lundi 6 février 2023

LAURA COX // INTERVIEW // Head Above Water, le 20 Janvier 2023.

 

Laura Cox c'est avant tout une révélation, une divine surprise comme il en arrive parfois dans le monde du Rock. C'est aussi une histoire pas banale voir exceptionnelle, imaginé une adolescente qui en 2008 s'amuse à poster des reprises spectaculaires de ses groupes favoris sur You Tube et qui finalement se retrouve avec près d’un demi-millions de vues recueillant par la même les félicitations de Joe Bonamassa en personne ! De quoi en faire rêver plus d'un ! Il lui faudra quatre ans pour passer de sa chambre d'ado ou elle joue seule au format groupe qui lui permettra de révéler tout son potentiel. La rencontre avec le guitariste Mathieu Albiac en 2012 sera décisive et aboutira à la formation du Laura Cox Band auquel viendront se joindre Antoine Guérin à la batterie, et, François Delacoudre à la basse. Après un premier single « Cow Boys And Beer" en 2015 qui lui permettra de faire ses premières armes sur scène la belle sort en 2017 son premier opus "Hard Blues Shot", œuvrant dans un Blues Southern Rock très seventies le tout baignant dans une ambiance oscillant entre AC/DC, ZZ TOP, DANKO JONES ou encore LYNYRD SKYNYRD pour n'en citer que quelques-uns. S'en suivit une pléiade de concerts en France et en Europe qui lui permettrons de s'aguerrir au fil des concerts. Deux ans après Laura est de retour avec Burning Brights enregistré aux Studios ICP de Bruxelles et mixé et masterisé par le grand Howie Weinberg (Aerosmith, Oasis, The White Stripes) Laura et son gang a mis tout en œuvre pour que cette nouvelle offrande soit une réussite. Un vrai plus qui lui permet d'atteindre un nouveau sommet fliretant avec un Hard Rock Classieux toujours teintés de blues. Baignant dans un univers très vintage la voix éraillée de Laura y fait des merveilles et vous emporte dans un voyage rock, blues et country de grande classe ! Après deux années chaotiques dû à la crise sanitaire la princesse Rock fait son retour sur scène avec une prestation très remarqué au Hellfest le 17 juin 2002 et un nouveau méfait Head Above Water sorti le 20 janvier 2023 ou son talent explose sur chaque titre. Trois ans auront été nécessaire à concocter ce petit joyau une fois de plus enregistré aux Studios ICP de Bruxelles par Erwin Autrique et masterisé par Ted Jensen (Eagles, Norah Jones, Green Day), lauréat de plusieurs Grammy, c'est bien connu on ne change pas une équipe qui gagne même si le fidèle Mathieu Albiac a décidé de quitter le navire très récemment ! Un opus gorgé de Blues/Rock au feeling des plus efficace à l’instar des singles “So Long” et “One Big Mess” ou Laura s’avère être une virtuose de la six corde doté d’un charisme impressionnant. Head Above Water c’est avant tout onze boulets puissant de Rock baignant dans le Southern Rock saupoudré de Country une recette qui fait partie de son ADN sans oublier AC/DC, Head Above Water c’est tout simplement du grand art. Rendez-vous était pris pour en savoir un peu plus sur ce nouveau méfait ou notre amie se livre bien plus au travers de ses textes porté par une voix unique, lyrique qui peut se faire très émouvante parfois et toujours dans la sincérité ! Une artiste est née ! Magnéto Laura c’est à toi !


Quel souvenir gardes-tu de ta participation au Hellfest 2022 ?

Laura Cox.
Un bon souvenir, ça doit être le meilleur souvenir de l’été. On a eu beaucoup de belles dates cet été. On a senti que les gens étaient au rendez-vous et cela faisait longtemps que les gens avaient envie de ressortir en festival. Je pense que cela se ressentait dans l’ambiance. En particulier au Hellfest, il n’y avait pas eu d’édition depuis la dernière édition qui était en 2019 où on a joué le vendredi en début de journée, il y avait du monde ça nous a fait plaisir. C’était assez étrange comme sentiment. On avait l’impression d’être à la maison car je vais au Hellfest en tant que festivalière depuis 2010. J’avais l’impression d’être à la maison mais de l’autre côté, dans un univers différent, un univers parallèle mais je connais ce festival par cœur, donc c’était un sentiment vraiment étrange et le concert s’est bien passé. Cela faisait longtemps qu’on l’attendait. Car la date qu’on nous avait annoncé c’était fin 2019 puis annoncé en 2020, repoussée en 2020 et repoussée encore. Je l’attendais depuis longtemps ce Hellfest. Je suis contente de l’avoir fait.

Pendant le festival tu as aussi travaillé sur des interviews pour Arte. Qu’est-ce que cela fait de soumettre à la question des légendes comme Scorpions (Klaus et Rodolphe) ?

Laura Cox.
Ce n’est pas mon job à la base. En fait comme cette année il y avait deux éditions de Hellfest, on a joué sur le premier weekend et c’est le deuxième weekend où Arte m’a invité pour faire ces interviews-là. Et puis la partie interview était facile et naturelle parce que c’était un échange. Par contre il y avait la partie présentation où là je devais faire l’intro, l’émission, une petite interview au milieu, puis l’intro avec un texte qui était appris par cœur où là ce n’était pas stressant mais fallait avoir de la rigueur et c’est un exercice que je n’ai pas l’habitude de faire donc je l’avais pas mal bossé. Finalement l’expérience a été vraiment cool, tout le monde a été content, je n’ai pas montré que c’était crevant, de bonnes journées bien remplies mais c’était aussi quelques jours de répétitions avant. C’est un exercice que je n’ai pas l’habitude de faire mais qui m’a plu. Donc pourquoi pas à l’occasion. Tout ce qui est présentation dans le domaine de la musique ou interview ça peut être cool si on me le repropose, je ne dirais pas non, je pense.

Comment s’est passé humainement la rencontre ?

Laura Cox. Ça s’est très bien passé mais je t’avoue j’étais plus stressée par la partie présentation. Ils étaient simples, ils avaient les pieds sur terre. Ça s’est passé comme moi, comme un échange entre musiciens mêmes si on n’est pas sur la même planète et pas sur le même niveau. C’était assez simple, l’échange était d’une belle simplicité et j’ai trouvé que c’était naturel donc je suis contente. Après voilà il y avait toute la procédure, c’était strict il fallait attendre. On nous laissait entrer de telle heure à telle heure et puis bon il y avait du monde pour les interviews aussi. Donc c’était marrant aussi de voir cet envers du décors que je ne connais pas trop. Après c’est un groupe que j’apprécie, ils ne font pas partie de mes grosses influences, mais en tant que rockeuse c’est un groupe que j’apprécie.

Le 18 mars 2023 tu vas jouer à la Cigale. Est-ce que tu fais une préparation spéciale pour ce genre de concert ?

Laura Cox. On a déjà un travail sur la globalité du set et du nouveau show. On vient de sortir d’une semaine de résidence où on était en répète non-stop avec le groupe pour préparer le nouveau show qui commence début mars. Et on s’y affère, on s’y attèle c’est notre activité principale du moment. Je suis dans ma période de promotion d’album et aussi en préparation du tour. Donc ce concert là je l’attends avec impatience. Il va y avoir des surprises, des Guest et ce qu’il y a de bien c’est que la Cigale c’est une salle mythique. J’ai vraiment hâte c’est vrai. C’est du boulot. Justement on est en train de bosser dessus et on va garder la trame du nouveau show que l’on va faire sur cette tournée mais avec des petits changements parce que ce sera un concert spécial, un concert de release party. On veut que ça reste ancré dans l’esprit des gens qui viendront à partir de cette soirée avec nous et je pense que ça va être une très belle soirée. J’ai hâte, j’ai un peu la pression aussi, j’ai hâte et puis je bosse. Il n’y a pas de raison pour que ça ne se passe pas bien. 

Tu reviens avec un nouvel album Head Above Water (la tête hors de l’eau). Ça veut dire que c’est tout ce que tu as vécu ces dernières années, tu sors la tête de l’eau ?

Laura Cox.C’est ça. Je me suis dit que c’est bien cette idée de titre garder la tête hors de l’eau. Je pense que d’un côté c’est un message positif, et je pense que tout le monde peut s’y retrouver et se reconnaitre là-dedans. On a tous traversé des périodes un peu difficile, et après il y a des chansons où je rentre un peu plus dans les détails. Ça reste assez ouvert comme sujet, donc je pense que l’on peut tous se retrouver là-dedans, ça peut parler aux gens. Et aussi l’idée me plaisait d’avoir ce thème autour de l’eau parce qu’il y a deux ou trois chansons qui sont autour du thème de l’eau et je trouve cette idée intéressante parce que j’ai composé la plupart des titres de l’album près de l’océan. Pendant le confinement j’ai voyagé (rires), enfin j’ai voyagé, je me suis exilé au Portugal près de l’océan et voilà ça me paraissait naturel de trouver cette trame dans l’album sachant que l’album précédent était sur le thème du feu, je me suis dit pourquoi pas partir sur l’eau cette fois.

Dans quel état d’esprit tu étais pour composer cet album avec tout ce qui nous est arrivé ? Je suppose que la composition était différente par rapport au deuxième album.

Laura Cox. Oui le process de composition était très différent. Je sais qu’il y a pas mal d’artistes qui ont profité de ces confinements, de la pandémie et tout pour se mettre à fond dans la compo, des albums sortant énormément de contenus. Je t’avoue que j’étais très peu inspirée pendant cette période, je n’arrivais pas à me sentir inspiré. Je me suis dit que cela ne servait à rien de se forcer et quand il s’agit de musique ça ne sert à rien de composer pour composer. Je préférai attendre un peu que l’inspiration revienne et de me sentir mieux, prête à recomposer. J’ai attendu un peu. Du coup en 2020 je pense qu’en terme de composition je n’ai pas fait grand-chose et c’est plus revenu en 2021. Ce process a été assez différent parce que d’habitude je suis avec les autres membres du groupe et puis on échange pas mal, puis on se voit physiquement et là comme j’étais pas mal au Portugal, j’ai écrit la plupart de mes chansons de mon côté. J’avais apporté mon petit ordi, ma carte son, un petit équipement pour enregistrer les démos que j’ai envoyé aux garçons. Quand je suis rentré on a fait des répètes et on a arrangé tout ça. Là c’était différent sous certains angles.

Est-ce que tu as composé énormément de titres et ensuite fait la sélection ou tu as juste écrit tous les titres que l’on retrouve sur l’album ?

Laura Cox. Il y en a quelques-uns qui ne figurent pas sur l’album. C’étaient des titres que j’avais déjà sur mon ordinateur depuis quelques années et que j’avais dû composer autour de 2018-2019 et finalement je ne leur avais pas trouvé de place sur cet album. Finalement ils en auront peut-être plus tard sur un autre album. On avait quelques titres en rab effectivement. Ce sont des titres qu’on n’a même pas essayer de bosser en groupe parce que je savais déjà sur quels titres se portaient ma sélection. Donc on est arrivé avec onze titres, les chansons que je voulais enregistrer. Par contre pour les prochains albums, c’est vrai que ce serait bien d’avoir un peu plus de marge, de matière et c’est vrai qu’en terme de timing, comme l’inspiration s’est fait attendre je n’avais pas tellement de temps de les composer, une vingtaine de chansons supplémentaires parce que voilà on avait ce qu’il fallait.  Cela ne servait à rien d’attendre plus. Pour les prochains albums je pense qu’il va y en avoir parce que je suis hyper motivée et inspirée en ce moment. Je commence à avoir des petites démos, des petits brouillons dans mon ordi et je pense qu’on aura matière à sélectionner des morceaux.

Est-ce que le fait d’avoir écrit au Portugal à un impact sur la genèse de l’album ?

Laura Cox. Oui je pense que ça se ressens aussi. Sans parler de Portugal on était dans une période sans concert, sans festival, le fait de ne plus trop sortir dans ce genre d’événement et le fait de me retrouver un peu dans la nature, on a un résultat qui est plus posé. Je sens que ça se ressens. De toute façon après j’avais envie de rester dans le domaine du rock. Ça ça ne changera pas. Effectivement je n’avais pas envie de hurler sur cet album, je voulais bosser un peu plus le truc et trouver d’autres moyens d’être rock. Je l’ai plutôt pensé comme ça.

Tu es retourné au même studio que pour le second album, au studio ICP à Bruxelles produit par Erwin Autrique. Comment s’est passé l’enregistrement par rapport au deuxième ? Qu’est ce le fait de reprendre la même équipe ta apporté plus de sécurité ?

Laura Cox. Effectivement j’en avais déjà parlé avec le label et on s’était dit vu que ça a bien fonctionné pour le deuxième album, quand ils m’ont reproposé l’ICP, moi j’ai dit oui avec un grand plaisir parce que je savais comment ça s’était passé pour le second album et puis ça me faisait plaisir d’y rebosser. Je savais ce que j’allais attendre, ce que j’allais retrouver, ce qui m’attendait en fait donc ça avait un côté rassurant comme d’enregistrer un peu à la maison. Erwin on le connait c’est un super ingé son et professionnel. Il sait dire quand les choses ne vont pas, il est sympa c’est ingé son il est super avec plein de matos vintage et puis on a passé deux semaines. On a enregistré l’album comme ça. J’y suis retourné un peu pour faire des instruments additionnels un peu plus tard car il me manquait un peu de temps. J’étais contente de retourner à l’ICP, je ne vais pas enregistrer tous mes albums là-bas mais je le sentais bien pour cet album-là. Ça avait ce côté rassurant d’enregistrer dans un endroit qu’on connaissait et comment ça sonne et ça s’est superbement bien passé. Je pense que plus les enregistrements d’album passent plus je me sens à l’aise, je pense que c’est normal. Il y avait moins de pression pour celui-là. Tout le monde m’a mise en confiance. On était dans une meilleure dynamique clairement que pour les deux précédents albums. La dynamique de travail était tranquille mais studieuse car on bossait. On ne passait pas notre journée à rigoler mais ça s’est vraiment bien passé.

Est-ce que tu t’es posé des défis en entrant en studio au niveau vocal ou pour les guitares sur certains morceaux ?

Laura Cox. Je pense que la grosse pression à chaque fois c’est le timing, parce qu’on ne peut pas faire ce que certains groupes faisaient à l’époque. Encore maintenant passer six mois dans un studio, dans une maison studio, prendre notre temps et enregistrer quand on veut, là c’était timé. Comme je suis assez organisée à ce niveau, un peu, pas mal maniaque de l’organisation, j’avais fait un planning très clair par jour et parties de journées. On fait telle chanson, telle partie, tel truc. Tous les jours on pouvait voir si on avançait au bon rythme ou pas. On savait où on en était et si on allait être dans les temps. Je pense que la petite pression c’était surtout le timing. Le reste comme on avait déjà enregistré des démos ensemble avant. On avait toutes les chansons versions maquettes donc je savais plus ou moins à quoi m’attendre en termes de guitares. Mais bon c’est toujours plus compliqué quand on est en studio, que quand on enregistre pour de vrai parce que chez soi on a tout le temps. Il n’y a pas de pression. Effectivement c’est plus compliqué à enregistrer quand on a l’ingé qui appui sur rec. et qui dit vas-y c’est à toi. J’ai aussi eu des surprises parce qu’il y a eu des chansons que je pensais facile à chanter que j’ai eu vraiment de mal à sortir et d’autres où je me suis dit putain je vais galérer et en fait elles sont passées toutes seules. Je me suis surprise toute seule. Je pense que c’est dur de s’y préparer au studio car il y a toujours une part d’inconnu là-dedans mais bon c’est ce qui fait la beauté du truc aussi.

Est-ce que tu penses avoir progresser vocalement et appris au fil des années et des tournées?

Laura Cox. Je ne suis pas sûr d’avoir progresser techniquement vocalement mais j’ai progressé dans le sens où je sais maintenant comment ma voix sonne, comment l’utiliser, j’ai une meilleure connaissance de moi-même en fait. Je pense que j’ai progressé à ce niveau là parce qu’après avec tous ces mois sans concerts c’est dur. Autant la guitare je la joue quasiment tous les jours c’est facile à pratiquer chez soi. En revanche la voix c’est dur de se motiver, quand il n’y a pas de concerts à faire, des routines d’entrainements des échauffements si je ne chante pas. C’est vrai tous ces mois sans concerts je ne suis pas sûr que ça m’a fait du bien à la voix parce que je suis sûr que j’ai un peu perdu. Reprendre les concerts j’ai senti que ma voix était plus fragile qu’avant parce que c’est comme les entrainements sportifs, c’est comme les sportifs si tu ne fais rien pendant six mois un an tu le ressens sur tes muscles. La voix il ne faut vraiment pas que je la néglige et que quand on n’a pas de concerts que quasiment tous les jours j’essaie de me motiver à faire des routines d’échauffement pour la garder en forme parce que sinon quand on repart en tour je le sens qu’elle est fatiguée. Mais voilà la guitare j’aime la jouer partout, ça ne fait pas de bruit quand je ne la branche pas. Je me sens mal de faire ça chez moi en appartement que je dois crier. Faire des échauffements ce n’est jamais très agréable à entendre. Je suis toujours un peu gênée de faire ça chez moi car c’est assez fort et assez désagréable à entendre.

Les deux titres sont sortis avant la sortie de l’album « So long » et « One big mess ». Est-ce que c’est une longue réflexion de sortir les morceaux qui vont représenter l’album ?

Laura Cox. Je pense qu’il se dessine assez naturellement, c’était aussi un choix du label. Je ne l’ai pas décidé toute seule mais de toute façon il y avait des titres qu’on a directement mis à l’écart parce qu’on savait, ce sont des très belles chansons, mais on savait qu’elles n’avaient pas le profil pour être mises en avant comme les singles. Et on savait aussi qu’après pas mal de mois sans activités en termes de sorties d’albums et de nouvelles chansons on avait envie de réveiller un peu les gens de partir sur une première chanson assez énergique, assez rock et puis ensuite faire un petit virage ou l’on montre mes côtés un peu plus country. On s’est dit que ça montrerait un panel assez sympa pour rentrer dans cet album.


Est-ce qu’il y a des textes qui te touchent plus émotionnellement, humainement dans cet album ou tu te sens plus investie personnellement ?

Laura Cox. Oui ce sont toujours les chansons les plus douces où je m’investis le plus en termes de paroles et d’émotions. Quand c’est plus rock j’ai tendance à faire des textes un peu plus léger. Je pense que c’est le cas pour beaucoup de monde, donc effectivement tout ce qui est un peu plus ballade, tout ce qui est plus soft et c’est vrai que pour la première fois j’ai mis plus de moi-même dans les chansons. Je pense que sur les précédents albums j’avais tendance à chanter à être distante par rapport à mes textes. Là je chantais à la place d’imaginer des personnages, d’imaginer des situations fictives. Je pense que j’avais besoin de garder une distance, j’avais peur de me dévoiler trop parce que je n’aime pas trop parler de choses personnelles mais au final je ne vais pas dire que chaque chanson est personnelle mais je pense que c’est aussi pour ça qu’on fait de la musique et c’est aussi ce que les gens veulent entendre, de me connaitre mieux à travers la musique donc je me suis dit un moment il fallait peut être entrer un peu plus dans l’émotion et dans des choses qui me touchent et qui me sont plus personnelles.

Si tu devais choisir un texte qui te ressembles le mieux ce serait quel morceau ?

Laura Cox. Peut-être « Old soul » qui ne parle pas de moi pendant toute la chanson, mais qui me représente assez. Ce serait surement celle-ci je pense.

J’ai vu que Mathieu Albiac a quitté la formation. Est ce qu’il a participé à l’album ou pas du tout ?

Laura Cox. Si, Si. Mathieu a quitté le groupe récemment. Il a participé moins à l’écriture parce que c’est vrai sur les albums précédents on faisait tout en duo. En fait on composait tout à deux. Sur celui-là le process de composition comme je te le disais a été différent parce que je n’étais pas physiquement présente avec les garçons donc j’ai fait quasiment tout moi-même mais il a quand même apporté pas mal de rythmes d’instrumentaux les plus rocks. Donc c’est lui qui a toujours poussé pour le coté hard. Il y a trois quatre morceaux ou c’est lui qui a apporté les riffs principaux, les structures et les instrumentaux. Il était là évidement en studio comme d’hab, on s’est partagé les parties de guitares.

As-tu été surprise par sa décision car il est à tes cotés depuis le début avec toi ?


Laura Cox.
On a fondé le groupe ensemble et je n’étais pas surprise de son départ car c’était ma décision. On en parlait depuis plusieurs mois en fait on se rend compte que faire de la musique ce n’est pas un job de bureau normal en plus du professionnel il y a énormément de côté humain, le coté émotionnel et personnel qui parfois prend le dessus et je pense qu’avec Mathieu on a tellement tout partagé ces dernières années qu’à un moment on s’est rendu compte que, enfin surtout moi, ça nous empêchait d’évoluer indépendamment l’un de l’autre ailleurs individuellement. On a tellement été fusionnel, humainement, musicalement que je pense pour notre bien être et pour notre développement il vaut mieux qu’on prenne… Voilà tout ça reste dans le domaine du personnel, compliqué à expliquer mais musicalement ça marchait. C’est juste que là j’ai besoin de faire une pause parce qu’on a vécu tellement de choses. Je n’arrive plus à travailler avec lui et j’espère que cela nous fera du bien et on en tirera du positif d’arriver à prendre des chemins. Enfin vivre indépendamment l’un de l’autre, à évoluer et à se créer notre propre vie. Et on va voir comment ça évolue. J’espère avoir pris la bonne décision. Je ne savais pas si j’étais capable de jouer et d’assurer la guitare seule, si j’étais capable de jouer sans lui parce que comme tu l’as dit on a fondé le projet ensemble. Contrairement à certains musiciens qui ont plus leurs projets, qui ont pas mal de choses et tout, moi je ne connais que moi et Mathieu à la guitare. Si je me plantais à la guitare ce n’était pas grave car il y avait toujours quelqu’un pour rattraper. C’était assez confort et je me suis dit, est ce que je vais y arriver ? Finalement je me suis surprise moi-même à réussir. Les concerts marchent ça se passe bien et ça me donne plus de confiance en moi. Je pense que c’est aussi un défi que j’ai décidé de relever et qui pour l’instant j’arrive à assurer le job, j’essaie de voir le positif. On va avancer de l’avant et on va voir comment tout ça va avancer.

Est-ce que tu as l’impression que c’est quelque part un second départ puisqu’il ne reste plus que toi si on remonte au tout début du combo ?

Laura Cox. Peut-être pas un second départ mais un nouveau tournant et sachant aussi qu’on a essayé à introduire un clavier dans l’album. Et j’avais aussi envie d’en avoir un sur scène. Là il y a un clavier qui s’ajoute à notre line up sur scène donc je ne dirais pas un nouveau départ mais un vrai tournant, avec les mêmes compos toujours rock mais avec des arrangements différents, avec des ambiances différentes aussi. Et aussi pour moi ça me fait du bien de renouveler tout ça. Je pense aussi pour les gens qui nous voient en concert depuis des années entendre une chanson sous un angle différent avec des ambiances différentes je pense que ça va donner un peu de fraicheur au set.

Justement tu me parlais de l’arrivée de ce clavier, c’est tout récent. Est-ce que tu penses que ça va avoir un impact sur les futures compositions ?

Laura Cox. Déjà en live ça nous apporte beaucoup plus de liens, c’est ça que j’aime même pour les transitions tout est plus fluide. J’aime beaucoup ce que cela nous apporte à ce niveau-là, ce lien qu’on n’avait pas avant. En fait ce qui s’est passé pour l’album il y avait quelques chansons où je sentais bien le clavier, j’avais envie d’essayer d’engager un musicien de session sur quelques titres. Le clavier est assez discret mais bon ça s’est bien passé et je me suis dit que j’avais aussi envie de l’avoir en live quitte à l’avoir sur quelques morceaux autant l’avoir sur tout le set. On a trouvé donc quelqu’un d’autre. Ce n’est pas la même personne qui a enregistré en studio qui est avec nous en live. Cette personne est arrivée et doit créer des parties parce que sur la plupart de nos morceaux il n’y a pas de clavier, donc comme on a une guitare qui est partie, je lui ai dit que j’avais besoin d’une assise rythmique pendant que je fais les solos car je ne veux pas me retrouver toute nue que ça sonne vide, creux. Il arrive vraiment bien à assurer cette base rythmique, ça met du louange et une base solide. On a un son un peu gras, un peu saturé qui peut rappeler une guitare. C’est une ambiance différente mais j’aime la tournure que ça prend. Après la composition je la pense de la même manière qu’avant et c’est vrai, tu es le premier à me poser cette question, je n’ai pas encore commencé à aborder vraiment sérieusement la composition du prochain album, mais je pense que je vais la penser comme je faisais avant et puis lui, il proposera et on verra comment ça se construit mais je n’ai pas envie que déjà, composer avec qu’est-ce que l’on va faire du clavier, comment le mettre dessus, ça ce sera son job. Voilà moi je joue de la guitare et du chant et les garçons font le reste.

Comment décrirais-tu cet album musicalement par rapport aux deux précédents « Hard Blues Shot » et « Burning Bright » ?

Laura Cox. Il est un peu plus posé. Je dirai que là je savais où je voulais aller. Je voulais un album un peu moins hard, rock mais un peu moins hard donc je dirai qu’il est un peu plus personnel, un peu plus posé. Et que j’ai voulu ouvrir un peu d’autres ambiances en introduisant plus d’instruments additionnels comme le banjo, le lap-steel, donc il est un peu plus riche je dirai.

J’ai vu sur ta page Facebook que tu as fait l’objet d’un reportage sur la chaine allemande WDR. Quel a été ton sentiment d’être mise en avant sur une grande chaine de télé allemande ?

Laura Cox. C’est très flatteur surtout à ce point-là de ma carrière où je suis encore une artiste en développement. Il y a une carrière qui débute donc j’étais super flattée qu’on me fasse cette proposition. Après j’ai du mal à me rendre compte parce que je ne suis pas allemande, je ne connais pas leur chaine de télé, je ne connais pas leurs programmes mais apparemment je sais que c’est une des chaines principales, des reportages et des documentaires assez connus là-bas. Donc c’était un honneur et je ne me rends pas compte car je pense que je n’ai pas assez de recul pour mais je suis très contente d’avoir eu cette opportunité.

L’album a été masterisé par Ted Jensen. Qu’est-ce que tu recherchais en faisant appel à lui ?

Laura Cox. Alors c’est le label qui me l’a proposé et je n’allais pas refuser car je connais son travail. Énormément d’albums dans ma collection qui ont été masterisés par lui. Donc c’était un honneur de pouvoir travailler avec lui. Je ne l’ai jamais rencontré mais je suis très contente du travail qu’il a fait sur notre album en fait. Il a sublimé ce qu’on lui a envoyé. Évidemment on reconnait notre patte, notre son et tout notre touché mais il nous renvoie les chansons, c’est comme les chansons qui prennent vie en fait. Il rend ça vivant, il donne sa petite touche là-dessus, ça donne vie aux chansons. Je suis très contente du travail qu’il a fait là-dessus. Tout est plus clair, tout est plus défini.

Est-ce que c’est facile de travailler avec lui ? Est-ce que tu lui donnais ton avis sur le son que tu voulais obtenir ?

Laura Cox. Alors le mastering c’est vraiment la dernière étape au niveau du son sur l’enregistrement. Tout était déjà finalisé et puis lui il applique un traitement global track by track et du coup il nous a envoyé il me semble qu’on a eu le droit à plusieurs versions. Ou alors on était déjà satisfait de la première, je ne me rappelle plus exactement sur ce mastering là comment ca s’est passé mais en tout cas, non je crois qu’il nous a envoyé qu’une version et on était satisfait. Il n’y avait rien à redire on en est resté là. Ça s’est passé de façon fluide et professionnel. J’en suis très très contente.

Comment te sens tu juste avant la sortie de cet album sachant qu’à partir du 20 janvier tout le monde pourra le découvrir ?

Laura Cox. Ben j’ai hâte parce qu’on l’a enregistré il y a quasiment un an. On l’a enregistré en février et puis voilà ça fait longtemps que je connais ces chansons et j’ai envie de les partager avec tout le monde. Là c’est vraiment juste une excitation, j’ai un peu de pression pour tout ce qui va être de l’ordre du show, du tour parce qu’il y a énormément de travail à mettre en place. Mais bon pour l’album c’est déjà fait, il y a juste à attendre la sortie et profiter. J’ai vraiment hâte, je suis contente de la promo qui est engrangée. Tout se passe bien, je suis super excitée.

Qu’est-ce que tu as envie de rajouter par rapport à cet album, à ta personne en tant qu’artiste ?

Laura Cox. Non j’ai envie que chacun prenne cet album comme il a envie de le prendre. J’espère qu’il plaira. En tout cas moi il me plait. On l’a enregistré assez serein en studio. Comme je le disais la dynamique de travail était super bonne et je pense que ça se ressent. Tout était posé. Moi ça me fait plaisir de livrer un album que je trouve plus abouti que les précédents et j’ai vraiment hâte d’avoir le retour du public. J’attends ça avec impatience en espérant que ça leur plait et ça va peut-être nous ouvrir aussi un public un peu plus large parce que du coup il est un peu plus soft. Mais on verra et j’espère que les rockers vont continuer à nous suivre en live et même sur le cd il y a quand même du rock. Voilà. Super excitée au niveau de l’accueil. J’attends ça avec impatience.


20 Janvier 2023
Pascal Beaumont / Photos Le Turk

Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)


Laura Cox Autres lien :

LAURA COX // Photo Report // Massy Paul B Vendredi 4 Juin 2021.

LAURA COX BAND et Howard // Live Report : Vélo Sur Seine - Ris Orangis Stade La Truberce 12 Juillet 2020.

LAURA COX // Interview // Burning Bright // Aout 2020.

GAELLE BUSWEL et LAURA COX BAND // Live Report : Beauvais Blues autour du zinc 19 Mars 2019.