vendredi 7 février 2020

TYLER BRYANT // Interview // Paris Decembre 2019.

 

Tyler Bryant & The Shakedown est un gang qui déboule de Nashville dans le Tennessee et qui s’est fait un nom très rapidement sur la scène mondiale du Rock.
Il faut dire que Tyler Bryant a déjà derrière lui une longue expérience, le bougre a débuté à l’âge de 15 ans et s’est vite retrouvé à sillonner les Etats Unis en long et en travers.
Avec deux Ep et deux albums nos Américains ont déjà parcouru la planète en long et en large en ouvrant pour des légendes comme AC/DC, GUNS’N’ROSES ou encore AEROSMITH. Il faut dire que leur guitariste Graham Whitford est tout simplement le fils de Brad Whitford celui qu’on ne présente plus.
Avec un prénom comme Tyler on a l’impression que c’était écrit, ces deux-là devaient se rencontrer ! Même si Tyler et sa bande ne révolutionne pas le Rock loin de là mais propose un Hard Rock fortement influencé par les seventies et les Eighties le tout arrosé d’une bonne dose de blues.
Vous avez là un cocktail explosif destiné à vous faire exploser les tympans irrémédiablement sans laisser de pitié pour vos neurones.
Le petit prodige est passé maitre dans l’art de concocter des petites merveilles doté d’une redoutable efficacité mélodique.
Ce deuxième opus éponyme en est une preuve flagrante oscillant toujours entre AEROSMITH LED ZEPPELIN ou les WHO, il porte en lui la classe qui fait toute la différence.
Avec un opus aussi brillant et efficace, l’avenir s’annonce radieux pour nos petits gars du Mississipi ! Pour en savoir un peu plus sur Tyler Bryant & The Shakedown votre serviteur a soumis Tyler Bryant le chanteur et guitariste à la question ! Un Entretien avec un garçon des plus sympathique prêt à conquérir la planète, malgré la fatigue d’une longue journée de promotion et d’un décalage horaire encore très présent ; bienvenue pour un voyage au cœur des seventies, un univers étrange ou sont née toutes les légendes.
Attention avec Tyler Bryant & The Shakedown le Rock de grande classe est de retour qu’on se le dise ! Magnéto Tyler c’est à toi !


Bonjour Tyler comment vas-tu ?

Tyler Bryant.
Je crois que c’est la vingt et unième interview et je n’ai pas dormi depuis trente-six heures alors excuse-moi si je me sens un peu fatigué.

Après cette longue journée de promotion avec la presse que vas-tu faire ?


Tyler Bryant.
Je suis impatient de finir la dernière interview.
Après nous irons trainer un peu dans notre endroit préféré à Paris pour se relaxer.
On va se reposer et s’habiller pour être frais et dispo demain.
Donc je me sens bien et je suis prêt pour faire du rock.

Quel souvenir gardes-tu votre concert en mai dernier à la Boule Noire ?

Tyler Bryant.
Les organisateurs étaient offensés car on jouait trop fort.
Alors on a changé notre style de jeu et nous avons cherché un autre endroit et on a pu jouer Au Divan du Monde pour donner un concert comme nous le souhaitions.
Il y avait beaucoup de monde, ainsi que des gens qui avaient déjà assisté au concert à la Boule Noire.
Ils étaient surpris de nous revoir. J’attends le prochain concert le 29 Novembre 2017.

Vous avez ouvert pour Guns N'Roses au Stade de France le 7 Juillet 2017, quel souvenir gardes tu de ce show ?

Tyler Bryant.
C’est incroyable et amusant car deux jours avant le concert nous avons rencontré dans la rue notre groupe fétiche Dr. Feelgood.
Nous avons fait un show et jouer dans la rue en face de notre groupe favori.
C’est la musique de festival qui se déroule à Paris.

Y avait-il un bon feeling à jouer dans la rue ?

Tyler Bryant. Oui il y avait un bon feeling car les gens jouaient dans la rue.
C’était le meilleur moyen d’appréhender ce que ressentait le public de notre musique avant le grand show.
C’était une grande journée pour célébrer la musique.
Une journée plutôt sympathique que nous avons postée sur les réseaux sociaux, et un groupe de personnes a débarqué.
Juste le public et la musique. Tout le monde était content et je suis allé acheter des packs de bière pour les gens qui adorent le vrai rock 'n’ roll.
Nous avons une relation particulière pour ce genre d’endroit.

Votre philosophie de vie est-elle de jouer partout pour faire connaitre votre musique ?

Tyler Bryant.
Oui exactement. Peu importe que ce soit un stade ou un club, l’important est de faire un spectacle.

Qu’as-tu appris au côté des Guns N’ Roses lorsque vous avez tourné en Amérique du sud avec eux?

Tyler Bryant.
Il s’agit d’être présent dans les tournées, d’assurer et de chanter les chansons et d’assurer le spectacle.

Est-ce que le fait d’avoir tourné intensément depuis deux ans à eu un impact sur ta façon d’écrire ?


Tyler Bryant.
Oui absolument car tu cesses de penser aux gens qui sont devant toi.
Mentalement tu continues à y penser.
A la différence près que tu vois les gens qui comprennent tes chansons et qui écoutent ta musique en voiture.
Ils ont besoin de distraire aussi leurs vies.
C’est comme au début d’AC/DC avec ce titre « You Shook Me All Night long ».
Tout est bon dans ce titre et qui fait qu’on se sent si bien après.
J’espère qu’on aura des chansons comme celle-là dans notre carrière.

L’opus n’a pas de nom est-ce que cela signifie que c’est un nouveau départ pour Tyler Bryant & The Shakedown?

Tyler Bryant.
Absolument. A la fin de la tournée d’ACDC, nous avons eu un nouvel accord avec notre label.
Nous n’avions aucun budget, ni pour enregistrer et produire.
Nous n’avions pas grand monde comme soutien (nous avions quelques chansons que nous avons enregistrées nous-mêmes).
Nous avons fait notre album sans aucune aide. Alors nous reprenons à notre compte notre musique.
C’est un renouveau pour ce groupe. Nous faisons un tour d’Europe et c’est une grande étape.
Nous avons travaillé si dur pour en arriver là.
Nous continuerons encore à travailler et construire.


Tyler Bryant & The Shakedown est très bien accepté par public dans tous les pays ou vous avez joué. Es-tu surpris ?

Tyler Bryant.
Oui et non. J’ai toujours cru en mon groupe. Années après années nous avons fait le tour des USA. Nous avons vu que l’émergence du groupe était lente ; c’était instable. Nos fans en Amérique sont les meilleurs du monde. Ils savent qui nous sommes et c’est ce qui nous fait avancer. Ce sont eux qui nous inspirent et nous font continuer. Le rock 'n’ roll ici est mieux accepté. N’importe quel genre de rock. Nous sommes plus acceptés ici qu’ailleurs. Nous allons faire une tournée US l’année prochaine, mais c’est bon de savoir que nous allons faire un show à Londres. Déjà nous vendons plus de billets à Londres que dans notre ville de Nashville, c’est dingue !

Est-ce que tu réalises ton rêve à tourner à travers le monde entier ?

Tyler Bryant.
Absolument.

Est-ce que l’écriture de ce nouvel opus s’est étalée sur plusieurs années ?


Tyler Bryant.
Non la plupart d’entre elles sont des nouvelles chansons comme par exemple « Don’t Mind », « The Blood »
« Easy Target », « Into the Black », « Manipulate Me », « Heartland », « Backfire », « Jealous Me », « Magnetic Field ».
Ce sont toutes des nouvelles chansons. Les anciennes sont « Weak and Weeping»  et « Ramblin' Bones ».

A l’écoute de l’album, il y a des titres rock comme « Heartland », et d’autres un peu plus country. Est-ce une volonté de montrer l’étendue de votre répertoire ?

Tyler Bryant.
Nous voulions des sons différents, des vibrations, pop, rock, bluesy. Nous voulions écrire et créer les meilleures chansons. Nous n’avions pas réfléchi à une ligne spécifique véritablement. Toutes les chansons ne doivent pas ressembler à « Heartland » sinon cela aurait été quelque peu ennuyeux.

Pourquoi avoir choisi « Heartland » comme premier single ?

Tyler Bryant.
De par les paroles. C’était une chanson qui décrit ce qui se passe aux USA.
La moralité de l’histoire se résume à ce slogan : « Espoir pour un ».
Ce qui arrive à une personne peut arriver à tout le monde.
Que ce soit à cause de la discrimination qui fait que tout le monde est au plus bas ou quelqu’un qui se fait tuer… Tout le monde est silencieux…
Je crois que c’est un message important qui devait être délivré aux américains afin de comprendre quand un virage sera pris pour stopper toute cette folie.
D’autres chansons ne passeront jamais à la radio, mais en tant qu’artiste je me devais de publier ces titres.

C’était important d’essayer de toucher le plus grand nombre de personnes possible avec ces titres ?

Tyler Bryant.
Oui

Est-ce que tu crois que les choses ont changées aux USA depuis un an ?

Tyler Bryant.
Tout a changé. Ce n’est que le début. Nous étions en Europe quand Trump a été élu.
Je ne suis pas ici pour parler politique. Je vois dans la musique quelque chose qui relie les gens.
Quand j’ai grandi le racisme existait encore.
Ce que je vois c’est la musique qui est capable de tuer le racisme.
Je veux me concentrer sur le pouvoir qu’à la musique.
C’est peut-être plus puissant que le racisme, la haine ou l’avidité.
C’est pour cette raison que le titre « Heartland » a été choisi en premier.

Comment s’est déroulé l’enregistrement avec John Fields qui a travaillé pour Soul Asylum notamment ?

Tyler Bryant.
Je ne l’ai jamais rencontré : nous avons travaillé par emails et par téléphone.
Nous avons enregistré l’album nous-mêmes et nous lui avons passé l’enregistrement.
Il a mixé et réalisé un superbe travail et on n’a pas eu besoin de se parler beaucoup.

Comment s’était de travailler avec lui à distance ?

Tyler Bryant. C’était comme un alcoolique vivant dans un bar.
Nous avons enregistré l’album chez moi sauf pour la batterie.
J’avais juste à prendre ma guitare et à jouer toute la journée. Je me suis concentré sur mon jeu.
J’ai passé plus d’un mois et demi là-dessus.

Vous avez donné beaucoup de shows acoustiques ces derniers temps. Est-ce un défi de jouer en acoustique ?

Tyler Bryant.
J’adore. Dans la plupart des cas c’est de cette manière dont les chansons sont écrites.
Les chansons naissent : c’est la séance d’anniversaire.

Comment choisi tu les chansons que vous allier interpréter?

Tyler Bryant.
C’est juste au feeling, certaines chansons s’y prêtent, d’autres sont plus construites autour de la batterie.
En fait c’est au cas par cas.

Quel souvenir gardes-tu de votre concert à Los Angeles devant un parterre de légendes dont Jimmy Page ?

Tyler Bryant.
Graham Whitford et moi-même ont joué un medley des Yardbirds pour Jimmy page.
Il y avait Jimmy Page, Ringo Starr, Chris Cornell ; c’est là que j’ai rencontré Chris.
Il y avait Joe Perry, Billy Gibbons, Joe Walsh, Kirk Hammett de METALLICA.
Il y avait tellement de noms prestigieux qui nous ont influencés.
C’était une expérience unique et nous étions quelque peu nerveux.
Évidemment car on jouait devant Jimmy Page.

Quelle a été sa réaction ?

Tyler Bryant.
Il a été super sympa. Il nous a salués.
Le lendemain matin il s’est pointé au petit déjeuner et nous avons pris des photos ensembles ; il était si gentil.

Quel souvenir gardes-tu de ton expérience en studio avec Andy Jones ?

Tyler Bryant.
Il était bon, il était déchiré par sa maladie.
Il était torturé à la fin de sa vie et malheureusement il buvait trop.
Nous avons seulement travaillé avec lui pendant trois jours.
Mais il avait des histoires incroyables à raconter. C’était une véritable joie d’être à ses côtés.
Nous avions enregistré des titres ensemble qui ne sont jamais sortis.
Peut-être qu’un jour nous les ressortirons.
Nous avons réalisé qu’il n’était pas dans la meilleure forme pour faire de la musique.
Ça faisait des mois qu’il tenait à peine debout.

Quel regard portes-tu sur les huit années qui viennent de s’écoulé depuis la naissance du combo ?

Tyler Bryant.
Je suis reconnaissant du fait que j’ai rencontré tellement de gens fantastiques. Je me suis fait plein d’amis et j’ai parcouru le monde entier.

Est-ce que ça été difficile d’écrire cet album ?


Tyler Bryant.
Je travaille tout le temps. Même pour choisir les chansons de l’album.
C’est important de se montrer et de se poser jusqu’à ce que la chanson arrive.
Comme le dit si bien Tom Petty, c’est comme lorsque l’on pêche.
Tu dois sortir le poisson hors de l’eau. Je suis complètement en adéquation avec son propos.
Je ne dirais pas que c’est facile mais c’est de l’amusement


Quel genre de groupe êtes-vous lorsque vous êtes en tournée ?


Tyler Bryant.
On sait comment prendre du bon temps. Nous sommes ici pour le travail et pour nos fans et la valeur de l’argent.
Je ne cautionne pas ce slogan Sex, Drugs and Rock ’n’ Roll si tu vois ce que je veux dire.
Nous respectons les fans et nous croyons que c’est de notre responsabilité d’arriver sur scène à l’heure, de donner le meilleur spectacle possible.
Nous ne pourrions le faire si nous étions en état d’ébriété ; jouer de la guitare… ou se souvenir des paroles.
Quand ce n’est pas l’heure du show on peut s’amuser.
A l’inverse quand nous devons faire notre travail nous le faisons le mieux possible.

Vous avez ouvert pour AC/DC avec Axel Rose au chant et vous avez aussi ouvert avec Brian au chant quels sont les différences essentielles selon toi entre les deux versions ?

Tyler Bryant.
Évidemment nous sommes familiers avec la voix de Brian Johnson, car nous avons grandi avec l’album Back in Black.
Nous sommes habitués à sa façon de chanter. Quant à Axel il chante autrement en essayant de provoquer et d’enthousiasmer le groupe.
Je suis content d’avoir fait les premières parties pour les deux et pour Axel car il les a bien tuées.

Est ce AC/DC, Guns N'Roses ont été une influence importante pour toi ?

Tyler Bryant.
. Evidemment.

Quels sont tes albums favoris ?

Tyler Bryant.
Jeff Beck avec Guitar Shop, Wired, Truth et AC/DC avec Back in Black: c’est dur…de choisir.

Quel effet ça fait de jouer avec Jeff Beck une autre légende ?

Tyler Bryant.
C’est incroyable, c’est mon héros.

Qu’as-tu appris de lui ?

Tyler Bryant.
Tellement de choses...

Est-ce que donner énormément de concert t’a permis d’améliorer ton jeu de guitare ?

Tyler Bryant.
Oui, plus tu joues, le meilleur tu deviens et tu deviens plus à l’aise sur scène.
J’étais terrifié la première fois que j’ai joué avec Jeff Beck sur scène.
Je me sentais comme un poisson sanglant dans une cuve avec un requin.
Au bout de quarante fois de monter sur scène, je me sentais toujours comme un débutant.
Je le remercie de m’avoir supporté sur ma façon de jouer, d’être complimenté et de faire partie de ses fans : toujours en train de m’apprendre des trucs ce qui me rend et fait de moi quelqu’un de meilleur.

Est-ce que tu es influencé par la country ?

Tyler Bryant.
Oui, pas la country moderne. Je suis influencé par George Jones.
Je suis né dans le sud et cette musique est ancrée en moi dans tout mon corps.

Est-ce facile pour vous de tourner à travers le monde ?

Tyler Bryant.
Tu dois te développer et faire des tournées partout. Nous sommes ici à Paris.
J’aime tellement. Je suis un gars du sud. J’adore car c’est là que j’habite.
C’est plus une question de musique que de là où j’habite qui sont mes racines.

Qu’est-ce que tu aimes le plus à Paris ?

Tyler Bryant.
La nourriture. Nous sommes allés dans un bon restaurant et nous nous faisons plein d’amis.

Pour conclure qu’as-tu envie de rajouter qui te parait important ?

Tyler Bryant.
  Nous sommes ici pour porter le drapeau du rock ‘n’ roll et nous souhaitons les revoir en tournée bientôt.
Cinquième venue à Paris en seize mois.
Nous nous arrêterons encore car c’est notre endroit favori.

Merci. Passe du bon temps à Paris.

Tyler Bryant.
  Merci à toi. 


Paris décembre 2019
Pascal Beaumont / Laurent Machabanski
Photo: Thierry Cattier / Shooting Idols et DR