Artiste : Boney Fields Album : Just Give Me Some Mo' Date de Sortie : le 13 Octobre 2023. Label : DixieFrog Genre : Blues
Tandis que la crise sanitaire internationale imposait au monde de s’interroger sur le sens des priorités dans le silence pesant d’un confinement généralisé, Boney Fields réfléchissait déjà à l’étape suivante. Que vaut un artiste s’il ne monte pas sur scène ? Plutôt que se contenter d’apparitions furtives sur les réseaux sociaux, il préféra composer intensément dans la quiétude de cette parenthèse planétaire historique. « Just Give Me Some Mo’ » est le vœu sincère d’un artiste impatient de ressentir à nouveau la texture musicale de ce nouveau disque qui ressuscite le scintillement des grandes formations d’antan quand les cuivres soutenaient majestueusement les solos de guitare et les prouesses vocales des artisans du blues.
« Cross My Heart », en hommage à l’harmoniciste et chanteur James Cotton, l’un des héros et compagnon de route de Boney Fields, est certainement le titre le plus représentatif de cette humeur groove trépidante que les musiciens de blues authentiques savent instiller. Boney Fields a en lui cette tonalité presque funk suffisamment mûrie pour titiller nos oreilles et nous faire taper du pied. En revitalisant, par exemple, «The Thrill Is Gone», dans l’esprit de son auteur originel (Roy Hawkins), Boney Fields perpétue la tradition des orchestres fougueux d’autrefois sans altérer la modernité de son irrésistible tempo. Beaucoup plus personnel que tous ses précédents albums, « Just Give Me Some Mo’ » est aussi l’expression d’une introspection, celle d’un homme qui se souvient sans se noyer dans une sombre nostalgie.
En faisant appel à Sebastian Danchin pour la réalisation de cet album, Boney Fields s’adresse à un historien de la culture afro-américaine dont l’oreille affûtée a déjà conquis Little Milton, Mighty Mo Rodgers, Toni Green ou Jean-Jacques Milteau, entre autres. S’entourer des bonnes personnes est un sacré challenge. Boney était convaincu que le guitariste sénégalais Hervé Samb serait, lui aussi, un bon directeur musical. Ils auront donné du corps et du tanin à ce disque trépidant qui, gageons-le, fera date. « Just Give Me Some Mo’ » sera désormais un leitmotiv partagé, celui d’un insatiable chef d’orchestre et celui d’admirateurs éclairés.
Les Titres :
Just Give Me Some Mo' Back In The Day Crazy 'Bout You The Change Has Yet To Come What Is Wrong With You Still Together Something's Holding Me Cross My Heart Control Of You The Thrill Is Gone I Know Yes I Know
Mercredi 8 novembre - 20h30 (Entrée : 33 euros inclus une consommation)
Ida Nielsen a bouleversé sa vie lorsque la légende de la musique Prince l'a découverte en août 2010. Peu de temps après, elle a rejoint son groupe et a commencé à tourner avec lui et "The New Power Generation" ainsi que le groupe de rock de 4 musiciens " 3rdeyegirl ». Après les années passées avec Prince, Ida a commencé à se concentrer sur sa carrière solo. Ida et son groupe «the Funkbots» offrent un spectacle funk plein d'énergie, rempli de bonnes vibrations, de grooves serrés et de références subtiles à son ancien employeur. Ida a été élue parmi les 10 meilleurs bassistes du monde (avec ses collègues bassistes Stanley Clarke et Victor Wooten) lors du sondage annuel Music Radar 2019.
(credit photo : NPG records)
FRED WESLEY GENERATIONS TRIO
Jeudi 9 Novembre - 20h30 (Entrée : 33 euros inclus une consommation)
Des décennies après que son travail avec James Brown et George Clinton l'ai établi comme l'un des pionniers du funk, Fred Wesley a un nouveau projet qui le relie à ses racines jazz et à l'avenir : Generations. Leur spectacle combine les talents de Wesley et son expérience (auprès d'artistes tels que Count Basie, Ray Charles et Lenny Kravitz) à la réflexion énergique de Corradi sur Smith et d'autres géants historiques du jazz auquel le jeu de batterie jazz de Match coloré par des rythmes africains et des sons électroniques insuffle une pulsion unique et magique.
(credit photo : Marco Hermes)
MOOVIE FUNK BAND
Samedi 18 Novembre - 20h30 (entrée libre)
Moovie Funk Band reprend les plus grandes musiques de films et séries des années 60 à nos jours (Ghostbusters, Shaft, Dirty Harry, Retour vers le futur, James Bond...) en mode soul-funk. Deux voix, une section de cuivres et une section rythmique énergique ayant accompagné des grands artistes de la scène internationale pour vous replonger dans l'ambiance des plus célèbres bandes originales !
Nous voici présents dans ce superbe lieu qu'est le Théâtre du Ranelagh, pour la grand messe que nous prépare Ramon Pipin, son ZAKOUSTIK à lui.
En ouverture, c'est Jérôme Setian (un Excellent membre des Excellents.. ) accompagné par Rachelle Plas à l’harmonica et Philippe Hervouët à la guitare, qui vient au travers de son humour enrobé de sa délicatesse faire mouche à chaque fois. C'est une digne et classieuse première partie que ce set de Jérôme Setianun grand bonhomme plein de talent à l’état brut, une belle découverte.
C'est au tour tant attendu de Ramon Pipin, devant un Ranelagh quasi complet de prendre la scène d’assaut, avec un concert où les titres sont millimétrés et façonnés, ici parfaitement bien placés dans leur écrin qui nous permet d'entendre des versions de son œuvre revisitées et sublimées, dans un lieu parfaitement adapté.
Entouré de main de maitre par la douce voix et la guitare de Inès-Damaris Vieillard, de Vincent "Turquoiz" Chavagnacau saxophone,Michel Amsellem au piano,Quatuor : Anne Gravoin - David Braccini - Vincent Debruyne - Cyrille Lacrouts (violoncelle)les titres s'enchainent, emprunts d'un humour toujours juste, ciselé, droit au but et parfois si corrosif, c'est un réel plaisir que ce Zakoustik, une belle expérience à revivre rapidement.
En backstage, un parterre de stars qui ne s'y sont pas trompées : cette soirée était résolument "the place to be" : Renaud, CharlElie Couture, Pierre Santini, Jean-Patrick Capdevielle, Isabelle de Botton, Jacky, Blandine Métayer, Tonino Benacquista, Francoise Deldick, pour ne citer qu'eux, étaient présents pour soutenir comme il se doit le talent brut de notre Ramon.
En attendant, il nous reste la chance de pouvoir assister à l'acte 2, en version Zelektrik cette fois, lundi 13 novembre 2023 au café de la danse.
SetList :
1- Pour faire une chanson émouvante 2- Qu’est ce que c’est beau 3- Mon avocat est dans la salle 4- Ta robe en taffetas 5- Polpote Park 6- Youpi la France 7- Je m’aime 8- La petite mort 9- Dans le tiroir du bas 10- Quand je rêve 11- Uranus, Neptune ou Pluton 12- Histoire d’O 13- C’était chouette 14- Une chanson ennuyeuse 15- Les Fadaises d’Etretat 16- Le Club 17- Le quatuor silencieux 18- Stairway to Eleven 19- Ça m’a fait plaisir 20- Que c’est bon 21- Nous sommes tous frères 22- Le cri du kangourou 23- Le vilain petit zoziau
Animateur radio locale du Tarn entre 2000 et 2002, tu crées un blog "Electric Buffalo" du Rock, du Jazz au Black-Metal en 2007, Un premier livre : Chocs Electriques Et Sensations Soniques.le second à un de ses héros : Fast Eddie Clarke. auteur de la biographie officielle des Variations. tu écrit dans Jukebox Magazine, Gonzaï, Vinyle&Audio et Crossroads. Raconte- nous tes débuts de radio jusqu'à ton dernier livre…
Julien Deléglise : Sacrée question en ouverture ! J’ai commencé la radio sur Albiges, une station locale albigeoise, plutôt portée sur la musique folklorique occitane, mais aussi avec quelques émissions plus « jeunes ». J’ai simplement contacté la station, et avec un copain, Jean-Philippe, on a fait un bout d’essai. Ils ont aimé, on a fait l’émission L’Ame Rock pendant deux ans, ainsi que des nocturnes avec des collègues de station, l’un était porté sur le blues, l’autre sur la soul et le funk. Le blog Electric Buffalo a vu le jour un peu avant 2007, chez un autre hébergeur de site. Il a coïncidé avec mes débuts dans la presse musicale chez Blues Again en 2004, qui était alors un magazine papier en kiosque, d’abord trimestriel puis bi-mensuel. J’y suis rentré en répondant à une annonce, et en envoyant un de mes premiers écrits. J’y ai publié mes premières chroniques et articles de fond. Cependant, la sélection des disques était déjà faite par la rédaction en chef parisienne, et je devais me contenter de ce qui restait. J’étais donc un peu frustré, car je ne pouvais pas parler de mes groupes préférés. Cela s’est arrangé par la suite, surtout quand je montais à la réunion de rédaction à la capitale avec mon vin bourguignon (j’habitais vers Dijon à l’époque). Alors j’ai fondé Electric Buffalo, qui me permettait de parler de ce que je voulais, sur la longueur que je voulais. Le premier livre est arrivé en 2015, lorsque j’ai constaté que j’avais accumulé des centaines d’articles sur mon blog. J’ai contacté des éditeurs dont Camion Blanc, simplement en donnant le lien de quelques articles pour leur demander si ça les intéressait. Dans l’heure, j’ai eu une réponse positive de Camion Blanc. Le premier livre, « Chocs Electriques Et Sensations Soniques » est une première sélection de mes articles du blog, ceux que je trouvais suffisamment bons pour être publiés. Et puis, ce fut l’enchaînement : il y eut celui sur Fast Eddie Clarke, qui fut d’ailleurs promu sur la page officielle de Clarke, avec un gentil mot de remerciement de ce dernier, qui était alors encore vivant en 2016. La biographie officielle des Variations fut une belle aventure, en collaboration étroite avec le guitariste fondateur Marc Tobaly. Parallèlement, j’ai continué à écrire pour la presse musicale, dans les magazines que tu as cité. J’ai changé de maison d’édition avec « Au Coeur Du Punk US » aux Presses du Midi car ce livre avec Gilles Scheps nécessitait un encart central photos de qualité. C’est Gilles qui m’a contacté pour me proposer ce projet de livre, c’est moi qui ait toujours dégotté les éditeurs. On a ensuite conçu ensemble l’ouvrage sur Iggy Pop et les Stooges qui est sorti aux Editions du Layeur, et qui était le résultat de négociations antérieures. Depuis, j’y suis et j’y reste ! Il y eut par la suite le « Jazz-Rock en 150 Figures » et ce « Téléphone ». Cet éditeur me permet de faire de très beaux ouvrages illustrés, c’est une grande satisfaction à chaque sortie. J’ai entre-temps repris la radio à Besançon où je réside, et j’ai présenté l’émission Captain Rock’N’Roll sur Radio BIP, ainsi que Allo La Terre et Allo La Zik sur Radio Boomerang, qui étaient réalisées en visio, car la station est basée à Roubaix ! Depuis, j’ai tout arrêté, je n’avais plus le temps de tout faire. Par contre, je participe à des podcasts quand on m’y invite, comme ceux de la chaîne Children Of The Sabbath qui consacrent une émission par album de Black Sabbath. J’en suis à mon troisième épisode avec eux, et c’est toujours un grand plaisir.
Comment as-tu découvert la musique ? Quelles ont été tes premières découvertes musicales ?
Julien Deléglise : Mon premier choc musical, eh bien c’est Téléphone. Comme je l’explique en introduction du livre, j’ai découvert le groupe avec la chanson « Un Autre Monde » sur l’album du même titre en 1985 à l’âge de six ans. Elle était le générique d’une émission présentée par Patrice Drevet que ma sœur regardait. J’étais fasciné par cette introduction un peu mélancolique, puis ce décollage électrique, d’ailleurs symbolisé à l’image par celui d’une fusée. Ma sœur avait en fait la cassette, elle me l’a passé avec son baladeur, et j’ai adoré immédiatement. Je ne suis plus jamais revenu aux chansons d’enfant, Dorothée, Chantal Goya. Je suis passé directement à Téléphone, puis Dire Straits et Police.
Te souviens-tu de ton tout premier concert ?
Julien Deléglise : Oui, et il n’a rien de très rock. Il s’agissait de Claude Nougaro à Juraparc à Lons-Le-Saunier, quelque chose comme 1988. J’ai fait mes premiers concerts avec mes parents, qui étaient plutôt jazz et chanson française. Mon premier vrai concert de rock date de 1998, lorsque j’ai vu Eric Clapton à Toulouse sur la tournée « Pilgrim », j’avais dix-neuf ans. Je ne suis pas spécialement un coureur de concerts. Le son est souvent beaucoup trop fort, les nuances musicales difficiles à distinguer. Je vais en concert en fonction des opportunités, de mes moyens financiers, et de l’artiste. J’ai quand même vu pas mal de groupes que j’ai toujours aimé comme Status Quo, Deep Purple, ZZ Top, Magma, Motörhead, AC/DC, Neil Young And Crazy Horse, Black Sabbath… Je continue encore à aller voir des concerts sur Paris où dans ma région. Mais ce sont de plus en plus souvent de petits groupes, car j’essaie de rester curieux, et les groupes que j’aime, quand ils sont encore en vie, ne sont plus assez bons pour le prix demandé.
Comment a commencé ta passion pour Téléphone ?
Julien Deléglise : Eh bien, comme je l’expliquais plus haut, à six ans avec « Un Autre Monde ». J’ai immédiatement adoré ce disque, toutes ses chansons. A alors commencé une sorte de manie complétiste dès que j’ai reçu en cadeau mon premier radio-cassette. J’ai dès le début voulu tout savoir sur mes groupes préférés : j’achetais minutieusement tous leurs albums pour comprendre leur évolution musicale. Il y avait aussi des émissions comme Culture Rock avec Philippe Gardinier qui faisait des émissions d’une heure consacrée à un groupe. Le magnétoscope familial me permettait d’enregistrer ces programmes tardifs, et de les revoir le lendemain matin. J’ai très vite dévoré ces émissions. Celle sur le rock français m’a notamment connecté très tôt avec les Dogs, Bijou, Ganafoul et Little Bob Story alors que je l’avais enregistré pour Téléphone. J’ai notamment pu voir la prestation de « Métro C’est Trop » au festival de Fourvière en 1978. Les trois premiers albums m’ont permis de découvrir un rock plus rugueux et agressif qui me combla de bonheur pendant de longs mois. Aujourd'hui tu sors une bible pour tout fan de Téléphone, parle nous de la création de ce livre ?
Julien Deléglise : L’idée de ce livre est partie d’une promesse que je me suis faite : lorsque j’ai commencé à publier des bouquins, je me suis promis d’en publier un sur Téléphone. Une fois signé au Layeur, je me suis dit que c’était le bon moment pour évoquer l’idée d’un tel livre. Mon éditeur a été emballé, avec toujours en ligne de mire de consacrer également l’ouvrage aux carrières solo. Cela n’était pas un problème, car je les avais suivis d’un œil et d’une oreille plus ou moins lointaines. Les quatre musiciens sont un peu comme des proches pour moi. Même si je ne les connais pas, j’ai une grande affection pour eux. Ils se dégagent d’eux une grande sympathie pour moi, et j’avais déjà pas mal de leurs albums solos. J’ai commencé l’ouvrage exactement comme il est publié : par l’introduction expliquant ma découverte du groupe et ma promesse. Puis j’ai avancé album par album. Il y a quelques disques un peu faibles, mais la qualité musicale habite l’ensemble de leur carrière commune, et une bonne partie de celles individuelles. Je trouve d’ailleurs l’unique album de Corine Marienneau très plaisant ! Pour les informations qui alimentent mon récit, je me suis basé sur les biographies, auto-biographies, et ouvrages collectés au cours de ma vie. Je les ai cité en bibliographie. L’idée n’est pas d’être totalement exhaustif sur tout, mais de créer un récit intéressant mettant en avant l’aventure humaine que fut Téléphone puis les aventures solos. Il ne s’agit que de quatre êtres humains vivant leur rêve, et confrontés à de multiples pérégrinations dont ils n’avaient absolument pas imaginé ni l’ampleur ni l’existence. A l’époque, les groupes de rock n’avaient aucun business plan, à part faire quelques bons concerts et enregistrer un jour un album. Ils ont dû trouver des solutions à tout : l’organisation des premières tournées, la répartition de l’argent, la pression de plus en plus importante sur leurs épaules au fur et à mesure que le succès augmentait.
Combien de fois as-tu vu Téléphone ou chacun des membres de leur côté sur scène ?
Julien Deléglise : Aucune ! Pour Téléphone, étant né en 1979, je n’ai eu le temps que de vivre la sortie du simple « Le Jour S’est Levé », et leur séparation surprise en 1986. Je n’ai jamais vu aucun d’entre eux sur scène depuis, une question d’occasion manquée. Ils ne jouaient jamais à côté de chez moi, où je n’en avais techniquement pas la possibilité. Ma vie personnelle a été un peu mouvementée, et il y a certaines priorités plus importantes que d’aller en concert voir Jean-Louis Aubert, comme manger ou avoir de l’électricité. Je n’ai même pas vu les Insus ! Je vais voir pour la première fois Louis Bertignac sur scène en novembre prochain. Je suis content de cela, quelque part, une boucle est en train de se boucler.
L'évènement le plus marquant que tu ais vécu avec Téléphone ?
Julien Deléglise : Indiscutablement, c’est le choc initial de la découverte de la chanson « Un Autre Monde », qui a littéralement bouleversé mon monde d’enfant et ma vie entière. Si nous sommes là ensemble à discuter de ce livre et des précédents, c’est grâce à eux et leur musique. Cependant, plusieurs chansons ont été importantes dans mon panthéon personnel : « 66 Heures » et « Le Garçon D’Ascenseur » sur « Un Autre Monde », qui m’ont ouvert la porte du son blues-rock auquel je suis très attaché. On peut y ajouter « Métro C’est Trop » et sa slide sur le premier album, ainsi que ce thème obsédant et malsain. Il y a aussi le fantastique final de l’album « Crache Ton Venin » avec le doublé « Un Peu De Ton Amour » et « Tu Vas Me Manquer ». Le disque « Au Coeur De La Nuit » est pour moi leur chef d’œuvre absolu, et m’a beaucoup marqué par son atmosphère noire. Plus généralement, Téléphone est le choc initial, et je continue à l’écouter avec plaisir presque quarante ans plus tard sans aucun préjugé ni réserve, même après autant d’années de découvertes musicales extrêmement diverses.
Quels sont les groupes qui sont dans ton Top Ten ?
Julien Deléglise : C’est compliqué, car j’écoute beaucoup de choses et cela peut changer d’une heure à l’autre, comme passer de AC/DC à Genesis juste sur le feeling du moment. Le Top Ten que je t’indique est donc totalement subjectif, mais disons que je me base sur ce que j’écoute régulièrement depuis dix ans, et les choses sur lesquelles je reviens assez systématiquement : 1/ Black Sabbath 2/ Motörhead 3/ AC/DC 4/ Thin Lizzy 5/ The Groundhogs 6/ UFO 7/ Hawkwind 8/ Neil Young 9/ Man 10/ Fleetwood Mac (périodes Peter Green et Bob Welch)
J’ajouterais des groupes récents fascinants comme Slift, Barabbas, King Buffalo, Samsara Blues Experiment et Kanaan. Il faut également ajouter les Who, Led Zeppelin et Budgie qui sont trois grands chocs musicaux primordiaux que j’ai plus ou moins délaissé à force de les écouter, mais que je continue à aimer profondément.
Y a-t-il une chanson ou un album qui restera pour toujours ?
Julien Deléglise : Je ne suis pas très doué pour cet exercice, car je trouve tellement de groupes et d’albums formidables pour de multiples raisons très différentes que c’est bien compliqué. Je ne suis pas non plus devin. Vue la tournure des choses, il semble que l’histoire retiendra surtout des choses admises par le plus grand nombre : Beatles, Rolling Stones, David Bowie, Pink Floyd… Personnellement, je pense que la chanson « Killer Without A Cause » de Thin Lizzy sur l’album « Bad Reputation » est absolument parfaite. Elle provoque toujours en moi une incroyable montée d’adrénaline et un vertige qui ne s’atténuent pas avec le temps et les écoutes. Pour un album, je pense que si l’on veut une définition du rock’n’roll le plus pur, il faut avoir écouté une fois l’album « Let There Be Rock » d’AC/DC. On y entend littéralement crépiter les amplificateurs, le son est absolument diabolique, d’une pureté live en studio magistrale.
Quels sont tes prochains projets ?
Julien Deléglise : Le prochain livre sera sur Motörhead, carrières solo comprises. On a décidé avec mon éditeur de reporter cela au printemps 2024, car on veut faire un vrai bel objet. J’ai un ami collectionneur de Motörhead que je vais mettre à contribution pour les images, on va prendre un photographe professionnel. On veut que les fans de Motörhead comme les néophytes se régalent, dans la continuité du Téléphone. La suite pour la fin 2024 est déjà plus ou moins calée, mais je tiendrai ma langue car rien n’est sûr pour le moment.
Pour conclure veux-tu rajouter quelque chose ?
Julien Deléglise : Rajouter quelque chose ? Il me semble avoir été déjà bien bavard ! Peut-être qu’il me semble intéressant de rappeler que le rock n’appartient pas à une génération, mais que chaque génération a ses groupes. Aussi, il faut que chaque génération puisse exister. Que les Rolling Stones publient un nouvel album ne me dérange pas, cependant, le buzz autour fait que le rock est devenu une musique de vieux, avec ces conflits débiles entre vieux boomers et quarantenaires qui commencent à trouver ce genre de sortie gériatrique pénible. Il y a plein de super bons groupes dans le monde, en France notamment, et il serait souhaitable qu’ils puissent enfin exister médiatiquement parlant. De manière générale, il serait bon que les programmateurs de tous bords, radios, télévision, salles de concerts, arrêtent de se focaliser sur ce qui fait du buzz pour prendre quelques risques et laisser de la place à la musique qui vit et qui a quelque chose à dire. Des groupes comme Slift, Decasia, Barabbas, Fuzzy Grass ou The Marshals n’attendent que cela en France.
Artiste : Franck & Damien Album : Juniper Road Date de Sortie : le 27 Octobre 2023. Label : Soulbeats Music Genre : Songwriters / Americana
C’est important, la famille. Se sentir bien, relax, aimé, écouté, au sein d’une communauté de proches qui épouse le même feeling, les mêmes attractions, les mêmes sensations. Celle de Franck & Damien aime et partage le son ambré de la lapsteel, celui, enivrant de la slide, la rondeur de la 6 cordes et la fraîcheur du banjo. Le blues, la country music roots et le folk-rock qui naquit dans les granges de Laurel Canyon… Les harmonies, les voix chaudes, les rencontres, la simplicité, l’humilité, le partage… Le surf, les plages désertes, la Californie, l’Australie sauvage. Les membres de cette bande, vous les connaissez certainement : Xavier Rudd, Ben Harper, Jack Johnson, Donavon Frankenreiter, John Butler Trio. Oui : la famille, c’est essentiel. Entre cousins ou enfants adoptés, on se comprend tellement bien ! De plus, on parle la même langue : ici l’anglais, porté par des voix mélodieuses, laid back et jamais pressées sur des chansons souvent douces, souvent punchy, toujours puissantes, toujours percutantes. Leur tribu, Franck et Damien ne la voit pas si souvent : eux à Bordeaux et surtout dans leur Médoc adoré, terre de vignes, de rubans de sable, de vagues vierges et de bonnes vibes, les autres à Hawaii, Los Angeles ou dans le bush australien.
Pour leur second album après le chaleureux You Can Find Your Way, c’est Donovan Fankenreiter, le surfeur d’argent, qui est venu passer le bout du nez et enchanter le nerveux et captivant California, dont il est lui-même l’incarnation. Car Juniper Road, produit par Matt Grundyn, c'est l’album de la maturité et aussi celui de la plénitude et de la sérénité. La voix de Franck est pleine et vibrante, les harmonies ciselées, l’ambiance chaleureuse à souhait. Quand ils entendent cette histoire du premier pris en auto-stop par le second (où l’inverse), une rencontre tellement fortuite qu’elle en devint évidente, leurs potes en rigolent encore. Ok, cela ne s’est pas passé sur le Pacific Coast Highway à bord d’une Cadillac mais plus certainement dans une Clio sur la route de Lacanau.
Les Titres :
Home Another Way Spread Love Broken Man Stay Shelter Acoustic California Better For You Fire & Soul Raise Your Voice Blind Shelter Acoustic
C'est
toujours un réel plaisir de retrouver notre ami Ramon Pipin pour
échanger quelques mots et quelques confidences sur son coffret Best-Oeuf
et ses deux concerts Parisiens à venir.
On vous embarque dans 26 minutes de pure rigolade, de fraîcheur et de
grande franchise.
Qu'on se le dise, Ramon Pipin n'a vraiment pas la langue de bois et
c'est comme ça qu'on l'aime !
Il reste quelques places, précipitez-vous...
A toi Ramon.
Parle nous de ce coffret Best Oeuf
Ramon Pipin. Alors oui je peux parler de mon coffret. Mon coffret c'est
donc un coffret que j'ai appelé Best Oeuf, d'abord parce que ça sonnait bien
Best Oeuf...j'ai trouvé que c'était intéressant...et puis surtout je me suis
plus accroché aux titres qui me plaisent qu'aux titres les plus connus tu vois,
des trucs peut-être je dirais pas underground mais un peu moins évident et qui
me plaisent vraiment. Les 3 premiers albums sont constitués d'un peu un genre
best of Odeurs, mes premiers trucs. Alors j'ai pas eu les droits de «Au Bonheur
des Dames» parce que ça appartient à Universal, je t'en avais peut-être déjà
parlé. Je voulais remixer «Ego-dames» qui est un des premier titres que j'ai
fait et qui est la face B de «Oh les filles» en fait et je voulais le remixer
parce que je trouve que le mix est absolument à chier (Excuse-moi Dominique
Blanc-Francard), mais bon je n'ai pas eu les droits donc je n'ai pas pu le
faire. C'est pour ça que dans le livret il y a un commentaire assez long sur
«Ego-dames» mais que le titre n'y est pas. Après on passe à Odeurs... Odeurs a
commencé en 79 et il y a des titres d'Odeurs mythiques. Deuxième album,
troisième album, quatrième album et après on passe à mon album solo. Donc tout
ça c'est 1, 2 et 3, le Cd 4 est constitué de 4 nouvelles chansons, enfin trois
nouvelles chansons et un twong, le Cd 5 est constitué d'inédits et de trucs que
j'ai retrouvé vraiment dans mes archives...il y a même une chanson que j'aime
bien d'ailleurs, qui s'appelle «Je ne sais pas dire non» et je ne sais pas qui
chante ! C'est incroyable ! Et le dernier Cd c'est mes musiques de films, enfin
des extraits parce que je ne pouvais pas évidemment tout mettre. J'ai quand
même fait une trentaine de films donc j'ai mis ce qui me plaît : Bernie,
Coluche, c'est des trucs que j'aime bien voilà.
Tu as composé plusieurs Bandes Originales de films, laquelle
a été la plus compliquée à réaliser ?
Ramon Pipin. Alors je ne poserais pas la question comme ça. Je poserais :
Quel est le réalisateur le plus chiant avec qui tu as travaillé ? Ça se serait
un peu plus … Ils sont tous chiants en fait. Disons que le plus cool c'était
Antoine de Caunes quand même, ça je peux le dire. Après que ce soit Dupontel,
Christian Clavier, Sarah Levy avec qui j'ai fait beaucoup de films et que
j'aimais beaucoup, c'était un vrai plaisir. Même si le réalisateur était chiant
j'adorais ça, faire de la musique à l'image. Non vraiment, vraiment. J'avais
développé, j'en fais plus malheureusement, j'avais développé une sorte
d'esthétique assez personnelle, qui était un mélange entre le symphonique
(j'utilisais quand je pouvais, quand j'en avais les moyens, de vrais
instruments) et l’électronique. Avec un fond de rock’n’roll quand même parce
que ça je ne peux pas m'en passer.
Quel souvenir gardes-tu de cette façon de travailler ?
Ramon Pipin. Je peux te parler du film qui s'appelle « Enfermés dehors »,
vite fait hein, je ne vais pas en faire des heures.« Enfermés dehors » c'était quand même «
l'enfer, mais dehors! « Puisque j'ai fait je crois 150 maquettes et en fait
pour chaque titre j'étais en compet avec le groupe qu'avait formé la rythmique
de Noir Désir. Donc moi j'écrivais quand même des trucs un peu symphonique,
mélodique et eux ils arrivaient et j'entendais moidu du du du… et je voyais Albert qui était là
: «je sais pas , je sais pas ». Il
hésitait entre les deux et là franchement j'ai évité le Lexomil mais limite
hein ? Limite...c'était quand même très très dur.
Sinon j'adore ça, d'abord j'essaie de travailler en lisant
le scénario, que ça m'inspire quelque chose. Par exemple pour en revenir à «
Enfermés dehors », j'ai écrit le thème avant même que le film soittourné. J'ai lu le scénario, j'ai écrit le
thème, je l'ai vendu à Albert, il m'a dit que c'était super et qu'il prenait
ça. C'était vraiment bien. Mais franchement, même si c'est très dur
psychologiquement le tout, bon, sauf si t'es une grande star, là personne ne te
dit rien. Faut pas oublier que même Bernard Herrmann, Hitchcock l'a quand même
viré, donc bon ! Bernard Herrmann c'est pour moi sans doute le plus grand
musicien de films qu'il n'y ait jamais existé sur cette terre. Il y en a
d'autres maintenant. Il y a l'Islandaise qui est super bonne, celle qui a fait
« Tchernobyl et Joker ». C'est une violoncelliste Islandaise, vachement bien ce
qu'elle fait. J'adore ça les musiques de films, c'est vraiment très très beau.
Cela a complètement changé de vocabulaire. Avant, à l'époque de Maurice Jarre,
de ces gens là, il y avait quand même un attachement à la mélodie qui a
complètement disparu au profit d'une ambiance. Par exemple cette nana est
extrêmement douée pour faire ça.
Aurais-tu envie aujourd'hui de faire un album de reprises ?
Ramon Pipin. Je trouve que c'est un exercice extrêmement difficile,
extrêmement difficile et que dans 99,99% des cas c'est moins bien que
l'original. Pour moi une des plus belles chansons du monde c'est « God
Only Knows » , toutes les reprises que j'ai entendu, il y en a des très
belles hein , mais c'est moins bien que l'originale. Bon les Beatles on va dire
exceptionnel, allez Joe Cocker, Spooky Tooth qui ont fait une très belle
reprise de « I am The Walrus », il y en a certainement d'autres mais
vraiment c'est un exercice. J'ai fait cet album parce que j'adorais ça, en
plus c'était des titres un peu punks tu vois, je reprenais les Kinks. Les Kinks
c'était super mais au niveau du son cela n'a jamais été très bien produit. Je
me suis permis de faire ça, mais je n'ai pas touché à Hendrix parce que ça je
ne voulais pas. Ben non je ne voulais pas toucher à des trucs qui sont
intouchables pour moi tu vois. Mais je ne referai pas d'album de reprises,
franchement pas. Je préfère me faire chier, et dieu sait si je m'emmerde, à essayer
de trouver et écrire mes propres chansons. C'est un exercice très difficile,
qui me prend énormément de temps parce que je suis un tâcheron. Il y a une
chanson sur le coffret qui s'appelle « Uranus, Neptune ou Pluton » , qui est un
hommage à Procol Harum que je vénère aussi, et j'ai mis 6 mois à l'écrire. Ce
n’est pas compliqué, j'ai mis 6 mois.
Deux concerts au Ranelagh, au Café de la Danse dans deux
formules, parle-nous en ?
Ramon Pipin. Peut-être qu'un jour il y a un mec qui m'a dit en
plaisantant : « Mais pourquoi tu fais pas tes chansons en symphonique ? . Mais
ça commençait à me titiller.je me suis
dit : « Peut-être ce serait bien au début un piano voix ? « Et puis après j'ai
un peu étoffé ça. Et on ramène un peu les chansons à leur substantifique moelle
je dirais. La mélodie, les mots, un arrangement pas trop compliqué. Et donc
j'ai répété encore hier et je crois que c'est vraiment intéressant. C'est
vraiment intéressant. Bien sûr il y a des chansons qui ne s'y prêtent pas du
tout, les trucs complètement rock je ne l'ai pas fait. Mais j'ai suffisamment
de répertoire, quand même une quinzaine d'albums, pour pouvoir puiser là-dedans et
faire un spectacle qui je crois sera bien. Où je vais beaucoup parler aussi,
puisque moi je suis très ouvert sur le monde, sur l'actualité, terrible en ce
moment dont je ne parlerai d’ailleurs pas, en tout cas tout ce qui se passe
autour de nous : le walk, tout ce qu'on veut, le walk'n'roll…
Ha oui donc pardon, le deuxième concert...ce sont deux
concerts complètement différents. Ce ne sont pas les mêmes setlists du tout. Il
n'y a que deux morceaux communs dans les deux concerts. Le premier il y a deux
chansons nouvelles et dans le deuxième il y en a cinq. Et le deuxième concert
c'est ce que je fais plus d’habitude c'est à dire avec des musiciens de rock
donc il y aura basse, batterie, guitare, moi je vais jouer de la guitare aussi,
une choriste, clavier et moi. Non je me suis compté deux fois, donc on sera six
et ce sera furieusement rock’n’roll par contre, avec plus de liberté, plus
d'impro. Mes arrangements sont souvent assez contraignants. Je dis au mec qu'il
faut qu'il suive la partition et il me demande s'il peut faire cette note-là ?
Tiens derrière toi il y a le fils du bassiste, demande à quel point je le fais
chier. En plus je suis très attaché aux parties de basse parce que j'essaie
toujours que ce soit un peu un contre-chant que ce ne soit pas juste un truc
rythmique, qu'il y ait un apport mélodique au niveau de la basse, un peu comme
Mc Cartney, Colin Moulding, et tous ces très grands musiciens peu connu ou le
plus grand des plus grand Ray Shulman de Gentle Giant que tu connais.
Entre concert ZAKOUSTIK et ZELEKTRIC, lequel est le plus
facile pour toi ?
Ramon Pipin. Rien n'est facile, même les choses les plus simples ça prend
du temps parce que ….hier on travaillait sur un morceau, je ne dirais pas
lequel, mais que je joue depuis une trentaine d'années et ben voilà je ne suis
pas encore hyper satisfait. On va voir, on va réessayer, on était pas dans les
bonnes conditions, on avait pas de retours, on s'entendait pas bien,
j'entendais pas le violoncelle...c'est compliqué, c'est compliqué. Il y a des
contraintes techniques en plus à chaque fois. Là on est au Café de la Danse
donc il faut qu'on entende tout le monde, le piano, la clarinette ça ne donne
pas beaucoup de son. Au départ, je voulais faire un vrai concert acoustique,
c'est à dire que personne n'est repris tu vois. Je chante, piano, machin avec
Inès qui chante avec moi et puis on s'est aperçu que ce n'était pas possible
d'autant que la salle il y a quand même 350 places bon. Donc on va reprendre
tout et là ça devient tout de suite un peu plus compliqué. Bon on va y arriver
je pense, on va y arriver. Tout ça ce sont des challenges passionnants de toute
façon.
Peux-tu nous parler des gens qui t'entourent sur scène,
seront-ils les mêmes selon la formule ZAKOUSTIK ou ZELEKTRIK ?
Ramon Pipin. Alors oui bien sûr je peux t'en parler. Ce ne sont pas du
tout les mêmes. Au piano, au concert acoustique c'est un gars qui s'appelle
Michel Amsellem qui a joué avec tout le monde, avec Eddy Mitchell. En ce moment
il fait la tournée à 2 ou 3 avec Voulzy, ils font la tournée des églises de
France. Donc c'est lui qui joue. Après le quatuor est sous la direction d'Anne
Gravoin, que je connais depuis qu'elle est toute petite, enfin à peu près. Donc
il y a Anne Gravoin au premier violon, David Braccini au deuxième violon,
Vincent Debruyne à l'alto et Cyrille Lacrouts au violoncelle. Des très très
bons musiciens, ils jouent à droite à gauche, à l'opéra et tout. Il y a Inés
Damaris, qui est ma petite choriste préférée, qui chante, qui joue des
percussions, de la guitare, des claviers. Super, très sympa de collaborer avec
elle. Il y a donc Vincent Chavagnac qui va jouer tous les reads, clarinette,
sax, clarinette basse, flûte ou même recorder, et moi. Voilà.
Et par contre, concert électrique pas du tout les mêmes
gens, sauf Inés Damaris qui sera toujours avec moi et qui fera toujours les
chœurs, Vincent qui ce coup là ne fera plus les reads mais les Keyboards ,
Brice Delage un guitariste exceptionnel qui jouera, moi qui jouerai aussi ce
que je peux ...ça va aller je pense quand même. A la basse c'est Marc Périer,
pas très bon bassiste mais c'est mon ami depuis longtemps donc (rires)...je dis
ça parce que son fils est là donc voilà et Franck Amand à la batterie, un
batteur que j'aime beaucoup pour son inventivité et avec qui je travaille
depuis une dizaine d'années aussi. Je suis fidèle moi. Je suis fidèle.
En première partie, Jérôme Setian, parle-nous de lui
Ramon Pipin. J'ai demandé à Jérôme qui a beaucoup de talent et qui est
donc un membre éminent des Excellents , qui est la personne qui est à côté de
moi qui chante et tout, je lui ai demandé si cela l’intéresserait de faire la
première partie de mes deux concerts. Il m'a répondu qu'il adorerait ça. Je lui
ai dit que je ne voulais surtout pas savoir ce qu'il allait faire donc je ne
peux pas t'en parler parce que je ne sais pas ce qu'il fait. Je sais qu'ils
sont trois. Il y a une harmoniciste très très bonne qui s'appelle Rachelle
Plas, il y a un autre guitariste qui s'appelle Philippe Hervouët et Jérôme
Sétian qui chante. Ils font un truc un peu humoristique je suppose mais je ne
sais pas. Je vais découvrir en même temps que toi.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Ramon Pipin. Par l'intermédiaire de Camille Saféris qui m'a amené un jour
Jérôme et puis on s'est bien branché,d'ailleurs on s'est tellement bien
branché que Jérôme est toujours avec moi, Camille non !
Après les concerts parisiens, comptes-tu te produire en
province ?
Ramon Pipin. Je rêverais de ça, je rêverais de ça mais c'est tellement
difficile de trouver des producteurs, de trouver des …. L’autre jour il y a
quelqu'un qui me disait : « Ramon, combien tu fais de personnes à Paris ? » . «
J'en sais rien...je fais 500 personnes, ça dépend «Il me dit « En province tu vas faire 100
personnes ! » . Moi je ne crois pas du tout, je crois exactement le contraire
parce que, quand on va à Montceau-les-Mines, il ne se passe jamais rien à
Montceau-les-Mines, les gens ils n'ont que ça à foutre le soir d'aller au
concert. Alors qu'à Paris, je crois que tous les soirs il y a 400 spectacles
donc voilà. En plus quand tu vas à Montceau-les-Mines, tu as la radio de
Montceau-les-Mines, tu es sûr que tu vas y aller, tu vas faire de la promo.
Mais il faut que je trouve … je vais essayer avec quelqu'un. J'adorerais aller
en Province, non pas pour moi parce que je suis très bien à Paris, enfin non je
ne suis plus très bien à Paris d'ailleurs, mais j'aimerais bien aller jouer en
Province. Il y a des gens à Bordeaux, je pense qu'ils seraient là, à Lille.
Mais ce n'est pas facile à monter. Ça fait des années que j'essaie et à chaque
fois les tourneurs ne viennent pas, les producteurs ne viennent pas, malgré un
dossier de presse épais comme ça, des critiques un peu dithyrambiques sauf les
tiennes évidemment mais voilà c'est très dur. Et puis bon je ne fais pas de
musique urbaine, je ne suis pas tout jeune, mais il y a des vieux qui font des
belles tournées.
Tu voulais rajouter quelque chose ?
Ramon Pipin. Ah, je vais te raconter un truc tiens parce que j'ai
toujours des anecdotes assez drôles. Quand on fait l'Olympia, non ce n'était
pas l'Olympia c'était le Gymnase en 84, peut-être 83 ou 84 à Paris, on fait 6
semaines ok ? On remplit 6 semaines, c'est 800 places quand même, ça fait quand
même du monde. Et on s'arrête le vendredi et là on se dit : « C'est quand même
trop con, il faut qu'on continue ». Et il y a Paul Lederman qui est là, le
manager de Coluche. Et on discute avec notre manager, là à l'époque j'avais un
manager qui s'occupait de tout. On lui dit qu'on va prolonger et qu'il faut
qu'il annonce les prolongations. Et Lederman il vient me voir et il me dit : «
Alain, il ne faut pas que tu prolonges ». Je lui dit : « Tu déconnes ou quoi ?
Tu as vu comment ça marche ? «. Il me répond que je vais me planter. Et je ne
l'ai pas écouté. Et le lundi ou le mardi, je ne sais plus quand on reprend, le
rideau s'ouvre et sans déconner il y a 15 personnes dans la salle. Et je me
marre tellement que je n'arrive pas à chanter la première chanson, parce que tu
sais, quand le rideau s'ouvre, que tu as eu 800 personnes et que ça s'ouvre et
qu'il y a 15 personnes ! Je me souviens la première chanson ça s’appelait «
Elle cache-cache son jeu» , je me marrais, je ne pouvais pas la chanter. Après
on a dit que Shitty s'était pété le bras, je sais plus quoi et on a arrêté.
Il ne te reste que 178 titres pour atteindre les 1000. A
quand un prochain album ?
Ramon Pipin. Je ne sais pas. Là, j'ai quand même une chanson que j'aime
beaucoup, enfin je les aime toutes mais il y en a une que je vais faire lundi
qui me touche particulièrement, bien que ce soit une histoire complètement
inventée mais je ne sais pas, je trouve que c'est très bien, qui s’appelle «
Dans le tiroir du bas « et quatre nouvelles chansons rock donc j'ai cinq
titres. Peut-être un mini album ? Je ne sais pas. Mais un vrai album, je ne
sais pas. C'est compliqué, et puis tu sais je suis toujours étonné quand ma
muse vient me visiter et me donne l'inspiration. Donc cet été j'ai réussi à
écrire ces quatre chansons là, ces cinq chansons là et puis je les ai vraiment pensés
à la différence de ce que je fais d'habitude quand je ne me soucie pas de qui
va jouer, j'écris la chanson d'abord. Là je les ai pensés pour la scène
c'est-à-dire que la première que tu entendras lundi elle est pensée pour un
piano, un quatuor et les quatre autres sont pensées pour être rock mais plus
jouable que d'habitude. Plus impro, un peu plus de liberté et tout.
Donc non ce n'est pas prévu mais ça va me démanger parce que
quand j'aurai fini mes concerts, j'aurai plus rien à faire que je vais me dire
: « Tiens j'irai bien en studio » j'aime tellement ça aller en studio moi.
Tu as retravaillé quelques titres à ICP Bruxelles ?
Ramon Pipin. En fait, dans mon ordi, j'ai à peu près tous mes albums
numérisés, mais à peu près, je n’ai pas tout. Donc j'ai écouté et je me suis
dit : oui ce titre là ça vaudrait le coup, il y a même quelques titres on a
rejoué des instruments, j'ai fait rejoué une ou deux basses par Marc Perier
justement, on a fait rejoué une ou deux batteries, Brice a rajouté quelques
guitares voilà. Sinon il y a des titres on a rien touché, on a juste remixé
mais ça valait le coup. Tu te rends compte c'est quand même des trucs, même si ça
ne sonne encore pas trop mal, ça été mixé en 79/80 quoi ! Il y a 40 ans, 43
ans.
Tu as tout tenté pour faire revivre le 1er album « Twist »
d'Au Bonheur des Dames
Ramon Pipin. Oui j'y vais au feeling. Je t'avais peut-être raconté
l'anecdote ? Il y a un mec que j'aime beaucoup qui s'appelle Steven Wilson, un
anglais que tu connais bien évidemment, qui remixe beaucoup d'albums qui ont
bercé ma jeunesse : « Aqualung » de Jethro Tull est une de ses meilleures
réussites. Il a remixé The Giant, il a remixé XTC. En tout cas il respecte
vraiment le vocabulaire d'origine, le son n'est pas du tout altéré, simplement
il nettoie, il y a plus de dynamique et tout...Et j'avais voulu faire la même
chose avec le premier album d' Au Bonheur des Dames puisque c'est les 50 ans de
« Twist » , cette année c'est les 50 ans en fait, album qui était quand même
disque d'or avec « Oh les filles ». Et donc j'ai proposé à Universal il y a
quelques années de remixer, puisque comme je t'ai dit j'étais très déçu par le
mix qu'on avait fait à l'époque au château d'Hérouville, mythique château
d'Hérouville où on croisait Elton John et David Bowie. Universal m'ont filé le
master d'un titre, puisque c'est eux qui ont les bandes, que j'ai remixé. Donc
j'étais tout content parce que franchement c'était vachement mieux, la batterie
par exemple était décalée sur la gauche et on l'avait recentrée, il y avait le
pianiste qui devait avoir des gants, des moufles quand il a joué donc on avait
aussi fait du montage pour que ce soit bien, sorti mieux la voix, bref c'était
beaucoup plus clair. Et j'arrive chez Universal, le mec qui m'avait filé les
bandes, je me souviens plus de son nom mais il vaut mieux que j'ai oublié. Donc
il écoute le truc sur son Laptop et puis il me dit : « Ah ben je vois pas la
différence ! « et le truc s'est jamais fait. Voilà ! Il voulait tester alors il
m'avait filé que celui là. Ils n'en ont rien à foutre tu sais. Même si Au
Bonheur des Dames a été disque d'or, c'est rien à côté de leurs grosses
locomotives quoi.
Afin de te découvrir un peu plus, parle nous des gens qui
t'entourent pour réaliser tous tes projets ?
Ramon Pipin. Bien sûr, j'ai des gens qui m'entourent depuis plusieurs
années et je leur rends hommage ici parce que je suis un très gentil garçon. Je
leur rends hommage mais ils ont quand même beaucoup de chance de travailler
avec un mec comme moi. Hein Adrien t'es pas d'accord ? Alors ils sont
plusieurs. Il y a Pierre Mitz qui m'aide beaucoup dans le quotidien, on réfléchit
parfois aussi. Comme il est assez ringard parfois je lui demande ce qu'il pense
de ça et j'écoute son avis. Il y en a un autre qui par contre est un élève de
Robert Fripp, qui est musicalement beaucoup plus pointu, qui est vraiment un
grand ami et qui s'appelle Pascal Nagat avec qui je travaille aussi beaucoup.
Bon là maintenant il a un boulot donc je le vois moins mais il sera là au
concert. Je demande conseil mais je n'écoute pas toujours les conseils mais
parfois je les écoute. Et il y a la superbe Florence Bouvrotqui m'aide aussi beaucoup. Alors c'est plus
quand je fais des spectacles mais c'est une cheville extrêmement importante,
qui appelle avec beaucoup de gentillesse les gens, qui essaie de les motiver
pour venir, pour faire venir... Bon il y en a beaucoup d'autres bien sûr, je
les oublie. Il y a Vincent Chavagnac qui se tape toutes mes partitions, que je
fais chier parfois quand c'est pas exactement ce que je veux. Je suis quand
même assez exigeant je le reconnais mais bon c'est comme ça. Et mes musiciens
qui travaillent avec moi depuis une dizaine d'années, un peu toujours les
mêmes. Voilà, je suis bien entouré mais il me manque vraiment un vrai manager
parce que parfois j'ai des décisions à prendre et je fais des conneries je le
sais. Mais bon évidemment je ne suis pas infaillible. Là on a un vrai problème
de marketing, c'est très difficile. Il y a une fille qui s'appelle Camille
Potier qui fait du community management mais elle le fait surtout pour les
Excellents donc je n'ai pas non plus vraiment de cummunity manager. J'ai pris
un nouvel attaché de presse qui a l'air super, qui est sans doute le plus gros
attaché de presse de jazz à Paris en ce moment, qui s'appelle Antonin Lennes,
tu le connais ? Écoute j'ai été voir un concert de Louis Cole et il y a un mec
qui m'aborde dans la queue et me demande si je suis Ramon Pipin . Un jeune mec
de trente ans... » Oui mais comment vous me connaissez ? « et il a cette
réponse étonnante, il me dit : «Mon
père m'a élevé en écoutant vos chansons » . Je lui dis que c'est super et lui
demande ce qu'il fait. Il me dit qu'il est attaché de presse de la soirée de ce
soir, de Louis Cole qui est un musicien exceptionnel, ça c'est vraiment génial.
Je lui dis que ce serait bien que l'on se parle un peu plus avant et donc je
l'ai pris pour ce concert et franchement il a très très bien bossé et
malheureusement les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances. Les
journalistes euh ...je ne sais pas qui va venir lundi, encore. Alors il y en a
que je connais bien sûr mais bon ils ne me répondent pas. Écoute on verra tant
pis, je ne citerai pas de noms. Il y en a qui sont très cools , très sympas
parce qu'en général ils aiment tous ce que je fais mais par contre ils sont
très sollicités donc ils ne peuvent pas être là . Je ne peux pas leur jeter la
pierre, c'est comme ça.
Pour conclure, est ce que tu as quelque chose d'important à
dire dont on n'a pas parlé ?
Ramon Pipin. Hé bien ce que je voudrais dire c'est que ce n’est pas
toujours facile de faire des spectacles dans le monde dans lequel on vit
actuellement. J'essaie de me tenir au courant. Il y a beaucoup de douleurs, de
peines et j'espère que si les gens peuvent venir passer un bon moment en ma
compagnie, enfin en la compagnie de celle des gens qui m'entourent, des
musiciens, je serai content, vraiment content. En plus je raconte je crois des
choses pas trop cons donc venez, venez et puis si ça ne vous plaît pas je vous
rembourse. Tu sais je dis ça je ne prends aucun risque.