Si Lex Koritni est Australien de naissance cela fait plusieurs années qu'il a choisi de s'installé en France et qu'il nous délivre régulièrement un album de pur Rock Australien pour notre plus grand plaisir. Toujours à la croisée des chemins entre Rose Tattoo, The Angels ou encore Jimmy Barnes Long Overdue son nouveau méfait ne déroge pas à la règle et voit Lex joué pour la première fois de la guitare. La nouveauté venant plutôt du groupe par lui même totalement remanié avec l'arrivée notamment de Tom Fremont à la guitare et d'une section rythmique redoutable avec Daniel Fasano à la batterie et Mathieu Albiac à la basse sur scéne. La force de Lex Koritni est de faire sonner ses morceaux comme personne grâce au talent de Kevin Shirley (Aerosmith, Iron Maiden, Led Zeppelin) pour le mixage assisté de Ryan Smith (AC/DC, Greta Van Fleet) au niveau mastering. Pour en savoir un peu plus sur son parcours depuis la sortie de Rolling en 2018 nous nous sommes entretenus avec Lex Koritni ! Un voyage à travers l'âme du Rock Australien sous influence française, l'hexagone étant un pays qui lui tient particulièrement à cœur ou Lex semble s'épanouir et être parfaitement adapté à notre culture culinaire ! Un entretien détendu placé sous le signe de l'humour et de la convivialité ou Lex se livre sans détour toujours avec sincérité ! Magnéto Lex c'est à toi !
En 2019 tu as pu tourner et jouer pour la troisième fois au Hellfest sur la mainstage le 22 juin 2022 quels souvenirs en gardes tu ?
Lex Koritni. Le Hellfest est toujours un grand moment. C’est très amusant car ça fait trois fois que j’y vais et à chaque fois c’est toujours plus grand, de mieux en mieux préparé. La dernière fois que nous y sommes allés il y avait une sacré piscine dans le carré V.I. P, et aussi des fontaines. C’était une expérience incroyable. C’est toujours sympa d’aller là-bas. J’ai pas mal d’amis à Nantes et c’est toujours cool de les retrouver. En général on trouve surtout une ambiance joyeuse sur ce festival, il n’y a pas de violences, de combats. Tout le monde est de bonne humeur. C’est un moment merveilleux.
Tu as eu l’opportunité de jouer sur la scène principale.
Lex Koritni. Oh oui. Toutes les fois nous avons joué sur la scène principale qui est évidemment bien. Le son est parfait, nous avons de la place pour bouger. C’est toujours un plaisir.
Tu as fait la première partie de Glenn Hughes à l’Elysée Montmartre le 6 novembre 2018 je suppose que ça a été un grand moment d'ouvrir pour une légende tel que Glenn Hughes ?
Lex Koritni. C’était super et ça s’est fait à la dernière minute. Le gars qui a gérait la promotion du show est un de nos bons amis. Je crois que la première partie a été annulée ou était en retard. Il m’a appelé pour me dire si je pouvais jouer quelques morceaux de guitares acoustiques pour donner un show de cette façon et j’ai répondu d’accord. Pas de problèmes. Ça s’est fait à la dernière minute mais on a eu du bon temps. J’ai toujours adoré faire du bruit sur scènes. Après j’ai vu une légende jouer. C’est toujours bon de voir Mr Glenn Hughes chanter comme un enfoiré.
Qu’est-ce que la scène représente pour toi ?
Lex Koritni. C’est l’autre partie de la musique. Quand tu enregistres un album tu écris des choses, tu utilises des techniques et c’est la création et la particularité de l’enregistrement. Et lorsque tu joues en live c’est l’autre versant de la musique. C’est aussi une partie importante. C’est toujours sympa de jouer en live et de recréer ce que tu as mis sur l’enregistrement. Quelquefois c’est approximatif, parfois c’est différent mais c’est toujours bon et c’est comme un animal vivant qui respire avec le public. Quand tu enregistres c’est un peu plus statique, scientifique. Je préfère jouer live que d'enregistrer. C’est simplement se déchainer sur la scène et avoir du bon temps.
Tu reviens six ans après Rolling avec Long Overdue. Comment as-tu cette fois ci travaillé sur la conception de ces douze titres ?
Lex Koritni. J’ai été très occupé dans ma vie professionnelle. Evidemment je vis en France, j’ai acheté une maison. Toute ma vie est ici. Le covid est arrivé et je ne travaillais pas. J’ai eu le temps de réapprendre à jouer de la guitare, le temps de manger beaucoup et de devenir gros et d’enregistrer cet album durant le covid. C’est pour cette raison que je suis ici. Cet opus est différent des autres car je joue de la guitare. Pour les prochains concerts je jouerai de la guitare et je chanterai accompagné par la basse. C’est différent mais cela devrait être bien.
Qu’est-ce que cela a changé de jouer de la guitare ?
Lex Koritni. J’ai toujours joué de la guitare dans tous les autres albums de Koritni. J’ai toujours écrit des parties de guitares, des solos. Cela ne change pas grand-chose pour la musique. Cela veut dire que pour les lives je n’aurais plus besoin de porter mon micro avec moi, je n’aurai qu’à me porter moi-même. Ça c’est la merde (rires). Je n’ai pu à prendre mon micro, c’est mon boulot de bouger mes fesses. Ca donnera une autre saveur car j’ai toujours joué de la guitare et j’ai écrit tout ça et je peux le jouer.
Est-ce que tu écris beaucoup de chanson pour faire une sélection par la suite ?
Lex Koritni. Oui je crois que j’ai écrit seize titres et les titres qui ne sont pas sur l’album ne sont pas nécessaires, ils n’étaient pas assez bons tout simplement. Nous avons pris les meilleures chansons et les meilleurs mix. Nous avons pris les meilleures chansons qui fonctionnaient ensemble. Les autres ne sont pas perdues, elles pourront figurer sur un autre opus ou on les jouera en live. Quand les morceaux sont écrits ils ont le mérite d'exister. Tu ne peux pas t’en débarrasser. Des gens vont pouvoir les écouter sur scène.
Il y a eu un changement de line up, notamment l'arrivée de Tom Fremont à la guitare qu’a-t-il apporté musicalement ?
Lex Koritni. Oui c’est un peu différent, on joue les mêmes chansons la même musique, mais ça sonne différemment. Pas de manière énorme, c’est comme lorsque tu cuisines, tu prends les mêmes ingrédients et avec d’autres saveurs mais ce sera toujours le même gâteau. C’est un de mes bons amis depuis des années et Eddy Santacreu ne pouvait plus venir en tournée avec nous. Il a suggéré Tom Fremont et je lui ai dit que je le connaissais et que c’était un de mes amis c’était donc parfait. On l’a engagé et c’est la même chose pour la batterie. Nous avons Dan qui joue de la batterie avec nous maintenant parce que Chris Brown vit sa vie en Australie. Il a une fille formidable, il ne peut pas se permettre de prendre beaucoup de temps quand nous donnons des concerts. Tu changes de musiciens quand tu dois le faire.
Est-ce que tu as eu l’opportunité de revenir en Australie ou restes tu vivre en France ?
Lex Koritni. Non la dernière fois que je suis retourné en Australie c’était il y a sept ans déjà. Le pays change beaucoup, ce n’est plus ce que c’était ce dont je me souviens. Et c’est putain, si loin. Les billets sont chers. Tu ne peux pas acheter du bon camembert alors je préfère rester ici.
L’Australie a la réputation d'être un pays rock ce qui n’est pas la même chose en France. En France nous n'avons pas cette culture Rock. Quel est ton sentiment doit qui vient de ce pays si légendaires ou tant de formations son née AC/DC, Rose Tattoo, The Angels et tant d'autres ?
Lex Koritni. Je ne suis pas d’accord sur le fait que l’Australie serait le pays du rock et la France de fromages doux (rires). Ce n’est pas vrai. En France tu as plus de shows et de spectacles. Tu as plus d’opportunité de voir des groupes en live qu’en Australie. En Australie, en trente ans tous les lieux de concerts ont fermé à cause du bruit que cela occasionnait. Le gouvernement local est énervé car quand ils quittent la salle souvent les gens vomissent dans les rues, pissent sur les voitures. Il n’y a pas tant de concerts en Australie et comme lorsque j’ai grandi là-bas tu n’as plus l’occasion de voir des groupes. C’est si loin et ça coute tellement d’argent de venir que les combos ne viennent pas. La seule façon de les faire venir est de jouer dans les stades comme AC/DC ou Guns & Roses. Tu paies le billet cent vingt dollars. Et c’est tout. Tu ne vois pas des groupes de milieu de tableau. Même pour moi et des groupes extraordinaires comme Mr Big ou Extreme ne vont pas faire de tournées en Australie car c’est trop loin. Tu dépenses tout ton argent pour y aller, tu joues trois concerts gratuit donc tu es foutu. J’ai vu plus de concerts en Europe qu'en Australie lorsque j'y vivais. J’ai le sentiment que la France est le pays du rock n roll. Vous avez les plus grands festivals, une attitude super pour les concerts et je suis un grand supporter de la culture française. Je ne suis pas d’accord sur ce constat.
Tu avais l’habitude de faire beaucoup de tournées il y a cinq ans que tu n'a plus vraiment donné de shows que s'est t'il passé ?
Lex Koritni. Je crois que tu verras plus de shows dans le futur qu’il y en a eu par le passé car maintenant nous avons un nouveau line up comme Tom Fremont vit à Paris, Dan le batteur est en tournée en Italie qui est à quelques heures en train. Le fait que tout le monde soit là c’est facile d’organiser des concerts parce que dans les années précédentes c’était difficile car Eddie faisait ses trucs en Australie, Chris faisait autre chose, Luke était au Japon pendant quelques temps, c’était difficile de s'organiser au niveau du planning pour regrouper tout le monde au même endroit et c’est la raison du changement d’effectif car nous pouvons jouer beaucoup plus et apporter la musique à nos fans.
Comment s’est passé l’enregistrement de cet l’album comparé au précédent tout en conservant ce type de son qui fait votre marque de fabrique ?
Lex Koritni. Chaque album a été enregistré dans différents endroits, la plupart des opus ont été enregistrés dans ma chambre. Quand tu enregistres tu le sais car c’est Matt qui fait la production, je sais le son que je veux et tu as juste besoin de temps pour trouver le bon son, tu prends des protections sur le micro, utilisant plusieurs micros que tu n’utilises pas habituellement. Tu cherches un moyen de trouver le son que tu veux. Mais tu as raison nous avons toujours le même type de son en enregistrant dans divers studios et divers environnements. Je ne crois pas que notre son va changer. C'est celui que je produis et que j’aime. Si tu ne l’aimes pas va te faire foutre et si tu l’aimes tu es chanceux (rires).
Tu as confié le mixage à Kevin Shirley une fois de plus comment collabores-tu avec lui de façon générale ?
Lex Koritni. Je lui donne l’enregistrement il fait le mixage, il va travailler, c’est un producteur lui-même. La musique est comme un plan, il connait la destination et il sait comment y aller. Il écoute la musique et commence à mixer. Evidemment il y a des allers retours, il envoie un mix brut et on a une discussion qui s'organise avec lui. Ce son est brillant ce pourra être mieux etc. … C’est facile de travailler avec lui, évidemment c’est une légende, il n’y a rien de compliquer.
"Long Overdue" est votre premier single pour présenter ce nouvel opus ! Tu avais envie de mettre ce morceau en avant ?
Lex Koritni. Je n’ai pas vraiment choisi le titre. J’ai demandé aux gens qui ont acheté l’album, mon manager, mes amis de choisir un titre car j’ai passé deux ans à écrire et enregistrer. J’aime toutes les morceaux et je les déteste car je les entendues trop de fois. J’ai laissé prendre la décision aux autres. En fait je suis trop près de ma musique pour prendre une telle décision.
Quand j’écoute certains titres on pense immédiatement à AC/DC. Tu as ouvert pour Phil Rudd en 2017 je suppose que ça a été un grand moment pour toi ?
Lex Koritni. C’était très amusant et intéressant. Evidemment quand tu rencontres une telle légende c’est fantastique et c'était le top avec Dan d’avoir une discussion avec lui. C’est drôle que tu ai pensé à AC/DC, j’aurai plutôt pensé à une imitation de Mr Big (rires).
Est-ce que tu avais des questions spécifiques à lui poser ?
Lex Koritni. Pas vraiment. Pour moi la musique c’est la magie du son et je ne fais pas attention aux humains et aux créateurs. La musique c’est de la magie par elle-même. Quand je rencontre une personne je ne vais pas lui demander comment tu fais le son de la batterie, ou comment arrives-tu à faire ce groove. Personnellement je trouve cela étrange et un peu évasif. J’aime la musique laissons la comme ça. Je préfère lui demander comment il va tu ou s’il veut une bière. Ça ne change rien ce genre de questions. Quand tu fais des tournées il y a plein de questions à se poser entre musiciens et ma question favorite de tous les temps est : "Quel est le pire concert que tu as fait ?" (Rires). C’est vrai quand tu poses la question quel est le meilleur concert que tu es fait et on te répond il y en a beaucoup. Peu importe tu te souviens toujours du pire concert. Tu te souviens quand ça merde, ou quand le guitariste a perdu ses bagages. Ce sont les moments dont tu te souviens et qui sont les meilleurs quand tu es en tournée. Tu ne te souviens pas des bons concerts car tout est planifié selon tes plans, c’est normal et c’est comme ça que cela doit être. Quand les choses se passent mal c’est là que tu t’en souviens (rires).
Est-ce que tu parles français maintenant ?
Lex Koritni. (Il répond en Français) Bien sûr parce que tu as commencé l’interview en anglais et j’ai continué mais oui je parle français.
Tu es totalement inséré désormais en France Tu n’as plus qu’à demander la nationalité française maintenant ! rires.
Lex Koritni. Pas encore, j’ai un titre de séjour mais je pense que j’ai le droit de prendre un passeport cette année.
Qu’est-ce que tu aimes en France ?
Lex Koritni. La nourriture, ma femme c'est la première chose. J’adore faire du ski, la semaine dernière j’étais dans les alpes et je fais ça chaque année. Tout ! J’adore tous les personnages que tous les Français et Françaises adorent. Il est facile de parler avec les gens ici. La vie ici c’est un plaisir et c’est simple. Ce sont les petits plaisirs de tous les jours, les petits fromages, prendre un verre de vin, voir le soleil se coucher, les boulangers. C’est tellement chouette ici.
Est-ce que tu te souviens de tes premières découvertes musicales, tes idoles ?
Lex Koritni. Ma premières idole c’était Little Richard parce que mon père était musicien aussi il me donnait tous les vieux trucs comme Little Richard, Aretha Franklin, Otis Redding, Wilson Pickett. J’ai grandi avec ça mais le premier artiste pour moi que j'ai découvert c’était Bon Jovi. J’ai acheté avec mes étrennes de noël Blaze of Glory en cassette. C’était mon premier achat juste pour moi.
C’est ça qui ta donner le virus ?
Lex Koritni. Je pense que la musique était dans mes veines au départ. Oui
Est-ce que tu te souviens de ton premier show ?
Lex Koritni. Non. Parce que je j'ai donné des concerts toute ma vie. Mon premier concert j’avais cinq ans ou quelque chose comme ça. Je ne me souvenais pas de ça mais je l'ai découvert en regardant une vidéo personnelle, mes parents ont beaucoup de vidéos.
Au niveau des textes qu’essaye tu d’exprimer lorsque tu écris ?
Lex Koritni. Je ne sais pas, je ne suis pas un poète ni politicien. Normalement dans tous mes textes j’aime bien quand il y a un petit jeu de mots ou des choses dedans et en plus tous mes textes ce sont des trucs sur ma vie. Malheureusement ma vie n’est pas tellement intéressante l’alcool, le sexe et les petits plaisirs de la vie. En fait il y a un morceau sur l’album « Bone for You ». J’ai écrit ça pour mes petits chiens, j’ai un petit chien Staffie c’est différent mais normalement ce sont les paroles sur les conneries du rock n roll. Ce n'est pas tellement spécial. C’est comme les albums d’AC/DC, ils ne parlent pas de politique ou autres. C’est AC/DC ce n’est pas important.
Quels souvenirs gardes-tu de ton adolescence passée en Australie ?
Lex Koritni. J’étais un ado normal dans le paysage australien. J’ai fait beaucoup de conneries, je bois, je fume, je fais la fête, j’ai cassé mes voitures trois ou quatre fois. En fait on jouait avec mes potes on mettait tout notre argent en commun pour acheter des voitures de merde. Ensuite on se rendait dans la foret et on faisait des rallyes cross tout seul jusqu’à détruire les voitures. On les laissait dans la foret et on repartait à pied. On faisait toutes les choses typiques que peuvent faire les australiens. J’ai fait beaucoup de bêtises (rires).
Qu’est-ce que tu dirais à quelqu’un qui ne connait pas Long Overdue ?
Lex Koritni. En fait prends l’album, monte le volume et c’est tout. Juste écoute. Il peut se présenter tout seul. Si tu écoutes la musique, tu dois comprendre le style et l’idée. Voilà.
Avril 2023
Laurent Machabanski / Photos Nidhal Marzouk
Laurent Machabanski et Pascal Beaumont (Traduction / Retranscription)