Essentiel, pas essentiel... Un grand et vaste sujet, alors que le monde de la musique est simplement en train de mourir. COVID 19... Un mot, un nom, un tabou un fléau ... Comment a-t-on pu vivre cette année 2020, si forte émotionnellement mais tellement vide de sens, et également emplie de nos doutes face à la cette nouvelle forme de violence que nous vivons chaque jour depuis ce mois de mars. Tournées stoppées en plein vol, budgets gelés, salles fermées…
En mars dernier, la France sombrait dans une crise sanitaire sans
précédent. D'abord incrédules, pendant que BFM compte les morts, c'est
le cœur brisé que nous voyons tous nos projets se diluer au fil des
semaines pour s'effacer complètement peu à peu… Nos festivals d'été, que
nous pensions immortels, baissent pavillon.
Pour tenter de comprendre ce qui a ravagé tous les métiers du spectacle, aujourd’hui nous avons eu envie de faire vous partager les ressentis de tous ceux qui font en sorte que la musique vive toujours aujourd'hui, et encore demain, pour vous, pour eux, pour nous tous.
Un énorme merci à eux, pour leur disponibilité, leur gentillesse, d'avoir eu l'envie et d'avoir pris le temps de nous parler de leur quotidien (par ordre alphabétique) :
FRED CHAPELLIER / NEAL BLACK / FRANCIS GERON / DOMINIQUE HAREL
STEPHANE JUMELLE / DOM KIRIS / LYNDA LEMAY / SOPHIE LOUVET
PAUL MOULENES / AURELIE ROQUET / PIERRE TERRASSON /
DIMITRI VASSILIU / PIERRE VEILLET / ROGER WESSIER
FRED CHAPELLIER
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Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
Comme
tout le monde, j'ai été abasourdi par cette décision et il m'a fallu
quelques jours pour encaisser le fait que nous allions être enfermés
pour de nombreuses semaines. Une fois le choc passé, j'ai volontairement
fait une pause musicale pour prendre du recul et me reposer. Je n'ai
pas arrêté de courir pendant plus de 20 ans, j'ai donc pris cela comme
un moyen de me ressourcer.
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Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
Quelques concerts ont été maintenus, mais les conditions sanitaires ont fait que ce n'était pas comme d'habitude. Malheureusement, 90% des autres concerts programmés dans mon agenda ont été annulés et, encore aujourd'hui, on est en attente de nouvelles du gouvernement par rapport à une éventuelle date de reprise sérieuse des concerts. Ces 9 derniers mois n'ont été qu'annulations, reports et un vrai casse-tête pour être clair. Du coup, depuis mars, je travaille d'arrache-pied sur mon prochain album studio. Pour une fois, j'ai le temps, pas de stress. Il faut voir le côté positif des choses.
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?
L'industrie musicale est à l'arrêt total en ce moment. Ils sont même allés jusqu'à interdire la vente de livres et disques... C'est proprement hallucinant. Nous sommes déjà privés de concerts et en plus, le peu d'argent qui pourrait rentrer sur la vente des cd était jusqu'à présent suspendue aussi... C'est à devenir dingue.
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
Et bien, en étant privé de concerts et du reste d'ailleurs, concrètement, nous, les artistes, perdons 60 et 70% de nos revenus habituels. C'est énorme.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
Elles sont insuffisantes et le pire, c'est que la culture a l'air d'être la dernière de leurs préoccupations, c'est la double peine pour nous. On a l'impression de ne pas exister.
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
La culture fait vivre toute une économie parallèle. Elle fait aussi fonctionner les commerces, hôtels, restaurants, bar, commerces etc... Il y a donc urgence à ce que cette activité reprenne pour le bien de tout le monde. Il faut d'après moi que les concerts puissent avoir lieu, même dans des conditions sanitaires strictes. On ne peut pas rester à l'arrêt indéfiniment.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
Malheureusement, notre secteur mettra des années à s'en remettre. Je pense que 2021 sera une année de transition. Tout le monde fera son possible, artistes comme organisateurs de concerts ou festivals, mais tant que ce virus sera actif, ce sera compliqué.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Oui et non aha... Les conditions que nous connaissions avant le Covid reviendront, mais comme je l'ai dit, j'ai peur que ça prenne des années...
9 Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
Oui en m'adressant au gouvernement, je leur dis laissez-nous travailler !! Un pays sans culture c'est inconcevable. Tout le monde en a besoin, les artistes comme le public.
NEAL BLACK
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ?
Je
suis un musicien de Blues Rock originaire du Texas, je vis en France
depuis 15 ans et je travaille avec Dixiefrog Records depuis presque 30
ans maintenant. Mon groupe et moi jouons dans toute l'Europe en faisant
80 concerts chaque année.
Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
C'était
difficile pour moi et les musiciens de mon groupe, entre mars et juin,
nous avons eu 60 concerts annulés, et plus de 20 concerts annulés plus
tard cette année. |
Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
Nous reprogrammons autant de dates que possible avec notre Agent Tourneur dans chaque pays, mais c'est vraiment un gros bordel car personne ne sait exactement quand les choses reviendront à la normale.
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?
La SACEM a été très utile en donnant des fonds d'urgence aux artistes comme moi et le système des intermittents du spectacle a également continué à payer les musiciens, donc j'ai beaucoup de chance de vivre en France car je ne pense pas que d'autres pays soutiennent les artistes comme eux le font.
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
Je suis sûr que tous les artistes aimeraient travailler comme ils le faisaient avant la Covid, mais pour l'instant, c'est un jeu d'attente.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
En France, cela a été mieux que dans la plupart des autres pays pour les artistes, comme je l'ai déjà dit.
Je pense que la priorité devrait être de faire en sorte que les futurs concerts puissent avoir lieu dans un environnement sûr, car ce serait bien pire si ce problème de Covid revenait à être encore pire qu'avant.
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
J'espère que le gouvernement commencera très bientôt à ouvrir les clubs et les salles de concert, mais avec des règles de protection. La musique live est non seulement une partie importante de la culture, mais aussi une partie économique importante de la société française.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
Je pense que ça va être très déroutant et frustrant en 2021 parce que je ne pense pas que le problème sera terminé l'année prochaine... Mais je pense que les choses commenceront à s'améliorer d'ici la fin de l'année prochaine.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Oui, les choses seront différentes, je pense qu'il y aura une plus grande appréciation du côté des musiciens qui peuvent se remettre au travail et du côté du public qui pourra revenir aux spectacles.
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
Mon seul message à tous les musiciens est d'être prêt, de préparer des chansons et des enregistrements, et de travailler à perfectionner votre musique car lorsque les choses reviendront à la normale, ce sera formidable pour le public de venir entendre de super nouvelles performances.
FRANCIS GERON
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ?
Je
m’appelle Francis Geron, j’ai 73 ans et je gère le SPIRIT OF 66
(Verviers, Belgique) avec mon fils Ronald depuis 1995. Ronald s’occupe
exclusivement du bar et moi je m’occupe de tout ce qui tourne autour des
concerts : programmation, publicité, réservations, etc….
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Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
Très
mal, bien entendu. J’ai été musicien, j’ai commencé à jouer dans un
groupe à 15 ans …. Mais j’ai arrêté complètement en 1979, pour reprendre
l’entreprise familiale dans l’alimentaire, suite au décès de mon père…
Quand
en 1995 mon fils Ronald a décidé d’ouvrir un bar musical à Verviers, je
l’ai épaulé et je suis retombé dans la musique… ma vraie passion….
Depuis quelques années, j’ai passé le relais dans mes différentes
sociétés commerciales et finalement depuis 4 ou 5 ans je m’occupe
exclusivement du Spirit of 66... Cet arrêt forcé a été une catastrophe
pour moi, pas spécialement financièrement mais surtout moralement… Je
l’ai très, très mal vécu. Je suis passé par des moments très
dépressifs.
Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
Il n’y a pas eu de dé confinement musical en Mai en Belgique…. Impossible d’organiser le moindre concert…. À partir de septembre on a pu envisager de recommencer des petits concerts avec accès limité (80 personnes pour nous) et un tas d’autres règles sanitaires à respecter (public assis, pas de service au bar, etc… ) … j’ai donc très vite mis sur pieds une série de 10 concerts avec un protocole "Covid 19"... Nous avons investi plus de 3.000 euros pour divers aménagements mais finalement on a pu présenter un premier concert le 16 octobre…. Mais la situation sanitaire s’est à nouveau très vite dégradée…. Arrivée de la 2e vague et on n’a pas pu présenter le 2e concert prévu le 22 octobre… à nouveau fermé ! Pour le moment c’est prévu jusqu’au 15 janvier minimum… En résumé, depuis le 13 mars on a pu faire 1 seul concert… avec 73 personnes dans la salle….
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?
Tout est à l’arrêt… en dehors de quelques petits concerts qui ont pu se faire pendant une très courte période.
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
Plus personne ne travaille, plus personne ne gagne quoi que ce soit…. Suivant les statuts, certains ont droit à une indemnité de chômage, mais beaucoup aussi à rien du tout… Beaucoup changent de métier.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
Ce sont, comme toujours, les endroits déjà subsidiés qui sont les plus aidés… Les autres, comme nous, on ne les connaît pas…
La Spirit fonctionne en deux entités : une SARL pour le bar (gérée par mon fils) et une ASBL (sans but lucratif) dont je suis le président pour les concerts.
Le bar fermé a reçu jusqu’à présent une indemnité de 5.000 euros et une autre de 3.000 que nous n’avons pas encore reçue… l’ASBL (organisatrice des concerts) n’a rien reçu du tout et ne recevra rien.
Les aides apportées à la culture sont-elles suffisantes ? Je suppose que c’est de l’humour….
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
Nous avons été les premiers à fermer, nous serons les derniers à rouvrir…. Faut quand même dire aussi que 300 freaks qui pogottent dans la fosse devant la scène, c’est pas ce qu’il y a de mieux pour le virus.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
Sans savoir lesquelles, je pense que ça laissera des traces…. Ne fut ce qu’avec tous les groupes, clubs et agents qui auront disparu du métier.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Bien entendu
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
Une chose est certaine : le problème est bien réel et le danger existe…. Dans tous les pays…
La seule chose qui change dans chaque pays ce sont les politiciens…. Plus ou moins compétents, plus ou moins efficaces… et ça fait toute la différence.
Mais le virus est le même partout.
Seul un vaccin efficace et bien distribué nous sortira de l’ornière.
Pour rester positif : on commence à arriver à cette étape…. Encore quelque mois à trinquer…. Enfin, je l’espère !
DOMINIQUE HAREL
| Tout d'abord, peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ? J'ai commencé dans ce métier fin 1995 avec la création des studios music live. Mon travail est un mélange de commercial, de régie générale et de management.
Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ? Une
angoisse les 15 premiers jours et un grand vide que j'ai toujours
aujourd'hui avec des moments haut et très bas parfois ! Heureusement ils
sont plus rares.
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Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux : comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?Pour nous pas grand-chose de nouveau... on espérait une reprise pour septembre 2020, on a réussi à travailler un minimum entre août et septembre avec le festival du parc floral de Vincennes , le jazz Paris la Défense ainsi que les Chorus des Hauts de Seine.
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?On est à -90% de notre chiffre.
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?Je pense qu’une société sur 2 dans le métier va fermer. Je pense qu’une énorme vague de chômage va arriver, après le chômage partiel mis en place. En ce qui nous concerne, on a la chance d’être en place depuis plus de 25 ans et d'avoir plusieurs cordes à notre arc avec music live, planet live, guest live, magic bus live , le restaurant le 36 et the Backstage. Ça va être compliqué mais on devrait s'en sortir si l'on reprend le travail au printemps.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?Elles ont le mérite d’exister mais ne seront pas suffisantes. Le gouvernement privilégie la scène nationale en laissant le privé dans le fossé, surtout tous les métiers comme le nôtre où l'on nous a gentiment fait remarquer que l'on ne fait pas partie de la culture mais des pmi et pme.
Il faut davantage anticiper. On ne prend pas plus de risque dans un festival debout que sur la ligne 13, comme on ne prend pas plus de risque sur les remontées de ski que sur les escalators de Carrefour et Auchan. En attendant, il faut prendre en charge le loyer des structures encore vivantes, en attendant la reprise, avec un effet rétroactif à au moins septembre. Et ne pas oublier de rallonger l’année blanche des intermittents d’au minimum 6 mois.
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?Je suis écœuré de constater une telle méconnaissance du terrain par les politiques. Et je ne suis pas sûr qu’on va observer un gros changement à ce sujet-là.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?Je pense et j‘espère que l'on pourra reprendre le travail à partir d’avril avec des festivals cet été et une reprise des grosses tournées zénith en septembre 2021 au plus tard, ainsi qu’une grosse année 2022 dans la foulée. Si le métier devait s’orienter vers le streaming ce sera sans moi.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ? Je ne sais pas, j’espère que l’on pourra revivre et partager comme dans la vie d’avant.
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?Soyez prudents, prenez soin de vous et des vôtres pour être au top à la reprise😉🤘
STEPHANE JUMELLE
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ? J’ai
commencé ma carrière pro dans la filière musicale chez Vogue en 1988,
puis 5 autres maisons de disques comme représentant et à la promotion
des ventes sur Paris, Ile de France, je jouais aussi dans un groupe rock
en tant que guitariste avec des potes. Clap de fin en tant que salarié
en 2009 chez "Nocturne" suite à une liquidation financière. En parallèle
j’avais cofondé en 2005 le label "Why Note", « catalogue » d’une
quinzaine d’artistes, blues, rock hard rock, un peu aussi de management,
de direction artistique avec Mercy Blues Band. J’ai pris la route en
2010 comme disquaire itinérant indépendant pro dans les festivals rock,
blues, hard rock / métal.
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Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
Comme beaucoup au départ, il y avait une sorte de sidération, on ne savait pas trop ou ça allait nous emmener, tout était à l’arrêt avec les incohérences gouvernementales qui perdurent toujours dans cette dite « gestion de crise ».
Puis est arrivée la période de déconditionnement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
Il n’y avait pas de projets, aucune possibilité de se projeter, aucune visibilité, des annulations de toutes sortes de toutes parts s’enchaînaient les unes après les autres, nous en sommes toujours au même point.
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?
Je me suis investi depuis 2016 dans une association pour la promotion, diffusion de concerts avec les « Cinquantièmes Rugissants », son activité comprend la saison annuelle d’une salle de concerts « Le Temps des Crises », environ 15 concerts/an, et l’organisation en octobre du B.A.R Festival.
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
Elles seront énormes pour ce secteur qui pèse tout de même près de 10 milliards d’euros, 43% de pertes de chiffre d’affaire estimée depuis mars. Au niveau personnel j’ai pu amortir le choc étant officiellement en retraite depuis 1 an, ce qui ne veut pas dire oisif et sans activités.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
Elles sont ridicules ajouté à une paperasserie à la française récurrente qui n’aboutit pas, ou se font trop attendre dans la plupart des cas dans un secteur constitué pour une bonne part d’indépendants qui n’ont droit à rien, ou presque.
On ne nous parle en matière de culture que de théâtre, d’opéra, de cinéma à longueur de journée, rien, strictement rien sur la musique. Dans le domaine du spectacle vivant, il y aurait à rééquilibrer de manière sensible les "aides" et "subventions" accordées à ceux d’office subventionnés comparés à une grande majorité d’indépendants qui n’ont rien ou presque, et qui de fait ne peuvent compter dans la majorité des cas que sur le système d’appui et le soutien d’associations constituées de bénévoles.
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
Si tu relis ce que propose Bachelot à l’heure actuelle, ce n’est plus ni moins qu’un cache misère au niveau de l’application des "règles sanitaires", quand ce n’est pas impossible et non rentable.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
C’est un tout qui comprend essentiellement ce que j’énumère ci-dessus.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Oui forcément, lequel ? La question reste posée.
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
Solidarité, partage, ça peut sembler vague et n’être qu’une déclaration d’intention, mais ça va devenir une obligation vu les événements, reste à en définir les contours au cas par cas, suivant le secteur au sein même de l’ensemble de la communauté artistique.
DOM KIRIS
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ? Animateur
sur Ouifm, actuellement chroniqueur quotidien avec Les Bonnes Histoires
du Rock (10h30) et Les Infos du Rock (13h30 et 15h30).
Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ? Avec
une mise au chômage technique à 100%, j’avais l’impression de tourner
en rond, complètement déboussolé dans les premiers temps. Il m'a fallu
un moment avant de reprendre mes marques. Mais comme je vis à la
campagne, j’ai apprécié la vie au grand air... et je me demande si je
n’en avais pas besoin après 30 ans d'activité non-stop toujours au
taquet ! Personne n’a été malade autour de moi, c'est le principal ! |
Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
Pour la radio j’étais toujours au chômage partiel jusqu’à la rentrée de septembre. Mais côté projets personnels, j’ai pu bouger et reprendre mes activités musicales avec les Troubadours du désordre en tant que musicien, et le groupe Nord pour qui je présente les concerts -Talk show dans un spectacle intitulé Boulevard du rock.
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?
Tout s'est arrêté pendant ces mois interminables : plus de concerts, sorties de disques déprogrammées, itw d’artistes annulées, donc difficile de traiter de l’actualité. Cependant, pour ma part je me suis concentré sur la chronique “Les Bonnes histoires du rock” en me plongeant dans ma discothèque et en lisant des biographies. Ça m’a permis de prendre un peu de recul, ceci dit je restais à l’affût des initiatives sur le net et les réseaux sociaux. Je trouve génial la façon dont le monde musical s’est réinventé avec les live en streaming pendant cette période, mais il ne faudrait pas que cela devienne la nouvelle norme.
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
Dans notre secteur radio, le chômage partiel a été choisi pour anticiper les baisses de revenus publicitaires car les annonceurs ont arrêté de communiquer. Mais déjà, avant la pandémie, les radios musicales étaient en perte de vitesse, avec l’arrivée des plateformes de streaming, des webradios, des podcasts. Comme dans beaucoup de secteurs, il faut se réinventer et la pandémie accélère le changement.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
On a toujours l’impression d’un moindre effort pour des professions toujours jugées non essentielles par les gouvernants.
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
Cette pandémie révèle encore une fois le pouvoir des lobbyings. Il y a des secteurs mieux organisés que d’autres. Les festivals montent au créneau, ce qui est légitime quant aux budgets énormes qu’ils génèrent. J’espère que ça entraînera un mouvement général de tous les organisateurs de concerts.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
On a tous des vies bouleversées par la pandémie. Cela change nos comportements vis-à-vis de la consommation, de l’alimentation, des transports et des relations aux autres. La culture n’y échappe pas, j’espère qu’on saura en tirer des leçons pour l’avenir. Une chose est sûre, on est vraiment rentré dans l’ère du numérique avec le télétravail, le streaming, les vidéos conférence, le E-commerce. Je pense que tout cela va perdurer sérieusement et se généraliser.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
La réponse rejoint la question précédente. Il y a déjà du changement dans nos attitudes.
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
Le besoin de musique est vital, il faut savoir préserver ceux qui consacrent leur vie à cet art.
LYNDA LEMAY
| Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
Comme
tout le monde, j’ai été tout d’abord surprise, dépassée par les
événements. J’avais du mal à croire l’ampleur de ce qui arrivait ! J’ai
cependant la chance de m’adapter assez bien aux changements et j’ai
donc eu le réflexe d’aller voir ce que ce bouleversement pouvait
m’apporter de positif. Ce ralentissement obligé de mes activités avait
quelque chose de bon, dans une période très occupée de ma vie où je
n’aurais autrement pas eu le temps de prendre du recul face à mon gros
projet d’albums au pluriel. J’ai dû changer mes plans, et être
patiente, comme tout le monde. C’est dur pour tous les artistes de
devoir reporter des tournées entières, c’est bien entendu inquiétant
financièrement ; sauf que ça m’a permis de constater à quel point je
vivais dans l’abondance et à quel point je n’avais pas besoin d’autant.
Ça m’a remis le nez sur l’essentiel. Il y a des leçons à tirer de
toute cette histoire. Bien entendu, je suis privilégiée, ma famille et
mes proches n’ont pas été touchés à ce jour par le virus. Je compatis
énormément avec les familles qui se battent contre lui, ainsi qu’avec
toutes les familles endeuillées suite au passage de la covid... |
Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
J’ai refait tous mes plans autrement. Pendant le confinement, j’ai décidé de mettre un terme à la tournée telle que je l’avais prévue depuis des années ; on a remisé les gros décors. J’ai dû oublier la belle formation de 3 musiciens qui m’auraient accompagnée. J’ai rebâti quelque chose de plus sobre, refait des versions à la guitare, en solo. Aussitôt qu’on a pu se déconfiner, j’ai eu la chance de faire quelques représentations ici et là, au Québec, d'un spectacle ultra intimiste, comme à mes débuts. Et j’ai poursuivi mes activités en studio pour peaufiner mes albums. Tout est plus compliqué avec les masques et tout, mais on y arrive, en prenant bien toutes les précautions nécessaires. Ma passion pour la musique est trop grande pour que les difficultés qu’on connaît ne m’arrêtent, on dirait bien. J’ai envie de trouver des façons nouvelles de faire les choses. Et je n’ai pas changé la date de sortie de mon projet, qui comptait trop pour moi : le onze du onze 2020, j’ai bel et bien sorti les deux premiers albums d’une série de onze. J’ai mis au monde mes chansons, tant pis si elles se mettent à voyager plus doucement… pourvu qu’elles voyagent longtemps ! :)))
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars ?
Comme je l’expliquais précédemment, c’est plus compliqué, surtout quand on ne connaît rien à la technologie ! Je dois apprendre à rejoindre plus que jamais mon public par le biais des réseaux sociaux, apprendre à faire des entrevues par skype, zoom ou FaceTime, apprendre à regarder un écran d’ordinateur ou de téléphone au lieu de plein de regards émus, et m’habituer à performer devant des publics silencieux. Apprivoiser le virtuel, c’est tout un défi pour moi. Dur dur pour l’humour lol !
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
C’est difficile pour tous les artistes d’être coupés de leurs revenus. Plusieurs doivent trouver d’autres emplois pour survivre. Ce n’est facile pour personne. Personnellement, c’est évidemment insécurisant puisque j’avais beaucoup investi dans cet énorme projet (« Il était onze fois ») et je comptais bien entendu sur les revenus de la tournée pour la suite des choses. Je ne suis cependant pas à plaindre et plusieurs artistes se retrouvent dans des situations beaucoup plus précaires que la mienne. Surtout que j’arrive à poursuivre mes activités et que mes albums sont bien accueillis par mon public fidèle.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
Elles sont nécessaires ! Heureusement qu’il y a cette aide. Évidemment ce n’est jamais assez, mais je ne peux critiquer les décisions gouvernementales. Je ne voudrais pas être dans les souliers de nos dirigeants. Quel casse-tête !
Je ne suis pas politicienne, je souhaite le meilleur à tous et espère que les gouvernements seront sensibles aux besoins de tous. Artistes, producteurs et diffuseurs de spectacles, restaurateurs…et tant d’autres...
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
Je m’arme de patience et d’espoir. Pourvu que le vaccin qu’on nous promet soit efficace. J’ose espérer que tout rentrera dans l’ordre le plus tôt possible. En attendant, je continue de travailler pour faire en sorte que je puisse retrouver le public le plus tôt possible, comme c’est prévu à mon agenda ! Je ne me laisse pas arrêter par la peur du pire. Je visualise du beau. J’ai tellement hâte à ces retrouvailles !
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
J’imagine qu’on en a encore pour un moment à devoir faire attention, ce qui changera évidemment un peu nos façons de faire, oui ! On prévoit plusieurs prochains spectacles avec distanciation et masques ; c’est un peu bizarre au début, mais c’est déjà mieux que de ne pas se voir du tout ! L’adrénaline et l’amour seront les mêmes !
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Oui, j’espère qu’il en ressortira du bon, et qu’on retiendra les leçons apprises de force dans cette période sombre. Espérons que ça aura servi à quelque chose de bien.
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
Quand on prend le temps de regarder très profondément à l’intérieur de soi, on trouve beaucoup plus de force que celle qu’on imaginait détenir. La solitude imposée ne pourra jamais nous enlever ce cadeau qui dort à l’intérieur de nous tous, sans exception. Il faut s’y accrocher !!!! L’introspection est pleine de belles surprises ; on va rebondir bientôt, j’en suis persuadée !! Et on va sans doute apprécier ce que la vie nous offre comme jamais !
SOPHIE LOUVET
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ?
Bonjour
! Je suis attachée de presse freelance d’évènements & d’artistes
depuis plus de 25 ans. En bref mon travail consiste à mettre en relation
un artiste ou un évènement avec un média. Je suis particulièrement
spécialisée dans la promotion d’artistes et festival de blues, mais ma
compétence va au-delà depuis quelques années, et touche d'autres
horizons tels que la world music et le jazz… Je vais de temps en temps
sur le territoire de la chanson française, mais c’est assez rare . |
Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
Alors comme tout le monde j’ai d'abord été assommée, n’y croyant pas... En fait je ne pensais pas cela possible... que tout d'un coup tout s’arrête. Je dois dire que le 14 Mars, j'étais au jazz club le Méridien pour un concert. Lorsque la directrice de l'hôtel Méridien est descendue nous voir en nous annonçant que l'hôtel fermait après le concert pour une durée indéterminée, je suis restée bouche bée.
Puis il a fallu réagir devant l'urgence des annulations ... Nous avons eu énormément de travail, de réunions "zoom" que nous avons tous découvert à ce moment-là... et je crois que ça nous a fait du bien de se dire que le monde continuait à tourner encore un peu... à échanger aussi.
Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
J'ai la très grande chance de collaborer avec de gros labels qui me fournissent du travail à l’année. Néanmoins, la grande majorité des événements pour lesquels je collabore l’été ont été annulés. Donc ce fut une période que je qualifierai de grandes vacances.
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars ?
Je suis épatée par la création toujours aussi bouillonnante, même si l'on sent que les artistes commencent à s’épuiser de ne pas pouvoir s’exprimer sur scène. Je sens une très grande impatience, voire de temps en temps du découragement.
La période est extrêmement compliquée... et financièrement c'est une catastrophe pour une grande partie de cette profession.
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
Pour ma part, je me sens privilégiée, car j'ai du travail ; j'ai perdu en rémunération, mais je ne me sens pas malheureuse pour autant. Comme je le disais plus haut il y a tout de même une forte activité.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
Je pense qu'on a beaucoup de chance, nous sommes très largement soutenus par l’état même si je crois que certaines mesures prises ont été excessives. Cependant, je suppose qu'elles étaient utiles... La première des actions serait de réouvrir les lieux !!!
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
C'est catastrophique pour les artistes musiciens dont la seule rémunération correcte provient des concerts…
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
Je pense que dès que tout cela va reprendre ça va exploser... il y avait déjà énormément d'évènements avant, mais alors après ça va être incroyable ! J'en suis sûre.
Moi j'ai déjà réservé des places pour un événement le 15 décembre et fêter dignement cette reprise !
Dans les règles strictes évidemment.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Évidemment... nos générations seront marquées par cet événement... comment ne pas l'être...
Même si le cerveau a la grande faculté d ‘effacer les vilaines choses.
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
#FESTIVALS2021JYCROIS
PAUL MOULENES
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ?
Je
suis Directeur et programmateur de la salle de spectacle La Traverse
(située à Cléon, à 20 km au Sud de Rouen) et de son festival « BLUES DE
TRAVERSE » depuis janvier 2015. Le festival qui se déroule sur le mois
de de novembre chaque année depuis 27 ans, a vu passer la quasi-totalité
des grands artistes du Blues contemporain. Dans sa forme actuelle, en
plus de la dizaine de concerts proposés dans la salle La Traverse, nous
proposons des conférences, des expositions, des concerts en milieu
scolaire, des concerts chez l’habitant et, en parallèle, une
programmation de concerts OFF se développe dans les communes voisines,
chez de partenaires culturels avec qui nous établissons une
programmation de concerts au format plus réduit. |
|
Le reste de
l’année, La Traverse accueille une programmation riche et diversifiée
avec un accent mis sur ce que nous appelons les musiques de caractère :
le Blues bien sûr, mais aussi toutes les musiques afro-américaines du
début du 20ème siècle et celles qui en ont directement tiré leurs
influences : soul, rock, hard-rock, etc. Le printemps est ainsi parsemé
de notre programmation intitulée « Blues from Mars »
Nous accueillons aussi régulièrement des concerts de Rap et de Reggae, des spectacles de danse-hip-hop et toutes les expressions artistiques liées aux cultures urbaines, avec un souci d’ouverture sur les pratiques de la jeunesse de notre territoire.
Enfin, la Traverse est un lieu de transmission de culture au sens large, et du spectacle vivant en particulier, puisque nous avons une programmation pluridisciplinaire (théâtre, musique, danse, marionnettes, etc.) proposée aux élèves des établissements scolaires du territoire. Nous organisons aussi de nombreuses actions culturelles destinées à sensibiliser les publics à travers les pratiques artistiques et la découverte de spectacles et de concerts.
Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
Le premier confinement nous est vraiment tombé dessus par surprise, sans que personne n’ait rien vu venir. La veille de sa mise en place, nous préparions le plateau pour accueillir une soirée avec 3 superbes guitaristes : Patrick Rondat, Pat O’May et Pat Mc Manus et tout d’un coup, tout s’est arrêté.
Alors pour rester actif et garder un lien avec notre public, nous avons puisé dans nos archives pour publier chaque jour deux vidéos tirées d’un concert qui avait eu lieu sur notre scène. Cela n’a pas remplacé le contact avec les artistes et le public, mais ça nous a permis de patienter et de préparer la suite.
Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
Pendant le confinement, nous avons pris du temps pour réfléchir et penser à ce que cette crise sanitaire aller créer comme séisme sur nos professions. Nous avons surtout pensé comment nous allions pouvoir retrouver le plaisir d’entendre de la musique live. Aussi, dès le début du déconfinement, nous avons travaillé à un projet un peu fou de concert en plein air avec les spectateurs dans leur voiture : le Drive-In Rock’n’roll show.
Dans l’idée de revivre l’ambiance des soirées en Drive-In de l’Amérique des années 1950, celle qui a vu naître le rock’n’roll, nous avons proposé, sur le parking d’une zone commerciale, un concert de Manu Lanvin & the Devils Blues (avec Hot Slap en 1ère partie). Pour parfaire le décor, des food-truck proposaient burgers et boissons que des serveuses en roller allaient porter aux fenêtres des véhicules des spectateurs. Une scène des écrans géants et une fréquence radio réservée pour l’occasion permettait à chacun de voir le concert dans de très bonnes conditions.
Pour vous faire une idée, n’hésitez pas à regarder cette courte vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=XeDrv7i1XcU
Pendant l’été, nous avons surtout mis l’accent sur les pratiques artistiques en lien avec la jeunesse qui avait beaucoup souffert de la situation.
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?
L’industrie musicale, prise au sens large, souffre terriblement depuis le début de cette crise. Les tournées, les sorties d’album, tout est bouleversé et on ne peut pas encore savoir comment nous ressortirons de cette période. Le public sera-t-il au rendez-vous ? N’y aura-t-il pas un embouteillage de sorties d’album et de nouveaux projets ? On voit déjà poindre les difficultés des tournées reportées qui se confrontent avec les nouvelles programmations, et on ne voit pas encore comment cette industrie se portera après tout cela…
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
On voit déjà des prestataires qui ont dû arrêter leurs activités et on sait que d’autres vont disparaître aussi. Pour les artistes, ceux qui ont le statut d’intermittents ont un sursis, pour les autres, c’est la panique…
Me concernant, j’ai la chance de diriger une structure dont le fonctionnement est en partie assuré par les subventions de la ville de Cléon, du Département de Seine-Maritime et de la Région Normandie. Entre le chômage partiel, les aides spécifiques sous forme d’exonération de l’URSSAF et ces subventions, nous avons pu maintenir la rémunération de l’équipe permanente (8 personnes) pendant toute cette année.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
Elles étaient indispensables et ont permis de tenir pendant cette crise, mais c’est surtout pour les mois et années à venir que je suis inquiet. Il va y avoir besoin de financements massifs pour accompagner le redémarrage.
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
La musique live avec du public debout a été une des premières à s’arrêter et fera partie des dernières activités à reprendre mais je fais partie de ceux qui croient qu’on peut vivre la musique et les concerts autrement, en attendant la fin de cette crise.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
Nous apprenons à vivre avec l’incertitude, toute notre façon de travailler est impactée, du télétravail de l’équipe jusqu’à l’impossibilité des tournées internationales, en passant par le risque permanent de voir voler en éclat tout ce que nous mettons en œuvre. Nous inventons, au fur et à mesure que nous avançons, des nouveaux rapports entre artistes, organisateurs et spectateurs, avec forcément quelques tâtonnements et hésitations.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Nous connaîtrons forcément un "après" Covid 19 qui ne ressemblera pas à ce que nous avons connu avant, mais personne ne peut dire aujourd’hui à quoi le monde d’après ressemblera.
10 Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
Restons optimistes et soyons toujours curieux et ouverts pour soutenir la création artistique et musicale !
AURELIE ROQUET
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ?
Bien
sûr ! A la fin de mes études, j’œuvrais activement pour une asso qui
organisait des festivals dans les environs de Nantes, tout en gérant une
petite boîte de formation et de conseil juridique aux administrations. Je
gagnais bien ma vie, mais je m’ennuyais ferme, je n’attendais que le
moment de pouvoir repartir avec un groupe ou un autre en tournée. J’ai
donc arrêté mon boulot de juriste, et crée il y a 10 ans On the Road
Again, une entreprise de tournées spécialisée dans les musiques
afro-américaines : blues, soul, funk…
|
Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
Sur un plan personnel, on n’est pas à plaindre, on vit à la campagne dans une maison assez grande pour ne pas se marcher dessus, et on a un chien qui était ravi de faire de grandes ballades. Il a fallu quelques jours pour prendre des repères, s’organiser avec l’école à la maison, mais ça a aussi permis de ralentir le rythme, de passer plus de temps en famille et moins d’heures dans le bureau.
Sachant qu’une petite journée calme, ça reste quand même 7/8 heures de travail pour un tourneur indépendant, au lieu de dix à douze...
Professionnellement parlant, par contre, ce n’était pas super, tu t’en doutes !
Évidemment, comme pour la plupart des pros, ça a été compliqué et angoissant de reporter et annuler les concerts, devoir relancer tantôt le comptable tantôt la banque pour avancer sur les questions de trésorerie, se débrouiller avec les infos et contre ordres sur les aides, etc.
Dans notre malheur, on a quand même eu globalement la chance que nos salles et festivals partenaires se soient montrés aussi fiables et solidaires que d’habitude, cela nous a permis de reporter la grande majorité de nos dates, au moins le travail de booking n’a pas été complètement perdu.
Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
Comme on travaille majoritairement avec des festivals, dès le premier jour, on a repoussé presque tous les concerts d’un an.
J’avais établi à la fin du mois de mars un prévisionnel financier avec une reprise en été, et non mi-avril ou début mai comme beaucoup de « grosses prod » et même une partie de mon staff l’espéraient.
Le déconfinement en mai n’a pas permis la reprise des concerts, en revanche, on a pu poser quelques dates nouvelles pour l’automne et pour 2021, presque toutes pour remplacer les artistes américains toujours absents du paysage.
On a pu faire deux concerts en août, ce qui nous a réellement fait du bien au moral.
La rentrée de septembre a été par contre très dure à vivre.
On a remis tout le monde au travail : les musiciens en répétition, l’équipe de production et d’administration... Sans même savoir si les concerts pourraient avoir lieu ou non quelques semaines plus tard, puisqu’on parlait de 2e vague déjà début septembre.
Dans le même temps, il fallait quand même être présent sur le booking pour ne pas prendre de retard sur la saison culturelle suivante.
Au final, on s’est épuisé pendant deux mois à mettre en place des plans, et même des plans B ou C pour l’automne, et voir tout tomber à l’eau fin octobre avec l’annonce du reconfinement.
Même si on s’y attendait, ça a été un mélange de tristesse, d’épuisement, d’agacement, et aussi, il faut avouer, une pointe de soulagement de ne plus avoir à travailler dans le vide.
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?
On travaille avec des structures organisatrices très différentes, du centre culturel au grand festival, en passant par des associations locales gérées par des bénévoles et des services culturels de mairie.
Tout est donc en contraste, c’est le grand écart entre ceux qui sont aux abonnés absents, placés en chômage partiel pour beaucoup, et ceux qui essaient à tout prix de maintenir un lien avec les artistes et le public avec des actions atypiques.
En temps normal, on doit déjà s’adapter au fonctionnement de chacun, dans le cas présent, c’est encore plus vrai.
Ce virus aura aussi au moins eu le mérite de nous permettre de mieux communiquer avec certains responsables de salles ou de festivals, mais aussi avec des confrères producteurs, grands et petits. J’espère que ces échanges constructifs continueront.
La problématique de l’accès au crédit pour une entreprise de spectacle, par exemple, est une difficulté un peu taboue dont personne ne parlait avant mars 2020, et qui s’avère être un obstacle majeur récurrent au développement des entreprises culturelles. Quand tu apprends qu’une prod qui fait des dizaines de millions de chiffre d’affaires annuel n’a jamais pu obtenir le moindre prêt bancaire en 20 ou 25 ans, tu te sens moins seul !
Par contre, évidemment, tout n’est pas rose non plus. Certains producteurs qui monopolisent pas mal les médias pour se plaindre de la situation malgré toutes les aides financières reçues, envoient en parallèle leurs bookers vendre des tournées à moitié prix à des salles qu’ils jugent habituellement trop petites pour les intéresser…
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touchée ?
Oui, il va y avoir des dégâts, certaines prod ne survivront pas à une année blanche, surtout celles dont la trésorerie était déjà fragile avant le cataclysme. Certains dirigeants bénévoles, ou professionnels indépendants n’ont pas les outils ni le soutien pour demander les aides auxquelles ils ont droit, cela va donc aboutir à des radiations et des licenciements, fatalement, comme dans tous les secteurs économiques.
On travaille avec des intermittents, j’ai donc mis en place le chômage partiel dès que ça a été possible pour eux au printemps, afin de pouvoir garantir des heures à ceux qui le souhaitaient, pour les projets de tournée sur lesquelles ils auraient dû travailler.
Malheureusement, le système du Pôle Emploi est tel que les heures d’activité partielle seront comptabilisées avec un brut à zéro, autrement dit le renouvellement de l’intermittence se fera, mais sur une base minimum. Pour beaucoup, ça va donc être un cadeau empoisonné, et on regrette presque d’avoir voulu bien faire.
Et je ne parle même pas des indépendants, qui n’ont pas la protection du chômage partiel, ni du chômage tout court, et qui se retrouvent sans boulot depuis des mois, je pense aux attachés de presse, graphistes, et toutes ces professions qui œuvrent autour du spectacle.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
Je travaille beaucoup avec des artistes américains et britanniques, je me rends donc bien compte à quel point on est aidé en France par rapport à certains pays.
La plupart des artistes américains ont reçu un chèque de 1200 dollars en tout et pour tout depuis le mois de mars, des appels aux dons ont été faits pour Lurrie Bell, Eric Gales, et tellement d’autres qui vivent quasi uniquement des concerts.
Des musiciens britanniques avec qui on travaille ont pris un boulot de livreur pour payer leurs factures.
Alors, on peut râler comme tout bon français, mais il faut quand même reconnaître que les aides aux entreprises ont été mises en place de façon très rapide et surtout efficace.
Pour les aides spécifiques à la culture, c’est autre chose, en effet. La procédure pour bénéficier des fonds du Centre National de la Musiques – les fameux 200 millions pour la musique – est tellement complexe et paperassière que même des grandes structures y ont renoncé...
Pour le moment, pour une structure « légère » comme la mienne, c’est-à-dire sans charges fixes lourdes en dehors des salaires, les aides reçues sont suffisantes. Je dis bien « pour le moment ».
Ma crainte principale, c’est surtout que les aides s’arrêtent aussitôt que la reprise aura été annoncée.
On ne pourra pas reprendre les tournées du jour au lendemain sur un coup de sifflet, ça je crois que toutes les boîtes de prod, grandes ou petites, s’accordent là-dessus. La reprise va nécessiter une trésorerie solide pour refaire des avances de frais de voyage et de cachets, sans pour autant pouvoir compter sur des acomptes, soit qu’ils auront déjà été versés l’an dernier pour les concerts reportés, soit que les structures organisatrices ne pourront ou ne voudront pas les verser, de peur que tout s’arrête à nouveau brutalement.
Il y aurait donc besoin a minima de prolonger le fonds de solidarité, et/ou de forcer les banques à accorder plus facilement des prêts garantis, au moins jusqu’à l’été prochain, si on ne subit pas une 3e vague au printemps...
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
Il a été précisé que les concerts pourraient reprendre au 15 décembre 2020 si la situation sanitaire le permet.
Je crois que le souci des gouvernants était surtout de mettre tout le monde sur un pied d’égalité, mais tout en sachant pertinemment que la plupart des spectacles ne pourrait pas réellement reprendre avant début 2021.
Qui dans le spectacle vivant privé va se risquer à financer des répétitions et ouvrir une billetterie pour remplir en moins d’un mois une jauge qui ne permet de toute façon pas de rentrer dans ses frais ?
Des services culturels de mairie ont déjà annoncé la fermeture de salles municipales et l’annulation de spectacles jusqu’en mars 2021, fin de la période d’état d’urgence sanitaire.
Il y aura toujours des acharnés pour proposer des concerts en jauge ultra réduite, ou bien filmés sans public et diffusés en ligne, et heureusement qu’il y a des pros qui trouvent encore l’énergie pour avancer, mais on a vécu une année épuisante et traumatisante, et la tendance générale semble plutôt de fermer boutique pour reprendre des forces et repartir en début d’année prochaine dans de meilleures conditions.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
L’année 2021 va être compliquée, c’est le moins qu’on puisse dire.
Si elles peuvent avoir lieu, on s’attend à des tournées « gruyère », c’est-à-dire avec beaucoup de jours off entre les concerts, donc des coûts logistiques augmentés, car tout le monde va vouloir maintenir ses dates coûte que coûte pour ne pas perdre de chiffre d’affaires. L’offre artistique risque donc d’exploser pour les programmateurs, en tout cas pour les rares qui auront encore des concerts à programmer.
Si on a reporté 75 % de nos concerts, ça veut aussi dire que la programmation des salles et des festivals est faite à 75 % au moins, ça laissera peu de place à de nouvelles tournées avant 2022.
On a un beau catalogue d’artistes français et européens de très haut niveau, mais beaucoup de programmateurs dans notre circuit attendent le retour des artistes américains.
C’est dommage, mais je ne pense pas que la remise en question sera possible ou suffisante, en tout cas pas dans notre marché de niche.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Je n’en suis pas certaine, en tout cas dans un avenir proche, peut-être verra-t-on un peu de changement à la marge, mais je crois que la plupart des pros attend juste le retour « à la normale », donc à l’avant covid.
Je sais que certains grands groupes s’orientent vers une normalisation du live stream payant pour leurs têtes d’affiche, si c’est ça la prochaine évolution du spectacle vivant, les boîtes de prod à taille humaine vont vite être dépassées, mais c’est aussi la mort assurée des festivals.
Si c’est l’après-covid qui nous attend, ça va être bien triste...
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
J’aimerais juste que les gens continuent à écouter de la musique, même en streaming, à offrir des billets de spectacle pour Noël, à partager leurs vidéos préférées sur les réseaux… tout ce qui peut permettre aux artistes indépendants d’exister et de gagner leur vie grâce à leur talent et à leur persévérance.
Il ne tient qu’à nous de les soutenir et faire en sorte que la culture survive à cette période.
PIERRE TERRASSON
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ? Pierre
Terrasson, 40 ans de bons et loyaux services : j'ai démarré en 1978
1980 en faisant des photos de Gainsbourg, Daniel Darc, Talking Head…
J'ai travaillé dans la presse musicale, la presse rock, et la grande
presse, puis je suis devenu le photographe attitré de Vanessa Paradis et
de Bruel. Puis j'ai fait un tas de trucs, des mises en scène pour
des magazines comme QUO qui faisait des thématiques proches de la pub,
de la mode masculine, des clips aussi. Et maintenant je suis plus axé
vers des expos parce qu'il y a beaucoup moins de production et je me
suis un peu lassé. Je ne fais quasiment plus que des expos et des
bouquins. J'ai fait 14 bouquins jusqu'à maintenant plus d'autres en
participation. |
Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
Plutôt mieux que celui-là en fait, tout était arrêté, il faisait beau, j'ai un petit atelier avec un petit jardinet je me suis mis à faire autre chose… J'ai fait les beaux-arts à l'origine, donc je me suis remis à faire des choses manuelles comme de la fresque, de la mosaïque, de la peinture… j'ai recyclé mon passé, j'ai fait pas mal de collages à partir de photos à moi : par exemple j'ai pris une bâche des Clash que j'ai tendu sur un châssis de peinture puis que j'ai taggé, et puis j'ai fait pareil avec Tom Waits, j'ai projeté des confettis sur une photo ou lui lançait des confettis, j'ai recyclé des trucs de Gainsbourg évidemment, j'ai fait des collages sur du papier peint que j'avais arraché dans les logements de la cité des 4000 à La Courneuve avant que cela soit détruit…J'étais plus actif pendant le 1er confinement que maintenant, là mon atelier à Aubervilliers est tellement plein que je peux plus bosser devant, c'est plus qu'un stock de photos, de tirage d'expo… Des trucs que j'exposerai un de ces jours.
Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
Tu sais moi je suis déconnecté de ça, tout ce qui est grand concert, grandes salles j'y met plus les pieds. Ça m'emmerde c'est un peu le parcours du combattant, j'ai fait beaucoup de concerts en touriste ou en photographe et aujourd'hui je suis beaucoup plus proche de gens qui font des petites dates dans des bistrots ou l'accueil est plus sympa que des files d'attente à Bercy, moi ça m'intéresse pas.
A part l'exception, j'étais allé voir King Crimson à Pleyel et à l'Olympia car je suis très fan, et c'est énorme, 3 batteurs en devant de scène c'est une tuerie. J'ai toujours aimé la musique progressive, les premiers Pink Floyd, Soft Machine, tous ces trucs de vieux planant quoi ...
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?
Je crois qu'elle ne fonctionne pas du tout…. Quelle activité musicale ? Même le back catalogue est moins actif, je travaille uniquement avec les majors, et il n'y a aucune création depuis longtemps, plus de 20 ans déjà. Je me sens très déconnecté de tout ça, cette nouvelle génération, je ne vais pas tellement vers eux quoi. C'est pas sympa, je suis pas un mec sympa (rires)...
Non je fais beaucoup de petites prod pour des gens qui sont complètement inconnus. Le problème, c'est que le public ne voit pas les photos car les disques ne sortent pas, ça met des années pour sortir y a pas de promo derrière, personne n'en sait rien et c'est dommage. L'image, j'ai un peu levé le pied, c'est un peu éreintant.
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
Personnellement je ne suis pas touché car j'ai des archives qui sont incontournables, donc je ne suis pas pauvre quoi. Tant que l'édition fonctionne encore... Je touche les collectionneurs donc je peux me permettre de leur vendre des photos, sinon au niveau du papier pur c'est terrible, la presse est complétement inexistante, je reçois des relevés de piges d'agences qui tournent des fois à 50 centimes une utilisation Télé quoi... Les mecs ils ont le courage de t'envoyer ça, 8 parutions 8 utilisations d'images en un mois pour 50 euros... J'ai la chance avec ce que j'ai fait d'être un peu incontournable en ce qui concerne Gainsbourg, Jagger, Bowie par exemple, donc je ne suis pas malheureux par rapport au jeune qui commence la photo maintenant… J'ai cette chance d'avoir un passé important et a priori qui restera.
Maintenant les mecs qui font ce boulot aujourd'hui, ils n'ont pas la matière déjà, et ils n'ont pas les supports... On ne leur facilite pas la vie, si j'avais 20 ou 30 balais maintenant je ne démarrerais pas une carrière avec ça, et je croise les doigts pour eux. J'ai fait ce boulot par soif de liberté, dans les années 80. Ça a été un peu tendu après, mais à l'époque si tu produisais quelque chose tu le vendais, c'était énorme et c'était une chance inouïe.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
Quel quoi ... aide ? Euh je ne suis pas au courant ... (rires). Le gouvernement c'est Bachelot je crois hein c'est ça (rires) ? Des gens que tu ne vois jamais nulle part quoi. Tu les vois dans leur cercle à eux et ça s'arrête là... Pour te donner un peu une idée du rapport à la culture et du rapport à la photo rock et musicale, c'est quelque chose que les gens ne connaissent pas. Je suis à Aubervilliers depuis 40 ans et je n'ai jamais fait une expo à Aubervilliers par exemple. C'est particulier ce style de photos, de façon générale ça a toujours été considéré comme un boulot pas sérieux. J'ai toujours senti que je ne faisais partie de rien, quelque part ça me va mais ça me fait des fois de la peine quoi. On ne t'intègre pas dans ce milieu de la photo, c'est pas assez intellectuel, t'es pas à Arles tous les ans. C'est vraiment pas un truc reconnu la photo de rock, c'est un petit milieu et puis c'est un peu considéré comme un boulot de groupie...
Dans les années 80, les gens ne comprenaient pas que je puisse passe de Julien Clerc à The Cure, j'ai fait 10 ans de Hard j'ai fait Motörhead à l'Hammersmith en 80, plein de trucs comme ça, je savais pas ce que je fabriquais mais j'y allais quoi...
A l'époque je passais mon temps chez les kiosquiers, j'adorais ça, j'allais prendre un café, j'achetais la presse et je regardais si j'avais des photos dedans, c'était bandant... Je me rappelle quand j'étais revenu de Londres 82 83 j'avais fait des photos des Cure en studio pour leur album "The top" j'avais déposé les tirages à Libé et le lendemain je vais chez les kiosquiers et je ne m'y attendais pas, j'ai fait la couv... Une photo rare de Cure et Bayon était complétement dingue des Cure. A l'époque on proposait ses photos au journaliste directement, ça lui plaisait ou pas.
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
Oui c'est terrible d'aller voir des concerts debout sur une croix par terre c'est pas très bandant. Je suis surtout triste pour les indépendants, tous ces gens qui sont en stand by.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
De mon côté je me suis déjà organisé dans ce sens-là. Je sais qu'il faut que je n'attende rien quasiment de personne. D'un autre côté, je ne suis pas à plaindre, je ne suis pas malheureux. Au niveau économique, il y a déjà pas mal de trucs qui s'organisent différemment. Les labos qui sont fermés actuellement essaient de trouver une autre économie en faisant de la vente en ligne de tas de photographes. Ils sont en train de monter un site qui va voir le jour en fin d'année. Le milieu de la photo est en train de s'organiser différemment, c'est plutôt bien. Tout le monde est dans la même galère. Avant ce qui était important pour moi c'était de faire de l'image, aujourd'hui je reviens un peu sur le passé, j'ai déterré des photos de la route 66 que J'ai traversé dans les années 90. J'ai fait un tas de photo panoramiques. A l'époque je survolais mes cliches sans vraiment les assimiler, aujourd'hui je me replonge dedans et je commence à les digérer (rires). La période COVID m'a donné l'envie de ressortir tout ça et de les retravailler différemment. J'ai toujours été assez autonome.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Oui c'est clair
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
Ça risque d'être un peu banal ... Schématiser les choses ... Rester soudés, je pense que tout le monde l'a compris... Continuer de croire aux choses sans en attendre grand-chose.
DIMITRI VASSILIU
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ?
Je
suis concepteur lumière depuis 25 ans. J’ai eu la chance de commencer
avec des artistes en début de carrière Zazie, Obispo, Calogero, ce qui
m’a permis de travailler vite sur des spectacles différents, autant
artistiquement que techniquement.
|
Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
Je l’ai vécu très mal, j’étais sur la route. J’ai monté trois spectacles qui venaient de partir sur les routes et chacunes des tournées n’a fait que trois ou quatre shows, quelques mois pour les monter et donc une grande tristesse de devoir s’arrêter en plein élan.
Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
Longue période d’hésitation pour les producteurs, les artistes et les techniciens, nous ne savions plus ce que nous devions faire, nous avons monté plein de projets et nous avons tous travaillé énormément pour essayer de créer des choses qui n’ont finalement pas eu lieu.
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?
Plus rien, tous s’annule ou se reporte au fur et à mesure. Plus personne ne veut perdre d’argent et d’énergie, toutes les tentatives ont échoué, toutes les salles ont travaillé à des solutions qui finalement n’ont servi à rien. Beaucoup de déception. Restent les concerts en streaming, une bonne solution à très court termes ...
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon dont tu as été touché ?
Pour moi 8 mois sans aucune aide. Toutes les économies y passent, on garde espoir. Beaucoup de dépression autour de moi, beaucoup de techniciens et techniciennes seules avec leurs enfants qui n’ont plus ou très peu de ressources, et un autre problème qui est l’habitude de bouger, l’habitude d’être toujours sur la route, l’habitude pour nos femmes, nos enfants de nous voir que quelques jours par mois. C’est compliqué pour les couples, pour les enfants, pour nous.
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ?
J’ai peur que l’argent ne soit pas redistribué équitablement aux prestataires multiples, aux techniciens à tous métiers, aux non intermittents, certains vont souffrir, d’autres vont être sauvés. Mais là, je peux pas vraiment savoir, malheureusement, je ne suis pas assez renseigné et je suis pas assez dans le business pour savoir ce qu’il se passe vraiment.
Les aides apportées à la culture sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
Je crois que beaucoup d’entre nous préféreraient travailler qu’être aidé. Si on pouvait choisir, beaucoup préféraient y passer à cause du Covid que de la dépression qui ronge la plupart d’entre nous.
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
Je suis désarmé, les théâtres et les cinémas sont près à ouvrir. On peut faire la queue devant des boutiques, dans la rue, mais pas devant un théâtre.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
Pas de nouvelles façons de travailler, juste des budgets et des salaires à la baisse.
De véritables impasses artistiques à venir.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Oui, bien sûr.
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
J’aimerais que le gouvernement arrête de nous traiter de « non-essentiel », ce manque de respect nous énerve, c’est comme si moi, je me permettais de dire d’eux que ce sont des fils à papa incultes et déshumanisés.
PIERRE VEILLET
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ?
Je
suis éditeur de trois magazines depuis presque dix ans : MyRock,
Plugged et Reggae Vibes Hi Hop. Auparavant, j’étais rédacteur en chef ou
éditeur délégué de magazines musicaux (Rock Sound, Groove, Trax, Ragga,
Hard N4 Heavy, World, Celtic, Classica… puis Rock One, Rap Mag et World
Sound) depuis 1992. En outre, je fais de la photo portrait et live
depuis 2003.
Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ? Comme
un choc émotionnel. L’impression d’affronter un mur économique, une
étape sanitaire bien insaisissable. Plus de concerts, plus de festivals,
moins de sorties de disques, des magazines amis qui s’arrêtent ou qui
ralentissent leurs sorties : pas facile pour évoluer avec toutes ces
incertitudes. |
Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
On a toujours continué de faire nos magazines, les phoners, boomers et autres supers (il faut bien les nommer !) ont remplacés petit à petit les interviews en face to face, et on a remisé à plus tard les nouvelles sessions photos pour nos propres archives et documents fournis par les labels. Pour résumer, en termes de production de reportage en présentiel, entre juin et septembre, on a pu faire l’équivalent de ce qu’on faisait en deux semaines avant la pandémie. Un séisme dans nos vies !
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars?
Comme elle peut. Pas vraiment en fait. Les tourneurs et festivals sont à l’arrêt et encore en attente de bonnes nouvelles pour 2021 (et sans doute parfois 2022…). Les labels ont sérieusement diminué leurs sorties, surtout que dès octobre la plupart des disquaires ont été obligés de fermer. Du coup, notre CA pub musique a fondu comme neige au soleil.
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
On n’a pas encore un bilan de tout ça, vu que la Covid est encore bien parmi nous. On compte les confinements comme autant de nuages sombres pour l’avenir de nos métiers visiblement non-essentiels…
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes ? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
La plupart sont bienvenues et nécessaires, notamment pour les intermittents. Reste qu’il y aura toujours des trous dans la raquette et que certains d’entre nous demandent juste à travailler, sans forcément quémander de l’argent public, et peser un peu plus sur les générations futures.
La culture, c’est ce qu’on lègue. Inutile de tergiverser. Il faut l’aider. Notamment, ça commence par ouvrir vite les lieux de concerts et spectacles avec des conditions sanitaires strictes mais compatibles avec la gestion de ce genre d’événement. Pour les gros événements (genre festivals), sans doute les assurances et gros managements vont demander une attestation vaccinale récente (comme cela se fait dans certaines compagnies aériennes…). En dehors de la légalité de la démarche, le public sera-t-il prêt à cela ? Bref, 2021 ne va pas être simple.
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
Continuer d’acheter des disques et des magazines dans les petits commerces. Quant aux sorties, juste prendre son mal en patience et bien se préparer à aborder 2021 avec La Covid toujours là et espérer 2022 sans pandémie.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
On pressent pas mal de sorties de disques (vu que les artistes sont restés confinés…), en attendant le retour des tournées et festivals. Les choses vont sans doute s’améliorer, 2020 ayant été terrible, on peut imaginer une voie de sortie.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Oui un peu comme il y a eu un après les attentats 2015, même s’il convient de ne pas mélanger les deux chocs. C’est en tout cas la première crise dans l'ère du digital. Et, pour l’instant, le digital semble l’emporter sur l’ancienne économie. Ça donne à réfléchir sur la suite…
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
Juste se dire qu’on va s’en sortir mais que ce sera sans doute plus compliqué que prévu. Et que l’imprévu reste une valeur très humaine !
ROGER WESSIER
| Tout d'abord peux-tu nous présenter un peu ton travail et nous dire quelques mots sur toi ?
Bonjour,
je me nomme Roger Wessier, 56 ans, attaché de presse au sein de Replica
Promotion depuis 2004. Depuis les années 80, j'évolue dans le milieu
musical et me suis essayé à quelques postes au sein de ce milieu musical
(musicien, manager, organisateur de concerts, régisseur,
tourmanager...)
Au mois de mars, un premier confinement endort la France et le milieu musical : comment as-tu vécu ce 1er confinement ?
Comme
un immeuble qui me tombe sur la tête mais comme à tout le monde sur
terre. Coup de massue passé, il a fallu s'adapter, dans le cadre de mon
travail d'attaché de presse, des albums devaient sortir, on a repensé
aux venues promo en les transformant en interviews phoners, skype, ceci
pour ne pas perdre trop la dynamique. On a toujours continué à envoyer
des news sur nos artistes même si des labels nous ont stoppé le boulot
et que plein d'artistes ont décalé leur sortie d'albums
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Puis est arrivée la période de déconfinement en mai, avec quand même un peu (mais quasiment rien pour certains) d'événements musicaux comment appréhendais-tu ces moments ? As-tu pu replanifier / retravailler sur tes projets ?
Notre partie de la comm sur les concerts, évènements, festivals a été tout simplement stoppée, dates repoussées, annulation pas le choix là-dessus, le seul concert où on a communiqué a été le concert de TOYBLOID en septembre au Trabendo (en extérieur) tout le reste a été annulé.
Comment fonctionne à ton niveau l’industrie musicale depuis l’arrivée de la Covid 19 mi-mars ?
Au ralenti forcé malheureusement… Les gros groupes tireront leur épingle du jeu, je pense au nouvel album de AC/DC qui a priori marche fort malgré le marasme ambiant et avec les magasins qui sont restés fermés plusieurs semaines, ça n'a pas aidé, peut être qu'avec la réouverture, les gens vont se rattraper en consommant plus de musique.
Depuis le début de cette épidémie, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi, quelles sont ou quelles seront les conséquences dans le milieu artistique ? Peux-tu nous dire de quelle façon tu as été touché ?
Au début du confinement, on a perdu un label et un autre qui nous a stoppé pendant 3 mois. Beaucoup de groupes qui font appel à nous ont aussi décalé leur sortie (des groupes nous sollicitent sans passer par un label).
Je pense que malheureusement beaucoup de groupes vont stopper, certains n'ont que la scène pour rentrer de l'argent et si dans ces groupes, les musiciens n'ont pas le statut d'intermittents du spectacle (et il y en a beaucoup), ils ont dû retrouver un job et/ou vont changer de branche (enfin ils vont essayer car dans plein d'autres secteurs c'est terrible aussi : je pense aux loueurs de véhicules, tourbus, backline ( instruments, amplis etc ) , restos, bars, le secteur du tourisme, de l'hôtellerie etc etc..
Que penses-tu des mesures gouvernementales mises en place pour aider le monde de la culture ? Les aides apportées sont-elles suffisantes? Quelles seraient selon toi les actions à développer en priorité ?
Je pense qu'il n'y a pas eu d'aides "spécifiques" pour le monde de la culture, à part les intermittents du spectacle qui ont tous droit à des allocations pôle emploi (prolongées jusqu'à août 2021) et que leurs dossiers "en cours pour renouveler leurs droits ont été gelés et prolongés ". Après les aides sont rentrées dans des cases, salarié = chômage partiel, télétravail…
Certaines aides dans des cadres précis ont été mises en place (chômage partiel, crédits PGE) mais beaucoup ont été oubliés en chemin, attachés de presse indépendants, gérants de structure qui eux n'ont rien eu ou pas grand-chose, pour les salles de concerts, il me semble aussi que l'aide n'a pas été au rendez-vous. Une aide pour garder les structures en place et n'importe quel lieu (appartements, salles, bars, restos etc... coutent cher jour par jour ), la crise économique qui est en train de s'abattre va être terrible. Beaucoup vont rester sur le carreau c'est sûr et certain.
Moi j'aurais fait (sur présentation des bilans bien sûr) :
Si on te force à fermer : 1, tu mets tes salariés en chômage partiel d'abord et ensuite 2, tous tes autres couts auraient dû être pris en charge, valables pour plein de boites : restos, bars, gites, commerces, salles, théâtre, salle sport etc... cela aurait contenté tout le monde mais non, chaque secteur différent, tout cela pour éviter de trop dépenser de l'argent du pays, ils vont voir combien ça va couter dans le futur avec l'arrêt, les dépôts de bilans à la pelle qui vont arriver.
Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confinés, on commence à parler doucement de la réouverture des disquaires, des cinémas, des théâtres, mais toujours rien au niveau des concerts... Comment réagis-tu face à cela ?
Oui, réouverture mais avec des consignes sanitaires renforcées : il est impossible de rouvrir aux concerts, il faudrait diviser par 24 la capacité des salles, avant tu pouvais mettre 3 personnes au mètre carré, maintenant 1 personne pour 8 mètres carrés, IMPOSSIBLE, les coûts sont trop énormes pour les organisateurs, salles, discothèques malheureusement. Je pense que ça pourrait reprendre en milieu d'année 2021, mais à voir si le vaccin va être efficace.
Comment envisages-tu l’avenir artistique pour 2021 : penses-tu que nous aurons tous une nouvelle façon de travailler ?
Je pense que oui évidemment, cette crise sanitaire va engendrer des profonds changements sociaux, de relations entre les hommes et malheureusement on va donc ensuite devoir suivre des protocoles stricts, on est déjà sous l'eau entre les lois, la paperasse, ça va être encore plus contraignant je pense.
Selon toi, y aura-t-il un "avant" et un "après" Covid 19 ?
Sans aucun doute oui. Crise économique qui va perdurer et s'ajouter à cette crise sanitaire, et pour beaucoup de gens ça va être compliqué, pour les jeunes qui arrivent maintenant sur le marché de l'emploi, ça va être très chaud pour eux.
Si tu avais un mot, un message à faire passer ?
Faut garder la foi, cette vie vaut d'être vécue et après la tempête il y aura l'accalmie.
Thierry Cattier