jeudi 23 février 2023

RENAUD HANTSON // INTERVIEW // Nostalgic Memories - Décembre 2022.


Aujourd'hui, place à une belle rencontre, un moment d'échange privilégié avec Renaud Hantson, écorché vif et vrai rebelle au cœur tendre, une après-midi entière où, ne voyant pas les minutes passer, nous avons ainsi pu entendre Renaud se confier sur des sujets forts, parfois douloureux, toujours sincères et très personnels. Renaud est un véritable artiste en ce sens qu'il fait partie des gens qui ne savent pas mentir et offrent des purs moments de vérité.

Voici la première partie de cette interview, encore un grand merci à Renaud de nous avoir fait confiance et de nous avoir ouvert son cœur.



Tu es né à Paris en 1963 Comment s'est passée ta jeunesse, et quels souvenirs gardes-tu de tes premières années, l’adolescence, l'école, de tes amis et ta famille ?


Renaud Hantson
- J'ai commencé la musique à 6 ans grâce à la sœur d'un copain d'école maternelle qui écoutait du rock des années 70. Elle écoutait Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath, Les Beatles, Les Rolling Stones, Humble Pie, Grand Funk Railroad, Mountain. Ça, c'est tous les groupes qui m'ont inspirés. Cactus, Budgie, tous ces groupes, je les ai découverts grâce à la soeur de Benjamin, mon pote, qui était guitariste. Son père, d'ailleurs, était guitariste de Jazz. Et moi je chantais par la force des choses car on ne trouvait pas de chanteur. Je me suis monté une fausse batterie avec des barils de lessive. Alors, Omo, Dash, Ariel pour ne citer que quelques marques et on a commencé comme ça. Jusqu'au jour où mes grands-parents m'ont acheté les premiers éléments d'une batterie. Une caisse claire et une cymbale. Et la deuxième année c'est chez Paul Beuscher, pour ne pas les citer, célèbre magasin de musique à la Bastille qu'ils m'ont acheté le reste de la batterie. C'était une batterie à mille balles, une Peters! L'année d'après on a voulu compléter les éléments mais il n'y avait plus la même couleur. Donc, 2/3 ans plus tard j'ai effectué mon premier job d'été et je me suis acheté ma première batterie. Pour l'école, c'était cursus normal. De la maternelle au bac, que j'ai brillamment raté, avec mon pote Benjamin qui est toujours guitariste et musicien de studio. On a fait tout le cursus normal. A l'époque soit tu faisais C scientifique, D scientifique ou A littéraire. On était au Lycée Charlemagne, un bahut scientifique et on a choisi A puisqu'on était des rebelles. Donc c'était la section dépotoire du Lycée Charlemagne mais nous on faisait de la musique et aujourd'hui on est des rock stars (rires)


Quelles ont été tes premières découvertes musicales, tes premières influences et tes idoles ?

Renaud Hantson
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C'est ce que je t'ai dit. Mes premières influences c'est ce qu'écoutait la soeur de Benjamin. Elle écoutait beaucoup de choses, Crosby, Stills, Nash and Young, Simon And Garfunkel mais nous on a choisi la tendance dure. Ce qui nous a plu c'est Led Zeppelin et j'ai eu la chance d'avoir un instituteur avec lequel, j'ai pu reprendre contact il y a dix ans et que j'ai retrouvé grâce à un ami flic, un vrai ami que j'appelle mon Profiler car il a réussi à me retrouver mon instituteur grâce à qui, à l'âge de 9 ans, j'ai pu aller voir Led Zeppelin en 1969 au Palais des Sports de Saint-Ouen. Alors toi qui sait, puisque l'on s'est connu dans les conventions du disque, tu sais combien les mecs de notre génération aiment collectionner. Comme si c'était des figurines Panini avec des footballeurs sauf que nous on collectionne la musique et, donc, je recherche toujours des pirates de Led Zeppelin, de Black Sabbath, toute cette époque là. Parce qu'en fait mon instituteur est venu me voir, il y a très peu de temps, à Concarneau où je donnais un concert en hommage à Michel Berger. Il est toujours musicien. Il à 70 ans et c'est un mec qui nous a fait écouter Deep Purple en classe en 9ème et en 10ème. Il nous a eu 2 deux ans. J'ai eu la chance d'avoir aussi un truc avec lui. C'est que l'on a eu droit d'avoir des cours d'anglais avant le bahut car il était prof d'anglais. Il était instituteur mais avait fait des études d'anglais. Donc ça a été une chance inouïe. Parce que c'est le genre de mec qui nous a fait écouter du rock en classe, qui m'a emmené voir Led Zeppelin en demandant à Benjamin s'il y allait avec sa famille auquel il a répondu oui et en me disant, et toi Renaud est-ce que tu veux voir Led Zeppelin? N'ayant personne pour m'emmener, et face à mon désarroi, il m'a invité avec ses potes qui étaient profs ou étudiants, je ne me souvient plus. Et voilà ce sont mes influences. On a choisi la tendance hard rock de tout ce qu'écoutait la soeur de Benjamin.

A quel âge as-tu commencé à apprendre à jouer d'un instrument puis commencé à écrire tes premières chansons ?

Renaud Hantson
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J'ai commencé la batterie à 6 ans. On a été, Benjamin et moi au conservatoire du 4e arrondissement de Paris de l'âge de 9 ans à 11 ans puisque nous habitions respectivement dans les 3e et 4e arrondissements. J'ai refais du conservatoire à 16 ans jusqu'à 19 ans, année de la sortie de mon premier album de Satan Jokers où j'ai obtenu un prix d'excellence à la batterie. Là, c'était un gros conservatoire avec un des plus grands professeurs de batterie et de caisse claire en France. Paix à son âme, mon prof  Guy Lefebvre était un des plus grands. Il avait conçu des méthodes de caisse claire. Il était tambour major à l'armée. C'était vraiment un grand musicien qui a formé beaucoup de batteurs de ma génération. Je crois qu'il m'aimait bien car j'étais son élément rebelle, le rocker avec les cheveux longs. C'était une belle époque.. Mes premières chansons, je les ai écrites avec Benjamin. On déconnait, moi sur mes barils de lessive, lui avait une petite guitare flamenco, son père était guitariste de Jazz donc c'était plus facile pour lui. Mes parents ont divorcé et ma mère était la seule à gagner sa vie pour m'élever. J'ai vécu dans un HLM, mais je n'ai jamais manqué de rien... Ma première chanson, c'était à 9 ans. Je crois que j'ai des K7 de ça. Il faudrait que je sorte les K7 de Renaud Hantson à 9 ans. Je suis sûr que si on les remasterise, ça devrait être drôle.

Te souviens-tu de tes premières créations ?


Renaud Hantson
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Ma première création c'est ça, à 9 ans ! Je me souviens du premier concert, on a 14 ans. C'est sur une péniche et c'est catastrophique. A l'époque on avait pas d'expérience et Benjamin ne savait pas qu'une guitare, quand il fait très chaud et qu'il y a beaucoup de monde, ça se désaccorde. Il y avait tous nos copains de classe et c'était blindé. Donc il a joué avec une guitare désaccordée tout au long du concert. Moi, je ne savais pas qu'avec la tension nerveuse, j'allais taper comme un sourd et chanter en même temps. J'étais essoufflé et je commençais a avoir des crampes. J'étais tétanisé, ce qui n'arrivait jamais tant qu'on répétait dans le HLM de ma mère. Parce qu'on jouait super léger. Sauf que là je tape comme un bourrin pour, vraiment, que l'on ait du volume, que ça soit rock. Et je tétanise. J'ai la main qui se crispe donc je ne peux plus passer aucun truc difficile. On a toujours aimé depuis l'âge de 7/8 ans, période ou l'on a commencé la musique. Moi j'ai démarré la batterie vers 7 ans. A 9 ans nos parents nous inscrivent dans un petit conservatoire de quartier et toute l'expérience s'est faite dans des locaux de répétition et lors de ce premier concert, qu'on organise, nous même, à 14/15 ans. On s'appelait "Wrath", imprononçable pour les français. Ce qui veut dire colère. Car dans la section littéraire où nous étions on avait lu "les raisons de la colère" et on avait vu la traduction. De "Wrath" on est passé à "Tract" car il y avait un groupe qui cartonnait en France et qui s'appelait "Trust". Groupe qui nous a énormément inspiré. Et j'ai toujours dit que si j'avais monté Satan Jokers, c'était le contraire de Trust. C'était plus gothique, inspiré par Black Sabbath, Judas Priest. C'était pas du tout politisé comme Trust. Ils ont ouvert la voie, donc on a monté un groupe qui s'appelait "Track" qui reprenait presque le logo de Trust avec un A comme anarchie. C'était pas inintéressant. Et sur cette péniche j'ai compris tout ce qu'il ne fallait pas faire. Avec le guitariste qui jouait à moitié faux parce que sa guitare était désaccordée, un bassiste qui faisait ce qu'il pouvait mais qui a mis de l'ordre dans la maison, Laurent Bernat  paix à son âme et qui est le mec avec lequel j'ai monté, par la suite, Satan Jokers. Un grand bassiste. Et moi qui chantait en même temps que je jouais de la batterie. Donc, il n'y avait pas de jeu de scène. C'est bien des années plus tard que je suis passé devant et que j'ai commencé à avoir ce contact avec le public. Jusque là j'étais bloqué derrière ma batterie et c'était difficile de faire bouger les gens et d'avoir un contact avec le public. Quels souvenirs !

A 16 ans tu reçois le prix d'excellence du conservatoire, quels souvenirs gardes-tu de ces moments-là ?

Renaud Hantson - C'est un souvenir un peu spécial parce que j'ai pris 3 cours chez un particulier... que je peux nommer. Après, il a monté une très grande école à Paris. Il s'appelle Daniel Pichon. Et il se trouve que le jour où je passe le prix d'excellence et le prix supérieur, les deux diplômes les plus importants au conservatoire, je les passe en une seule fois. Et je vois que c'est Daniel Pichon le président du Jury. Moi, j'ai pris trois cours privés chez lui et il passait son temps au téléphone. Donc, si tu veux, il ne m'a pas appris grand chose. Je préviens Guy Lefebvre mon prof, celui que j'appelle aujourd'hui mon petit pépé parce qu'il était déjà âgé mais il était tonique. Un mec d'une énergie incroyable. Quand je me suis inscrit au conservatoire, il me disait "Hantson, toi tu sais déjà tout faire, t'es un tueur. Alors tu ne viens pas. Tu viendras juste les deux derniers mois pour qu'on prépare le diplôme et le reste du temps j'irais au café boire du rouge". Il a fait ce que je fais aujourd'hui. Il a bu un coup de rouge toute l'année en pensant à moi et en se disant Ok, on va préparer le diplôme les deux derniers mois comme ça Hantson il n’emmerdera pas puisque c'est un rebelle et qu'il est chiant. En même temps j'avais déjà sorti un premier album et il était très fier. J'avais déjà sorti "Fils du métal" avec Satan Jokers. Tout ça pour dire qu'on prépare le diplôme pendant un mois et demi en me disant ce qui risque de tomber comme examen. Et il y a Daniel Pichon président du jury. Je préviens Guy et lui dit "Ce mec là, j'ai pris 3 cours avec lui, il ne sait rien faire". Je l'avais vraiment mauvaise. Alors que Daniel Pichon est, en fait, un vrai professeur.

Le problème c'est qu'il a saqué tout le monde. Et des 80 familles qui étaient présentes pour voir leurs gosses obtenir un diplôme, tu as 74 ou 76 candidats qui n'ont pas eu de diplôme ce jour-là. Il a dit un truc en remettant le prix supérieur et le prix d'excellence à la dernière seconde, puisque l'on était au moment du dernier examen que toutes les familles regardaient. Les 4 élèves qui ont passé les diplômes ce jour-là étaient le haut du panier et
Daniel Pichon a dit "Je sais que j'ai déçu beaucoup d'entre-vous mais ma présence, aujourd'hui, signifie que les conservatoires parisiens, de banlieue et de province ne doivent plus donner, à l'emporte-pièce, des diplômes à des gens qui ne le méritent pas. Il y a aucune raison pour que ça se passe comme ça. C'est pourquoi cette année !.. Et là je regarde Guy et je lui dit "Je vais lui péter la gueule". A l'époque je faisais du Kung Fu. Et là il rajoute un truc tout à fait honorable. "C'est pourquoi, aujourd'hui, le seul élève qui aura le prix d'excellence, c'est Renaud Hantson. Donc j'ai compris la démarche. J'ai été attristé par tous les élèves qui étaient là et qui ont raté leur examen et les familles surtout. Moi, j'étais au conservatoire de Fontenay-sous-Bois et Guy était un grand professeur. Il faut savoir que c'est lui qui a fait que dans les conservatoires nationaux la batterie existe, désormais, en tant que telle. Avant c'était les percussions, la batterie n'existait pas. Tu vois, on aborde un peu de culture dans cet interview qui n'est pas seulement qu'à ma gloire. Un hommage à  Guy Lefebvre mais également à Daniel Pichon Parce que, quelque part, il a toujours son école de batterie. Je pense qu'il ne passe plus son temps au téléphone. Je pense qu'il donne de vrais cours et j'étais très fier, ce jour-là effectivement, que le seul à obtenir le prix supérieur et le prix d'excellence ce soit moi. Mais il a tellement fait durer le suspense et il l'a dit d'une telle manière que j'ai été voir Lefebvre et lui ai dit que j'allais lui péter les dents. Ca veut dire que personne n'avait le diplôme. Il y en avait deux autres qui ont obtenu un diplôme dans le moyen 1 et le moyen 2, un autre le prix supérieur et c'est pour ça qu'aujourd'hui, sur les 3 élèves qui ont passé le concours il n'y aura que ... J'étais heureux. Ça fait longtemps que je n'ai pas raconté cette histoire. Tu m'as replongé dans un passé lointain

Te souviens-tu du tout premier concert que tu as donné ? De la ville et/ou de la salle ?

Renaud Hantson
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Je te l'ai dit. Le premier vrai concert c'est sur une péniche avec tous les problèmes qu'il y a eu. Je crois me souvenir que ce concert était organisé par Blasphème Un groupe de Hard Rock, des potes à moi. Enfin c'était un festival très bancal et nous on était les jeunes du festival, du moins le groupe le plus jeune. On avait 15 ans. Mais ma première vraie scène, c'était dans un club méditerranée. Ma mère avait divorcé de mon père que je n'ai revu que 20 ans plus tard et à l'âge de 9 ans j'ai joué "Satisfaction" avec des GM, des gentils membres, c'était organisé par des GO, des gentils organisateurs. C'était une soirée dédiée au rock. Il n'y avait que des jeunes de 25/30 ans et personne ne s'inscrivait pour la batterie. Du coup, je dis "ben moi". Les mecs me regardent en disant "Pas toi, on va jouer les Stones" et je répond "ben ouais". Et donc on fait une répétition. Là, tout le monde me regarde et me porte déjà en triomphe en me disant que je suis la valeur sûre du concert de ce soir. Et il y en a eu que pour moi. Et le truc incroyable c'est que faire de la musique attire le regard. Mon premier flirt a eu lieu deux jours après avec une petite belge qui m'a fait un bisou sur la bouche sur un tatami, la nuit. Il y avait des cours de Judo, d'Aïkido car le club Med, c'est plein d'activités. Ma mère voulait bien faire et voulait que je sois occupé. Et puis ça lui permettait peut-être de faire des rencontres. Ce que je ne crois pas car je ne l'ai jamais vue avec un homme après le divorce. Elle en a connu paraît-il, c'est ce qu'elle me dit. J'ai toujours du mal à la croire mais je pense qu'elle ne me ment pas. Tout ça pour dire que j'ai joué "Satisfaction" à l'âge de 9 ans dans un club méditerranée en Yougoslavie. Donc mon premier concert c'était déjà une tournée mondiale (rires).

En 1983 tu fondes Satan Jokers, raconte-nous ta rencontre avec les autres membres du groupe et vos débuts ?

Renaud Hantson - En fait c'est le fameux bassiste qui a joué sur la péniche. C'est d'ailleurs le seul qui s'en est sorti royalement. Il avait un gros ampli orange, de la marque du même nom. Il avait une basse Laurent Bernazzani. Laurent Bernazzani qu'on a appelé ensuite Laurent Bernat pour sa façon Italo quelque chose... J'ai monté un groupe qui s'appelait Jarretelle avec lui et qui est devenu, avec le fils de l'intendant du lycée Charlemagne, Satan Jokers. Il y avait un mec qui s'appelait Herve Perrault à la guitare, Laurent Bernat à la basse et moi au chant et à la batterie. Et là, je leur dit que Satan Jokers ne peut être un trio. J'adore pourtant, Cream, West Bruce and Lane, Grand Funk Railroad, Hendrix. La formule trio c'est la base du rock'n'roll mais il y avait besoin d'un showman, besoin d'un mec devant. Et moi, je ne me sentais pas lâcher les baguettes. Je n'arrivais pas à trouver un mec qui puisse apporter la même pulsation et la même technicité que ce que je mettais, à l'époque, dans le jeu de batterie. Et puis je voulais quelque chose qui soit un mélange de hard rock et de Jazz rock. Je voulais un truc entre Magma et Led Zeppelin. Mais surtout, je voulais quelque chose techniquement au dessus de la norme, enfin c'est ce à quoi j'aspirais. Des fois c'était un peu naïf et ça a mal vieilli parfois mais c'était pas si mal que ça. C'était en avance... Donc, je passe une annonce dans le magazine Best. J'avais mis "Groupe aimant Black Sabbath, Led Zeppelin, Judas Priest cherche chanteur visuellement présent en vue d'album et de concert". Et il y a un mec Pierre Guiraud qui répond, un mec de Toulouse qui vivait à Paris à ce moment là puisqu'il bossait pour la SNCF. Il a tout lâché et s'est donné à 100% dans le groupe. C'était pas un grand chanteur mais c'était un grand showman. On a appris ensemble. Je lui ai appris des trucs, il m'a appris d'autres choses. Nos idoles étaient David Coverdale pour lui et Glenn Hughes pour moi. C'était mon super pote. On aimait les indiens tous les deux et on aurait aimé l'être. On ne l'as pas été mais on est devenu des rockers et on a monté Satan Jokers. Satan Jokers a existé dès que Pierre Guiraud est entré dans le groupe.



D'ou viens le nom de Satan Jokers ?

Renaud Hantson
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C'est marrant que tu me poses cette question car, comme tu peux le voir, j'ai sorti ce sweat shirt qui est à l'honneur des Hell's angels. 8, ça veut dire H. C'est la huitième lettre de l'alphabet. 1, c'est la première lettre. Ça veut dire Hell's angels. En fait ça veut dire que tu soutiens ton club de Hell's angels local. Je suis ami avec certains membres de ce club de motos célèbre. J'avais le livre de Hunter S. Thompson un américain qui avait mené une enquête sur le gang des hell's angels aux États-unis à la création du gang des motards. C'était très sulfureux à cette époque. D'ailleurs je crois que ça s'est mal terminé pour lui mais en tout cas, il a sorti son bouquin. Il y relatait le parcours de deux bandes de motards plus ou moins amis/ennemis des Hell's. C'était les Satan Slaves et les Gypsy Jokers. J'ai contracté les deux noms, donc Satan Jokers et c'est devenu le nom du groupe. Je cherchais un nom qui sonne un peu comme Judas Priest ou Black Sabbath. Un nom qui sonne français et anglais. Et j'ai trouvé le logo durant les trois jours que j'ai passé à l'hôpital pour une appendicite. Donc comme je n'avais rien d'autre à faire que d'avoir mal au ventre j'ai dessiné le logo du groupe en m'inspirant du tatouage que j'avais depuis des années avec le S et le J... c'est des souvenirs tout ça !! Et c'est marrant que tu me poses cette question le jour où je porte ce sweat shirt. Un hommage à ceux pour qui j'ai fait plusieurs concerts et au plus grand club de motos au monde.

En 1986 tu choisis de démarrer une carrière en solo : pourquoi ce choix ?

Renaud Hantson
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C'est très simple. J'ai toujours écrit les mélodies et la plupart des textes de Satan Jokers et même quelques musiques. On a eu beaucoup de critiques sur Pierre dans certains magazines au début de la carrière du groupe. Et puis tout le monde s'est accordé à dire qu'on était en avance et que Pierre était un grand showman et un chanteur intéressant avec cette manière très "déglingue" d'interpréter du métal. Même s'il aimait le hard FM et des groupes comme Queen. On était un groupe très cultivé en matière de rock music avec une ouverture très large. Moi, j'écoutais Kate Bush, Peter Gabriel, Michel Jonasz, Daniel Balavoine, Al Jarreau, Prince... Donc, j'ai eu envie d'écrire des chansons plus pop, plus mélodiques où je ne sois pas obligé de gueuler pour faire passer un message. Je voulais chanter tout simplement. Je voulais continuer à faire de la batterie en studio mais lâcher les baguettes sur scène pour passer devant. Donc, j'ai fait deux premiers concerts dans une petite salle parisienne. J'ai eu la chance dans ma vie de faire, une fois dans ma vie, le Stade de France grâce à Jean-Marie Bigard où j'ai interprété 6 ou 7 chansons et faire la plus petite salle de Paris Le Cithéa Où il y avait pas plus de 90 places. J'en garde un super souvenir. C'est la première fois où je me suis produit avec mon propre répertoire en tant que chanteur. J'allais deux fois à la batterie, ce que j'ai fait souvent dans ma carrière après. Et il y a un premier 45t solo qui sort en 1986. La durée de Satan Jokers a été une fulgurance comme disait Michel Berger. 1983, "Les fils du métal, 1984, "Trop fou pour toi", 1985, le troisième album qui est un LP de 6 titres. En 1986, je sors "Ta voix sur le répondeur "un premier 45t chez Phonogram. En fait je suis resté sur le même label. On a pas eu beaucoup de succès mais ça a marché en club car, à l'époque en discothèque, il y avait encore les slows. C'était une ballade donc ça a bien marché dans les clubs et j'ai même occupé les premières places des classements de slows. Mais, j'ai gagné zéro centimes. C'était sympa et ça reste un bon souvenir en tout cas. En fait on s'est séparés parce qu'on en avait marre.

Je crois que lorsque tu te lances dans un projet de qualité et que tu te rend compte qu'en France, même un groupe comme Trust commence à ne plus vendre de disques, qu'il y a un désintérêt du public pour les groupes de Hard rock français. Moi, ce qui m'a miné le moral c'est que l'on a fait un festival qui s'appelait France-Festival à Choisy le Roi en 1985. Et on fait péniblement, avec en tête d'affiche, Satan Jokers le premier jour et Trust le deuxième jour. A l'intérieur de l'affiche il y avait plein de groupes, Warning, Vulcain, Blasphème. Enfin, on était tous là. Et tu te rend compte que l'on fait 2000 personnes alors que trois jours après, tu en as 16000 pour Deep Purple à Bercy ! On se dit Ok, il y a peut-être quelque chose qu'on a pas compris. Les français aiment le Hard rock quand il est Anglo-Saxon. donc, dans ce cas-là, pourquoi je n'ai pas chanté en anglais, pourquoi je me suis fait chier à écrire des textes en français. Je souhaitais être créatif et, quelque part, Bernie Bonvoisin avait ouvert la voie avec "Antisocial", "Le mitard""Bosser Huit Heures" et a prouvé qu'on pouvait faire du hard rock en Français. Donc on était toute une génération de musiciens à avoir crû à cette mouvance en pensant qu'on serait plus soutenus par le public français. Quand tu vois que tu fais 2000/2500 personnes dans un festival où tu as tous les plus grands groupes de hard rock français, à l'exception de 1 ou 2 qui n'étaient pas sur l'affiche, tu te dis que ça fait mal au c... Et là j'ai décidé d'arrêter. J'ai décidé que ma carrière solo allait démarrer là. De faire quelque chose de plus pop et de plus accessible destiné à un public plus large. Il se trouve que dans l'année qui a suivi, j'ai rencontré Michel Berger et que ma carrière a pris un essor plus important car je suis rentré dans Starmania. Certaines personnes du circuit hard rock m'en ont voulu alors que tous les musiciens de hard auraient rêvé d'avoir ma carrière. C'est ça qui est fou. Aujourd'hui les gens le savent et le disent. A l'époque je passais pour un traître. J'aime pas LA musique, j'aime LES musiques !! J'ai jamais dit que je me contentais d'écouter Pantera au réveil, Motorhead à midi et Black Sabbath à 20h pour aller dormir. Je suis désolé.



Puis tu participes à deux comédies musicales "opera Rock" (Starmania de 88 a 90) et La légende de Jimmy (90 a 91) de Michel Berger et Luc Plamondon, comment s'est passé cette rencontre ?

Renaud Hantson
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A l'époque je sors avec une femme qui s'appelle Sophie Tellier Elle est chorégraphe de Mylene Farmer et grand amour de ma vie passée il y a longtemps ... qui me dit "écoute cet album, je suis sûre que tu pourrais intégrer cette équipe". Michel Berger est en train de remonter Starmania. Moi, je connaissais les trois gros tubes "Quand on arrive en ville", Le blues du businessman", "Les uns contre les autres"..et aussi "SOS d'un terrien en détresse" mais je ne connaissais pas le reste. J'appelle mon manager   Robert Bialek qui s'avérait être l'ancien tourneur de Daniel Balavoine. Et Robert Bialek me dit, "Renaud, formidable que tu souhaites faire ce spectacle mais aucun chanteur ne remplacera Daniel Balavoine dans le cœur des français. Donc oublie et trouve un personnage où tu peux éclater et lui apporter ses lettres de noblesse. Trouve quelque chose où tu puisses transcender ta voix et ton physique. J'écoute l'album et je vois Ziggy. Ziggy c'est ma culture, c'est David Bowie, j'ai les jambes fines, je fais androgyne parce que je suis mince. Je lui dit que je ferais un parfait personnage gay. Et je vais t'avouer quelque chose. Moi qui suis profondément hétérosexuel je l'avoue aujourd'hui. Je sais que ça va désoler tout le circuit homo qui m'adore et que j'aime énormément. Quand tu joues un personnage gay, tu n'es jamais autant dragué par les gonzesses. C'est un truc de fou. Plus tu joues un personnage homo plus les femmes viennent te draguer à la sortie. J'ai jamais compris le phénomène. Donc, je m'attaque à Ziggy et  Robert Bialek me fait rencontrer Michel Berger dans un studio d'enregistrement qui s'appelle "Le studio des dames" à Paris. Et en fait, je fais une sorte d'audition. Il y avait déjà un chanteur sur le coup Erikarol qui avait sorti un single "Partir", ou "Je viens de partir".

Il était pas mal, bon physique, bonne voix. Le mec est sensé faire le personnage et je rencontre Michel Berger dans le studio. Luc Plamondon est au téléphone et ne le lâche pas durant toute l'audition. Il l'a juste posé à la fin pour me dire "Ça serait bien que tu fasses un numéro de batterie plutôt que de faire le danseur à la fin". Et Michel, je sens dans ses yeux que c'est moi, que j'ai explosé le truc. Il n'y a plus d'audition, plus de compétition, plus de match. Il me veut et je sais que c'est moi. Et il se passe ce truc très filial qu'il y a eu pendant trois années. Avec lui on se comprenait sans avoir à se parler et il m'a dit une chose extraordinaire à la fin de l'audition avec sa manière à lui, très bourgeoise car il avait une éducation très bourgeoise. C'est pour ça qu'il aimait autant Hallyday, Balavoine ou moi. C'est parce qu'on était des rockers et qu'on pouvait exprimer ses mélodies de manière très différente de ce que lui faisait lorsqu'il les chantait lui-même. Là, il me dit "il y a qu'une seule chose qui me dérange avec toi c'est que tu pourrais aussi bien faire Johnny Rockfort" alors que moi, dans ma tête, j'avais qu'une envie c'était de faire Johnny Rockfort. Et Ziggy, je le faisais en désespoir de cause parce que mon manager m'avait dit qu'aucun chanteur ne remplacerait Daniel Balavoine dans le cœur des français. Et j'ai explosé dans Ziggy. Je lui ai donné de l'importance dans le spectacle mais c'est aussi une grande chance si ce personnage est devenu important en 1988. Ce n'est pas seulement grâce à moi mais le fait d'avoir, comme partenaire directe, Maurane, dans le rôle de Marie-Jeanne. Maurane reste à mon sens la plus grande chanteuse francophone de tous les temps. Céline, tu ne m'en veux pas, Je t'adore ! mais Maurane avait ce supplément d'âme que n'ont pas beaucoup de chanteurs. On ne va pas faire un interview larmoyant mais toi, tu le sais puisque tu me questionnes et que tu es un ami. Je suis en plein divorce. La femme que j'aime est partie de la maison où je suis. Autour de moi, tout m'évoque ma femme, mais tout m'évoque aussi Michel Berger, Maurane, Daniel Balavoine, France Gall. Plein de gens que j'ai perdu dans cette profession et qui étaient mes seuls repères. Donc Maurane c'était une grande chance de l'avoir comme partenaire directe car c'est ça qui a fait éclater Ziggy. Le personnage est devenu important. Alors, bien sûr, quand Céline Dion reprend "Ziggy !.." ça devient un succès planétaire.. Merci Céline de m'avoir rendu célèbre. Mais bon, voilà.... C'est des super souvenirs.



Puis tu enchaines avec la deuxième saison de Notre Dame de Paris, de 99 a 2001, comment as-tu vecu ces expériences, que t'ont-elles apporté ?

Renaud Hantson
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Entre-temps, il ya eu "La légende de Jimmy " juste après en 1990. Michel Berger et Luc Plamondon m'ont renouvelé leur confiance. Et effectivement en 2000, Luc m’appelle parce que Garou, Patrick Fiori et Bruno Pelletier commencent à "sécher l'école". En fait ils commencent à en avoir un peu marre. Au bout de huit mois de spectacle ils sont un peu fatigués et lis veulent vivre un peu leur vie. Patrick Fiori, à cette époque, a une relation avec Lara Fabian et est régulièrement absent. Et il n'y a pas vraiment de doublure. Pour tout dire ils ne l'ont pas trouvé. Donc la production commence à se dire qu'il serait bien qu'elle trouve une deuxième équipe parce que le spectacle est un tel triomphe qu'il serait inconcevable de laisser tomber la poule aux œufs d'or comme on dit dans ce métier. Du coup ils engagent Herbert Léonard et moi parce qu'en fait, les premières personnes qu'ils avaient sélectionnées étaient totalement inconnues et le public gueulait aux guichets parce qu'il voulait voir l'équipe qui avait créé le spectacle et pas des doublures. Sauf que lorsque Herbert et moi entrons dans le spectacle, on a des noms. Et, là, ça ne râle plus aux guichets. Donc je l'ai fait deux ans. Initialement Luc Plamondon m'avait appelé pour que je remplace Patrick Fiori dans le rôle de Phoebus mais ce personnage ne m'intéressait pas. Je trouvais qu'il était très secondaire alors que j'avais été fortement impressionné par la prestation de mon pote Bruno Pelletier qui l'avait déjà remplacé dans "Starmania" et "la légende de Jimmy" au Canada. C'est d'ailleurs avec ce dernier qu'il est devenu une star dans son pays. Ça me reste en travers de la gorge car ce n'est pas mon pays mais j'étais venu faire de la promo et c'est Bruno qui est devenu une vedette en faisant le spectacle là-bas. Bruno c'est un mec que j'adore. On a plein de choses en commun. Le rock, la batterie, les arts martiaux, Gino Vannelli et c'est un super chanteur. Je l'adore vraiment et il m'a énormément impressionné dans "Notre dame de Paris". Sa gestuelle, sa voix, cet espèce de mélange de Robert Plant et Baudelaire, ses cheveux longs. Moi, à l'époque, je m'étais coupé les cheveux. Je n'avais plus les cheveux longs mais j'en ai fait autre chose. J'ai gardé sa gestuelle et j'y ai mis ma voix un peu plus soul que la sienne et ça a fait l'affaire. Comme disent tous ceux qui nous ont remplacés par la suite, il y a deux écoles. Il y a Pelletier et Hantson.

Moi, c'était un Grégoire plus "déglingue" et Bruno, presque opératique. C'est pour ça que je pense qu'il sera parfait dans "Al Capone" de mon ami Jean-Felix Lalanne. Il sera parfait pour faire Eliott Ness face à un grand chanteur comme Roberto Alagna. Il est vraiment dans son élément, je pense. Mais oui, c'est venu comme ça. Deux années. Je n'en garde pas de supers souvenirs car j'étais à un de mes premiers pics d'addiction. J'en ai parlé dans trois livres donc il y a prescription. Et puis je sens que le tatouage que j'ai sur le bras est vraiment ce que je vis aujourd'hui. Vraiment dans une rédemption puisque j'arrête la drogue et je perd ma femme. Est-ce que c'est le prix à payer ? J'aimerais pas. Mais à l'époque j'avais du mal à lever le pied. Tu fais cet interview aujourd'hui où je suis à soixante jours sans substances. Pour les gens ça peut paraître dérisoire mais soixante jours c'est énorme pour quelqu'un qui a été sous substances pendant 27 ans. Il m'a fallu cet électrochoc là. A l'époque je faisais la fête avec les techniciens jusqu'à 9h du matin et ils étaient inquiets pour ma voix le soir. Même. Et ils me disaient "tu ne pourras pas chanter ce soir vu comment t'es défoncé" et je leurs disait "On en reparlera ce soir". Mais j'étais pas bien. Pourquoi je te parle de ça ? Parce que c'est deux années troubles. Ce sont des souvenirs bizarres. Je crois que j'ai été le plus gros salaire sur "Notre dame de Paris" et je ne leur ai fait aucun cadeau parce qu'en fait ils m'ont fait patienter pendant trois mois à la production. Et mon manager de l'époque Stephane Ellia s'était renseigné pour savoir combien touchait les québécois et on leur a fait le coup de prendre le même salaire mais avec 3000 balles de plus. Donc ça leur a coûté un peu d'argent. Mais au moins ça ne gueulait plus aux guichets. Et ils avaient un chanteur qui faisait le boulot. Mais ce sont des souvenirs mitigés. "Notre dame de Paris", pour moi, ça reste la première équipe. Autant j'ai envie de dire que Pour "Starmania", la version pour les fans, qui correspond le plus à ce qu'aiment les fans c'est celle de 1988 dont j'ai fait partie. Parce que c'est Michel Berger et Luc Plamondon qui l'ont mise en scène. Autant je sais que, populairement parlant, c'est la première version qui est la plus connue et celle qui reste la référence avec Fabienne Thibault, ma copine, Daniel Balavoine, France Gall, Claude Dubois, Nanette Workman, une autre amie du Canada avec laquelle j'ai travaillé sur "La légende de Jimmy". Un privilège car pour moi c'est la plus grande chanteuse du monde Nanette I Love You... Notre Dame de Paris" c'était un peu le "Bureau". Ça avait un côté fonctionnaire et je ne prenais aucun plaisir à y aller. J'étais content du chèque, de plaire aux gens et de me refaire une santé vocale mais c'est pas des supers souvenirs. C'est bizarre ce que je te dis là. C'est certainement la première fois que j'en parle avec autant de détails. Mais ça c'est parce que tu me fait boire du vin !! (Rires)


En 2005 tu montes Furious Zoo et tu pars écrémer les clubs, bars, et petites salles : un besoin de retour aux sources ?

Renaud Hantson - Alors, il y a une raison très simple à cela. Beaucoup de mes idoles sont passées par ce chemin là. Je pense à Todd Rundgren par exemple. Il avait sorti un album live "Back to the Bars" enregistré dans plusieurs clubs. Glenn Hughes qui a joué dans Deep Purple et qui, lorsqu'il a démarré sa carrière solo, a touché le fond. Il est remonté petit à petit en jouant dans des clubs et s'est refait une santé. Glenn, c'est 20 ans de cocaïne, une très grosse addiction. un infarctus puis part dans le désert pour mettre fin à son addiction. Et tous ces mecs sont des modèles pour moi. Des modèles de rédemption et de carrière. Tu peux pas tricher dans un club. Tu es à poil. Les gens te voient comme tu me vois là, derrière ta caméra. Il n'y a aucun artifice. Il n'y a pas cinquante tonnes de matos où tu caches la misère. Parce que dans certains cas, ce que tu fais n'est pas top. Alors tu masques avec de la fumée, des éclairages et un très gros son. Dans un club, tu te bats avec le son. Il faut y aller. Il faut être un guerrier, un mercenaire. Donc en 2005 je veux faire ça car je suis, depuis 1994, dans une lourde addiction et je sens que je me fais du mal. Je sens aussi que j'ai envie de rejouer de la batterie et je veux savoir si physiquement je suis capable, comme lorsque j'étais gamin, de chanter et de jouer de la batterie.
Donc je monte Furious Zoo en trio. Parce que pour moi, et comme je te l'ai dit, c'est la quintessence du rock'n'roll. Je me dis que visuellement ça sera peut-être chiant, quoique j'engage deux mecs qui seront super à ce niveau là. Benoit Cousin et Cédric Le Coz que je rencontre lors d'un concert à proximité d'une ferme que j'avais acheté en 2000 par ce que mon père vivait, à cette époque, dans le Limousin. Mes parents avaient une maison à la campagne et je remonte cette ferme avec mon père. Il y a un concert dans le village à Saint-Julien-le-Petit à côté de Limoges. Et je vois un groupe de Hard rock, Spectrum, avec deux musiciens russes, un chanteur et un batteur supers ainsi que Benoit Cousin à la guitare et Cédric Le Coz à la basse. Et là je leur dit "Je vous engage" puis rajoute "mais n'arrêtez pas votre groupe pour autant" et ils me répondent qu'ils ne s'entendent pas très bien avec ces gars et que ça les arrangent bien s'ils doivent se lancer dans un autre projet. Je leur fait remarquer que je suis parisien et qu'il vont devoir se déplacer sans arrêt et que ça va leur coûter du fric du fait qu'ils sont de Limoges. ils me répondent que ce n'est pas grave et qu'ils ne sont qu'à deux heures de Paris. J'ai dis "Ok" et on a fait le premier album de Furious Zoo. Pourquoi  Furious Zoo Parce qu'en 1992 j'avais sorti un album où j'avais produit Thibault Abrial, guitariste de Johnny Hallyday et du groupe "Abrial's" avec son père Patrick et qui était un ami depuis que j'avais 19 ans. Thibault, pour moi, est certainement le plus grand guitariste français. En tout cas celui qui a apporté des choses avant les autres. Et donc on sort un album qui s'appelle "Furioso" dans lequel on est en vedette tous les deux avec plein d'invités. Nono de Trust, Le chanteur de Sortilège, le guitariste de Warning, le guitariste de Stocks, Vulcain. Il y a une chanson qui s'appelle"Ten Screaming Guitars" et qui veut dire "Dix guitares hurlantes". Ils sont dix à s’escrimer sur cette chanson écrite par Thibault. Et puis, j'aimais bien l'idée de "Furioso" mais comme ce nom évoquait quelque chose à Thibault je ne voulais pas lui voler son idée. J'ai donc détourné l'idée en faisant "Furious Zoo". Et tous les albums qui ont suivi se sont appelés "Furious Zoo 1", "Furious Zoo 2"... Et là, je sors le "Furious Zoo 10" en février. "Fishnet" qui veut dire "Résille". N'y voyez aucune connotation sexuelle ! (rires)... Et Thibault... un hommage total à Thibault Abrial. A mon sens le plus complet des guitaristes français. Un frère pour moi que je ne vois jamais, malheureusement, mais que j'adore et que j'admire. Qui occupe sa vie, aujourd'hui, à donner des cours et à enseigner la guitare. Il est excellent dans ce domaine. Et quel meilleur professeur que le meilleur guitariste français. Il est magistral. Et donc, je monte ce projet avec ces deux gars de Limoges et ça devient "Furious Zoo". Un Zoo furieux. Et on en est à 10 albums en février. Voilà l'histoire. Mais à la base c'était pour me refaire une santé et voir si j'étais capable physiquement ... mais le corps est résistant en fait ..

En 2008, reformation de Satan Jokers avec d'autres membres du coup tu joues au HellFest comment as tu vécu ce moment face à ce public quels sont tes souvenirs ?

Renaud Hantson
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La reformation de Satan Jokers, c'est totalement inattendu. J'avais dis une phrase mégalo. D'ailleurs avec Satan Jokers on a toujours eu des phrases mégalo. Je reprenais en partie une phrase de Paul Mc Cartney qui disait, "Tant que John Lennon sera mort je ne remonterais pas les Beatles". Et on me disait tout le temps, "Regardes, il y a plein de groupes des années 80 qui se reforment. Tu devrais remonter Satan Jokers". Mais moi j'en avais rien à faire de remonter le groupe, que Blasphème ou que Vulcain se reforment. C'était sans espoir. Donc ça ne m'intéressait pas. Sauf que derrière tout ça, il y a la passion et on ne peut rien contre ça. Quand tu es passionné et que tu aimes ce qui a été ton premier projet professionnel et que tu as la chance de croiser sur ta route un bassiste du talent de Pascal Mulot et que tu vas en studio chez un mec qui s'appelle Olivier SPITZER qui, aujourd'hui, dirige la destinée du renouveau de Sortilège, que tu fais une maquette et que tu proposes un texte en anglais et que Mulot et SPITZER te disent "Non fait un texte en français, Renaud. Ça pourrait presque sonner Satan Jokers". Et là, je dis "On s'en fout de Satan Jokers. Le groupe a splitté et il est juste question d'une reformation pour un concert dans un festival. Vous n'allez pas m'emmerder pour faire un texte en français"... Et j'écris un truc rapide, "Vaudou", qui parle de la relation entre un père et son fils. J'y ai pas vu de relations entre mon père et moi. Mais en fait, çà pourrait vouloir dire ça! et je regarde les mecs lorsque l'on mixe le titre. Je regarde Pascal et Olivier et je fais "Putain, c'est du Satan Jokers d'aujourd'hui". Et, donc, on remonte le groupe. Olivier SPITZER à la guitare rythmique, Pascal Mulot à la basse, moi à la batterie et au chant. Mais j'avais décidé que je ferais pas de batterie. Donc on hésite entre l'ancien batteur de Warning Gérald Manceau et  Marc Varez de Vulcain qui était mon batteur à ce moment là. On prend le moins techniquement compétitif des deux, mais qui, lui, arrivait à l'heure en studio. On engage Marc Varez Qui ne correspondait pas à Satan Jokers mais qui était un mec sympa avec lequel je me suis très bien entendu pendant de nombreuses années avant qu'on se fâche pour des raisons idiotes. C'était un bon batteur et un mec bien. Jaime les mecs bien et je suis moi-même un mec bien. C'est pour ça que c'est dommage de me fâcher avec des gens bêtement. Mais aujourd'hui, il y a prescription. Parce que Gérald Manceau est décédé il y a deux ans. Paix à son âme...

La vie passe si vite et j'ai pas envie d'être en froid avec des gens quand c'est inutile. J'ai vu qu'en plus 
Gérald Manceau avait monté un tribute à Grand Funk Railroad qui est un groupe que j'adore par dessus tout. Donc on a la même culture. Enfin, tout ça pour dire qu'il nous manquait un guitariste et Pascal me dit "je vais m'en occuper". Dans ma tête je me dis qu'il va peut-être brancher Patrick Rondat, un mec que j'adore et qui est devenu un ami. Mais j'ai dans le collimateur Michaël Zurita du groupe BigBen  rencontré grâce à l'ancien batteur de Furious Zoo. Et je l'engage. C'est lui qu'il faut. C'est un tueur et certainement le mec le plus complet que j'ai jamais rencontré dans ce circuit du rock français. Il sait tout faire. De la guitare flamenco, de la variété, de la pop, du Jazz rock, de la Bossa Nova, du métal, du Jazz. Et comme Thibault il est professeur de guitare.Michaël Zurita a fait mon bonheur pendant 12 ans et a été dans tous mes projets. Et donc Satan Jokers renaît de ses cendres avec ce Line-up. Pascal Mulot, Michaël Zurita. On se sépare de Marc Varez, on engage Aurelien Ouzoulias et le groupe redevient un quatuor. Donc un trio derrière le chanteur. Pour que la basse prenne toute sa place car Laurent BERNAT est un grand bassiste. Et pour que la batterie soit prédominante aussi. Et quand j'engage Aurelien Ouzoulias Je me dis "Là c'est le nouveau Satan Jokers", le Satan Jokers d'aujourd'hui ! Ça doit rester un groupe de tueurs techniquement. Un groupe avant-gardiste si possible. C'est plus dur d'être d'avant-garde en 2009 quand on remonte le groupe. Mais il y a quand même des albums avant-gardistes puisque je fais une première thérapie avec Laurent Karila le célèbre psychiatre. Ensemble, on fait trois albums qui sont des pièces d'anthologie. "Addictions" est un album sur la cocaïne validé par une mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. Donc le premier album de Hard rock au monde à être validé par une mission gouvernementale. La Mildeca ... Un truc de fou ! 2e album "Psychiatric" sur 12 maladies psychiatriques. 3e album "Sex Opéra" sur ma deuxième addiction, le sexe. Et voilà, on monte un truc aujourd'hui encore plus culte qu'en 1980. Mais tout ça c'est du travail. C'est une envie mentale de rester, peut-être, dans une niche et être à la fois underground et culte. Et surtout d'être au dessus de la norme de ce qui se fait commercialement. C'est pour ça que j'ai toujours aimé cette notion d'être un artisan. Car l'artisan fait mieux son travail que ce qui est fait à la chaîne. Alors, bien sûr, l'artisan n'a pas la communication, il n'a pas l'exposition ni la promo. Il n'a pas accès à un chiffre de vente aussi considérable que ce qu'obtiennent certains trucs de merde. Je ne veux pas être méchant mais lorsque j'écoute la radio c'est que de la merde. Mais je m'en fous. Je peux aller pousser un caddie chez Leclerc, personne m'emmerde. De temps en temps 2/3 personnes qui me reconnaissent me disent "Vous chantez tellement mieux que la moyenne. Pourquoi on ne vous voit plus à la télévision" ? Et je leur répond "Regardez ce qu'il y a à la télé, madame..."



Fin de la Partie 1

Voir la deuxieme partie ICI



Thierry CATTIER
Photos DR et Th CATTIER / SHOOTING IDOLS
William CHOPIN (Retranscription)

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