lundi 4 décembre 2023

RENAUD HANTSON // INTERVIEW // Nostalgic Memories - Partie 2 - Décembre 2022.


Aujourd'hui, place à la deuxième partie d'une belle rencontre, un moment d'échange privilégié avec Renaud Hantson, écorché vif et vrai rebelle au cœur tendre, une après-midi entière où, ne voyant pas les minutes passer, nous avons ainsi pu entendre Renaud se confier sur des sujets forts, parfois douloureux, toujours sincères et très personnels. Renaud est un véritable artiste en ce sens qu'il fait partie des gens qui ne savent pas mentir et offrent des purs moments de vérité.

Voici la deuxième partie de cette interview, encore un grand merci à Renaud de nous avoir fait confiance et de nous avoir ouvert son cœur.



Parallèlement à tout cela, tu donnes des cours de batterie et de chant. Est-ce important pour toi de continuer à transmettre? Quels conseils donnes-tu à tes élèves ?

Renaud Hantson, Pour les élèves de batterie, ce que je leur dis… Actuellement, je les ai pratiquement tous mis à la porte. La batterie, c'est un sacerdoce. Moi qui aime bien avoir des débutants, parce que j'aime faire progresser très rapidement les batteurs qui commencent, que ce soit des adultes, des ados, des jeunes. Du moment qu'ils peuvent toucher les pédales, ça va. Je ne prends pas de gosses, parce que c'est trop compliqué. Il faut toucher les pédales quoi. Mais je les prends dès le premier âge possible. J'aime bien les débutants. à partir du moment où ils voient ça sérieusement. Comme je le voyais moi sérieusement. Alors, je n'ai pas dit pour qu'ils en fassent un métier. Je dis juste pour qu'ils aient envie d'être dans un groupe, de jouer avec quelqu'un. Voilà, pour qu'ils voient ça, dans un but quasi professionnel, à un moment ou à un autre, ou en tout cas amateur éclairé. J'aime bien les amateurs éclairés. Il y a des amateurs qui font du meilleur boulot que des pros. A l' heure qu'il est, j'ai mis en stand-by,  je n'ai pas de batteurs actuellement, mais il y en aura. Mais je ne cours pas après. Je travaille sur une méthode, qui est la méthode de Guy Lefevre & Emmanuel Boursault et Jean-Marc Lajudie. C'est du Solfège, et donc c'est fastidieux. C'est un sacerdoce. Ça veut dire que, quand le mec ou la nana n'ont pas bossé chez eux, je le vois tout de suite, puisque je donne des exercices pour la semaine suivante. Sauf que si l'exercice n'a pas été préparé, moi je l'entends tout de suite. Donc j’ai orienté vers la porte de sortie à peu près l'essentiel de mes batteurs, sauf ceux qui étaient déjà bons, que j'ai, soit placé dans des groupes soit à qui j'ai conseillé de faire tel ou tel truc. Et les chanteurs c’est vachement plus libre parce que c'est ma méthode à moi. Je vois très bien quand quelqu'un n'a pas bossé techniquement, n’a pas fait les exercices que je donne parfois. En fait, il y a 8 points dans ma méthode, 8 points techniques. Je le sais, mais c'est plus libre. Et comme ma partie forte, c'est le coaching, c'est là où je les coache sur des chansons qu'ils choisissent eux-mêmes ou que je leur ai imposées la semaine d'avant. Tu sais, pour progresser, il n'y a pas de secret. Pour progresser, il faut être régulier et rigoureux. Sans travail, un art ? Tu peux être doué, bien sûr. Le don, c'est formidable, mais il faut l'entretenir. Puis il faut le développer. Donc oui, je fais toujours le mercredi et le vendredi quand je n'ai pas de concert. Je vais toujours à Porte de Saint-Ouen, enfin à la mairie de Saint-Ouen, donner des cours dans un local de répétitions, comme je le fais depuis 2002. Je l’ai fait quand j'ai commencé ma carrière dans la musique. A l'époque, c'était parce que je ne gagnais pas encore ma vie. Je voulais prouver à ma mère que je pouvais gagner 3 fois son salaire avec la musique, rien qu'en donnant des cours grâce à mon diplôme de conservatoire justement. Mais là, aujourd'hui, c'est un vrai complément à ma vie artistique. Eux, ils ont un prof vocal, un prof qui est en activité, qui n'est pas juste un prof qui se sert d'une méthodologie, d’une façon de faire, mais qui n'a jamais fait de disques, qui ne fait jamais de concerts etc, etc ….Là, ils ont un mec qui fait des concerts sans arrêt, qui fait des disques, qui a un CV, voilà. Donc moi je suis un peu l'anti prof de conservatoire et l'anti prof lyrique. Chez moi, on ne fait pas de trucs académiques. C'est anti académique. Par exemple, on dit qu'il ne faut pas ventiler. Dans les écoles, dans la plupart des écoles de chant, il ne faut pas ventiler. Ventiler, c'est quand tu mets du souffle dans la voix. Faut pas faire ça, c'est hérétique. C'est interdit, tu comprends ? Et ouais. Sauf que quand tu enregistres un disque en studio, ventiler, c'est vachement plus beau que crier. Je dis n'importe quoi, mais … Bon, chacun son truc. ils ont affaire un peu à un barge, les élèves. Mais c'est ça qui les intéresse aussi. Et c'est pour ça que j'en ai qui sont là depuis de nombreuses années. Et je les ai vu progresser. Ils ont changé ma vie aussi. Et puis on ne va pas se mentir, depuis 2002, c'est la meilleure de mes thérapies. C'est la meilleure de mes thérapies de groupe. C'est une thérapie de groupe. Moi qui ne fréquente pas le Show Business, j'ai toujours dit que mes élèves étaient ma famille musicale en fait. Voilà, c'est mes complices. Ils le deviennent en tout cas au bout d'un moment.

Tu t'es également investi dans beaucoup de causes. Et notamment tu es devenu le parrain d'Ensemble contre la Sclérose en Plaques . As-tu, aujourd'hui, des causes qui te touchent ?


Renaud Hantson, Ma première valeur, c'est d'essayer de faire un métier où je peux me sentir utile. C'est-à-dire quand on fait de la musique parfois…C'est pas un truc de branleur, ce n'est pas ce que je veux dire, mais aujourd'hui… c'est pas dérisoire et futile mais … On est un peu une cerise sur un gâteau. Quand on voit que nos dirigeants ont estimé que notre profession était non essentielle et que donc certaines professions, oui, c'est ça, sont jugées non essentielles. Cela m'a assassiné personnellement. C'est à cause de ça que j'ai rechuté dans mes pires travers…Et c'est à cause de ça que je vais vers un divorce. Je suis toujours parrain d' Ensemble contre la Sclérose en Plaques. Mais c'est une association où la Présidente, elle-même atteinte de sclérose en plaques, n'est plus en activité. Donc, depuis qu'elle est partie en Bretagne, Valérie, elle n'a plus organisé de spectacles. Et donc je n'ai plus à chercher des artistes pour venir aider cette association, gracieusement, pour trouver des fonds pour les malades. C'est une action que j'ai faite pendant plusieurs années. J'en avais déjà fait, une première, au côté de Grégori Baquet, comédien, musicien, également chanteur, qui lui, avait une association qui s'appelait Tous en Scène… Tous en scène contre la sclérose en plaques, entre autres. Tu sais, à partir du moment où tu rencontres des malades de cette maladie orpheline et que tu te sens un peu utile, tu ne peux pas faire machine arrière. J'avais fait, d'autres choses, pour lutter contre le sida. Dès qu'on m'a appelé pour donner ma participation, pour trouver des fonds pour lutter contre le sida, pour faire de la prévention, j’étais là. La chose principale que je fais aujourd'hui, c'est la prévention pour parler de diverses drogues. Voilà. Cela fait un moment que je n'en ai pas fait parce qu'avec la rechute que j'ai vécu, je me sens trop mal à l'aise pour dire. Bien que ce soit au contraire très intéressant d'entendre mon discours parce qu’il est encore plus ciselé qu'à une époque où j'essayais de m'écarter de la substance. Mais je ne faisais qu' essayer… Mais j'y suis rarement arrivé, je le dis aujourd'hui avec honnêteté. J'ai sorti 3 bouquins sur le sujet, mais je ne me suis jamais senti sorti d'affaire. Là, aujourd'hui, on sait qu'on est sorti d'affaire avec la drogue quand en fait, on en voit ou on voit une situation où quelqu'un se drogue et qu'on n’en a pas envie. Là tu sais que t'es sorti d'affaire. Mais comme pour un alcoolique. Ce qui est terrible avec les drogues en vente libre, la cigarette ou l'alcool, qui sont des drogues, qui sont des addictions pour beaucoup de gens sur la planète et qui sont des causes de mortalité évitables, c'est que la tentation est à chaque coin de rue. Mais tu sais, j'ai envie de te répondre un truc. Je crois qu'aujourd'hui j'aimerais… si, je devais donner mon nom ou prêter,enfin donner ma participation à quelque chose, j'ai envie de dire qu'on devrait tous se mobiliser par rapport à la COVID, parce que ça, ça pourrit vraiment notre planète quoi ? Qu’est ce qu'il y a derrière tout ça? Je ne suis pas complotiste. Non du tout. Il y a vraiment un truc puisque je viens de le choper. Mais c'est dans l'air, on a compris que c'était dans l'air, puisque moi avec la dépression nerveuse dans laquelle je suis actuellement, je n'ai pas eu spécialement de vie sociale. Je ne vais pas en discothèque, je ne tape pas la bise à tout le monde. Enfin tu vois, je ne vais plus dans des boîtes à partouzes. Donc ce que je veux dire… Enfin, j'y retournerai, hein, mais bon, ce que je veux dire, c'est…Je sais pas. Comment se mobiliser pour lutter contre cette merde qui nous pourrit tous et toutes la vie ? Mais bon, pour l'instant, j’en reste à mes petites actions par rapport à la sclérose.

En 2012, tu publies ton autobiographie “Poudre aux yeux” et une suite, en 2013, avec “Homme à Failles”, où tu as dû aller plonger au fond de toi pour sortir des moments intenses de ta vie. Cela  a-t-il été difficile à vivre ?

Renaud Hantson, En fait, quand j'ai sorti “Poudre aux yeux”, “Sexe & drogue & show business, chez Flammarion, en 2009 ou 2010, je sais plus, c'était comme un dernier acte thérapeutique, d'une analyse enfin d'une thérapie engagée avec le professeur Laurent Karila. Thérapie, que certaines personnes ont jugé tronquée parce qu'il est devenu un véritable frère pour moi. Et qu’il m'a donné des tuyaux comme il le donnerait à quelqu'un de sa famille. Donc, en fait, effectivement, j'allais pendant un an et demi à l'hôpital Paul-Brousse. Mais en même temps, on mangeait des sushis. On réfléchissait aux albums de Satan Jokers. Et on parlait de mon problème. Et il me donnait ses conseils, et son savoir sur l'addiction à la cocaïne, puisqu'il est spécialisé dans les addictions aux drogues psychostimulantes et au sexe. A l'époque, avec Laurent Karila, on est juste passé à côté d'un des gros problèmes qui me concernait. C'était le fait d'être sexaolique. Et je ne le savais pas. A l'époque Laurent m'avait posé la question, et m'avait dit : mais quand tu fais du sexe tu n'es pas en souffrance quand c'est terminé? J'ai dit : Ben non. Sauf que c'est apparu quelques années après. Il y avait toujours cette espèce d'insatisfaction et de souffrance. Tout ça parce qu’étaient mélangés la drogue avec le sexe. Alors j'en parle ouvertement parce que je pense que ça peut servir à des gens, mon parcours. Je reste persuadé que ça peut aider d'autres gens. Je sais que j'ai aidé des gens à arrêter certaines addictions à travers mon discours. Donc si ça peut aider certaines personnes de dire ouvertement… Je sais que c'est très Américain si tu veux. En France, les artistes, ils ont la chiasse. Il y a une espèce d’omerta sur les vices qu'on peut avoir. Or, tous les êtres humains ont des vices et des travers et des défauts.

Et moi ? Et d'une part ça justifie mon absence des radars et pourquoi je ne suis plus médiatisé comme je l'ai été à un certain moment de mon existence. Cela explique aussi que ma peine a été incommensurable à la disparition de Michel Berger. Mais ça permet surtout pour moi de libérer le fardeau, et que ça serve éventuellement à d'autres personnes. Et ça, c'est la seule manière que j'ai, de faire quelque chose de bien de quelque chose qui est mal, parce que c'est mal. C'est interdit, je le sais. Ce qui est drôle en plus c'est que moi les métiers que je voulais faire quand j'étais en terminale, c'était psy, prof d'Anglais, avocat, journaliste ou flic à la brigade des Stups. Je te jure que c'est vrai. Ça, c'est un truc de fou. Mais moi je flashais, tu vois sur… je voulais de l'action. Je voulais Miami Vice, 2 Flics à Miami. C'est mon truc. Starsky et Hutch. Enfin tu vois, je voulais ça. L'Arme Fatale, là c'est plus vieux. Mais quand j'étais gamin, vraiment on y a pensé en terminale avec un pote, qui lui est devenu avocat. On voulait les Stups. Oui, flic à la brigade des Stups, ça nous éclatait. Y avait psy, ça c'était…Là, je me suis enfilé des tonnes de bouquins de Freud, etc…Et puis j'ai choisi la musique. Et, dans la musique, tu as des moments où il y a des cases vides, il y a du temps libre, beaucoup de temps libre. Alors, si tu veux mes bouquins, pour répondre plus précisément à ta question et pas tourner autour, mes bouquins, c'est comme un acte thérapeutique final. Celui qui est le meilleur, c'est Rock Star, le 3ème, qui se lit comme un polar. Cela fait 130 pages. Cela s'appelle Rock Star, 48 h d'une vie rêvée. Cela se passe sur 48 h de la vie d'un chanteur. Alors devinez qui ? Qui ferait son retour. Un retour gagnant ? Sauf que, il va faire un concert en province, il est encore dans sa toxicomanie. Et il rencontre une femme qu'il voit au premier rang. Il ne voit qu'elle. Et cette nana elle est encore plus équipée au niveau poudre que lui. Il va faire une overdose dans une chambre d'hôtel, et il va découvrir sa rédemption ? grâce à cette nana. On ne sait pas si elle est morte ou si elle est en vie. Si elle est envoyée du ciel ou envoyée du diable. Et tout ça, je ne l'ai pas vécu. Mais c'est pas loin du compte puisqu'en ayant rechuté comme j'ai rechuté à cause de la COVID, je perds ma femme, mais j'arrête la drogue. C'est une bien triste rédemption. Je suis malheureux comme les pierres. Le genre de désespoir dont on ne se remet jamais. Mais bon, au moins je ne fréquente plus le diable. Je ne fréquente plus le diable, voilà. Par contre, ce qu'il faut savoir, et c'est une des choses que je dis, moi, quand je fais de la prévention: c'est diabolique. C'est-à-dire qu'on ne peut pas battre le diable sur son terrain. Il faut juste arrêter de le fréquenter. Faut juste arrêter de le fréquenter. Ne pas se donner la possibilité de faire. Mais en fait je me rends compte que Laurent Karila, dans la thérapie que l'on a faite en 2009, m'avait déjà donné tous ces tuyaux là. Il m'avait dit : la première chose qu'il faut que tu fasses, c'est de ne rien avoir chez toi, de changer l'entourage, etc… etc… etc… Il avait déjà quadrillé. Il m'avait déjà expliqué comment quadriller, ce qu'il me faut. Oui, mais j'aurais voulu le vivre avec la femme que j'ai épousé.

Voilà. Hé bien les 3 bouquins, tu vas chercher toute la merde qui est en toi. Tu sors tout ce que tu as de plus personnel, de plus privé, comme un acte thérapeutique. Exactement comme ce que je viens de te confier ici. J’emmerde les gens qui pourraient penser que c'est de l'exhibitionnisme. Ce n'est pas de l'exhibitionnisme. Si ça peut aider un gamin ou un mec qui aime le rock, et que ça peut l'aider à se sortir d'une addiction, quelle soit sur la bouffe, sur l'alcool, sur la cigarette, sur ce que tu veux, sur l'héroïne, la cocaïne, le pétard, le sexe, hé bien, tant mieux. Au moins, je n'aurais pas vécu tout ça pour rien. C'est tout. À la vôtre sur ces belles paroles. Mais je vous rassure. Je ne suis pas alcoolique. Je ne bois un verre de rouge que quand je suis en bonne compagnie comme aujourd'hui.



Tu as une grande passion pour Glenn Hughes. Raconte nous ta rencontre avec lui.

Renaud Hantson, Tu sais beaucoup de choses quand même. Tu sais beaucoup de choses et tu t'es bien rencardé, dis-moi ?
Glenn, c'est mon idole vocale. C'est mon idole vocale et c'est devenu un modèle au niveau de sa carrière parce que Glenn, il a connu 20 années de cocaïne et il s'en est sorti. C'est l'ancien bassiste chanteur de Deep Purple, qu'il a intégré dans la 3e formation du groupe, ce que l'on appelle Deep Purple Mark III, Marc Three, donc la 3e formation. Des albums éblouissants. Une crinière magistrale, un jeu de scène extraordinaire et une voix qui surpassait à l'époque celle de David Coverdale qui avait été engagé pour remplacer Ian Guillan. À chaque fois que Glenn prenait le micro pour chanter, sa voix touchait les étoiles. Ce qui me fait dire parfois à mes élèves : comment on fait pour faire ça ? Le ciel, c'est la limite. Tu te démerdes. Bon, c'est un peu facile. But, the Sky is the limit.

Glenn, je le rencontre grâce à Olivier Garnier, un attaché de presse Rock qui est également l'attaché de presse de Satan Jokers, qui a été mon attaché de presse aussi et qui a fait un peu de management pour moi aussi. C'est un ami avant toute chose. C’est quelqu'un que je ne vois pas beaucoup, mais que j'aime énormément et qui, à mon sens, est le meilleur attaché de presse du circuit Hard Rock en France. En tout cas, c'est le plus sérieux. Le meilleur, donc. Et qui est un vrai passionné surtout. Comme moi, un vrai passionné. Comme toi. On est des passionnés. Et un jour, il me dit : Glenn est à Paris. C'est moi qui fait sa promotion. Soit là à telle heure. Et donc je rencontre Dieu. Si tu veux, c'est un peu comme Glenn qui rencontre Stevie Wonder quand il avait 25 ans. Eh bien moi, à une trentaine d'années, 28 ans, je rencontre Glenn Hughes. Je rencontre mon Dieu vocal. Et il me parle de tous ces déboires avec la drogue, etc… Il écoute une chanson qui s'appelle A.M.O.U.R. Il adore ce que je fais en solo. Il adore m'écouter chanter en français. Je lui fais faire le tour du bois de Boulogne en bagnole pour qu'il visite les travelos. Pour qu'il regarde. Je le fais aller dans une boîte échangiste. Et ce soir-là, il a ce qu'on appelle un craving. Un craving, c'est une envie irrépressible de consommer de la drogue. Je lui dis: Glenn, non! Tu as fait 4 cures de désintoxication. Il n'est pas question qu'on trouve de la came. Pas question, donc je refuse, je refuse, je refuse. Et un an après, il revient en France. On est en 98/99. Il revient en France. Il est avec un label allemand. Il me demande de trouver de la dope et j'accepte. Au bout d' une demi-heure de discussion au téléphone, je lui dis: Écoute ça me gêne vraiment. Et puis on se défonce chez moi, dans mon ancien appartement. Pendant 4h, il me dit : on peut baisser la lumière ? Ce n'était pas un halogène. C'était une lampe comme ça, tu vois ? Si je veux éteindre, tu vois, on fait ça. Mais ce n'est pas un halogène. On ne peut pas baisser l'intensité. Et je lui ai répété 25 fois. Et donc je vois vraiment qu'il commence à être défoncé quoi. Et qu'en fait, ça ne lui réussit pas du tout. Et je me dis merde comment je vais faire pour m'en débarrasser ? Pour qu'il se barre de chez moi, et que demain, il parte en Allemagne faire sa promo alors qu'il est chargé? Et en fait, j'ai fait un bœuf chez moi. J'ai 5 h de cassette avec mon idole. On fait des chansons ensemble. On écrit…..des trucs inaudibles parce qu'on n'est mentalement pas présent. Ça reste un souvenir dont j'ai un peu honte, et en même temps dont je suis fier, parce que c'est Glenn Hughes et que c'est le meilleur chanteur de la planète peut-être? Que je l'aime. Il est totalement dans l’ésotérisme. La dernière fois que je l'ai vu, c'est encore une fois grâce à Olivier Garnier, dans les loges, pour l'hommage à Deep Purple, qu'il a fait il y a 3 ou 4 ans, à l'Élysée Montmartre. Il faisait toute une tournée sur la période où il jouait dans Deep Purple, avec des titres qu'il a écrit, et d'autres qu'il n'a pas écrit mais qu'il chante. Qu'il chante encore mieux qu'il y a 30 ou 40 ans. J'ai passé 45 minutes avec lui dans la loge. Il est barré parce que tous les gens qui reviennent d'un chemin comme celui que je connais, sont certainement un peu… on a du mal à redescendre. Glenn m’a montré des photos de son gourou sur son téléphone. Il me dit : orbs. Orbs si tu veux, ce sont les auréoles. Et en fait, il y a plein de photos où il est à côté de son gourou et il a une auréole Glenn. Mais en fait, c'est la photo qui fait ça. Il me dit : tu vois? Il n'y a pas qu'à côté de lui que j'ai ça. Regarde, là je prends l'avion. Et il me dit : Orbs. Et il me regarde. Il se marre et me dis : Tu me prends pour un barge? Je lui dis : non, non, je ne te prends pas pour un barge. Je te dis juste que c'est peut-être… ? Juste… enfin pas un quiproquo, mais il y a une auréole, voilà. Bon là il se trouve que tu as 15 photos où il y a ça. Maintenant si toi tu veux te croire protégé depuis que tu fréquentes un gourou et que ça t'aide à vivre, moi, ça me va très bien comme ça.

Donc là je suis en pleine recherche de ce qui peut m'aider à vivre parce que le vrai problème des substances, le vrai problème des addictions c'est qu'on s'imagine que ça aide à vivre d'utiliser des substances chimiques, de l'alcool, la clope, le sucre, le tabac, la cocaïne, l'héroïne. Mais c'est quand on arrête…. Comment occuper les cases vides ? et ça, c'est un vrai combat. Ça, c'est un vrai combat. En plus, la tonne de mal-être que l'on ressent quand on est un vrai addict, elle est incommensurable. Surtout quand on fait comme moi, qu'on essaie de s'en sortir, comme un guerrier, sans médication, sans antidépresseur. Pour trouver le sommeil, c'est chaud. C'est difficile. Donc admiration totale pour Glenn Hughes. Voilà, je t'ai tout dit. Je t'en ai dit plus que je n'ai jamais dit sur Glenn

Parmi toutes les rencontres, quelles sont celles qui t'ont le plus marqué?


Renaud Hantson, Michel Berger. Glenn Hughes . Daryl Hall, de Hall & Oates. Daryl Hall a été vraiment une de mes idoles avec son groupe de Soul” Hall & Oates”. Quand je l'ai rencontré, il sortait son 3ème album solo qui s'appelle “Soul Alone”, “si seul”, enfin “une âme solitaire”. Et il n'était pas réceptif à rencontrer un chanteur français dans un resto, tu vois? Il était plus réceptif à draguer la petite minette blonde qu'il y avait à sa gauche et à boire du vin. Donc je l'ai laissé faire. On a parlé musique une demi-heure. Mais c'est un peu une rencontre avortée.

Mais malgré tout, je suis heureux d'avoir pu rencontrer à peu près toutes mes idoles. J'ai croisé Hallyday 10 fois, il a toujours été super bienveillant avec moi. Mais la rencontre, la vraie rencontre et la relation quasi filiale qu'il y a eu… Il y a Glenn Hughes, oui, c'est vrai, mais c'est Michel Berger. Michel Berger, c'est un mentor. Un père spirituel artistique pour moi. Tous ses conseils étaient judicieux. Tous ses conseils étaient de bons conseils. C'est un mec… Tu sais, c'était un patron, Michel, sous couvert d'être très maniéré et très doux, il savait ce qu'il voulait. Il savait où il fallait aller. J'ai une grande admiration pour Berger.

L'importance des tatouages pour toi? Combien en as-tu et quels sont leurs significations?  

Renaud Hantson, Écoute, ça a commencé par des conneries et c'est devenu plus ou moins des œuvres d'art. Tu vois là, il y a Motörhead. Je suis un fan de Lemmy plus que de Motörhead en fait. J'aime Lemmy, le leader de Motörhead. Comment je peux te dire ça? Mes tatouages c'est des pans de vie. Là, il y a un gant de boxe. Motörhead c'est pour le Hard Rock. Il y a des endroits où il y a Satan Jokers, Furious Zoo, Il y a des pin-ups, il y a une rose, il y a un indien, il y a un micro.  Pourquoi je dis qu'ils sont devenus des œuvres d'art ? C'était des tatouages de voyous au départ. Pour moi, le tatouage reste un truc de voyous. Plus aujourd'hui. Je sais aujourd'hui,  n'importe quelle minette qui a un job normal se fait un tatouage. Elle va payer 3000 tu vois, elle va chez un bon tatoueur. Ah, c'est beau. Tu vois, c'est comme le piercing. C'est des tendances,  c'est des modes. Moi, c'était des trucs de rockeurs, que j'avais fait à l'arrache, faits au couteau. Je déconne mais c'est pas loin.

Et j'ai eu la chance de rencontrer quelqu'un qui est fan de ma musique, qui est fan d'une chanson qui s'appelle «Apprendre à vivre sans toi», entre autres. Elle est fan de 2 personnes. Ces 2 chanteurs favoris qui n'ont rien à voir, c'est moi et Jean-Luc Lahaye. C'est une fille qui s'appelle Isabelle Klancar. Et Isabelle Klancar, elle fait entre autres des recouvrements. Des recouvrements, c'est quand tu as déjà un premier tatouage et que tu fais un autre tatouage dessus, et que l'on ne voit plus que celui-là. C'est très difficile à faire. Il faut beaucoup de patience pour le mec ou la nana qui se fait tatouer parce que si tu veux, elle te charcute vraiment. Moi je ne suis pas sensible à ce genre de choses là, pas sensible à ce genre de douleurs là. Pas sensible, mais bon, à un moment ça me tape sur le système quand ça dure 12/14 h. J'en ai ras le cul comme tout le monde. Mais il m'en faut plus pour avoir mal.

Donc elle l'a fait et c'est devenu pas des œuvres d'art, mais pas loin. Elle m'a fait un très beau tableau qui est là-bas «C'est ma femme, c'est mon mari» .Elle nous a donné ça le jour de notre mariage puisque bien entendu, on l'a invité avec Floriane, qui est ma future ex-femme.

En fait, elle est dessinatrice. C'est là qu'on voit qu'elle est dessinatrice. Elle a fait également la pochette de l'album précédent, qui s'appelle «Tatoué à jamais». En fait c'est un tatouage, mais qu'elle a photographié. C'est un tatouage de mon visage. Donc c'est marrant. Et cette rencontre avec Isabelle Klancar aussi. Elle est venue ici. En fait, elle habite pas loin de Metz. Et elle est venue ici avec le siège de tatouage, son matos et ça a duré 3 jours. 2 fois 3 jours. Ah c'était chaud, oui, parce qu'il y avait du boulot. Mais elle est très douée. Voilà la signification et surtout l'histoire d'amitié. Avec moi, c'est toujours une affaire de feeling, de relationnel.

Les tatouages que j'avais avant, si tu veux, c'était des conneries quoi. Ils n'étaient pas très bien faits. Il y avait déjà des pin-ups. C'est l'aspect sexy du truc. Il y avait les initiales de mes groupes : FZ (Furious Zoo), SJ ( Satan Jokers). Il y avait une chaussure parce que je suis fétichiste des talons et des pieds de femmes. C'est pour ça que le prochain Furious Zoo s'appelle «Fishnet» qui veut dire Résille. C'est pour ça que j'ai intitulé un album de Satan Jokers «Fetish X». Oui, je suis très fétichiste. J'aime bien ça. Mais ce n'était pas très bien fait, donc on a trouvé d'autres trucs en rapport, éloigné ou pas éloigné, tu vois ? Mais elle, ce qu'elle a fait, c'est de la qualité. Elle, c'est une vraie tatoueuse. Elle doit faire partie des 10/15 meilleurs tatoueurs qu'il y a dans ce pays. C'est une vraie tatoueuse. Mais le problème, c'est qu'il y en a de plus en plus. Tu sais, c'est comme… Je compare son métier au mien vocalement. Aujourd'hui, je ne suis plus qu'un borgne au Royaume des aveugles. C'est-à-dire que les gens qui chantent de mieux en mieux, il y en a beaucoup. Il y en a vraiment, je t'assure, même s'ils ne sont pas connus. Mais tu vois, dans leur cave ou chez eux, dans leur local, il y a des gens qui ont un sacré niveau. Donc la France a évolué et la France, elle a évolué aussi au niveau des tatouages. Là, on a de très très bons tatoueurs en France. Vraiment. Des gens qui peuvent faire des concours des compétitions, des conventions et briller. Il n'y a pas que les Américains, les Anglais, les Allemands. On a des tatoueurs en France qui sont des bêtes, des pointures. Et Isabelle, c'est une grande chance pour moi de l'avoir rencontrée parce ce qu'elle est rigolote, elle fait bien son job et c'est une vraie gentille. C'est un bonbon.

Reste t'il encore un domaine artistique auquel tu ne t'es pas encore essayé et qui te tente fortement ?


Renaud Hantson, J'ai toujours dit que j'adorerais pouvoir jouer dans un film. Mais tu sais, je ne suis dans aucune agence. Je n'ai pas vraiment les bases techniques pour le faire. J'ai jamais été aux cours Florent. Je n'ai pas pris de cours de théâtre. Mais oui, ça ne me déplairait pas de faire l'acteur. Je l'ai fait sur scène, je l'ai fait dans des comédies musicales ou des opéras rock. Je veux dire endosser l'image de James Dean sur scène, c'était déjà une performance en soi. J'ai essayé d'être correct, de ne pas trahir le mythe. Ce n'était pas simple. Mais oui, dans un film, cela ne me déplairait pas. Flic ou voyou, j'en sais rien. Ou amoureux ? 9 semaines ½? Tu vois Mickey Rourke ? J'ai toujours aimé Mickey Rourke. Pas le Mickey Rourke d'aujourd'hui qui est détruit au niveau du visage, et qui doit avoir une addiction avec son chirurgien esthétique. C'est très triste parce qu'il avait une vraie gueule, pas besoin de se détruire la gueule comme il l'a fait depuis 20 ans. Mais il justifie ça par le fait qu'il ait repris la boxe il y a 20/25 ans et qu' il avait le nez cassé et qu'il fallait refaire. Non, c'est faux. Je pense qu'il a un vrai problème d'addiction, la chirurgie esthétique comme Michael Jackson. C'est maladif, il y a des gens qui sont addicts. Je n'ai pas voulu axer l'interview sur l addiction en général mais je ne suis pas le seul torturé du cerveau sur la planète.

Aujourd'hui, quels sont tes groupes préférés? Sont-ils les mêmes qu'avant? Quel genre de musique préfères-tu écouter? Y a-t-il une chanson et un album qui restera pour toujours?


Renaud Hantson, Oui, j'ai un côté nostalgique. Et le côté «oui, c'était mieux avant». Alors c'est redoutable parce que tu te demandes: moi qui suis quand même...enfin j'ai un cerveau pour réfléchir? Je me demande toujours, est-ce que c'est parce que j'ai vieilli ? Est-ce que je suis en train de devenir un vieux con ? Non, la réponse est non. J'ai déjà donné une réponse en phase avec ta question, qui est qu'il suffit de comparer. Tu sais, tout a été fait depuis les Beatles. Donc on est tous quelque part des petits-fils, non pas du métal mais des petits-fils des Beatles. Ils ont tout fait, ils ont tout inventé. Donc c'est très compliqué de faire du neuf alors qu'on est déjà du «vieux». Tu vois ? Je ne suis pas très rap. Mais je trouve que Orelsan a du talent. J'ai toujours trouvé que NTM avait un truc, que Solar est un grand artiste. Il y en aurait d'autres, mais si tu veux c'est pas ma came tout ça. Je ne suis pas dans mon élément.

Dans la variété française, très honnêtement, depuis Balavoine, Goldman, Berger, Voulzy, Souchon, Cabrel ….Est-ce que c'est bien ce qui se passe là ou c'est pas déjà la même musique que ce qu'il y avait avant ? Après, il y a bien eu une vague, avec (Je vais me mettre dedans), Obispo, Calogero, moi, Pagny,  Axel Bauer, Jean-Jacques Daran, Daniel Lévy (Paix à son âme). Il y en aurait d'autres...Art Mengo. Mais si tu veux cette 2ème vague là, en dehors de Calo et Pascal Obispo, n'a pas eu le crossover. On n'est pas à notre place, que ce soit, Art Mengo, Daniel Lévy, Daran et moi. On mériterait un peu plus d'exposition quand même, par rapport à la qualité des disques et des chansons qu'on écrit. Je ne veux pas que ce soit larmoyant ou que cela paraisse mégalo, mais il y a quand même des questions qui se posent. Alors est-ce que c'est parce qu'on a le mauvais dossard? La mauvaise équipe promo? Le mauvais label? Est-ce que nos chansons sont trop complexes? Pas assez simples ou pas assez porteuses ou pas assez bonnes ? Est ce qu'on chante mal ? Moins bien que ceux que j'ai cité avant ? Ça voudrait dire que Daniel Levy et moi qui n'avons qu'un relatif demi-succès ou Daran ou Mengo, ça voudrait dire que... on est moins bons vocalement ou artistiquement?  Ah bon, vous êtes sûr de ça ? Vous avez bien écouté ? vous avez comparé ? Donc ça pose problème quoi. Tu te dis bon, c'est un métier où règne l'injustice. En même temps, ce n'est pas le seul métier injuste. Il y a des médecins meilleurs que d'autres à qui on ferme la gueule. Tu as des avocats meilleurs que d'autres qui plaident moins que des avocats très en vue. Et tu as des hommes politiques en place qui n'ont rien à proposer, alors que d'autres hommes politiques auraient des vraies choses à proposer. Tout ça, ça rappelle que c'est du business. On est dans une société du paraître, de l'illusion et aujourd'hui une société où en plus il faut se masquer, fermer sa gueule, sans ça on risque d'attraper un virus. Waouh! Je plains le gamin de 15 ans aujourd'hui. En même temps, le gamin de 15 ans d'aujourd'hui, peut-être que ça fait 3 ans qu'il a pris l'habitude d'être masqué, de fermer sa gueule, de ne plus sortir, de ne plus flirter avec la fille avec qui il veut flirter, ne plus aller en boîte, ne plus rien faire, ne pas aller au concert parce qu'il risque d'attraper un virus. Bon! Et d'écouter de la musique hyper compressée sur Internet plutôt que d'aller acheter des disques. Ben oui, je suis désolé mais dans ces cas-là, oui, oui, c'était mieux avant. Franchement, c'était mieux avant? Oui, oui. Ouais, Ouais. Ouais, Ouais, c'était mieux avant !!

En ce moment, plus les années passent plus le monde va de travers ….Crise sanitaire, mouvements sociaux. Que penses-tu de tout cela ?


Renaud Hantson,
Je viens presque de te le dire. Moi, ce que je pense de ça, c'est que la planète va mal. La planète, elle est en colère. Donc ça se ressent aussi sur tout ce qui est social. La terre est en colère. L'homme n'a tellement pas considéré la planète et on a tellement mal agi en termes écologiques, que l'on chope la colère de la planète. Les virus ? Maintenant, il y a une vraie question. Virus ? Ce n'est pas seulement la terre qui est en colère. Le virus, il s'est propagé parce que certainement que la main de l'homme est passée par là. Mais le virus a bien permis par exemple, qu'un mouvement social comme les gilets jaunes soit muselé totalement. Donc je me dis : Est-ce que l'on est pas juste dans la société du paraître? la société du business? la société des inégalités? La société du « c'est pas le meilleur qui gagne, c'est juste le plus pourri, le plus enfoiré » Moi je le dis souvent. J'ai fait des statuts sur Internet où je dis: je ne suis plus de ce monde. Je n'arrive pas à comprendre. Pourtant, j'ai la niaque d'un mec de 25 piges, la mentalité d'un mec qui commence à baiser, qui a 15 ans,16 ans, tu vois? Et par contre, l'expérience d'un centenaire. Donc voilà. Et qu'est-ce que j'en pense? J'en pense pas grand chose ma petite dame. J'en pense qu'on est mal barré!

Si tu devais te définir, quelle serait ta phrase ou ta devise ?

Renaud Hantson, «Je n'ai jamais eu de haine, n'ai fait de mal qu'à moi-même, vécu des joies comme des déveines. Je dirais que je suis un mec bien.» C'est les 4 premières lignes d'un texte et donc d'un clip qu'on peut trouver sur Internet, qui s'appelle «Un mec bien» et qui est la dernière chanson de mon dernier album. C'est la toute dernière chanson, écrite avec Frantz Fagot, mon partenaire, le guitariste qui co-réalise avec moi, mes 2 derniers albums, qui a co-réalisé «Tatoué à jamais » et «Essentiel, libre comme l'Art», mon nouvel album. «Essentiel, libre comme l'Art» c'est un double album et il y a cette chanson dedans. Et je dirais que cette chanson...le texte reflète assez bien la personne que je crois être, ou en tout cas l'image que je voudrais que l'on garde de moi. Un peu comme Berger, quand il disait Hantson c'est le meilleur chanteur de sa génération. Il n'avait peut-être pas tort. Tiens, si on écoute sa discographie, regarde comment il chante sur tel ou tel truc. Waouh! Je veux qu'on dise: Waouh! En fait, c'est ça les traces que je veux laisser. J'ai la présomption de penser qu'à un moment ou à un autre, quand un truc est de qualité et qu'il est plutôt au-dessus de la norme, on finit par s'en rendre compte. Alors que ce soit de mon vivant ou pas... Bon je préférerais que ce soit de mon vivant. Mais j'ai déjà suffisamment de preuves, de témoignages de fidélité.Tu sais ? La vraie notion du succès c'est ce qui se passe à chaque spectacle que je donne, quand je vois le regard des gens. Le succès c'est ça, c'est ce qu'ils te renvoient. C'est quand tu sais que tu as bouleversé leur existence à un moment. C'est ça le succès d'un artiste. La trace qu'il veut laisser, elle est là. Quel que soit le nombre de disques vendus. Le nombre de disques vendus, c'est une cerise sur un gâteau. Mais le gâteau, c'est déjà de faire une bonne chanson qui parle à quelqu'un d'autre que toi-même. Si cette chanson, elle parle déjà à quelqu'un d'autre que toi-même, qu'elle véhicule quelque chose qui dure dans le temps, qu'elle soit connue ou pas connue mais qu'elle touche quelques personnes comme ça, tu vois, et qu'elle bouge la vie de certaines personnes, ça, c'est un succès quand même. Ça c'est bien. Et moi, ce que je voudrais qu'on garde c'est : il était d'une sincérité excessive. Oui, je suis excessif. J'ai été excessif avec la drogue. J'ai été excessif dans mes amitiés. J'ai été excessif dans mes amours. Je suis excessif dans mes confidences. Je suis excessif dans la rupture que j'ai avec ma femme. Je suis excessif dans ma façon de chanter aussi. Et en même temps, est-ce que ce n'est pas ça être artiste ? On a le pouvoir de dire tout haut ce que certaines personnes voudraient exprimer. On a ce pouvoir là. On a le pouvoir de transcender, à travers des mélodies, des mots, ce que plein d'êtres humains ressentent en eux.

«SOS d'un terrien en détresse» c'est une chanson qui me parle terriblement aujourd'hui, quand je la joue en concert. «SOS d'un terrien en détresse» elle me parle incroyablement. «Pourquoi je vis, pourquoi je meurs? Pourquoi je ris, pourquoi je pleure? voici le SOS d'un terrien en détresse. J'ai jamais eu les pieds sur terre, j'aimerais mieux être un oiseau» . Wow ! C'est ça en fait, c'est ça. Je voudrais qu'on se dise : «il était d'une sincérité extrême, désarmante, cash, sans filtre». Il balançait des trucs que personne n'oserait dire. Les plus imbéciles penseront que c'est de la mégalo, les plus intelligents se diront : Wow! mais comment il fait pour sortir des trucs aussi personnels? N'est-il pas gêné ? Je n'ai aucune gêne, aucune gêne. Cela me fait un bien fou. Tout le monde devrait faire une thérapie. Tout le monde devrait être en thérapie. Ce que l'on a fait aujourd'hui, c'est très thérapeutique. Moi, quand j'ai affaire à un passionné comme toi, un mec qui connaît bien le marché du disque, qui est collectionneur comme moi... Je t'avais dit, on va faire un truc, on va aller au bout, on va vraiment faire une interview confession. On va y aller quoi ! Et ça fait longtemps... Je crois que je le fais tous les 10 ans. La dernière fois que je l'ai fait, c'était en Bretagne avec mon administrateur, Stéphane Lecamp pour la sortie d' Opéra rock. Je lui ai dit, tu me poses toutes les questions qui sont interdites en interview. On parle de tout. J'ai dû le faire peut être une première fois 10 ans avant, mais ça n'avait pas d'intérêt car je n'avais pas le vécu que j'ai aujourd'hui, donc ça avait moins d'intérêt. En 2010, c'était presque intéressant. Mais je n'étais pas sorti d'affaire sur mes problèmes de drogue. Donc, il y avait du mensonge. J'édulcorais ce que je disais. Aujourd'hui que je me sens plus en expérience de pouvoir dire, voilà ce qu'il ne faut pas faire, ne faîtes pas ça. On va plus loin je crois, j'espère. J'espère qu'il y aura des gens qui seront touchés par ça en tout cas.

Au Zèbre, récemment, tu as fait un concept de mélanger diverses époques de ta carrière, comptes tu le refaire ?

Renaud Hantson, Je risque de le faire, je ne sais pas si ton montage sera fait d'ici le 1 avril 2023. Mais je vais le faire le 1 avril 2023, dans un club qui m'est cher puisque c'est le Pacific Rock. Tu verras le DVD inclus dans le quadruple coffret Live que je t'ai offert, il y a 3 CD et 1DVD, et cela a été filmé au Pacific Rock, par quelqu'un qui est très important pour moi, qui s'appelle Philippe Wagner, qui est mon photographe depuis que j'ai 18 ans. Je l'ai rencontré au lycée. Il est très certainement mon ami le plus fidèle, et il est surtout le témoin de toutes mes évolutions, régressions, enfin de tout. Témoin de ma décadence parfois et de choses magiques parfois aussi. Comme ce bœuf avec Angus Young d'AC/DC, avec Trust. C'est des choses qui arrivent une fois dans une vie. Merci à Trust d'avoir amené Angus ce soir-là. Et merci à Angus de nous avoir permis d'être un des 3 bœufs, je crois, qu'il a fait dans son existence, parce qu'il a joué 3 ou 4 fois maximum avec des gens extérieurs à AC/DC. C'était le 5 décembre 1982.

Le 1er avril, j'ai l'intention de faire un résumé de tout ce que j'ai fait dans ma carrière musicale. Mais un résumé qui survolera parce que j'ai très envie de refaire ce que j'ai fait au Zébre. J'ai très envie de refaire ce show là avant toute chose. Mais j'y intégrerai un échantillon des projets extérieurs. Ce que je n'ai pas fait au Zèbre. Au Zèbre, il n'y avait pas Furious Zoo, il n'y avait pas Satan Jokers, alors qu'il y a des titres qui peuvent s'inclure au spectacle. Bonne idée. Mais bon, l'idée je l'avais déjà. Mais en tout cas, bravo, clairvoyance. Je l'ai fait mais ça commence à dater. Je l'ai fait au Pacific Rock où il y avait tous les musiciens de chaque projet qui venaient,  qui me rejoignait. Et c'était l'époque où on faisait 300/400 personnes au Pacific Rock. Et c'est un temps révolu. Olivier Mars, le patron du Pacifique rock m'a dit: «pour faire sortir les gens aujourd'hui, c'est incroyable». Le public de rock, entre guillemets, est un public vieillissant qui voudrait que tout soit gratuit. Internet, c'est très bien, mais Internet a tué le marché du disque. Et est en train de le tuer. Et je l'avais dit depuis 10 ans. Cela tuera également le marché de la scène. Et ça tue le marché de la scène. Et comme en plus maintenant, il y a un problème supplémentaire avec la COVID, t'imagines bien que déjà, problème de finances, problème de lassitude, problème de:  il y a trop de concerts, problème d'il y a trop de musiciens, trop de groupes, y a trop de ci, il y a trop de ça. Et alors maintenant, il y a trop de virus. Comment tu veux que les gens aient envie de sortir ? On ne vit plus dans une société festive. On vit dans la société de la répression, de la récession. Une société de merde. Je ne suis plus de ce monde. Mais c'est aussi à cause de ça par contre que je me suis enfermé et que j'ai rechuté. Et je veux prouver à qui le sait déjà que non, non, celui qui a rechuté, ce n'est pas le vrai moi. Le vrai moi, il veut vivre. Et il veut vivre le mieux possible. Même dans une société minable. Prendre du bon temps. Tu vois, il a fallu que je sois sorti d'affaire et après avoir arrêté la fuite en avant pour me dire putain,  pourquoi en fait j'avais souhaité avoir un enfant? C'est une question qui se pose, voilà. On va loin là, hein ? Et c'est là que ceux qui ne me connaissent pas se disent : il est qui lui, pour raconter tout ça ? Ben je suis juste un mec qui a 1CV.

Pour finir, si tu devais te rendre sur une île déserte et ne garder que 3 choses : un disque, un film et un 3e choix quelle serait ta sélection et pourquoi ?

Renaud Hantson, C'est trop difficile, hein ? Non, c'est trop difficile parce que la première chose que j'aimerais emmener sur une île déserte c'est ma chaîne stéréo, avec toute ma collection de disques. Comme ça t'es niqué. Je ne vais pas en citer, il n'y a pas. Tu vois, je t'ai fait une réponse intelligente d'homme politique. Je regarde mon téléphone parce qu'il y a mon psy qui va m'appeler d'un moment à l'autre. Mais ma chaîne stéréo. Enfin la meilleure chaîne stéréo que j'ai ici, soit celle qu'il y a dans la pièce de musique soit là-haut, soit ici. La 2ème chose ce serait un ordinateur parce qu'aujourd'hui on ne peut plus vivre sans. Et la 3ème chose qui n'est pas une chose, c'est la personne que j'aime. Voilà. Sur une île déserte ça, ça peut aller. Accessoirement, faudra qu'on trouve à bouffer. Voilà !

Merci à toi de cette interview, c'était vraiment super, un bon moment d'échange.

Renaud Hantson, Eh bien, c'était particulier, c'était... Tu vois, ça fait un mois en fait que je n'ai pas été au centre où je vais actuellement depuis un an avec le Psy dont je parlais, qui va me téléphoner là parce que je lui ai dit que, comme j'avais une interview, je préférerais faire l'interview et ensuite la séance de thérapie au téléphone. C'est pas un privilège de stars, c'est juste que comme aujourd'hui je viens de mettre un terme à ma lutte contre le COVID, cette merde, je lui ai dit, je préférerais rester à la maison. Mais pour moi aussi, c'était intéressant. Tu vois, le fait de ne pas avoir dialogué avec ce psychologue fait que tu confies vachement plus de trucs personnels. Et tu peux garder absolument l'intégralité de tout ce qu'on a dit. Tu te débrouilles. Fais bon usage de ça, mais là tu as un vrai genre d'interview confession. Pour ceux que ça peut intéresser. Encore une fois pour la niche d'adeptes, pur et dur, de ma carrière que je voudrais en profiter pour remercier du fond du cœur. Du fond du cœur. Je voudrais remercier les gens qui me suivent depuis 83, pour quelques uns.

Alors je vais dire quelque chose d'un peu attristant, mais je n'ai pas vu le temps passer.  Alors vous voyez, là je suis en pleine expérience capillaire, c'est n'importe quoi, mais je n'ai pas vu le temps passer. Et c'est là que tu regrettes justement d'avoir perdu 27 années dans une lourde addiction. C'est là que tu te dis merde j'aurais pu vivre autrement. Alors, est-ce que j'aurais été plus créatif ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que je n'ai jamais été aussi créatif que depuis que je veux mettre un terme à cette addiction. Donc depuis 2002, je n'ai jamais sorti autant de disques parce qu'en fait, je me bats contre moi même depuis 2002. Enfin, ce n'est pas contre moi-même.Je me bats contre le diable depuis 2002. Je voulais finir là-dessus parce que j'ai beaucoup parlé de ça.  Il faut comprendre que c'est un des terrains de bataille de ma vie artistique. Ce qui m'a pourri la vie. Et pourquoi je dis ça ? parce que aujourd'hui j'arrête. J'ai mis un terme à cette addiction. J'arrête la drogue, mais je perds ma femme. Et ça, ça me semble effroyable, effroyable. Mais ça va donner des concerts et ça donne déjà depuis 2 mois, des concerts où toute l'équipe autour de moi, on est en état de grâce. Je ne sais pas comment ça se fait. Il faut que j'en parle à Glenn Hughes de ça. Est-ce que quand il a mis un terme à son addiction, est-ce que lui aussi, tout ce qu'il faisait vocalement ça touche les étoiles. Lui, je sais que sa voix touche les étoiles, depuis des années. Mais même quand il était sous substances, il était magique. Là, si tu veux ce qu'il se passe avec les gars...il y a un truc entre le public et nous. Vocalement, je m'amuse à changer des mélodies à la dernière seconde, il y a des trucs qui viennent comme ça. Alors ce n'est pas pour autant que je vais récupérer des neurones et pas pour autant que je vais connaître mieux mes textes. Mais y a pas d'erreurs quoi. Il y a des antisèches partout. Voilà.

Merci beaucoup pour tes questions. Fais bon usage de ça. Là si on tient pas 1 DVD pirate culte !
Merci à toi Thierry.


Thierry CATTIER
Photos DR et Th CATTIER / SHOOTING IDOLS

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