actuellement j’écoute beaucoup de trucs, SWMRS, ils font une espèce de renouveau Garage, des morceaux assez déstructurés, tout en restant hyper efficaces avec des refrains incroyables et hyper engagés, j’ai beaucoup d’admiration pour ce groupe.
Leur premier album "Drive North" est hyper bien. J’aime aussi beaucoup un groupe qui s‘appelle Cloud Nothings, je suis fan, je guette les dates de sortie d’album, je compte les jours et quand il sort je l’écoute religieusement.
J’adore ce groupe tout est génial. Sinon dernièrement, au hasard de Youtube, j’ai découvert The Big Moon, quatre nanas de Londres, grosse découverte en ce moment...

Vous êtes un Groupe qui dégage une énergie très forte en concert, vous souvenez-vous de votre premier concert ?
Madeleine. Ouiiii je me souviens très bien c’était la veille ou le jour même de mon bac je remercie d’ailleurs mes parents d'avoir accepté que je le fasse.
C'était trop bien, c’était en première partie d’un groupe de copains, une petite salle surblindée.
Je me souviens être sortie de scène et m’être dit waouhhh je veux faire ça toute ma vie.
Et pourtant on avait joué que 5 morceaux, on était timides, on n’était pas très bien habillées, pas très jolies, mais c'était très fort et c’était hyper bien.
Et depuis, plus ça va, plus on a confiance en nous.
Pour moi, dès que je ne suis plus dans le cadre du groupe je suis quelqu’un d’assez timide et plutôt réservée, et dès que je suis avec le groupe je prends confiance en moi.
Que ce soit quand on arrive dans une salle ou sur scène, et même en interview, je sais qu’on est un chouette groupe et du coup ça me donne confiance, j’ai vraiment deux facettes, mes parents sont morts de rire quand ils me voient avec le groupe ou en dehors c'est un truc de fou ...
En vieillissant, tout ça se réunit… Mais il y a eu une époque ou il avait deux Madeleine.
Mes parents et les grands-parents de Lou sont ceux qui ont le plus vu ToyBloid en concert, ils sont fans. Ils sont trop fiers c'est génial.








Vous avez créé Toybloïd en 2007 via des petites annonces dans Rock & Folk. Qui est à l'origine de l'annonce et comment se sont passé les réponses ?
Madeleine. C'est moi et je me souviens à l’époque c'était déjà bien old school...
L'annonce papier où il fallait mettre une lettre par case j’ai l’impression d’avoir 90 ans en disant ça...
Au départ il y avait une fille qui s’appelle Vanessa avec qui on a commencé, d’ailleurs elle était dans Toybloid au tout début avec Lou et Pierre l'ancien batteur.
Ça ne marchait pas trop, du coup on est restés à 3.
C'est vrai que dans l’album il y a pas mal de guitares supplémentaires, on pourrait le jouer avec une deuxième guitariste, mais on en a pas du tout envie, on est très bien à trois...

Vous avez ouvert pour des affiches prestigieuses, gardez-vous un souvenir particulier de vos premières parties ? Quel sont les artistes qui vous ont le plus marqué ? Etes-vous resté en contact avec certains d'entre eux ?
Madeleine. On a eu la chance de faire beaucoup de premières parties. Évidemment, on beaucoup joué avec Indochine, Lou étant la nièce de Nicolas Sirkis… Ça c’était incroyable, on a fait des tournées des Zenith, deux Bercy et deux Stade de France, c'est des expériences vraiment dingues, mais on a aussi fait la première partie des L7, surtout pour Lou elle était en larmes pendant les balances c’était trop mignon. On a fait la première partie de Offspring au Bataclan, alors là incroyable, on a tous écouté Offspring quand on était ados. Dexter Holland le guitariste, à la fin de leur concert, ils ont fait applaudir Toybloid en disant "my new favorite band"... Il a adoré, et le lendemain, le groupe a posté un statut sur nous en mettant une vidéo de nous... Nous on s’était dit jamais on va les croiser, et ils se sont mis pendant notre set sur le côté et ont regardé le concert... Aussi un très bon souvenir, quand on a fait la première partie des Undertones au Trabendo, pareil on ne pensait même pas les voir, et pendant les balances, le groupe sort de la loge pour aller bouffer et en fait ils s’arrêtent, on termine le morceau et là ils nous ont applaudi... Depuis je suis restée en contact avec le chanteur qui m’a filé son mail, il a une émission à Dublin (ou Belfast) et dès que l’on fait quelque chose je lui envoie et il nous donne son avis et le diffuse, il est vraiment génial et très bienveillant avec nous.

Vous avez créé votre label et souhaitez rester producteurs de vos albums. Pourquoi cette démarche artistique ? Etes-vous méfiants envers les différents acteurs de l'industrie du disque (managers, producteurs, maisons de disque) ?
Madeleine. Effectivement, avant on avait un manager, un label qui s’occupait bien de nous, mais du coup on s’est laissés porter, c'est aussi de notre faute, on aurait pu être plus volontaires, on manquait de confiance en nous, on se disait si eux ils veulent ça, c'est que ça doit être comme ça, et en fait on s’est rendu compte au moment de préparer ce deuxième album qu’on savait assez bien ce qu’on voulait ou plutôt on savait assez bien ce qu’on voulait pas...
Par exemple le 1er album, on l’adore, on est hyper content de l’avoir fait à Londres dans des conditions analogiques, une super expérience de boulot mais ça a fait un peu une ambiance garage old school, on est hyper content mais en fait nous on voulait juste faire du rock de 2020, on n’était pas trop faire une ambiance passéiste, ce vers quoi on voulait nous faire tendre, un peu revival sixties seventies et c’est pas du tout notre truc.
Donc on s’est rendu compte que pour faire ce qu’on voulait, le mieux était de se débrouiller tout seuls... On a dit ciao à tout le monde et voilà, monter un label c’est concrètement hyper facile, faut remplir des papiers, par contre après, il faut le gérer, embaucher des gens qui vont travailler pour toi. Et c'est la meilleure décision qu’on ait prise.
Du coup, il s’est passé 4 ans entre les deux mais on a fait ce qu’on voulait. On a travaillé avec Fred Lefranc, notre ingé son live pour le studio. Peu de groupes le font, mais nous ça nous a paru évident.
Vu le nombre d'années, à force on a une bonne vision des choses, et on s’est rendus compte que juste autour de nous, dans notre bande de potes, on avait tout : des cadreurs, des réalisateurs de clips, des maquilleuses, des photographes, des super stylistes etc, du coup on a sorti plein de clips, et tout ça nous a aidés à prendre confiance en nous et faire ce qu’on voulait vraiment.

Le fait de réaliser vos clips : est-ce une volonté de poursuivre et de contrôler la création artistique ?
Madeleine. Oui, on décide tout et on fait confiance à fond aux gens avec qui on a choisi de travailler. Par exemple pour le dernier clip "Shiny Kid", on est partis avec zéro idée et le sujet était très délicat parce que ça parle de la perte d’un petit garçon dans ma famille… C’était difficile de faire un clip sur ce texte sans être larmoyant, et en parlant avec les potes autour d’un verre, on a eu l’idée de la chambre d'ados remplie de petits indices qui ne se voient pas vraiment, mais qui moi me faisaient plaisir sans que ce soit lourd. Alors qu'avant on prenait des rendez-vous dans des boites de prod pour en fait ne pas arriver à être totalement compris, et on s’éloignait des vrai sujets.

Quelle est l'importance de l'image, des éléments graphiques ou vidéo dans Toybloïd ?
Madeleine. C'est hyper important. Avec le temps on a créé une identité visuelle. A la décharge des gens avec qui on a travaillé avant, on leur reprochait de ne pas nous comprendre, mais honnêtement nous non plus, de toute évidence on ne savait pas quelle image on voulait envoyer. Par exemple, on a longtemps voulu ne pas mettre en avant qu’on était des filles. On a tenu ce discours pendant longtemps, et on a fini par se rendre compte qu’en fait ce n’était pas du tout anodin, qu’il ne fallait surtout pas ne pas le mettre en avant. Il y a très peu de filles qui font du rock, moi-même j’ai cru que je n’en avais pas le droit... Il faut qu’on prenne la parole et qu’on dise qu’on est des filles… Entendre une gamine de 6 ans ou une dame de 45 ans dire waouh je t’ai vue sur scène, grâce à toi j’ai envie de faire de la basse, c'est génial d’entendre ça.

Un mot sur le choix du nom "Toybloïd" ?
Madeleine. C'est un jeu de mot entre toys et tabloïd, l'avantage sur internet si tu tapes notre nom tu tombes directement dessus…

Si vous deviez vous définir vous-même "Toybloïd" quelle serait votre phrase ou devise ?
Madeleine. Il faudrait vraiment que j’y réfléchisse... On fonctionne à l’instinct et on a hyper envie de faire plaisir sur scène, d'inspirer les gens sans vouloir être mises sur un piédestal mais montrer que tout est possible.








Qu’est-ce que vous aimez faire lorsque vous ne chantez pas ? Quelle sont vos passions, vos Hobbies ?
Madeleine. Pendant le confinement je me suis mise à la couture et au dessin. On fait beaucoup de choses, la musique est bien sûr le point central. Lou par exemple, elle fait des shows de Dragking, elle devient homme, c'est assez impressionnant et très troublant, je trouve cela absolument génial.

Avec les problèmes sanitaires actuels, avez-vous prévu une tournée pour promouvoir votre album ? Quand pourra-t-on vous voir sur scène ?
Madeleine. Là c'est vraiment pas de chance... On venait de commencer la tournée avec Ultra Vomit sur les chapeaux de roues, c’était trop bien et on avait commencé à  faire des dates avec Manu de Dolly et le groupe Cachemire, et le 13 mars je me souviens, on a fait demi-tour sur l'aire du chien blanc, on était presque arrivés à Lyon… Tout annuler c’est très dur, les festivals de cet été reportés à l’année prochaine, si tout repart bien on a quand même une belle tournée en attente… La Maroquinerie qui devait être en mai a été décalée en septembre, on croise les doigts. En avril ça paraissait large de décaler en septembre, mais là je t’avoue que je suis plus hyper sereine, j’espère qu’on pourra le faire mais est-ce que les gens pourront venir ?

Comment avez-vous vécu cette période de confinement ? Plutôt une introspection artistique ou un retour à la vraie vie ?
Madeleine. Pour être sincère, moi j’ai plutôt bien aimée la pause imposée, c’était dingue que ça nous tombe dessus alors que l’on était au taquet, avec des concerts tous les weekends, on devait partir jouer en Angleterre, et d’un coup tout est devenu complètement abstrait… J’ai beaucoup lu, j’ai pas du tout fait de musique je n’avais même pas ma basse… D’ordinaire je sors assez peu, je me couchais et me levais très tôt, je faisais du qi gong. Ce qui est plus flippant ce sont les conséquences économiques, écologiques, espérons que ça va soulever des consciences...

Pour finir, si vous ne deviez conserver que 3 choses : un disque, un film, et un 3ème choix ? Quelle serait votre sélection et pourquoi ?
Madeleine. Je prendrais un des disques de ce groupe Cloud Nothings, je ne sais pas lequel, ils sont tous trop bien, je ne me lasse pas de ce groupe. Un film qui m’a énormément marquée pendant mon enfance : Les vacances de Mr Hulot de Jacques Tati, je me replongerai dedans avec joie, à chaque visionnage on capte des détails différents, ça peut être intéressant sur une ile déserte ! Et le 3ème, un bouquin, mais je pense que je partirais avec une liseuse électronique et je me démerderais pour lires tous les livres… c’est pas gagné !

Merci à Toybloïd pour cet entretien très sympa, courez acheter l'album si ce n'est pas déjà fait ... Et on se donne rendez-vous à Paris à la Maroquinerie 16 septembre 2020, pour une belle rentrée en perspective.

Th Cattier - Photos : Shooting Idols, Th. Cattier