Si le nom AMARANTHE ne vous dit rien , il n'est pas trop tard pour vous rattraper. Formé en Suède à Göteborg par le duo Olof Mörk (Guitariste de DRAGONLAND et de NIGHTRAGE) et Elize Ryd le combo s'est tout de suite démarqué par son originalité en pratiquant un Metal hybride alliant la Pop moderne, l'électro le Death et le RnB , le tout complété par du chant clair et des growls de quoi surprendre et créer le buzz .
Il faut dire que la formation regroupe en son sein pas moins de trois vocalistes, Elyse Ryd, Henrik Englund et Nils Molin. Un atout de plus qui leur permet d'élargir leur spectre vocal sans aucune limite pour développer des harmonies uniques.
Au fil du temps AMARANTHE a su imposer son Metal hors norme grâce et son talent et des albums de grande qualités comme Maximalism ou Helix pour n'en citer que quelques uns. Fort d'une nouvelle signature chez Nuclear Blast les voilà de retour avec Manifest.
Si vous avez accroché aux deux précédents opus vous ne serez pas déçu par ce nouveaux méfait. La machine est bien rodé et AMARANTHE continue à vous envouter par ces refrains popisants sur fond de mur de guitares Heavy le tout mis en forme par Jacob Hansen (VOLBEAT, EPICA, DELAIN) leur producteur attitré au studio Hansen de Ribe, au cœur des terres Danoises.
Les bougres sont passé maître en la matière et on su fédérer une base de fans non négligeable et prouve ainsi que la formule fonctionne et séduit de nombreux adeptes au grand dam des puristes pur et dur.
Une fois de plus le gang Suédois a fait appel à une pléiade d'invités , Angela Gossow (ex Arch Enemy) "Do Or Die" , Noora Louhimo de Battle Beast "Strong" ou encore Perttu Kivilaakso d’Apocalyptica sur la magnifique ballade « Crystaline » le tout apportant un peu plus de piment à cette Pop saupoudré de Death Metal et de métal mélodique quelque peu aseptisé et manquant parfois de ce petit supplément d'âme qui fait toute la différence.
Heureusement le tout est souvent sauvé par les interventions d'Elyse Ryd qui réussit à faire passer des nappes d'émotions à travers sa voix d'une grande limpidité, la preuve de son talent n'étant plus à faire. Rendez-vous était pris avec Olof Mörk pour faire le point sur la saga du groupe et découvrir cette nouvelle offrande calibré pour vous accrocher grâce à ces mélodies sirupeuse mais irrésistibles. AMARANTHE c'est un fait on aime ou on déteste.
Un entretien placé sous le signe de la convivialité avec un guitariste sympathique faisant preuve d'un optimisme à tout épreuve malgré la période difficile que nous vivons. Magnéto Olof c'est à toi !
Vous revenez d'une tournée en compagnie de SABATON et APOCALYPTICA (Ndr: du 17 janvier au 16 février 2020 ) ou la plupart des shows étaient sold out quel souvenir gardes tu de ce périple ?
Olof Morck. Je ne le dis pas tout le temps mais sincèrement, c’est la meilleure tournée que j’ai faite. Comme tu l’as mentionné les concerts étaient complets entre dix mille et quinze mille personnes tous les soirs pendant un mois.
C’était fantastique de partager un grand moment avec SABATON et APOCALYPTICA. SABATON étaient les têtes d’affiche. Ils nous ont très bien traités et nous avons passé beaucoup de temps au soundcheck.
On partageait la même nourriture, les vestiaires. Ils nous ont vraiment traités d’égal à égal.
C’est la meilleure chose qui puisse arriver pour nous lorsque que tu fais leur première partie.
Si un jour on devient célèbre c’est quelque chose que nous retiendrons à l’avenir.
Comment a été la réaction du public lors de vos prestations ?
Olof Morck. Avant la tournée nous ne savions pas comment le public allait réagir car SABATON joue toujours de la musique édifiante et entrainante.
Parfois ce n’est pas le concept de ce que nous faisons. On ne connaissait pas leur réaction face à notre musique.
Difficile à dire ou à entrevoir mais la réponse a été géniale. Nous avons fait un show de quarante minutes et pendant les trente minutes le public commençait à sauter en prenant du bon temps.
C’était la tournée parfaite car nous pouvions aussi voir les personnes qui écoutaient la musique sur Spotify.
Je crois que notre compte a augmenté de trois mille personnes à peu près en un mois.
Quel souvenir gardes tu de votre concert à Paris au Zénith en première partie d' APOCALYPTICA et de SABATON le 7 Février 2020 ?
Olof Morck. Finalement c’était sympa de jouer dans une grande salle à Paris.
La dernière fois que nous avons jouée dans un grand spectacle c'était au Hellfest l’année dernière.
Ce n’était pas à Paris mais je dois dire que j’adore cette ville.
Je suis allé à Paris au moins une quinzaine de fois.
Malheureusement on n’a pas eu le temps de visiter alors qu’habituellement nous le faisions. Une prochaine fois.
Est ce la première fois que vous faites une tournée aussi importante ?
Olof Morck. A vrai dire, c’est notre douzième ou treizième tournée que nous faisons de cette manière. Nous sommes habitués à ce genre de planning.
En fait nous avons aussi fait des tournées plus longues.
Avec HAMMERFALL, nous avons joué tous les soirs pendant deux mois.
C’était plutôt dur. Habituellement c’est peut être rude après deux ou trois semaines de ne pas entre de retour à la maison.
Cette fois ci on aurait aimé que la tournée continue.
Pourquoi avoir choisi « Manifest » comme titre d’album ?
Olof Morck. C’est l’état du groupe en ce moment. Nous avons fait quelques expérimentations sur notre précédent album.
Sur le dernier album nous ressentons ce qu’est AMARANTHE en tant que groupe.
« Manifest » est aussi un adverbe. Ce n’est pas un outil de travail.
C’est la façon d’être et de ne pas être ennuyeux.
Nous composons de la musique et à ce titre c’est ce qui nous préoccupe.
Aussi utilisé en tant qu’adjectif, notre musique est manifeste signifiant qu’elle est claire et suffisamment forte pour rester à l’esprit.
Nous souhaitons que ce soit une déclaration claire.
Tu as mentionné que c’était la dernière étape de l’évolution du groupe que veut tu dires par là ?
Olof Morck. Le groupe continue d’évoluer constamment.
Lorsque nous avons fait notre premier album, il a été très controversé à l’époque.
C’est pour cette raison que nous devons continuer à évoluer. Il y a des groupes comme IRON MAIDEN, où les chansons se ressemblent à peu près toutes.
C’est une bonne chose car c’est un groupe impressionnant.
Avec AMARANTHE nous devons trouver des perspectives pour développer notre musique.
« Manifest » parle exactement de cela.
C’est la dernière marche d’évolution pour le groupe sur les questions du type : « Quel genre de musique sommes nous amenés à faire ?», « Quelle musique nous inspire ? », « Quelles sont les influences que nous incorporons ? ».
C’est aussi le mixage de l’album. De mon point de vue c’est l’album le plus heavy.
En réalité beaucoup de gens ont cru que nous nous dirigions vers un album plus pop.
Quand nous avions fait notre première conférence de presse, les journalistes étaient assez surpris que l’album soit aussi heavy. Et cela constitue la dernière étape de l’évolution de notre groupe.
AMARANTHE est un mix de Metal ,Heavy ,Pop moderne et Death, comment est né ce concept ?
Olof Morck. Je crois que c’est une combinaison intéressante de chanter sur un refrain que tout le monde peut retenir facilement.
C’est ce que nous avions fait sur nos albums précédents.
Toutes les chansons d’
AMARANTHE ont besoin d’un refrain puissant, sinon ce n’est pas une chanson
d’AMARANTHE.
Comment s'est déroulé le processus de composition de ce nouvel opus ?Olof Morck. Nous avons commencé avec Elize qui a travaillé sur la musique et sur le concept de l’album l’été dernier.
Nous avons vraiment travaillé en novembre de l’année dernière.
Nous avons passé deux mois à écrire des démos, et quelques chansons.
On avait entre vingt cinq et trente chansons au moment où on devait faire la tournée avec SABATON. Ce qui est amusant c’est qu’après cette tournée, nous étions tellement inspirés et de bonne humeur.
Au lieu de continuer dans notre progression de bouquets de chansons, nous en avons écrites des nouvelles.
Le résultat a été la composition de sept à huit chansons.
Elles étaient toutes stupéfiantes et nous les avons mises sur l’album.
Je dirai que les chansons ont été écrites entre février et mars. Cette fois ce fut extrêmement rapide.
Vous arrive t'il en studio de modifier les morceaux ?Olof Morck. Comparé à d’autres groupes, c’est assez vague quand nous faisons les démos.
Ce qui donne lieu à différents arrangements et perspectives en studio.
Nous avons même écrit des chansons lorsque nous sommes entrés en studio, par exemple la ballade « Crystalline » et aussi « Archangel ».
C’est pourquoi une fois en studio c’est un peu vague à l’image d’un peintre qui ferait des esquisses ou des croquis et qui par la suite peindrait par dessus.
C’est ce que nous faisons fondamentalement.
Comment sais tu qu’une chanson est terminé et prête à être enregistré ?
Olof Morck. C’est une question intéressante.
Une chanson est terminée quand tu ne veux plus rien changer même dans le mixage.
Nous avons passé deux mois et demi en studio pour l’album.
Dans certains cas je ne considère pas la chanson terminée jusqu'à ce que le mixage soit parfait car c’est ce passage qui fait la différence, c’est à dire les détails.
Je continuerai toujours à travailler au clavier ou autre chose.
Une chanson qui me plait c’est quand je ne veux rien ajouter ou changer. A cet instant la chanson est terminée.
Cette fois ci les condition d'enregistrement ont été particulière puis que tu es parti rejoindre Jacob Hansen au Danemark quelques minutes avant la fermeture des frontières !Olof Morck. Oui c’était dingue.
Nous étions avec Elize pour terminer la dernière chanson et quand nous sommes sortis du studio, nous nous sommes retrouvés seuls dans la rue à cause du confinement.
Le batteur m’a prévenu très tard dans la nuit qu’on fermait les frontières.
Nous avons compris qu’il ne nous restait plus beaucoup de temps et que nous devions partir du studio.
L’urgence était que nous devions prendre toutes les démos studios, le matériel, les chansons et emballer tout le chargement.
La chose effrayante était que nous ne savions pas quand nous allions revenir.
Quand j’ai téléphoné à ma femme, la frontière allait être fermée quarante minutes après.
Les gens nous interpellaient en nous disant que la frontière allait fermer et nous on leur répondait qu’on enregistrait un album de métal. [Rires]
Finalement combien de temps êtes-vous resté au Danemark ?Olof Morck. Nous sommes restés deux mois et demi. Entre le quinze mars et le 26 mai 2020.
La situation sur le confinement commençait à devenir mauvaise.
Nous nous sommes demandé si c’était juste le bon moment d’enregistrer un album pendant le confinement.
C’était bien de faire quelque chose qui avait du sens, de la valeur au lieu de rester cloitrer à s’ennuyer ou de faire une dépression.
Beaucoup de musiciens devaient faire des tournées et ne font presque plus rien.
Nous restions occupés à faire quelque chose.
Evidemment les musiciens travaillent comme des « récepteurs de radio », ils captent l’atmosphère et les émotions du moment.
Cela a aussi une incidence sur les compositions comme le titre « Viral ».
En tant que guitariste il y a eu des titres qui ont été un challenge à enregistrer ?Olof Morck. Les titres étaient plus réguliers. Donc c’était plus simple de jouer les titres à la guitare.
Je dirai que c’est un défi d’enregistrer un tel projet.
La chanson « The Game » m’a prise beaucoup de temps pour enregistrer les guitares.
Ainsi que les solos qui étaient techniques. En fait c’était plus simple de le faire que pour les autres albums.
As-tu eu une idée précise du son que tu veux obtenir lorsque tu rentres en studio ?
Olof Morck. J’ai une vision forte de ce que je veux faire avant d’enregistrer les chansons.
Comme je l’ai dit auparavant je voulais qu’il sonne vraiment heavy avec une tonalité massive.
Dans le groupe on n’a pas besoin de se dire où on va.
C’est identique pour les sept membres du groupe. Jacob interprète les compositions que j’écris.
A partir de là il base sa production pour aller où il veut.
Autrement dit il était à cent pourcent en accord avec la cible.
Alors ce fut incroyable d’écouter le mixage final. Je suis toujours aussi satisfait avec le son.
Nils est arrivé dans le groupe depuis trois ans a t'il eu un rôle important dans l'écriture des morceaux ?
Olof Morck. Oui un petit peu. Beaucoup en réalité car c’est un chanteur fantastique.
Nous étions tous en osmose sur la façon de faire ce nouvel album.
Elize a commencé et nous étions prudent sur des vocales hautes et cette fois ci on a essayé de mettre en avant de la scène Nils.
Lors des compositions vocales on essayait de voir comment mettre Nils au centre du jeu.
Depuis trois ans c’est aussi devenu un ami car nous avons aussi fait des tournées pendant tout ce temps et il est resté avec moi tout au long du mixage qui a duré trois semaines.
Il donnait aussi son avis, ses opinions et ses émotions au travers de la musique.
C’était agréable d’avoir cette étroite collaboration. « Dynasty » est une chanson superbe qu'i a écrit et il y a beaucoup d’idées et de choses à dire. En général il reste un très bon ami.
Trois titres sont sortis en single "Strong ","Viral "et "Do or Die" vous avez tourné deux vidéos une pour « Do or Die » et l'autre pour « Viral ». le clip se rapproche d'un film d’horreur c'est un peu ce qui nous arrive en ce moment !
Olof Morck. « Do or Die » est une vidéo qui a été tournée en Espagne.
Notre manager a une maison à Alicante et nous recherchions un endroit apocalyptique.
Alors elle nous a envoyé des photos pour nous indiquer comment était l’endroit qui avait l’air terrible.
Et trois mois après c’est devenu un cauchemar c'était comme une forme de prédiction.
Cette vidéo a été très amusante à réaliser mais il faisait aussi très froid.
Avant la tragédie du Covid c’était cool d’aller là bas et d’enregistrer une vidéo en Espagne car il fait chaud.
Malheureusement nous avons eu un orage, et nous avons passé quatorze heures passées à enregistrer sous la pluie et la tempête. Ce fut un défi d’enregistrer la vidéo.
A la fin de la vidéo, vous êtes tous les trois en train de marcher sur l’eau. Est-ce que c’est vrai ou juste un effet visuel ?
Olof Morck. C’est vrai nous avons marché dans l’eau.
On a souffert au moment où nous devions aller dans l’eau. La température était de quatre degrés.
Il a fallu sept heures pour nous réchauffer.
Pourquoi avoir choisi Angela Gossow sur le morceau "Do Or Die" en particulier?
Olof Morck. En fait c’est l’idée d’Angela, qui avait une idée de chansons et sur le concept de la vidéo. C’était son concept et l’idée de départ. J’avais commencé à écrire les paroles de « Do or Die » du premier couplet.
Evidement elle n’a pas fait d’album depuis neuf ans.
Nous sommes très fan avec Elize depuis les années 1998, 1999 quand elle a rejoint ARCH ENEMY.
C’est rare et excitant d’entendre ses caractéristiques organiques.
Elle a suggéré d’apporter sa voix qui potentiellement pouvait présenter un risque. C’était fantastique.
Il y a toujours des invités sur vos albums qui sont principalement des chanteurs ou chanteuse , quel est le guitariste que tu souhaiterais avoir à tes cotés sur un morceau ?
Olof Morck. J’ai toujours été un fan d’Yngwie Malmsteen.
Il ne fait pas spécialement de « Guest tour » mais s’il aimerait en faire un j’adorerai qu’il fasse un solo sur un de mes albums.
Je serai fou de joie.
C’est lui qui t’a donné envie de jouer de la guitare et d’écrire des chansons ?
Olof Morck. Oui certainement. J’ai grandi en apprenant à jouer du violon et du piano.
Yngwie a ce son particulier et mélodique venant du classique.
En matière de composition cela m’a vraiment inspiré quand j’ai commencé à jouer de la guitare.
Et cela fait trente ans déjà. C’est la plus grande influence à mon niveau.
Peut être la plus grande indéniablement.
« Crystalline » est un magnifique morceau enregistré au piano auquel se greffe des violons est ce du à votre influence classique !.
Olof Morck. Le premier album de ma carrière que j’ai enregistré était « Dragonland ».
Il y avait une énorme quantité d’influences classiques.
AMARANTHE n’a pas vraiment cette influence musicale du classique mais en même temps je compose beaucoup de musique classique.
Pour moi c’est toujours avec cette approche que je réalise mes compositions.
C’est axé sur la théorie de la musique que j’ai lue et je suis un grand fan de musique classique en général.
Et aussi des compositeurs français comme Samson, Debussy. C’est une musique fantastique.
Comment envisages tu l'avenir de AMARANTHE dans les mois avenir ?
Olof Morck. Nous souhaitons continuer à jouer et toujours être crédible.
Nous publierons une vidéo prochaine « d’Archangel » à la mi septembre.
Et nous continuerons à sortir encore plein de vidéos de l’album.
Trois vidéos après « Archangel » et peut être des diffusions en direct.
Mais j’adore prendre aussi du temps libre [Rires] pour une fois.
J’adore cuisiner, faire de la peinture à l’huile, lire et plein d’autres choses.
Quand les choses iront plus dans la normalité, je profiterai pour voyager…À Paris.
Paris 2 Septembre 2020
Pascal Beaumont / Laurent Machabanski
Photo : Thierry Cattier / Shooting Idols et DR