samedi 3 avril 2021

GAELLE BUSWEL // Interview // Just Like The Wind... Paris 2 Avril 2021.

 
A l'occasion de la sortie de son nouvel opus "Your Journey", Gaelle Buswel nous a accordé une interview où elle revient sur les moments phares de sa carrière, et nous dévoile quelques belles anecdotes.

C'est avec un grand plaisir que nous avons pu avoir cet échange avec Gaelle, qui nous a donné de son temps en répondant à nos questions avec toute la sincérité qui la caractérise.

Bonne lecture !
 


Quelles ont été tes premières découvertes musicales, tes premières influences et tes idoles ?

Gaelle Buswel. Il y en a eu pas mal, ça allait de Neil Young à Janis Jopling, en passant par Joe Cocker... Toute la période de Woodstock, car c'est ce qu'écoutaient mes parents. J'ai adoré découvrir Jonny Lang quand j'avais 15 ans ça été une vraie révélation cet artiste. Il y a eu aussi dans mes premières influences Bonnie Raitt et Pura Fé dans les influences qui m'ont inspirés. Et c'est marrant mais ado j’adorais aussi écouter Pink mais en acoustique.  

A quel âge as-tu commencé à apprendre à jouer d'un instrument puis commencé à écrire tes premières chansons ? Te souviens-tu de tes premières créations ?

Gaelle Buswel. J'ai commencé la guitare à 13 ans dans une MJC de quartier, et les 1ères chansons que j'ai commencé à bosser à la guitare c’était du Francis Cabrel !! Je l’adorais et je l'adore toujours autant.
Et c’était super pour apprendre à mêler le chant et la guitare en même temps. C’était juste pour m'accompagner. J'ai arrêté pas mal d'années la guitare avant de reprendre quand j'ai vraiment voulu commencer à composer.
Mes premières créations ont surtout été des textes en français, J'ai écris pour une comédie musicale à la Fac qui s'appelait « Couleurs d'amour » et qui était basée sur les différences sociales, sur les différences de couleurs de peaux.... On avait monté une association avec des copines, on était toutes d'origines diverses et on voulait juste essayer d'ouvrir les yeux des gens sur ces différences que les gens créent et qui ne devraient pas exister.  

Comment procèdes-tu pour écrire tes chansons, entre le moment où vient l'idée d'un texte et celui de l’écrire ?

Gaelle Buswel. Il n'y a pas de règles, souvent c'est parce qu'il vient de se passer quelque chose qui m'a marqué ou touché et du coup je me jette sur la guitare et le papier en même temps et je laisse l'émotion me guider. Puis après on revient 200 fois sur ce qu'on vient de faire pour voir comment on peut le faire évoluer, et des fois ça nous emmène encore ailleurs :)  

Te souviens-tu du tout premier concert que tu as donné ? De la ville et/ou de la salle ?

Gaelle Buswel. Oh oui ! C’était folklorique et tellement drôle c’était le Balajo de Bastille à Paris et j'avais joué et chanté la ballade de Jean Batailleur de Zachary Richard en 1er, j'avais 15 ans peut être. J'étais à fond dans le côté acoustique folk. Et en même temps j'étais toute seule à la guitare et c’était le plus simple pour pouvoir jouer partout sans être dépendante de qui que ce soit. C'était super formateur.
Par la suite j'ai eu un groupe de Funk Rythm and Blues de covers, c’était mon premier groupe avec des vrais musiciens et une section cuivres lol et le 1er concert était au Petit Journal Montparnasse de Paris.
Et ensuite mon 1er vrai grand concert en composition blues rock c’était au Soubock de Cauville en 2009 si je ne dis pas de bêtises.
Voilà là t'as tous les débuts haha.

Depuis ton 1er album « Yesterday’s Shadow » en 2012, tu collabores avec Neal Black. Comment s'est passée votre rencontre ?

Gaelle Buswel. Neal c'est mon papa spirituel de la musique !! C'est une superbe rencontre ! C'est grâce à Neal que j'ai lancé mes projets solos.
Et tu vas rire mais on s'est rencontré via myspace !! haha. A l'époque j'avais joué avec mon 1er groupe de compos qui s'appelait  « Cam On » et on avait joué au Soubock en 2009 et curieuse que je suis j'avais looké toute la programmation qui passait et je suis allée écouter en détail ce que faisait Neal et les autres artistes sur myspace et j'ai adoré, je lui ai envoyé un message juste pour dire bravo, trop la classe, je t'ai découvert grâce au Soubock.... Et là il me répond, waouh merci mais quelle voix tu as, tu veux qu'on bosse ensemble ?
Et c'est parti de là,  si cet email ne serait pas parti, je ne serais pas là à discuter de ma musique avec toi aujourd’hui !! Neal m'a poussé à développer mes compos ! Et à le faire sans rien attendre de personne,  sans être dépendante des autres, juste en fonçant et en le faisant le plus sincèrement et honnêtement possible. J'adore bosser avec Neal !


Tu as tourné dans plusieurs pays (Japon, Etats-Unis, etc...), comment ressens-tu l’accueil et les réactions de tous ces publics différents ? Gardes-tu quelques souvenirs marquants de tes concerts à l’étranger à partager avec nous ?

Gaelle Buswel. C'est génial !! chaque culture est différente, mais chaque public nous a toujours accueilli dans le respect et la bienveillance ! Et c'est fabuleux quand tu peux aller à la rencontre d'un public américain où la musique que nous faisons vient de chez eux. Et de les voir fiers que l'on porte leur musique en Europe c’était hyper encourageant. Et au Japon c'est incroyable car les gens lorsqu'ils sont fans d'un groupe, ils sont fans à vie et il peuvent être fan de métal, de rock, de musique classique de pop en même temps. Et le Japon nous avons pu y aller car des fans japonais demandaient nos albums dans les Tower Records. Et une boutique à réussi à contacter mon distributeur de l'époque pour avoir des cds de yesterdays shadow et black to blue dans sa boutique. Et je me rappellerai toujours, la 1ère fois que nous sommes allés jouer au Japon à Tokyo, il y avait un fan qui rêvait de nous rencontrer et qui nous suivait depuis déjà 6 ans, le jour du concert il ne pouvait pas venir car il travaillait , du coup on lui a donné rdv dans un café pour le rencontrer, il était trop ému et nous a offert plein de petits cadeaux trop mignon !! Pour moi c’était important car c’est peut être grâce à lui que nous nous sommes retrouvés là-bas ! Et je suis toujours contente de rencontrer les premiers fans qui nous ont soutenu et qui sont encore là aujourd'hui !! on existe grâce à eux et en tant qu'indé c'est fabuleux de se dire que des gens aiment notre musique autant qu'un groupe connu.

Tu as fait les premières parties de Jonny Lang, Beth Hart, Ringo Starr, Mathieu Chedid, Vintage Trouble, ZZ Top, Status Quo et beaucoup d'autres. Peux-tu nous faire partager quelques souvenirs de ces premières parties ? As-tu gardé des liens avec les artistes que tu as rencontrés ?

Gaelle Buswel. Oh lala il y en a plein des souvenirs !!! Ce sont des artistes fabuleux !!!
Jonny Lang, c'est un artiste, humain en or. Je le connaissais déjà avant de faire la tournée et son manager nous suivait beaucoup, donc cette tournée était fabuleuse.
Ringo Starr c'était drôle car on avait que 7 minutes pour faire la balance et pendant notre balance quelqu'un vient me taper sur l'épaule et en me retournant je vois Ringo Starr qui me dit "Hey Salut Gaelle, je suis Ringo, je suis super content que tu fasses notre 1ère partie". Et mon réflexe a été de regarder les garçons pour voir s'ils voyaient la même chose que moi, si ce n’était pas une hallucination. Et j'ai répondu bêtement « hi » bouche bée ! Dans mon regard on avait l'impression que je découvrais la vie haha. Il a dit bonjour à tout le monde, puis s'est assis à la batterie derrière moi, pour faire une vidéo, nous avons de super souvenirs en photo de ce moment.
Des fois sur des 1ères parties tu ne sais pas si tu vas rencontrer les artistes ou pas. Et Ringo, on s’était dit qu'on ne le verrait pas. Et je me souviens il était avec Greg Bissonette, et Greg est resté tout le temps de notre petit concert à nous écouter depuis la console retour. Matthieu Chedid avait fait pareil,il avait assisté à tout notre concert et nous avait félicité.  
Et ZZ Top , on avait rigolé car à notre balance au Zenith de Nancy ; y'a un mec qui vient nous filmer et qui nous fait coucou, c'était juste Billy Gibbons. On a passé un super moment avec lui à la fin du concert ! Vraiment on a eu la chance de rencontrer des artistes qui ont marqué l'histoire de la musique mais qui en plus sont d'une gentillesse incroyable et d'une grande simplicité et ça, ça fait du bien.  

Avec ton nouvel album "Your Journey", tu as enregistré à ICP et tu as fini avec un détour par le fabuleux studio de Abbey Road. Raconte nous cette aventure ?

Gaelle Buswel. Ahhhhhhh j'ai toujours du mal à trouver les mots ! Car cette aventure est juste dingue, grandiose, inimaginable ! On pouvait pas rêver mieux ! Et surtout de toute ma vie je n'aurais jamais pensé qu'un jour je puisse enregistrer là-bas ! Et grâce à TOUS nos fans nous y sommes allés.
Tu sais quand tu te retrouves juste devant la porte d'entrée où il y a écrit Abbey Road, Studios tu sais pas si tu dois pousser la porte, tellement tu n'oses pas y rentrer !!
Tous les plus grands ont franchi cette porte, et on se sentait tout petits, on osait même pas parler dans les couloirs haha. Et puis l'arrivée dans le studio, c'est une vague d'énergie incroyable que tu te prends en pleine face quand tu pousses la portes ! Je me souviens Laurian, notre clavier a versé sa petite larme et c’était hyper émouvant de voir l'émotion que chacun avait. Et pourtant ce n'est qu'un studio avec des machines, des instruments me diront certains, mais non c'est ici que les précurseurs du Rock sont passés et c'est pas rien. Pour nous ça représente énormément de se dire que nous avons notre petite place parmi les plus grands à ce moment là. Il y a une énergie folle qui émane des murs de ce studio, chaque coin, recoin de ce studio raconte une histoire, une anecdote. Il y a dans un coin le piano sur lequel Obladi Oblada a été enregistré par exemple. Les garçons étaient là, what c'est à cet endroit précis que telle chanson à été jouée.... franchement il faut le vivre pour le croire et le ressentir.  Et franchement merci à tous de nous avoir permis d'aller aussi loin.
Blues Mag a sorti un reportage de ce que nous avons vécu à Londres, je vous conseille fortement de le lire pour vous plonger intégralement dans cette aventure unique.

Tu as choisi le crawfounding en 2014 pour "Black to Blue", et pour "Your Journey". Est-ce une expérience qui te permet d'être plus proche de ton public ?


Gaelle Buswel. Oh oui vraiment. C'est pas juste nos albums ce sont les vôtres aussi !! il y a une part de chacun d'entre eux dans toutes nos folles aventures !

Certains des titres de ton nouvel album "Your Journey" ont déjà été joués en concert avant leur enregistrement. Cela a-t-il une influence dans la manière de les travailler ensuite en studio ?

Gaelle Buswel. Pas forcément, sur certains on a juste voulu pousser le truc encore plus loin.  

Comment se passe le processus de création, entre les premières ébauches d'écriture et de composition du titre jusqu'à son enregistrement en studio et sa production ?

Gaelle Buswel. Souvent ça part d'un riff, d'un bout de guitare voix, d'un bout de texte, et puis on le développe. Sur cet album j'ai beaucoup collaboré avec mon équipe et ça c’était super, plus que sur les autres albums. Tout le monde avait des choses à dire et s'est impliqué à fond et c'était une superbe énergie collective, bon avec trop de morceaux au final haha, on a pas pu tout garder.
Angela Randall a beaucoup écrit avec moi, j'adore bosser avec elle, et parfois elle arrivait, "Gaëlle tu m'as inspiré ça j'ai écris une chanson sur toi et notre discussion d'hier".
Steve a composé à la guitare dans un premier temps comme pour "Your Journey", "Razor's edge", "All you Gotta Do", il faisait des lalalla et j'essayais de développer la ligne de chant avec lui et je commençais à écrire les 1ères idées. Il chantait même des idées de riffs de guitare et avait déjà l'idée de la rythmique à développer et de l'arrangement.
Michaal avait plein d'idées de riffs, de guitare voix  comme sur "Promise", "Perfect Lullaby"... et même il s'est mis à écrire sur le texte de "Louder". Il m'envoyait des tonnes de mémos. Et idem il avait des idées bien précise pour certains arrangements.
Moi j'arrivais avec des idées de Guitare Voix en disant bon je joue ça mais en fait ça, il faut que ça fasse ça à cet endroit là et là ça envoie haha....
On a eu ce morceau "Last Day" où c’était la première fois qu'on composé à 4 en même temps, Michaal est arrivé avec le gros riff de Guitare et on a développé toute la chanson, Steve, Michaal, JB et moi ensemble dans le petit garage de JB. C'etait une nouvelle façon de travailler pour moi mais c’était super. Chacun a quasi écrit ses parties musicales,  parfois orienté par l'un ou par l'autre.
Il y a un processus de travail à raconter sur chaque chanson mais ce serait trop long à raconter !
En studio, ils avaient tous des idées plus farfelus les unes que les autres qui fusaient dans tous les sens. Le trio Didier, Michaal, Steve derrière une console c'est assez fun à voir ! "What Might have been" c'était n'importe quoi, ils sortaient tous les instruments d'ICP pour les intégrer à la chanson, j'avoue sur le coup j'ai eu peur, Didier me disait t'inquiètes Gaelle fais-nous confiance. Ça m'a sortie de mon confort habituel de laisser la folie sortir de chacun d'entre nous, on se connaît depuis longtemps, donc on sait qu'on va tous dans la même direction, même en passant par des moments barrés. Même Laurian était au pays des claviers et sur place ça lui a inspiré pas mal de choses. Heureusement nous avions eu 12 jours d'enregistrement, ce qui laissait une grande part à la créativité du moment fou du jour pour développer des idées en plus, une fois sur place c'est là que la magie opère.

Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel tu aurais aimé jouer ?

Gaelle Buswel. Oh oui Steven Tyler est le prochain sur ma liste hahaha



Comment as-tu vécu cette période de la pandémie de coronavirus depuis un an ?

Gaelle Buswel. Écoute, c’était pas facile, y' a eu des hauts et des bas comme tout le monde, de gros changements de vie également et cette période est extrêmement anxiogène.  Je me suis vraiment demandée ce qu'on allait devenir à un moment donné et je me suis mise une pression folle car je me sentais responsable vis à vis de mon équipe et des fans qui attendaient cette sortie d'album, et avec laquelle nous étions complètement coincés a cause de la pandémie.
Mais si je dois garder le positif que ça m'a apporté, c'est que j'ai pris un énorme recul sur l'enregistrement de l'album. D'habitude t'enregistres, y 'a la promo et tu pars en tournée. Là il n'y avait rien et du coup j'ai pu vraiment apprécier cette phase d'avoir ce bébé à moi pendant quelques temps, avant de le partager et ça c'était super. Et aujourd'hui j'essaye de mettre beaucoup de choses en place pour booster le moral des troupes et qu'on puisse tous à garder le cap équipe et fans en même temps.

Depuis la COVID, tu as fait l'expérience du Live streaming sur le net, ce qui permet au public de ne pas couper le lien avec toi, mais comment ressens-tu la différence de cette nouvelle forme de communication ?

Gaelle Buswel. Ah je ne suis pas fan de ce système, on vient du live et nous ce qu'on aime c'est vivre un concert en direct avec les gens dans une salle. Mais on s'adapte, on essaye de pas trop en faire, car l'objectif c'est de se retrouver à l'entrée des salles de spectacles le jour où tout repartira, car c'est là que la musique a sa meilleure place et son meilleur échange émotionnel.
Quand on en fait on essaye de donner une autre dimension au live en streaming, ce qui est en live en streaming ne sera pas la même chose que sur scène et vice et versa:)

Aujourd'hui, quels sont tes groupes préférés ? Sont-ils les mêmes qu'avant ? Quel genre de musique préfères-tu écouter ? Y a-t-il une chanson ou un album qui restera pour toujours ?

Gaelle Buswel. Oui ce que j'ai aimé jeune, je l'aime toujours autant, surtout Jonny Lang haha, aujourd'hui j'essaye d'écouter d'autres groupes aussi, j'aime le rock et la folk avec toujours autant de passion. Mais j'aime beaucoup le gospel, certains morceaux d'opéra, des artistes récents de pop.... c'est suivant l'humeur et les découvertes, j'essaye d'être curieuse un maximum. J'avoue ces dernières années mon gros coup de cœur était "The Temperance movement", malheureusement le groupe a arrêté.
Je viens de créer une playlist spotify avec tous mes coups de coeur quand j’étais ado, je pense que ça fera sourire certaines personnes haha. Mais ce sont toutes les chansons qui ont eu un impact très fort sur ma vie à un moment donné.

Qu’est-ce que tu fais lorsque tu ne travailles pas? Quels sont tes passions et tes passe-temps?


Gaelle Buswel. Je suis H24 à développer ce projet, on travaille tout le temps haha.
mais j'adore voyager, les randonnées, tout ce qui peut me faire prendre l'air et surtout voir mes amis !!

Pour finir, si tu devais te rendre sur une île déserte et ne garder que 3 choses : un disque, un film et un troisième choix, quelle serait ta sélection et pourquoi?

Gaelle Buswel. Haha c'est trop cruel !!
Un disque : Signs de Jonny Lang , ça occuperait mes journées pour travailler les lignes de chant.
Un film "Les Goonies", juste parce que ce qui te ramène aux bons moments de ton enfance peut te faire tenir toute une vie !!!
3ème !!! ma guitare !! comme ça j'aurai le temps de composer et d'écrire au calme haha

Merci de nous avoir consacré un peu de ton temps et à bientôt sur scène.

Gaelle Buswel.
Merci à) toi et à très vite.



Th Cattier - Photo : Th. Cattier / Shooting Idols