samedi 25 mai 2024

LAURENT VIEL // INTERVIEW // Tout en Vérité - 13 Mai 2024.

 
Laurent Viel, chanteur et comédien, revient avec un nouveau spectacle intime et personnel, "l'Homme Femme", composé de 14 chansons originales abordant les thèmes de l'enfance, d'une blonde, de l'amour, du genre et de la sexualité, du parcours d'une vie, d'une brune, de la résilience... Vous pourrez le retrouver à Paris au Théâtre Essaion tous les mercredis jusqu'au 26 Juin 2024.

Voici une interview de Laurent Viel dans laquelle il nous raconte son parcours et se confie tout en vérité. On vous laisse donc rentrer dans son univers et savourer ces belles confidences




Quels souvenirs gardes-tu de tes premières années ?

Laurent Viel. Les souvenirs c'est avant tout un refuge dans la musique et dans les chansons. Ça vraiment été quelque chose de très important pour moi depuis tout petit et particulièrement avec les deux fées qui se sont penchées sur mon berceau. J'aime bien dire ça. Les fées, les sorcières. D'ailleurs j'aime bien les sorcières aussi. La première c'est Sylvie Vartan quand  j'étais tout petit et la deuxième c'est Barbara. Et chacune, à leur façon, elles m'ont prises dans les bras sans me connaître, elles m'ont consolées, elles m'ont fait rêver, elles m'ont amenées du merveilleux, des paillettes. Ça c'est surtout pour Sylvie. Pour Barbara, une émotion palpable. Quelque chose qui a résonné en moi profondément. Et le mélange des deux a fait que j'ai décidé que je ferais ce métier là. Je te parle de ça car enfance et adolescence ça été les choses les plus importantes. Après c'était pas si facile que ça. Ni l'enfance ni l'adolescence pour moi. C'était pas compliqué mais il y avait un truc qui n'était pas simple on va dire.

Aujourd'hui où habites-tu ?

Laurent Viel. J'ai grandi à Paris. C'est drôle car on habite maintenant avenue Parmentier et quand je suis né mes parents habitaient avenue Parmentier, mes grands-parents habitaient avenue Parmentier et des années plus tard je me retrouve avenue Parmentier (rires). C'est drôle! mais voilà. Et depuis quelques années on a fait des travaux dans une maison de campagne du côté de Chambord et on y vit de plus en plus. On a la chance de pouvoir y aller et ça c'est super.

Quelles ont été tes premières découvertes musicales, tes premières influences et tes idoles ?


Laurent Viel. Comme je te disais il y a eu d'abord ces deux femmes, Sylvie Vartan et Barbara. Après il y a tellement de choses. Que ce soit la chanson française, Gainsbourg, Bashung, Daho, Christophe pour les garçons ou Mylene Farmer, Catherine Ringer, Dalida. Dans les nouvelles, il y a Zaho de Sagazan que j'adore vraiment. Je trouve que c'est très beau ce qu'elle fait. West Side Story puis les Anglo-saxons. Prince, Kate Bush, Björk, Peter Gabriel, David Bowie. Ça été très important comme influences. Puis après j'ai eu la chance de faire du théâtre avec un super prof qui s'appelle Philippe Duclos. Et là j'ai été amené à toucher les grands auteurs de théâtre de Sophocle à Lagarde et Koltès. Ça été très important.

Comment as-tu eu l'envie de devenir chanteur et comédien ?


Laurent Viel. Je n'ai pas eu envie, un beau jour, de devenir chanteur et comédien. Comme je t'ai dit tout petit je me suis vraiment réfugié, j'emploie ce mot là, dans ma chambre d'enfant et je me suis mis à rêver. Et en rêvant j'ai tiré ce fil là. J'ai eu la chance que je puisse en vivre jusqu'à présent. Monter globalement tous les spectacles que j'avais envie de monter et que ça tourne. Et dès que j'ai fait un choix, sans doute, mais pas un vrai choix où tu décides de faire un choix. Ca s'est fait tout seul.

Quels ont été tes premiers pas dans ce monde artistique ?

Laurent Viel.  Mes premiers pas se sont faits plutôt dans la chanson. Très vite. La musique reste pour moi le facteur le plus important. Les mélodies, les harmonies. Au début j'étais capable de chanter n'importe quoi. Je m'en foutais. Sans doute mon éducation avec Sylvie Vartan qui a quand même chanté, beaucoup de fois, des textes plus ou moins bons. Et à un moment donné je me suis rendu compte que j'avais besoin de choses plus fortes dans le fond. C'est pour ça que j'ai fait du théâtre. C'est parce que je sentais qu'il fallait que j'aille me mettre du poids dans le ventre, que j'aille m'attaquer à du texte, des grands textes. Et après ça a influencé, bien sûr, le choix de mes auteurs car je peux écrire certaines chansons mais je me considère avant tout comme un interprète. Un compositeur et un auteur comme ça par fulgurance. Après j'ai été amené à rencontrer, pour la musique, Romain Didier, Roland Romanelli, Thierry Garcia. Pour les textes, Pascal Mathieu, Xavier Lacouture, Bertrand Soulier. Des auteurs et des compositeurs. Enfin moi ce que j'appelle des auteurs et des compositeurs.

Te souviens-tu de ton tout premier spectacle en public ?

Laurent Viel. Oui, ça devait être dans un cabaret qui s'appelait à l'époque Le Piano Zinc à la fin des années 80 où j'avais monté un récital pour un dimanche après-midi. Je crois que c'est ça mon premier. Enfin, j'ai eu des petites aventures avant mais le premier vrai spectacle pour moi c'est celui-là. Je garde la sensation que je savais que c'était ça qu'il fallait que je fasse avec, sans doute, plein de fragilité et plein d'excès. Mais je pense que j'avais déjà une chose essentielle. C'était une urgence et la nécessité absolue de faire ça. Après avec le temps, en travaillant ma voix, j'ai pu peaufiner tout ça, en faire un objet artistique, je pense, de plus en plus intéressant. Peut-être qu'à l'époque c'était bourré de fragilité, sûrement. Ce qui peut être touchant aussi. Mais également des fragilités qui nécessitaient du travail.

Quelles sont tes idoles ?

Laurent Viel. Une de mes idoles absolues au cinéma c'est Charlie Chaplin. Mais même en tant qu'artiste. Pour moi tout est réuni, tout est à sa place et sublimé. Que ce soit dans sa façon de faire ses films, dans sa façon de jouer, sa façon de composer et d'être tout simplement. Pour moi c'est l'un des plus grands artistes. Sinon au cinéma j'ai des figures. En France, j'ai Isabelle Adjani, ça c'est sûr. C'est sans doute la première comédienne, quand j'étais très jeune, qui a créé cette sensation en moi. Je trouve que c'est une actrice extraordinaire même si ces derniers temps elle est plus étrange à suivre. Dans la musique, comme je te disais, dans les français c'est plutôt Gainsbourg, Bashung, Daho, Christophe. Ce sont mes quatre mousquetaires. A l'étranger Prince. Pour moi Prince et Chaplin c'est la même famille. C'est des cousins, des frères. Prince, musicalement sur scène dans sa façon de chanter, c'est pareil. Après tu peux ou ne pas aimer comme Chaplin d'ailleurs mais il y a un souffle. Voilà, David Bowie, Kate Bush, tout ça ce sont des gens qui m'ont pétri.

En 1998, sort ton premier album autoproduit "A l'Envers". Comment s'est passé la naissance de ce projet ?

Laurent Viel. La naissance de ce projet c'était ma rencontre avec Thierry Garcia guitariste, musicien, arrangeur. Les forces de propositions artistiques. C'est un vrai artiste et un vrai partenaire. Donc on faisait les musiques ensemble, on chantait et on s'est dit que ce serait bien d'avoir, à un moment donné, un cd. J'avais envie de m'accrocher à ça et ça s'est fait dans ce contexte là. Pour autant je ne peux pas te dire que j'en garde un souvenir impérissable, c'est pas vrai mais c'est la trace d'une époque.

Et l'enregistrement en studio ?

Laurent Viel. C'était une fois, aussi, où je me laissais un peu porter parce qui se passait. Pour moi le vrai travail de studio où je trouve que je me suis vraiment impliqué c'est le dernier disque. Je n'ai pas fait beaucoup de disques. En 1998 j'ai fait "A l'envers", en 2004/2005 "L'impatience" où je me suis un peu plus investi mais en ne maîtrisant pas forcément tout ce que je voulais alors que le dernier c'est vraiment un travail que j'ai pleinement porté avec tous les musiciens qui sont venus jouer dessus et, où j'ai été à tous les niveaux très pointilleux, on va dire. Alors l'oeuvre est aboutie même si maintenant quand je réécoute, comme dans le spectacle j'ai les bandes de l'album, il y a toujours des choses à revoir. Mais bon, il a fallu arrêter. Et Ian m'a dit "il faut arrêter Laurent car je pense que tel que tu es on peut très bien ne jamais le finir cet album". Il y a toujours un moment où ça me fige. Donc on est content et en même temps on peut se dire ça aurait pu encore çi ou ça.

Auteur-compositeur tu collabores avec Xavier Lacouture, Marie Nimier, Philippe Besson pour les textes et Thierry Garcia pour la musique.
Raconte-nous ces rencontres ?.


Laurent Viel. Alors Thierry Garcia et Xavier Lacouture ce sont vraiment des frères de scène, de chansons et de spectacles. J'ai d'abord rencontré Thierry en 1995. On a fait un concert puis après on a décidé de travailler ensemble. On composait ensemble et il y a eu une alchimie qui s'est créée entre nous. Puis, par le biais de Thierry lorsque je cherchais un auteur il à fait appel à Xavier qui est venu voir des concerts et puis on a commencé à travailler avec lui. Et même si je ne suis ni un auteur ni un compositeur tels que je les conçois, au niveau des textes je savais vraiment ce que je voulais raconter. Donc il fallait que Xavier se mette au service des histoires, des propos et des thèmes que je lui donnais. Après il a su magnifiquement écrire sur mesure pour moi et pareil pour les musiques. C'est pour ça que j'ai fait beaucoup de musiques avec Thierry qui m'a ouvert la possibilité de travailler avec lui sur les musiques. Voilà, ce sont des partenaires avec lesquels je pouvais travailler et donner aussi mes envies aussi bien au niveau des textes que de la musique.

Tu crées la Cie Les Palétuviers, parle-nous un peu de cette compagnie ?

Laurent Viel. Les Palétuviers c'est une compagnie que j'ai monté avec Marc Viseur avec lequel j'ai beaucoup travaillé pendant des années. On était un binôme. Alors là, c'est plus dans le côté spectacle. Et puis on a monté un spectacle qui s'appelait "La mémoire qui chante". On avait interviewé des personnes âgées de la ville de Sceaux qu'on entendait en filigrane nous raconter leur vie et ça croisait forcément la grande histoire car c'était un spectacle qui évoquait le siècle dernier et donc des gens qui avaient pratiquement vécu toutes les périodes de ce siècle et forcément ça croisait, des fois, la grande histoire. En écho, on était quatre sur scène. Deux filles et deux garçons. On avait repris des chansons du répertoire qu'on avait complètement réarrangées parce qu'en ce qui me concerne j'aime apporter de nouvelles lectures sur des chansons tout en ne me servant pas d'elles pour faire quelque chose mais tout en étant à leur service. Mais une lecture nouvelle en tout cas. Donc ce spectacle a énormément marché. On l'a joué pendant cinq ans un peu partout et après on a monté d'autres spectacles. Et la compagnie, artistiquement, a vécu jusqu'en 2013/2014 avec cinq ou six spectacles qui ont bien tourné et ont été joués à Avignon.

En 2000 "J'ai la mémoire qui chante"... 2008 tu crée "Les boulingrins et autres cruautés", spectacle mêlant textes de théâtre (Courteline, Tchekov...) et Chansons (Barbara, Boris Vian, Francis Blanche...) 2009 un spectacle pour le jeune public "Mon Pantalon est décousu".
Quelles sont tes manières de travailler ces différentes approches.


Laurent Viel. Ce sont des choses différentes. "Les boulingrins et autres cruautés", c'était vraiment un spectacle de théâtre. C'était un spectacle qu'on avait fait la directrice Nadine Varoutsikos de la scène nationale du Creusot et qui nous a offert, après, une résidence de trois ans. Donc là, on était vraiment dans du théâtre même s'il pouvait y avoir un peu de chansons. Du théâtre drôle, cruel et ludique. Marc venait vraiment du théâtre. Moi je venais des deux. Et puis après "Mon pantalon est décousu" c'était pour les enfants. C'est pareil. On est allés interviewer des gens qui étaient enfants pendant la guerre et qui nous racontaient des anecdotes de ce qu'ils avaient vécu en tant qu'enfants pendant la guerre. Et puis en écho, on venait prendre des chansons. On en avait monté un autre sur Mai 68, aussi, où il y avait des témoignages. On aimait que se mêle, comme ça, des moments de vie forts et intenses et la chanson qui nous accompagne dans nos vies. La chanson c'est la forme artistique qui nous accompagne le plus au quotidien. La peinture, le théâtre, l'écriture aussi, j'imagine. Mais les chansons c'est un petit truc, ça vient, ça peut te rappeler des émotions d'une intensité incroyable, des gens, des moments. Donc on aimait bien mêler ça.

As-tu une manière de travailler différente pour les spectacles pour enfants ?

Laurent Viel.  Je sais pas. Chaque spectacle est différent. On a pas une recette. Alors après dans la forme, avec les Palétuviers, on pouvait peut-être avoir effectivement ce fil conducteur de témoignages et de chansons mais après on essaye d'être inventifs et créatifs à chaque fois. Tous les spectacles sont différents même s'ils peuvent  avoir, parfois, des liens. Après j'en ai eu de plus différents. Quand j'ai monté mon spectacle sur "Chevalier d'Eon" ou le dernier, là le dernier c'est vraiment quelque chose que j'ai rarement fait. Au tout début je pouvais travailler sur bandes mais là, avec en plus tout un travail de scénographie, de vidéos. Donc il y a eu des moments de spectacle vraiment très différents. Mais quelque part chaque spectacle est différent. Ce sont des travails complémentaires. J'essaie en tant qu'interprète, que je vienne en tant que chanteur ou en tant que comédien de me mettre en disposition pour réagir avec des techniques, bien sûr. J'ai une technique vocale. J'ai ça mais j'essaie surtout de me rendre disponible pour que les émotions du moment viennent nourrir ce qui se passe et permette à la représentation d'être unique en son genre et la plus riche possible. Et quand tu montes sur scène c'est là que tu rencontres le dernier partenaire qui est le public. Et les publics sont très différents. Ils impulsent plus ou moins sur le spectacle. En général ils impulsent toujours sur le spectacle même s'il y a un quatrième mur. La sensation. On ressent si le public est avec nous, contre nous, silencieux, très expressif et ça vient influer sur notre jeu, bien sûr.

Parle-nous de tes rencontres avec Jean Guidoni, Enzo Enzo, Olivia Ruiz, Nery, Isabelle Georges ?

Laurent Viel. J'ai rencontré Olivia Ruiz, à l'époque où l'on cherchait quelqu'un pour faire ce duo "L'amour qu'on a pas fait". Je l'avais vu dans la première saison de la Star Academy et j'avais eu tout de suite une accroche pour elle. Je la trouvais absolument délicieuse. J'adorais l'acidité de sa voix puis son caractère et donc avec la productrice ça a abouti à l'album "L'impatience". Olivia est venue me voir et on a tout de suite super sympathisé. On est dans des univers très différents et on a pas forcément beaucoup de goûts en commun mais elle a une tendresse. Il y a quelque chose qui s'est fait. Je crois qu'on aimait beaucoup chanter ensemble. Elle est venue souvent chanter avec moi et le duo s'est fait comme ça. Alors ça fait longtemps qu'on s'est perdus de vue et là, dernièrement, elle a vu que je reprenais le spectacle et m'a envoyé un petit message adorable. J'espère qu'elle va pouvoir venir. Puis c'est une carrière artistique dont je suis très admiratif. Moi qui l'ai vu au début où il y avait plein de choses elle était vraiment en devenir. Tout ce qu'elle a fait. Elle avait travaillé avec des chorégraphes, monté des spectacles très singuliers. A la fois réussir à être une chanteuse populaire et grand public et en même temps avoir toujours une exigence artistique. Enfin je suis très admiratif d'Olivia et de son parcours. Jean Guidoni, lui, est venu me voir chanter et puis après m'a proposé de faire ses premières parties. C'est pareil pour lui. Jean c'est un immense artiste de music-hall et un interprète incroyable qui, dans les années 80, a monté des spectacles révolutionnaires. Sans savoir, car je ne le connaissais pas beaucoup à l'époque, qu'il me permettrait d'être aussi l'artiste que voulais être. Et puis avec des spectacles comme "Chevalier d'Eon" on à plein de thèmes qui nous réunissent. Il y a quelque chose de l'ordre de la fratrie bien que c'est un grand mot car je ne connais pas assez bien Jean pour ça mais il y a des vrais points communs. Et puis Enzo Enzo. Alors là, c'est une rencontre forte. C'est celle avec qui j'ai le plus travaillé puisque l'on a monté un spectacle sur la famille qu'on a joué deux fois à Avignon et avec laquelle j'ai beaucoup tourné. Et puis il y a une relation très forte presque de frère et soeur aussi bien dans la tendresse que dans les engueulades. C'est une des personnes avec lesquelles je peux me raconter le plus et elle aussi. On est vraiment capable de se dire les choses. Donc voilà, Enzo est rentrée dans mon cœur d'une façon très importante.

La naissance de "L'homme Femme" a commencé par un album, comment est-il devenu un spectacle ?


Laurent Viel Le spectacle "L'homme Femme" est effectivement né d'un album. Je l'avais fait parce que j'avais une petite somme d'argent et j'avais envie de refaire un album. J'en avais pas fait depuis 2005. Je souhaitais prendre des chansons de différentes périodes de mon parcours et m'investir vraiment, profondément au niveau des arrangements et je voulais trouver quelqu'un qui sache à la fois travailler la chanson et travailler l'univers electro-pop qui est pour moi un univers musical que j'aime énormément. Et grâce à la rencontre avec Yann Cortella ça a pu se faire. Donc on a fait cet album pendant le confinement avec tout ce que ça veut dire. Et puis reçevant Isabelle Aichhorn à un moment donné en lui faisant écouter l'album, c'est elle qui m'a dit "Mais tu va faire quoi sur scène ?" Je lui ai répondu  "Je ne vais rien faire sur scène. C'est pas prévu au programme". C'était juste un objet artistique que j'avais envie de faire comme ça pour le geste. Elle insiste et me dit "C'est con. C'est quand même vachement fort. Ça raconte de toi des choses tellement intimes". Je le percevais pas vraiment et elle m'a tellement convaincu qu'on a commencé une séance de travail de 2/3 jours et à la fin on s'est fait "On continue, on continue pas ? Oui, on continue". C'est vraiment un spectacle, c'est la première fois que ça m'arrive, qui a décidé que je le monte, qui nous a emmené et qui, moi, m'a emmené dans des choses extrêmement intimes, extrêmement impudiques entre guillemets. Et j'ai pu retrouver en faisant ce travail là, justement, ce qui m'avait bouleversé chez Barbara. C'est à dire sa capacité de se raconter, de se mettre à nu par des choses très intimes et d'en faire quelque chose d'universel et surtout quelque chose d'artistique, de beau. Et moi c'est ce que j'essayais de faire avec Isabelle Parce que sais que j'avais ce questionnement dès qu'on a commencé. Je me disais toujours "Est-ce que c'est pas un truc très centré sur ton nombril, est-ce que ça va intéresser et toucher les gens ?" Et évidemment, elle m'a dit  "Laurent, regardes Barbara. C'est que ça. Après il faut en faire quelque chose d'artistique mais c'est beau et ça peut toucher les gens. Vraiment". Bien sûr je m'en doutais mais j'avais cette peur aussi. Et puis voilà. Ça s'est monté et ça s'est fait. On a d'abord tourné pour aller chanter chez les gens parce qu'on sortait aussi de cette époque de confinement et on sentait qu'il y avait plein de gens... moi j'ai tout un réseau depuis le début des années 2010 que je ne connaissais pas et qui m'a fait tourner chez les gens. Tu pouvais te trouver à chanter devant 200 personnes comme devant 10. Et avec Isabelle on a eu envie de le monter dans ce sens là au départ. Donc on a eu, comme ça, une vingtaine de dates chez des particuliers et puis après j'ai eu envie de l'amener au théâtre en pouvant faire un travail vidéo car j'avais envie, aussi, que dans ma tête ce que je m'imaginais puisse à un moment donné être représenté de façon physique. Et donc avec Antoine Le Gallo qui a été un partenaire extraordinaire, qui est cinéaste et réalisateur, on a fait tout un travail. Donc là le spectacle que l'on présente à l'Essaïon il y a des projections. On embarque vraiment les gens dans un voyage très personnel et très singulier pour moi et, heureusement, qui va toucher les gens puisqu'en l'ayant déjà joué l'année dernière il y a beaucoup de gens qui viennent me voir plusieurs fois, qui ont besoin de m'en parler et qui ont eu besoin de m'écrire parce que ça touchait quelque chose de très intime en eux. Et ça c'est du bonheur. Là, pour la nouvelle version qu'on présente cette année et qui dure jusqu'au 26 juin, tous les mercredis, j'ai une artiste Alexia Vic qui est venue voir le spectacle et qui est vraiment rentrée dedans. Elle a voulu me photographier car elle est photographe mode et m'a donc offert une séance, comme ça, pour un domaine et tout un projet qu'elle avait. Et là en faisant cette séance, en rencontrant des maquilleurs et des maquilleuses j'ai eu envie d'aller encore plus loin. J'ai eu envie de passer au travail du maquillage qui, pour moi, est plus un masque qu'un maquillage. Et donc la nouvelle version, cette année, se fait avec un maquillage très... enfin c'est le travail de la maquilleuse  Cassandra Ceschi qui vient me maquiller tous les mercredis. Parce qu'au départ je me suis dit qu'elle allait me donner  des cours et que j'allais le faire moi-même. J'ai très vite compris que si je voulais le faire moi-même il y avait beaucoup de boulot et en plus j'ai deux mains gauches (rires). Donc j'ai compris qu'il fallait qu'elle soit là et elle l'a accepté. Tous les mercredis soir elle passe 1h30 à me maquiller. C'est un véritable travail de peinture. C'est somptueux. Et moi ça me permet d'aller encore plus loin. Sur scène c'est une protection. Je me sens encore plus libre qu'avant tout en me sentant protégé par ce masque et tout en rajoutant, pour moi, à la notion du merveilleux. Parce que s'il y a vraiment une chose importante aussi, dans le spectacle, c'est le merveilleux. Et je rejoins quelque part Sylvie Vartan. Car lorsque je l'ai vu, tout petit, avec les paillettes, avec ses costumes, ses changements de décors, ses danseurs qui virevoltaient et puis elle qui était physiquement... Je la trouvais d'une beauté incroyable et singulière et elle m'a amené cette notion du merveilleux. Barbara m'a amené quelque chose de profond, de l'être humain et Sylvie cette notion du merveilleux. Dans le spectacle je retrouve les deux. C'est un spectacle super intime et je suis content qu'il puisse toucher profondément les gens.

Avec ce spectacle intime tu te livres beaucoup. Ne serait-ce pas un peu comme une thérapie ?

Laurent Viel Sûrement, mais de toute manière quand on fait ce métier, en tout cas pour moi, c'est parti aussi d'un traumatisme que j'ai eu petit et c'est ce traumatisme qui m'a fait me jeter dans les bras de Sylvie Vartan puis dans les bras de Barbara et puis dans les bras de la chanson et de la musique. Donc il y a toujours cet enfant qui m'accompagne quelque soit le spectacle. Mais là c'est vrai que je lui ai vraiment donné la parole avec ce spectacle là. Donc c'est très intime. Et puis c'est drôle car l'année dernière Stone est venue voir le spectacle et à la fin elle m'a dit un truc, "En gros c'est ta psychanalyse". Donc ça peut faire cet effet aux spectateurs puisque ça lui a fait cet effet là. Mais moi je viens, bien sûr, toucher le sujet au coeur avec ce spectacle. Quand je fais Brel, quand je fais Barbara, le Chevalier d'Eon, quand je joue "Enterrement d'une vie de jeune fille" de Gilles Granouillet un personnage très éloigné de moi, il y a de toutes façons ça. Car ça c'est la base.

Quand tu sors de ton personnage comment te sens-tu ?

Laurent Viel Quand je sors de "L'Homme Femme"... D'abord quand je commence L'Homme Femme" je suis terrifié à toutes les représentations. Même encore cette année où j'ai vraiment une sensation... tu sais la sensation, bien que j'ai toujours plus ou moins le trac, du truc qui monte, qui monte, le manège qui monte et tu sais que ça va descendre. Donc à chaque fois je rentre sur scène, il y a la mer, il y a ma voix off qui lit ce texte de Proust, petit à petit il y a la lumière et à chaque fois je me dis que je ne vais pas y arriver. Et bing! Je croise les doigts en me disant pourvu que ça dure. J'arrive à la maison, j'accueille les gens, j'ai tout fait pour que ce soit le plus beau possible et je me sens libre. Libre d'être. Je me fous complètement, dans le bon sens du terme, de ce que les gens ont ressenti. Je défend mon spectacle pleinement, physiquement, vocalement, émotionnellement en étant libre. Et à chaque fois que je sors de scène c'est vrai que, Whaou! C'est extraordinaire. Ça l'est, heureusement, très souvent quelque soit le spectacle mais pour celui-là la sensation est évidemment décuplée.

"L'homme Femme" parle-nous des surprises de ce spectacle ?

Laurent Viel Dans cette reprise de "L'Homme Femme" j'ai aussi le bonheur d'avoir, chaque mercredi, un artiste qui vient chanter avec moi un duo. Celui que j'avais enregistré avec Olivia Ruiz "L'amour qu'on a pas fait". Moi j'adore faire des duos. J'adore partager ce moment là. Donc il y a eu Enzo Enzo, Alexia Vic qui est la rencontre de ce model photographe avec qui j'ai fait plein de choses, il y a ma nièce Manon qui chante aussi qui va venir, il y a Mimi Felixine, Raphael Kaney Duverger qui est un chorégraphe et un danseur extraordinaire. Il m'a aidé aussi sur le spectacle pour aller approfondir mes mouvements car j'avais très envie de danser. Je lui ai demandé de venir pour que les mouvements de danse que je proposais aillent le plus loin possible. Il a été merveilleux pour ça. Armelle Yons, enfin plein d'artistes, Christophe Sauzedde, je vais en oublier. Isabelle Ferron, Jean A. Deron dit Laduchiasse. Voilà, chaque mercredi j'ai me bonheur d'avoir un invité différent qui vient partager ce moment et, aussi bien pour moi que pour le public, c'est super. En revanche pour la personne qui vient chanter c'est plus compliqué parce que débarquer, comme ça, au milieu d'un spectacle c'est pas évident. Je les en remercie d'autant plus. Et puis je pense qu'ils prennent du plaisir aussi.



Pour le spectacle "l'Homme Femme" parle-nous du choix des personnes qui t'entoure ?


Laurent Viel Pour la création de 'L'Homme Femme" Isabelle Aichorn est celle qui a mis la graine dans la terre et bien sûr ça s'est construit avec elle. Il me fallait à la fois une artiste et une femme d'une grande bienveillance et très accueillante car comme nous avions touché des choses très intimes j'avais besoin d'être en sécurité par rapport avec ça. Elle a rempli les deux fonctions à merveille. Et puis, très vite, j'ai eu envie d'un danseur enfin d'un chorégraphe parce que j'adore bouger et je n'avais pas envie de faire des chorégraphies mais j'avais besoin de quelqu'un qui puisse m'aider à aller plus loin dans les mouvements que je proposais. Là, j'ai fait appel à Raphaël Kaney Duverger, qui est venu avec tout son talent et son écoute m'aider à aller plus loin dans mes mouvements. Après quand on est passé au théâtre j'ai eu envie de tout un travail de vidéo pour que mes idées, pour que mes rêves d'enfant que je pouvais voir dans ma tête, de temps en temps, puissent se projeter pour le public de façon visuelle. Et, là, avec Antoine le Gallo qui fait aussi le son et la lumière tous les soirs, et qui est un artiste merveilleux, on a fait tout un travail de vidéo. Et puis la dernière personne qui est quand même la plus importante c'est mon amour qui m'accompagne depuis des années et qui, depuis quelques temps, à monté sa boîte qui n'a rien à voir avec le spectacle mais qui a aussi la possibilité de faire des spectacles et qui m'accompagne aussi bien en tant que producteur, maintenant, que partenaire de vie. Donc voilà, c'est essentiellement avec cette équipe là qu'on a travaillé. Puis on a eu des gens comme Sandrine Donzel pour la presse, Melanie Priou pour les réseaux sociaux qui sont venus aussi apporter leur pierre à l'édifice et tous les gens qui nous ont accueillis chez eux au départ pour la création, qui nous ont permis de montrer le spectacle d'une façon assez brute sans lumières, sans projections. C'était vraiment le coeur brut de l'histoire et que l'on continue d'ailleurs à aller jouer quand les gens ont envie, comme ça, qu'on se pointe chez eux pour un moment un peu particulier. Donc voilà.

Tu fait des spectacles "Chant'appart" chez des gens comment cela se passe t'il ?

Laurent Viel  Quand tu viens faire un spectacle en "Chant'appart" c'est ce qui me terrifie le plus. Bien évidemment c'est là aussi, paradoxalement, que j'ai vécu les plus belles soirées. C'est en 2009/2010, à la sortie d'un spectacle que je faisais au théâtre de Beaune, qu'une association est venue me dire "voulez-vous venir faire un spectacle"? Je répond "Écoutez, oui peut-être. C'est où, c'est comment"? Et l'on me répond "Et bien c'est chez nous". Donc j'ai découvert ça et j'en ai parlé à Thierry avec lequel on avait fait un spectacle sur Brel. Je lui ai dit "C'est drôle". Il me dit "On y va" je lui répond" Allons voir". Et j'ai découvert ça. Il y a tout un réseau qui existe et j'en ai fait souvent. Donc effectivement quand on a monté "L'Homme Femme" et lorsque l'on a été interdits de se voir, qu'on était obligés de rester chez soi, même si je comprend pourquoi ça s'est fait, c'était une drôle de période. On avait envie de revenir au coeur des gens. C'est aussi ce que j'adore dans l'idée de "Chant'appart". Ça ramenait la chanson à un moment d'échange, de proximité. Ça peut rappeler, moi qui n'ai pas vraiment connu ça, des déjeuners de famille où la grand-mère chantait, le petit-fils chantait, où toute la manière de partager la musique était différente. Il y avait des moments, comme ça, où on chantait beaucoup avec un moment de vrai partage humain et simple. Et ça dans le "Chant'appart" tu le retrouves parce que tu vois les gens et eux te voient. Mais ils sont vus aussi. Quand tu regardes quelqu'un dans un Théâtre il est dans le noir en général et il est protégé mais, là, c'est je te vois tu me vois. Donc ça crée parfois des choses supers. Quand tu as un public qui est complètement avec toi, quand tu vois dans ses yeux ses larmes, ses rires, c'est fou.

C'est déstabilisant pour jouer ?

Laurent Viel Ah non au contraire ! On partage. C'est extraordinaire. Quand tu montes sur scène c'est à la fois pour faire réfléchir, pour faire avancer mais aussi pour pleurer et  pour rire. C'est important de pleurer et de rire dans la vie. Et moi, quand je travaille, je fais tout pour amener le rire où les pleurs sur scène. Je ne veux pas les fabriquer mais je fais tout pour qu'ils puissent arriver. Quand je fais travailler des gens je leur dit aussi que ce sont leurs outils les plus précieux. Donc quand tu partages ça en "Chant'appart" avec quelqu'un qui tout d'un coup est profondément touché, mais que c'est beau ! Au contraire ça me donne encore plus envie. Ça vient nourrir mon émotion. Après, toi tu es là pour raconter une histoire, chanter, délivrer un texte et il ne faut pas quitter cet endroit là. Ça c'est important. Le but n'est pas de se répandre l'idée de venir nourrir avec tout ça ce que tu es en train de faire. Dans les "Chant'appart" tu as des moments où c'est plus compliqué. Si tu as quelqu'un qui te fait la gueule ou qui est désagréable, là effectivement, j'essaie d'éviter son regard qui t'envoie quelque chose qui n'est pas sympa mais, heureusement, ça m'est rarement arrivé. Sinon je trouve au contraire que c'est super.

Comment vis-tu le ressenti des spectateurs ?


Laurent Viel Quand tu as quelqu'un qui ressent la même chose que toi, en particulier sur ce spectacle là qui est très intime, c'est comme si on se prenait dans les bras. Son émotion est la mienne pour moi. On s'est raconté quelque chose, on s'est fait du bien, on s'est livrés. Tiens, vient dans mes bras !
Ce qui le plus déstabilisant c'est une position qui me semble hostile et parfois il faut faire attention. Je me rappelle, il y a pas très longtemps, deux personnes au premier rang. Ils m'envoyaient des ondes...c'était pas possible ! Ils m'ont attendu à la sortie. Donc c'était très compliqué car ils étaient bouleversés alors que durant le spectacle ils envoyaient un truc... et ils ont attendu que je sorte. Je sors assez rapidement, en un quart d'heure, car je garde mon maquillage. Je l'enlève après sinon j'en ai pour très longtemps. Et donc jes les ai vus et ils attendaient. Donc tu vois, il faut faire attention. Il ne faut pas te laisser emporter par une sensation. Mais, par contre, c'est vrai que dans le partage c'était pas forcément des gens avec qui ça m'était sympathique de partager ce moment là. Quelqu'un qui pleure et qui rit, qui s'effondre au contraire, j'espère que c'est un endroit où justement il lache. Et ça va le soulager. Les pleurs et les rires c'est fait pour nous permettre de décharger des choses aussi, pour nous faire du bien. La pire des choses c'est de ne plus pouvoir pleurer et ne plus pouvoir rire, je trouve. Enfin une des choses les pires.

Donc un bel échange ?

Laurent Viel C'est un échange, voilà. Et moi je n'ai pas peur des gens qui, tout d'un coup, se lachent surtout lorsque je suis en train de chanter et qui tout d'un coup c'est ce que je suis en train de faire, à priori, qui leur permettent de se laisser aller. C'est drôle car dans ce spectacle, il y a des fois où c'est silencieux. Il n'y a même pas un applaudissement entre les chansons. Et puis tu as des soirées où les gens sont morts de rire, où ils pleurent à gros bouillon.  C'est très étrange. Ça dépend vraiment du public. Des fois tu as un public, comme c'est un vrai voyage, les deux premières chansons s'enchaînent et ils se laissent porter et s'il n'y a pas d'applaudissements, pour moi c'est pas grave. Ça ne me gêne pas et je peux comprendre ça. Puis tu en as d'autres qui, d'emblée, on besoin de.. c'est très très drôle. On a eu deux mercredis  radicalement différents et, à priori, les deux ont aimé parce que la salle très silencieuse a adoré. Mais alors tu sentais...tu les sentais pas hostiles mais tu sentais qu'ils étaient "partis". C'était particulier. J'ai des amis qui sont venus voir le spectacle et qui m'ont dit "Il y a des moments, dans ton spectacle, où l'on a l'impression d'avoir fumé un pétard". Je sais qu'il y a, de temps en temps, cette capacité de faire partir les gens, entre la vidéo et le texte, dans un voyage. Je sais parce qu'on me l'a dit.

On sent que ce spectacle est une belle revanche ?

Laurent Viel Oui, ce spectacle là c'est Barbara qui racontait dans son livre "Mémoires inachevées" à un moment donné, je ne sais plus exactement comment elle le dit mais je crois qu'elle dit qu'elle regrette de n'avoir pas pu dire à son père, parce qu'il est parti avant qu'elle le revoie, je te pardonne car je suis devenue une femme qui chante et que j'ai pu transformer de ce traumatisme là et en faire pousser des fleurs magnifiques que j'offre aux gens. Et puisque je suis revenu avec "L'homme Femme" à la source, c'est à dire à ce petit enfant et pourquoi il avait tant besoin de se réfugier dans la musique, il y a quelque chose de cet ordre là. Faire du beau avec du laid entre guillemets. Faire pousser des belles fleurs sur un terreau. Et on sait très bien que le terreau, parfois, pour pousser, à besoin de fumier. C'est paradoxal. Il y avait quelque chose de cet ordre là bien sûr.

Quels sont tes projets en cours ou à venir ?

Laurent Viel  Pour l'instant j'ai quatre projets. Il y a l'envie de reprendre ce spectacle sur le Chevalier Déon qui était un personnage de l'histoire de France incroyable et qui a vécu 82 ans. Né en 1728, mort en 1810, qui a passé 49 ans en homme, 33 ans en femme, il est un des plus grands espions de l'histoire de l'espionnage international et a eu une vie incroyable. Je comprend pas qu'il n'y ait pas une série comme "Game of Thrones" sur lui vu la vie qu'il a eu. J'avais fait tout un spectacle avec Romain Didier pour la composition, Amine Chaieb pour le texte et moi les accompagnant dans cette création parce que c'était vraiment un truc où je voulais être là sur le moindre mot et la moindre note. Et ils ont accepté ce travail là. On l'a joué à Avignon, puis en 2014 où l'on a eu quelques dates en tournée. Et, là, j'ai envie peut-être de le reprendre avec guitare électrique et violoncelle. La question se pose. Après il y a un projet autour de Jekyll écrit par Vincent gaillard. Pareil, je lui avait demandé de m'écrire un spectacle  et il a écrit ça. C'est une adaptation de Dr Jekyll et Mr Hyde qui se passe en 1939 à Londres. Jekyll est un adepte de Freud qui est venu se nourrir de son cancer de la gorge ou de la langue et en s'injectant son produit pour aller plus loin dans le travail de la psychanalyse et convoque hyde sur son divan. Donc c'est une pièce où Jekyll est joué par quelqu'un et Hyde joué par quelqu'un d'autre alors que, normalement, c'est la même personne. Une pièce musicale que je trouve super. Donc peut-être ça.  Après, normalement, une compagnie qui s'appelle cinematique theatre avec qui je refais du théâtre depuis 2017/2018. On a déjà monté deux pièces et il est prévu d'en monter une nouvelle qui a été écrite spécialement pour la compagnie et pour les cinq comédiens qui sont pressentis. Une pièce de Gilles Granouillet qui s'appelle "Rond-Point" et qui évoque le mouvement des gilets jaunes avec beaucoup d'humour, de cruauté et en même temps de choses politiques très fortes. Donc il y a ce projet là qui devrait se monter. Et puis un projet qui, moi, me remplit de bonheur. Ma nièce Manon qui, maintenant, est auteure et comédienne est en train de monter son deuxième spectacle qu'elle a écrit et qui s'appelle "La décision". C'est vraiment un beau travail d'écriture. C'est une artiste étonnante. Et comme moi je l'ai vu toute petite, je me suis occupé d'elle toute petite. C'est fou de voir ça. Elle a comme projet d'écrire une pièce, pour nous deux, quelque part ma drag queen à moi. J'avais fait une série de photos avec elle, en elle, et en voyant ces photos, elle m'a dit qu'elle allait écrire une pièce pour elle. Donc elle est dans l'écriture qui commence déjà à avancer. Il y a des choses supers. Le pitch est super et ce serait pour elle et moi. Donc c'est un projet... un cadeau quoi ! J'espère...

Si tu devais te définir, quelle serait ta phrase ou ta devise ?

Laurent Viel  Oh là là ! Ma phrase ou ma devise ? Si je devais me définir il y aurait quelque chose de l'ordre d'un handicapé rempli de merveilleux et de paillettes et de possibilité d'être extrêmement présent tout en étant complètement largué (rires). Et, par contre, ce que j'apprécie c'est qu'en vieillissant, bien que tu perds plein de choses physiquement, les douleurs qui commencent à arriver, on a aussi heureusement, pourvu que ça dure, des choses qui se calment, qui s'apaisent. Des choses qui pouvaient vous rendre malade auparavant et que vous arrivez à mettre à distance, qui ne sont pas forcément devenues agréables mais qui ne vous embêtent plus comme elles vous embêtaient dans la vie. Heureusement. Et donc voilà, Je suis un peu, comme je te disais, un handicapé féérique (rires).

Qu’est-ce que tu aimes faire lorsque tu ne travailles pas ? Quelles sont tes passions ?

Laurent Viel  Hormis la musique, hormis tout ça,  j'adore bien manger (rires). C'est vrai, je suis un gourmand. Qu'est-ce que je peux adorer manger. Des bonnes choses. J'adore aussi...Je fais ça depuis des années, je suis prof d'interprétation au cours Florent depuis deux ans. Interprétation Cours Florent musique actuelle, disons, car ils ont plein de spécialités. Et, ça, travailler avec de jeunes artistes en devenir, transmettre et trouver un terrain où l'on se comprend et où j'arrive à leur faire comprendre des choses, ça c'est quelque chose que j'adore. Les rapports humains quand tout d'un coup on se met vraiment à se parler, à se raconter, à se regarder dans les yeux et à partager ça. Je crois que c'est essentiellement ça.

As-tu envie de faire passer un message ou un coup de gueule ?

Laurent Viel  Un coup de gueule ? Sylvie Vartan fait ses adieux l'année prochaine. Qu'est-ce que ça veut dire ? (rires). Elle est mortelle, elle va disparaître. Non, ça c'est pour la rigolade. Mais un coup de gueule, je vais dire des banalités. C'est vrai que le monde dans lequel on vit et toutes ces théories du complot, tout ce qui arrive, les futures élections présidentielles en France, pour quelqu'un de ma génération c'est quelque chose d'incroyable. De voir des personnalités, des gens pareils arriver au pouvoir, j'avoue que ça me laisse un peu incrédule. Un coup de gueule ? Il y en a tellement à pousser en ce moment. Et puis j'ai pas forcément envie de ça. C'est déjà assez lourd comme ça. J'ai plutôt envie d'essayer d'aller chercher ce qui est beau et de me dire, bon voilà, le monde est en ébullition et il permet d'être vraiment présent au moment présent car demain devient de plus en plus incertain. Et, ça, c'est peut-être le bon côté des choses.

Parle nous de ta passion pour Sylve Vartan?

Laurent Viel  J'ai vu Sylvie Vartan, je devais avoir 6/7 ans avec ma mamie et ma maman. Tu vois l'ambiance ! Je ne savais même pas qui c'était à l'époque. Je l'ai vu au Palais des Congrès. Je te dis, c'est un truc...ça été un choc et elle m'a prise dans ses bras. Alors après tout ce qu'elle peut faire, je prend tout en ayant un regard artistique qui me permet de dire ça je trouve ça super, Ça je trouve pas ça fantastique. Et puis j'adorais son grain de voix. Je trouve qu'elle avait un grain de voix d'une sensualité...j'adorais aussi sa maladresse. Je trouve que c'est une femme qui avait quelque chose de maladroit mais qui me touche beaucoup. Puis cette notion de merveilleux. En tout cas c'est une artiste qui a créé, avec moi, quelque chose de très fort. Mais c'est drôle, j'ai l'impression que je ne suis pas le seul. Je pense que tous les artistes peuvent créer, avec leurs fans, des choses très fortes. Je sais qu'il y en a eu un qui est devenu son avocat, qui a sorti un livre et qui raconte que lorsqu'il était petit, il avait un problème physique et c'est avec sa famille, sa mère et Sylvie Vartan qu'il a surmonté cette épreuve. Donc c'est drôle parce qu'elle m'a aussi aidé, quelque part, à surmonter cette épreuve, tu vois ! La pauvre, il y a des choses qui s'accrochent sur elle, c'est drôle (rires). Mais voilà, je pense qu'il y a quelque chose d'intime et de personnel encore plus important que le choc artistique qui j'ai pu avoir en la voyant. Je l'ai vu, je me suis jeté dans ses bras.  Prends-moi dans tes bras et protèges-moi ! Tu vois, ça été un truc de cet ordre là. Quand je l'ai vu sur scène c'est la sensation que j'ai eu. J'étais assis tout en haut et j'ai eu l'impression que...Emmène moi !! Ceci dit, j'ai jamais vraiment rencontré Sylvie Vartan. J'ai échangé trois phrases avec elle à la suite d'un de ses concerts à l'Olympia. Ça avait duré deux heures et demie, elle avait reçu 150 personnes dans sa loge, il était deux heures et demie du matin. Elle est arrivée. Elle était déjà plus toute jeune. Souriante, très gentille mais je pense un peu fatiguée. Donc j'ai pas eu vraiment d'echanges avec elle. Par contre ça été un joli moment, parce que ça devait être en 2017, et à un moment donné j'ai pris sa main et en la prenant j'ai retrouvé la main de ma mamie, justement, qui m'avait emmené la voir. La main d'une dame âgée car maintenant c'est une dame âgée. Et ça été un truc...voilà ! Je sais pas si j'ai forcément envie de la raconter parce que ce que j'ai vécu, pour elle c'était rien. Si jamais l'occasion se présentait je pense que j'irais, bien sûr, mais je cherche pas forcément, à tout prix, à la provoquer.

Pour finir, si tu ne devais conserver que 3 choses: un disque, un film et un troisième choix, quelle serait ta sélection et pourquoi?


Laurent Viel  Ça serait sûrement différent selon les jours mais aujourd'hui, dans le monde où je suis, je pense que je garderais l'oeuvre de Charlie Chaplin, celle de Prince et celle de Kate Bush. Je crois...aujourd'hui.
 
 Merci a toi Laurent et a très bientôt.

Interview en Video ICI
 


 Interview Thierry CATTIER 
Photos Alexia VIC - Th CATTIER / SHOOTING IDOLS
ReTranscription William Chopin


samedi 18 mai 2024

THE ROLLING STONES // LIVE REPORT // Hackney Diamonds @ Seattle 15 Mai 2024.

 



Ce concert de Seattle fut vraiment fantastique, j'ai pris une grande claque même si tout ne fut pas parfait.

Pour acheter le billet, les choses furent un peu compliquées. Voulant aller au concert le plus léger possible, j'avais laissé à l'hôtel la pochette dans laquelle il y avait mon passeport, considérant que je n'en aurais pas l'utilité, pochette dans laquelle il y avait également ma carte bleue car je m'apprêtais à payer le billet du concert en liquide. Mais voilà, la possibilité de payer en cash n'était pas possible, soi-disant pour le Covid (la manipulation des billets étant considérée à risque). Quand la fille au guichet m'a annoncé cela, j'ai réussi à garder mon calme, tout en lui demandant d'émettre mon billet pour le sécuriser, le temps que j'aille chercher ma carte bleue à l'hôtel, et en lui proposant de lui laisser une somme supérieure à la valeur du billet en cash. J'ai essuyé un refus poli mais assez ferme pour comprendre que toute discussion était vaine. Il a donc fallu que je retourne à l'hôtel, sans garantie de retrouver la place à mon retour. Heureusement au bout des 35 minutes, le temps de faire l'aller retour, le billet était toujours disponible.

L'entrée dans le stade fut également un peu compliquée. Le monsieur qui gérait ma file était handicapé, et probablement pas uniquement physique : il voulait absolument que je passe l'arceau de détection du métal avec mon porte-monnaie, j'avais beau lui dire "but Sir, with my coins I will ring", il ne voulait pas m'écouter et comme je faisais sonner l'alarme, il m'a demandé à 3 reprises de repasser.... Ubuesque !!!

Mais c'est surtout après, que les choses auraient pu tourner au désastre me concernant. Comme mon petit sac 20 cm sur 15 dépassait la taille autorisée, il fallut que je le planque dans une de mes poches et que j'éclate dans d'autres poches les documents qu'il contenait, tout en gardant en main la pochette transparente qui contenait 1150 $ en cash, ma carte bleue et mon billet de concert. En parcourant les coursives du concert du stade à la recherche du stand AARR que je n'ai jamais trouvé, j'aperçois alors un train qui passait juste derrière le stade. Je décide de faire un arrêt pour le prendre en vidéo. Je pose la pochette en question sur le rebord, je prends la vidéo et je repars les mains vides. Je réalise mon oubli trois minutes plus tard, panique générale à bord, doublement immédiat du rythme cardiaque, d'autant que je ne savais plus exactement à quel endroit j'avais pris cette vidéo. Finalement par chance, je la retrouve, personne ne s'en était saisi.... Ouf, 1000 fois ouf, tout en me traitant de tous les noms d'oiseaux...

La seule grosse déception, c'est que je me retrouve dans un environnement de beaufs à l'américaine, une horreur absolue, des gens à la vulgarité incarnée, des filles d'une laideur repoussante.... Merde alors, suis-je vraiment à un concert des Stones ou à un concours de beaufitude ? Après avoir quitté leur place à plusieurs reprises durant le concert pour aller au pipi Room ou s'acheter bières et hamburgers, les deux couples qui étaient devant moi quittèrent le concert avant la fin de Jumpin, sans même attendre Sweet Sounds of Heaven et Satisfaction...

Mon voisin était venu avec son pantalon de pyjama estampillé de langues des Stones, oui j'ai bien dit "pantalon de pyjama", il ne lui manquait plus que les charentaises pour jouer au papy Mougeot de Coluche... il n'y avait pratiquement pas de jeunes en dessous de 40 ans à ce concert, c'est un point qui m'a beaucoup marqué. Sur ce sujet, il y a une grosse différence entre l'Europe et les États-Unis.

Sur Joe Bonamassa qui assurait la première partie, seul son dernier titre fut vraiment intéressant, le reste fut assez barbant malgré sa prouesse incontestable du maniement de la guitare.

Les Stones se firent attendre car ils n'atteignirent la scène qu'à 21h26. Le public commençait à manifester son impatience.

Dès les premières notes, j'ai pris une très grosse claque : le son est vraiment énorme, fabuleux, fantastique, jouissif. J'ai pris plusieurs vidéos. Je regrette de n'avoir pas filmé Get Off Of My Cloud qui fut somptueux. Tout le monde chantait, y compris une grande partie de mon entourage beauf. Steve Jordan fait un travail magnifique, c'est lui qui commence le morceau, seul avec ses roulements de batterie, Mick doit d'ailleurs s'en rendre compte car Jordan est souvent mis en avant sur le grand écran (à la superbe définition). Il faut bien comprendre que l'énergie de Steve remplace la finesse de Charlie, c'est exactement cela.

Angry est très bon en concert, vraiment très bon alors que j'ai eu du mal à me faire à ce morceau quand il est sorti.

Wild Horses fut très agréable. Et je me suis même aperçu que je dansais - je vous promets que c'est vrai - sur Tumbling Dice...  Foule également très présente sur Always Get. Idem pour Miss You.

À un moment, je ne me souviens plus si c'était juste avant les présentations ou après, mais en tout état de cause au milieu du concert, Jagger qui parle beaucoup à son public (il n'est pas Bob Dylan), fait référence au premier concert donné à Seattle en ne précisant pas l'année (je n'ai pas encore vérifié, mais on doit être en 64 ou en 65). Malheureusement je n'ai pas filmé cette partie, c'était vraiment marrant parce qu'il a indiqué le nom de la salle en précisant qu'elle existe toujours, et en ajoutant qu'à l'époque ils avaient joué uniquement 25 minutes et que le prix des billets était de 4 dollars. Il a ensuite précisé que ça faisait alors 50 minutes qu'ils étaient sur scène, soit le double par rapport à ce premier concert et que le groupe allait donc bientôt quitter la place. La foule a beaucoup apprécié. Et enfin, toujours en faisant référence à ce premier concert sur Seattle, là je n'ai pas complètement compris mais j'ai cru saisir ce qu'il a annoncé être comme étant le meilleur souvenir qu'il avait de ce concert : une fille, voulant manifestement jeter son soutien-gorge sur la scène s'y est mal pris et celui-ci lui est revenu en lui cinglant le visage....

Ce que j'ai observé, et ce qui est assez malin de la part de Jagger, c'est que sur Honky Tonk Woman et Sympathy, de nouveaux décors vidéo viennent s'incruster sur les pourtours de la scène et donnent la sensation de la nouveauté....alors que ces morceaux sont joués à l'identique depuis 35 ans.

Autre chose que j'ai observé : À certains moments et sur de brefs instants, l'ingénieur du son augmente sensiblement le son de certains instruments pour les mettre en avant, je l'ai observé pour Jordan, Chanel, l'orgue et les 2 guitaristes. Exemple concret : lors des reprises de riff de Keith sur Jumping Jack Flash, le son de sa guitare est particulièrement intense : dans un premier temps je me suis dit "my God, mais il va arracher ses cordes", en fait il n'en est rien il ne les gratte pas plus fortement, c'est tout simplement un travail subtil de l'ingénieur du son.

Chanel Haynes : cette fille est vraiment formidable et pas uniquement pour sa voix, je la trouve extrêmement mignonne et donc désirable...

Alors quand je disais au début que tout ne fut pas parfait, je voulais notamment parler de la voix de Jagger qui commença à donner quelques signes de faiblesse sur Paint in Black. Ensuite, tout se passa bien notamment sur Sweet Sounds of Heaven pour connaître à nouveau quelques ratés sur Satisfaction dernier titre du concert, joué directement après  Sweet Sounds of Heaven sans interruption aucune.

Je me souviens qu'il y a quelques années en arrière je m'étais demandé si un jour je verrai Jagger et Richard sur scène à 80 ans et bien la réponse est oui, I did it last night.

160 ans à eux deux, c'est juste sidérant et c'est vraiment à voir, même si Jagger, au niveau de son visage, est de plus en plus marqué, tandis que Keith semble lui ne plus vieillir...

Je souhaite à tous ceux qui liront ce report, de voir au moins 1 concert de cette tournée Hackney Diamonds, probablement en Europe en 2025... car je n'imagine pas un instant qu'ils ne fassent pas l'Europe après les États-Unis, quand bien même ce serait alors vraiment pour la dernière fois, ce qui est maintenant plus que probable, car nos 2 Glimmers, maintenant très engagés dans la voie de ce que l'on nomme le troisième âge, arrivent dorénavant à une période où les années comptent double au niveau du vieillissement…

May God Bless The Rolling Stones !


Bertrand Laisney
Photos : DR

samedi 11 mai 2024

MEGEVE BLUES FESTIVAL 2024 // NEWS // Megeve @ les 19 20 et 21 Juillet 2024.


UN « PETIT-GRAND » FESTIVAL

L’année 2024 marque les 10 ans de la création de l'événement musical de l’été à Megève : le “Megève Blues Festival”. Pendant trois jours, de 19h à minuit, les artistes vont se succéder sur la Grande Scène de l’Esplanade du Palais. En 2019, La venue de Billy Gibbons (ZZ Top) fut est un message fort qui confirme la croissance de ce festival chaque année. Crée sous l’impulsion d’un passionné de blues, excellent guitariste et amoureux de Megève, Stéphane Huget, se lance en 2014 dans cette aventure un peu folle et rencontre le succès avec une audience qui grossit chaque année. Stéphane Huget s’est envolé vers d’autres cieux, mais sa femme, sa fille et son père ont la volonté de poursuivre son rêve.

UN ANNIVERSAIRE ET DES NOUVEAUTES

Cette année, La Grande Scène se déplace sur l’Esplanade du Palais afin de multiplier sa capacité d’accueil et le festival devient payant pour attirer des artistes de renommée internationale  comme son créateur le souhaitait.

Le programme de cette 10e édition est connu :

  • Vendredi 19 juillet : Vanessa Collier, Mr Sipp
  • Samedi 20 juillet : Shemekia Copeland, The Devon Allman Project
  • Dimanche 21 juillet : Manu Lanvin & The Devil Blues, Johnny Gallagher, Henrik Freischlader


 


mercredi 8 mai 2024

JEWLY // INTERVIEW // Un rendez-vous trés Rock ... - Paris Hôtel Félicien le 18 avril 2024 .

Encore une fois, toujours un plaisir de retrouver JEWLY afin de parler et échanger ensemble. Avec son nouvel album et cette interview, on la retrouve en plein cœur de Paris pour ce beau moment. Toujours aussi touchante, belle et adorable, comme à chaque fois un vrai plaisir que cette rencontre. On vous laisse avec la belle JEWLY.



Depuis notre dernière rencontre, tu es devenue Maman. Parle nous de cette nouvelle façon de vivre et comment concilies-tu tout cela ?

Jewly : Oui effectivement je suis devenue Maman, depuis 3 ans. On a fêté les 3 ans de mon petit Jim il y a quelques jours .
Comment je concilie ça ? C'est intense. En fait c'est intense parce que les journées sont beaucoup plus courtes, les semaines sont beaucoup plus courtes, on a beaucoup moins de temps. Alors en temps normal quand c'est des années de tournée, ça va. Mais là comme c'est une année avec un album, c'est sportif. C'est sportif, je suis fatiguée, j'ai des cernes mais voilà. Mais heureusement j'ai un petit bout qui est super cool, qui est super rock'n'roll donc ça va j'essaie de gérer au mieux en lui donnant un maximum de temps parce que c'est beaucoup de bonheur mais c'est effectivement beaucoup d'énergie. Et je crois que pour l'instant ça va, lui il a l'air de bien s'en tirer j'ai envie de dire. Alors ça a changé ma façon de travailler ? Ouais déjà je travaille beaucoup moins le soir parce qu'après, moi, faut savoir aussi que j'ai un côté artiste auto-entrepreneuse. A savoir que oui j'ai mon côté concerts, etc... donc ça c'est la cerise sur le gâteau, c'est le bonheur voilà mais il y a un côté aussi où je passe beaucoup de temps à faire, ben, de la compta, de la régie, de la recherche de dates, de l'administratif, beaucoup, beaucoup de choses et c'est vrai que maintenant quand je cherche mon petit bout, il est 18h et je passe du temps avec lui. En plus je sors pas mal, on ne le couche pas forcément à 20h voilà et bah c'est sûr qu'une fois qu'il est couché je ne fais plus comme avant, je faisais mes contrats etc …. Donc oui ça a changé ma manière de bosser. J'essaie d'être beaucoup plus concise quoi.  

Quelle a été ta source d'inspiration principale pour ton nouvel album REBELLION ?

Jewly : Ma source d'inspiration principale ? Je dirais beaucoup Archive. Archive c'est un groupe que j'ai redécouvert il y a 2/3 ans. Je dis redécouvert parce que dans Archive il y a tellement de choses que c'est un grand écart quoi, surtout dans les ambiances, dans les voix et dans les harmonies. C'est vrai que c'est un groupe que j'ai beaucoup réécouté et qui m'a inspiré. Alors je ne sais pas si Rebellion reflète forcément mon écoute d'Archive, en tout cas c'est quelque chose que ouais j'ai beaucoup réécouté. Depeche Mode aussi je dirais. Depeche Mode avec aussi plein de décennies parce que eux aussi c'est quelque chose qui est très riche, très différent aussi selon les albums. Donc oui je dirais ces deux groupes.

Ton passé de docteur en pharmacie t'influence-t-il pour l'écriture de tes textes ?

Jewly : Alors clairement...clairement je pense que dans tous mes albums il y a beaucoup de textes qui sont dirigés vers la santé mentale, vers le bien-être, vers la libération, vers la prise de conscience. Et je pense qu'il y a aussi les rencontres que j'ai faites durant mon passé de pharmacien où moi c'est quelque chose qui m'a toujours beaucoup touchée...c'est l'humain, c'est l'écoute. Et ce coté de pharmacien, moi j'aimais bien ce métier là aussi parce qu'il y a un coté psychologue aussi qu'on a dans ce métier là. Les patients, au médecin ils n'ont pas forcément le temps de parler, par contre au pharmacien ils vont peut-être s'épancher un peu plus si le pharmacien prend le temps de laisser le patient s'épancher. C'est vrai que moi j'ai fait beaucoup de rencontres. Ça m'a beaucoup nourri, ça m'a beaucoup inspirée et aujourd'hui  Rebellion clairement c'est un album qui est autour de la santé mentale et oui il aborde des thématiques qui ont fait écho quand j'étais pharmacien aussi entre autre.

As-tu procédé différemment pour l'enregistrement de ce nouvel album Rebellion ?

Jewly : Alors pour l'enregistrement de cet album, grosso modo ça a été assez similaire par rapport à Toxic. Par contre ce qui a été très différent … Toxic donc l'album précédent....ce qui a été différent en revanche c'est plus dans la composition. Alors pourquoi ? C'est parce que dans cet album il y a beaucoup de français, chose un petit peu inédite. J’espère que je n'empiète pas sur une question qui va suivre mais il y a beaucoup de français. Il y a 50/50, 50% de français 50% d'anglais et donc dans la composition, ça a été un petit peu différent de composer en français. Il y avait toujours un titre ou deux que j'écrivais en français avant, mais un titre ou deux et souvent c'était des titres assez calmes, pas forcément rock, voilà. Et donc là ma manière de composer et d'écrire a été un petit peu différente. Moi j'écris d'abord toujours les textes et ensuite je fais les compositions. Et là en l’occurrence, quand j'écrivais les textes en français j’avançais déjà beaucoup dans l'arrangement, parce que les arrangements sinon c'est plus...je les travaille vraiment avec l'arrangeur mais là j'avais déjà...je mettais déjà un peu les mains dans le cambouis dans l'arrangement pour faire la composition, pour m'inspirer la composition.

Comment se sont passées les sessions studio ?

Jewly :  Alors les sessions studio ? Génial ! Génial parce qu'on a été, on a enregistré  à nouveau dans le studio Black Box qui est du côté d'Angers avec Peter Deimel qui est incroyable, qui est un gars  incroyable humainement et artistiquement et techniquement. On a enregistré dans ce studio, c'est tout à l'ancienne voilà. En analogique sur bandes avec une équipe géniale. Donc il y avait Moon Pilot qui était à la réal et aux arrangements. On a enregistré les batteries avec Vincent Lechevallier qui est un batteur juste incroyable, avec qui j'avais déjà collaboré sur mon album précédent et qui là nous a fait des batteries...mais autant il était déjà là, mais là je n'ai même plus la main assez haute pour dire là où il était. Pareil humainement quelqu'un d'incroyable. Et j'ai fait la connaissance d'Alexandre Maillard qui a fait les guitares, quasiment toutes les guitares parce qu'il y a un guest aussi guitares mais ça on les a faites plus tard. Et Alexandre Maillard qui est un guitariste qui allait vraiment chercher les harmonies de mes compositions parce que moi je triture toujours un petit peu. Je vais toujours un peu à la limite dans les harmonies avec des choses un tout petit peu dissonant. Mais lui il est allé justement chercher tout ce que j'avais, toutes ces disharmonies que j'avais cherché à mettre dans mes compos avec les sons qui me font kiffer, qu'il a écouté. Je lui ai envoyé au préalable, je lui ai envoyé et donc c'était le bonheur quoi !

Dans ton nouvel album, 50% des titres sont en anglais et 50% sont en français. Comment as-tu fait ce choix ?


Jewly :  Le choix du français / anglais en fait, ça s'est fait un petit peu comme un gros flash puisque sur cet album il y a vraiment cinq thématiques principales qui sont abordées sous deux angles de vue. Un angle de vue de la jeunesse, l'autre l'angle de vue de l'adulte. Je me suis un petit peu posée et je me suis dit : ben tiens en fait ça fait écho aussi par rapport à mon parcours. Moi quand j'ai commencé à écrire, j'écrivais en français et ensuite quand je suis devenue adulte, je ne sais pas si on devient vraiment adulte un jour, mais en tout cas voilà, j'ai commencé à écrire en anglais. Et donc cela m'a semblé assez évident en fait d'écrire tout ce qui était du point de vue de l'enfance en français et tout ce qui était du point de vue de l'adulte en anglais. Et voilà et puis après j'ai déroulé un peu la pelote comme ça avec ce flash et ça me semblait évident de faire comme ça, des binômes de chansons français / anglais et avec toujours ce côté du point de vue de l'adulte qui est un petit peu là pour montrer la voie de la résilience quoi.

«Alter Ego» sorti le 15 mars est le 1er single extrait de ton nouvel album. Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Jewly : Alors à la base en fait, ce n'était pas ce titre qui devait sortir en premier. Ha non mais ça c'est pour la petite...c'est marrant... c'est pour la petite histoire, c'est le deuxième single qui sortira un petit peu plus tard : c'est Résistance. En fait, avec mon attaché de presse que je salue au passage, qui est super (coucou), on s'est dit : bah tiens on va prendre plutôt Alter ego. Alter ego en fait c'est une boule d'énergie. C'est un titre on s'est dit : mais en fait il fait du bien, c'est une boule d'énergie. Dans la thématique aussi, c'était quelque chose que j'avais vraiment envie de mettre en avant et on s'est dit : si c'est le premier titre qui sort, ben vraiment ça va. Ça faisait un petit moment qu'on avait pas sorti de titre, et donc du coup on s'est dit : c'est le titre qui va sortir, c'est ce qui va interpeller. Aujourd'hui on a besoin d'énergie positive et puis voilà. Ça semblait évident. En plus il était en français alors que Résistance en anglais. On s'est dit peut-être que c'est bien aussi de commencer par un titre en français puisque des titres énergique comme ça, en français il n'y en a pas forcément beaucoup qui sont sortis dans mon répertoire. Donc au final ça a été assez évident quoi.

Écriture en Français ou en Anglais, même difficulté ?

Jewly : Alors l'écriture, si tu parles vraiment des paroles, du texte quoi... le texte pour moi il est beaucoup plus facile en français. Il est beaucoup plus facile en français, j'explique pourquoi. Parce que moi je mets beaucoup de second degré. Le second degré en anglais...en anglais c'est pas ma langue maternelle, j'essaie de faire ça aussi bien que je peux mais le second degré c'est pas forcément toujours évident quand c'est pas ta langue maternelle. Et le français, ben voilà il y a les mots alors c'est plus simple dans l'écriture. Je dis dans l'écriture du texte parce que dans la composition après, quand tu vas l'utiliser, le français est beaucoup plus dur à faire sonner dans le rock. Le français est plus dur, les mots...l'anglais il sautille. Déjà tu as des mots, rien qu'avec les toniques de l'anglais, quand tu vas dire un mot par exemple "happy" quand tu vas dire "happy",  direct tu as un truc qui sautille, voilà. Et donc pour la composition en anglais, elle est beaucoup plus facile pour moi.


Raconte-nous ta rencontre et ta collaboration avec Yarol Poupaud

Jewly : Yarol ! Yarol c'est une très belle histoire parce qu'on s'est rencontré...on avait eu la chance de faire sa première partie dans une salle à Cléon, où on a hyper sympathisé direct. On a fait la première partie, ça s'est super bien passé, on a sympathisé, on a fait après... voilà on a fait l'after et tout, avec toute son équipe de zicos. C'était super. Un gars adorable et on était plus ou moins resté en lien. Et quand j'ai composé deux titres de l'album, enfin deux des dix titres, je me suis dit : wow mais là j'entends tellement Yarol jouer sur ces titres là. Donc j'ai envoyé un petit message. Je lui ai dit : "Écoute Yarol est-ce que ça te dit de participer à mon prochain album ? "Il m'a répondu direct mais hyper gentiment :"Avec grand plaisir " Je lui dit : "Il y a un titre ou deux" . Je me suis dit qu'avec un peu de chance, il va accepter de faire les deux. Effectivement il a accepté de faire les deux. On s'est retrouvé dans son studio à Paris. Il devait venir au studio Black Box, ça n'a pas pu se faire parce qu'ils étaient en pleine promo de FFF, puisque FFF allait sortir l'album. Et cela n'a pas pu se faire au Black Box du coup moi je l'ai rejoint à Paris et on a enregistré dans son studio et puis voilà. Il a compris tout de suite l'idée. Il a fait des choses incroyables. Et puis hé bien pour la petite symbolique, le premier show de Rebellion, on a pu le faire avec FFF à la Laiterie parce qu'ils jouaient deux semaines ou trois semaines avant la sortie de cet album Rebellion. Et donc on a pu tourner avec eux et faire ce premier show de Rebellion avec FFF, donc indirectement avec Yarol quoi.

Il y en aura un autre ou pas ?


Jewly : Peut-être...je sais pas...j'espère...on a failli faire le lendemain du coup parce que pareil, toute l'équipe et tout... adorables. Ils jouaient à Metz le lendemain. Il me dit : "En fait on n'a pas de première partie à Metz demain". Et en fait le tourneur était déjà parti et donc on n'a pas pu...enfin voilà c'était trop chaud de l'organiser le lendemain, d'appeler etc...Si le tourneur avait été là on aurait pu lui demander direct mais il était déjà parti et puis on a réalisé ça à la fin de leur concert, quand on était au merch tous ensemble et puis ...donc on n'a pas pu faire Metz mais peut-être y en aura-t-il un autre ?

Parle-nous de la pochette de l'album REBELLION  ?

Jewly : La pochette ! La pochette, je voulais quelque chose qui corresponde à Rebellion mais en même temps je voulais ce clin d’œil, avec ces binômes de chansons, donc avec ce côté à la fois enfant et adulte, enfance et adulte. Et on avait fait une première séance photo avec un photographe qui s'appelle Julien Ayrault qui a fait les photos de l'album, des photos magnifiques. Pas moi hein ? Les photos je précise. Et du coup je dis : Ha oui ok les photos sont supers. Mais il n'y avait que ce côté rébellion et du coup il n'y avait pas forcément le côté enfance. Et rapidement en fait j'ai été mise en relation avec une graphiste qui s'appelle Pauline Soler, qui a direct capté un peu ce dont j'avais envie et qui a fait ce boulot incroyable, en mêlant la photo enfin les photos et des illustrations graphiques, des mots écrits à la main, des ratures...tout ce qui montrait aussi ce que l'on peut avoir dans la tête avec cet album qui est quand même assez fort, assez profond. Et en fait ça collait tellement, avec un visuel qui est flashy. On aime ou on aime pas mais voilà ça cogne quoi ! Et donc oui je les remercie du fond du cœur parce que je trouve qu'ils ont fait un travail qui est incroyable et qui est aussi vraiment en accord avec ce que je voulais, en accord avec la musique, en accord avec les textes, vraiment en symbiose avec tout.

Quelles directives leur as-tu données ?

Jewly :  Ils ont vachement bien bossé parce qu'en plus moi je leur avais dit : je veux sortir de ma zone de confort. Après c'était même pas forcément moi sur l’album aussi. D'ailleurs la pochette ça me ressemble sans me ressembler. Je veux dire c'est moi mais c'est moi en mode … Ceux qui me connaissent en live ils m'ont dit direct : c'est toi ! Ceux qui ne me connaissent pas en live ...voilà, pas tout de suite de prime abord mais quand ils me voient après en live ils me disent : oui c'est clairement toi ! Toi tu me connais en live. C'est assez évident !

D'où vient le choix de travailler avec des musiciens différents pour la partie studio ou la partie scénique ?

Jewly : Alors en fait moi à la base, mon choix il se pose plutôt sur ce qu'on appelle le réalisateur donc le directeur artistique de l'album. En général je fais un casting. Moi je compose les chansons, les textes, je commence déjà à avoir des idées d'arrangements et ensuite je soumets à plusieurs arrangeurs et en gros je leur demande de travailler. Je leur donne le choix de bosser...je leur envoie trois titres et ils ont le choix de bosser sur le titre qu'ils veulent. Et après je choisi le directeur artistique, le réal. En général, c'est réalisateur et arrangeur c'est pour ça que je résume en directeur artistique. Et ensuite, ces directeurs artistiques, avec moi évidemment, on va choisir l'équipe qui va enregistrer en studio. Souvent lui il connaît des personnes, il pense à des personnes et je trouve que c'est toujours intéressant de bosser avec différents musiciens parce que du coup ça ouvre d'autres portes. Si tu restes toujours à bosser avec les mêmes personnes, tu restes toujours un peu dans le même tunnel. Moi je veux dire mes albums de l'un à l'autre, alors je ne dis pas qu'ils sont radicalement différents mais en tout cas il y a une vraie évolution et moi c'est ce que je veux. Même d'une chanson à l'autre d'ailleurs. Moi je n'ai pas envie que les gens ils se fassent chier à écouter toujours un peu la même chose. Il y a des artistes qui font ça, c'est un choix.  En tout cas moi je préfère évoluer et puis je pense que même on évolue. On évolue dans ce qu'on écoute, on évolue dans ce qu'on est et donc forcément pour moi un album il ne peut pas être le même l'un après l'autre quoi. Et donc assez naturellement j'ai bossé avec des équipes que m'a proposé l'arrangeur. Même là en fait l'arrangeur est le même parce que cela n'a jamais été le même arrangeur d'un album à l'autre sauf là, en l’occurrence sur ces deux derniers albums. Cela a été Moon Pilot qui a été le même arrangeur parce que j'avais encore quelque chose à faire avec lui et puis il m'a bien montré qu'on avait encore des choses à faire ensemble. Et puis voilà du coup il m'a proposé une équipe. Alors le batteur on a gardé le même en l’occurrence mais le guitariste c'était pas du tout le même, le bassiste malheureusement ça n'a pas pu être le même parce que Phil Spalding qui a enregistré sur tous mes albums hé bien lui malheureusement n'est plus là. Hé puis voilà une autre équipe qui évolue. Et puis même les musiciens live, eux pour le coup ne changent pas parce qu'ils sont fixes depuis un petit moment. Bah eux, même, je pense que pour eux c'est challengeant aussi, ça les fait évoluer aussi donc moi je pense que c'est bien pour tout le monde. Moi je leur laisse toujours le choix déjà. Je leur dis, je leur fais écouter l'album, je leur dis : les gars vous pouvez ne pas aimer quoi ! Ils peuvent ne pas accrocher sur le nouvel album puisqu'il aura évoluer forcément et je leur laisse toujours le choix. Là c'est vrai qu'il s'est trouvé qu'à chaque fois ils ont dit oui. Puis après il y a le boulot On fait des résidences, on bosse parce que l'idée ce n'est pas de faire du copier/coller de l'album, l'idée c'est que chacun se l'approprie. Alors évidemment, il faut respecter l'esprit général de l'album mais ils peuvent se donner des libertés justement. Et puis là sur cet album ça s'est vraiment hyper bien passé parce que ils ont sur-kiffé l'album vraiment. Ils m'ont vraiment... ils m'ont partagé j'en avais les larmes aux yeux de voir à quel point ils aimaient l'album. Ça me fait chaud au cœur. Et puis après, hé bien là il vit en live d'une autre manière et moi ce que j'aime bien c'est que souvent les gens, le public qui connaît l'album, qui connaît le live, bah ils me disent : en fait ce sont deux choses qui sont différentes entre guillemets, qui se recoupent mais qui sont hyper intéressantes les deux. Pour moi voilà on a gagné en ayant ces commentaires là.



Bientôt tu joueras à la Dame de Canton. Que nous prépares-tu ?

Jewly : C'est une excellente question. Non pour l'instant, je n'ai pas encore d'idée. Évidemment ce sera un show particulier parce que ce sera LE concert de sortie de l'album. Alors il y en a eu un « petit » on va dire avec FFF à la Laiterie, mais à la Laiterie c'était 30 minutes puisque forcément on était avec FFF. Là oui émotionnellement ce sera chargé. Je ne sais pas et même si je le sais je ne vais pas le dire (rire).

As-tu en ce moment un rêve ou une envie artistique ?

Jewly :
J'aimerais bien faire un duo avec Nick Cave. Voilà ! Je crois que je n'ai pas besoin de développer plus. Ça ce serait le surkiff quoi ! Ou alors que Jack White vienne faire des guitares avec nous à la Dame de Canton ? Ce serait pas mal ça ? J'allais dire que ce n'est pas du tout quelque chose que je prépare hein ? Ce n'est pas du tout dans les ...j'aimerais bien hein ! Jack White si tu m'entends !

Qu'écoutes-tu actuellement sur ta platine ?

Jewly : En fait j'écoute tellement de choses que non je ne peux pas te dire. Alors évidemment Archive, je te parlais d'Archive tout à l'heure donc ouais il y a beaucoup d'Archive. Après en ce moment j'écoute plutôt du blues. Du blues mais alors ça peut aller à du Sea Sick Steve mais aussi à des gros standards de blues quoi. Et puis évidemment j'écoute le dernier album de FFF. Je fais un peu de pub aux copains. Il est vachement bien d'ailleurs. Franchement...

Que penses-tu de cette nouvelle façon de vendre la musique ? Kiss Kiss Bank Bank Ululle ?

Jewly : Je trouve ça très très dur parce que moi dans ma démarche artistique, encore une fois, mes chansons sur un album elles sont très différentes de l'une à l'autre. Ça veut dire que quelqu'un qui va écouter mon album …je pense que je vais demander à dix personnes quel est ton titre préféré sur l'album, j'aurais dix réponses différentes. Donc c'est ça qui est difficile sur la musique aujourd'hui que tu écoutes en mode bah...une chanson, un titre par titre qui est comme ça parmi d'autres. Là où j'ai un petit peu d'espoir, c'est par rapport au vinyle, qui revient. Alors j'espère que cette vague va persister parce que dans le vinyle tu écoutes au moins l'album par face. Donc tu écoutes au moins la moitié ou le quart d'un album. Selon si c'est c'est un ou deux vinyles par vinyle. Sinon oui ça fait un petit peu peur cette musique à la consommation où finalement tu écoutes sur Spotify, et puis tu ne sais même pas ce que tu écoutes. D'un autre côté c'est bien parce que ça te permet de découvrir mais d'un autre côté tu vas moins dans la profondeur de ce que l'artiste veut défendre quoi. Donc il y a du pour et il y a du contre.

Donc tu es pour le vinyle ?

Jewly : Ha oui je suis pour le vinyle, je suis pour. Je suis à 200% pour. Alors évidemment un vinyle qui est travaillé pour être un vinyle... à savoir que tu fais un mastering spécial, tu fais les laques comme il se doit évidemment pour qu'il y ai le son qu'il y ai la chaleur?. Moi je vois mon album aujourd'hui je l'écoute en cd ou je l'écoute en vinyle, ben c'est comme si c'était, pas deux albums différents évidemment mais tu as des choses que tu redécouvres quand tu écoutes le vinyle. Des choses que j'avais oublié, qu'on avait fait en studio et quand j'écoute le vinyle j ai dit : Ha oui j'avais oublié ce truc là ! Parce qu 'il y a d'autres choses, c'est hyper intéressant. C'est une chaleur  qui n'a rien à voir. De la même manière que nous on a enregistré sur bandes. Quand tu couches un mix sur bandes bah c'est pas le même son que quelque chose qui fait...voilà. Après on peut pas toujours se permettre de faire ça comme ça. Mais en tout cas moi oui je suis pour cette culture du son, après c'est pas toujours évident. Évidemment on ne peut pas mettre le vinyle dans sa voiture. Mais bon c'est un moment, tu bois un bon verre de vin avec un vinyle. On prend le temps d'écouter...ben c'est un plaisir quoi.

Quels sont tes projets ?
Jewly : Mes projets ? Ben tourner, tourner quoi, voilà... et aller présenter cet album à un maximum de personnes un peu partout. De toute façon ce métier là je le fais pour le live donc oui j'ai vraiment hâte d'aller... bah là ça y est c'est parti ...d'aller sur les routes, de présenter ce projet aux personnes, de sensibiliser aussi parce que cet album c'est vraiment... Rebellion c'est pas descendre dans la rue avec les pancartes... Rebellion c'est une rébellion intérieure en fait. C'est prendre conscience de qui on est, de ce que l'on ne veut plus subir, c'est de s'écouter, de réagir, de réfléchir et c'est vraiment une ode à la différence, à la singularité et à la libération. Et donc ça c'est un message que j'ai vraiment envie de transmettre aux personnes. C'est de dire, ben lâchez-vous quoi ! Lâchez-vous, écoutez-vous. Aujourd'hui quand je vois les générations actuelles, elles vont en chier plus tard ! Donc je pense que c'est primordial de prendre soin de soi, en terme de mental, de psychique etc...

Souvenirs des concerts qui t'ont fait frémir ?

Jewly : Je suis désolée mais je vais les re-citer !!C'est Archive. Je les ai vu il n'y a pas longtemps en plus. Je te l'ai cité aussi, c'était Nick Cave. Ça c'est un concert qui m'a bouleversé parce que je me suis dit : wow, c'est le maître ! Pour moi c'est le maître sur scène. Il y a un espèce de truc qui se dégage donc voilà. Mais j'ai vu Archive il n'y a pas longtemps sur scène. Bah j'ai surkiffé. Light show en plus, c'est monstrueux ! Un groupe aussi que j'ai vu il n'y a pas longtemps et que j'ai vraiment adoré c'est Hyphen Hyphen. Vraiment super groupe, grosse énergie et tout. J'ai beaucoup aimé aussi ce concert là. Donc voilà si je devais te les citer, je te citerais ces concerts là que j'ai vu on va dire il n'y a pas longtemps ou d'autres que j'ai vu il y a un peu plus longtemps mais qui m'ont marqué quoi.

Quelque chose à rajouter

Jewly : Moi j'ai envie de dire merci à des journalistes comme vous, qui soutenez les artistes indépendants parce que tout n'est pas toujours rose hein ? Je veux dire, on galère etc...Alors oui on a la cerise sur le gâteau, la récompense c'est le live mais par contre derrière faut ramer, faut ramer. Et des médias qui nous soutiennent hé bien voilà j'ai envie de vous dire merci.  

Merci à toi et à très bientôt à la Dame de Canton

Voir l'interview en VIDEO ICI




Thierry CATTIER 

Photos Th CATTIER / SHOOTING IDOLS