Pour célébrer à sa façon le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, l’auteur et metteur en scène Philippe Bulingue a choisi d'éclairer un événement inconnu du grand public, sa tentative de suicide au Château de Fontainebleau, le 12 avril 1814, quelques jours après son abdication. Rencontre et échanges passionnants avec les trois comédiens qui incarnent les personnes présentes ce soir-là, Napoléon (Damien Gouy), le Général Caulaincourt (Loïc Risser) et le médecin personnel le Docteur Yvan (Vincent Arnaud) .
Tout d'abord, pouvez-vous nous raconter votre parcours à chacun ?
Loïc Risser : Je suis comédien, j’ai fait l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) dont je suis sorti il y a quelques années maintenant. Avec Damien on s'est croisés à l’école, on se connait depuis un bail maintenant, c'est la 1ere fois qu’on joue ensemble. A la sortie de cette école j’ai joué dans une trentaine de spectacles. Des films, téléfilms aussi, des séries un peu de voix, somme toute un parcours assez classique.
Damien Gouy : J’ai commencé par 10 ans de théâtre amateur du côté de Lyon. J’ai eu la chance de passer des concours et donc d'intégrer l'ENSATT, 2 ans avant Loïc. Pendant l’ENSATT, j’ai rencontré le directeur du théâtre national populaire qui m’a proposé d'intégrer la troupe du TNP (Théâtre National Populaire). Et donc j’y suis resté 13 ans dans cette belle maison de Villeurbanne. Et ça fait 2 ans maintenant qu’on a créé une compagnie et on fait des choses plus personnelles. Et depuis, on vit au rythme de cette compagnie, où l’on essaye de faire un travail sur le local. Et j’ai rencontré Philippe Bulingue de la société Intersignes qui m’a proposé de venir jouer Napoléon.
Vincent Arnaud : Moi j’ai commencé il y a une vingtaine d'années dans un atelier amateur qui était dirigé par un dramaturge metteur en scène et comédien Viennois (dans l'Isère) qui s’appelle Lucien Barboze. Et qui, après 2 ans d'atelier, m’a proposé d'intégrer sa troupe de professionnels. Je n’ai pas fait de grandes écoles, j’ai appris sur le tas au fil des créations. J’ai intégré d’autres compagnies à mesure des années. Puis j’ai rencontré Philippe Bulingue sur sa toute première création de théâtre, Faust d’Edmond Rostand. Et depuis on a enchainé les collaborations jusqu’à aujourd’hui.
Votre rencontre avec le réalisateur Philippe Bulinge ?
Damien Gouy : Par l’intermédiaire d’un théâtre privé Lyonnais, Philippe devait uniquement donner son texte et le théâtre devait rentrer en production par rapport à ça. Le théâtre a dit nous on y va uniquement si on a un Napoléon et je connaissais bien le directeur du théâtre qui m’a proposé à Philippe. J’ai lu la pièce et j’ai accepté le projet. Et donc, on s'est rencontrés à cet endroit-là, et ensuite le Théâtre n’a pas suivi en production finalement, et Philippe a tout récupéré avec sa société Intersignes. Il connaissait bien Vincent, il avait pensé lui dès le départ pour le rôle du docteur. Vincent et moi on s'était rencontrés sur un autre projet, on n’a jamais joué ensemble mais je l’avais déjà vu jouer sur un projet d'Apollinaire.
Damien Gouy : Et pour Loïc, on cherchait un général Caulaincourt, et du coup il a passé une audition
Loïc Risser : J’ai passé l'audition, Philippe avait passé une annonce et il y a eu plus de 100 dossiers, en fait les annonces ne sont pas si fréquentes que ça dans notre corps de métier. Donc merci à Philippe d'avoir fait ça de façon transparente. Et Philippe sur un malentendu a décidé de me donner le rôle (rire général)
Philippe Bulingue : En fait il nous a dit qu’il allait travailler gratuitement... Et une fois que l’on a dit non à tous les autres il nous a dit finalement j’accepte d'être payé ! (rires)
Est-ce la première fois que vous jouez dans une pièce historique, en costumes ?
Loïc Risser : Historique là comme on le fait, non je ne crois pas l’avoir déjà fait.
Damien Gouy : En fait, on a beaucoup travaillé avec Christian Shiaretti, directeur du TNP, il était très friand de costumes, ça faisait partie des arts du Théâtre qu’il fallait sauvegarder. Donc en tant que maison publique, c'était un devoir pour lui d'avoir un atelier costume haut de gamme. Donc on a travaillé beaucoup, on a fait Coriolan de Shakespeare on a fait aussi des fables de Molière avec des costumes classiques. Ruy Blas aussi, c'était des costumes somptueux. D’ailleurs c'est Thibault Vechin qui était chef des costumes à chaque fois, et maintenant il chef costumier et à l’opéra du Rhin à Strasbourg. C’est quelqu’un qui avait une appétence pour les très beaux costumes et les beaux tissus. J’ai eu la chance de travailler beaucoup dans ces costumes-là, et c'est toujours super de pouvoir se glisser d'un coup dans une tenue différente. D'un coup on plonge et on fait plonger aussi les spectateurs dans un univers autre que son quotidien. Et c'est une touche supplémentaire et quand on vient voir un spectacle, avoir des beaux costumes qu’on n’a pas dans la vie de tous les jours. Bon aujourd’hui ce n’est pas tout à fait la même chose... Quand on me propose le rôle de Napoléon, on pense toujours au beau costume le bicorne tout ça voilà. Et puis en fait non (rire).
Vincent Arnaud : Ca m’est arrivé à plusieurs reprises, notamment à travers la compagnie Intersignes puisque Philippe a écrit un certain nombre de spectacles qui ont une vocation historique et à chaque fois il aime bien respecter la temporalité. La plupart du temps, les gens avec qui j’ai collaboré aiment bien s’inscrire dans une époque notamment à travers les costumes. Je rejoins Damien c'est vrai que je trouve ça agréable de transporter des gens à travers le costume aussi.
Damien Gouy : Oui oui, c'est vrai, les 3 Mousquetaires peuvent se jouer à n’importe quelle époque mais en même temps c'est tellement beau d'avoir un costume de l’époque des trois mousquetaires de Alexandre Dumas où l'épopée se raconte différemment, en fait là c'est pareil, on est chez Napoléon, voilà c'est un général, un médecin c'est pas les mêmes costumes donc...
Loïc Risser : C'est pour ça que j’ai postulé à la base... (rire)
Damien Gouy : Juste pour les costumes ??
Philippe Bulingue : Et le cheval...
Loïc Risser : Ce n’est pas faute de l'avoir demandé ... Le sabre non plus je n’ai pas eu ... Mais quand même, j’ai le costume c'est déjà bien. (rire général)
Napoléon (Damien Gouy) |
Damien Gouy : Personnellement, ce n’est pas le sujet de la pièce qui a été la plus grande difficulté en fait, mais plutôt de l’ordre d’être le plus humble possible. Et le plus à même d’être au service de l'écriture. Et l’écriture elle-même était complexe. Il faut être très précis, comme l’écriture l’est, donc c’est surtout là-dessus où nous jouons notre rôle de transmetteur de mot et de pensée, c'est notre travail à nous en tant que comédien. Après, jouer le fait que Napoléon ait pris du poison ce soir-là ou pas, ce n’est pas vraiment là qu’est la grosse difficulté. En tout cas pour moi.
Vincent Arnaud : Je pense qu’au lieu d'être une difficulté c'est un avantage, et c'est un des arguments du spectacle en faveur de cette création. C’est vraiment de relater quelque chose qui a été un peu passé sous cape, et d'arriver à surprendre les gens encore sur un thème qui est quand même très usité de manière générale, la vie de napoléon et ce moment très particulier où Napoléon a l'état d’être humain.
Damien Gouy : Au seuil de la mort, quel que soit l’homme, quelles que soient les exactions qu’il a pu faire toute sa vie. C'est quand même un destin extraordinaire. On se rend compte qu’au seuil de la mort, un homme reste un homme. Là où c’est toujours délicat c’est de jouer des figures qui ont existé. Il faut que l’on soit bien renseigné, tellement de choses ont été faites sur Napoléon qui en même temps n’est pas un personnage fictif, il y a des gens qui arrivent avec des préjugés sur ce personnage-là. Je n’ai pas besoin de penser à toutes les figures de Napoléon qui ont été faites, écrites, pensées ou sublimées par certaines personnes. Je me glisse dans la situation proposée par l'auteur. Et la difficulté par rapport au personnage s’estompe par ce processus en fait.
Loïc Risser :On marche un peu sur la lune en fait, à ma connaissance on est la première compagnie théâtrale à traiter ce sujet-là. Déjà il y a très peu de spectacles sur Napoléon, là il en a eu un peu plus avec le bicentenaire mais quand même. C'est un personnage historique qui est peu abordé par le théâtre. Le théâtre est peut-être frileux à son endroit pour tout un tas de raisons sans doute. Mais ce fait précis n’est vraiment pas connu du grand public, et même des gens qui s’intéressent à la figure de Napoléon. On défriche une terre inconnue, c’est un honneur et c’est plaisant. On le voit dans les échanges avec le public ensuite ca questionne les gens « ah bon je ne savais pas » etc... Moi-même quand j’ai connu le projet, j’ignorais totalement que Napoléon avait décidé de se suicider.
Vincent Arnaud : L’autre avantage, c’est que Philippe connaît et maitrise très bien le sujet. Moi qui ne suis pas un esthète en histoire de France je me remets complètement à lui. Donc s’il nous donne des indications liées à la temporalité ou à la situation parce qu’à l’époque ça se passait comme ci comme ça, moi je suis entre ses mains… Je rejoins ce que disait Damien, on est là pour défendre des situations et les faire vivre au mieux pour les spectateurs, après je me remets à l’expertise de Philippe pour me dire si ça colle ou pas. J’ai cherché à droite à gauche des informations sur le docteur Yvan, et il n’y a pas beaucoup d’informations sur lui. Par exemple physiquement, je n’ai pas cherché à lui ressembler, mais si Philippe me l’avait demandé je l’aurais fait. Pour moi l’essentiel n’est pas là, il est dans le fait que les gens croient à la situation qu’ils sont en train de voir.
Damien Gouy : La relation entre ces 3 hommes, ce qui se passe concrètement sur le plateau.
Racontez-nous la mise en place et la préparation de ce projet.
Loïc Risser : Ce projet pour Philippe remonte à 10 ans en ce qui concerne son rêve d’écriture du projet. En fait c’est un rêve d’enfance que tu nous as amené. Philippe a écrit la pièce en 2019, ça fait 2 ans qu’elle a été écrite et publiée. Puis les répétitions se sont échelonnées à partir de Novembre 2020 jusqu’à la création. La première, ça a été compliqué car on a eu plusieurs premières avec le confinement et tout ça. On a joué d’abord devant des professionnels à Lyon, ensuite dans le grand théâtre de Fontainebleau début mai, le public n’avait pas le droit d’être là mais le directeur a réussi à maintenir la représentation en streaming. Après on a joué au festival qu’organise Damien à Taizé dans le Beaujolais. On a fait 2 représentations pour la presse à Paris et là, on vient d’attaquer la saison Parisienne. Donc il y a eu plein de premières, et au total on a du faire 6 semaines de répétitions.
Damien Gouy : On s’était rencontrés avec Philippe en Février 2020. On devait commencer à mettre en place les choses au moment du premier confinement. Donc on a été un peu surpris, on a tout arrêté et on a redémarré vers juin juillet, les auditions ont été faites en octobre, et dans la foulée on a commencé les répétions en novembre. On a pu clarifier certaines scènes avant de partir dans l’apprentissage, je suis comme Vincent je ne connais pas du tout la période, je ne suis pas un connaisseur de Napoléon. Donc c’était bien de clarifier autour d’une table, Philippe nous a orientés « c’est peut-être bien de lire ce livre-là etc... » vu qu’il y en avait beaucoup ça nous a permis de faire un tri. Puis en décembre 2020 et janvier 2021 on est rentrés en apprentissage chacun de son côté, et enfin en février on s’est retrouvés pour travailler complétement dans l’espace face à face.
Loïc Risser: On s‘est fait des italiennes quand même (répétitions).
le Général Caulaincourt (Loïc Risser) |
Damien Gouy : On s’est croisés beaucoup par Skype parce qu’au bout d’un moment, tout seul dans son salon, c’est compliqué. Ça fait du bien et on échange parce qu’il faut également apprendre le texte de l’autre aussi. Se raconter des choses entre nous, se construire sa cuisine interne, ce qu’il y a derrière les mots que l’on dit en fait. Comment on le prend, comment on récupère les choses.
Loïc Risser: Les secrets en fait
Damien Gouy : Oui voilà, les secrets pour nous. Le général Caulaincourt et Napoléon historiquement ils sont quand même très proches, le livre des mémoires de Caulaincourt « Entre nous avec L’empereur » est très important, comme le livre de Thierry Lent « les vingt jours de Fontainebleau », où chapitre par chapitre on avance vers le soir où nous sommes. Ce livre raconte l’abdication, concrètement ce qui va amener au fait qu’il va prendre ce poison. Et c’est plutôt bien détaillé, ça aide à construire l’imaginaire. J’ai vu aussi quelques films, « Monsieur N » d’Antoine de Caunes avec Philippe Torreton, sur Sainte Hélène, au moment où il écrit ses mémoires. C’est romancé c’est comme si Napoléon ne mourait pas… c’est un parti pris. Alors que nous dans la pièce, on révèle un évènement qui est un peu méconnu mais pour lequel on ne donne pas de réponse. On laisse ouvertes toute les portes, on a accès plus à la relation entre les 3 personnages.
Damien Gouy : C’est un travail de 6 mois, six semaine de répétition ça c’est plutôt important parce que dans le théâtre privé et de plus en plus sur le théâtre en général les jours de répétions rémunérés sont de plus en plus petits. Et sur un travail comme ça, on a besoin de se voir régulièrement c’est hyper important, il faut que ça s’incruste en nous. On se connaissait pas avant donc pour nous c’était important qu’on s’apprivoise, qu’on se connaisse, et tout ça en 4 semaines, nouer des relations, etc.
Loïc Risser: Encore un petit mot sur le système qui permet ça, l’intermittence des spectacles, souvent les gens ne savent pas ce que c’est. Nous on travaille beaucoup quand on en a la chance. Les jours où on n’est pas salarié, on touche le chômage et c’est ça qui nous permet de travailler ou de chercher du travail. En dehors des jours où on est salarié, on n’est pas là sur notre lit à ne rien faire, ça c’est très important de l’entendre. Par exemple les italiennes que Damien et moi avons choisi de faire à côté, le travail de recherche, l’apprentissage des textes, tout ça ce n’est pas rémunéré, parce que ce n’est pas possible en fait. Des fois on va travailler 6 heures sur le texte, des fois ça rentre pas, ça va être que 2 heures et on va passer sur un autre projet. L’intermittence nous permet ça, de travailler sans être rémunéré par l’employeur parce qu’ils ne peuvent pas le faire. C’est pas comme quand vous faites un gros film américain ou si vous devez jouer un sportif de haut niveau, vous avez six mois de préparation sportive payés par la production. Ce système particulier à la France est précieux, il est important que le public sache que ce n’est pas quelque chose qu’on met à profit pour ne rien faire, bien au contraire. C’était la parenthèse, c’est important, souvent c’est bien d’expliquer.
Vous intéressez-vous à l'histoire d'une manière générale, avez-vous dû vous documenter pour vous approprier vos personnages ?
Vincent Arnaud : Je ne suis pas un grand connaisseur en histoire. L’histoire m’intéresse de manière générale soit très loin de notre époque ou plus d’actualité. Ce que j’aime dans le théâtre c’est l’histoire. Je n’étais pas très bon élève en histoire géo, j’étais dans la moyenne. Mais ça m’a toujours passionné à tel point que je ne prenais pas de notes en cours parce que je buvais les paroles de ma prof que j’ai eu plusieurs années au Lycée. De temps en temps elle passait vers moi et me disait « Vincent, tu pourrais prendre des notes… » Et je lui répondais « mais je vous écoute Madame ». Oui c’est quelque chose qui m’intéresse. Je prends ce qui vient, je profite des connaissances des autres pour me forger une petite culture.
Damien Gouy : Je viens d’un milieu plutôt scientifique, l’histoire géo pour moi ce n’était pas trop mon truc à l’école. J’ai jamais vraiment été intéressé par tout ça, ce n’est que bien après, à partir de 20 ans que j’ai commencé à lire plus. Là, comme c’était le bicentenaire de Napoléon il y avait plein d’émissions, de reportages, tout cela nous a beaucoup nourris. Je dis régulièrement que le théâtre c’est un arbre de connaissances, il y a plein de branches partout, et par une pièce on arrive à toucher plein d’endroits différents. On parlait des costumes tout à l’heure, les costumes de l’époque napoléonienne sont hyper intéressants. D’avoir des livres là-dessus, pouvoir voir des tableaux. Moi je ne connaissais pas toute l’histoire de Napoléon, la route Napoléon de Gap que j’ai prise très souvent avec mes parents, je ne savais pas qu’elle venait après l’ile d’Elbe et qu’elle remontait sur Paris. Par le biais de ce spectacle j’ai appris des choses. Pour moi le théâtre c’est exactement ça, je suis très curieux à la base.
Loïc Risser: J’aime bien ce que tu dis parce que je crois que la qualité première d’un comédien, en tout cas une des qualités nécessaire c’est la curiosité en fait. Je ne dirais pas que je suis passionné d’histoire mais c’est un peu comme vous, un spectacle c’est le prétexte à découvrir des choses. Ça peut être l’histoire, la sociologie, la géographie, ça peut être du théâtre contemporain, par exemple l’auteur si il n’est pas Français ça peut être très intéressant de le découvrir. L’histoire n’est faite que des histoires que l’on raconte. J’aime beaucoup me documenter sur un spectacle, sur un film, en général j’aime creuser, explorer l’univers qui est décrit dans l’objet, cinématographique ou théâtral, c’est merveilleux en fait « se plonger dans d’autres vies que la mienne ».
La tournée va vous emmener jusqu'en Polynésie en octobre prochain ! Est-ce important pour vous de porter ce spectacle jusqu’à nos territoires d'outre-mer, qui font rarement partie des grandes tournées de la métropole ?
Damien Gouy : J’ai pu faire des tournées sur des alliances françaises. On se rend compte que la culture française à l’étranger est très appréciée, la langue française est très appréciée, et aller pouvoir jouer en France et dans les pays d’outre-mer c’est un régal, on ne fait pas ça pour ça mais quand Philippe nous annonce déjà 35 dates de ce spectacle qu’on n’a pas commencé c’est assez rare. Et après il nous dit dans ces 35 dates il y en a 3 qui sont à Papeete à Tahiti, donc là on est très content.
le Docteur Yvan (Vincent Arnaud) |
Loïc Risser : C’est l’autre raison pour laquelle j’ai postulé : les costumes et les 3 dates (rires)
Damien Gouy : En plus ma mère habite en nouvelle Calédonie, j’ai un rapport fort avec ça, et pendant très longtemps mon oncle a vécu à l’ile de la Réunion. J’ai un lien avec les DOM-TOM, si je pouvais aller jouer et faire les spectacles que l’on crée en France tout le temps bien sûr qu’on le ferait tout le temps. Après il y a des histoires de budget qui sont compliquées à gérer. Là dans l’équipe, on est 5 donc c’est possible. Mais on ne peut pas faire ça avec n’importe quel spectacle.
Philippe Bulingue : On peut aussi évoquer que Napoléon était un insulaire et qu’il a un statut particulier dans l’esprit des insulaires…
Damien Gouy : Pour nous en tout cas, aller à la rencontre, c’est un prétexte, la curiosité de l’acteur. C’est surtout ça aussi ces rencontres, aller rencontrer des gens qui ont une autre vision, qui nous font légèrement bouger et d’un coup on se couche pas de la même façon que l’on s’est levé le matin. Et donc ça c’est aussi une philosophie de vie, c’est aussi ça que l’on cherche dans ce métier. J’ai eu la chance de faire une tournée en Asie, c’était la 1ère fois que j’allais en Asie et c’est un choc de culture, j’adore, c’est pour cela qu’on fait ce métier-là.
Vincent Arnaud : Le fait d’aller jouer à Tahiti, amener l’histoire de France là-bas, peu importe que ça soit Tahiti ou la Corse ou le Languedoc Roussillon, à partir du moment ou l’on crée une communion d’idées à partager, que chacun sorte avec du grain à moudre. Je connais très peu l’histoire de Tahiti par exemple, donc je ne sais pas quel impact ça va avoir sur le spectateur de Tahiti… Je suis curieux dès qu’il y a de l’échange.
Damien Gouy : Le théâtre c’est une histoire de transmission : on se transmet de l’énergie et des mots, donc on cherche à ce que quand le public rentre dans la salle il en sorte différemment. Moi ça m’est arrivé de sortir de spectacle très en colère par ce que j’ai vu et me dire « ce n’est pas possible de montrer ça » et en même temps il a réussi son coup parce qu’il m’a mis en colère ce spectacle… On peut recevoir un spectacle négativement aussi, et on se dit « je me couche moins con que je me suis levé ce matin ». Il n’y a qu’au théâtre que l’on peut créer l’imaginaire dans la tête des spectateurs et ça manque dans ce monde-là. Pour moi le monde manque d’imaginaire. Même les gamins commencent à partir d’un certain âge à avoir des barrières, parce que le monde adulte met de la pression. La magie du théâtre, c’est cette ouverture qui peut exister ou qui est donnée. La porte s’ouvre, après chacun fait ce qu’il en veut.
Vincent Arnaud : J’avais envie de rajouter pour l’aspect historique, c’est que souvent et en l’occurrence dans l’écriture de Philippe, sa manière d’aborder les choses lui permet d’aborder l’histoire sur un angle très humain, très proche de nous au final, même si c’est une figure extraordinaire qui semble très éloignée de nous. Au final, il y a une part d’universel dans le propos, qui permet de dialoguer avec les gens qui sont-là, dans le présent.
Merci à vous 3 pour ces moments échangés avec nous ….
à partir du 4 Novembre (jusqu’au 15 Janvier) les jeudis, vendredis et samedis à 19h00
(Relâches : 13 novembre & 2 / 3 / 9 / 10 / 11 / 25 Décembre & 1er Janvier)