lundi 19 juin 2023

SCREAMACHINE ( Francesco Bucci - bassiste) // INTERVIEW // La paroisse du Metal - Juin 2023.


On résume souvent l’Italie aux spaghettis, la Dolce Vita, le chianti et la mafia heureusement c’est aussi un pays où l’on trouve d’excellent groupe Metal à l’instar de Screamachine un tout nouveau combo venant de Rome et qui pratique un Heavy Metal dont le son flamboyant s'inspire de titans tels que  Judas Priest, Metallica, Savatage et Accept. Si le gang n’existe que depuis 2017 et a sorti son premier méfait en 2021 chez Frontiers Records, les musiciens quant à eux sont des vétérans de la scène Italienne et ont sévis dans de nombreux combos respectés comme pour le bassiste Francesco Bucci avec Stormlord ou Kaledon pour Paolo Campiteli Mysterhydden, Agony and Ecstasy pour le chanteur Valerio « The Brave » Caricchio le batteur quant à lui n’étant pas en reste avec Jokers' Inc. Vous l’avez compris nos amis Italiens ne sont pas de novices loin de là ! Un expérience qui leur a permis de nous délivrer un très bon premier opus en 2021 sur lequel figurait de nombreux invités comme Steve Di Giorgio (Testament, Death, Iced Earth, Spirits Of Fire, etc.), Herbie Langhans (Firewind, Avantasia, Sonic Haven) ou encore Simone Mularoni (DGM) et un Ep Bordeline en 2022 pour nous présenter son tout nouveau guitariste le petit prodige de la six cordes : Edoardo Taddei. Deux ans plus tard les voilà de retour avec Church Of The Scream une galette qui montre toute l’étendue de leur talent et prouve qu’ils sont là pour durer notamment grâce à leur capacitée à évoluer, écouter le single « The Epic of Defeat » avec la participation de Davide ‘Damna’ Moras (Elvenking) au chant et vous comprendrez. ! Pour découvrir les Screamachine quoi de plus simple que de passer un coup de fil à son membre fondateur Francesco Bucci le bassiste de la formation ! Un entretien découverte avec un musicien sympathique et volubile prêt à nous faire découvrir tous les secrets de la machine hurlante. Magnéto Francesco c’est à toi !



Vous venez de donner un concert le 1 juin 2023 avec votre nouveau guitariste Edoardo Taddei dans le cadre du Pure Metal Fest à Rome quels souvenirs en gardes tu ?


Francesco Bucci
. Ça a été facile de revenir sur scène. Ce n’est pas le premier concert que nous donnons avec notre nouveau guitariste Edoardo Taddei. En 2022 on a eu la chance de donner des shows pour la sortie de l’Ep Borderline. Mais là c’était notre premier concert après l’enregistrement de l’opus donc on était très existé de jouer. C’était très beau et on a bien jouer !

Avez-vous eu l’opportunité de jouer aussi en France ?


Francesco Bucci. J’aimerai vraiment ! En ce moment même nous essayons de booker quelques dates en Italie pour cet été ! Mais notre intention principale est de jouer en Europe. On est très intéressé pour venir jouer en France mais on est un jeune groupe donc ce n’est pas facile de trouver un promoteur. Nous ne sommes pas riches, on veut juste jouer du Rock’n’roll mais on ne peut pas payer pour ça, il nous faut un promoteur pour nous trouver des dates. On a vraiment envie de jouer en Europe mais cela prend beaucoup de temps, on pourrait peut-être ouvrir pour une autre formation. On ne sait pas vraiment à quoi s’attendre, on ne peut qu’attendre et espérer le meilleur.

Qu’essayez-vous de transmettre lorsque vous êtes sur scène ?

Francesco Bucci. A chaque fois qu’on me demande quel type de musique joue Screamachine, je réponds c’est facile nous jouons très fort du Metal ! C’est ce que l’on peut attendre de nous sur scène. On ne peut pas jouer ce type de musique en restant attaché à ces racines si on ne joue pas très fort. J’adore être en studio pour enregistrer, expérimenter, mixer. Mais bien sur la meilleure des choses pour nous, ce que nous attendons tous c’est de jouer live. On est un combo direct, il n’y a pas vraiment de travail sur le visuel, c’est la musique avant tout. On est très heureux actuellement parce qu’avec ce nouveau disque, on va changer notre set List et jouer de nouvelles chansons comme “The Crimson Legacy” et “Church Of The Scream” qui sont très efficace sur scène. En les écoutant le public devient fou. J’espère que vous pourrez bientôt nous voir en France.

Le combo est très récent mais vous avez tous en tant que musiciens une longue expérience derrière vous dans quel état d’esprit avez-vous composer ce nouvel opus ?

Francesco Bucci. Avec beaucoup de conviction. C’est très important de dire que nous sommes des musiciens expérimentés, on est des vétérans. Rires. Screamachine est désormais notre priorité, c’est très important que les gens comprennent que ce n’est pas un side project. C’est un vrai combo qui va donner des concerts et qui est notre priorités absolue. Il y a une grande différence concernant la composition entre notre premier opus et le nouveau, la manière dont nous avons travaillé est complètement différente. Il faut garder à l’esprit que notre premier opus était basé sur l’énergie, c’était l’association d’un groupe d’amis musiciens qui avaient envie de jouer ensemble. A l’origine c’était mon idée de jouer ce type de Heavy Metal. Cela vient de ma jeunesse lorsque j’étais enfant et c’est toujours resté ancré en moi, dans mon cœur, Iron Maiden, Metallica, Saxon, Motörhead, Savatage ….J’écoute ce style depuis très longtemps et j’avais envie de faire un mixe de cette musique avec des sonorités modernes mais de ne pas être un groupe qui copie et fait la même chose, je ne voulais pas que Screamachine soit un tribute au Heavy Metal. Je voulais garder ce son et l’adapter à notre époque pour en faire quelque chose de moderne que ce soit au niveau de la production, créer notre propre style tout en gardant nos racines. J’ai réuni quelques bons amis à moi, des musiciens pour créer Screamachine et enregistrer un album. On a pensé à rien d’autre que de jouer, on ne savait pas que l’on trouverait un label et que l’opus serait distribué partout, on voulait juste jouer la musique qu’on appréciait tout simplement sans penser à rien d’autre. C’est du Heavy Metal traditionnel, on ne savait pas qu’un label pourrait être intéressé et il y en a eu un c’est Frontiers Records. Ils ont été preneurs et on les remercie, ce premier cd a séduit le public, ils ont été satisfaits, il n’y a pas tant de combos qui joue ce Heavy Metal. Il a été fait avec nos tripes, il vient du cœur. On n’a pas réfléchi en se disant ce titre est bon mais on peut le rendre meilleur, c’était au feeling et on l’aime beaucoup. Mais bien sur Screamachine à commencer à devenir un vrai groupe. Après la pandémie, on a eu la chance de pour donner quelques concerts. On se connaissait mieux en tant qu’être humain et musiciens et on a pris notre temps à écouter les titres et se demander quels côtés de Screamachine on apprécie le plus et quel autre moins. Le deuxième a donc été travaillé d’une façon plus traditionnelle, on a pensé aux arrangements, à l’écriture des titres, aux mélodies vocales, on voulait que tout soit parfait. Et je peux dire qu’on voulait un niveau supérieur en termes d’écriture. Et puis sur le premier on avait beaucoup d’invités, de très bons musiciens Italiens et internationaux : Steve Di Giorgio (Testament, Death, Iced Earth, Spirits Of Fire), Herbie Langhans (Firewind, Avantasia, Sonic Haven), Simone Mularoni (DGM), Massimiliano Pagliuso (Novembre), Andrea Angelini (Stormlord), Francesco Mattei (Noveria) on voulait faire une fête du Heavy Metal, on voulait un maximum de musiciens. Mais sur Church Of The Scream, il y a un seul invité Davide ‘Damna’ Moras (Elvenking) sur “The Epic of Defeat” car c’était notre intention de montrer au monde 100 % de Screamachine, c’était très important pour nous. C’est une grosse différence entre les deux disques, on les aime tous les deux.

Je suppose que pour le second l’écriture a été nettement moins simple à l’instar de “The Epic of Defeat” qui est un morceau ambitieux musicalement !

Francesco Bucci. Tu dois garder en tête que c’est notre album de la pandémie. La plupart des morceaux pas tous ont été écrit en 2020 et 2021 avant même que notre premier cd soit sorti. Il a été enregistré avant la pandémie. La majorité des démos ont été composés pendant le confinement. La situation était étrange je m’en souviens très bien. Mais j’ai été boosté au niveau créatif, j’avais de nombreuses idées donc c’était positif. C’était facile pour moi d’enregistrer les première idées de chansons. Lorsque tu écris tu as une idée de base, tu réenregistres une démo très brute. Puis tu travailles avec le reste de la formation pour ajouter les voix, les arrangements et parfois modifier le titre. Lors de cette période j’ai été très créatif de même que Paolo et Valerio. On a échangé nos idées sur internet, on a enregistré des démos à la maison sur nos ordinateurs, on échangeait nos fichiers, j’écrivais un titre et je l’envoyai à Valerio notre chanteur puis il me le renvoyait après avoir posé ses parties vocales pour voir si c’était bien. C’était très étrange cette façon de travailler mais ça nous a motivé dans cette très mauvaise période de nos vies la pandémie. Ce n’était pas difficile, je suis heureux que tu es mentionné “The Epic of Defeat” car c’est un de mes titres préférés. Sur le reste de l’album il y a un feeling différent mais cette chanson j’en suis très fier. Elle a aussi été écrite pendant la pandémie.



Justement pourquoi avoir fait appel à Davide ‘Damna’ Moras (Elvenking) précisément pour ce titre ?

Francesco Bucci. Comme je te l’ai dit auparavant, il est important pour nous de ne pas avoir beaucoup d’invité sur cet opus parce qu’il y en avait beaucoup sur le premier. J’adore quand d’autres musiciens viennent jouer sur nos morceaux. Ce sont des musiciens que tu apprécies, ils viennent et travailles sur tes chansons et il y laisse une partie de leur âme. Il la transforme en quelque chose de meilleur ! On avait aussi une grande peur c’est que si nous avions beaucoup d’invités sur Church Of The Scream que Screamachine devienne une sorte d’Avantasia. Je ne voulais pas que dans le futur les gens attentent de nous que nous ayons systématiquement des invités sur nos disques. Je me suis dit que nous allions faire un opus avec nos tripes avec une exception Davide ‘Damna’ Moras parce qu’on est amis, on se connait très bien depuis de nombreuses années. Il y a une dizaine d’années j’ai d’ailleurs travaillé avec lui sur un side project qui n’est finalement jamais sorti. Cela fait 20 ans que l’on se connait et qu’on avait envie de faire quelque chose ensemble mais à chaque fois David était occupé ou moi, ce n’était jamais le bon moment. Et puis j’ai écrit ce morceau qui était différent du style classique de Screamachine, une chanson longue, épique, bombastique. Et au milieu du titre il y a cette atmosphère Pagan, Black Metal Heavy. Au début je travaillais avec Valerio au niveau vocal. Et là on s’est dit que ce serait parfait pour Davide. C’était le moment de faire quelque chose ensemble. Je l’ai contacté, il a été très cool car à cette période il enregistrait le dernier Elvenking. Il était très occupé mais il a dit oui c’est d’accord on va le faire. Pour moi c’était très spécial, ce n’est pas seulement un artiste mais un ami. Je suis heureux que finalement nous ayons pu travailler ensemble et j’adore cette chanson.

Edoardo Taddei est votre nouveau guitariste, il est jeune, talentueux que vous a-t-il apporté depuis son arrivée au sein du combo ?

Francesco Bucci. Pour le premier opus nous avions à nos coté Alex Mele qui est un ami très proche. Dans quelque jours je vais le voir sur scène avec son groupe de Power Metal Kaledon. Il souhaitait se focaliser sur Kaledon. Je comprends parfaitement son point de vue car c’est lui qui a créé ce combo il y a vingt-cinq ans. C’est très bien qu’il m’en prévenu en m’informant de son départ car on a pu s’organiser. Edoardo Taddei est un guitare Hero en puissance et pas seulement en Italie mais aussi en Europe. Tout le monde parle de lui, c’est un alien, il est incroyable ! C’est une sorte de Jason Becker de notre génération, moderne. Il est si jeune, il a 23 ans j’en ai le double ! Rires. Il est très sérieux, très impliqué et il vient de Rome comme moi. Donc lorsque tu as un aussi bon guitariste……Quand Alex est parti, Eduardo a été le premier à qui on ait pensé. On s’est dit prenons le numéro 1 pour ce type de musique et c’était lui. On l’a contacté et la rencontre à été très bonne parce qu’il aimait notre musique. Il est très occupé, il tourne en Europe avec Master Boot Record, il a sa carrière solo. Sur son dernier opus solo (Ndr : Timeglass) il y a Jeff Loomis (Ndr : Nevermore, Arch Enemy) qui joue sur le morceau "Faded". Il apprécie notre style de Heavy Metal. Lorsqu’il est arrivé les morceaux étaient prêt, il a juste du se chargé des parties lead tout était déjà composé par moi, Paolo et Valerio. Mais il a tout de même apporté sa contribution par ses solos et il a porté la musique de Screamachine à un autre niveau, il est phénoménal !

Vos deux premiers single “The Crimson Legacy” et “Church Of The Scream” ouvre le nouvel opus c’est important pour vous de les mettre en valeur ?


Francesco Bucci. Je pense que ces deux morceaux présentent deux cotés différent de Screamachine et montre bien ce que nous sommes musicalement ! C’est très important pour moi ! Souvent quand j’écoute d’autres albums les titres se ressemblent ! Bien sûr il y a des formations comme AC/DC ou l’on retrouve cela aussi mais c’est AC/DC. Lorsque j’écoute un disque ce qui me rend heureux c’est lorsque chaque titres sont différents les uns des autres. Je pense que “Church Of The Scream” apporte cela ! Bien sûr nous jouons du Heavy Metal mais on aime aussi explorer de nouveaux horizons. Certains morceaux sont plus dans un style épique, d’autres plus l’esprit Judas Priest, plus classique, d’autres plus Heavy dans l’esprit de Metallica, d’autres ont un feeling plus Hard Rock. “The Crimson Legacy” était fait pour devenir un single naturellement. Lorsque l’on a composé cette chanson Valerio est arrivé par la suite avec la mélodie vocale, on s’est dit que ce serait notre premier single. Le titre est rapide, facile, il y a un bon solo et un refrain incroyable qui reste en mémoire. J’apprécie que les gens découvrent Screamachine avec cette chanson très Heavy. Pour “Church Of The Scream” qui est le nom de l’album, c’est un titre plus complexe, avec tous ces riffs, ces solos très techniques, il y a beaucoup de changement de rythme à la batterie. C’est important car certains attendent ce nouvel opus et on veut leur montrer que l’on a développé de nombreux style musicaux, ce n’est pas la même chanson répété sur tout le disque. Mais on reconnait bien notre style bien sûr, c’est pourquoi on voulait présenter en avant premières ces deux morceaux.

Quel est l’idée développez-vous à travers “Church Of The Scream” qui a donné son nom à ce deuxième album ?

Francesco Bucci. C’est notre côté tribute au Heavy Metal, notre façon de nous exprimer. On a une approche un peu spécial du style, c’est notre côté démoniaque mais c’est surtout l’église de la musique ! On peut aussi le voir sur la pochette, il y a notre mascotte le Metal Monster, il prêche pour le diable, la foule et le Heavy Metal. On adore jouer avec les clichés du Heavy Metal, on aime cet approche sans être trop excessif et parodique. “Church Of The Scream” pour moi cela signifie le culte du Heavy Metal pour tous les gens qui apprécie cette musique.

A l’écoute de “Church Of The Scream” on ressent beaucoup cette influence des années 70/80 Judas Priest, Savatage, Metallica, Accept, comment as-tu découvert toutes ces formations ?

Francesco Bucci. C’était lorsque j’étais jeune, j’avais 10 je pense, j’écoutais Queen, les Beatles, un peu de tout, je n’avais pas de style de prédilection. Je suis bassiste mais je n’écoute pas uniquement du Heavy Metal, c’est la musique que j’aime le plus, c’est l’histoire de ma vie, j’étais à l’école et on m’a prêté une cassette de Metallica Kill Them All, c’était juste incroyable. Je n’avais jamais entendu quelque chose de pareil. Le premier morceau que j’ai écouté c’est “Hit The Light” qui ouvre l’opus. Ce titre avec toutes ces parties de guitares, de batterie ça a été un choc, je n’avais jamais entendu ça. Cela faisait aussi un peu peur, je m’en rappelle parfaitement, c’était vraiment incroyable, j’ai tout oublié mais je me souviens du feeling que j’ai ressenti quand j’ai écouté “Hit The Light” et je me suis dit voilà la musique qui me plait. Quelque mois après j’écoutais du Death Metal, Cannibal Corpse, Morbid Angel, j’étais fan de ce style. Puis j’ai réécouté des formations avec un rythme un peu plus Metal. Mais “Hit The Light” a été le déclencheur qui m’a fait me sentir vivant et découvrir un nouvel univers musical.

Comment en es-tu arrivé à devenir bassiste ?

Francesco Bucci. Tu dois savoir que je suis un des rares bassistes qui a débuté par la basse et pas la guitare parce que souvent les bassistes sont d’anciens guitaristes qui sont passé à la basse pour différentes raisons et plus particulièrement dans le Metal. Mais moi j’ai débuté à la basse, ça vient de Kill Them All de Metallica et du son de basse de Cliff Burton sur ce morceau “ (Anesthesia) Pulling Teeth”. J’ai entendu ces parties de basses tout bonnement incroyable, ce n’était pas une guitare mais on n’arrivait pas à déterminer de quel type d’instrument il s’agissait, on pouvait même penser que c’était faux en quelque sorte, un fake. Lorsque tu es jeune et que tu n’as pas d’expérience, tu n’es pas capable de bien reconnaitre chaque instrument maintenant je peux le faire, le batteur joue comme ça, le son de la basse…. Mais à cette époque c’était juste la musique, je n’étais pas sur du jeu de basse même si c’était de la basse, j’ai écouté ce nouveau son et je me suis dit c’est ce que j’aime. Bien sur la basse ce n’est pas que Cliff Burton mais ça été suffisant pour moi pour commencer à jouer de ce bel instrument. Ça a été le meilleur choix de ma vie parce qu’en tant que compositeur pour moi la basse doit avoir une place importante parce qu’elle te force à penser au morceau. Bien sûr je compose sur une guitare la plupart du temps mais dans mon esprit je suis un bassiste et je pense toujours au morceau pas seulement à développer une partie rapide, un riff de guitare pour montrer au monde comment je suis un bon musicien. Je pense toujours à la chanson parce que la basse surtout dans le Heavy Metal est toujours derrière mais c’est le cœur du morceau, c’est la basse comme Chronos de Venom, Lemmy tous ces grands bassistes. Ça m’a toujours fait réfléchir, ça m’a beaucoup influencé. Je pense toujours au morceau en terme général et pas seulement en me basant sur mon instrument. Beaucoup de guitariste sont focalisé sur la guitare, c’est cool parce que pour moi c’est très important d’avoir un très bon guitariste, j’adore Metallica, je suis un fils de James Hetfield mais c’est aussi important de penser à la chanson par elle-même.

“Deflagrator” s’ouvre d’ailleurs sur une belle partie de basse !


Francesco Bucci
. Oui bien sûr, j’adore mon instrument. Au départ ce titre a été écrit sans cette intro. J’essayais d’obtenir un son Metal, je voulais le faire évoluer car il ne se combinait pas à 100 % avec ce que j’avais à l’esprit. Pour moi le début n’était pas très bon et là je me suis dit mais pourquoi pas débuter cette chanson avec ce riff de basse très cool. J’avais cette partie avec ce groove, plus personne ne fait ça maintenant une intro à la basse. Débuter ce titre avec ce riff de basse, un bon groove de batterie, j’adore pour moi c’est un bon début. C’est ce que je te disais, j’aime quand chaque morceau soit dans un certain sens différent, il faut que ce soit unique, et la basse fait la différence.

L’opus a été produit par Paolo Campitelli votre guitariste je suppose que c’est un avantage de travailler ainsi sereinement !

Francesco Bucci
. J’ai une très bonne connexion avec Paolo. Ce qui est important de dire c’est que c’est un ingénieur du son, il a produit nos albums et assure aussi la partie mixage et mastering. C’est un gros travail, on est chanceux qu’il se charge de cela. On peut ainsi se produire nous-même ce qui fait que l’on dispose d’un contrôle total sur notre créativité, sur ce que nous avons envie de faire. On a aussi plus de temps pour expérimenter de nouvelles sonorités, idem pour les arrangements. Paolo et moi sommes les principaux compositeurs de Screamachine. On connait très bien la manière dont nous écrivons, on se soutient tous les deux. Si nous avons une idée, j’essaye de la développer avec lui pour qu’elle soit la meilleure possible. J’apprécie de travailler avec Paolo, on a fait des choix de production ensemble. Il attend toujours un retour car c’est difficile de produire un opus mais produire ta propre musique c’est un véritable cauchemar. Rires. Lorsque tu travailles avec une personne qui n’est pas du combo tu as un regards extérieur. Mais si ces sont tes propres morceaux tu es a la recherche d’un échange. Un producteur peut te prodiguer des conseils et te disant ça c’est pas mal on pourrait faire ça. Moi et Paolo travaillions ensemble pour produire et mixer nos titres. Mais c’est bien lui qui dirige, c’est u ingénieur du son, il nous donne ce son.

Est-ce qu’il y a des morceaux dont tu te sens plus proche que ce soit au niveau des textes ou bien musicalement ?

Francesco Bucci. Les textes sont écrits par Valerio, il est excellent et j’apprécie la plupart de ces écrits. Je préfère me focaliser sur la musique. Il y en a deux qui sont très importants pour moi peut être trois ! Rires. Le premier c’est “The Epic of Defeat” et je t’ai dit pourquoi c’est une chanson spéciale. C’est un défi pour moi et il y a aussi un coté sentimental. Un autre très important c’est “Night Asylum” sur nos albums il y a un titre qui se rapproche plus du son Hard Rock. C’est le cas de “Night Asylum”, elle sonne très bien. C’est un peu à part du Heavy Metal, c’est plus dans l’esprit de Dokken, Mötley Crüe leur coté Heavy, j’adore cette chanson. Il y a aussi “Church Of The Scream” parce que les prémices de ce titre ont été écrit en 2002 c’est-à-dire il y a plus de 20 ans, c’était pour un autre projet qui n’est jamais sorti. Mais on sentait que ce morceau était vraiment bon. Lorsque on s’est attaqué au second opus, on a repris ce titre, on a changé quelques riffs mais on a gardé la partie principale. Il a été composé il y a 20 ans et je suis vraiment heureux que les fans puissent enfin l’entendre parce que j’ai toujours pensé qu’il était bon et j’ai souffert du fait qu’il ne sorte pas maintenant je suis épanoui.

Tu es très polyvalent, tu as joué dans de nombreuses formations comme Stormlord et tu as aussi été journaliste et collaboré avec des magazines Italiens comme Metal Shock ou Rock Hard quels ont été tes plus belles rencontres lors de tes interviews ?

Francesco Bucci. Oui j’ai pendant 25 ans au sein de Stormlord, j’ai composé la plupart des titres et écrits des textes, j’ai eu une contribution importante au sein de la formation. Le Heavy Metal est ma grande histoire d’amour, j’ai toujours essayé de vivre Metal et ce quel que soit les façon dont on peut l’appréhender. J’aime écrire. J’ai eu l’opportunité d’écrire pour Metal Schock, c’était le magazine numéro 1en Italie maintenant c’est terminé. J’ai travaillé aussi pour la version Italienne de Rock Hard. A cette époque le business était très différent, il y avait beaucoup d’argent comparé à aujourd’hui. J’ai donc eu la chance de faire de nombreux studio report, de prendre l’avion pour d’autres pays pour interviewer des artistes. J’ai eu la chance de rencontré une bonne partie d mes idoles. J’ai vécu des moments exceptionnelle comme lorsque j’ai interviewé James Hetfield pendant 45 minutes avant qu’il ne monte sur scène, je pense que c’était en 2003. J’ai aussi interviewé Steve Harris, c’était incroyable. J’ai aussi eu la chance de jouer avec Lemmy, on jouait avec Stormlord dans le festival The Gods O Metal, on a partagé le même backstage. Tu sais lorsque tu rencontres tes idoles, c’est toujours risqué. Tu peux aimer leur musique et tomber sur quelque qu’un de pas très sympathique. Mais j’ai toujours eu de la chance de rencontrer des musiciens merveilleux. J’en suis très heureux. Un autre qui était vraiment très sympathique, très agréable, c’est King Diamond. J’ai fait une très belle interview avec lui, on a échangé pendant plus d’une heure, il m’a expliqué toute l’histoire de ce concept The Puppet Master, j’ai été très chanceux. Tous ces musiciens étaient très gentils, les personnes dont je me souviens le plus ont donné de très bonne interview, c’était de très belle rencontre.

Rhapsody a fait découvrir grâce à son succès le Metal Italien à travers le monde, est ce que quelque part c’est un modèle pour toi ?

Francesco BucciRhapsody pour moi c’est quelque chose de très spécial. L’Italie a une grande histoire avec le Heavy Metal, il y a eu des formations comme Vanadium ou Necrowretch qui était très underground pour le reste du monde qui pensait qu’en Italie on jouait de la mandoline ! Rires. On ne prenait pas le Metal Italien au sérieux. Et ensuite il y a eu l’arrivée de deux formations qui ont cassé la barraque et fait connaitre le Metal Italien : Lacuna Coil et Rhapsody. Je m’en souviens très bien. Lorsque leur premier opus est sorti c’était l’époque de l’explosion du Power Metal. J’en écoutais énormément, Gamma Ray, Hammerfall. Et j’ai commencé à écouter la scène Italienne et on parlait beaucoup de Rhapsody qui jouait un Power Metal épique et symphonique dans l’esprit de Blind Guardian. Donc lorsqu’ils sont arrivés, j’ai écouté ce qu’il faisait et j’ai été ébloui, j’ai découvert qu’ils étaient Italiens. Pour moi c’était impossible. C’est très difficile d’expliquer cela de nos jours parce que la scène Italienne est incroyablement riche, on a beaucoup de très bons groupes comme Fleshgod Apocalypse ou Elvenking qui sont très respecté et qui joue partout en Europe, aux Usa et donnent de très bon concerts. Mais à cet époque, c’était quelque chose d’incroyable. Les Allemands ou la scène Metal est très importantes se sont intéressé à Rhapsody, ils ont adoré. Leurs premiers albums étaient fantastiques jusqu’à Power of the Dragonflame. Chaque disque était en amélioration constante pour ce type de son et les gens étaient totalement ébahi. Aujourd’hui je ne les écoute plus beaucoup peut être parce que je les ai beaucoup écouté lorsque j’étais jeune. Je préfère quelque chose de plus brute, direct mais je ne peux pas nier qu’ils ont joué un rôle très important pour la scène Italienne, on leur doit beaucoup à eux et Lacuna Coil. C’est grâce à eux que la Scène Metal s’est développée en Italie. C’est très marrant parce que beaucoup de personnes écoutent du Death ou du Black Metal, ce que j’apprécie, ils ne sont pas proche de Rhapsody. Mais ils reconnaissent que si la scène Italienne existe c’est en grande partie grâce à Rhapsody.

Au niveau Rock il y a aussi Måneskin qui a gagné le Concours Eurovision de la chanson en 2021 !


Francesco Bucci. Leur salle de répétition est située juste à côté d’où je vis. Je ne les connaissais pas avant qu’ils deviennent célèbre. Je les apprécie, ils font du Rock, il y a un guitariste …. Je préfère écouter Måneskin qu’un combo de Pop mainstream, ils jouent du Rock. Leur musique est pleine d’énergie, de bonne mélodies, il y a une excellente voix, c’st un bon groupe. Avec l’expérience on peut dire qu’ils sont influencés par tout un tas de style comme les Beatles ou Led Zeppelin, c’est un sorte de puzzle avec des arrangements à la Beatles ou Led Zeppelin. Mais pour un jeune qui n’a peut-être jamais écouté Led Zeppelin c’est quelque chose de cool. Il peut commencer avec Måneskin et puis s’intéresse à d’autres formations. Beaucoup de personnes ne les apprécient pas parce que ce sont des poseurs, on s’en fou, ils sont marrants, ils font du Rock pour moi c’est parfait.

Pour conclure un mot à ajouter ?

Francesco Bucci. Je suis venu en France l’été dernier, j’ai visité Paris puis je suis allé en Normandie. On essaye de faire un Heavy Metal moderne, on joue ce qui vient du cœur mais ce n’est pas daté c’est moderne. La chose la plus importante c’est de venir nous découvrir sur scène, c’est pourquoi les promoteurs Français doivent nous faire venir jouer en France.



Juin 2023
Pascal Beaumont   /  Photo DR

Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)