vendredi 7 janvier 2022

DORO // Interview // Triumph And Agony Live - Octobre 2021.


DORO fait partie des légendes du Metal au même titre que Sieur Lemmy, une vraie référence pour tous ceux qui s’intéressent à notre musique préférée ! Une déesse qui a gravé son nom au panthéon des icônes du Metal !!! Il faut dire qu’elle fait partie de cette vague féminine qui a déferlé sur l’Europe au début des années 80 accompagné par des combos comme GIRLSCHOOL, HELLION, THE RUNAWAYS, LITA FORD et a su s’imposer au fil du temps en ne déviant jamais d’un iota de sa ligne Métallique. Certains ont réussi à ne pas disparaitre ou faire un come-back plus ou moins réussi. DORO, au même titre que MOTÖRHEAD, n’a jamais cessé d’exister et s’est battue constamment pour maintenir haut et fort l’étendard du Heavy Metal pur et dur et cela malgré les différentes vagues musicales qui ont déferlé au fil des années. Sa force, sa détermination infaillible et sa foi inébranlable lui ont très vite valu le surnom de Metal Queen. Hyperactive notre princesse du Metal après nous avoir proposé en 2020 un triple cd Magic Diamonds - Best Of Rock, Ballads & Rare Treasures sous forme de coffret gavé de surprises qui propose un beau résumé de toutes ces années passé au service du Metal, la princesse nous reviens avec "Triumph And Agony Live" ou la belle reprend sur scène l'intégralité d'un album qui a marqué une étape importante lors de sa sortie en 1987. Proposé en différentes versions et enregistré au Sweden Rock en Juin 2017 "Triumph And Agony" est le dernier opus studio du gang Teuton et prouve à quel point le Metal est une vraie religion pour Doro, un sacerdoce qui la maintient au sommet depuis de nombreuses années pour notre plus grand plaisir ! En un mot la grande classe, son attitude, sa prestance rappellent en bien des points celle de Ronnie James Dio dont elle reste une fan absolue ! Pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle offrande nous eut le plaisir de nous entretenir avec la charismatique Doro toujours aussi volubile et disponible en un mot adorable. Magnéto Doro c'est à toi !



Tu as donné un de tes premiers concerts le 15 Aout 2021 lors du Festival d’Alcatraz en Belgique. Quel a été ton sentiment de revenir sur scène et de  voir tout ce public devant toi ?

Doro.
C’était si impressionnant, vraiment génial, le public était en feu. Nous avons passé un si grand moment. C’était comme au bon vieux temps
où nous jouions nos titres dans nos spectacles. Nous nous sentions si bien à ce festival. De retour à la normale. Enfin ! Nous sommes revenus en Angleterre et nous avons fait un Festival à Sheffield le 11 Septembre dernier. Il y avait Paul Quin de Saxon, nous avons joué « Breaking the Law », une bonne chanson pour faire sauter le public. C’était impressionnant. Mais cela fut assez compliqué d’aller dans d’autres pays, tous ces papiers administratifs le fait que tout le monde soit vacciné. Mais un des gars ne voulait pas se faire vacciner donc on ne pouvait pas jouer. C’est une toute nouvelle situation mais tu sais il faut s’adapter à la situation et j’étais heureuse de refaire des festivals. Le public était fabuleux. Il y a avait tellement de puissance et d’énergie.

Une tournée européenne est prévue. Tu seras à Paris le 16 novembre à la Maroquinerie.


Doro. J’espère que ça va le faire car certaines dates ont été reportées pour l’année prochaine. On espère que tout ira bien et on croise les doigts. Certains shows ont été annulés mais nous sommes prêts à jouer du Rock et y aller à fond. Nous sommes totalement excités et on n’en peut plus attendre ce moment. J’adore tellement Paris que je suis très enthousiaste à l’idée du show. Nous avons donné nos meilleurs concerts à Paris. Nous jouerons certainement des chansons comme « Raise your Fist in the Air », Lève ton poing vers le ciel reprise en français et une multitude de chansons du nouvel album qui vient de sortir la semaine dernière « Triumph And Agony ». Nous sommes prêts et impatients de jouer. Voir la scène juste devant toi et te battre. Il n’y a rien d’autres de plus fort que cette sensation. L’année dernière, comme nous ne pouvions plus jouer ce fut très dur et compliqué. Il fallait garder la bonne attitude et faire tout ce que je pouvais faire. Alors je suis revenu en studio et j’ai écrit de nouvelles chansons. L’année dernière nous avons fait l’album « Magic Diamonds ». C’était un best of de 56 titres et il y a avait une chanson intitulée « Make time for love » issue du douzième album. Nous avons enregistré des concerts en vidéo mais pas tous les concerts. Quand je me suis aperçue que nous ne pouvions pas faire de tournée, je suis retournée en studio et j’ai découvert des choses magnifiques sur « Triumph And Agony ». Les vidéos étaient superbes. C’est sorti la semaine dernière et j’ai travaillé dessus six mois. Par conséquent j’étais toujours occupé. C’est la clé pour ne pas tomber dans la dépression. Il faut toujours penser aux choses positives. En studio je pouvais toujours voir et entendre les fans en vidéo et dvd. Retour au live, mais c’était tellement dur car pendant ces trente-cinq dernières années j’ai toujours été en tournée tous les ans et peut être parfois en studio aussi, mais en général en tournée pour jouer en public. Et l’année dernière oh mon Dieu ! C’était dur. Maintenant il semble que ça aille mieux.

« Triumph & Agony » version live fête son trente cinquièmes anniversaires. Ta voix est toujours aussi incroyable. Comment t’es-tu préparée vocalement pour ces concerts ?

Doro. La seule chose dont j’ai besoin ce sont les fans. Lorsque je les vois excités et qu’ils sont prêts pour le show. La voix arrive d’elle-même. Je n’ai pas besoins de trucs spéciaux. Je dois voir mes fans et cela n’a pas d’importance si c’est une grande foule, des grands stades ou des festivals ou de petits clubs mouillés de sueur ou les kids font du Headbanging avec les cheveux trempés de sueurs. J’adore ! Alors la voix est toujours présente. En studio il y a le producteur et l’ingénieur et je n’ai pas la même puissance que lorsque je vois les fans. Je préfère le public. C’est mon petit secret pour durer. Rires. J’adore les fans plus que tout au monde. Quand je les vois j’ai envie de leur donner quelque chose en retour, les rendre heureux, leurs donner des moyens, faire en sorte qu'ils se sentent bien. C’est la chose la plus importante. Qu’ils reviennent enthousiasmés par le spectacle, que ma voix soit un moyen de les faire voyager. Et surtout se sentir bien. Car en live c’est dur. En 1989 nous avons joué « Hard times » en public et cela n’a plus rien à voir de nos jours. Les fans c’est toute ma vie. Ils ont toujours été présents et le seront toujours. C’est pour cette raison que cet album fut enregistré en live. Nous avons fait cette tournée avec le légendaire Ronnie James Dio que j’aime tant. Je n’oublierais jamais ce concert à Paris avec lui. C’était une grande salle de concert et ce fut impressionnant. Je ne sais pas si tu y étais.

Oui j’étais là. C’était le 23 Novembre 1987 au Zénith. Je me rappelle d’ailleurs que tu avais signé des autographes au Virgin Mégastore.
 
Doro. A l’époque personne ne venait en coulisses. Nous étions si seuls. Rires. En France et en Allemagne avant les deux derniers albums, tous les disquaires et grands magasins étaient fermés. Tu ne pouvais aller nulle part sauf les supermarchés qui étaient ouverts. Tu ne pouvais pas acheter de CD ; tu devais les acheter en ligne.

Finalement comment expliques-tu le succès de cet album sorti en 1987 avec Warlock ?

Doro. 1987 est une grande année et une grande époque. C’était le point d’orgue du Metal. Il y avait tous ces grands groupes et la folie dominait aussi. J’adore tous ces disques, et ces chansons qui ont été des tremplins comme Burning The Witches pour le premier, le second Hellbound et le dernier True as Steel. Tous ces disques possédaient de grandes chansons. J’aime tous ces albums car ils allaient vers quelque chose de pertinent, comme pour Judas Priest. La musique était au sommet et il y avait des shows incroyables de plus de trois heures sur l’émission de Headbangers Ball. Il y avait des gens impliqués sur l’album. Cozy Powell jouait de la batterie d’une manière légendaire. C’était si puissant. Toute l’époque était magnifique. On pensait que ça allait continuer encore et encore dans les années 90s. On s’est demandé ce qui avait bien pu se passer. Rires. Il a fallu attendre quelques années pour revenir avec Ronnie James Dio et l’opus Calling the Wild sorti en 2000. Je me suis dit que le Heavy Metal reviendrait peut-être. En 1987 tout était bon. Une magnifique période et nous avions le temps pour travailler les morceaux de l’album « Triumph & Agony ». C’était la première fois aux USA. J’ai découvert Manhattan et rencontrer des gens formidables. Puis il a fallu enregistrer en studio et je me sentais si libre. C’est cool car sur le troisième album True as Steel il y avait beaucoup de pression du label, des agences et du manager. C’était comme un immense dossier commercial et l’opus fut difficile car nous étions un groupe de Metal contrairement à New York où tout paraissait si naturel où je trouvais ma place. Le producteur Joey Balin qui est un de mes amis à qui j’ai demandé un groupe de vocalistes, où tous nos amis pouvaient se joindre même dans la rue en les haranguant. Et ces gars-là sont venus car il trouvait amusant l’idée d’être sur un disque. Ils étaient entre quarante-cinq et cinquante personnes en train de chanter en studio. Quand j’ai écouté les voix en studio j’ai pu voir leurs visages afficher un grand sourire. J’ai pensé que ce serait un tube. C’était magique. C’est donc devenu le premier single, réalisé par un grand réalisateur dont l’action se déroulait dans la même région où a été tourné le film Terminator avec Arnold Schwarzenegger. La vidéo en elle-même ressemblait à un film de Steven Spielberg. Toute cette foule réelle, tu peux vraiment dire que cet galette avec le second titre « Fur immer » est devenu incontournable. C’était grandiose ainsi que la tournée avec Dio. Ce fut un des sommets de ma vie.


Sur l’album Triumph And Agony tu as travaillé avec Cozy Powell quel souvenir gardes tu de cette collaboration ?

Doro. C’est une de mes histoires favorites, je devais chanter très puissamment sur le titre « Touch Of Evil », c’était un morceau très mystique mais qui dégageait aussi beaucoup de puissance. J’en ai parlé avec mon manager Alex Grop, c’est un musicien qui vient de Suisse, on pouvait donc parler ensemble en Allemand. Je lui ai dit que je cherchais que je cherchais quelqu’un qui pourrait donner un maximum de puissance à ce morceau. Il m’a répondu qu’il avait une surprise pour moi et m’a demandé de me rendre au studio le lendemain, qu’il y aurait quelqu’un pour moi. Je me demandais qui cela pouvait être, il m’a dit qu’il ne me dirait rien. Le lendemain matin, je me suis donc rendu au studio et Cozy Powell m’attendait. C’était vraiment passionnant de pouvoir travailler avec lui. Il a joué les parties de batterie de « Touch Of Evil », il avait des baguettes qui étaient aussi grosse que mes bras, c’était incroyable. Lorsqu’il a terminé de jouer, c’était à couper le souffle. Le jour suivant je suis retourné au studio pour enregistrer mes parties vocales. J’ai réécouté la chanson, j’ai entendu toute cette puissance que dégageait Cozy Powell. J’ai tout donné, j’ai hurlé un maximum surtout à la fin du morceau. Et puis il y a eu cette boule lumineuse, il y avait de retours dans un pièce a côté avec une fenêtre qui était fermé, et c’est boule de lumière est apparu , elle a traversé la pièce et s’est déplacé dans tout le studio, c’était très étrange, je me suis dit qu’il y avait trop d’énergie, si elle me touchait je pouvais mourir. C’est très Metal, j’ai adoré cette expérience. Tout le monde ensuite a pensé qu’il était temps de rentrer à la maison, c’était tellement puissant et impressionnant. Le jour suivant on a réécouté le morceau et on a tous trouvé qu’il était parfait, c’était tellement fou et insensé, c’est sur l’opus original, c’est une chanson très difficile à interpréter sur scène.

Le 16 Aout 1986, tu as été la première femme à jouer lors du Festival de Castle Donington au côté de Motörhead, Def Leppard, Ozzy Osbourne, Scorpions qu’as-tu ressenti ce jour-là ?

Doro. C’était une expérience extraordinaire, je ne savais pas que ce Festival était si important. A l’époque les moyens de communications étaient très réduits, nous avions peu d’informations, il n’y avait pas internet, pas d’ordinateur. Du coup lorsque nous sommes arrivés sur le site nous avons été très impressionnés, il y avait 80 000 personnes. Lorsque nous sommes montés sur scène c’était passionnant, nous voulions que tout soit parfait. On a donné un bon concert, la foule était déchainé. Notre maison de disque, notre agence tous étaient satisfait, ils nous ont dit qu’on avait marqué les esprits. On avait eu la chance aussi de partir en tournée avec Judas Priest cette même année ce qui nous a permis de jouer dans de nombreux pays. Ensuite je suis allé à New York pour assurer la promotion de l’album, j’y suis resté quelques jours et c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que j’avais envie de m’installer là-bas. J’ai rencontré Joey Balin, il était bien implanté sur la scène Metal et voulais me montrer tout cet univers Rock de New York. On a passé 24 heures ensembles, j’étais très impressionné, tout est ouvert non-stop à New York, on a été dans des clubs, il m’a ensuite demandé si je voulais voir d’autres choses, j’ai répondu oui bien sûr et nous nous sommes rendu dans son appartement. Je lui ai parlé de ma tournée promotionnel en Hongrie en 1983 pour l’album « Burning The Witches », tout le monde était très sérieux la bas, il ne voulait pas de cet album, je me suis dit alors que nous risquions de nous retrouver en prison, c’était tellement tendu, le promoteur de la tournée n’était pas très heureux, ce n’était pas évident. Aux USA tu te sens libre, ce n’est pas aussi sérieux, tu peux faire ce qui te plait et je trouvais ça très intéressant. Il m’a présenté des morceaux, nous avons travaillé ensemble ; Ensuite j’ai été voir mon manager pour lui présenter un titre que je trouvais très bon, il l’a trouvé incroyable, il m’a dit pourquoi ne continue tu pas à en écrire d’autres. Nous avons continué ensuite il y a eu "Three Minute Warning" et puis "Make Time for Love". Il y avait des choses qui étaient totalement interdite en Allemagne que ce soit au niveau des vidéos ou autre et qui étaient réalisable aux USA. Joey est venu avec ce morceau "Make Time for Love" et nous avons écrit ensemble cette balade. Nous avons trois morceaux pour l’opus. Il avait dans son walkman tous ces très bons riffs de guitares, je lui ait dis que nous devions les enregistrer car ils étaient excellent. Nous nous sommes rendu au Power Station à Berkeley NY, c’est un des meilleures studio au monde. Il ne payait pas de mine mais il y avait une très bonne atmosphère. Il y avait de la magie et on a enregistré la bas, c’était incroyable. J’ai dit à Joey que nous avions besoin d’un guitariste Metal, Niko était un très bon musicien, il jouait aussi du piano mais il était partagé entre plusieurs styles. Joey m’a dit qu’il connaissait quelqu’un, c’était Tommy Bolan, il est venu nous rejoindre en studio et immédiatement entre nous il y a eu une belle osmose, on a enregistré ensemble tout l’opus. Je pouvais ressentir qu’il y avait quelque chose de magique avec cet album, je sentais qu’il pouvait devenir énorme, qu’il pouvait marquer les esprits, je ne savais pas à quel point mais c’est ce que je ressentais. On a donc tout enregistré au Power Station à Manhattan et on l’a mixé à Philadelphie. Le dernier titre à avoir été enregistré a été "Für Immer", ça reste un excellent souvenir. Ce qui est intéressant sur version live, c’est qu’il y a aussi le Blue Ray sur lequel je raconte tout un tas d’anecdotes à propos de Triumph And Agony, c’est pour nos fans les plus fidèles.

As-tu commencé à travailler sur le prochain album studio ?

Doro. Oui, nous avons déjà six morceaux de prêt qui sont incroyables. Ils sont tous très Metal et complètement terminé. L’album sortira l’année prochaine. On est tous très impatients. Mais pour l’instant on veut célébrer la sortie de Triumph And Agony et faire une belle tournée puis revenir ensuite avec un nouvel opus.


3 Octobre 2021.
Pascal Beaumont  / Laurent Machabanski (Traduction)
Photos DR