Depuis 2016, date à laquelle nous avons découvert la lumineuse Sari Schorr et son album "A force of Nature", à chaque disque et à chaque concert, son énergie rock et blues et ses bonnes vibrations nous enchantent.
Il était évident que nous avions envie d'avoir une interview de Sari Schorr dans nos colonnes et aujourd’hui c'est chose faite.
Le talent de cette artiste rare, sa voix touchante n'a d’égal que son talent et sa sincérité.
Nous voulons remercier ici la gentillesse et la générosité avec laquelle Sari Schorr nous a offert cette interview, un vrai moment de bonheur, elle a accepté de se confier d'une manière si entière que nous tenions à le souligner.Voilà c'est dit, et que le plaisir de ce partage soit pour vous maintenant.
Bonne lecture.
Pour
célébrer la sortie de cet album Live, nous aimerions d’abord évoquer tes
premières années. Fille de pilote et de mannequin, tu as grandi dans un
environnement musical, comment s'est passée ta jeunesse et quelles ont été tes
premières influences ?
Sari Schorr. J'ai grandi à Fresh Meadows dans le Queens à New
York. C'est un endroit où les habitations en briques rouges sont appréciées des
familles modestes. Notre appartement était simple, avec un petit jardin privé
où nous organisions des fêtes d'anniversaire et des barbecues.
Nous avons toujours été une famille proche. J'ai
deux sœurs plus jeunes et un petit frère. Nous jouions ensemble tout le temps,
inventant nos propres jeux. Nous étions tous sportifs. Nous sommes montés à
cheval, sommes devenus sauveteurs, avons couru des marathons et avons fait du
vélo sur de longues distances. À travers tout cela, nous avons toujours chanté
et joué de la musique. J'ai eu la chance que mes frères et sœurs partagent mon
amour de la musique et étaient toujours prêts à jouer dans n'importe quel
nouveau groupe de garage que je mettais en place.
Quand nous étions très jeunes, on a diagnostiqué un
cancer à mon père, avec une espérance de vie de quelques mois. Papa n'a jamais
abandonné. Il était pilote de chasse de l'armée de l'air et s’est battu avec beaucoup
de courage. Il a vécu 40 ans de plus.
Ma maman est ma meilleure amie, c’est une personne
remarquable. Son amour est inconditionnel et sa force est inébranlable. Elle
est sage et observatrice derrière son doux sourire et son beau visage qui lui
ont ouvert les portes du monde du mannequinat.
La musique est profondément ancrée dans ma famille.
Mon grand-père était multi-instrumentiste. Ma grand-mère était chanteuse d'opéra.
Maman jouait du piano. Papa était collectionneur de disques. Je me souviens de
longs voyages sur la route avec mon père aux commandes de l'autoradio. Pour augmenter le volume du lecteur de bande à huit
pistes de sa Ford Thunderbird, il utilisait son genou pour conduire la voiture.
Mes premières influences musicales sont venues des
albums de mon père. Il aimait le chanteur d'opéra Plácido Domingo, le pianiste
Roger Williams, Vic Damone, Shirley Bassey et Tom Jones.
Après avoir
pris des cours de chant à l'école, avec ta voix à l’amplitude de 5 octaves, on
t’a encouragée à devenir chanteuse d'opéra. Pourquoi t’être plutôt dirigée vers
le blues et le jazz ?
Sari Schorr. J'ai étudié l'opéra pour ma formation vocale avec
un merveilleux professeur de la Juilliard School of Music.
Elle m'a encouragée
à poursuivre l'opéra parce que j'avais le ton, la puissance et l’amplitude,
mais je souhaitais plutôt écrire mes propres chansons.
J'adorais chanter du
jazz, mais je ne savais pas toujours comment contrôler ma voix.
Le jazz est une
question de nuance et de subtilité.
Au début, il était difficile pour moi
d'empêcher ma voix de dominer les instruments acoustiques.
Une fois lors d'une
session d'enregistrement, j'ai dû m'allonger sur le dos pour limiter le volume
de ma voix.
Quand j'ai découvert les chanteuses de blues classiques comme
Bessie Smith, Ma Rainey et Big Mama Thornton, j'ai enfin trouvé la musique adaptée
à ma voix.
Le blues m'a donné la liberté d'utiliser toute ma puissance vocale sans
contrainte.
Quels
souvenirs gardes-tu de tes premières années, l’adolescence, le lycée, de tes
amis et ta famille, puis du désir de faire partie de ce monde musical ?
Sari Schorr. J'ai toujours su que je deviendrais chanteuse.
Le
chant n'était pas seulement une activité : c'était un moyen de m’exprimer
et donner un sens au monde.
La musique m'a aidée à surmonter ma timidité.
Ma
mère a joué du piano pendant sa grossesse, et je me suis toujours demandé si
cela pouvait avoir déclenché une connexion précoce à la musique.
Maman dit que
je chantais avant de pouvoir marcher.
J'avais 15 ans quand je suis tombée amoureuse de
Sarah Vaughan.
Sa voix était si particulière avec ce vibrato lourd. J'ai été
entraînée dans le monde du jazz.
J'ai passé des heures l'oreille pressée contre
le haut-parleur à essayer de pénétrer dans les voix de Sarah, Ray Charles, Ella
Fitzgerald et Nina Simone.
Au lycée, mon côté rebelle m’a fait basculer vers
le rock and roll. Les Rolling Stones, Led Zeppelin et les Doors ont alimenté ma
créativité tout en effaçant les sentiments d’insécurité liés à l'adolescence.
A l’université, mes influences se sont élargies
lorsque j'ai commencé à travailler avec différents musiciens qui avaient leurs propres
influences musicales.
Mon amour pour le rock s'est étendu au blues et au rock
progressif.
Lorsque j’ai vécu à Paris, je me suis tournée vers les musiques du
monde et le classique.
En tant qu'auteur, la poète Emily Dickinson, Bob
Dylan, Tom Petty et les Beatles ont eu une grande influence sur mon travail.
À quel âge
as-tu commencé à écrire tes premières chansons ?
Sari Schorr. J'ai commencé à écrire au lycée, vers 16 ans. Je
n'ai jamais pu terminer ma première chanson. J’ai même réessayé l'autre jour
mais je n'ai pas obtenu ce que je voulais. C'est la chose la plus difficile
quand tu écris des chansons. Tu ne sais jamais si cette idée insaisissable
viendra, mais tu dois écrire comme si elle était au bout de ton stylo.
Tu as été
choriste de Joe Louis Walker et Popa Chubby depuis des années. Comment les as-tu
rencontrés et qu'en as-tu gardé comme expérience, à la fois professionnelle et
humaine?
Sari Schorr. Popa Chubby et moi sommes tous les deux de New
York. Je produisais une série musicale mensuelle dans une grande salle de rock
de Brooklyn et lui ai demandé s'il aimerait jouer dans l'un des spectacles.
Il
a accepté et le concert a été un énorme succès. Après le spectacle, nous avons
pris un verre au bar. Popa et moi sommes entrés dans une profonde discussion
sur la vie.
Nous nous sommes connectés très rapidement.
Il m'a également donné
de bons conseils professionnels.
Après cette soirée, nous sommes devenus amis et
avons commencé à passer plus de temps ensemble.
Popa tournait énormément, et il
me gardait toujours une place sur scène lorsqu'il jouait à New York.
Nous avons
une connexion spéciale sur scène, on s’inspire et on se challenge mutuellement.
Popa m'a demandé de partir en tournée avec lui en Australie, puis en Allemagne.
Nous avons passé de bons moments.
Quand Popa m'a demandé d'enregistrer des voix
sur son album « Universal Breakdown Blues », je savais que cette
collaboration serait excitante et brute.
Après les séances d’enregistrement,
Popa partait réchauffer des trucs à manger dans la cuisine, et nos dîners sont
devenus une autre partie mémorable de l'expérience.
J'ai rencontré Joe Louis Walker lors d'un hommage à
Rory Gallagher à l'Iridium à New York.
La salle était remplie de personnes de l'industrie
musicale et de journalistes.
J'ai ressenti une grosse pression en tant que
seule artiste féminine et la seule à ne pas être guitariste.
Le producteur avait
fait une exception pour me faire participer parce qu'il aimait ma voix.
Mon
groupe et moi avons passé quelques jours en répétition à préparer les chansons.
Je devais chanter «The Cuckoo»
et «For the Last Time».
Le spectacle se prolongeait très très tard en
raison de la longueur de certains solos de guitare, et notre créneau horaire
continuait d’être repoussé.
Mon guitariste, John, devait prendre l’avion le
soir même pour les Caraïbes avec sa fiancée.
Malheureusement, c'était aussi lui
qui avait la voiture et qui assurait le transport de tout le groupe, qui
vivaient tous très loin de la ville.
La soirée se profilait mal. John a décidé
qu'il était prêt à rater son vol (et à en subir les conséquences avec sa
fiancée) pour que nous puissions assurer le spectacle, mais je ne pouvais tout
simplement pas le laisser faire.
J'ai emmené le groupe sur le trottoir, et nous
nous sommes dit au revoir.
Je suis retournée dans la salle en me demandant
comment j’allais annoncer au producteur que je ne pouvais plus jouer parce que
je n'avais plus de groupe.
En me faufilant dans le public, j'ai repéré Speedo
Harmonica Jones, un joueur de harpe avec lequel j'avais travaillé, assis avec
Joe Louis Walker. Speedo nous a présentés.
Je leur ai raconté ce qui s'était passé.
Speedo s'est tourné vers Joe et lui a demandé s'il connaissait les chansons
(qu'il connaissait) et lui a suggéré de jouer de la guitare avec moi.
Joe a
immédiatement dit oui. J'avais encore besoin d'un batteur et d'un bassiste.
Jeff Simon (du groupe de George Thorogood) était là et a sauté sur l’occasion.
A la basse, Kenny Aaronson (Billy
Idol, Hall and Oats) nous a rejoins.
Je me suis retrouvée avec un groupe
de stars quelques instants seulement avant de monter sur scène.
Nous avons cassé
la baraque !
Quelques semaines plus tard, j'étais de retour à
Paris pour terminer un projet d'Amnesty International avec Warren Haynes, Keb
Mo et Taj Mahal.
Joe m'a retrouvée là-bas et m'a appelée pour me demander si je
voulais rejoindre son groupe.
J'y ai réfléchi pendant quelques jours avant
d'accepter son offre.
Je me suis soudainement retrouvée chanteuse lead de
Joe Louis Walker, avec des concerts dans le monde entier.
Cette décision de
rejoindre le groupe a changé ma vie.
Elle m’a mise sur la route du producteur
légendaire, Mike Vernon, qui a ensuite propulsé ma carrière au niveau
supérieur.
Comment t’est
venue l'idée de ne plus être choriste et devenir artiste à part entière ? Avais-tu
un besoin de délivrer un autre message, plus fort ?
Sari Schorr. Je ne voulais pas devenir artiste solo. J'ai adoré
faire partie du groupe de Joe.
Je me sentais en sécurité et je ne voulais pas
de cette pression.
Mais Joe m'a encouragée à «déployer mes ailes et voler»,
comme il disait.
Quand je suis partie, j'ai eu l'impression de tomber du nid.
Mais c'était beaucoup plus facile que je ne l'imaginais.
C'était moins
stressant parce que j'avais une liberté artistique totale et que je pouvais
construire un groupe autour de ma propre vision.
La chose la plus gratifiante
est que j'ai enfin eu les moyens de partager les messages de ma musique.
J'écris souvent sur des questions sociales et politiques.
Te souviens-tu
de ton tout premier concert solo ?
Sari Schorr. Le premier concert majeur et le plus prestigieux
que j'ai jamais fait était au Carnegie Hall à New York.
Carnegie Hall est l'une
des salles de concert les plus prestigieuses au monde, et pouvoir dire que vous
y avez joué est l'une des ultimes marques d'honneur.
J'ai été invitée à jouer au Lead Belly Fest.
C'était effrayant et exaltant, mais probablement plus effrayant pour être
honnête.
La scène est immense. La salle historique est grandiose et somptueuse.
Mon cœur battait la chamade alors que je traversais lentement la scène jusqu'à
l'endroit marqué où se trouvait le microphone.
Le temps s'est arrêté.
J'ai fermé les yeux et pris une profonde
inspiration en me concentrant sur l’image visuelle de la chanson.
Les
producteurs de l'émission avaient choisi la chanson "Black Betty".
J'avais beaucoup travaillé mon interprétation.
Il y avait de nombreuses
interprétations possibles, mais après avoir étudié Lead Belly et sa vie, j'ai
trouvé une approche qui me semblait honnête.
Debout sous les projecteurs, je
savais que je devais me perdre complètement dans les paroles.
La musique a
commencé et l'histoire a pris vie dans ma tête. Il ne me restait plus qu'à la
raconter.
En 2015, le
producteur Mike Vernon est venu te voir sur scène et a été vraiment
impressionné par ton concert, il a donc décidé de produire ton 1er album
"A Force of Nature". Comment s'est déroulée cette rencontre ?
Sari Schorr. J'ai rencontré Mike quand il a reçu le prestigieux
prix «Producteur de l'année» aux Blues Music Awards à Memphis.
Il avait
prononcé un discours très émouvant, disant qu'il était à la retraite et vivait
en Espagne.
Une fois la cérémonie terminée, je suis allée le féliciter.
Comme
il n'était plus actif dans le monde de la musique, je pensais que cette
démarche ne serait pas mal interprétée.
Mais, juste pour être sûre, je n’avais
pas mentionné que j'étais chanteuse.
Le lendemain, Mike m'a dit que tout le monde
parlait de ma performance au Daisy Theatre la nuit précédente.
Il a demandé
pourquoi je ne lui avais pas dit que j'étais chanteuse. J'ai expliqué. Il a
souri.
Il a ensuite demandé si quelqu'un travaillait sur un album avec moi. Je
me suis entendue dire "non".
"Envoyez-moi quelques-unes de vos
meilleures chansons tout de suite", a-t-il répondu, puis il a dit :
"Je sortirai de ma retraite pour vous enregistrer."
Quatre mois plus
tard, j'étais en Espagne, produite par Mike Vernon.
Ce 1er
album comporte 2 reprises extrêmement réussies: "Stop in the name of
love" et "Black Betty", à l’image de cette empreinte vocale qui
a fait ton succès. Pourquoi ces choix et cette direction musicale ?
Sari Schorr. L’idée de la reprise de "Stop In the Name of
Love !" venait de Mike Vernon.
Il avait une idée d'arrangement depuis des
années et attendait l'occasion de pouvoir l'enregistrer.
Je ne pensais pas être
en mesure de le satisfaire, mais j'avais confiance en sa vision.
Lorsque vous travaillez
avec un producteur légendaire comme Mike, vous faites de votre mieux pour
garder l'esprit ouvert.
Je suis contente de l'avoir fait. C'était l'une des
chansons les plus simples à enregistrer de l'album.
Au moment où j'ai joué « Black Betty » au
Carnegie Hall, nous avions fini d'enregistrer l'album.
Mais les critiques
étaient si positives que le label a décidé de nous faire retourner Mike et moi
en studio pour l’enregistrer et la rajouter à l’album.
J'étais ravie, mais
malheureusement, j'étais malade le jour de la séance.
Je savais que ma voix et
mon corps ne tiendraient pas longtemps.
J'ai donc tout donné pour l'obtenir en
une seule prise.
Je suis sortie de la cabine et j'ai marché dans le couloir
jusqu'à la salle de contrôle où se trouvaient Mike et les ingénieurs du studio.
Tout le monde était en larmes. Quand Mike a dit que mon scat à la fin de la
chanson était l'une des voix les plus incroyables qu'il ait jamais
enregistrées, j'étais moi aussi en larmes.
En 2015, tu
as été intronisée au New York Blues Hall of Fame. Comment as-tu appris cette
nouvelle, qu’as-tu ressenti ?
Sari Schorr. Je traversais une période particulièrement
difficile.
J'avais des difficultés financières, je me demandais si j’allais un
jour trouver un vrai succès dans la musique.
Par une froide journée de
décembre, j'ai reçu un appel téléphonique de Michael Packer de la fondation New
York Blues.
Il m'a dit que j'avais été choisie pour ma contribution à la
musique blues. J'étais tellement honorée...
Être reconnu par vos pairs est
réconfortant, et c'est arrivé à un moment où j'en avais le plus besoin.
Comment procèdes-tu
pour écrire tes chansons, entre le moment où vient l'idée d'un texte et celui
de l’écrire ?
Sari Schorr. Une feuille de papier blanche vierge peut être très
effrayante.
On ne sait jamais si l'idée viendra un jour, et il n'y a nulle part
ailleurs à chercher que dans ton inspiration.
Je compare l'écriture de chansons
à courir dans le sable en talons aiguilles.
Toi qui as
tourné dans plusieurs pays, comment ressens-tu l’accueil et les réactions de
tous ces publics différents ?
Sari Schorr. Plus je voyage autour du monde, plus je vois
combien nous sommes tous pareils.
Nous partageons les mêmes espoirs pour nos
enfants et les mêmes rêves pour nous-mêmes.
Cela ne m'est jamais plus apparent
que lorsque je suis sur scène.
En 2018, tu
es allée à Norfolk au Grange Studio (où THE ALAN PARSONS PROJECT a enregistré
son 1er album) pour enregistrer "Never Say Never" avec un
nouveau producteur allemand, Henning Gehrke. Comment étaient ces sessions ?
Connaissais-tu Henning depuis longtemps?
Sari Schorr. J'ai vécu une merveilleuse expérience d'enregistrement
de « Never Say Never ».
Nous avons souhaité enregistrer l'album en
direct pour capter l'énergie du live.
C'est généralement risqué d'enregistrer
de cette façon, mais je connaissais bien le groupe et j'étais prête.
Nous
avions beaucoup tourné ensemble et on connaissait les chansons sur le bout des
doigts.
Henning et moi travaillons ensemble depuis 20 ans. C'était super d'être
de retour en studio avec lui.
Y a-t-il un
artiste ou un groupe avec lequel tu aurais aimé jouer?
Sari Schorr. J'ai travaillé avec de nombreux grands artistes
comme Carly Simon, Roseanne Cash, Buddy Guy et Walter Trout.
J'adorerais faire
quelque chose avec Martha Veléz.
Elle est une inspiration pour moi, non
seulement en tant qu'artiste, mais en tant que modèle.
Mike Vernon a produit son
album, « Fiends And Angels » en 1972.
C'est un excellent album qui
était en avance sur son temps, on y retrouvait Eric Clapton, Stan Webb (Chicken
Shack) et Paul Kossoff (Free) à la guitare, Christine McVie (Fleetwood Mac) aux
claviers, Jack Bruce à la basse, Mitch Mitchell (The Jimi Hendrix Experience) à
la batterie et Brian Auger à l’orgue.
Aujourd'hui,
quels sont tes groupes préférés ? Sont-ils les mêmes qu'avant ? Quel genre de
musique préfères-tu écouter ? Y a-t-il une chanson ou un album qui restera pour
toujours?
Sari Schorr. Ça change tout le temps.
J'écoute beaucoup de
musique africaine ces derniers temps, comme Manu Dibango et Fela Ransome-Kuti.
La chanson qui sera avec moi pour toujours est "Imagine" de John
Lennon, c’est celle que j'aurais aimé écrire.
Cette année
a mal commencé, depuis le coronavirus, l'annulation et le report de toutes les
dates de concerts, comment as-tu fait pour gérer la fin brutale de tous les
concerts prévus et à venir?
Sari Schorr. C'était terrible. Nous venions de commencer notre
plus grande tournée de tous les temps.
Nous avons fait un concert en Hollande
et un en Belgique.
Nous étions sur le point de faire un spectacle à guichets
fermés en Autriche lorsque le gouvernement a annulé tous les concerts de plus
de 400 personnes.
Nous avons passé les deux jours suivants dans le bus à
rentrer au Royaume-Uni avant la fermeture des frontières.
J'ai pris le premier
vol de retour à New-York depuis Londres.
As-tu réussi
à travailler pendant la période de confinement ?
Sari Schorr. Au début, j'étais trop déprimée pour faire quoi que
ce soit. Ensuite, j'ai commencé à réfléchir à la façon dont cela nous affectait
tous, et j'ai concentré mon attention sur la recherche de moyens de soutenir nos
fans à travers cette période difficile.
J'ai commencé un chat en direct sur
Facebook chaque vendredi, qui se concentrait sur des conversations positives et
inspirantes.
J'ai également commencé à exprimer ma musique
visuellement à travers des clips, ce qui m'a permis d'amener mes fans dans mon
monde ici à New York. J'ai fait un clip pour « Ordinary Life ».
Parle-nous
des événements qui se déroulent actuellement à New York, comment vous le vivez,
et les répercussions sur ta musique, la vie, votre environnement ?
Sari Schorr. Nous avons dû subir les effets dévastateurs du
COVID, des émeutes, des manifestations pacifiques, des marches et des
couvre-feux.
Ça fait beaucoup à gérer, même pour le New Yorkais le plus blasé.
La colère est montée face aux tactiques de plus en
plus agressives utilisées par la police, de sorte que les manifestations de
« Black Lives Matter » se poursuivent.
Toutes les marches auxquelles
j'ai participé ont été pacifiques.
Les gens de toutes les races sont solidaires
pour la justice sociale.
Les appels des populations « non-noires »
sont un signal important que le mouvement « Black Lives Matter »
bénéficie d'un large soutien.
L'État de New York est l'un des rares États à voir
le nombre de cas de COVID diminuer.
Nous sommes passés du plus grand nombre de
cas au monde, à l'un des seuls endroits les plus sûrs de tout le pays.
Les chansons que j'écris aujourd’hui sont inspirées
des événements sociaux et politiques qui façonnent notre monde. Rien n'est plus
important.
Qu’est-ce
que tu fais lorsque tu ne travailles pas? Quels sont tes passe-temps?
Sari Schorr. J'adore la course à pied, la randonnée et
l'équitation.
J’ai beaucoup d’intérêt pour l’humanitaire.
Dernièrement, j'ai
participé aux manifestations de Black Lives Matter. Je suis également impliquée
dans le sauvetage des animaux, en particulier des pit-bulls.
Tu as
participé à plusieurs marathons (empire state ride), quelle est la place du
sport dans ta vie?
Sari Schorr. La course à pied joue un grand rôle pour me garder
en bonne santé, surtout en tournée, lorsqu’on ne peut pas se reposer
suffisamment.
Je n'avais jamais couru jusqu'à ce que je décide de faire mon
premier marathon.
Depuis, cela fait partie de ma vie sur la route. C'est génial,
il suffit d'emporter une paire de baskets.
Je me suis mise au vélo depuis que
j'ai accepté de faire un trajet de 500 miles à travers l'État de New York pour
collecter des fonds pour le Roswell Park Comprehensive Cancer Center.
Pour finir,
si tu ne devais conserver que 3 choses: un disque, un film et un troisième
choix, quelle serait ta sélection et pourquoi?
Sari Schorr. Le disque serait Pink Floyd "Dark Side of the
Moon" car il me fait toujours pleurer.
Le film : "La vie est
belle" de Roberto Benigni, parce que son imagination et son innocence me
submergent.
Le 3ème serait mon passeport, car c'est mon billet pour
le monde.
Un grand merci a toi Sari pour ta gentillesse et à très vite.
Th Cattier - Photo : Instagram Sari Schorr & Shooting Idols, Th. Cattier