samedi 18 juillet 2020

GOTTHARD (Nic Maeder) // Interview // Février 2020.


GOTTHARD est devenu au fils des années une référence incontournable en Suisse.
Un gang d'une régularité exemplaire qui revient tous les deux ans avec un album sous le bras.
Après un Silver réussi qui célébrait les 25 ans d'existence du combo leur noce d'argent en quelque sorte et une tournée acoustique pour accompagné la sortie de Defrosted II en 2018, les voila de retour avec #13 une galette résolument très rock produite par Paul Lani un vieux complice avec qui ils avaient travaillé sur Firebird.
Une offrande sans surprise qui ravira tous les fans du combo grâce à ce Hard Rock classieux gorgé de mélodies envoutantes qu'ils savent si bien concocter.
Alliant les titres Hard Heavy ("Bad News", "Every Time I Die", "10.000 Faces"), les mid tempo bluesy( 'Man on Mission') sans oublier les ballades accrocheuses ('Marry You','I Can Say I'm Sorry').
Vous l'avez compris tout le monde y trouve son compte, car ici il n'est pas question de décevoir les fans ou de les inviter à un voyage musicalement périlleux.
La seule surprise réside dans cette reprise étonnante du tube planétaire de ABBA : 'sos' très éloigné de la version original qui au final s'avère concluante.
Nos rockers Suisse multi platines nous délivre avec ce treizième opus un manifeste du Hard Rock de haute volée qui prouve une fois encore que malgré leur longue carrière il faut toujours compter sur eux GOTTHARD ne déçoit jamais bien au contraire, leur savoir faire est inégalable, la précisions Suisse sans doute.
Pour en savoir un peu plus sur la genèse de ce treizième opus, votre serviteur à soumis à la question le très sympathique Nic chanteur de GOTTHARD depuis 2001, heureux de pouvoir s'exprimer en Français le bouge n'est pas avare d'anecdotes.
Un entretien placé sous le signe de l'humour et de la légendaire tranquillité Suisse, vous avez dit Zen Nic pourrait bien en être l'emblème. Magnéto Nic c'est à toi !


Quels souvenirs gardes tu de votre tournée acoustique Européenne pour le Defrosted 2 Tour ?
Nic Maeder. C'était vraiment cool! Déjà jouer avec treize personnes sur scène accompagné d'un string quartet et d'un percussionniste c'était une super expérience.
Ca donnait un truc très différent. On a du adapté nos morceaux pour donner ces shows acoustiques, on a pris des morceaux assez hard que l'on a transformer en ballades.
On a fait un gros travail à ce niveau là et c'était vraiment amusant.
On a donné ce show pendant deux ans.
C'était intéressant, on a enregistré l'album la première année, puis le disque est sorti et on a fait un long raid, c'était assez spécial.
C'était comme donné un show relax, il y avait un bon échange sur scène.
On a un peu changé le rythme comme on a tourné pendant deux ans.
Normalement on tourne sur une année puis on enregistre un album. Là on avait vraiment envie de retourner en studio, de s'y remettre et d'enregistrer un album bien Rock. 

Quel impact a eu sur les morceaux le fait d'avoir joué en mode acoustique sur deux ans?
Nic Maeder. Oui, on avait d'un coté envie de brancher les guitares mais aussi tout simplement d'écrire ça nous manquait vraiment de ne pas avoir composé.
C'est bien d'avoir cette envie, c'est une autre motivation, une autre énergie c'est cool.
Ca nous a vraiment aidé d'avoir tournée deux ans en acoustique.

Comment s'est déroulé le processus d'écriture cette fois ci comparé à Silver?
Nic Maeder. Ca a été facile, on a pas eu tellement de problème, tout est venu assez rapidement.
On avait aussi encore pas mal de concerts acoustiques a donner de ce fait on écrivait entre deux shows.
Normalement lorsque l'on composait on donnait moins de concerts, on passait plus de temps à écrire, à faire des pré productions.
Là on devait faire attention au calendrier. On s'est donné 10 jours d'écriture; On avait des concerts à donner.
Donc on se donnait deux trois jours pour écrire puis on donnait un concert, c'était différent.
A certains moments j'écrivais juste avec Freedy (Ndr : Freddy Scherer le guitariste) et à d'autres moments avec Léo Léoni notre guitariste.
Cà dépendait aussi de qui était présent. Il y a un autre petit truc qui a changé c'est que l'on habite plus tous à Lugano et c'était un peu plus compliqué car on est éparpillé un peu partout.
C'était moins simple pour se retrouver tous ensemble. Il y avait beaucoup de choses à faire.
Mais ca c'est quand même très bien passé.
On savait que l'on avait pas beaucoup de temps pour écrire mais tout s'est fait assez rapidement.
On est vraiment content de tous les titres, il n'y en a pas un qu'on a fait et qui ne s'est pas retrouvé sur l'album parce qu'il ne fonctionnait pas.

Quel a été ton implication dans la composition de #13 ?
Nic Maeder. J'apporte beaucoup d'idées musicales.
Avant d'être dans GOTTHARD j'écrivais beaucoup mais plutôt seul.
J'avais pas tellement l'habitude d'écrire avec d'autres musiciens.
C'est un peu un truc que j'ai du apprendre à faire. En général on écrit à trois Freddy, Léo et moi.
On bosse ensemble sur le coté musical. Au départ quelqu'un arrive avec un riff ou une idée, on apporte tous des idées et on les bosse musicalement ensemble jusqu'a ce que l'on soit satisfait.
Parfois quelqu'un a une idée sur un sujet et on travaille sur les paroles ensemble.
Mais la plupart du temps c'est moi et aussi de temps en temps notre bassiste Mark Lynn.
'10 000 Faces' a été écrit par lui, 'No Time To Cry' vient d'une idée a lui aussi.
Tout le reste à été écrit à trois.

Quels sont les thèmes qui t'inspirent en général ?
Nic Maeder. Il y a vraiment un peu de tout, je n'ai pas de sujet privilégié ou de façon de faire.
Des fois cela peut partir de quelques mots qui sonnent bien avec la mélodie, je construit ca complètement à l'envers.
Ca peut être aussi des choses vécus ou que j'observe qui peuvent arriver à quelqu'un d'autre.
Ca dépend 'No time to Cry' a un coté écologique.
C'est la terre qui nous écrit une lettre pour nous dire de faire attention et malheureusement on écoute pas ce qu'elle est en train de dire.
Il y a pleins de sujets qui m'inspirent comme l'amour, on a toujours deux ou trois chansons sur ce thème là.


Il ya a aussi 'Marry You' c'est clin d'œil à Léo qui vient tout juste de convoler  ?
Nic Maeder. Léo viens de se marier effectivement mais en fait ca n'a rien a voir avec lui !
Rires Non c'est une vieille histoire. On a des potes avec qui ont écrit comme Eric Bazilian du groupe THE HOOTERS.
On a composé deux titres avec lui, on en a écrit aussi un avec Francis Rossi de STATUS QUO.
On a coécrit Bad News avec Eric le premier morceau de l'opus.
On était en train de composer avec lui, il était assez tard le soir .
On avait déjà bu une demi bouteille de Whisky on parlait de chanson et il nous a présenter un morceau qu'il avait écrit pour sa femme pour sa demande de mariage.
Il a composé ce morceau et il lui a chanté.
Il était dans un restaurant, il lui a posé des écouteurs sur les oreilles pour qu'elle découvre ce titre écrit pour elle.
Il symbolisait en fait sa demande en mariage. C'est de là que ce morceau vient.
Quand Léo a entendu cette chanson, Eric n'avait jamais rien fait avec ce titre, il a voulu l'enregistrer.
Il était quatre heure du matin avec une bouteille de Whisky, on est descendu au studio et on l'a enregistré et c'est cette version que tu retrouve sur l'album.
On a tout enregistré en une prise, on a juste rajouté un peu de piano et des violons.
Mais le reste a été enregistré live en acoustique avec la voix et tout s'est fait a quatre heure du matin.
Il y avait une telle atmosphère, un tel truc qui se passait que l'on ne pouvait pas la refaire, c'était parfait comme ça.

Est-ce qu’il y a des titres qui te tienne plus à cœur que ce soit au niveau des textes ou de l'émotion qui se dégage ?
Nic Maeder. C'est vraiment dur à dire. Ce sont un peu tous les titres.
On a beaucoup travaillé dessus, on les a entendu tellement de fois.
Si je regarde la liste.......je dirais 'I Can Say I´m Sorry' c'était un titre que j'avais écrit avant que commence les sessions d'enregistrement.
Au début c'était vraiment une ballade piano voix.
On l'a développé en production, c'est moi qui ait joué les parties de piano, ils ont d'ailleurs oublié de le marquer. Rires !
C'était la première fois que je jouais du piano sur un morceau pour un album donc je suis assez fier.
Il me tient à cœur celui là.

Est ce que 'I Can Say I´m Sorry' pourrais faire un bon single selon toi ?
Nic Maeder. Oui, je l'ai toujours pensé. Le problème c'est que c'est toujours difficile de choisir un single et on ne peux pas en sortir énormément.
Pour cet opus il devrait y en avoir trois. On verra selon l'évolution et comment il sera reçu.
On ne décide jamais trop à l'avance. Mais a mon avis ca pourrait vraiment bien.

Myssteria est le premier single extrait de #13 c'était une évidence de choisir ce titre ?
Nic Maeder. C'était un bon mélange.
On ne voulait pas sortir une ballade vu qu'on avait sorti Defrosted II.
Au début on pensait à 'Bad News' qui est un morceau qui cartonne.
Ce sera d'ailleurs le prochain single, il devrait sortir d'ici deux ou trois semaines. 'Myssteria' c'était le choix d'un bon mixte avec un coté" Pop accompagné de grosses guitares, assez lourd. Il y avait aussi un coté vraiment différent.
On savait que ca allait un peu surprendre, au final on a choisi celui là.
C'était assez difficile a prendre comme décision parce qu'on avait tous des idées différentes mais au bout du compte on a choisi 'Myssteria'.

Pour le clip j'ai vu que vous étiez très bien accompagné ! Rires ?
Nic Maeder. Rires ! On aime bien faire ce genre de trucs ! Rires !
J'apprécie le tournage d'un clip surtout lorsque je dois faire l'acteur.
C'est un peu ça qui est bien dans notre job, c'est que l'on fait vraiment un peu de tout entre écrire, produire des albums, faire de clips, des photos, la promotion, les tournées.
On fait toujours plein de choses différentes.
C'est varié et le clip ca me plait bien.

Vous avez rappeler Paul Lani pour produire cet album un vieux complice qui a travaillé avec vous sur Firebird ?
Nic Maeder. Oui , on avait enregistré plusieurs albums avec Charlie Bauerfeind (Ndr : Bang! et Silver), on était très content du résultat.
On voulait juste changer un peu. C'est bon de varier les plaisirs, de changer un peu l'équipe.
On voulait faire un album assez Rock, brut.
C’est avec lui que j'ai enregistré mon premier opus avec GOTTHARD.
On voulait un truc assez simple au niveau de la production.
On avait cette idée et c'était le bon choix. 

Qu'attendiez vous de lui lors de l'enregistrement de #13 ?
Nic Maeder. Un travail au niveau du son, nous on arrive avec des chansons écrites et déjà enregistré puisqu'elles sont sous forme de démo.
On enregistre nous même une première fois les morceaux et lui nous apporte son avis extérieur qui permet de pouvoir déconstruire un peu les titres en ne gardant que les meilleurs parties du morceau.
Il nous apporte vraiment cet avis extérieur en nous indiquant quel partie éliminé complètement, c'est le boulot du producteur.
Par exemple le morceau 'No Time To Cry' au départ était une ballade et lui trouvait qu'on s'endormait un peu dans cette chanson.
Il nous a dit d'essayer de faire une version hyper Rock, lourde. Léo est arrivé avec ce riff et donc on a refait ce titre avec ce riff.
C'est son job de producteur, c'est ce que l'on attend de lui.
Il est là pour écouter ce qu'on lui apporte et l'améliorer le plus possible. Et il l'a bien fait.

Quels souvenirs gardes tu de tes deux collaboration avec Francis Rossi (STATUS QUO) ?
Nic Maeder. La première collaboration a eu lieu sur le titre 'Bye Bye Caroline' et c'était  vraiment cool.
On a été chez lui à Londres dans son studio pour l'enregistré.
Depuis on est resté en bon contact, on se parle assez souvent d'ailleurs.
De temps en temps il nous envoie des idées.
Il nous a envoyé ce titre Myssteria, il avait écrit le refrain, les accords et la mélodie qui est dans ce rythme qu'il affectionne particulièrement.
On s'est dis que l'on pouvait faire un truc avec. Mais cette fois on a bossé sur skype avec lui.
Par moment on était un peu coincé alors on le contactait, on lui proposait des paroles et on lui demandait son avis.
On a travaillé ainsi. C'est clair que c'est mieux lorsque l'on est ensemble dans la même pièce mais ca c'est très bien passé vu qu'on avait déjà collaboré ensemble auparavant, on savait que ca allait le faire.

Vous envisager de retravailler avec lui?
Nic Maeder. On ne l'a pas planifié mais c'est tout a fait possible absolument. Surtout que l'on est resté en contact.

Qui a eu l'idée de faire cette reprise du tube plantaire d'ABBA "sos" ?
Nic Maeder. L'histoire c'est que la télévisons Suisse a fait une émission hommage à ABBA pour Noel, ils ont demandé a plusieurs chanteurs si ils voulait venir chanté un morceau d'ABBA.
Ils m'on contacté pour me demandé si j'étais intéressé mais je n'étais pas très chaud, je ne savais pas.
Ce n'est pas tellement mon truc et je leur ai demandé quelques jours pour réfléchir et pour écouter un peu ABBA.
En fait, j'ai relevé le challenge et je me suis demandé ce que je pouvais faire si je le faisais.
Et puis je suis tombé sur Sos et je me suis dit que je pourrais chanter sur ce morceau.
J'ai enregistré une version piano/voix, qui n'était pas du tout ABBA.
Rires ! pour voir si ca collait et j'ai trouvé que c'était assez cool donc j'ai accepté de faire cette émission.
Ensuite je l'ai monté à l'équipe, à Léo, Freddy et ils ont vraiment bien aimé.
Léo a tout de suite sauté dessus, il m'a dit qu'avant mon arrivé dans GOTTHARD il voulait faire une version de Sos avec Steve (Ndr: Steve Lee premier chanteur de GOTTHARD décédé dans un accident aux Etats Unis le 5 Octobre 2010) .
Ils avaient prévu de faire ça un jour, ils avaient même enregistré une démo, Léo était donc très content.
Il voulait absolument l'enregistrer. Moi je ne savais pas qu'ils avaient déjà envisager de l'enregistrer, c'est tombé comme ça.
Je suis bien content de l'avoir fait, c'est bien sorti.

 
Quel était le défi en reprenant 'sos' d'ABBA ?
Nic Maeder. Surtout ce que l'on ne voulait pas faire ... Dans l'original il y a un élément très très Pop Rires !
Lorsque le refrain arrive, il y a ce coté que l'on voulait éviter absolument.
On a essayé d'imaginer le morceau comme si on l'avais écrit nous même, comment on l'aurait fait c'était un peu ça le challenge.
Essayé de faire une version vraiment différente.

Est ce qu'il y a des morceaux que tu aimerais reprendre ?
Nic Maeder. J'en ai pas en tête. Mais j'aime assez ce challenge de reprendre un morceau et d'en faire une version complètement différente.

Est ce qu'il y a des morceaux qui ont été un challenge à enregistré vocalement ou à composer ?
Nic Maeder. Tout s'est bien passé. Celui que j'ai chanté plusieurs fois c'est 'I Can Say I´m Sorry', j'avais de la peine à me mettre dans la juste vibe. La première fois que je l'ai chanté je n'étais pas satisfait c'est un morceau que j'ai du refaire. Le challenge c'était surtout au niveau des versets pour obtenir l'émotion juste. C'est ça qui est souvent difficile c'est d'avoir l'émotion juste par rapport à la chanson.

Comment est née 'Man On Mission' ?
Nic Maeder.  C'est le seul morceau qui venait des sessions de l'album précédent.
C'est un titre écrit par Léo à la base qui voulait le placer sur Silver.
Peut être même avant encore je ne sais plus. C'était un titre qui n'était pas tout à fait au point.
On était jamais arrivé à le faire sonner juste.
On l'a donc repris et on l'a beaucoup changé, j'ai réécrit les paroles. Le sujet c'est l'addiction par amour pour quelqu'un.
C'est comme une drogue.

C'est quelque chose que tu as vécu ?
Nic Maeder. Je pense que c'est quelque chose qu'on a tous vécu ! Rires !  !

Tu es arrivé dans GOTTHARD en 2011 quel regard portes tu sur ces neuf années passés au sein du groupe ?
Nic Maeder. C'est assez irréel comme truc.
Quatre albums studio, deux albums live, beaucoup de tournées et de concerts, beaucoup d'aventures.
On a fait des choses incroyables.
J'ai vécu beaucoup de moments exceptionnels comme d'avoir ouvert pour les ROLLING STONES à Prague (Ndr: le 4 Juillet 2018 Flughafen-Arena ) devant 80 000 personnes.
C'est incroyable ce sont des moments que je ne pourrais jamais oublier.
C'est hallucinant, du fait que c'est fonctionnel, que l'on ait pu continuer et que l'on ait eu le soutient des fans.
Ils ont été tellement encourageant, les gens étaient vraiment derrière nous.
Lorsque je repense à tout ce qui s'est passé, j'ai vécu une expérience incroyable , on énormément de chance.

Comment te prépare tu pour la tournée Européenne qui aura lieu 13 Avril au 23 mai 2020 en compagnie de MAGNUM et SHAKRA (Ndr: la tournée est annulé et reporté en Avril 2021 avec SHAKRA et en Janvier 2021 avec MAGNUM) ?
Nic Maeder. C'est là que l'on se rend compte qu'il y a du boulot à faire! Rires!
C'est lorsque l'on voit qu'il faut préparer la tournée, il y a des répétitions, on regarde un peu toutes les chansons que l'on a et on choisi celles qui vont finir sur la set list.
Ce que l'on va mettre en priorité, les titres que l'on doit jouer et ceux que l'on peut essayer.
Ca sera un challenge pour préparer le show.
C'est clair que l'on se dit qu'il y a du boulot en voyant les dates qui se rapprochent.

Merci beaucoup Nic.
Nic Maeder. Merci à toi.

Paris 6 Février 2020.
Pascal Beaumont
Photo Promo