Aujourd'hui,
c'est avec un grand plaisir que nous vous offrons ce beau moment
d'échange avec notre LITTLE BOB. Bien plus qu'une interview, une
après-midi avec Bob, cela ressemble plutôt à un portrait, intime,
intense, un moment où Bob a accepté de se confier très longuement et
avec la sincérité touchante qui a fait de lui l'artiste respecté qu'il
est aujourd'hui.
Un entretien fleuve durant lequel Bob est revenu sur sa
vie, sa carrière, nous offrant au passage quelques moments de gràce
dont lui seul a le secret. En exclusivité, et pour conserver toute son
authenticité, nous avons choisi de vous offrir cette interview dans son
intégralité, en 2 parties. Voici la première partie, régalez vous.
Voir l'interview en VIDEO Cliquez ICI
Tu es né à Alexandrie le 10 mai 1945, quel souvenir gardes-tu de tes premières années là-bas ?
Little Bob. J'étais
un petit bonhomme. Alors tu sais quand tu es jeune et que tu es un
petit garçon plus petit que les autres, tu t'en prends plein la gueule.
Et ce qui m'a fait tout oublier c'est lorsque j'ai vu les premiers films
d'Elvis Presley. "Jailhouse Rock, tout ça... Ça m'est rentré tout de
suite dans la tête et ça à pris la place que ça devait prendre et elle
était importante
A l'âge de 13 ans (1958), tu arrives au Havre. Comment s'est passé le choix de la ville du Havre ? Parle nous de tes parents ?
Little Bob. En
fait mes parents étaient commerçants, du moins mon grand-père était
commerçant. Il est décédé jeune d'une crise cardiaque. Et Libero, mon
père était jeune et inexpérimenté pour faire ce métier et surtout il
n'avait pas le sens du commerce. Il a fait faillite à deux reprises et
lorsque tu viens d'une petite ville de province italienne, c'était quoi
100.000 habitants peut-être, tu es montré du doigt comme le perdant.
Après, il a cherché des petits boulots. Il y avait une usine française
qui cherchait des ouvriers pour faire le même boulot qu'à Allessandria
et ils ont recruté 200 ouvriers pour les envoyer au Havre. Mes parents
ne savaient plus quoi faire pour s'en sortir. Mon père est donc devenu
ouvrier métallurgique et a signé pour un contrat de deux ans. Nous, on
était toujours à Allessandria. Mon père revenait à Noël et un jour il
nous a dit j'ai un boulot, je gagne ma vie, en fait il ne gagnait pas
grand chose, mais il nous a dit, j'ai un boulot et je peux nourrir ma
famille si vous venez tous là-bas. Et là, j'ai béni mes parents d'être
venu au Havre car grâce à çà, j'ai monté mon premier groupe, ici. Et je
ne pense pas que j'aurais pu faire la même chose en Italie. Et puis le
rock était toujours là. Dès que j'ai commencé à travailler à 16 ans,
j'ai commencé à avoir un petit salaire et j'ai pu m'acheter une guitare,
un ampli et monter mes premiers groupes. Quand j'y pense encore
aujourd'hui, je me dis que c'est bien que mes parents aient fait le
voyage même si ma mère était malheureuse. On s'en est sortis mon frère
et moi.
Comment s'est passée ta jeunesse Havraise ?
Little Bob. Je jouais au foot mais j'étais trop petit. Je jouais bien et aurais pu devenir pro mais quand tu es tout petit...Regardes Maradona il était pas grand mais il était fort et costaud. Il prenait des coups mais il ne les sentaient pas. Moi, je les sentais !.. Et puis en même temps le rock était toujours là et dès 16 ans, avec mes amis, ma bande en fait, j'ai dis les gars, il faut qu'on forme un groupe de rock. C'était en 1963/1964. J'ai dis, "moi je serais chanteur et je jouerais de la guitare rythmique". Il y en avait un qui s'appelait Mohamed, il venait de Béjaia d'Algérie et habitait derrière chez moi. Et lui m'as répondu "moi, je serais guitare solo" mais il ne jouait pas en mesure. Il ne savait pas ce qu'était une mesure. Et les deux frères Coignier Basse/batterie. C'était tout trouvé. J'avais mon premier groupe "Les Apaches". Et on a appris à jouer ensemble. On a été prendre des cours, tous ensembles, chez René Manguin qui avait une arrière-salle d'un magasin de musique et qui donnait des cours. Je me suis aperçu que le guitariste solo finissait ses solos avant nous ou après nous et qu'il était jamais vraiment avec nous. Je lui ai dit "Qu'est-ce qui se passe ?" On a dit, c'est parce qu'il s'appelle Mohamed et qu'il vient d'Algérie. Je lui ai dis "Attend, le rock c'est trois accords et douze mesures, c'est régulier". Mais c'était mon pote. Il se prénommait Teddy dans le groupe. Je l'ai gardé pour deux ou trois groupes que j'ai formé ensuite mais il est décédé d'une crise cardiaque. C'était un ami... Les Apaches ont duré six mois et on a réussi a faire le Golf Drouot. J'ai toujours eu une volonté incroyable à faire ça. On s'est lancé là dedans et je me souviens quand j'ai monté les marches du Golf au premier étage du café d'Angleterre. J'avais le coeur qui battait très fort. Pour moi je montais au temple du rock'n'roll. Le Golf est devenu notre but. Il fallait qu'on réussisse au Golf Drouot. Les Apaches n'ont pas tenu le choc parce que je me suis aperçu qu'on ne jouait pas en mesure et qu'on ne jouait pas bien même si les gens nous aimaient bien au Havre. Et puis Apaches était un chouette nom, les indiens que j'adorais... Ensuite, il y a eu les "Red Devils", tout ça en amateur parce que je travaillais toujours, j'avais toujours un boulot. Après, il y a eu "Blues Gone" On jouait un peu de blues à l'époque du blues boom anglais. Et puis "Little Bob and Crazy Road". C'était déjà un nom un peu Hippie mais nous on était pas Hippie du tout. On jouait du blues/rock et du rock'n'roll. En ce qui concerne les reprises, j'avais écouté les Beatles. C'était super mélodiquement mais après il y a eu les Stones, les Animals et les Sorrows en même temps et tous ces groupes là Free âpres... J'étais fan de ces gens qui jouaient plus blues donc j'étais devenu plus Stones que Beatles.
Ton premier groupe "les Apaches" : comment as tu monté ce groupe, quels titres jouiez vous ?
Et à force de faire ça au Havre, tous les groupes qui revenaient se faisaient jeter des pièces. On étaient devenus des stars. C'est rigolo! Le Havre a toujours été une ville assez rock. Il y a eu pas mal de groupes dès le départ. Nous étions fin 1974 et on répétait tout le temps. Notre batteur Mino était à l'armée et on attendait qu'il revienne le week-end. On travaillait non-stop. Et lorsque nous sommes partis jouer pour la première fois en Angleterre, en novembre 1975, c'était une tournée inédite. On connaissait un mec qui était de Rouen et qui travaillait comme Barman à Leicester. Il avait écouté une de nos cassettes alors que nous n'avions même pas sorti le premier album ni le premier 45t. Il a fait écouter la bande à une agence galloise qui s'appelait West coast à Cardiff. Le gars de l'agence a dis "C'est bien, on les prend tout de suite". Résultat, 12 concerts en 12 jours. Nous, on avait jamais joué plus de deux jours d'affilée. C'était raide !! mais ça m'a excité et j'ai poussé le groupe à devenir pro.
J'ai laissé tomber mon boulot et tout le monde à abandonné le sien. On a monté le groupe avec Barbe noire à la basse, Guy-Georges Gremy à la guitare qui venait de Nice et que j'ai pris tout de suite après l'avoir vu jouer. Mino Quertier à la batterie. Il y avait aussi Christian « Bibi » Delahaye celui qui avait la casquette léopard et qui jouait bien d'ailleurs. Il a laissé tomber avant qu'on parte pour la première fois en Angleterre. Il nous a dis "si je vais en Angleterre, je vais mourir sur scène tellement j'ai le trac. C'est vrai qu'il pétait des cordes en jouant. Il était mal. Plus ça allait, plus on parlait de nous et, malheureusement, ça ne le faisait pas pour lui. Il s'est rattrapé plus tard et a monté un groupe de blues. Mais c'était pas pareil. Tant que tu es amateur, tu joues aux billes. C'est quand il faut gagner ta vie, monter sur scène que c'est le plus difficile parce qu'au départ quand t'es môme, tu te dis on est les meilleurs mais en fait on ne savait pas jouer.
A la première Story, on savait jouer et on répétait. Dès qu'on a joué en 1976 dans les vraies premières tournées en Angleterre, il y avait les premiers groupes punk qui n'avaient pas encore explosé et qui venaient nous voir alors qu'on avait même pas encore enregistré "High Time". Ils trouvaient tous qu'on était bons. On a pas eu trop de problèmes à part les Sex Pistols qui nous traitaient de Froggies dans les pubs Je retenais mon batteur qui était ceinture noire de karaté et qui voulait leur faire la peau. Je lui disais d'arrêter de peur de nous empêcher de revenir. Après, l'histoire est longue.
D’où est venu le nom Little Bob Story ?
Avant Little Bob Story Quel genre de reprises faisiez-vous?
Little Bob. On reprenait du Jeff Beck, les premiers titres de Rod Stewart, les premiers Small Faces car je les adorais. C'est pour ça qu'on a enregistré "All or nothing" dès qu'on a pu. On jouait du Burdon, des Sorrows et aussi des groupes pas très connus pour que les gens découvrent quelque chose. On était bons et on savait jouer parce qu'on avait beaucoup répété. C'est pas sorcier. Même si tu as du talent il faut travailler pour qu'il ressorte. Et nous le talent on l'avait. J'avais une voix et les gars jouaient bien. Quand on à créé Little Bob Story et que, finalement, on a décidé de laisser tomber nos boulots, parce que moi, ça m'aurait crevé, ça me faisait boire. C'était pas bien et je me sentais pas bien. Et donc on est devenu professionnels et j'ai trouvé le premier contrat car toutes les boîtes de disques nous refusaient. Nous n'étions pas à la mode. On était en pleine période Ange, Pink Floyd et tous les groupes de progressive. Nous, on jouait du rock'n'roll.
Les reprises c'était Little Richard, les Animals, .. j'avais fais une maquette et suis allé voir Ange à Fécamps. Il y avait leur Tour manager. Je lui ai demandé s'il pouvait l'apporter à (?) le manager de Ange et voir si ça l'intéressait. Sa boîte de disques s'appelait Arcade (?) qui est devenue Crypto (?) Arcane, c'était les premiers 45t. Après, paix à son âme, puisqu'il est décédé. Il était un peu escroc mais il nous a signé. Donc il avait quand même pas le droit d'être escroc mais on savait pourquoi. Il a reçu la cassette dans laquelle j'avais laissé mon numéro de téléphone. Il m'a rappelé et m'a dis "Bob, je te signe pour trois disques en 10 ans. Pour moi, c'était une aubaine car avec les gars on s'était dis si on ne trouve pas de maisons de disques, on va être obligés d'arrêter. On ne se voyait pas créer notre maison de disques nous-mêmes. Alors, j'ai dis aux gars "ça y est, on a une maison de disques et on va pouvoir enregistrer".
Tout le
monde était heureux et on s'est lancé dans l'aventure. Pour autant, on a
pas gagné notre vie. On gagnait que dalle. Mais les concerts payaient
déjà les transports, le minibus qu'on avait acheté ainsi que le matériel
car à l'époque il n'y avait pas de sono dans les salles où l'on jouait,
les MJC, les clubs donc on est allé à Londres voir Dr Feelgood. On leur
a acheté notre première console à 8 entrées. On s'est rendu dans leur
bled à Canvey Island et j'ai rencontré Lee Brilleaux. Il y avait également Wilko
et tous
les autres. On leur a acheté la console et à Londres on a trouvé les
Basse Dean des gros trucs. On y est allé avec un petit camion pour
ramener tout
le matos et, donc, on avait notre sono. Il y avait un mec qui
s'appelait Didier Bunel qui dès le départ est devenu notre Tour manager et notre
ingénieur du son. Et on a fait notre premier Olympia avec notre sono. Ça
devait être en mai 1976 si je me souviens bien. T'imagines, faire
l'Olympia avec notre sono pourrave !? Il y a eu quand même du monde et
ça a bien marché.
Et puis, petit à petit, les sonos sont arrivées dans
les grandes et petites salles, dans les clubs. On tournait avec la nôtre
et on avait acheté un minibus pour les musiciens et Didier Bunel avait
fourni un SG 2 qu'il avait acheté pas cher à un copain à la limite du
poids lourd. Il y mettait tout le matériel. On roulait avec deux
camions, t'imagines !! Ça nous bouffait tous les cachets. Entre les
hôtels, les péages, l'essence des deux véhicules, il nous restait plus
un rond. On a tourné en Angleterre dans ces conditions mais on était
contents d'y aller et on s'en foutaient. On avait plus une livre pour
s'acheter à bouffer et je te dis pas les petits déjeuners dans les
hôtels pas chers. On étaient les plus gros bouffeurs du monde car on
avait pas mangé depuis la veille. C'était comme ça mais c'était
grandiose. A partir de là, on à tourné quatre ans en Angleterre avec Martin Cole au management. En 1976, il est venu nous voir à Paris, à l'Élysée
Montmartre. Il y avait tous les groupes du moment et nous on jouait en
vedette à la fin. Et il est venu de Londres pour nous voir. Il à
regardé, il a jugé mais n'est pas venu nous voir.
On ne savait même pas qu'il était là. Il a appelé Jean-claude (?) et lui à dit "Je veux Little Bob Story pour tourner en Angleterre. Et on à rencontré ce fameux (?) qui était devenu un ami. Il est décédé l'année dernière. Et j'ai vraiment eu les boules parce que c'était un mec en or. On a travaillé quatre ans avec lui. Il a essayé de nous racheter pour faire sortir nos disques en Angleterre mais aussi aux USA et ailleurs. Car lorsque tu tournes en Angleterre, et grâce à ça, on a pu jouer en hollande, en Finlande et un peu partout. Alors que lorsque tu es en France, tu as un mal fou à aller jouer à l'étranger. Pourtant on est les mêmes.
A quel âge as-tu écrit tes premières compos ?
Little Bob. J'avais
30 ans. Je n'avais jamais essayé avant car je n'en voyais pas la
nécessité. Et à partir du moment où on avait fait un album, il fallait
écrire. Des chansons sont venues, des titres comme "Delices Of My Youth" "High time", "So
bad". Ce sont de bonnes chansons, aujourd'hui encore, avec de bons riffs
de guitare qui pètent bien. Guy Georges Gremy était un guitariste
fabuleux et j'avais une super section rythmique puisque Barbe Noire
avait cette énergie incroyable. Il tenait la route et poussait le groupe
et Mino était obligé de jouer aussi bien que lui. C'était fabuleux.
On jouait comme des dératés en tournée. On a fait 25 concerts en 27
jours en Angleterre, t'imagines! Et puis, il y a eu les journaux
français comme Best, Rock'n'folk qui parlaient de nous. On était le
premier groupe français à jouer en Angleterre... et à s'en sortir! En
plus a ce moment la il y avait les punks qui explosaient juste au moment ou l'on jouait
intensément. Et on jouait tellement rapide nos morceaux qu'on nous
prenait pour des punks. En fait si l'on jouait aussi rapidement, c'est
parce que l'on était speed aussi et puis parce que j'étais fan de MC5.
Un groupe qui envoyait mais qui était plus politisé que nous.
A
l'époque, on est sorti en même temps que les punks en Angleterre et à
l'arrivée du mouvement pub-rock. D'ailleurs, on était catalogués pub
rock ou punk suivant les cas alors que pour nous on était un groupe de
rock'n'roll. Ça a été une aventure extraordinaire. Je pense que si je
suis encore là, aujourd'hui, en état de chanter et de tenir mon groupe
c'est que j'ai fait ces tournées en Angleterre. Ça m'a donné une force
en moi et m'a permis de réussir car j'ai vu d'autres groupes français se
faire jeter. J'en ai d'ailleurs parlé récemment à un journaliste de
Rock'nFolk bien que je n'aurais peut-être pas dû raconter cette
histoire. Lorsque Téléphone a assuré la première partie des Ramones au
Hammersmith Odéon, il y avait 2500 "crêtes" dans la salle. Lorsque l'on a
annoncé "Téléphone from Paris", un tonnerre de crachats s'est abattu
sur eux. Heureusement, on avait été les voir avant pour leur filer une
ligne de coke...
Quand j'ai rencontré ma Mimi en 1986, donc pratiquement à la fin de la
Story, on était en train de faire "Ringolevio". J'ai arrêté de boire et
de sniffer. L'héroïne, je n'en prenais pas car j'étais malade à crever.
En revanche la coke j'aimais bien. Mais finalement j'ai arrêté tout ça
car je me suis dis que la vie valait d'être vécue. J'avais une petite
femme qui m'aimait et que j'aimais, chose que je n'espérais pas n'étant
pas un dragueur.
Te souviens-tu de ton tout 1er concert, où était-ce et quels souvenirs en gardes-tu ?
Little Bob. C'était
avec les Apaches. On avait joué à Harfleur un bled dans la banlieue du
Havre. Il y avait une scène avec une sono pourrie. Un endroit qui
permettait de découvrir les gens. On y est allé juste avec la caisse
claire, les deux guitares. J'avais acheté un petit ampli de 25 watts sur
lequel j'avais branché ma guitare, mon micro voix et la guitare de
Teddy. J'ai commencé à chanter et j'avais la bouche complètement sèche
et un trac énorme. Je ne pouvais plus ouvrir la bouche. C'était
terrible! Et comme il s'y avait pas encore de groupes au Havre, les gens
ont bien aimé. Je ne comprenais pas pourquoi ils aimaient puisque qu'on
ne savait pas jouer.
C'était vraiment au tout début. Et puis d'autres
expériences ont suivi. On devait jouer dans un grand cabaret qui faisait
restaurant au jour de l'an. Il y avait toutes sortes de numéros, des
clowns, des jongleurs et nous on était prévus à 2h du matin. Il était
23h et ma mère avait fait des raviolis. On mange et on arrive sur place à
minuit. Et là on nous dit "Vous jouez tout de suite" des participants
avaient annulé leur passage et certains numéros avaient été écourtés. Je
venais de manger et avais l'estomac plein et lorsque tu chantes, ca
vient justement de là. J'avais le trac et de nouveau la bouche sèche. Je
jouais de la guitare au début mais j'avais la peau tellement fine que
la cale qui se met au bout des doigts à force de jouer s'en allait et je
saignais. Donc au bout de trois ou quatre fois, je me suis dit que je
ne pouvais pas continuer comme ça car c'était vraiment très douloureux.
C'était terrible. Mais la guitare me servait surtout à faire le con sur
scène. Donc j'ai arrêté la guitare au bout de six mois. Après c'était
"Little Bob and the Red Devils" On gagnait des concours, à Rouen et
partout où on jouait car on avait tellement la patate. En fait j'ai
toujours eu la pêche. Heureusement, je l'ai toujours aujourd'hui. C'est
un peu plus difficile car je ne peux plus bouger autant qu'avant. Mais
toute cette énergie que j'ai gagné en Angleterre, je l'ai encore
maintenant.
Puis le Festival punk de Mont-de-Marsan en 1976 et 1977, raconte nous ?
Little Bob. On revenait de tournée en Angleterre pour aller au premier festival en 1976. Il y avait les Count Bishops, Bijou et plein de groupes français. Il y avait aussi Jean-Pierre Kalfon et puis Police dans sa première formation avec le français Henri Padovani Pas celle que l'on connaît depuis. On est arrivés et presque au moment de jouer il a plu. Ils ont arrêté le concert vers 20h et on devait reprendre au moment de l'accalmie. Il y avait aussi les Damned et Shakin' Street. Je me souviens que le batteur de Shakin' Street était presque un môme. Il était très jeune. Il est venu me voir et me dit "Bob, surtout ne prêtes pas ta batterie aux Damned parce que Rat Scabies m'a cassé la mienne. Et je vois arriver Rat Scabies qui me dit "Bob, i would like the drum kit". Je lui répond "Apparemment, tu as cassé la batterie du mec des Shakin' Street. Alors, mon batteur c'est lui, c'est Mino Démerdes-toi avec lui. En fait ils voulaient jouer à nouveau après tous les groupes. Ils avaient déjà joué avant mais ils voulaient rejouer. Il est resté derrière lui, les bras croisés, pendant qu'il jouait. A la première connerie, il lui aurait mis une tarte dans la gueule. Donc, on lui a quand même prêté la batterie. Il y avait aussi quelques groupes punk
En 1977, il y avait deux soirées. Il y avait la soirée punk avec Clash, les Damned.. il y a que les Sex Pistols qui n'étaient pas là. Et le lendemain, il y avait la soirée rock avec nous, Dr Feelgood, Count Bishops, Bijou, Tyla Gang le groupe de Sean Tyla qui avait fini Ducks DeLuxe. Les Jam. Ils ont été signés avec nous au Marquee par Polydor qui souhaitait nous avoir mais nous n'étions pas libres. Il était impossible de casser le contrat avec Pognant. On était engagés pour dix ans. Sinon on aurait sorti nos albums aux USA parce qu'on savait jouer. A l'époque ça y allait et on s'en serait peut-être mieux sortis. Il y a donc eu un break entre 19h30 et 21h pour que les gens aillent manger et boire un coup. Les organisateurs, qui étaient très mal organisés, nous ont réunis et ont appelé les chefs de groupes pour savoir dans quel ordre on devait passer. Visiblement, ils n'avaient rien planifié. Sur notre contrat aucun horaire ne figurait. Il y avait que Dr Feelgood qui avait l'ordre de passer à Minuit. Count Bishops étaient passés avant car ils souhaitent leur mettre la pression. Et Sean Tyla a dit "je passe à 21h" donc j'ai dis "je passe après Sean Tyla". Il y avait les Jam. Leur père était là en tant que manager et n'a pas ouvert la bouche. Du coup ils n'ont pas joué. C'a m'a embêté mais on a pensé à nous d'abord. Bijou, eux, on eu le courage de passer après Dr Feelgood donc à 2h du matin. Les Jam auraient pu jouer après. Finalement ils sont venus pour rien. Ils ont voulu jouer lors de la soirée pub-rock et ils n'ont pas joué non plus
.
Nous, par contre, on a cassé la baraque. 1977, c'est l'époque où on a sorti "Livin In The Fast Lane" qui marchait super bien car à ce moment là, il n'y avait pas encore Téléphone, Trust. Bijou sortait à peine. On avait vendu 80.000 exemplaires de l'album. C'était énorme pour l'époque. Si le manager de Ange qui dirigeait aussi le label avait fait un peu de promo sur nous, on aurait eu un disque d'or, bien que je m'en fous mais ça aurait été bien car, depuis, on l'a eu haut la main vu que le disque continuait à se vendre. On avait super bien joué et, de plus, ça a été filmé par A2. Ça s'appelait "Juke-box". C'est Freddy Hausser qui avait filmé. C'est sorti en octobre 1977 à l'époque où on tournait avec Ganafoul qu'on avait pris car on jouait à Lyon et on les avait trouvés assez bons. J'avais dis à Jean Claude Pognant "Signes-les car ils ne sont pas mauvais et puis nous on les prend en première partie si tu veux. Ils ont fait toutes nos premières parties et même l'Olympia grâce à nous. Et puis, ils ont appris. Le premier Mont- de-Marsan on l'a fait à quatre et après Guy-Georges m'a dit qu'il aimerait bien avoir un guitariste rythmique pour l'aider un peu. On avait quand même son ampli à gauche, celui de Barbe noire à droite à côté de la batterie et un autre qui diffusait la musique de Guy-Georges de l'autre côté. En fait on a essayé plusieurs guitaristes mais on en a vite eu marre. Et puis est arrivé Dominique « Ginger » Guillon Le pauvre, il n'est plus là aujourd'hui. Il est décédé. Et donc il bougeait bien. On s'est tous regardés et on s'est dit "Bon, on le prend". Barbe noire en avait marre de l'écouter jouer. Il fermait son ampli et lui ne s'en apercevait même pas et continuait à jouer et à sauter en l'air car il y avait le son de Guy-Georges qui sortait et croyait que c'était lui. Après on a été obligés d'arrêter avec lui car il y avait l'Héroïne entre nous. Ils nous à fait des coups malhonnêtes comme rater un concert il avait manqué un concert parce qu'il etait avec une copine qui avait de l'Héroine... Donc, lorsqu'il est revenu pour le dernier concert, on est descendu dans l'ascenseur de l'hôtel avec lui. Nous étions à Valence. Je lui ai dit "Tiens, je te paye le train, le concert d'hier soir et tu rentres à Paris. Tu vas jouer avec qui tu veux mais pas avec nous, c'est fini.." On s'est revu plus tard à un concert à Baltard où Trust nous avait fait appeler par Europe 1.
Il
y avait plein de groupes qui étaient programmés. Shaking Street, Les Dogs, Shakin'
Street, Au bonheur des dames.. il y avait même Bashung qui jouait
"Gaby". Ils voulaient qu'on joue avant Trust. Moi, j'ai dis "Je ne joue
pas avant Trust. Ils ont toujours joué avant nous" on m'a répondu "Oui,
mais ils vendent 400.000 albums. J'ai répondu "Je m'en fous, prenez
quelqu'un d'autre. On est pas à un concert près à Paris". C'etait en 1980 et donc, j'ai
accepté de jouer mais après Trust. Même si notre nom était écrit en plus
petit sur l'affiche, je m'en foutais mais moi je ne passais pas avant.
Et j'ai eu raison. Tous les groupes qui ont joué ce soir là, à Baltard,
se sont pris des canettes par les fans de Trust. Les Only Ones qui passaient à
notre place n'ont pas aimé et des les premieres cannette ils on pas apccepter et Peter Perrett leur afait un bras d'honneur et se sont barrés. Trust à enchaîné et
Bernie à dit "Merci, grâce à vous on va jouer plus longtemps". Il
pensait qu'après eux, la salle allait se vider puisqu'il n'y avait que
des fans et nous on a joué après sans canettes. Il y avait la moitié du
public qui restait, environ 2000 personnes et on a eu un super succès.
Il y avait Ginger qui était là sur le côté de la scène. On l'a vu
après et m'a dit "Je donnerais vingt ans de ma vie pour rejouer avec
toi". Je lui ai dit "C'est bon, on est reparti comme ça". On avait pris Dominique Comont au piano qui était chanteur des City Kids au Havre (Qui sont toujours valable ils viennent d'enregistrer un 45t 5 titres). Voilà, c'est aussi à
cette époque que j'ai créé le deuxième "Little Bob Story". Après "Light of My Town"
quand Barbe noire a laissé tomber on avait déjà plus Guy-Georges car il
s'était mis à boire comme un trou, Vico était parti. J'avais repris
Mino mais il n'était plus dans le coup et là, j'ai dis "Les gars,
j'arrête le groupe". J'ai gardé François Gehin à la basse qui jouait bien. Barbe
noire à arrêté de jouer. Il m'a dit "Bob, ça fait dix ans que je suis
avec toi. Maintenant je sais qu'on s'en sort un peu difficilement, j'ai
envie de gagner ma vie". C'a m'a peiné. Il a racheté le taxi de son
oncle qu'il a obtenu à moitié prix. Et voilà...Je le vois toujours.
C'est Barbe blanche aujourd'hui. Il est tellement sympa, tellement
cool...Je revois Mino également et qui m'a dit "Les années où j'ai joué
avec toi sont les meilleures années de ma vie". Merci les gars ! Je dois
dire que j'ai toujours fait ça en y croyant et en y pensant
sérieusement.
Du Havre à la Légende ... Voir la partie 2 ICI
Thierry CATTIER
Photo DR et Th CATTIER / SHOOTING IDOLS
William CHOPIN ( Retranscription)