Sting après plusieurs jours à Paris enchaine les radios et télés pour la promotion de "My songs Spécial Editions" et de "Every move you Make" l’intégrale de The Police prévue le 8 novembre 2019.
Un après-midi ensoleillé pour notre Englishman à Paris dans un grand hôtel Parisien, c’est là que se tient la conférence de presse, dernière étape promotionnelle avant le concert SOLD OUT du lendemain à AccorHotels Arena.
Nous avons pu participer à cette conférence de presse, voici en images et par écrit les échanges que tous ont pu faire avec un artiste majeur.
QUESTION : La compilation "My Songs" et l’intégrale The Police "Every move you make" ont été également éditées en vinyle, que pensez-vous du retour en force du vinyl ?
STING : Le vinyl a été pour moi en grandissant une expérience quasiment religieuse : d'abord on allait acheter le disque, puis on lisait les notes de pochette, puis on découvrait les dessins ou les photos, c'était comme une relique sacrée.
Puis on posait son disque sur la platine et on posait l'aiguille du saphir sur la galette du vinyl, c'était un rituel, tout ça me manque énormément. Aujourd’hui le streaming, c'est juste appuyer sur une touche comme sur une machine à café, c'est devenu fonctionnel, il n'y a pas de véritable expérience artistique. Je suis très content que le vinyl revienne, tenir un objet physique, ce n'est pas anodin, c'est très important.
QUESTION : Pourquoi proposer une nouvelle édition ?
STING : Pour moi l'enregistrement n'est jamais terminé, c'est toujours un travail en cours, en ce moment pour ces chansons j'ai essayé de les réimaginer, pour moi un disque n'est jamais un produit fini, c'est comme un organisme vivant.
QUESTION : Avez-vous l'angoisse de la page blanche ?
STING : Ça me rend très anxieux ce blocage d'écriture, je me suis rendu compte au fur et à mesure que l'on ne pouvait pas être productif en permanence, il fallait qu'il y ait des moments d'arrêt dans la productivité pour pouvoir vivre sa vie, vivre d'autres expériences, et pouvoir écrire à propos de ces expériences. Aujourd’hui j'ai moins peur de ce blocage, je me suis rendu compte que c'était un processus important et nécessaire, par exemple si en ce moment je fais face à une page blanche, je me dis que ce n'est pas grave, ça reviendra, c'est cyclique.
QUESTION : Vous vous êtes toujours investi dans de multiples projets, d'abord avec Police, puis pendant votre carrière solo, ou des duos notamment avec Shaggy récemment, est ce que cette réédition et une manière de clore le chapitre ou plutôt de faire plaisir à vos fans ?
STING : J'aime la diversité dans ma carrière et je suis beaucoup plus intéressé par le fait de surprendre, que ce soient les autres ou moi-même à l’intérieur de ma musique. J’essaye de faire des choses qui sont inattendues pour le public, comme de la musique de la Renaissance au luth, ou travailler avec Shaggy, ces deux projets sont très différents, mais ils me permettent de garder un intérêt dans ce que je fais, quelques soient les projets, de ne jamais avoir de complaisance de rester sincère, entier et frais. Sinon je m'ennuie.
La sortie de ces coffrets ou de ces objets c’est une chose, même si c’est important pour les fans d’avoir un bel objet pour marquer une longue carrière comme la mienne, comme je vous l’ai dit tout à l’heure les chansons ne sont jamais terminées, ce n'est pas parce que ce coffret sort que ça s’arrête et on passe à autre chose… Demain je vais chanter Roxanne devant le public à Bercy, et je vais faire tout mon possible pour la réinventer une fois de plus, cette chanson n’est pas une pièce de musée.
QUESTION : Comment avez-vous choisi les titres que vous avez réorchestrés pour l’album ? Demain vous serez en concert à Bercy, comment avez-vous travaillé sur cette nouvelle tournée ?
STING : Dans ma carrière, j'ai joué dans des salles totalement différentes, de tailles très différentes. La première fois qu'on a joué à Paris c'était au Gibus, mais par la suite on a aussi joué au Stade de France… C'est un peu comme faire de la musculation !
Pour le choix des titres, les chansons se choisissent d'elles-mêmes, celles qui sont le plus populaires ou celles que le public veut entendre. Ici, l'intérêt était de choisir une chanson très connue et donner au public l'occasion de voir comment elle pouvait être réinterprétée. Au fil du temps, c'est comme dans un couple, on développe une relation particulière avec chaque chanson, on sait laquelle va fonctionner sur scène.
QUESTION : Quelles sont vos chansons préférées ?
STING : C'est vache comme question ! C'est comme si vous me demandiez lequel de mes enfants je préfère... Je suis fier de toutes, comme un ensemble.
QUESTION : Vous êtes un excellent bassiste, quelle place prend sur scène le fait d’être bassiste et leader ?
STING : C'est une place très intéressante d'être bassiste, en plus je chante donc je peux changer l'harmonie du morceau, c un exercice très compliqué mais intéressant d’avoir ces deux positions, et en plus on est payé double !! (il rit et dit ensuite que ce n'est pas vrai)
QUESTION : Vous soutenez la lutte contre la déforestation, pouvez-vous nous dire quelques mots là-dessus ? Envisagez-vous de faire de la politique ?
STING : (en fr) Jamais !! Je m'exprime en tant que citoyen d’Europe, du monde, en tant que père, que mari, que grand-père, je considère avoir de la légitimité pour le faire, pas en tant que rock star. Depuis 30 ans je suis impliqué dans ces actions, en Afrique, en Amérique du sud, je considère que la seule action qu'on puisse faire pour nous protéger des changements climatiques, c'est protéger nos forêts au lieu de les bruler. Les politiques devraient commencer à écouter, notamment à écouter Greta Thunberg, car depuis le temps notre génération a détruit la planète.
QUESTION : Avez-vous déjà envisagé un album de duos ? Quelles ont été vos relations avec les anciens membres de Police, notamment dans la réédition du box set ?
STING : On l'a juste fait (rires) ça a pris 3 mn, je suis très chanceux que des artistes viennent vers moi pour me demander de faire des duos, je pense à maitre Gims, très belle chanson, Mylène Farmer... Ces opportunités qui se présentent m'apprennent toujours de nouvelles choses, c'est toujours très intéressant de travailler avec un autre artiste.
QUESTION : Aimeriez-vous faire un album de duos avec la nouvelle scène ?
STING : Ce serait une excellente opportunité mais cela doit venir d'eux, pas de moi ! Je suis fasciné par les jeunes artistes, j’essaye de toujours rester au courant, ce qu'ils font est très stimulant.
QUESTION : Les français vous aiment, mais comment les percevez-vous, avec leurs qualités et leurs défauts ?
STING : Je trouve le public français musicalement très sophistiqué. Je ne sais pas si cela vient de votre éducation, mais j’ai encore pu l’apprécier ce matin au parc Monceau, il y avait un groupe d’écoliers qui chantaient en harmonie, c’était très impressionnant. Je pense que les Français sont toujours prompts à apprécier mes expérimentations musicales… D’ailleurs, je trouve que la musique, tant en France qu’en Angleterre, a été enrichie par des sons venus d’ailleurs. L’Afrique du nord avec le raï ou encore le Sénégal que j'ai découvert en France, le reggae pour l’Angleterre. Les brassages ethniques enrichissent nos cultures respectives et en cela, la France et l’Angleterre se retrouvent musicalement."
QUESTION : Comment arrivez-vous à mixer votre style avec ceux d'autres artistes ?
STING : C’est avant tout un principe de négociation : il faut d’abord écouter, ce qu'ils ont à dire, comment ils travaillent. Impossible de créer un duo si vous n'écoutez pas. C’est un exercice de style, d'empathie, de compromis, d'humilité. Quel que soit le niveau, on apprend encore une fois toujours d'une collaboration avec un autre artiste.
QUESTION : Que pensez-vous du Brexit, et surtout pensez-vous que le Brexit va causer du tort aux artistes britanniques ?
STING : Personnellement j'ai voté contre, sans oublier que la raison première pour laquelle le Brexit a été créé était pour arrêter les guerres et les conflits en Europe, je pense que ce sera très dommageable à plus ou moins long terme, car nous allons passer les 20 prochaines années à organiser le Brexit alors qu'il y a encore tellement de choses importantes à discuter en politique. On devrait rester d'ans l'union européenne, moi-même je me considère comme européen, et d'ailleurs il y a eu peu de mobilisation, seuls 48% des britanniques ont voté, s’ils refaisant le referendum aujourd’hui les résultats seraient probablement différents.
Pour moi, aujourd'hui cela reste facile de jouer dans les pays limitrophes, France, Allemagne, mais s'il y avait besoin d'un visa ce serait un cauchemar ! Je vis en Italie, il me faudrait un visa pour aller voir ma femme, si cela se produisait il y aurait des kilomètres de camions entre Paris et Calais, et entre Douvres et Londres, pour réguler les échanges commerciaux entre l'Europe et le Royaume Uni.
QUESTION : La chanson Roxanne a été écrite à paris…
STING : Demain je vais commencer le show avec cette histoire, comment elle a été inspirée, je vous le dis maintenant. Paris est une ville magnifique, avec ses problèmes comme toute autre ville, mais elle reste très inspirante avec sa culture musicale, cinématographique... hier j'ai vu le film les visiteurs dans l'avion, j'en ai pleuré de rire.
QUESTION : Il y a 3 ans disparaissait George Michael, vous aviez fait un duo sur scène en 1993…
STING : J'admirais George Michael depuis ses débuts avec le groupe Wham, c'était un chanteur, un auteur compositeur extraordinaire, mais aussi une belle personne. Nous étions voisins à Londres. Sa disparition a été une tragédie, il avait un vrai talent, je le regrette.
Je ne me souviens pas de tout, ni même d'avoir chanté "Every breathe you take" avec lui sur scène en 1993, car beaucoup de mes souvenirs sont flous aujourd’hui, ils ont tendance à se rassembler en un seul souvenir, celui de ma vie, mais son interprétation de "Roxanne" a été très inspirante pour moi, je m’en inspire encore notamment sur les orchestrations.
QUESTION : Avez-vous redécouvert vos chansons en travaillant sur ce coffret ?
Lorsque je tombe sur mes vieilles chansons, c’est toujours par accident, pendant que je fais mes courses par exemple. Je les redécouvre souvent avec plaisir, et je suis content de ce qu’on a réussi à faire à l'époque, même si je repère les changements qu’on aurait dû faire pour les rendre perfectibles. J’espère que les gens seront eux aussi contents de les réécouter ou de les découvrir.
Voilà, 40 minutes de plaisir partagées avec Sting, un homme d’une grande disponibilité et d’une extrême gentillesse, nous avons essayé de vous faire vivre cette conférence dans sa forme la plus complète possible.