Tu es née en 1988, d’origine franco-iranienne, raconte nous ta jeunesse ?
Haylen. J'ai grandi et je suis née à Rueil Malmaison dans le 92, j’ai commencé le violon à l’âge de 7 ans, et puis j'ai été au conservatoire et c’était très compliqué, donc je n’ai pas fait plus que 3 ans de violon. C'était trop scolaire pour moi, pas la meilleure façon d’approcher un instrument. Du coup j'ai délaissé le violon et les instruments et j’ai fini par ne faire que chanter. Et à a un moment donné, comme je suis passionnée de musique, j’ai quand même voulu avoir un instrument pour m'accompagner. J’ai eu une guitare à 15 ans quand j'ai eu mon brevet des collèges, c'était mon cadeau. Je n'ai jamais quitté cette guitare depuis mes 15ans... Puis mes premiers concerts avec des petits groupes, on faisait des mariages, des choses comme ça, j’ai toujours écouté tout plein de musiques différentes, et là où je me suis le plus retrouvée c'est dans le rock évidemment.
Parle nous de tes origines ?
Haylen. Je suis d'origine franco iranienne, mon papa vient de Téhéran en Iran. Et je porte autour de mon cou ce pendentif qui est vraiment le symbole de l’Iran, la religion zoroastrienne qui était avant l’Islam et qui a été importée après. C'est quelque chose de très fort chez moi, cela fait partie de mon quotidien aussi. C'est quelque chose que je partage avec mon papa qui lui écrit des poésies et je pense que c'est lui qui m'a amenée à la musique, il rêvait d’avoir des enfants qui font de la musique et ma petite sœur Arianne aussi joue de la guitare et elle chante magnifiquement bien. Il ne pensait pas que j’allais en faire mon métier et ben si (rires), comme toi papa tout comme toi.
Tu as appris toute seule à jouer de la guitare ?
Haylen. J’ai appris seule en autodidacte, c’est vrai aujourd’hui avec des outils comme internet on peut vraiment apprendre seule et je me suis perfectionnée, j’ai été dans la rue aussi pour m’inspirer des gens qui jouaient de la guitare, qui m'ont appris des choses, avec des amis aussi, et du coup j’ai beaucoup joué dans la rue.
Quelles ont été tes premières découvertes musicales, tes premières influences et tes idoles ?
Haylen. Euhh il y a des choses un peu inavouables (rires), enfant j’aimais les grande chanteuses, Maria Carey, Whitney Houston, Céline Dion évidemment, c'était le côté français et c’était toute cette époque avec Goldman, et je pense qu'elle ma donné le goût, elle a fait quand même un peu de blues, mine de rien à cette époque ça m'a ouvert à tout ça, ce que je voulais c’était avoir une belle voix comme toutes ces chanteuses-là. Après je suis allée plus dans le côté rock bien dur métal et tout... J'ai commencé à écouter des trucs comme Nirvana, et après des trucs un peu plus sauvages comme System Of A Down ou Rage Against The machine, des choses comme ça, j’avais besoin de cette force pour me trouver en tant que femme et jeune fille à l'époque. Et en 2007 comme la terre entière j’ai découvert Amy Winehouse qui m'a énormément inspirée et je suis allée creuser dans des influences différentes, vers le jazz, la soul, j’essayais de savoir de qui elle s'était influencée. Je me suis ouverte à ce côté années 60 et j'ai remonté le temps, les années 50, j’ai découvert Elvis Presley, une chose en emmènent une autre... Mais c'est elle qui m'a fait me trouver en tant qu'artiste avec cette ligne directrice assez vintage finalement.
A quel âge as-tu commencé à écrire tes premières chansons ?
Haylen. Je pense que j’ai écrit mes premières chansons vers 16/ 17 ans pour essayer justement de faire comme mes idoles, en réécoutant je pense que ce n'était pas très convaincant, mais ça fait partie de mon parcours, puis j’ai vraiment commencé à chanter mes compositions vers 19 20 ans dans les concerts.
Tu as joué dans le métro, dans des bars et dans des clubs, raconte-nous ces différentes expériences ?
Haylen. Je jouais pas mal dans la rue et j’essayais de trouver des scènes, des cafés, je voyais tous ces trucs, des musiciens du métro et je me disais que je voudrais bien faire partie de cette famille-là. Pouvoir rencontrer des gens, je me disais que cela pouvait avoir une influence sur mes rencontre et ça a été le cas, donc j’ai appelé l'organisation et il m'ont dit il faut passer une audition et après vous avez la carte et pendant 6 mois vous pouvez jouer dans le métro. Et je trouvais ça super j’ai passé cette audition et j’ai été prise tout de suite, donc déjà pour moi c'était un premier tremplin, chanter devant des gens et me faire juger et savoir si j'étais au niveau ou pas pour pouvoir me produire. ça a bien fonctionné, j’ai joué dans le métro pendant presque 4 ans par intermittence, il y a des périodes où j’y allais moins mais ça a été mon école, de la guitare et des concerts qui m'ont apporté énormément de rencontres. Ça fait partie de mon histoire et je suis très fière de ce parcours. En tant que femme, on est un peu plus vulnérable aussi c'est sûr que le métro tout le monde y passe y a des gens bien il y a des gens moins bien et il y a forcément des histoires parfois qui sont moins heureuses aussi, parfois des petites embuches sur ce chemin mais franchement il m’est rien arrivé de grave j’ai plus eu des bonnes rencontres et des bons souvenirs, c'est ça surtout que je garde. Donc parfois je faisais les deux, ça m'arrivait après avoir joué dans le métro d’aller jouer dans le bar qui était juste après, c’était les mêmes périodes, j’écumais les bars, les salles et j’allais aussi dans les jams pour pouvoir rencontrer d’autres musiciens et pour pouvoir avoir d’autres personnes à côtoyer pour pouvoir monter un groupe, avoir des projets... J’ai joué un peu partout, au Réservoir à l’époque, puis j’ai commencé à faire des tremplins, ça m’a permis de rencontrer mon entourage professionnel.
Avant ta carrière solo parle nous de ton 1er Groupe ?
Haylen. Oui un premier groupe avec mon copain de l’époque, de mes 17 ans à mes 24 ans. Il était bassiste, on a commencé en duo. après on a rencontré un batteur et on a commencé a jouer ensemble. Puis un rappeur, j’ai toujours aimé cette espèce de Melting Pot dans la musique, et puis je trainais beaucoup sur les quais de Seine, j’ai rencontré pas mal de gens, pas forcément des musiciens, on a monté un collectif qui s’appelle rouge rouge numéro 3 qui est toujours actif aujourd’hui et qui fait encore des jams, on a beaucoup trainé dans les squats, on a monté des grosse jam session qui ont eu pas mal de succès a l’époque. C'est vrai qu’on a fait beaucoup beaucoup de choses et plein de rencontres qui m’ont un peu propulsée, c’est grâce à ces gens si j'en suis là aujourd’hui, cela a eu une influence majeure sur ma vie et ma carrière.
Te souviens-tu du tout premier concert que tu as donné ?
Haylen. C'était pour une fête de la musique à Courbevoie justement avec JC le bassiste, mon ex copain, on avait fait un petit concert en duo, c'est le premier vrai concert que j’ai fait. J'avais déjà fait des scènes en prenant des cours de chants, des spectacles de fin d'année, mais c'était mon premier vrai concert.
Tu te rappelles si tu avais le trac ?
Haylen. Oui j'avais le trac mais c'est des choses que tu oublies en grandissant, et finalement il a des choses qui sont beaucoup flou de cette période il y a des choses très forte dont je me souvient mais il me semble que j'étais plus traqueuse qu'aujourd’hui mais aujourd’hui c'est très rare que j'ai le trac j’arrive a maitriser et je suis très bien accompagner sur scène aujourd’hui et ca me donne beaucoup de force
Tu as été l'égérie live de "Jack Daniels", parle-nous en ?
Haylen. En jouant dans le métro j’ai rencontré tout un tas de personnes et j’ai été contactée par une agence qui organisait une tournée pour Jack Daniels. Il cherchait une égérie live, guitariste chanteuse, il ont fait des castings. J'y ai participé, il y avait pas mal d'autres nénettes qui étaient là aussi. C'est le premier truc où j'ai été choisie comme ça, ils m'ont offert ma première guitare électrique et on est partis sur les routes. On faisait 3 concerts par jour 3 fois par semaine... dans toutes les villes de France. Partir de chez moi pour aller faire des concerts et les week-ends partir en tournée c'était une vrai expérience. Jouer du rock n roll, aller animer des bars un peu partout, et t'avais pas forcément des potes qui étaient là, fallait y aller donc ça m’a beaucoup appris de parler aux gens et d'avoir une interaction avec eux.
Le répertoire c'était un peu de Amy Winehouse, un peu des Rolling Stones, du Otis Redding, on reprenait des grand standards comme "Tainted
love" "I love rock n roll" des choses que tout le monde
connait et qui peuvent un peu foutre la pèche. ça nous arrivait de jouer dans des boites de nuit, on arrivait au milieu de la soirée, ils coupaient le son de la boite et j‘arrivais avec ma guitare, et les gens me
regardaient et disaient "ohh mais qu'est-ce qu'elle va faire celle la" et en fait ça se passait relativement bien, à chaque fois j’ai eu un assez bon accueil du
public.
En 2016, tu participes à l'émission The Voice sur Tf1 : comment cela s'est-il passé, et quelle expérience as tu tiré de ça ?
Haylen. C'est quelque chose que je ne voulais pas faire The Voice à la base, pour moi c'est de très grosses machines, j’ai pas la télé depuis une vingtaine d'années, c'est pas quelque chose qui me parlait trop et je me disait on va essayer de me rentrer dans un moule... Alors moi, faut même pas essayer, je suis allergique aux moules ! Du coup c'était très compliqué pour moi mais on ma contactée plusieurs fois depuis la première saison de The Voice pour me faire rentrer dans l'émission et j'ai refusé à chaque fois. Et finalement dans le métro j’ai rencontré une autre personne qui a partagé ma vie et qui me manageait un petit peu, et en fait c'est lui qui m'a inscrit à The Voice. Je me suis laissée prendre au jeu, en me disant je fais une émission, un gros coup et après je me barre, et du coup voilà y a quand même cette espèce de truc ou t'as envie de te dire je vais essayer de voir jusqu’où je peux aller, de quoi je suis capable. J'ai accompli des choses que je pensais pas être capable de faire et je suis très contente de l'accueil que ça a eu au niveau du public, y a énormément de personnes qui regardent cette émission, évidemment ça a été un vrai tremplin pour moi et pour ma musique, et toute ma carrière qui a suivi.
Et tu vois les évolutions même en terme de followers, c'est le jour et la nuit quand tu passe sur tf1 t'as 8 million de personnes qui regardent, si tu touches même 1% il y a une différence énorme, on me le dit souvent "t'as combien de personnes qui te suivent..." c'est quelque chose qui est très important comme si ça avait une valeur musicale alors que... moi je suis assez anti ça. Après j’ai la chance d'être suivie par pas mal de personnes et ça me sert dans ma carrière, mais ça n'a jamais été un objectif en soi de gagner encore plus de followers...
En 2018, tu sors ton premier EP : comment s'est passé le choix des musiciens et l'enregistrement de ce disque ?
Haylen. Je jouais déjà depuis 2012 avec les mêmes musiciens, après The Voice j’avais vraiment envie de sortir quelque chose. Je n’avais rien de prêt mais j’avais pas mal de chansons, je me suis dit je vais faire un album mais finalement c'est quand même assez onéreux de faire un album donc j’ai choisi de faire plutôt 5 titres c'était une moins grosse prise de risque. Et je me suis dit on va demander à ce public qui me suit maintenant de me soutenir pour faire ce petit album, et ça a bien fonctionné, on a eu pas mal de personne qui nous on donné pas mal de sous pour financer ce 1er EP, et on a eu de la belle presse après derrière... C’était dans un style qui était assez diffèrent mais par lequel j’avais besoin de passer, un peu trip hop pas forcément dans ce qu'on m'attend du rock n roll ou de la soul proprement dite typique des années 60, j’avais envie de faire quelque chose en mêlant cette soul des années 60 et de la musique un peu électronique. Du coup on est partis vers ce choix de musique j'ai composé pas mal de titres et après on a co-composé d’autres titres avec mes musiciens pour avoir quelque chose qui nous ressemble. Ce 1er EP s’appelle "out of line" et est toujours disponible en écoute.
Que penses-tu du Crowdfunding ?
Haylen. C'est un outil indispensable aujourd’hui parce qu’il y a toujours des personnes que tu vas rencontrer dans des concerts et même ta famille. "Si tu fait un album moi je participe mais qu’est ce qu'il faut faire pour pouvoir t'aider" y a plein de gens qui demandent que ça de pouvoir aider. Et c'est vrai qu'en tant qu'artiste ça coute cher, parce que tu fais la musique après faut faire la promo, après les clips, les photos, la pochette, faut presser... Ca demande énormément d'argent en fait. Et même avec ce que l'on a récolté à l’époque, 15.000 euros c'était même assez court pour faire tout ce que l'on voulait faire dans un cadre assez professionnel . Mais bon on y est parvenus, et c'est pour ca que pour mon album aussi "Blue Wine" qui vient de sortir on a suivi ce même parcours. C'est vraiment une organisation le crowdfunding, il faut bousculer les gens pour qu'il puissent avoir envie et être touchés par le projet pour pouvoir mettre la main à la pâte et nous aider, les deux fois ca a bien fonctionné et sans eux cela aurait était vraiment compliqué de faire quelque chose, en tout cas de cette valeur-là.
Label, Auto-produit, Indépendance, ton choix ?
Haylen. Un label, mais tu sais aujourd’hui trouver un label c'est une chose pas évidente. Il y a des petits labels, il y a les grosses machines et les petites machines. Les grosses machines c'est quelque chose qui m'a toujours fait peur, Universal et tout ca, même si je pense que je ne suis pas la cible d'artiste qu'ils ont envie de produire parce que c'est une grosse prise de risque. Je suis pas quelqu'un qui va passer sur NRJ ou sur des grosses radios et qui va forcément leur faire récolter un paquet de pognon, donc du coup c'est très compliqué. Et puis surtout par rapport aux droits, j'ai toujours entendu des histoires "Oui moi j'ai été signé et on m'a mis dans un placard pendant 5 ans et derrière j’ai pas pu faire ce que je voulais", ou alors "c'était pas moi qui avait le dernier mot pour le choix des musiques ou le choix des musiciens" donc en fait moi je ne fais pas de la musique pour être esclave d'une grosse machine. Je préfère faire avec mes petits moyens des choses de qualité et qui me touchent. Parce que si tu veux toucher les gens je pense qu’il faut être vrai et moi si on me contraint à faire des choses je ne peux pas être vraie à 100 pour 100 et ça, ça ne me va pas. C'est sûr qu'en étant en auto production ça me prend un temps pharamineux, et pendant ce temps de promo de l'album j’ai plus le temps de me poser avec ma guitare et de jouer. Je fait pas mal de booking et j'ai une attachée de presse qui s’occupe de la promo et ça c'est super déjà. Mais ça prend un temps fou et c’est pas forcement mon métier, c'est a dire que je dois porter plusieurs casquettes qui ne sont pas évidentes à porter, mais j'apprends énormément mais c'est très très long et très fastidieux comme chemin. Mais pour la suite, peut-être que j’aimerais m’associer avec des personnes ou un label qui pourrait me présenter mais avec lequel j'arriverais à garder une certaine liberté aussi. Et je pense qu'avec ce que j'ai prouvé par le passé et avec cet album, j'ai un peu plus de pouvoir, un peu plus de bagout, en tout cas un peu plus de valeur aux yeux d'une production pour exiger des choses pour ma musique... On va voir, je touche du bois.
Tu obtiens un rôle dans l'opéra rock "le Rouge et le Noir" pendant 4 mois au Palace, puis tu pars en Chine pour une tournée de 52 représentations. Raconte nous cette expérience et ce dépaysement ?
Haylen. Suite à The Voice, j’ai quitté la compétition au bout de 3 émissions. Après, la production m’a dit "t'aurait pas dû sortir si vite" mais je ne sais pas si c'est vrai. Il m'ont dit "on va se revoir on va faire des choses ensemble", Bruno Berberes qui s'occupe de tous les castings, les émissions musicales et les comédies musicales, moi les comédies musicales ça n'a jamais été ma tasse de thé, j’ai fait la rue, les squats, le métro, je viens vraiment d'un milieu plus underground, déjà la télé c'était un grand pas mais alors les comédies musicales c’était No Way ! Et on m’appelle le lendemain matin après avoir quitté l’émission en me disant "écoute, y a des castings pour un opéra rock, une comédie musicale, c'est co écrit par Zazie et produit par Albert Cohen qui a fait Les Dix Commandements, 1789, Mozart l’Opéra rock et tout ça. Moi j’en ai vu aucun tellement c'est pas du tout mon monde. Et donc moi je dis non ce n’est pas possible même pas de discussion même pas on se rencontre RIEN. Il me dit "mais t'es sûre tu devrais au moins rencontrer l'équipe" et je réponds "non ça m’intéresse pas". J’en parle quand même à mon agent qui était mon copain de l’époque et lui me dit "mais si, passe au moins les castings et voit" et je continue je dis non c'est mort je reste sur ma position je ne veux pas. Déjà d’avoir fait une émission comme The Voice, j’avais l’impression d’avoir vendu mon âme alors qu’au final j'avais été assez libre de faire comme je voulais, je m’y retrouvais assez. Mais de me replonger dans quelque chose qui ne me ressemblait pas forcément, vraiment ça m’enquiquinait, et finalement je crois que Bruno m'a rappelée encore en me disant "mais quand même tu correspondrais parfaitement c'est exactement quelqu’un comme toi que l’on cherche avec cette espèce de fraicheur, pas toujours les mêmes castings"... Et puis je me dis bon allez ... Parce qu’il y avait du théâtre aussi c'était ça qui m’avait décidé, ce n’était pas que de la musique type radio mais derrière il y avait une vraie proposition artistique avec du théâtre et moi j’ai toujours aimé le cinéma et tout ça, je m'étais toujours dit que j’aimerais bien un jour faire un film ou même un spectacle ou du théâtre... et ils m'ont dit "on peut te former pour ça". Donc ils m'ont formée au théâtre, j’ai pris des cours pendant 3 mois de comédie pure, pour travailler ce rôle-là de Louise de Raynal et en fait j’ai commencé à me découvrir une passion et du coup je me suis dit "Banco on le fait". Et voilà ça a commencé comme ça, en plus on me proposait un premier rôle, et une chose en amenant une autre, et moi comme quand j’accepte une chose je ne reviens pas en arrière si j’accepte une chose je le fais à 100% je me mets corps et âme, et c'est ce qui s'est passé, il y avait une super troupe, un super spectacle, et on a eu des super retours, ça fait partie de mes expériences et je pense que je me suis découvert d’autres facettes de moi-même. Et je pense que la comédie, en tant que chanteuse, ça peut apporter beaucoup par rapport à la scène. Voilà j’en garde un super souvenir et puis on s’est envolés pour la Chine pour 52 shows, c'était fou, une super expérience. Exclusivement féminin comme public c'était assez drôle et on a été accueillis comme des stars là-bas. Sans jeter des fleurs, j’avais l’impression d'être Madonna, quand on débarquait dans un endroit on devait se cacher, on avait 500 personnes qui nous suivaient, ouais c'était quelque chose. Et après ce qui est bien aussi c'est la redescente, non on n'est rien ni personne dans ce bas monde, on est tous égaux, tous les mêmes et ce n’est pas parce que tu as eu un succès que ça y est... Faut rester à sa place, rien n'est gagné, on a tous un combat tous les jours, je le sais bien encore aujourd’hui. Et tout ça m'a nourrie et je suis très fière de mon parcours.
Tu deviens meneuse de revue pour Le "Crazy Horse",
puis tu rejoins la troupe du Jean Paul Gautier "Fashion Freak Show"
aux Folies Bergères, et une tournée mondiale, quel souvenir gardes-tu de tout
ça ?
Haylen. Le Crazy Horse avait lancé un casting, et un ami qui y travaillait m'a dit tu devrais essayer. Donc j’ai passé les castings, et peu de temps après on m'a appelée aussi pour le Jean Paul Gaultier Fashion Freak Show aux Folies Bergères, qui était déjà bien abouti et qui tournait depuis bien 9 mois, pour être doublure de la chanteuse principale... Je me suis dit mais c’est fou on me propose des rôles qui sont complétement différents de tout ce que j’ai fait auparavant et je me suis dit allez go. J’ai eu les deux castings la même semaine et j’ai réussi à décrocher les deux rôles. C'était complétement fou pour moi, tout un nouvel univers de la scène burlesque qui s'ouvrait a moi. Et pareil, ça ma énormément appris le Crazy Horse, je continue, et Jean Paul Gautier s'est terminé il y a pas longtemps, ils continuent le show, ils partent au Japon mais sans moi, j’ai tellement de choses à faire avec mon projet, et c'était pas le moment, la vie fait les choses et je continue avec le Crazy Horse, j’y étais hier soir et c'est absolument fou cette expérience, je suis meneuse de revue la Jessica Rabbit pour de vrai, j'adore c'est un vrai jeu avec le public, ça demande d'aller chercher des choses que je n'étais jamais allée chercher, ça me nourrit énormément même pour mes concerts, après je suis beaucoup plus à l’aise avec le public aussi. C'est super, je suis très contente.
Depuis que tu es devenue maman en 2022, gères-tu différemment ta carrière, tes projets ?
Haylen. Tout est arrivé un peu vite, mais c'était très important pour moi d'avoir un bébé, j'ai 35 ans, après tu vas vite à te laisser embarquer par ta carrière. Des histoires que j'ai entendues, qui se sont concentrées sur leur carrière et après il était trop tard. ça m’a un peu traumatisée, je me suis dit il faut pas que ça m’arrive. C'est vrai qu’il y a eu le Covid et cela aurait été mieux que ça soit a cette période-là mais bon, encore une fois la vie fait bien les choses. Donc ça s'est passé après le Covid, au moment où j'étais en train d'enregistrer mon album, et c'est pour ca que j'ai retardé la sortie de l'album d'un an, parce que deux bébés d’un coup c'était trop compliqué... Donc je me suis vraiment mis dans ce nouveau rôle de maman et j'ai une petite fille incroyable, c'est super d’avoir le temps pour elle et quand elle a eu deux mois on m'a proposé de partir faire la tournée des Zenith avec Dire Straits Expérience dans toute la France. Donc du coup j'ai pris ma fille, mon chéri, ma guitare et mon ampli, et on est partis sur les routes tous ensemble, et c'était tellement fou de partager ça en famille, c'est une chance inouïe. C'est pas évident d’avoir ces deux casquettes, il faut réussir à jongler, et encore je pense que je le gère un peu mieux que mon chéri, parfois ça peut être un peu lourd pour lui, c'est vrai qu’il s’occupe beaucoup de notre petite parce que un coup j'ai des interviews, un coup j’ai un spectacle, et surtout c'est l'année de mon album et c'est très très prenant. Mais on arrive à s'organiser et à faire de belles choses, et je suis très chanceuse d'avoir et cette vie de famille et cette vie d'artiste qui arrivent à se mélanger, et moi je suis la plus heureuse.
Tu as évoqué la tournée avec le "Dire Straits Experience" dans de grandes salles françaises, avec une tournée de 16 Zénith. Quel effet cela fait de se produire sur des scènes aussi grandes ?
Haylen. C'est complètement fou, et mon album n'était pas encore sorti. Du coup, j'ai commencé à chanter des titres de mon album dans les Zénith, quelles merveilleuses scènes pour commencer à jouer mes titres, j’ai eu une chance inouïe. C'est l'équipe de Gerard Drouot Production qui m'ont contactée pour partir sur cette tournée, j'ai eu une chance incroyable quand tu vois mon parcours il n'y a jamais eu de temps mort mis à part ce Covid, mais finalement j'ai composé aussi, je suis quelqu'un qui ne s'ennuie jamais, j'ai toujours quelque chose dans la tête, toujours quelque chose à faire. Cette tournée des zéniths c’était absolument fabuleux les Dire Straits Experience sont absolument incroyables, très humains, très gentils, très généreux, j’ai passé des moments absolument fous sur les routes avec le bébé, aller de zénith en zénith, jamais dans la même ville avec ton lit de bébé, ta guitare, voilà j’aurais encore des choses à raconter quand je serai plus vieille, je suis super heureuse d’avoir pu faire ça et j’espère que ce ne sera pas la dernière tournée que l’on me proposera.
Comment s'est passée la création et la composition de ce nouvel album "BLUE WINE" ?
Haylen. Je
suis partie avec un peu une nouvelle équipe, le batteur avec qui je tournais
Simon Truxillo a arrêté la musique, c'était trop lourd, il a eu un bébé aussi,
je pense que c'était un peu compliqué. Du coup on a dû trouver un nouveau
batteur, Félix Bourgeois, que je connaissais déjà depuis un moment et qui est
absolument incroyable autant humainement que musicalement. Donc on est partis
sur cette idée-là. Andrew Mazingue avec qui je jouais depuis une dizaine
d'année et Théo De Hond à la guitare avec qui je jouais depuis quelques temps
déjà, on a composé beaucoup ensemble et c’est lui qui me pousse à chanter en français.
Je n’avais pas du tout envie de me mettre au français et Theo m’a poussée, et
finalement je suis plutôt ravie du résultat et je l’en remercie car je suis très
contente de ce que l’on a pu faire. C'était juste après le COVID, j’ai composé
pas mal de choses, puis après on s'est retrouvés tous les deux pour faire des sessions
d'écriture, de composition et d’enregistrement. Et on est arrivés à 14 titres,
et finalement on en a sorti 13 dans l’album. On a bossé tous les 4 et puis on a
demandé à une section cuivre de venir nous prêter main forte. Et on a eu un
quatuor de cordes aussi. On s'est entouré de beaucoup de belles personnes pour
faire cet album. Et je pense que tout le monde est ravi du résultat. On y a mis
tout notre cœur, on a fait ça avec beaucoup de dextérité, je lui souhaite une
longue vie, je pense que c'est déjà bien parti en tout cas c'est super.
Reste t-il quelques titres bonus ?
Haylen. Le 14ème titre je voulais le sortir, c’était une espèce de slow et il y en avait pas mal, et pourtant c'était une chanson très importante pour moi mais je n'étais pas toute seule non plus à décider, finalement on est tombés d’accord pour rester sur 13 titres pour l'album, mais c'est pas grave il existe pour le prochain album (rires) ou alors en bonus un jour, c'est possible aussi on verra...
Si tu devais te définir, quelle serait ta phrase ou devise ?
Haylen. Pas forcément des compliments (rires) je dirais que je suis... je vais prendre plusieurs mots. Une acharnée, voilà et mes proches disent de moi que je suis une force de la nature, je suis assez inépuisable. Dans le travail, je suis quelqu’un qui travaille énormément. Alors avec la petite je suis parfois obligée de me refréner un peu sinon je travaillerais tout le temps en fait. Et je suis aussi bien têtue... ça je pense qu’il y a des personnes qui pourront le confirmer... Je pense que ça me correspond bien, je suis une acharnée du travail.
Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel tu rêverais de jouer ?
Haylen. Oui il en a plein... Malheureusement il y en a plein qui sont morts, du coup je me garde une petite place au Paradis. Si j’ai été une bonne fille pour aller au Paradis, mais je pense que ça ira. Y a plein de personnes que j'adore en France, il y a Theo Laurence que je surkiffe et que j’ai déjà rencontré avec qui j’aimerais beaucoup collaborer. Theo si tu m'entends... Et puis il y a plein d’influences j’adore Marcus King, j'adore Larkin Poe, j'adore Gary Clark Junior enfin que des beaux artistes évidemment. J'adore les Teskey Brothers, j’adore les Cinelli Brothers aussi qui sont des potes et qui sont en train de bien cartonner en ce moment. Y en a plein, j’adore collaborer, je trouve que cela donne beaucoup de force aussi de pouvoir faire des choses avec d'autres artistes et y a aussi ma grande copine Audrey Lurie que j’adore, Little Odetta on en avait parlé, elle était venue me voir à Londres, j’aimerais bien que l’on fasse une petite chanson un petit truc voilà quoi. Je suis absolument fan de cette fille elle est incroyable.
Quels sont tes projets à venir pour 2023 ?
Haylen. Les mois à venir, il y a pas mal de choses qui bougent, on a pas mal de proposition de festivals, l’album est sorti en Février et je devais partir avec la Fashion Freaks Show, finalement ça ne s’est pas fait, donc il y a pas mal d’opportunités qui n’ont pas été au bout, ça va être plus sur 2024 qu’il va y avoir un plus gros coup, je l’espère en tout cas. On a pas mal de dates qui arrivent et je suis super contente on a été sélectionnés pour faire le Cahors Blues Festival le 12 juillet, donc on va croiser les doigts pour voir ou ça nous mène, c'est très important aussi pour une carrière de se faire un peu remarquer dans le milieu du blues. Et j’espère d’autres premières parties avec Gerard Drouot Production aussi. En tout cas j’y travaille, je suis un peu dans mes petits papiers, et j’espère qu’il y a des belles choses qui vont se profiler, j’ai une très belle Etoile et des anges gardiens incroyables et je sais qu’ils m’entendent, coucou... Je pense que la vie a de beaux plans pour moi.
Pour finir, si tu devais te rendre sur une île déserte et ne garder que 3 choses : un disque, un film et un troisième choix, quelle serait ta sélection et pourquoi ?
Haylen. Pour moi c'est difficile de partir avec un disque ou un film, j’imagine que sur une ile déserte tu y restes jusqu’à la fin de ta vie... Je préfèrerais prendre ma guitare ça c'est sûr... Prendre Spotify (rires) plutôt qu’un disque pour avoir le choix... après la musique c'est des humeurs, écouter un disque jusqu’à la fin de sa vie NON. même mon disque préféré j’aurais trop peur d'en être dégoutée et mes disque préférés je les écoute pas souvent c'est pour dire. C'est pas facile ! Je serais toute seule sur cette ile ? C'est chiant (rires)... Je prendrais mon mec, ma fille et ma guitare. Et Spotify dans la guitare (rires).
As-tu envie de rajouter quelque chose, faire passer un message ?
Haylen. En ce moment il y a un combat qui me tient vraiment à cœur, c'est tout ce qui se passe en Iran. Mon père il est artiste Iranien, il a fui
son pays, et ce qui se passe en Iran me touche énormément, c’est là ou
il y a mes racines et je n'ai pas pu y mettre un pied encore. J'ai espoir de
pouvoir y aller bientôt et que les choses puissent un peu s’apaiser en tout cas y aller très fort pour renverser ce régime pour qu'il puisse s’apaiser j'y mets beaucoup d'espoir et je pense que ça arrivera, voilà ça doit arriver. J’aimerais pouvoir aller jouer là-bas, c'est un de mes plus grand rêve, pouvoir aller jouer
ma musique en Iran, là où une femme qui chante ses propres chansons et
faire du rock c'est carrément interdit. Et j’espère qu’un jour ça puisse être
possible et surtout viable comme projet, mais j'y crois. Le mot de la fin c'est carrément
Femme Vie Liberté.
Interview Thierry CATTIER
Photos Th CATTIER / SHOOTING IDOLS